El Watan - Mardi 4 septembre 2012 -
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L’ACTUALITÉ
RAPPORT DU NDI SUR LES ÉLECTIONS LÉGISLATIVES
«Des failles qui rendent
possible la fraude»
E
n dépit des garanties gou-
vernementales quant à la
transparence du scrutin du
10 mai dernier, de nombreuses
défaillances dans le processus ont
été détectées par différents obser-
vateurs. Dans son rapport final,
rendu public dimanche dernier,
le National Democratic Institute
(NDI) souligne ainsi quelques
failles qui auraient facilité la pra-
tique de la fraude. Ces lacunes
et manquements ont été détectés
à divers niveaux institutionnels,
du cadre législatif, logistique
ou encore de la surveillance of-
ficielle et indépendante. «Un
manque de clarté sur les rôles
des commissions de surveillance
et de supervision, des doutes sur
l’exactitude des listes électorales
et le refus des autorités d’accré-
diter des observateurs citoyens
indépendants ont jeté le doute»,
analyse l’organisme indépendant
américain, d’autant plus que la
délégation d’observation du NDI
était «limitée», et ce, en sus de
moult entraves qu’a rencontrées
cette délégation dans ses dépla-
cements. «Les actions des forces
de sécurité ont empiété à plu-
sieurs reprises sur les opérations
des représentants du NDI, ce
qui a pu intimider les personnes
rencontrées et gêner la capacité
des observateurs à recueillir li-
brement les informations», dé-
plore le NDI. Des défaillances
ont ainsi été constatées tout au
long du processus électoral. «La
confusion sur les procédures
de vote de la part du personnel
mobilisé pour le scrutin et des
électeurs a parfois conduit à
des troubles. L’application non
homogène de la réglementation
a entraîné une confusion supplé-
mentaire pendant le dépouille-
ment et la consolidation des
résultats», rapporte le NDI.
COMPLEXITÉ ET
CONFUSION DES
PROCÉDURES
Le cadre électoral n’est d’ailleurs
pas exempt de critiques. «Le
choix de renoncer à une ap-
proche participative renforce la
perception du public que, malgré
les affirmations officielles au
sujet d’une nouvelle ère de trans-
parence et d’inclusion, la prise
de décision continue à avoir lieu
à huis clos. La complexité et le
manque de transparence dans
le processus de répartition des
sièges peuvent avoir contribué
à créer des malentendus et des
soupçons parmi les partis et les
citoyens à l’annonce des résul-
tats des élections», énumère le
rapport.
Les partis politiques en lice ainsi
que les observateurs indépen-
dants ou militants dépêchés dans
les bureaux de vote n’ont pas,
selon les conclusions du NDI,
rempli au mieux leur tâche de
surveillance. Les représentants
des partis étaient rarement plus
de deux, hormis pour le FLN, le
RND ou l’AAV, qui étaient majo-
ritairement plus présents. Les ni-
veaux de capacité, de préparation
et d’attachement de ces représen-
tants à leurs partis variaient.
«Certains agents des partis
étaient même incapables de citer
le nom du parti qu’ils repré-
sentaient», relate-t-on dans le
rapport.
«Comme ce fut le cas avec le
vote, les procédures précises de
dépouillement ont souvent dévié
de la réglementation officielle et
variaient d’un bureau de vote à
un autre. Dans certains cas, les
membres du bureau de vote ont
demandé l’assistance des repré-
sentants des partis politiques les
plus informés sur le dépouille-
ment des bulletins de vote et le
remplissage des copies multiples
des procès-verbaux détaillés»,
insiste le NDI.
Dans un centre de dépouillement
au niveau communal à Alger, par
exemple, les observateurs du NDI
ont remarqué que ceux des partis
«n’ont rien dit quand, à la fin du
dépouillement, le magistrat pré-
sident et deux représentants du
ministère de l’Intérieur ont quitté
le centre de dépouillement pour
s’enfermer dans une chambre sé-
parée pendant plusieurs heures
avant de sortir avec le PV final».
«Il est particulièrement regret-
table que les représentants des
partis n’aient pas été vigilants
sur ce point, puisque les actions
des fonctionnaires ressemblaient
étroitement à celles qui, selon de
nombreux citoyens, ont facilité la
fraude lors des élections précé-
dentes», concluent les observa-
teurs du NDI.
Ghania Lassal
ANNABA
La population
revendique son
droit à la sécurité
L
es conséquences des événements survenus sur le cours
de la Révolution, durant la nuit du 25 au 26 août ne
semblent pas finir. Dans une lettre ouverte adressée au
ministre de l’Intérieur, un groupe de facebookistes de Anna-
ba, dénommé Citoyens pour la sécurité, qui comptait jusqu’à
hier 8382 inscrits, revendique l’obligation de faire respecter
leur droit à la sécurité dans cette wilaya. «Nous sommes un
groupe de citoyens de la ville de Annaba, apolitique, res-
ponsable et préoccupé par la dégradation alarmante de la
situation sécuritaire dans notre cité. Les derniers événements
auxquels ont été exposés les habitants sur le cours de la Ré-
volution sont inquiétants et graves pour la sécurité publique.
En effet, des atteintes à la vie, à l’intégrité physique et aux
biens de citoyens ont été commises par plusieurs personnes
organisées… Ces derniers s’en sont pris à des enfants, des
femmes et des familles», est-il écrit dans ce document, dont
une copie a été transmise à notre rédaction. Néanmoins, les
rédacteurs de cette lettre, qui se veut une pétition, tentent
d’expliquer le phénomène. «Nous sommes conscients que
le contexte économique et social est particulièrement diffi-
cile dans notre pays et que l’insécurité est aussi associée,
en partie, aux conditions sociales très pénibles de certaines
de nos concitoyen(ne)s. Par contre, la sécurité pour chaque
citoyen reste un droit fondamental garanti et protégé par les
lois et la Constitution. Votre devoir est de le faire respecter»,
estiment-ils avant d’exhorter les destinataires de cette pétition
à «prendre des mesures urgentes et nécessaires pour rétablir
l’ordre et la sécurité à Annaba et assurer la protection du
citoyen pour que chaque personne à Annaba puisse circuler,
faire ses courses, s’attabler sur une terrasse, se rendre à son
travail, en toute quiétude et tranquillité». M.-F. G.
BÉJAÏA
Un collectif
citoyen contre
les feux de forêt
est né
U
n collectif citoyen vient de naître en réaction à la multipli-
cation des feux de forêt qui ont ravagé 7000 ha à Béjaïa.
Sous l’appellation de «Collectif populaire contre les feux»
(CPCF), un groupe de citoyens, dont des étudiants et des mili-
tants associatifs, s’est mobilisé pour porter à la connaissance
des pouvoirs publics les inquiétudes de la population sur le de-
venir du couvert végétal de la wilaya. Un appel est lancé pour
l’organisation d’une marche dans la ville d’Akbou, 70 km à
l’ouest de Béjaïa, jeudi 13 septembre à 10h30, du lycée Hafsa à
la place des Martyrs de la ville.
«Cet été, la faune et la fl ore sont touchées par le terrorisme
environnemental, des zones agricoles et de grandes forêts dis-
paraissaient d’une manière trop hâtive, des milliers d’hectares
de végétation partent en fumée. En parallèle, des espèces ani-
males sont menacées d’extinction», écrit le CPCF dans un
communiqué. Ce comité reproche aux autorités du pays de se
montrer «insouciantes» face à une «situation calamiteuse», un
«désastre écologique». Il met en exergue «un manque d’inter-
vention et la non-utilisation de moyens modernes et effi caces
pour arrêter la propagation des feux». Il a été mis à l’index
aussi «l’incivisme de certaines personnes qui ont profi té des
dernières vagues de chaleur pour incendier des étendues fo-
restières, dans le but d’obtenir des espaces de fourrages (…)».
La marche de jeudi prochain portera, en plus de l’interpellation
des pouvoirs publics, sur les revendications d’indemnisation
des victimes des incendies, essentiellement les agricultures, et
sur l’entame d’une politique de reboisement et de promotion
de l’agriculture et du tourisme de montagne.
K. Medjdoub
ASSURANCES AUTOMOBILES
La remise en cause de la A
CONSTANTINE
Quatre manifestants arrêtés
et trois policiers blessés
L
e plafonnement des remises sur les primes d’assurance d’automobi-
les ne semble pas susciter l’assentiment de tous les professionnels du
secteur. Le premier responsable de l’Algérienne des assurances (2A) a
remis en cause, hier, le principe d’une telle mesure. Si la 2A a adhéré à
l’accord initié par l’Union des assureurs et réassureurs, cela n’empêche
pas le DG de la compagnie privée, Tahar Bala, de remettre en cause le
fondement d’un tel accord. Il explique sa position par le fait que l’acti-
vité d’assurance est avant tout une activité commerciale et qu’il revient à
l’assureur d’évaluer les primes d’assurance en fonction du risque. Pour
lui, ce genre de mesures tend à bureaucratiser l’activité.
Cependant, il reconnaît les griefs adressés aux professionnels du secteur
quant à l’anarchie qui règne sur le marché des assurances. L’assureur,
qui s’exprimait en marge d’un séminaire de formation sur les risques in-
dustriels, organisé en partenariat avec la Swiss Re, est également revenu
sur la sempiternelle question des tarifs et des primes d’assurance qu’il
considère trop bas. Il semble aussi que certaines conditions réglemen-
taires posent quelques contraintes aux assureurs privés qui, malgré tout,
s’adaptent à la donne réglementaire. A titre d’exemple, la fi lialisation
de l’assurance des personnes que la 2A a décidé d’abandonner vu que
la somme des primes collectées sur cette branche, soit 300 millions de
dinars, ne couvre pas le capital minimum nécessaire à l’ouverture d’une
fi liale, à savoir 1 milliard de dinars. Il s’agit aussi du semi-monopole de
la compagnie centrale de réassurance. A ce propos M. Bala estime que
la 2A se soumet à la réglementation en vigueur et confi e 50% de son
portefeuille de réassurance à la CCR, tandis que le reste est négocié avec
de grandes compagnies. Chose qui permet à l’assureur de prendre en
charge de gros risques industriels.
Ainsi, la 2A a indemnisé un sinistre de 350 millions de dollars à Arce-
lorMittal en 6 mois. L’éloignement des assureurs privés des industries
publiques aurait pu aussi déranger la compagnie qui table sur les risques
industriels pour sa stratégie de développement. Or, l’assureur compte
sur l’amélioration des prestations de services. Les risques industriels
constituent 56% du portefeuille de l’assureur. Celui-ci a réalisé en 2011
un bond de 15% de son chiffre d’affaires à 3,2 milliards de dinars et de
20% de son résultat à 307 millions de dinars. Des performances expli-
quées par la baisse des
sinistres.
Melissa R.
U
ne manifestation organisée, hier, devant le
cabinet du wali par des habitants de la rue
de Roumanie exclus du relogement a
dégénéré pour se transformer en un
affrontement sanglant avec les forces de
l’ordre. Bilan : trois policiers blessés et
évacués au CHU et quatre manifestants
arrêtés. Les protestataires voulaient
rencontrer le wali, mais les policiers les en
ont empêchés.
Ce qui a généré la colère des manifestants
qui ont riposté avec des jets de pierres et
autres projectiles. «Nous n’avons pas été
relogés après notre évacuation en 2010.
Depuis, nous n’avons eu droit qu’à des
promesses», ne cessaient de clamer
plusieurs d’entre eux.
«Nous sommes prioritaires dans les
prochaines opérations de relogement. Nous
vivons le calvaire, nous sommes sans toit»,
criaient-ils encore.
Ratiba B.