Garantir à nos patients l’accès aux services médicaux spécialisés et surspécialisés
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Fédération des médecins spécialistes du Québec 2
1. MÉCANISMES DE GESTION ET DE GARANTIE D’ACCÈS AUX SERVICES
L’objectif énoncé de ce projet de loi est d’assurer une garantie d’accès aux patients québécois
pour l’obtention de divers services médicaux spécialisés. Deux moyens d’action sont prévus :
• l’instauration d’un mécanisme central de gestion de l’accès aux services spécialisés et
surspécialisés dans chacun des centres hospitaliers.
• le pouvoir d’intervention du ministre, par le biais de directives, afin de favoriser l’accès à
certains services médicaux. Ces mécanismes particuliers d’accès s’appliquent
essentiellement à une arthroplastie-prothèse totale de la hanche ou du genou et une
extraction de la cataracte
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D’emblée, on peut affirmer que contrairement à ce qui a été annoncé, on ne retrouve aucune
garantie d’accès dans ce projet de loi. Nos commentaires sont les suivants.
D’abord, en ce qui a trait au mécanisme que l’on souhaite introduire en milieu hospitalier, on peut
constater que celui-ci prend l’appellation de mécanisme de gestion de l’accès aux services plutôt
que de gestion des listes d’attente. Or, il s’agit là d’une notion plus englobante et l’on peut
s’inquiéter de ses visées et de son effet sur l’amélioration de l’accessibilité.
Rappelons qu’au contraire, de nombreuses mesures gouvernementales ont historiquement
contribué à la diminution de l’accès aux soins et à l’allongement des listes d’attente. À titre
d’exemple, la réduction des effectifs par la diminution du nombre des entrées en faculté de
médecine a créé une pénurie réelle d’effectifs médicaux; les plafonnements d’activités
(plafonnement des revenus) imposés aux médecins depuis plus de vingt ans et les fermetures
récurrentes des unités de soins et des salles d’opération des hôpitaux, ont ajouté une pénurie
artificielle de médecins en les empêchant de voir leurs patients et de pratiquer leur art.
Mentionnons également la loi anti-déficit et l’imposition d’enveloppes budgétaires fermées pour la
rémunération des médecins québécois. La gestion d’accès aux soins médicaux spécialisés du
gouvernement a donc jusqu’à présent été plutôt à l’effet de restreindre l’offre plutôt que de
satisfaire à la demande.
Nous croyons donc que le projet de loi devrait s’adresser plus précisément à l’amélioration du
mécanisme des listes d’attente. À ce niveau, la FMSQ considère normal que les listes d’attente des
centres hospitaliers soient constituées en fonction de critères et de normes préalablement établies
entre les médecins et les administrateurs. La Fédération se demande cependant si une loi en ce
sens est nécessaire. En effet, dans le cadre de la loi actuelle, il y a eu amélioration de certaines
listes d’attente et parfois normalisation de l’accès aux soins, par exemple en cardiologie tertiaire,
en ophtalmologie, en orthopédie et en radio oncologie. Ces travaux récents doivent s’étendre à
toutes les spécialités médicales et chirurgicales qui ont des listes de patients en attente d’examens
diagnostiques ou de traitements sur des listes moins médiatisées.
Également, nous sommes d’avis que la gestion des listes d’attente doit se faire dans le respect du
patient et du médecin traitant. Le mécanisme devra respecter l’opinion professionnelle du médecin
traitant qui devra pouvoir conserver la prérogative d’une certaine priorisation en fonction de la
gravité du cas d’un malade, prenant préséance sur la simple date d’inscription d’un patient à la liste
d’attente.