La Forêt » d`Alexandre Ostrovski. Mise en scène de Xavier Lukomski

Le Carnet du Public « La Forêt » d’Alexandre Ostrovski.
Mise en scène de Xavier Lukomski
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Dossier pédagogique réalisé par Laurence Lissoir
Le Carnet du Public « La Forêt » d’Alexandre Ostrovski.
Mise en scène de Xavier Lukomski
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LA FORÊT d’Alexandre Ostrowski. Traduction et adaptation de Natacha Belova,
Michèle Hubinon et Xavier Lukomski
Du 17/03/12 au 28/04/12 Grande Salle
Création - Comédie déraisonnable
Avec : Olindo Bolzan, Paul Camus, Bénédicte Chabot, Hélène Couvert, Thibaut Delmotte,
Brigitte Dedry, Jo Deseure, Pierre Dherte, Didier De Neck, Lazare Gousseau, Bernard
Grazyk, Estelle Lannoy et Ilyas Mettioui
Mise en scène : Xavier Lukomski
Assistanat mise en scène : Leila Putcuyps
Scénographie : Aurélie Deloche
Costumes : Lies Van Assche
Lumière : Xavier Lauwers
Son : Marc Doutrepont
Régisseur : Kévin Sage
Stagiaire régie : Simon Plume
UNE CRÉATION ET PRODUCTION DU THÉÂTRE DES 2 EAUX ET DU THÉÂTRE LE
PUBLIC. AVEC L’AIDE DU MINISTÈRE DE LA COMMUNAUTÉ FRANÇAISE – SERVICE DU
THÉÂTRE (CAPT) ET DU CENTRE DES ARTS SCÉNIQUES.
Service pédagogique :
Grégory Bergez [email protected] 02/724.24.23
Anne Mazzacavallo [email protected] 02/724.24.33
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Synopsis :
Prenez une forêt d'une dimension, disons, raisonnable. Prenez la propriétaire de cette
forêt d'un âge, avouons-le, franchement raisonnable. Prenez cette propriétaire en
manque d'argent à cause de ses penchants déraisonnables pour un jeune homme
pourtant à l'âge de déraison. Prenez un vendeur de bois, spécialiste de l'entourloupe et
grand connaisseur des penchants humains. Prenez une gouvernante que son désir pour
les hommes gouverne. Prenez deux comédiens, Veinev le comique et Padeveinev le
tragique, tous deux plus pauvres que Job. Prenez ces deux comédiens qui, pour passer
l'hiver au chaud, se font passer pour ce qu'ils ne sont pas. Prenez une jeune fille pauvre
dont certains savent très bien quoi faire et d'autres pas du tout. Prenez le fils du
marchand de bois qui aime, à raison, la jeune fille pauvre... et entre coups fourrés,
quiproquos, pièges et roublardise, assistez à la rencontre hautement comique et
inflammable de la morale et du commerce, de l'art et de la vie concrète, du théâtre et du
réel !
I. Le mot du metteur en scène : Xavier Lukomski
Mais que raconte donc « La Forêt » ?
Une histoire de forêt bien sûr. Une histoire de forêt à vendre. Une histoire de comédiens
à vendre aussi. Une histoire de comédie de vendus surtout. Une histoire drôle.
L’histoire du débarquement de deux comédiens, socialement loqueteux, dans le milieu
riche, mais moralement douteux des propriétaires de terres. Une comédie où, comme
dans toute bonne comédie de comédien, l’introduction du théâtre dans la réalité va
montrer, va donner à voir, la monstruosité du monde tel qu’il est.
Au centre de ce monde qu’est « La Forêt », il y a la propriétaire de cette forêt,
« Gourmyskaia » qui prévoit de mourir (le plus tard possible) et veut « faire connaître »
ses dernières volontés : marier sa « fille adoptive » à son « protégé » Boulanov. À la
périphérie de ce monde, il y a Padeveneiv, le tragédien un peu fatigué, qui n’en peut plus
d’errer sans travail, de place en place, du nord au sud, ou du sud au nord (dans une
Russie ou, du nord au sud et du sud au nord, il y a une certaine distance). Au centre de
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l’histoire, il y a la rencontre, dans la forêt, du tragédien Padeveneiv et du comique Veinev
et leur union tout autant fortuite que professionnelle.
Car voil{ qu’Padeveneiv le tragédien propose à Veinev le comique de l’emmener chez sa
tante, celle qui prévoit de mourir (le plus tard possible). La proposition tombe à pic, car
Veinev voulait justement être un peu « mort » quelques mois, dans une famille
quelconque, le temps de passer l’hiver. Le tragédien est très pauvre (Padeveinev) et le
comique est très pauvre aussi (Veinev), mais le comique est fortuné parce qu’il possède
quand même le trésor de vingt-huit « vaudevilles » (des pièces comiques donc un vrai
capital), seulement deux drames et quelques partitions (qu’il a volés pour se rembourser
de ce qu’on lui devait). Le tragédien lui, ne possède rien, si ce n’est un costume
d’apparat, sa « grandeur d’âme », la « grandeur de l’art » et la force de persuasion de son
costume.
À mon sens, ce qui caractérise le mieux l’un et l’autre est que, s’ils sont tous les deux très
fatigués, ils sont tous les deux absolument increvables (comme des personnages de
dessins animés qui retrouvent leurs formes après avoir reçu un piano sur la tête), et
rappellent en cela pas mal de comédiens de nos contrées qui jouent peu, mais continue à
espérer beaucoup, envers et contre tout. Pour prendre du repos, nos comédiens devront
se faire passer pour d’autres (un officier en disponibilité et son majordome), ce qui
signifie que, pour prendre du repos, ils devront travailler. C’est { dire faire leur métier,
jouer la comédie.
Il y a aussi Boulanov que la tantine (celle qui prévoit de mourir) fait mine de vouloir
marier à sa « nièce » Axioucha pour le garder au frais et le consommer plus tard (avant
de mourir). Il y a Piotr le fils du marchand de bois qui aime Axioucha la fille de rien qui
aime le fils du marchand de bois, mais qui n’a pas les moyens de se l’offrir…
Car dans « La Forêt », il y a peu de cadeaux, beaucoup d’histoires de vente et quelques
histoires de rachats, de gratuités et de représentations. La propriétaire veut vendre la
forêt, mais est-ce que la présence des comédiens lui rachètera une conduite ?...
Une histoire où chaque personnage cherche { jouer son rôle social et n’y parvient pas. Et
qu’ils soient des comédiens professionnels comme Veinev et Padeveneiv, une amatrice
en devenir comme Axioucha, un amateur expérimenté comme Piotr, de grands acteurs
« sociaux » comme les différents domestiques, Karp, Oulita, Boulanov, ou les maitres en
comédie que sont Gourmyskaia et ses deux voisins… tous travaillent { jouer leur vie, { se
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jouer les uns des autres, et tous (absolument tous) s’interrogent et s’inquiètent du
supposé talent de l’autre { masquer qui il est vraiment.
Tout le monde est à vendre ou tout le monde est vendu, mais personne ne parvient à
connaître sa véritable valeur, à exister vraiment, sauf bien sûr ceux qui jouent la vie des
autres, les comédiens. Car si l’art est plus moral que l’immoralité de la vie, il est surtout
plus vivant. Comme le disait Tchekhov, « La vie n’existe que dans sa représentation »,
parce que c’est l{ qu’elle acquiert enfin du sens.
À l’époque (lointaine) où, pour la première fois, j’ai voulu monter ce formidable texte,
l’actuelle crise financière et économique ne s’annonçait pas encore. Maintenant, tout est
à vendre (et pour pas cher), les banques, les ports, les dettes, les pays, les idées, les
corps, les hommes, les footballeurs, les jeunes filles et les organes... On solde... Et « La
Forêt » résonne comme un révélateur (au sens argentique du terme).
Il nous reste le théâtre, qui ne vaut pas grand-chose parce qu’il ne peut pas être du
commerce, mais le reflet d’un monde qui pourrait être autre… Il nous reste, comme une
bouée de sauvetage, l’art, celui qui ne fait pas le trottoir, qui émeut, bouleverse, fait rire
et interroge.
Oui, j’ai l’impression qu’une des pièces qui raconte et rend le mieux compte de notre
nouveau monde du XXIe siècle, s’appelle « La Forêt ». Son écriture remonte à 1870, elle
est signée d’un auteur génial et visionnaire, Alexandre Ostrovski.
Vocabulaire théâtral : Le metteur en scène.
Le metteur en scène est celui qui a pour première tâche de coordonner un spectacle. Il
fut nommé meneur de jeu, régisseur ou encore animateur. Au XIXe siècle, c’était le
directeur de théâtre ou bien l’auteur de la pièce qui en faisait office. Dans le cas d’un
théâtre issu du répertoire (ensemble des pièces jouées régulièrement dans un théâtre,
nécessite une troupe), c’était l’acteur principal qui, ayant mémorisé les placements des
spectacles précédents, réglait la mise en scène. Le mot « metteur en scène » date de
1874. L’histoire du théâtre français donne André Antoine(1858-1943) comme étant le
premier metteur en scène. Mais c’est l’auteur dramatique Victorien Sardou (1831-1908),
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