1. INTRODUCTION
1. Introduction générale
Intérêt de la microscopie STM
Le microscope à sonde locale ou SPM (Scanning Probe Microscope) est né il y a une vingtaine d'années
avec l’invention du microscope à effet tunnel (STM) en 1981. Ses inventeurs, Binnig et Rohrer,
chercheurs chez IBM, virent leurs efforts récompensés par l’attribution d’un prix Nobel. La valeur
scientifique de cette invention, reconnue à l’époque, a été largement confirmée au cours de ces 20
dernières années. En effet, le nombre de microscopes STM dans le monde a pratiquement doublé
chaque année, ce qui montre la forte demande scientifique pour ce genre de dispositifs. D’une manière
plus générale, les SPM permettent d’aborder à la fois des études de physique fondamentale et de
physique appliquée. Les techniques de microscopie à sonde locale se trouvent tout à fait à l’interface
entre ces deux disciplines et montrent que la séparation entre fondamentale et appliquée n’est pas
toujours aussi nette. D’autre part, l’étude et la manipulation de systèmes physiques à l’échelle
nanométrique et sub-nanométrique, que l’on peut réaliser à l’aide de microscopes à sonde locale, ouvre
de véritables horizons interdisciplinaires. L’accès à l’échelle sub-micronique n’est pas permis à la
microscopie optique " classique ", limitée par la résolution spatiale qui est de l’ordre de la longueur
d’onde de la lumière visible (critère de Rayleigh). Le caractère très local de l’interaction entre la sonde
et l’échantillon en microscopie SPM (distances de l’ordre du nanomètre) donne accès à des résolutions
spatiales nanométriques allant jusqu’à la résolution atomique. Physique, chimie, biologie et
électronique trouvent des intérêts communs dans les potentialités des SPM, utilisés à la fois comme
moyen de caractérisation et de manipulation de systèmes à l’échelle nanométrique. Une pointe de STM
peut permettre non seulement d’imager les atomes d’une surface ainsi que les objets déposés dessus,
mais aussi, en même temps, de déplacer physiquement ces objets un par un, grâce, entre autres, à
l’application de champs électriques entre la pointe et l’échantillon.
D’un point de vue des principes fondamentaux de la Physique, les SPM permettent de sonder
directement certains effets quantiques. En STM et en microscopie de champ proche optique, le fait que
la pointe se trouve à des distances si faibles de l’échantillon (~ nm) permet de sonder directement la
partie évanescente de la fonction d’onde associée à l’électron (dans le premier cas) et au photon (dans
le deuxième).
Déroulement du TP
Lors de cette séance de travaux pratiques d’initiation à la microscopie à effet tunnel, nous allons
d’abord faire quelques rappels théoriques sur le principe de fonctionnement de ce type de microscope
(en faisant référence au cours). Nous verrons aussi comment les principes physiques de base sont mis
en application avec des réalisations expérimentales qui permettent d’étudier différents systèmes
physiques. Nous aborderons la fabrication de la pointe, ainsi que la description du système électronique
qui permet de détecter le courant tunnel entre la pointe et l’échantillon (sans pour autant rentrer dans
tous les détails instrumentaux). Nous allons donc "prendre contact" concrètement avec un microscope
à effet tunnel commercial en en identifiant les différents éléments et en nous familiarisant avec le
logiciel qui permet de le piloter au moyen de l’ordinateur.
La deuxième partie du TP sera consacrée à l’utilisation de ce microscope comme outil d’étude
de différents types d’échantillons (graphite et or). Nous allons réaliser des images topographiques
jusqu’à la résolution atomique, mesurer directement les paramètres de maille du réseau, puis interpréter
les résultats obtenus. Nous allons également nous intéresser aux paramètres physiques de ces
échantillons par une étude spectroscopique et discuter les résultats. Enfin, si le temps le permet, nous
étudierons un échantillon de nanotubes de carbone.
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