DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : ABDERRAZZAK SITAIL ÉDITION INTERNATIONALE : Afrique Zone CFA 1700 F CFA • France 3,50 € • France DOM 4 € • Maroc 23 DH • Algérie 170 DA • Tunisie 3,30 DT Mauritanie 1100 MRO • Belgique 3,50 € • Italie 4 € • Canada 5,95 $ CAN • Luxembourg 3,50 € • Suisse CHF 5,9 BGFIBANK, EXTENSION DE L’AGRÉMENT À L’INTERNATIONAL N° 321 - 7 au 13 mai 2015 Hebdomadaire international lesafriques.com Parce que l’information a de la valeur MEKNÈS, CAPITALE DE L’AGRICULTURE AFRICAINE SOMMAIRE LES AFRIQUES N° 321 - 7 au 13 mai 2015 Parce que l’information a de la valeur EDITORIAL Agriculture, avenir de l’Afrique 04 BAROMÈTRE Suite aux instructions du roi du Maroc, son pays va octroyer une aide d’urgence d’un million de $ au Népal 06 BRUITS DE MARCHÉ La BAD signe un accord de partage des risques avec 08 Banco Santander ARRÊT SUR IMAGE Le président sénégalais Macky Sall, qui a présidé les Assises de l’Agriculture, en train de faire son allocution, en prélude au Salon international de l’Agriculture Meknès (SIAM) 12 VERBATIM 14 BANQUES & ASSURANCES INTERVIEW NADIA FETTAH ALAOUI 16 «Innover et adapter nos modèles» BGFIBANK Extension de l’agrément international 20 SONAM VIE Leader de l'assurance vie au Sénégal 21 BOURSES & FONDS BOAD Une ligne de prêt de 3 Mrds 22 de f CFA à CCBM (Sénégal) ENTREPRISES & MARCHÉS CAMEROUN L’AFD conteste le taux de pénétration du téléphone 23 MAROC L’accord signé avec l’Office européen des 24 brevets fait des remous INTERVIEW EL MOSTAFA AKSIMAN Les Marocains sont lésés par cet accord 27 POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE BURUNDI Après l’annonce de la candidature de 29 Nkurunziza, de mal en pis Quelle diplomatie économique pour l’Afrique 30 TOGO John Dramani Mahama et Alasane Ouattara 33 en pompiers à Lomé RÉGIONALISATION DU DROIT, RÉGIONALISATION DE LA PROFESSION D’AVOCAT EN AFRIQUE 34 L’exemple d’ABLE Network SENEGAL-MCA 36 Les bonnes béquilles pour un second compact ARRÊT SUR IMAGE Des éléments de la police népalaise transportent sur une civière le survivant du tremblement 38 de terre Pemba Tamang (15 ans) DOSSIER Meknès, capitale de l’agriculture africaine 40 ARRÊT SUR IMAGE Marche de protestation de manifestants à Baltimore, dans le Maryland pour exiger que justice soit 58 faite, suite aux funérailles de Freddie Gray FOCUS Accord-cadre avec l’Iran Impacts 60 géostratégiques au Moyen-Orient RELATIONS INTERNATIONALES ALGÉRIE-CHINE Visite du Premier ministre Abdelmalek Sellal à Pékin 66 Que cherche la Russie en Afrique ? 72 PIED DE LETTRE Et si on redessinait notre monde ? 74 Meknès, capitale de l’agriculture africaine La 10ème édition du SIAM (Salon international de l’Agriculture au Maroc) s’est tenue du 28 avril au 3 mai 2015 à Meknès. Plateforme de rencontres et d’échanges, ce méga-évènement, dédié au secteur agricole, rassemble chaque année des centaines de milliers de visiteurs venus du monde entier. 40-57 Nadia Fettah Alaoui «Innover et adapter nos modèles» Nadia Fettah Alaoui, DG délégué de Saham Finances, relate, entre autres, la démarche du secteur pour profiter d’un marché porteur et soutenir le développe-ment, l’appui des pouvoirs publics, l’ambition de devenir l’assureur de référence pour sa clientèle en Afrique... 16-19 BGFIBank Extension de l’agrément international La Banque gabonaise et française internationale (BGFI) vient de franchir une étape décisive de son développement à l’international avec l’extension de l’agrément de sa filiale européenne. 20 Burundi Après l’annonce de la candidature de Nkurunziza, de mal en pis Le président Pierre Nkurunziza du Burundi a annoncé, samedi 25 avril à Bujumbura, sa candidature pour briguer un troisième mandat. Depuis, de violents heurts ont éclaté dans la capitale et dans d’autres agglomérations du pays. Bilan des affrontements qui se poursuivent depuis le week-end : au moins deux morts. 29 7 mai 2015 Les Afriques .3 ÉDITORIAL Abderrazzak Sitaïl, Directeur de Publication Agriculture, avenir de l’Afrique V oici un continent qui dispose de 60% des terres non cultivées et de 37% des terres arables. Aussi, d’après un rapport du Fonds des Nations unies pour l’enfance, daté de 2014, l’Afrique va bientôt abriter un quart de la population mondiale. Le continent, qui compte actuellement un peu plus de 1,2 milliard d’habitants, verra sa population doubler en 2050. Cependant, l’Afrique peut transformer une difficulté en opportunité. Elle est en mesure de profiter de l’expérience des plus grands producteurs mondiaux que ce soit en matière de céréales, d’élevage ou de production de tout ordre. En effet, en ce début de 21ème siècle, qui se veut agriculture biologique, avec des populations qui demandent un modèle autre que celui issu de la production intensive, probablement nuisible pour l’homme, l’Afrique, en partant de pratiquement rien, peut mettre en œuvre un nouveau modèle d’agriculture, tenant compte de cette expérience. Plus encore, elle a la capacité foncière et humaine d’innover et de créer des pôles de transformation en mesure de fixer les populations rurales sur leur terroir. LES AFRIQUES Parce que l’information a de la valeur Groupe Les Afriques Edition & Communication SA au capital de 2’657’600.- CHF Siège Social : Rue du Cendrier 24 - 1201 Genève Suisse Président Administrateur Délégué Abderrazzak Sitaïl Les Afriques Edition & Communication Europe SARL au capital de 160.000 € 75, avenue Parmentier, 75544 Paris Cedex 11 Les Afriques Communication & Edition Maghreb SARL au capital de 1.000.000 DH 219 bis, bd Zerktouni, Casablanca 20330 - Maroc Tél : +212 522 233 477 - Fax : +212 522 233 501 C’est pour cela que la définition d’une agriculture moderne ne peut prendre son sens que si tous les Etats, à l’instar du Sénégal du président Macky Sall, en font une priorité stratégique, pour l’avenir de leur pays. Dans le cas contraire, famine ayant pour conséquences des tensions économiques et sociales, l’Afrique se doit de mobiliser toutes ses énergies, afin de réussir ce pari. Il s’agit donc de profiter vite des expériences réussies ailleurs, sachant que la transformation des différentes spéculations permettra de bâtir une industrie agroalimentaire génératrice d’emplois et de revenus. Le secteur primaire pourrait ainsi devenir un réel rempart à l’immigration clandestine. Les terres arables, restées en jachère, pourront profiter aussi à de puissants exploitants, à condition de les louer. Aussi, le cahier des charges gagnerait à impliquer des clauses, telles qu’une part de 25% des récoltes et produits soit destinée à la consommation locale. Rédaction Olivier Tovor, Lomé, Sanae Taleb, Casablanca, François Bambou, Yaoundé, Mohamed Masmoudi, Casablanca, Carlos Laye, Bordeaux, Abdel Malik (AEM), Dakar, Mohamedou Ndiaye, Dakar, Daouda MBaye, Casablanca, Ibrahim Souleymane, Casablanca, Anas Amin, Tunis. Responsable e-Marketing Comité Scientifique Abdelaziz Enasri, Paris. Finance et Partenariats Internationaux. Guy Gweth, Paris. Intelligence économique. François Konan, New York. Politiques économiques. Philippe Bourgeois, Paris. Matières premières et coton. Responsable Abonnement et Distribution Hasnae Elmadani [email protected] Révision Hassan Radi Responsable Artistique : Mouhcine El Gareh Maquettiste : El Mahfoud Ait Boukroum Directeur de la Publication Abderrazzak Sitaïl Edition Internet – en français Ismaïla Aidara, Dakar. Mohamedou Ndiaye, Dakar Rédacteur en chef exécutif Daouda MBaye [email protected] Chroniqueurs François Konan, New York. Economie. Philippe Bourgeois, Paris. Matières premières et coton. Rédacteur en chef délégué : Ismaïla Aidara, Uemoa. Rédacteur en chef : Achille Mbog Pibasso, CEMAC. Grand reporter : Rodrigue Fenelon Massala. Directeur Développement et Marketing Libasse Ka [email protected] L’ACTUALITÉ AFRICAINE ET INTERNATIONALE SUR : LESAFRIQUES.COM 4 Les Afriques . 7 mai 2015 Khalid Essajidi Responsable Communication et Marketing Nada Benayad [email protected] Publicité [email protected] Base de données Mokhtar Lasmar Abonnement [email protected] Diffusion Presstalis, Sochepress, Royal Air Maroc, SN Brussel. Impression Rotimpres, Aiguaviva (Spain). Dépôt légal : novembre 2010 Edition internationale Commission paritaire : 1017 C 89135 Edition Maroc B.O.N°5618-26 rabii 1429 (3-4-2008) Crédit photos AFP, DR © Reproduction interdite sans l’accord écrit de l’éditeur /LESAFRIQUES @LESAFRIQUES_COM BAROMÈTRE Chiffres 44,1 Edoh Kossi Amenounve Chiffre d’affaires de Samsung au 1er trimestre 2015 15 MILLIARDS DE DOLLARS Suite aux violences xénophobes qui ont traversé l’Afrique du Sud, il y a de cela 3 semaines, le président du Zimbabwe a refusé de serrer la main du roi zoulou Goodwill Zwelthini. Il s’est abstenu publiquement de serrer la main que ce dernier lui tendait en public. Le chef de l’Etat zimbabwéen et président en exercice de l’Union africaine l’a laissé debout complètement penaud avec sa main tendue. Il a alors affirmé : «Nous sommes choqués, dégoûtés…» Capitalisation boursière de Dangote Cement qui envisage une nouvelle introduction au London Stock Exchange Goodwill Zwelithini John Mahama Dramani Le Ghana a pris la ferme résolution de jouer sa partition pour lutter contre la contrefaçon chinoise et préserver son secteur textile. Des mesures fermes ont été prises pour mettre un terme à la falsification des marques et copies de brevets en Chine pour ensuite inonder le marché de tissus bon marché. Dans cette cabale qui n’a pas épargné le pagne traditionnel, les autorités d’Accra se veulent intransigeantes. 13,5 MILLIARDS DE DOLLARS Bénéfice Apple au 1er trimestre 2015, soit 33% comparativement à T1 en 2014 D’après plusieurs témoignages, les émeutes contre des étrangers vivant en Afrique du Sud ont commencé vers la fin du mois de mars 2015, dans la région du Natal et qu’elles ont été encouragées par le roi des zoulou. Pour 3 raisons principales, les zoulou figurent en premier parmi les incriminés. Les clandestins débarquent surtout par le port de Durban, la région du Natal a une frontière avec le Mozambique, grand émetteur de migrants, dans les mines les étrangers sont des «concurrents» pour les zoulous. 415 MILLIONS DE DOLLARS Appel aux dons de l’ONU pour le Népal Mohammed VI Pierre Nkurunziza Suite aux instructions du roi du Maroc, son pays va octroyer une aide d’urgence d’un million de $ au Népal, touché par un séisme dévastateur qui a fait, suivant le dernier bilan, près de 10 000 morts, des millions de sans-abris et de très gros dégâts matériels. L’aide marocaine sera acheminée par le biais des Nations unies et s’inscrit dans le cadre des efforts de la communauté internationale. Un geste de solidarité du Maroc envers le gouvernement et le peuple népalais. Le président sortant du Burundi persiste et signe. Il veut se présenter aux élections pour un troisième mandat, en dépit des nombreux appels à la raison de la communauté internationale. Depuis l’annonce de sa candidature, samedi 25 avril 2015, les manifestations n’ont pas cessé dans la capitale et dans d’autres grandes villes. La répression des forces de l’ordre n’y a rien fait. En dépit des morts et des intimidations, la contestation ne faiblit pas… 6 Les Afriques . 7 mai 2015 28 MILLIARDS DE F CFA Bénéfice Société Générale Côte d’Ivoire en 2014 EN PANNE EN FORME Pour le directeur général de la BRVM, il est important pour le marché sous-régional en forte croissance de venir à la rencontre des investisseurs britanniques et internationaux pour leur exposer l’évolution et la performance de la Bourse régionale ouest-africaine. Le DG de la Bourse s’est plu à rappeler aux Investment Days de Londres qu’avec une capitalisation qui a doublé en 3 ans (7 458 milliards de f CFA, soit près de 13,8 milliards de dollars au 31 décembre 2014) et une progression constante des transactions, la BRVM, 6ème en Afrique, a la cote. MILLIARDS DE Robert Mugabe DOLLARS Le brut repart en hausse Avec un baril de Brent à 65,22 dollars, soit + 0,9%, et celui de WTI à 57,73 dollars, en hausse de 1,17%, les cours du pétrole sont repartis en hausse, la semaine dernière. Les analystes trouvent que cette tendance suit l’annonce d'une hausse inférieure aux attentes des stocks de brut aux Etats-Unis. Alors que les experts tablaient sur une hausse de 2,8 millions de barils, ces stocks hebdomadaires de brut n’ont progressé que de 1,9 million de barils. L’or retrouve des couleurs Au moment où il est quasi certain que la Fed va remonter ses taux d'intérêt dans quelques mois, pour maintenir le dollar à des niveaux bas, l’or consolide ses positions. Le métal précieux est passé au-dessus du seuil des 1 200 $ l’once, atteignant 1 206 dollars en milieu de semaine dernière. L’once d’or, qui est en train de progresser, s’inscrit dans une nouvelle tendance. Le plus bas, abandonné depuis mimars 2015 de 1 176 dollars, semble loin derrière. L’or est-il en train de se positionner en valeur-refuge ? Gabon : Salon ShieldAfrica du 19 au 21 mai 2015 La 3ème édition du Salon ShieldAfrica se tiendra du 19 au 21 mai 2015 à Libreville au Gabon. ShieldAfrica est une plateforme de rencontres entre les professionnels de la sécurité en Afrique. L’évènement cible en priorité les responsables de la défense et de la sécurité intérieure ainsi que les décideurs en charge des problématiques de sécurité. Abidjan accueille le Salon ouestafricain, du 25 au 27 juin 2015 La 2ème édition du Salon ouest-africain de la franchise se tiendra du 25 au 27 juin 2015 à la Chambre de commerce et d’industrie d’Abidjan-Plateau. Cette édition est placée sous le thème: «Franchise, opportunité d’investissement et de création de richesse». Maroc : Salon Plast Expo du 3 au 6 juin 2015 à Casablanca Le coton au plus haut Aux Etats-Unis d’Amérique, l’annonce d’une forte hausse des exportations a dopé le prix du coton. D’après le ministère américain de l'Agriculture, du lundi 13 avril au jeudi 16 avril, 324 200 balles de coton ont été exportées, soit un bond de 61%, par rapport à la semaine précédente. Des chiffres qui ont permis au cours du coton d’atteindre jeudi dernier un plus haut, clôturant à 65,45 $ la livre sur l'Intercontinental Exchange, pour une livraison en juillet. Cours des monnaies et devises 100 dinars Algérie (DZD) = 1,028 $ 100 rands Af. du Sud (ZAR) = 8,449 $ 100 kwanzas Angola (AOA) = 0,914 $ 100 livres Egypte (EGP) = 13,109 $ 100 birrs Ethiopie (ETB) = 4,875 $ 100 cedis Ghana (GHS) = 26 $ 100 shillings Kenya (KES) = 1,056 $ 100 dollars Libéria (LRD) = 1,081 $ 100 dirhams Maroc (MAD) = 10,281 $ 100 ariarys Madag (MGA) = 0,032 $ 100 ouguiyas Maurit (MRO) = 0,343 $ 100 roupies Maurice (MUR) = 2,873 $ 100 kwachas Malawi (MWK) = 0,229 $ 100 kwachas Zambie (ZMW) = 13,422 $ 100 dinars Libye (LYD) = 73,843 $ 100 dollars Namibie (NAD) = 8,448 $ Agenda La Fédération marocaine de plasturgie organise la 6ème édition du Salon international des industriels du plastique et du caoutchouc, Plast Expo 2015, en partenariat avec Forum 7 et Fairtrade. L’évènement qui se tiendra à la Foire internationale de Casablanca (OFEC) va réunir 150 exposants et 2 800 visiteurs. Sénégal: Le SIPAL se tiendra du 3 au 6 juin 2015 à Dakar 100 nairas Nigéria (NGN) = 0,502 $ 100 shillings Somalie (SOS) = 0,143 $ 100 leones S. Leone (SLL) = 0,022 $ 100 dinars Tunisie (TND) = 52,242 $ 100 shillings Tanzanie (TZS) = 0,05 $ 100 shillings Ouganda (UGX) = 0,033 $ 100 francs Zone CFA (XOF) = 0,170 $ La 3ème édition du Salon international des produits alimentaires, SIPAL, va s’ouvrir du 3 au 6 juin 2015, à Dakar. L’évènement qui vise à promouvoir l’industrie agro-alimentaire africaine va réunir des professionnels issus de la biotechnologie, la distribution, les machines et équipements mécaniques, le transport et la logistique, les matières premières, etc. 7 mai 2015 Les Afriques .7 BRUITS DE MARCHÉ Afrique australe : baisse de 26% de la production de maïs La forte baisse de la production de maïs soulève des risques d’insécurité alimentaire en Afrique australe. Par rapport à 2014, la récolte pourrait chuter de 26% et engendrer des hausses des prix et des importations. Selon la FAO, pour l’année 2015, les prévisions de production pour le maïs, alimentation de base dans cette sous-région, s’établissent à environ 21,1 millions tonnes, soit quelque 15% de moins que la moyenne des cinq dernières années. Cette baisse s’explique essentiellement par des conditions météorologiques défavorables. Le démarrage tardif des pluies de saison en novembre-décembre a été suivi de fortes précipitations qui ont provoqué des inondations dans certains pays. La région a été frappée de plein fouet par une longue sécheresse dans les zones australes en février et début mars. Le chinois CRCC remporte 5,5 mil- Le secteur des assurances enregistre une liards de $ de contrats au Nigéria et hausse de 7% en 2014 au Sénégal au Zimbabwe Le marché des assurances au Sénégal a enregistré une proL’entreprise chinoise China Railway Construction Corp Ltd (CRCC) a remporté deux contrats d’une valeur totale de 5,5 milliards de dollars pour la construction de chemin de fer au Nigéria et un complexe résidentiel au Zimbabwe, selon l’agence de presse chinoise Xinhua. C’est la China Civil Engineering Construction Corporation (CCECC), une filiale de CRCC, qui va construire cette ligne de chemin de fer objet de cet important contrat, dans l’Etat nigérian d’Ogun (Sud-Ouest) pour 3,5 milliards de dollars. L’entreprise CRCC a également conclu un autre contrat pour un montant de 1,93 milliard de dollars pour la construction d’un grand complexe résidentiel au Zimbabwe. Ces deux contrats constituent «une étape importante dans le processus d’internationalisation» du groupe chinois, a déclaré le président du conseil d’administration de CRCC, Meng Fengchao. 8 Les Afriques . 7 mai 2015 gression de 7,03% en 2014, passant de 96,067 milliards de f CFA en 2013 à 102,822 milliards de f CFA. Selon les estimations de la Fédération sénégalaise des sociétés d’assurances (FSSA), l’assurance dommages et l’assurance-vie sont les principaux segments qui ont porté cette croissance observée en 2014 avec respectivement 76,128 milliards de f CFA et de 26,684 milliards de f CFA de chiffres d’affaires. Notons que le marché sénégalais compte actuellement 16 compagnies dans l’assurance dommages et 7 compagnies dans l’assurance-vie. Le Canada signe un accord sur l’investissement avec le Burkina Faso Le Canada souhaite renforcer sa coopération économique avec l’Afrique. Le ministre Fast a récemment signé un accord d’investissement avec le Burkina Fasa. L’accord a été paraphé du côté canadien par le ministre Fast et du côté burkinabé par le ministre de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat, Hippolyte Dah, accompagné du Premier ministre Yacouba Isaac Zida. L’accord prévoit notamment de protéger les entreprises canadiennes et de leur faciliter l’investissement au Bukina. En 2014, les échanges économiques bilatéraux entre les deux pays ont dépassé 75 millions de dollars, en augmentation de 50% par rapport à l’année précédente. Le Canada a déjà des accords sur la promotion et la protection des investissements étrangers (APIE) avec 28 pays et mène des négociations avec de nombreux autres. Le Gabon accueille le Col- L’Internet des Objets va générer 1,9 mille loque mondial des régula- milliards de $ pour les opérations logistiques teurs du secteur des TIC DHL et Cisco viennent de publier un nouveau rapport de tendance sur Le Gabon va accueillir du 9 au 11 juin à Libreville le principal Colloque mondial des régulateurs du secteur des TIC. Organisé chaque année par l’International Telecommunication Union, l’évènement va réunir d’éminents orateurs dans le cadre d’un programme dynamique axé sur les sujets actuels qui préoccupent les régulateurs du secteur des TIC. C’est Lin Mombo, président de l’autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep) qui va présider cette importante rencontre placée sous le haut patronage de Ali Bongo Ondimba, président de la République du Gabon. l’Internet des Objets (IdO) qui révèle un potentiel énorme pour des chaînes logistiques. D’après les estimations de ce rapport publié à l’occasion de la conférence sur la technologie mondiale à Dubaï, les nouvelles connexions vont générer 8 mille milliards au cours de la prochaine décennie. « Les pays ont à portée de main un énorme potentiel pour améliorer leur connectivité et prospérer grâce aux échanges, à l’intégration et à la technologie. Nous pensons que l’Internet des Objets sera un facteur essentiel de cette transformation mondiale », a déclaré Ken Allen, PDG de DHL Express, qui parraine le directoire du pôle Technologie à cette occasion. L’Internet des Objets connecte presque tout à Internet, des colis aux individus, grâce à la technologie des capteurs. Selon le rapport publié, 50 milliards d’appareils seront connectés à Internet d’ici à 2020 contre 15 milliards aujourd’hui. Cette révolution technologique va avoir un impact très important sur le commerce. Le bénéfice de la Société Générale Côte d'Ivoire en hausse de 100% en 2014 La BAD signe un accord de partage des risques avec Banco Santander Le bénéfice net de la Société Générale de Banque de Côte d’Ivoire (SGBCI), filiale du groupe français a connu une forte progression, passant de 13 milliards de f CFA en 2013, à 27,7 milliards de f CFA en 2014, soit une hausse de 100%. Suite à cette belle performance, la banque a opté pour une distribution généreuse de dividendes. En effet, 18,5 milliards ont été alloués au titre de dividendes bruts à répartir aux actionnaires, soit 5 970 f CFA par action, contre 3 268 f CFA payés en 2013. D’après les résultats financiers publiés par la banque en avril, le bénéfice net a été boosté par le solde en correction des valeurs sur créance et du hors-bilan, qui est passé d’une perte de 11,4 milliards de f CFA en 2013, à un gain de 2,5 milliards en 2014. La Banque africaine de développement (BAD) a annoncé un accord de participation aux risques non capitalisés de 40 millions de dollars avec la banque espagnole Banco Santander. Ce mécanisme vise à soutenir les activités de financement du commerce des banques émettrices en Afrique. Cet accord devrait faciliter 480 millions de dollars de transactions commerciales en Afrique sur trois ans. Le dispositif va également aider à répondre à la forte demande du marché en financement du commerce en Afrique, et soutenir les échanges commerciaux dans des secteurs économiques clés, tels que l’agriculture et l’industrie manufacturière. Il s’agit du premier accord de ce genre que la BAD conclut avec une banque espagnole. Santander est une banque de premier plan. Elle est présente sur de nombreux marchés émergents, et soutient le commerce Sud-Sud en rapport avec l’Afrique. Donald Kaberuka, PDG de la BAD Bruce Hemphill, nouveau DG d’Old Mutual Bruce Hemphill remplace Julian Roberts au poste de directeur général de l’assureur anglo-sud africain Old Mutual. Avant sa nomination comme DG du groupe, Bruce Hemphill était responsable de la division des services non financiers de la banque sud-africaine Standard Bank. Il prendra ses nouvelles fonctions à la fin de l’année en cours. Julian Roberts a marqué Old Mutual durant les sept années passées à la tête de ce groupe. Il a multiplié la valeur du titre par plus de deux et demi, et réussi l'introduction en Bourse de sa branche américaine, une opération qui a permis de lever 483 millions de dollars en octobre dernier. Soulignons qu’Old Mutual est le premier assureur en Afrique. Il compte quelque 16 millions de clients en Europe, en Asie, en Afrique et en Amérique. En janvier dernier, il a racheté une participation de 37,3% dans UAP Holdings, portant ses parts à 60,7% dans le capital de l’assureur kenyan. Old Mutual qui opère notamment dans l’assurance-vie, l’assurance dommages, la gestion d’actifs et la banque, affiche une bonne performance. Le groupe a enregistré un résultat d’exploitation de 2,47 milliards $ en 2014, en hausse de 16%. 7 mai 2015 Les Afriques .9 BRUITS DE MARCHÉ Cameroun : Buetec veut conquérir le marché européen L’entreprise camerounaise Buetec, spécialisée dans le tricotage, la teinture et la confection, vient de mettre en place un plan d’investissements de 650 millions de francs CFA, pour étendre ses activités vers le marché européen. L’entreprise compte ainsi exporter des articles 100% camerounais d’ici à 2017. Buetec est actuellement leader au Cameroun sur le marché des articles publicitaires comme les t-shirts et polos. Le plan d’investissement prévoit de mobiliser 250 millions de francs CFA pour améliorer la productivité et la capacité de production, et 450 millions de francs CFA pour accroître et assurer les exportations vers l’Europe d’ici à deux ans. D’ici 5 ans, Buetec ambitionne de quadrupler son chiffre d’affaires actuel (700 millions de francs CFA) grâce aux exportations vers l’Europe. L’Uemoa veut séduire les investisseurs au forum EU-Africa B2B AFIG Fund investit dans une entreprise immobilière au Ghana L’Uemoa va présenter des projets importants afin de séduire les investisseurs lors de la 1ère édition du EUAfrica B2B Forum, qui se déroulera du 6 au 8 mai 2015 à Mons (Belgique). Lors de cet évènement organisé par la Chambre UE-Afrique de commerce (Euacc) et dont l’Uemoa est partenaire, plusieurs projets d’infrastructure notamment dans le domaine de l’aménagement d’axes routiers reliant les grandes villes ouest-africaines seront présentés. En plus des pays membres de l’Uemoa, d’autres pays africains comme le Rwanda, le Kenya, le Cap-Vert, le Maroc sont également invités et vont présenter des opportunités d’investissement. L’objectif du forum est de réunir les milieux d’affaires afin de discuter de leurs attentes, besoins et opportunités mutuelles en matière de business. Selon les organisateurs, l’EU-Africa B2B Forum permettra aux professionnels des pays d’Afrique et des secteurs privés européens d’initier des contacts d’affaires. Le fonds d'investissement Advanced Finance & Investment Group (AFIG) a investi au sein de Primrose Properties, une entreprise ghanéenne du secteur immobilier. Les responsables d’AFIG Fund n’ont pas voulu divulguer le montant de l’investissement. L'opération a été réalisée à travers Atlantic Coast Regional Fund, un véhicule d'investissement d'AFIG, qui compte parmi ses investisseurs Commonwealth Development Corporation britannique, la SFI, la Banque européenne d'investissement, la BAD, Finnfund. AFIG est un fond d’investissement enregistré à l'Ile Maurice qui possède environ 122 millions $ d'actifs sous gestion. Le fonds dispose de bureaux à Dakar, Johannesburg et Washington. Mons, Bélgique 10 Les Afriques . 7 mai 2015 Global Management Challenge (Prague), le Maroc représenté par l'ESITH, à la 10ème place Le Maroc, arrivé pour la 1ère fois en finale de «Global Management Challenge», plus grande compétition interactive au monde de stratégie et de management d'entreprise, a raflé une honorable 10ème place. Pour Pr Ahlaqqach Mustapha, Responsable filière Logistique Internationale à l’ESITH, il s'agit d'un exploit. Après les éliminatoires qui ont impliqué plus de 40 000 compétiteurs de 30 pays, la finale, qui s'est tenue à Prague (République Tchèque) a vu la participation de 22 équipes de champions nationaux. Le Maroc était représenté par l'équipe «Hermès» de l'Ecole Supérieure des Industries du Textile et de l'Habillement «ESITH». Félicitations aux Russes qui ont remporté la finale du GMC pour la deuxième année consécutive et un Grand Bravo aux Etudiants qui ont honoré le Maroc. Continental Re espère doubler ses revenus issus du secteur du BTP La compagnie panafricaine Continental Reinsurance s’attend à un doublement de ses revenus issus du secteur du BTP en Afrique dans les 5 ans à venir, pour atteindre 80 millions de dollars. «Le BTP a contribué à hauteur de 44% aux revenus de Continental Re, et ce taux devrait atteindre 50% d’ici cinq ans», a déclaré le directeur exécutif du réassureur, Laurent Nazare, à l’agence Reuters. «Nous enregistrons une croissance dans tous les secteurs d'activité. Mais les opportunités sont principalement présentes dans les projets de construction que nous voyons partout sur le continent», a-t-il ajouté. Selon une étude publiée en mars par le cabinet Deloitte, les investissements dans le secteur du BTP en Afrique ont atteint 325 milliards de dollars en 2014, en hausse de 46% par rapport à 2013. Continental Re compte des clients dans 44 pays africains et ambitionne de doubler sa part du marché africain de la réassurance à 10% dans les cinq prochaines années. Fondée en 1985, Continental Reinsurance est leader sur son marché. Elle apporte aujourd’hui un appui à plus de 200 compagnies d’assurances en Afrique. Cotée à la bourse de Lagos, cette compagnie panafricaine dispose de bureaux dans six pays du continent (Nigéria, Kenya, Cameroun, Côte d’Ivoire, Tunisie et Afrique du Sud). Les applications mobiles seront déterminantes pour les entreprises selon Oracle Atlas Mara va acquérir la Banque Populaire du Rwanda et la fusionner avec une autre banque locale Oracle vient de publier une nouvelle étude qui révèle qu’après une mauvaise expérience sur l’appli mobile d’une entreprise, près de 55% des individus se disent moins enclins à utiliser les produits ou les services de cette entreprise. D’après cette enquête internationale intitulée : «Génération du millénaire et mobilité : comment les entreprises peuvent séduire la génération des applis», 39% de la génération du millénaire hésiteraient aussi à recommander les produits ou les services d’une entreprise après une mauvaise expérience avec son appli mobile, et 27% admettent qu’ils commenteraient de façon négative l’ensemble des produits et services du fournisseur concerné. Selon cette étude, les entreprises incapables de proposer à leurs clients une expérience mobile engageante et cohérente avec les valeurs de leur marque risquent de se mettre à dos la génération du millénaire et de voir la concurrence les devancer. La holding d’investissement Atlas Mara est en négociations exclusives pour le rachat d’une participation dans la Banque Populaire du Rwanda (BPR) pour 22,5 millions de dollars. L’opération permettra de fusionner cet établissement avec la Banque rwandaise de développement (BRD) qu’elle contrôle à hauteur de 75%. Ainsi, Atlas Mara va détenir 45% de la BPR si la transaction est finalisée. Atlas Mara prévoit également d’acquérir d’autres parts dans cet établissement auprès des actionnaires minoritaires pour porter sa participation dans la banque fusionnée à plus de 70%. La fusion de BPR et de la BRD va donner naissance à la plus grande banque du Rwanda en termes de nombre d’agences et la deuxième en termes d’actifs. Les actionnaires du groupe bancaire nigérian First Monument City Bank (FMCB) ont donné leur accord en vue de mobiliser 40 milliards de nairas (200 millions $), dans le cadre d'une stratégie qui vise à améliorer le seuil de ratio de fonds propres et d’autoriser la banque à effectuer des niveaux d'opération plus importants. Selon le directeur général de FMCB Ladi Balogun une douzaine d'investisseurs individus et institutions, ont manifesté leur intérêt pour cette opportunité. «Nous avons renforcé la position de notre capital tout au long de l'année et nous sommes parvenus à relever notre tiers 2 de capital à un ratio convenable de 19%, ce qui nous place en bonne position pour des exigences futures», a-t-il déclaré. Arnold Ekpe, PCA Atlas Mara Ladi Balogun First Monument City Bank va lever 200 millions de $ 7 mai 2015 Les Afriques . 11 ARRÊT SUR IMAGE Maroc Le 27 avril 2015. Le président sénégalais Macky Sall, qui a présidé les Assises de l’Agriculture, en train de faire son allocution, en prélude au Salon international de l’Agriculture Meknès (SIAM). 12 Les Afriques . 7 mai 2015 7 mai 2015 Les Afriques . 13 VERBATIM Libéré Aucune «Je voudrais féliciter la Côte d’Ivoire pour avoir su éviter cette maladie. Je tiens à féliciter votre ministre de la Santé. Le Libéria sera totalement libéré d’Ebola le 14 mai» Ellen Jonhson Sirleaf, prési- «Nous avons invité le Hezbollah, mais pas les Iraniens. Il n’y a pas de troupes iraniennes en Syrie et ils n’ont envoyé aucune force» Bachar Al-Assad, président de la Syrie. dente du Libéria. Blindé Exemplaire «La coopération agricole maroco-ivoirienne est exemplaire» Mamadou Sangafowa Coulibaly, ministre ivoirien de l’agriculture. Minorité «Par des actes insensés, une minorité d’illuminés veut prendre en otage notre belle religion» Macky Sall, président du Sénégal. «Boko Haram a reçu du matériel blindé depuis l’assassinat de Mouammar Kadhafi» Idriss Déby Itno, président du Tchad. Start-up «Il y a un marché en Afrique pour les start-up françaises… Ces dernières sont capables de mieux se financer et de procéder à des levées de fonds de plusieurs millions d’euros pour certaines d’entre elles» Lionel Zinsou, économiste et banquier franco-béninois, président du fonds d’investissement PAI. Conscience «Suite au décès du jeune noir américain Freddie Gray, après des bavures policières consécutives à une interpellation musclée ayant conduit de sérieuses lésions à la moelle épinière, le président des Etats Unis a affirmé qu’ «il s’agit d’une longue crise larvée, qu’il n’y avait rien de nouveau»…Enfin, il appelé à un examen de conscience du pays tout entier» Barack Obama, président des Etats Unis d’Amérique. Comptes «Le secrétaire général de l’ONU, qui a condamné la vague de violences au Burundi, a demandé aux autorités de ce pays de mener une enquête immédiate sur les décès survenus, afin que les responsables rendent des comptes» Ban Ki-moon, SG de l’ONU. Liberté Transition «Nous souhaitons que l’Iran joue un rôle majeur en Syrie, en persuadant le régime de ce pays à participer à une transition politique» Federica Mogherini, chef de la diplomatie de l’UE. 14 Les Afriques . 7 mai 2015 «Nous devons nous rappeler que l’Afrique est un melting pot de pays et de peuples… Nous sommes de nouveau convaincus que si nous nous unissons, nous pouvons résoudre nos problèmes et gagner la prospérité et la liberté que nous méritons» Uhuru Kenyatta, président du Kenya BANQUES & ASSURANCES 16 Les Afriques . 7 mai 2015 BMCE BANK accompagne le BRVM Investment Days INTERVIEW NADIA FETTAH ALAOUI «Innover et adapter nos modèles» Nadia Fettah Alaoui, DG délégué de Saham Finances, relate, entre autres, la démarche du secteur pour profiter d’un marché porteur et soutenir le développement, l’appui des pouvoirs publics, l’ambition de devenir l’assureur de référence pour sa clientèle en Afrique... L es Afriques : L'Afrique réalise une croissance soutenue. Comment le secteur de l'assurance compte accompagner son développement ? Nadia Fettah Alaoui : Le marché de l’assurance en Afrique représente l’un des plus dynamiques au monde. Les compagnies d’assurances africaines doivent innover et adapter leurs modèles de développement et de distribution afin de faciliter l'accès aux produits d'assurance à la fois pour les entreprises et pour la clientèle des particuliers. Le secteur s'organise donc pour offrir toute la palette de produits et services, à des tarifs compétitifs pour accompagner tous les secteurs d'activité des économies émergentes. Par ailleurs, l'essor de l'assurance permet de contribuer très significativement au financement moyen et long terme du développement des économies africaines, via les réserves techniques. LA : Avec des taux de pénétration du marché très bas, quels sont les segments qui seront investis en priorité ? N.F.A. : Le marché de l’assurance africain montre un fort potentiel de croissance. Sur ces cinq dernières années le secteur a enregistré (+8% par an sur le périmètre de la FANAF, regroupant 16 pays d’Afrique francophone). Cette performance illustre l’immense potentiel de développement de la région : la cen- Se prémunir de sinistres et contribier au développement de son pays Le marché de l’assurance africain montre un fort potentiel de croissance. La deuxième édition des BRVM Investment Days, tenue à Londres, mardi 28 avril 2015, dans les locaux du London Stock Exchange, a bénéficié du soutien du groupe BMCE Bank, à travers sa filiale londonienne BMCE Bank International UK. L’ouverture de la journée du marché fut rehaussée par la présence, notamment, de Niale Kaba, ministre en charge de l’Economie et des Finances de Côte d’Ivoire, Brahim BenjellounTouimi, Administrateur Directeur Général Exécutif du Groupe BMCE Bank, Edoh Kossi Amenouve, Directeur Général de la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières, Mohammed Agoumi, Directeur Général Délégué en charge de la Coordination de l’International au sein du Groupe BMCE Bank, et de Xavier Rolet, Directeur Général du London Stock Exchange. Brahim Benjelloun avait alors indiqué : «Nous nous enorgueillissons, pour notre part, que notre groupe BMCE Bank, à travers plus particulièrement l’enseigne Bank of Africa, soit actif à la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières, puisque sur les 39 sociétés cotées à la BRVM, 5 émetteurs sont des filiales bancaires du Groupe Bank of Africa ; à savoir BOABénin dès l’an 2000, BOA-Niger trois années après en 2003, BOA-Burkina Faso et BOA-Côte d’Ivoire cotée en 2010, et dernièrement BOA-Sénégal en 2014 ». Il a précisé que l’ambition du groupe est d’œuvrer plus hardiment encore à l’avenir, afin que les opérateurs économiques internationaux considèrent que l’Afrique dispose désormais de places financières dynamiques et ambitieuses et plus spécifiquement de Bourses en cours d’intégration financière. Pour l’Administrateur directeur général exécutif du groupe BMCE Bank , la place financière régionale d’Abidjan ouvre la voie aux pays voisins, et d’autres places financières africaines, telles que Casablanca Finance City pourrons jouer le rôle de Gateway majeur pour l’Afrique. 7 mai 2015 Les Afriques . 17 BANQUES & ASSURANCES taine de millions d’habitants de la zone représentaient un marché de l’assurance de plusieurs milliards d’euros en 2014. Le marché des particulier représente un marché rentable, à conquérir, dans un contexte d’émergence des classes moyennes alors que l’essentiel de la croissance a été tirée par le marché des entreprises ces dernières années (environ 79% des primes totales en 2014), la clientèle des particuliers apparaît comme le nouvel eldorado des assureurs africains. L’émergence des classes moyennes, accompagnant le boom économique régional, offre une opportunité encore pour les assureurs. Une large palette de services, à adapter au contexte spécifique régional, reste à développer. A cet égard, le risque automobile présente un intérêt certain pour les prochaines décennies : avec des taux d’équipement automobile 10 à 20 fois inférieurs à ceux des pays d’Afrique du Nord, et des équipements encore basiques en assurance (se limitant pour plus de 90% des clients à la responsabilité civile, légalement obligatoire), ce segment apparaît comme le principal gisement de croissance sur les prochaines décennies. Certains assureurs ont déjà saisi le potentiel 18 Les Afriques . 7 mai 2015 de ce marché, à l’image de SAHAM Assurance qui, en partenariat avec SAHAM Assistance, filiale assistance du Groupe, offre à ses clients un service d’assistance, grande première en Afrique sub-saharienne. Les assurances Santé sont également appelées à croître significativement : les créations en cours de Caisses d’Assurance Maladie et de couvertures maladie universelles (déjà effectif au Gabon et au Mali, en développement en Côte d’Ivoire), devraient contribuer à la démocratisation des protections santé chez les classes moyennes. Aussi, les récents développements des marchés financiers locaux et l’évolution de la réglementation en faveur de l’épargne long-terme, devraient favoriser également la croissance de l’assurance-vie dans la région. Enfin, de façon générale, les segments qui émergeront le plus rapidement seront ceux qui bénéficieront d'un appui des pouvoirs publics, notamment par l'obligation d'assurance. LA : Le développement économique en général, mais l'émergence industrielle en particulier, comporte des risques importants. Il en est de même pour l'urbanisa- Le marché des Tunis International Bank adopte particulier représente un la «ICS BANKS» Désormais, dans ses 3 agences et son marché siège social, Tunis International Bank rentable, à (TIB) utilise la solution complète ICS BANKS. Il s’agit application bancaire conquérir. universelle, entièrement intégrée, qui déploie une solution et une gamme de services professionnels pour automatiser et rationaliser les services bancaires. C’est une propriété d’ICS Financial Systems Ltd (ICSFS), fournisseur global de logiciels et de services pour les banques et les institutions financières. Pour rappel, Tunis International Bank (TIB) est la première banque établie en Tunisie sous le régime applicable aux établissements financiers non-résidents et membre de Burgan Bank, le groupe bancaire régional appartenant au Holding koweïtien Kuwait Projects Company (KIPCO). Société générale double son bénéfice net en Côte d’Ivoire Société Générale Côte d'Ivoire, filiale du groupe financier français, a vu son bénéfice net plus que doubler, passant de 13 milliards de f CFA en 2013, à 27,7 milliards de FCFA en 2014. Elle a affiché une bonne maîtrise de ses charges d'activités, en même temps qu’elle a accru le produit de ses activités bancaires. Au final le produit net bancaire en 2014 s’affiche à 68,8 milliards de f CFA contre seulement 60 milliards de f CFA en 2013. Néanmoins, cette bonne tenue a été quelque peu atténuée par des charges d'impôts plus importantes (5,5 milliards de f CFA vs 740 millions de f CFA) et aussi des charges d'exploitation en progression de plus de 4 milliards de f CFA. Mais le bénéfice net semble avoir été boosté par le solde en correction des valeurs sur créance et du Hors Bilan, qui pour l'année 2013 affichait une perte de 11,4 milliards de f CFA, alors qu'en 2014 cette rubrique a dégagé un gain de 2,5 milliards de f CFA, relève-t-on dans un document rendu public. Union Bank (Nigéria) : un bénéfice en hausse de 11% à T1 tion galopante des populations africaines. A quels niveaux se situeront les défis à relever ? N.F.A. : Le risque est bien le cœur du sujet et son potentiel est à la fois l'opportunité qui se présente à nous, mais également, le défi auquel nous devons nous préparer. Les enjeux sont de plusieurs natures : - une identification la plus en amont possible des risques, des analyses et des études approfondies, un très fort investissement dans la connaissance des marchés, - un renforcement de l'expertise et un enjeu sur la rareté des ressources humaines hautement qualifiées, - une régulation politique et une organisation / structuration des marchés aux meilleurs standards, - la mise en place de mécanismes de prévention et des règles d'indemnisation claires, - un renforcement des fondamentaux financiers des acteurs du marché via des règles de solvabilité, et de contrôle interne renforcées. LA : Des fusions-acquisitions se réalisent pour gagner en taille et couvrir de nouveaux périmètres. Quelles sont les ambitions immédiates et à moyen terme de votre groupe sur le continent ? N.F.A. : En effet, le continent observe une très forte activité M&A qui traduit deux tendances majeures : - un mouvement important de concentration dans des marchés relativement atomisés. Ces opérations, soutenues par les régulateurs, permettent l'émergence d'opérateurs régionaux de taille significative, avec des fondamentaux solides, permettant de capter avec sécurité tout le potentiel du secteur. C'est également le moyen de constituer des réseaux régionaux rapidement plutôt qu'une solution de création d'activité ex-nihilo. - un intérêt renouvelé des majors internationaux pour l'industrie de l'assurance en Afrique. Cette tendance de fonds permet également d’asseoir des groupes qui peuvent apporter une solution globale continentale en mutualisant leur savoir-faire et leurs infrastructures. Les principales ambitions de SAHAM Finances sont de pérenniser et consolider ses positions de leader panafricain en assurance, tout en maintenant sa qualité de service et de renforcer son réseau pour devenir l’assureur africain de référence pour ses clients particuliers et entreprises. Propos recueillis par Daouda MBaye Risque automobile, un intérêt certains A la fin du premier trimestre 2015, Union Bank of Nigeria a enregistré un bénéfice avant impôts de 4,9 milliards de nairas, soit une augmentation de 11%, comparativement aux 4,45 milliards de la même période de l'année dernière. Les dépôts de la clientèle se sont appréciés passant de 527 milliards de nairas à 545 milliards, tandis que les prêts nets et avances se sont établis à 367 milliards de nairas, contre 312,8 milliards de nairas. Pour Emeka Emuwa, PDG d’Union Bank, au cours du premier trimestre de 2015, la banque a su capitaliser sur la réalisation d'initiatives opérationnelles et technologiques critiques. Aussi, il a ajouté avons terminé la migration vers Oracle Flexcube UBS 12.0, la dernière version de la plate-forme bancaire Flexcube, qui permettra d'éliminer les redondances du système précédentes et de permettre plus rapide service à la clientèle et les délais d'exécution dans nos succursales fois l'intégration complète a été atteint en milieu d'année. Erratum : Siège Fanaf La clientèle des particuliers apparaît comme le nouvel eldorado des assureurs africains. Suite à la publication de l’article relatif au siège de la FANA, paru sur numéro 320, dans le dossier Assurances, d’involontaires omissions et une malencontreuse erreur se sont glissées dans le texte. Il fallait lire : «Le siège de la FANAF comprendra des bureaux pour le Secrétariat et des bureaux à usage commercial destiné à la location pour permettre à la Fanaf de bénéficier de revenus locatifs. Le coût de l’immeuble du siège n’est pas encore fixé par le cabinet d’architecture en raison de certaines contraintes techniques». Nous nous excusons après cet impair indépendant de notre volonté. 7 mai 2015 Les Afriques . 19 BANQUES & ASSURANCES BGFIBANK Extension de l’agrément international La Banque gabonaise et française internationale (BGFI) vient de franchir une étape décisive de son développement à l’international avec l’extension de l’agrément de sa filiale européenne. BGFIBank U ne nouvelle ère s’est ouverte pour le groupe BGFIBank, qui peut désormais mieux se positionner pour la conquête du complexe marché bancaire européen. Dans un communiqué dont Les Afriques s’est procuré une copie, la BGFI rapporte que le 21 avril 2015, l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) a autorisé, en application de l’article L.511-10 du Code monétaire et financier et de l’article 7 du règlement N°96-16 du comité de la réglementation bancaire et financière, l’extension de l’agrément de BGFI International. En d’autres termes, la filiale bancaire du groupe BGFIBank peut désormais collecter les dépôts à vue et à terme auprès d’une clientèle d’entreprises. Un nouveau cadre réglementaire qui présage de l’extension de l’entreprise dans le Vieux continent, en plus d’une représentation dont dispose cette banque en France. Pour le président-directeur général de ce holding financier, Henri Claude Oyima, «ce nouvel agrément conforte le développement à l’international de notre Groupe, il nous permet d’exercer notre métier dans sa globalité au sein de notre filiale européenne. Nous pouvons ainsi 20 Les Afriques . 7 mai 2015 plus facilement accompagner le financement de projets à destination de l’Afrique tout en continuant d’offrir aux investisseurs internationaux un accès direct aux opportunités d’investissements en Afrique, en mettant à leur disposition notre connaissance du marché et un réseau qui s’étend sur plusieurs pays». Fort de cet agrément, il est indéniable qu’il s’agit là, d’une «étape supplémentaire conforme aux orientations de notre projet d’entreprise Excellence 2020 et qui confirme notre ambition d’être un Groupe financier africain pour le monde» a précisé, le Président-directeur général du Groupe BGFIBank. Etablissement de crédit spécialisé, dirigé par Bernard Pedeprat-Lamenichou, BGFI International a démarré ses activités en novembre 2009 et a acquis à ce jour une réelle expertise dans les techniques de financement du commerce international et de correspondant bancaire. Il s’agit là d’un nouveau palier franchi par le premier groupe bancaire de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) dont le total bilan pour l’année qui s’est écoulée a culminé à 3 000 milliards de f CFA. Achille Mbog Pibasso, Douala Ambition d’être un Groupe financier africain pour le monde. Maroc : Inauguration officielle de la centrale photovoltaïque Copag de Taroudant Réalisée en collaboration avec Dena (agence allemande de l’énergie), la centrale photovoltaïque de 25 kWc de la COPAG (Coopérative Agricole), sera officiellement inaugurée le 6 mai 2015 à Taroudant. Il s’agit d’un projet pilote (COPAG et SOLAR23), soutenu par le ministère allemand de l’Economie et de l’Energie (BMWi). Une cérémonie qui sera marquée par la présence de Loultiti Mly M'hamed, président de la COPAG, et de S.E. l'ambassadeur de l'Allemagne au Maroc. Acquisition de Fastbooking : Accélération de la stratégie digitale chez Accor Accor annonce la reprise de Fastbooking, société spécialisée dans les services digitaux aux hôteliers. Avec cette acquisition, Accor accélère sa stratégie digitale. Pour rappel, Fastbooking est une société française, créée en 2 000. Elle sert au quotidien près de 4 000 hôtels dans le monde. Ses principales activités sont la création de sites internet pour les hôtels, les solutions de gestion de canaux de distribution, le pilotage de campagnes de marketing digital, et les outils d’optimisation en matière de revenue management et de veille concurrentielle. Ses deux principaux marchés sont l’Europe et l’Asie. Pour Sébastien Bazin, président-directeur général d’Accor, la reprise de Fastbooking constitue un accélérateur dans la mise en place de notre stratégie digitale. Après l’acquisition de Wipolo en octobre dernier, cette nouvelle opération leur a permis de compléter leur savoir-faire, et de renforcer l’expertise numérique du Groupe au service de ses hôtels. De son côté, Jean-Gérard Galvez, PDG de Fastbooking, a trouvé que cette opération marque le début d’une nouvelle phase de développement. SONAM VIE Leader de l'assurance vie au Sénégal L'assurance Vie du marché sénégalais, qui a généré un chiffre d'affaires de 24,483 Mrds de f CFA (1/4 du marché cumulé) sur un portefeuille cumulé de 102 milliards de f CFA (vie et dommages), est dominée par Sonam Vie. La compagnie sénégalaise a fait bonne fortune avec dans les coffres 7,014 milliards de f CFA, largement devant les majors offshore et groupes panafricains Allianz, Sunu, NSIA. A vec un marché constitué de 16 sociétés, 7 compagnies font l'activité vie (Sonam Vie, Allianz Vie, Sunu Vie, NSIA Vie, Amsa Vie, Sen Vie). Selon les chiffres du dernier bilan clos au 31 décembre 2014, le mammouth du marché est Sonam Vie. Son chiffre d'affaires en 2014 est de 7, 014 milliards de f CFA largement devant l'allemand Allianz Vie et les deux groupes panafricains, Sunu et NSIA. L'embellie du secteur tirée de l'attractivité et de la stabilité du marché sénégalais s'est consolidée davantage. Les derniers chiffres en notre possession confirment que le marché est largement dominé par la branche dommages, appelée IARD, qui concentre les 3/4 du volume financier global représentant une collecte de primes évaluée à plus de 76 milliards de f CFA. La camerounaise SAAR, qui cherche toujours ses marques avec 1,207 mil- liard de f CFA, et Sen Vie la dernière du marché ferment le tableau. Sen Vie qui tourne ses pouces n'a pas franchi la barre des 605 millions de f CFA. Les filiales des majors offshore Axa et Allianz et le marocain Saham (ex-Colina) cumulent à eux trois pour le segment dommages la bagatelle de 25 milliards de f CFA sur le matelas de 76 milliards de f CFA. La filiale sénégalaise du groupe panafricain, NSIA dommages, de l'entrepreneur ivoirien Jean Diagou, a amassé la rondelette somme de 9 milliards 268 millions de f CFA. La Prévoyance Assurance qui n'a pas de branche vie s'adjuge la 6ème place avec un chiffre d'affaires de 5 milliards 521,8 millions de f CFA contre 7 milliards l'année précédente. Du côté de la Prévoyance Assurance, ce résultat trouve bien son explication dans les annulations estimées à plus de 1,5 milliard. «La pente sera remontée en fin 2015, nous y travaillons Timide percée de la branche vie L'embellie du secteur tirée de l'attractivité et de la stabilité du marché sénégalais s'est consolidée davantage. d'arrache-pied», commente une autorité de la compagnie. La compagnie Salama, ex-Sosar Al Amane, Sonac, CNAAS, MAAS occupent le dernier carré du peloton de l'activité IARD avec des primes globales évaluées à 4 milliards de f CFA. Là où la Sonam SA engrange a elle seule 4 milliards 190,7 millions. Avec une collecte de primes cumulées de l'ordre de 102 milliards de f CFA, le marché sénégalais continue d'attiser les convoitises. La compagnie marocaine Wafa Assurance qui a pris pied à Dakar, il y a plus de six mois à travers deux filiales nouvellement créées (Wafa Assurance Vie SA, pour le marché Vie, et Wafa Assurance SA, pour l’activité non vie), a déjà lancé le multirisque habitat et automobile. La marocaine va s'adosser sur le réseau bancaire Attijariwafa Bank pour s'adjuger d'importantes parts de marché. Ismael Aidara, Dakar 7 mai 2015 Les Afriques . 21 BOURSES & FONDS BOAD Une ligne de prêt de 3 Mrds de f CFA à CCBM (Sénégal) CCBM Industries Espace Auto va bénéficier d'une ligne de prêt auprès du guichet de la BOAD (institution sousrégionale basée à Lomé, au Togo) pour le financement de l’assemblage et de la commercialisation d’engins agricoles et de matériel roulant. Accord de coopération Malawi-Egypte pour le tourisme Le Malawi et l’Egypte ont signé, jeudi dernier à Lilongwe, un protocole d'accord pour l’amélioration des relations dans le secteur du tourisme. Le protocole d'accord vise à aider, entre autres, la commercialisation et la promotion des activités touristiques, à travers la participation à des foires du tourisme, des expositions et des manifestations organisées dans les deux pays et des échanges de visites de responsables du tourisme, etc. Kondwani Nankhumwa, ministre de l'Information, du Tourisme et de la Culture du Malawi, avait alors indiqué que le gouvernement de son pays a bien perçu l'importance du tourisme pour l'économie et a toujours mobilisé les intervenants et les diplomates pour sa promotion. Kenya : Le low-cost pour désenclaver Kisumu et Diani Ukunda L e président de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), Christian Adovelande, et l'entrepreneur sénégalais Serigne Mboup, président-directeur général de CCBM, vont signer fin avril une convention au terme de laquelle l'institution financière mettra à la disposition du géant sénégalais de l'automobile une ligne de financement à court terme d’un montant de 3 milliards de f CFA. Ce prêt à court terme, en faveur de CCBM Industries Espace Auto, servira au financement de l’assemblage 22 Les Afriques . 7 mai 2015 et de la commercialisation d’engins agricoles et de matériel roulant, deux grands chantiers sur la table du géant sénégalais, soumis à une rude concurrence avec les filiales des majors constructeurs offshore. Décembre dernier, la firme française Necotrans via sa branche automobile Necotrans Automobile avait cédé sa marque Nissan à Japan Motors qui a pris l'option de conquérir le marché sénégalais, porte d'entrée de la stratégie d'expansion de Japan Motors. Ismael Aidara, Dakar Serigne Mboup, entrepreneur sénégalais et PDG de CCBM Les vols low-cost vont intensifier les liaisons aériennes entre les grandes villes et celles de Kisumu et Diani Ukunda, au Kenya. Willem Hondius, PDG de Jambojet, a annoncé des vols 2 fois sur Kisumu le dimanche et 3 fois par jour, le jeudi et le vendredi. Cela portera le nombre de dessertes sur cette localité, au bord du lac, à 16 par semaine. Quant à Ukunda sur la Côte Sud, Jambojet va réaliser 2 vols par jour. Hondius a révélé que Jambojet a affrété un avion Bombardier Q400 auprès de DAC Aviation pour desservir les routes Kisumu et Eldoret. Rappelons que cette compagnie aérienne, qui cumule 500 000 depuis sa création il y a un an, a lancé les vols sur Lamu, Malindi et Ukunda le 28 mars, ce qui porte à 7 le nombre de destinations desservies sur le marché kenyan. Les autres sont Nairobi, Kisumu, Eldoret et Mombasa. ENTREPRISES & MARCHÉS CAMEROUN L’AFD conteste le taux de pénétration du téléphone Dans un récent rapport, l’Agence française de développement (AFD) remet en cause les chiffres de l’organe de régulation du secteur des télécommunications au Cameroun. L e moins que l’on puisse dire, c’est qu’indépendamment du boom du téléphone mobile au Cameroun, l’on est loin de s’accorder sur le taux de pénétration auprès des usagers. C’est sans doute la raison d’un quiproquo entre l’Agence française de développement (AFD) et le régulateur du secteur de téléphone dans ce pays. En effet, l’AFD a révélé dans sa dernière revue «Savoirs communs», éditée en partenariat avec l’Agence universitaire de la francophonie (AUF) et l’Organisation des Nations unies pour l’éducation (Unesco) que le taux de pénétration du téléphone mobile au Cameroun, en 2014, culmine à 36% contrairement aux chiffres de l’Agence de régulation des télécommunications (ART) qui le situe à 71%. Sur la base des statistiques de l’AFD, le Cameroun pointe loin derrière les pays afri- cains, tels que le Botswana 75%, l’Ile Maurice 7%, la Côte d’Ivoire 46% ou encore le Nigéria 42%. Des chiffres en totale contradiction avec le régulateur national qui soutient que le taux de pénétration du téléphone mobile est passé de 9,8% en 2004 à 71% en 2014, soit une augmentation de 62% en l’espace de dix ans. Toutefois, l’ART avait expliqué que ce taux de «pénétration du mobile avait été calculé sur la base du nombre de cartes SIM effectivement activées dans le pays et non sur la base du nombre d’abonnés total à la téléphonie mobile par rapport à la population». Par ailleurs, l’AFD n’aurait pas tenu compte de certaines données, d’autant que depuis l’année dernière quatre opérateurs de téléphonie mobile opèrent au Cameroun. En plus de la société Organe-Cameroun, filiale de France télécoms, et de la multinationale sud-africaine la Mobile telephon network (MTN), il y a Différence sur le taux de pénétration téléphonique Depuis l’année dernière 4 opérateurs de téléphonie mobile opèrent au Cameroun. En plus de la société OrganeCameroun. désormais Nexttel, filiale du Vietnamien Viettel, à quoi il convient d’ajouter l’opérateur public, la Cameroon telecommunications (Camtel), naguère tournée vers l’exploitation du téléphone fixe seulement. Selon des experts, les chiffres de l’AFD ne seraient pas totalement fiables, dans la mesure où, même en faisant le rapprochement entre le nombre d’abonnés au mobile, le taux de 36% serait en deçà de la réalité, puisque selon les chiffres de l’ART et du ministère camerounais des Postes et Télécommunications, 16 millions de personnes disposent d’un téléphone mobile au Cameroun sur une population estimée à 22 millions d’habitants. Loin de trancher ce débat, il est loisible de constater que dans tous les coins et recoins du Cameroun, des populations ont accès au téléphone portable. Achille Mbog Pibasso, Douala 7 mai 2015 Les Afriques . 23 ENTREPRISES & MARCHÉS MAROC L’accord signé avec l’Office européen des brevets fait des remous Depuis le 1er mars dernier, l’accord, signé en janvier par l’Office marocain de la propriété industrielle et commerciale (Ompic) et l’Office européen des brevets (OEB), est entré en vigueur. Un accord controversé qui soulève des critiques chez les professionnels. Grandes ambitions du tourisme éthiopien Pour soutenir son économie, l’Ethiopie table sur ses abondantes ressources touristiques qui comprennent un large éventail de sites allant d’une dépression de 10 m au-dessous du niveau de la mer au pic de Ras Dashan culminant à 4 591 m, des lacs, fleuves et rivières, mais aussi des chutes, etc. Le pays, qui dispose de sites archéologiques qui le mettent en valeur, notamment les endroits de l’origine de l'humanité, une nature dotée de parcs vierges trouvés dans différentes parties du pays, de monuments antiques, de lieux de culte, de sites de civilisations antiques… va capitaliser sur ces valeurs. Autant de sites touristiques pour attirer des visiteurs. L’Egypte cible 26 milliards de $ de revenus touristique, en 2020 L e 19 janvier dernier, Adil El Malki, directeur général de l’Office marocain de la propriété industrielle et commerciale (Ompic), et Benoît Battistelli, président de l’Office européen des brevets (OEB), ont signé un accord qui prévoit, à partir du 1er mars 2015, l’entrée en vigueur du système de validation des brevets européens au Maroc. En vertu de cet accord, le premier du genre en dehors de l'espace européen, les déposants de brevets d'invention pourront intégrer le Maroc, à partir de la procédure auprès de l'OEB, en même temps que les pays européens. Ainsi, ces brevets auront les mêmes effets juridiques qu'un brevet national et seront 24 Les Afriques . 7 mai 2015 soumis à la législation marocaine, ce qui, selon l’Ompic, «permet d'offrir une nouvelle voie pour la protection des inventions en plus de contribuer à attirer les investissements à forte valeur ajoutée». Il s’agit, donc, selon la version officielle, d’un accord tout bénef pour le Maroc qui pourrait s’aligner sur les standards internationaux conformément aux grandes orientations de la coopération entre le Maroc et l’UE et principalement entre l’Ompic et l’OEB. C’est en tout cas ce qu’expliquait à l’époque le DG de l’Ompic, pour qui cet accord «contribuera à réduire le délai d'examen des demandes marocaines de brevets d'invention, ce qui leur facilitera la protection au L’Accord controversé entre l’Ompic et l’OEB Un accord qui prévoit, à partir du 1er mars 2015, l’entrée en vigueur du système de validation des brevets européens au Maroc. Le Cabinet du Premier ministre égyptien Ibrahim Mahlab vient de dévoiler une stratégie mise en œuvre pour augmenter le nombre de touristes afin de porter les revenus à 26 milliards de $ en 2020. Ce Plan, qui vise 20 millions de touristes par an, a été présenté par Khaled Rami, ministre égyptien du Tourisme. Pour rappel, le tourisme a toujours été une source principale de revenus en Egypte, jusqu’au soulèvement populaire qui a renversé le régime de l'ancien président Hosni Moubarak en 2011, et a déclenché 4 années de troubles politiques et chamboulé le secteur. Erratum Dans l’éditorial paru dans notre magazine n° 320, du 30 avril 2015, intitulé « Immigration, notre échec », une malencontreuse erreur s’est glissée. Il fallait lire « Deux chiffres : dans le couloir maghrébin, 8 000 immigrés ; dans le couloir libyen, 170 000 ont été décomptés », au lieu de « … 17 000 ». niveau international dans les délais de priorité contrairement à d'autres offices de la région qui examinent toutes les demandes dans des délais qui dépassent la durée de priorité». De même, Adil El Malki, qui s’appuie sur des études menées par l’Ompic en amont de la signature de l’accord, estime que «cette loi constitue une opportunité pour rehausser le niveau des brevets d'invention pour encourager et améliorer le niveau de l'innovation nationale et attirer les investissements de forte valeur ajoutée et enfin pour augmenter la valeur ajoutée de nos entreprises et monter dans la chaîne de valeur». Il faut dire que la montée au créneau de l’Ompic n’est pas fortuite puisque l’annonce de l’accord entre le Maroc et l’OEB a soulevé une véritable polémique au Royaume. Un accord très critiqué Dès l’annonce de la signature de l’accord, plusieurs associations professionnelles ont vivement réagi à ce qu’elles considèrent comme une vraie menace pour le marché marocain. C’est dans ce cadre que les opérateurs relevant du secteur de l’industrie pharmaceutique ont fait cas de leurs in- quiétudes, à travers l'Association marocaine de l'industrie pharmaceutique (AMIP) et de l'Association marocaine du médicament générique (AMMG). Pour ces derniers, l’accord constitue ni plus ni moins une «mise sous tutelle européenne du système national des brevets» en plus de renforcer certains monopoles, ce qui va ruiner, notamment, la production nationale des médicaments génériques. Il faut dire qu’au Maroc, le marché des génériques est très stratégique puisqu’il représente 30% du marché pharmaceutique marocain, soit à peu près 68,5 millions d'unités vendues et près de 2 milliards de dirhams. Selon les projections du gouvernement, l’objectif du taux de pénétration du générique visé à l’horizon 2015 est de 60%, ce qui représente une véritable niche pour l’industrie du secteur. Il y a donc de quoi susciter les vives inquiétudes de la profession qui n’hésite pas de qualifier ledit accord de «totalement asymétrique de type gagnant-perdant», surtout qu’il ne prévoit pas la réciprocité, c'est-à-dire la reconnaissance automatique en Europe des brevets déposés au Maroc. De ce fait, l'AMIP et AMMG estiment «qu'un tel accord ne peut que renforcer Libéria : Reprise Plusieurs associations des travaux du Pont Caldwell professionLes travaux sur le Pont Caldwell au nelles ont Libéria, suspendus en raison de l’épivivement réagi démie d’Ebola, a repris et devrait être à ce qu’elles achevé en septembre 2015. Révélations du ministère libérien des Traconsidèrent vaux publics, qui par la voix de comme une Joseph Morris Keita, directeur de la vraie menace communication au ministère, a souqu’Henan International Compour le marché tenu pany Construction chinois (CHICO) marocain. a récemment repris le travail. A noter que la plupart des projets, prévus pour la réalisation par le gouvernement du Libéria (GED), sont très en retard en raison de l'épidémie du virus Ebola Maladie (EVD). Ethiopie : Le nécessaire développement de l’infrastructure routière Menaces sur le «Made in Morocco» ? Le développement économique rapide, en cours dans tous les secteurs, nécessite l'expansion d’infrastructures routières pour répondre à la demande. Vu que l’économie est principalement basée sur l'agriculture qui contribue pour 60% des recettes en devises alors que 70% de la production agricole provient de zones éloignées des routes principales, pour le transport des intrants agricoles, la construction et l'amélioration de routes aux standards internationaux est essentielle. En outre, le secteur florissant de l'industrie met des exigences très élevées sur le besoin de construire des routes modernes. Le gouvernement éthiopien en est conscient et accorde beaucoup d'importance à l’expansion d’infrastructures routières. Justement, l’Autorité routière éthiopienne a récemment conclu un accord avec deux entreprises internationales et des entreprises locales pour la construction de routes dans différentes parties du pays. L'Autorité a d’ailleurs indiqué que la construction des routes contribue à faciliter la nouvelle économie de la nation. 7 mai 2015 Les Afriques . 25 ENTREPRISES & MARCHÉS une politique commerciale déséquilibrée où les concessions vont toujours dans un sens et pas dans l'autre». L’avis de spécialistes Les réserves des associations professionnelles sont appuyées par l’avis de certains spécialistes en matière de propriété intellectuelle qui estiment également que l’accord est en défaveur du Maroc. Selon El Mostafa Aksiman, consultant marocain en propriété industrielle et inventeur, cet accord que l’Institut français de la propriété intellectuelle (INPI) et l’OEB ont imposé au Maroc, porte «de graves préjudices au pays et à son développement». L’expert n’hésite pas à rappeler les dispositions instaurées en 1916, du principe du SGDG (Sans garantie du gouvernement) selon lequel tous les titres délivrés par le Maroc depuis 1916 à ce jour sont « Sans garantie du gouvernement ». En clair, tous les titres de propriété industrielle (brevets, marques, modèles) que le Maroc a délivrés depuis 1916 l’ont été sans garantie du gouvernement. « Cela veut dire en substance que le gouvernement ne garantit pas les investissements qui pourraient être engagés pour l’exploitation de ces 26 Les Afriques . 7 mai 2015 titres, pourtant délivrés conformément à la loi », résume le spécialiste qui rejoint ainsi les controverses qu’engendre le jumelage en cours entre les offices de propriété intellectuelle marocains et européens. Comme il fallait s’y attendre, ces accusations sont rejetées en bloc par l’Ompic qui met en avant les gardefous prévus dans la loi 17-97 relative à la protection de la propriété industrielle. Le texte qui a été récemment actualisé, à travers de nouveaux amendements, introduit en effet des mesures exceptionnelles au droit conféré par le brevet, notamment la disposition dite de «Bolar» qui consiste à autoriser l'utilisation du brevet dans le cadre d'études ou essais requis en vue de l'obtention de l'autorisation de mise sur le marché. A cela s’ajoutent les mesures déjà prévues par la loi 1797 qui permettent dans des situations particulières (prix anormalement élevé, insuffisance sur le marché national, intérêt de la santé publique...) l'octroi des licences obligatoires ou d'office pour des brevets de médicaments par acte administratif. De quoi atténuer les inquiétudes des professionnels sans toutefois mettre fin à la polémique. Ibrahim Souleymane Kenya : Début de la Accusations sont rejetées reconstruction à Mpeketoni en bloc par Les chefs d'entreprise de Mpeketoni l’Ompic qui commencé à reconstruire leurs met en avant ont locaux détruits lors des attaques terles garde-fous roristes de l'année dernière. Environ prévus dans la 10% des bâtiments qui ont été incendiés pendant les raids étaient des loi 17-97 locaux commerciaux, y compris les relative à la hôtels, restaurants, magasins et maiprotection de sons d'hôtes. Le gouvernement national avait promis d'aider à la propriété reconstruire les locaux, mais cela n'a industrielle. pas été le cas 10 mois après l'attaque qui a laissé plus de 90 morts. Pour rappel, le 16 juin 2014, Anne Waiguru, secrétaire du Cabinet du gouvernement, évaluait le montant des dommages avant de se lancer sur la reconstruction des bâtiments. Le Ghana à l’assaut de la contrefaçon chinoise dans le textile Laboratoire de recherche pharmaceutique Le Ghana redouble d'efforts pour mettre fin à la contrebande dans le secteur textile, notamment des produits contrefaits en provenance de Chine. Les autorités ont déploré que les quantités de produits piratés vendus à bas prix ont contraint plusieurs fabricants locaux à la faillite. Le marché de l'art et des textiles célèbres dans la capitale Accra n’a pas fait exception. Parmi les nombreux modèles concernés, le fameux tissu Kente, populaire parmi le peuple Akan. L'industrie du textile au Ghana est de plus en plus confrontée à la concurrence de copies bon marché de contrebande en provenance de l'étranger, en particulier en provenance de Chine. John Amoah, assistant du directeur de la protection de la marque à Akosombo Textiles qui produit des tissus africains, a soutenu qu’ils sont face à des gens non identifiés qui prennent le logo de leur marque, l'envoient à l'extérieur, l'impriment, pour ensuite inonder le marché de produits contrefaits. INTERVIEW EL MOSTAFA AKSIMAN Les Marocains sont lésés par cet accord Dans cette interview, El Mostafa Aksiman, premier conseiller en propriété industrielle du Maroc réagit face à cet accord controversé que le Maroc a signé avec l’Office européen des brevets (OEB). L es Afriques : Vous souhaitez ouvrir un débat national au Maroc sur la propriété industrielle. Pourquoi une telle approche ? El Mostafa Aksiman : Un débat national sur la propriété industrielle s’impose et la plus belle des preuves de sa nécessité est le fait que la nouvelle loi et l’accord Ompic-OEB qui viennent de voir le jour et qui sont censés impacter la vie des citoyens, toute catégorie et tout secteur confondus, n’ont suscité de réactions que de la part de trois ONG et de moi-même. Ce déficit est là, immense, qui nous appelle à agir pour informer et sensibiliser les citoyens sur ce secteur et inciter à leur participation pour le développement de l’activité créative nationale, notamment par les innovations et la mise en place d’un système à même de contribuer et favoriser le développement national. L’industrie du tabac, vitale pour l’économie zambienne Pour, Tim Carter, président de l’Association zambienne du tabac (TAZ), l’industrie du tabac emploie actuellement plus de 450 000 personnes. Autant d’effectifs pour ajuster la production zambienne à la demande sur les marchés internationaux et régionaux. Il s’agit d’un secteur vital pour l’économie du pays. Un pays qui produit certaines des meilleures variétés de tabac au monde. Pourtant, la culture du tabac a cessé de croître en volume, au cours des 4 dernières années. Aussi, le président de TAZ a déploré que la saison 2013/14 de la commercialisation a été très difficile, avec un excédent de tabac sur le marché mondial. En outre, dictés par la loi de l'offre et de la demande, les prix de la récolte n’ont pas été à la hauteur des attentes des membres de l’Association. Important soutien au secteur du café ougandais LA : Selon vous, il faudrait également réformer l’Ompic. Que faut-il changer au niveau de cette institution ? E.M.A. : En effet, l’Ompic, dont nous venons de voir la façon de faire dans le cadre de l’accord Ompic-OEB et aussi dans celui de propriété industrielle, est certainement un organisme déficient à plus d’un titre qui doit faire urgemment l’objet d’une refonte totale à commencer par la loi qui l’a créé en 1994. Ce texte fait de cet organisme le premier et unique office au monde à faire état de « propriété commerciale » comme activité à côté de la propriété industrielle. Il s’agit là à l’évidence d’une aberration que l’on pourrait considérer comme une invention que notre Office aurait dû breveter. Cette ineptie a entaché et entache encore l’image du Maroc et sa crédibilité depuis 1994. En effet, la propriété El Mostafa Aksiman, premier conseiller en propriété industrielle du Maroc L’Ompic est certainement un organisme déficient à plus d’un titre qui doit faire urgemment l’objet d’une refonte totale Un financement de 1,3 milliard de shillings ougandais de l’USAid a été débloqué au bénéfice des petits exploitants agricoles ougandais, en particulier des jeunes et des femmes, de la filière café. Pour les responsables, il s’agit d’une initiative qui vise à accroître la production de café du pays et qui s’inscrit dans le cadre du programme américain Feed the Future Initiative. Le projet vise à accroître la productivité du café pour 20 000 petits exploitants dans 22 districts où la production de café est en croissance. Pour les experts de café, la politique, adoptée en 2014 par le gouvernement ougandais, pourrait déclencher une relance du café, qui à un moment donné était la principale culture de rente d’Ouganda et la plus grande source de devises. A noter qu’il sera piloté par le National Union of Coffee Agribusiness and Farmer Enterprises (Nucafe), syndicat des producteurs de café. 7 mai 2015 Les Afriques . 27 ENTREPRISES & MARCHÉS intellectuelle, définie, connue et reconnue par la communauté internationale, comprend le droit d’auteur et la propriété industrielle, qui, elle, concerne les brevets d’invention, les marques, les modèles et le nom commercial et ne reconnaît en aucun cas une quelconque «propriété commerciale». La Convention de Paris, fondement de toutes les législations de toute la propriété industrielle au monde, y compris le Maroc, ne fait nullement état de cette «propriété commerciale» et ne reconnaît donc aucun titre de propriété ayant pour objet une «propriété commerciale» telle que celle annoncée par notre Office de propriété industrielle et commerciale (OMPIC). D’ailleurs, même la loi de création de l’Ompic ne fait pas état de la définition de cette «propriété commerciale» ni des conditions de sa protection ni de la nature des titres de propriété la concernant. Ceci résulte du simple fait qu’il n’y a pas de «propriété commerciale» et l’appellation de cet office, Office marocain de la propriété industrielle «et commerciale» (Ompic), est une aberration qui a provoqué la curiosité des opérateurs et investisseurs, à travers le monde qui souhaitaient 28 Les Afriques . 7 mai 2015 «bénéficier» de la protection de cette propriété commerciale marocaine que même le WIPO à Genève ne connaissait pas. Cette réaction aboutissait généralement à des sourires très significatifs sur la réalité marocaine en ce domaine. Ajoutée à cette tare la situation de marasme total qui caractérise le quotidien de cet office, il y a là certainement motif à refonte de cette tache honteuse du système de propriété industrielle marocain. LA : Quelles sont vos recommandations pour préserver les intérêts des Marocains ? E.M.A. : Il est clair qu’après un siècle de propriété industrielle dont le triste résultat est constatable aujourd’hui du fait de l’indifférence et du désintérêt apportés à ce secteur par les responsables durant tout ce siècle, il est aussi clair qu’il est temps pour ce gouvernement de se pencher sérieusement sur ce secteur indispensable et nécessaire à tout développement. Un débat franc et sans langue de bois doit être engagé pour le soustraire de la mainmise étrangère qui le dirige et l’exploite tout à son intérêt et au détriment de l’intérêt national marocain ; ouvrir le chantier de l’activité créative na- Ajoutée à cette tare la situation de marasme total qui caractérise le quotidien de cet office. Mettre en place les moyens nécessaires pour favoriser et développer l’activité créative tionale pour les 35 millions de cerveaux qu’un siècle d’inactivité a gelés ; mettre en place tous les moyens nécessaires pour favoriser et développer cette activité créative, première richesse du Maroc ainsi que pour sa valorisation et sa rentabilisation ; ce chantier doit commencer dès le préscolaire et finir par la création d’industries pérennes, elles-mêmes créatrices de richesses, en passant par la création de filières de propriété industrielle dans nos universités, nos écoles supérieures de recherche et développement ainsi que dans nos écoles d’ingénieurs. Ce chantier donc, nouveau défi pour le Maroc, devra véritablement nous mettre au niveau de ceux desquels un siècle de propriété industrielle nous sépare et nous permettre de faire valoir nos droits et intérêts sur le marché de la compétitivité technique et technologique mondial. Je voudrais conclure en signalant que la situation qui prévaut en ce secteur n’est pas propre au seul Maroc mais trouve application sur les principes du moins dans de nombreux pays du Tiers-Monde, notamment ceux d’Afrique et les anciennes colonies françaises. Propos recueillis par Ibrahim Souleymane, Casablanca POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE BURUNDI Après l’annonce de la candidature de Nkurunziza, de mal en pis Le président Pierre Nkurunziza du Burundi a annoncé, samedi 25 avril à Bujumbura, sa candidature pour briguer un troisième mandat. Depuis, de violents heurts ont éclaté dans la capitale et dans d’autres agglomérations du pays. Bilan des affrontements qui se poursuivent depuis le week-end : au moins deux morts. D epuis samedi 25 avril, Bujumbura, capitale du Burundi, n’a plus connu le calme. Suite à l’intention du président sortant Pierre Nkurunziza de rempiler pour un 3ème mandat, contrairement à la Constitution du pays, de violents affrontements entre les manifestants de l’opposition au pouvoir et de la société civile et les forces de police ont fait au moins deux morts. Le pouvoir en place, qui ne compte pas reculer, a opté pour le tout-répressif. Par ailleurs, il tente de museler les médias et réprimer la liberté d’expression. Justement, la Fédération internationale des journalistes (FIJ), Reporters Sans Frontières, le Comité pour la protection des journalistes, l’Institut Panos Europe, l’Institut Panos Grands Lacs, le groupe éditorial VITA et Radio Netherlands Worlwide appellent la communauté in- ternationale à réagir rapidement et avec sévérité à ces atteintes liberticides à l’information. Et depuis la date du Congrès extraordinaire du parti au pouvoir CNDD-FDD, coïncidant avec la proclamation de la candidature du président, le samedi 25 avril 2015, les grandes villes n’ont pas connu une accalmie. Des membres de l’opposition ont assuré que le pays ne connaîtra pas le calme tant que ce dernier ne sera pas revenu sur sa décision. Les témoignages de nos confrères font état de médias burundais, particulièrement visés au cours des dernières 48 heures. Jugez-en vous-même, il y a eu des émissions suspendues, la Maison de la Presse a été fermée, certaines chaînes de radios ont été tout simplement empêchées d’émettre et des journalistes ont été harcelés… De manière on ne peut plus explicite, ils ont soutenu que le gouvernement Pierre Nkurunziza, président du Burundi Il y a eu des émissions suspendues, la Maison de la Presse a été fermée, certaines chaînes de radios ont été tout simplement empêchées d’émettre. verrouille l’information pour éviter la contestation. Voici un certain nombre de faits qui attestent que la liberté d’informer est sérieusement mise à mal. A l’heure où nous publions ces lignes, la Maison de la Presse du Burundi, lieu fédérateur incontournable des médias et des journalistes burundais, est encerclée par la Police. A l’intérieur de l’enceinte, les studios de l’Association burundaise des radiodiffuseurs (ABR) abritent une Synergie des médias, une émission radio diffusée et relayée en direct par les principales radios membres de l’ABR (RPA, Bonesha, Isanganiro, Renaissance et CCIB FM+). Mais la police burundaise ne l’entend pas de cette oreille. Nous avons appris que Pierre Claver Mbonimpa, président de l’Association pour la protection des droits humains et des personnes détenues (Aprodh) s’apprêtait à rentrer dans les studios pour y être interrogé en direct, il est arrêté. Des journalistes ont été bastonnés, des émissions interrompues, et d’autres confrères ont été évacués des studios… Les témoignages de Patrick Nduwimana, directeur de la radio Bonesha FM et président de l’Association burundaise des radiodiffuseurs (ABR), à RSF, confirment ces faits. A la RPA, radio la plus populaire du Burundi, le signal est coupé, les locaux sont investis par la police… Pour Antoine Kaburahe, directeur du journal Iwacu, «ce qui vient de se passer à la Maison de la Presse fait partie d’un plan bien mûri : fermer, mettre la presse indépendante à genoux». Daouda MBaye, Bujumbura 7 mai 2015 Les Afriques . 29 POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE Quelle diplomatie économique pour l’Afrique Germain-Hervé Mbia Yebega, politologue et chercheur à l’Observatoire politique et stratégique de l’Afrique (OPSA), nous explique les enjeux de la diplomatie économique. Dans ce sens, les Africains doivent adopter une approche plus pointue, note-t-il entre autres. L es Afriques : On parle de plus en plus de diplomatie économique en Afrique. Quels sont les contours de cette notion ? Et comment cela se traduit sur le terrain ? Germain-Hervé Mbia Yebega : L'économie est, par définition, un élément d'importance du champ diplomatique, dont les Etats étaient et demeurent en grande partie les principaux ordonnateurs. Un surcroît de visibilité de ce «facteur économie» procède, en Afrique notamment, des dernières évolutions des relations internationales, en particulier, depuis la fin de la Guerre froide. Mais les reconfigurations du système des relations internationales sont des processus lents, qu'il faut apprécier dans le temps, bien au-delà des effervescences et des effets médiatiques. Deux angles d'approche semblent se dégager, en gros, selon Christian Chavagneux, de cette prégnance de la diplomatie économique. La première vision se rapporte à l'extension des prérogatives de la diplomatie classique 30 Les Afriques . 7 mai 2015 (celle des Etats) dans le champ économique, en raison du développement des interdépendances et influences stratégiques ; la seconde postule la nécessité d'ajustement des Etats, aux effets de la mondialisation économique. Pour ce qui est de l'Afrique, je voudrais souligner la constance, dans l'historicité du continent, de la diplomatie économique. L'Afrique est source nourricière du monde : c'est tout simplement à ce rappel que nous sommes conviés aujourd'hui. La densité géoéconomique du continent, son importance géostratégique ont toujours été au cœur des prétentions et des positionnements des acteurs déterminants des relations internationales. L'Afrique est, à terme, le marché (économique) du monde : de Pékin à Paris, de Washington à Moscou, de Brasilia à Ankara, cette réalité s'impose, d'autant plus que la parenthèse des vingt-cinq dernières années se referme : le relatif désintérêt marqué à l'endroit du continent a fait chou blanc, si vous permettez l'expression. Germain-Hervé Mbia Yebega Appel de l’UE à un compromis rapide au Sud Soudan Le commissaire européen à l'Aide humanitaire, Christos Stylianides, a exhorté les belligérants au conflit sud-soudanais, qui s'opposent depuis fin 2013, à parvenir à un compromis rapidement. Rappelons que le Soudan du Sud a arraché son indépendance au Soudan en 2011, grâce notamment au soutien des États-Unis. Mais la guerre civile a éclaté en décembre 2013, lorsque le président sudsoudanais Salva Kiir a accusé son ancien vice-président Riek Machar, qu'il avait limogé, de fomenter un coup d'État. Depuis, les combats ont dévasté les villes du pays, des dizaines de milliers de personnes ont péri, deux millions au moins ont dû fuir leurs foyers, et près de la moitié des 12 millions d'habitants a besoin d'aide pour survivre, selon l'ONU, qui abrite dans ses bases quelque 100 000 personnes trop effrayées par les combats et les tueries pour oser rentrer chez elles. Baisse de la production de maïs en Afrique australe (FAO) L'Afrique est source nourricière du monde : c'est tout simplement à ce rappel que nous sommes conviés aujourd'hui. Avertissement de la FAO : la récolte du maïs en Afrique australe devrait reculer cette année de quelque 26%, par rapport au résultat exceptionnel de 2014. D’après l’organisation internationale, une telle situation est susceptible de déclencher des hausses de prix des aliments et de compromettre les acquis récents en matière de sécurité alimentaire. Pour 2015, les premières prévisions de production pour le maïs, aliment de base de toute la sousrégion, s’établissent à environ 21,1 millions tonnes, soit quelque 15 pour cent de moins que la moyenne des cinq dernières années, fait remarquer la FAO. LA : Quelle explication donnezvous à cet intérêt grandissant que suscite l’Afrique ? G.-H.M.Y. : Le continent regorge d'importantes richesses du sol et du sous-sol. Sa faune et sa flore aiguisent les plus grands appétits. Mais plus encore, il est un géant démographique en marche. Une réussite globale de sa transition démographique est souhaitable, pour une maîtrise des dynamiques de fond qui y sont à l'œuvre. La responsabilité des Africains est cependant immense, dans la gestion prioritaire des enjeux qui sont ceux de la propre émergence du continent. Et ils font face, dans l'histoire aussi, aux incalculables conséquences que produit leur face-à-face avec eux-mêmes. Sans forcer le trait, je voudrais dire la formidable capacité d'encaissement et de résistance qu'ont les Africains. Il faut, mieux qu'hier, compter et travailler avec eux. Ce sont ceux qui refusent de l'admettre qui ne sont pas rentrés dans l'Histoire. LA : Cette nouvelle dynamique vat-elle changer quelque chose dans les relations avec les grandes puissances comme la France ou les Etats-Unis ? G.-H.M.Y. : Les grandes puissances sont mues par leurs intérêts fondamentaux. C'est la loi d'Airain des rela- tions internationales. Des réaménagements et repositionnements sont entrepris ci et là, en particulier dans le cadre des relations multilatérales (sommets USA-Afrique ; UE-Afrique; Chine-Afrique; Inde-Afrique, etc.). Comme je viens de le dire, les changements de fond sont en cours, ils s'appréhendent dans le temps. Mais il va sans dire que les règles du marché des relations internationales ne peuvent plus être les mêmes que celles qu'elles étaient, il y a une cinquantaine d'années, lorsque les anciennes colonies du continent accédaient à l'indépendance. Bien que les mauvaises habitudes aient la peau dure (de part et d'autre d'ailleurs), on n'arrêtera pas la marche de cette évolution-là. En Afrique, on dit qu'un arbre qu'on abat fait plus de bruit que l'herbe qui pousse ! LA : Quelle place pour les nouveaux acteurs comme la Chine, la Turquie ou le Maroc sur l’échiquier diplomatique en Afrique ? G.-H.M.Y. : Les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) sont porteurs de la moitié de la croissance économique mondiale, comme le rappelait Laurent Fabius au cours de la 20ème Conférence des ambassadeurs, le 28 août 2012 à Paris. Ils sont des acteurs économiques in- Réunion prépara- Les règles du toire de la VIème marché des session ordinaire de relations à Luanda internationales l’AP-CPLP Luanda, capitale de l’Angola, a acne peuvent cueilli la semaine dernière la Réunion préparatoire de la VIème plus être les Session ordinaire de l'Assemblée parmêmes que lementaire de la Communauté des celles qu'elles Pays de langue portugaise (APétaient, il y a CPLP), prévue cette année au Brésil. 2 jours, les participants à la une cinquan- Pendant rencontre analyseront les instrutaine d'années. ments de fonctionnement de l’APCPLP, pour le mémorandum sur les implications légales résultant de l’installation du secrétariat permanent de l’organisation. Joana Lina Baptista, vice-présidente de l’Assemblée nationale d’Angola, a indiqué que l’analyse et la discussion des thèmes prévus représente une contribution importante pour consolider l’organisation lusophone. De son avis, les conditions de travail sont déjà créées, afin que les Commissions spécialisées de la CPLP puissent dresser le bilan de la mise en œuvre des recommandations de la IVème réunion de l’Assemblée Parlementaire, réalisée au Timor-Oriental, ainsi que l’élaboration des Plans d’action pour 2015-2017. Le Portugal loue les investissements angolais Pires de Lima, ministre portugais de l'Economie, vient de déclarer à Lisbonne que l’investissement angolais au Portugal est toujours le bienvenu, et permet un grand rapprochement entre les deux pays. Il a profité de l’inauguration officielle de l’hôtel Skyna Lisboa, du groupe angolais Skina Hotels pour tenir de tels propos. Saluant l’implantation d’une telle infrastructure sur le sol portugais, le ministre portugais a ajouté que la principale priorité du gouvernement est d’attirer les investissements au Portugal et qu’à ce titre, il espère voir encore plus d’entreprises angolaises emboîter le pas à ce groupe. 7 mai 2015 Les Afriques . 31 POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE Forum d’affaires Angola-Turquie à Luanda contournables, dans ce marché mondial qu'est l'Afrique. Mais encore, faudrait-il que l'Afrique elle-même se positionne toujours et encore avec force, dans l'affirmation de sa propre vision stratégique. Les pays africains ont une responsabilité énorme, comme je l'ai dit plus haut. Les projections du Maroc au sud du Sahara, celles hésitantes d'une Afrique du Sud qui découvre le continent, interpellent. Ce sont là quelques exemples parmi d'autres qui gagneraient à être promus et capitalisés. Il reste cependant de nombreuses barrières socioculturelles, voire «idéologiques» entre les différentes parties du continent, qui a une cinquantaine d'Etats, il faut le rappeler. LA : Quels sont vos conseils aux dirigeants africains pour que la diplomatie économique profite bien au continent ? G.-H.M.Y. : Il ne s'agit pas seulement d'une question concernant les dirigeants en Afrique. Tous les Africains sont impliqués dans les problématiques de paix, sécurité et développement, qui interagissent avec les manifestations concrètes de la diplomatie économique. Quant au rôle spécifique des dirigeants: poser les jalons de la paix sociale et politique, en s'investissant à bâtir des Etats qui assurent la sécurité des personnes et des biens. Quel que soit le nom que cela peut avoir (démocratie, bonne gouvernance, etc.), il s'agit de replacer le citoyen au centre des préoccupations du projet politique dans son ensemble et des dynamiques particulières des entrepreneurs politiques. La diplomatie économique, s'articule, elle, autour d'un environnement sociopolitique favorable. Sans amélioration perceptible des conditions générales de vie des citoyens, il n'est guère de projet politique qui porte. Propos recueillis par Ibrahim Souleymane Bio-express Germain-Hervé Mbia Yebega est politologue et administrateur de l'Alliance francophone. Il est également chercheur associé au GRIP (Bruxelles-Belgique) et à la fondation Paul Ango Ela à Yaoundé (FPAE). Mbia Yebega est 32 Les Afriques . 7 mai 2015 expert chercheur à l’Observatoire politique et stratégique de l’Afrique (OPSA) de l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne, et consultant au CRIA (Centre de ressources internationales africaines) à Paris. Pour orienté les marchés Afin de relancer la coopération entre l’Angola et la Turquie, des hommes d’affaires des deux pays, venant de divers secteurs ont participé, mercredi dernier à Luanda, au Forum d'hommes d'affaires Angola-Turquie. Une rencontre initiée en marge de la visite d’Adnan Yildirim, vice-ministre turc de l’Economie, en Angola, à la tête d’une importante délégation de 65 hommes d’affaires. Des opérateurs qui s’activent dans des secteurs allant de l’industrie au commerce, en passant par la pêche, les travaux de construction, les Technologies de l’Information, la construction navale, les services et le tourisme. A noter qu’au programme du viceministre turc de l’Economie, il y a eu des rencontres avec les ministres angolais de l’Economie, des Finances, des Transports, ainsi qu’avec la secrétaire d’Etat à la Coopération. De la protection des terrains agricoles angolais Les projections du Maroc au sud du Sahara, celles hésitantes d'une Afrique du Sud qui découvre le continent, interpellent. Afonso Pedro Kanga, ministre angolais de l'Agriculture, vient de lancer un appel aux habitants de la ville de Cacuaco, située à 18 km, au nord de Luanda, pour protéger les terrains agricoles. Il a profité de la tenue d’un séminaire sur la problématique de l’occupation des terrains, à l’initiative de l’Administration municipale de Cacuaco, pour les alerter sur l’occupation illégale des terrains pour les négoces qui est une pratique criminelle. Après avoir encouragé l’Administration municipale de Cacuaco de contrôler et éviter pareilles situations, il a été soutenu par des participants qui ont plaidé l’élaboration de plans urbanistiques et la mise en œuvre des systèmes de gestion biométrique de données pour la concession des terrains. TOGO John Dramani Mahama et Alasane Ouattara en pompiers à Lomé Au moment où l’opposition togolaise, regroupée au sein de Cape 2015, dénonce les irrégularités au fur et à mesure que la Ceni publie progressivement les résultats du scrutin présidentiel, le président en exercice de la Cedeao le Ghanéen John Dramani Mahama et son homologue ivoirien Alassane Ouattara ont effectué une visite à Lomé en vue de s’imprégner de la situation poste-scrutin. L e président ghanéen John Dramani Mahama et son homologue ivoirien Alassane Ouattara sont arrivés, mardi 28 avril, à Lomé pour mener une mission de bons offices à l’effet de préserver la sérénité qui a prévalu tout au long du processus électoral, notamment au moment où l'opposition et le pouvoir ne parlent plus de la même voix au sein de la Commission électorale. Le processus de compilation et de vérification des résultats avance extrêmement lentement en raison de multiples contestations de l'opposition qui relève de nombreuses erreurs. C’est dans ce climat de suspicion avéré que John Dramani Mahama et Alassane Ouattara ont atterri à Lomé, dans le but principal de désamorcer la crise au sein de la Commission électorale togolaise, dont le travail a connu un point mort. Selon plusieurs témoins, les membres de cette commission ont même failli en venir aux mains. En effet, le principal parti de l’opposition relève beaucoup d’erreurs sur les procès verbaux des Celi, les commissions locales, et ne ménageait aucun effort pour obtenir des vérifications. A contrario, les délégués du pouvoir arguaient que l’opposition pinaille sur des erreurs de calcul pour des motifs inavouables. Pour mettre un terme à ce qui prenait les allures de blocages, malgré les interventions du général Sangaré de l’Oif, président du comité d’accompagnement, et du représentant spécial du secrétaire général l’ONU en Afrique de l’Ouest, Mohamed Ibn Chambas, les délégués de la Ceni des deux camps n’ont pu s’accorder pour poursuivre le travail dans la sérénité. De gauche à droite les présidents : John Dramani Mahama, Faure Gnassingbé et Alassane Ouattara Désamorcer la crise au sein de la Commission électorale togolaise, dont le travail a connu un point mort. John Dramani et Alassane Ouattara qui n’ont pas eu de répit tout au long de la journée ont rencontré l’ensemble des acteurs du processus dont les deux principaux candidats, à savoir le président sortant Faure Gnassingbé et Jean-Pierre Fabre. Au terme de sa visite de travail, la délégation des chefs d’Etat de la Cedeao ont indiqué, dans un communiqué lu au cours de la conférence de presse convoquée par les chefs d’Etat du Ghana et de la Côte d’Ivoire, avoir échangé avec l’ensemble des acteurs puis pris comme décision d’exhorter la Ceni à poursuivre le travail de compilation et de publication des résultats provisoires. Dans ce communiqué, la Cedeao prie les contestataires de saisir la Cour constitutionnelle, seul organe habileté à trancher le contentieux électoral. Rodrigue Fénelon 7 mai 2015 Les Afriques . 33 POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE RÉGIONALISATION DU DROIT, RÉGIONALISATION DE LA PROFESSION D’AVOCAT EN AFRIQUE L’exemple d’ABLE Network Union africaine, Comesa, Sadec, Ceeac, EAC, Ohada, CIMA, etc. Les dirigeants africains ont créé, depuis quelques décennies, un nombre considérable d’institutions internationales dites «régionales», il devient incontournable pour les avocats du continent africain de s’adapter. A u regard de la tendance forte à la régionalisation des politiques publiques et des législations, et par ailleurs, au regard de la mondialisation du droit, particulièrement dans les activités économiques, et ce, notamment sous le regard (le contrôle ?) bienveillant, voire incitatif de la Banque mondiale, les avocats se frayent une voie. Notons que l’Afrique est d’ailleurs, étonnamment, le seul continent qu’il est d’usage de séparer en différentes «régions» et même «sous-régions», tantôt à des fins de libre circulation des personnes et des biens, tantôt à des fins d’union douanière, tantôt encore à des fins d’harmonisation des politiques publiques dans certains domaines, voire d’harmonisation du droit. Cette adaptation passe, à notre avis, par la régionalisation et même l’internationalisation de l’exercice de la profession d’avocat. Il est notable par 34 Les Afriques . 7 mai 2015 exemple que, dans un accord de coopération judiciaire de 2004, les Etats de la Cemac ont expressément prévu un engagement de leur part à faciliter l’exercice transnational de la profession d’avocat sur toute l’étendue de l’espace Cemac. Sans aller encore jusqu’à la liberté d’établissement protégée par le droit de l’Union européenne, ce qui pourrait arriver un jour, c’est un pas dans la bonne direction qu’’il conviendrait d’étendre au-delà du domaine judiciaire. Ainsi, c’est dans la même direction que la profession d’avocat va aller en Afrique grâce à l’émergence de juridictions régionales, comme la Cour commune de justice et d’arbitrage à Abidjan, pour l’Ohada, la Cour de justice de l’Uemoa, la Cour de justice de la communauté des Etats d’Afrique de l’Est, la Cour de justice du Comesa, etc. Mais aussi grâce à l’essor de places africaines d’arbitrage international, en TPI de Casablanca (Maroc) Des initiatives d’internationalisation commencent à se mettre en œuvre au sein de la communauté juridique africaine. matière commerciale, comme celle que l’Etat de Djibouti a décidé, en 2014, de mettre en place pour arbitrer des litiges commerciaux internationaux entre opérateurs économiques ressortissants du Comesa. Fort de ce constat, des initiatives d’internationalisation commencent à se mettre en œuvre au sein de la communauté juridique africaine. Le cabinet sud-africain ENS Africa a misé sur l’ouverture de bureaux dans plusieurs pays d’Afrique australe et de l’Est. C’est quasiment le seul. Quelques rares réseaux de cabinets d’avocats, de type cabinets correspondants, se sont constitués au tournant des années 2000. Quant aux firmes internationales d’avocats (notamment nord-américaines, britanniques ou françaises), elles ont dans leur grande majorité choisi une stratégie des «petits pas» consistant à n’implanter qu’un ou deux bureaux sur le continent africain, généralement à Casablanca, pour travailler sur l’Afrique de l’Ouest, et/ou à Johannesburg, car il était devenu indispensable, avec l’essor des BRICS, d’avoir une présence en Afrique du Sud, comme il en fallait en avoir en Chine, au Brésil ou en Russie. Les auteurs du présent article ont mis en place, pour l’un, et contribué à développer dans la Corne de l’Afrique, pour l’autre, une alternative à ces stratégies, qui se veut «glocale», pour reprendre une formule célèbre, c’està-dire à la fois globale et locale, indépendante et interprofessionnelle. Il s’agit d’ABLE Network (ABLE étant l’acronyme d’Africa Business & Legal Expertise). En janvier 2010, ABLE Network a été lancé avec comme vocation initiale d’être un réseau de cabinets d’avocats d’affaires africains habitués à travailler en confiance sur des dossiers d’investissements et contrats internationaux en Afrique, et répondant à des standards internationaux de travail. En 5 ans, ABLE Network a séduit près de 70 cabinets d’avocats dans 45 pays africains, toutes régions confondues, ainsi que dans plusieurs pays d’Europe de l’Ouest et dans des pays émergents (Chine, Inde, Brésil). Le principe d’indépendance, les échanges horizontaux entre membres et la dynamique de partage des informations, outre, bien sûr, les flux de dossiers échangés ou cotraités entre les membres, sont à citer parmi les arguments qui ont convaincu ceux qui figurent parmi les meilleurs avocats de leurs pays respectifs de se joindre à ABLE Network. Depuis 2014, ABLE Network a pris le parti de l’interprofessionnalité, avec la conviction que les avocats ne peuvent pourvoir de manière optimale aux besoins de leurs clients en Afrique qu’en coopérant avec d’autres experts et consultants sectoriels : c’est ainsi qu’a été constitué un comité consultatif d’une quarantaine de personnes, toutes très expérimentées dans leur secteur d’activité et particulièrement en Afrique (économistes, banquiers, dirigeants d’entreprises, consultants en financement de projets, ingénieurs, universitaires, hauts fonctionnaires, lobbyistes, consultants en stratégie ou en intelligence économique, etc.). Cette interprofessionnalité s’est encore renforcée en janvier 2015 avec la signature d’un partenariat avec le cabinet d’expertise comptable et audit Baker Tilly France, qui, dans le cadre du réseau Baker Tilly International (8ème plus important réseau mondial de cabinets d’expertise comptable et audit), dirige un hub Afrique composé d’une douzaine de cabinets locaux. Grâce à ce partenariat, ABLE Network et Baker Tilly France entendent devenir, à moyen terme, l’un des acteurs incontournables du conseil pour les entreprises, les investisseurs mais aussi les institutions internationales, régionales, les bailleurs de fonds, les organisations gouvernementales et non gouvernementales en Afrique. Ce consortium va en effet mettre l’accent sur le conseil aux Etats africains et le renforcement des capacités institutionnelles dans des secteurs comme la négociation des contrats d’Etat, l’audit des grands contrats et des politiques publiques, l’audit dans la gestion des entreprises publiques, le financement de projets, la transparence des finances publiques, la gou- ABLE Network et Baker Tilly France entendent devenir, à moyen terme, l’un des acteurs incontournables du conseil. vernance et l’amélioration du climat des affaires, etc. Pour les membres de la «communauté» d’ABLE Network, le travail en réseau à l’échelle du continent africain va leur permettre de partager des connaissances, d’échanger sur des savoir-faire et bonnes pratiques, de développer leurs compétences au contact d’avocats et professionnels d’autres pays africains, de mettre en place, s’ils le souhaitent, une coopération renforcée avec tel ou tel autre membre de sa «sous-région», etc. Il paraît aux auteurs du présent article que ce «networking» est la meilleure façon de permettre aux avocats africains, notamment aux avocats dits «d’affaires», d’accompagner la régionalisation du droit africain, d’acquérir les capacités de devenir, sans nécessité de recourir systématiquement à des firmes d’avocats occidentales, les jurisconsultes, conseillers et défenseurs des entreprises africaines, des Etats africains, de l’Afrique émergente. Romain Battajon, avocat aux Barreaux de Kinshasa/Matete et Paris, président d’ABLE Network / think-tank Maat Mohamed Abayazid, avocat au Barreau de Djibouti, membre d’ABLE Network / think-tank Maat 7 mai 2015 Les Afriques . 35 POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE SENEGAL-MCA Les bonnes béquilles pour un second compact Dans quatre mois environ, le Sénégal aura épuisé le financement du MCA. Les autorités aspirent à obtenir un second compact. Le cabinet d’audit et de conseil, Grant Thornton, examine dans une récente publication les chances du pays à s'adjuger une 2ème rallonge. L e compact signé entre le Sénégal et les Etats-Unis, dans le cadre du Millenium Challenge Account (MCA) tire à sa fin. Le Sénégal a reçu dans ce cadre un don de 540 millions de dollars en 2010, pour un programme destiné à lutter contre la pauvreté et accélérer la croissance. Le financement est notamment destiné à financer la construction d’infrastructures routières et hydro-agricoles, ainsi que d’autres projets à caractère social. Comme bien d’autres pays avant lui, le Sénégal espère que ce compact pourra être renouvelé, et avec un budget beaucoup plus conséquent. Pour cela, le pays devrait d’abord avoir utilisé l’intégralité des 540 millions de dollars américains qui lui avaient été précédemment alloués. Ensuite, le pays devrait démontrer sa capacité à gérer et à entretenir efficacement les infrastructures réalisées par ce biais. Grant Thornton explique, par ailleurs, que parmi les paramètres qui seront pris en compte dans l’éligibilité du pays à un compact, il y a une vingtaine d’in- 36 Les Afriques . 7 mai 2015 dicateurs ayant trait à des questions économiques, sociales et de gouvernance politique. Dans ces 20 indicateurs, il suffit d’avoir une bonne place sur une dizaine pour être qualifié pour un compact. Et la brochure du Grant Thornton indique que le statut de pays éligible du Sénégal n’est pas menacé, grâce notamment à son bon score relatif à la lutte contre la corruption, le respect des droits démocratiques, et son bon comportement sur 14 indicateurs, au lieu de dix nécessaires. Indices MCA et Mo Ibrahim vs indice Transparency International L’un des points les plus remarquables est la bonne notation du Sénégal en ce qui concerne l’indicateur de la lutte contre la corruption. Pour cet indice, le pays obtient 94% sur l’indice du MCC. Cela devient très intéressant, quand on fait le rapprochement avec l’indice de Transparency International (Ti) sur la perception de la corruption, sur lequel le Sénégal fait 43 points sur les 100 pos- Les présidents Barack Obama à gauche et Macky Sall à Dakar Contre Boko Haram, l’armée camerounaise reste en alerte maximale Des sources sécuritaires ont affirmé que les forces de défense camerounaises sont en alerte maximale. Elles restent déployées dans l’Extrême-nord du pays et gardent leurs positions et le contrôle des villages frontaliers avec le Nigéria. Les terroristes auraient établis leur repaire sur les hauteurs des monts Mandaras, une zone rocailleuse, inaccessible et dangereuse… Le gouvernement camerounais n’envisage pas de réduire le nombre de militaires déployés au front, soit plusieurs milliers d’éléments. Ce n’est toujours pas l’accalmie sur le front de guerre, vu les incursions sporadiques de la secte obscurantiste qui procède à des enlèvements de temps à autre. La bande à Abubakar Shekau est toujours active dans la zone du lac Tchad où elle a infligé quelques pertes à l’armée nigérienne qui a réagi avec son aviation repoussant les assaillants jihadistes. Des membres la famille de Mba Obame reçus au palais du président Bongo Bonne notation du Sénégal en ce qui concerne l’indicateur de la lutte contre la corruption. Juste avant l’arrivée de la dépouille de l’opposant André Mba Obame, des représentants de la famille du défunt se sont rendus, lundi 27 avril 201, au Palais présidentiel. Ils ont alors remercié le chef de l’Etat gabonais pour la mise à disposition du stade de Nzeng Ayong de Libreville. Les parents de l’ex-fondateur de l’Union nationale (UN) lui ont demandé la mise à disposition des forces de sécurité pour éviter tout éventuel débordement. Le président du Gabon aurait assuré à la famille éplorée son entière disponibilité à les accompagner dans cette douloureuse épreuve. sibles, et se classe à la 74ème place. Quand on sait que pour réaliser son indice sur la corruption, le MCC s’est basé sur les enquêtes de la Banque mondiale et du Brookings Institute, on ne pourrait l’accuser de légèreté. D’ailleurs, la brochure souligne que cette performance du Sénégal est renforcée par le rapport Mo Ibrahim 2013/14, qui classe le Sénéga l 9ème sur 52 pays au plan de la gouvernance globale. Et dans ce rapport, le score du Sénégal est en constante progression depuis 2009. Par ailleurs, on peut remarquer que même Transparency International reconnaît sur son tableau comparatif des trois dernières années que le Sénégal améliore régulièrement son score au fil des années. Il n’en reste pas moins que l’écart entre les deux notations des deux organisations est assez étonnant, à tout le moins. Ce qui n’empêche pas les autorités de devoir faire montre de prudence. Lenteurs dans la réhabilitation de la Rn6 Dans sa brochure intitulée «Sénégal 2015-Objectifs de croissance et orientations budgétaires», le cabinet d’audit Grant Thornton souligne que le MCA du Sénégal a enregistré des progrès notables dans l’exécution physique et financière, «notamment dans le Nord du pays». Le document souligne toutefois que «des retards ont été enregistrés au Sud, dans l’exécution du projet de réhabilitation de la route nationale 6, notamment le tronçon reliant Ziguinchor à Tanaf». Les experts de Grant Thornton expliquent que «des mesures ont été prises pour accélérer le rythme des travaux en vue d’en assurer la réception au 23 septembre 2015». On se rappelle que les retards sur les travaux de réhabilitation de la Rn6 ont poussé les autorités à convoquer au Sénégal le patron de l’entreprise espagnole Isolux Corvian Corsan, qui est chargée du tronçon de 70 km qui a connu tant de retard dans sa réalisation. A la suite de ces entretiens, Isolux a accepté de trouver d’autres entreprises pour leur sous-traiter des parts du marché et pouvoir ainsi achever rapidement le chantier. Cela s’explique par le fait que la date du 23 septembre 2015 pour la réception de tous les chantiers était un impératif si le pays veut pouvoir postuler pour un second compact. Même si cela n’est pas le seul élément. Il convient de rappeler par ailleurs que le premier exercice mondial du MCA, dénommé Jumpstart, a été réalisé en 2003 par les cabinets Deloitte et l’ex-CICE, avec Mansour Gaye de Grant Thornton comme chef de mission. L’étude a consisté à aider le gouvernement américain à se doter des outils pour mesurer l’éligibilité des pays au compte du Millenium Challenge Account. Ismael Aidara La date du 23 Bâtir la paix sur la réconciliation en septembre Côte d’Ivoire 2015 pour la donner l’aube (vêtement liturréception de Venu gique) aux catéchistes, dans le cadre tous les de la journée diocésaine des catéchantiers était chistes du diocèse d’Agboville, Mgr Spiteri, nonce apostolique, a un impératif. Joseph appelé, dimanche dernier à Agboville pour les Ivoiriens à bâtir une paix reposant sur la réconciliation des peuples. Pour le représentant du Saint Siège à Abidjan, il ne s’agit nullement d’un slogan politique, mais plutôt d’une raison d’être. Soutenant que la réconciliation doit aider à la cohésion sociale et que chacun doit faire sa part pour atteindre cet objectif, Mgr Spiteri a insisté afin que les populations se pardonnent là où existent des tensions,. Une réconciliation qui, de son avis, relève de la responsabilité de chaque groupe social, religieux, mais aussi des hommes politiques. Enfin, sentant une population capable de bâtir la paix dans le pardon et la réconciliation, il a exhorté chaque homme et chaque femme de bonne volonté à avoir les yeux tournés vers le respect des uns des autres. Parachever les chantiers avant la date-butoir Le Dreamliner de Kenya Airways va desservir Amsterdam A partir du 7 septembre 2015, le Dreamliner de Kenya Airways desservira Amsterdam. Après Paris et Londres, ce sera la 3ème destination européenne que le Boeing 787-8 Dreamliner va relier à Nairobi. Cet appareil reliera alors les aéroports de Jomo Kenyatta Nairobi et Amsterdam Schiphol, à la place du 777300ER, en fonction depuis juin 2014. Les décollages seront alors programmés à 8h35 pour arriver à 15h45, les vols retour quittant les Pays-Bas à 21h00 pour atterrir le lendemain à 6h00. A noter que Kenya Airways est en code share, sur ce trajet avec KLM Royal Dutch Airlines, son actionnaire aux côtés d’Air France. 7 mai 2015 Les Afriques . 37 ARRÊT SUR IMAGE Népal Le 30 avril 2015. Des éléments de la police népalaise transportent sur une civière le survivant du tremblement de terre Pemba Tamang (15 ans), après son sauvetage des décombres d’un l'hôtel à Katmandou. Les sauveteurs l’ont tiré des ruines de ce bâtiment apportant un rare moment de joie, à travers la capitale en ruines Katmandou, 5 jours après la catastrophe qui a tué près de 6 000 personnes. 38 Les Afriques . 7 mai 2015 7 mai 2015 Les Afriques . 39 DOSSIER Meknès, capitale de l’agriculture africaine La 10ème édition du SIAM (Salon international de l’Agriculture au Maroc) s’est tenue du 28 avril au 3 mai 2015 à Meknès. Plateforme de rencontres et d’échanges, ce méga-évènement, dédié au secteur agricole, rassemble chaque année des centaines de milliers de visiteurs venus du monde entier. L Le rôle que joue le financement dans le développement des systèmes de production alimentaires. 40 Les Afriques . 7 mai 2015 e Salon international de l’Agriculture au Maroc (SIAM), l’un des plus grands événements agricoles internationaux, est un rendez-vous incontournable pour les professionnels du secteur agricole. Au bout de 10 ans d’expérience, le SIAM est devenu une référence mondiale où sont exposées innovations et nouveautés de différentes filières liées au secteur agricole. Cette année, l’évènement se tient sur le thème «Agriculture et système alimentaire». Comme lors des éditions passées en plus de la forte mobilisation des professionnels, des chefs d’Etat et autres hautes personnalités assistent à l’évènement. Invité d’honneur lors de cette édition du salon, le chef d’Etat sénégalais Macky Sall a fait le déplacement au Maroc et présidé les Assises de l’agriculture lundi 27 avril à Fès. Le SIAM en Chiffres Le Salon international de l’Agriculture au Maroc peut être considéré comme le plus grand rendezvous du secteur agricole en Afrique. En termes de chiffres, le SIAM c’est : 55 pays représentés, 1 200 exposants, 9 pôles thématiques, une trentaine de conférences, 170 000 m2 d’exposition et 850 000 visiteurs en 2014. Pour cette édition 2015, les organisateurs tablent sur 1 million de visiteurs. Au programme figurent également plusieurs confé- rences et colloques, ateliers de travails et des rencontres BtoB. Un forum sur le financement de l’Agriculture en Afrique Le 30 avril, en marge du SIAM, le groupe Crédit Agricole du Maroc a organisé, en partenariat avec le magazine international Les Afriques, un forum sur le financement de l’Agriculture en Afrique. Cette 2ème édition du forum a mis l’accent sur le rôle que joue le financement dans le développement des systèmes de production alimentaires. Professionnels et experts venus de plusieurs pays ont examiné la situation du secteur agricole sur différents volets. Une séance plénière a présenté les grands agrégats économiques et la problématique de développement des systèmes alimentaires en Afrique. Elle est suivie d’études de cas visant à mieux comprendre le fonctionnement des systèmes alimentaires dans quelques pays du continent. Dans ce sens, un panel a porté sur le cas de la filière du riz au Sénégal, un autre sur la filière cacao en Côte d'Ivoire et un troisième panel a évoqué le cas de la filière lait au Maroc. Lors de ce forum international qui s’est tenu lors du SIAM, les experts du groupe Crédit Agricole du Maroc ont également évoqué les problématiques du financement ainsi que les solutions possibles afin de soutenir le développement du secteur agricole en Afrique. Ibrahim Souleymane, Envoyé spécial à Meknès 7 mai 2015 Les Afriques . 41 DOSSIER 42 Les Afriques . 7 mai 2015 Tariq Sijilmassi «Les banques doivent accompagner le développement du secteur agricole» En marge de la 2ème édition du forum international sur le financement du secteur agricole en Afrique qui s’est tenu à Meknès le 30 Avril 2015, Tariq Sijilmassi, président du Groupe Crédit Agricole du Maroc rappelle le rôle moteur que doivent jouer les banque pour accompagner l’essor du secteur stratégique qu’est l’agriculture. L es Afriques : Vous avez organisé un forum sur le financement du secteur agricole en Afrique en marge du SIAM. Selon vous, quel rôle doivent jouer les banques pour soutenir le développement du secteur agricole ? Tariq Sijilmassi : Effectivement, le Groupe Crédit Agricole du Maroc a organisé la 2ème édition du forum sur le «Financement de l’agriculture en Afrique», avec cette année un focus sur le financement des Systèmes Alimentaires en Afrique. Ce forum a été l’occasion de présenter l’implication du Groupe Crédit Agricole du Maroc dans le financement et l’accompagnement des systèmes alimentaires en particulier et, plus globalement, le soutien à l’agriculture dans le cadre du Plan Maroc Vert. Comme vous le savez, l’Afrique est un continent immense, peuplé par plus de 1,0 milliard d’habitants aujourd’hui et 2,4 milliards en 2050 et disposant d’un potentiel de production de 1 000 millions d’hectares de terres agricoles cultivables lui permettant de se positionner parmi les futurs grands continents producteurs-exportateurs agricoles et contribuer significativement à la sécurité alimentaire mondiale. Au Maroc, comme dans la majorité des pays d’Afrique, l'agriculture constitue un secteur fondamental pour le développement économique et social. Avec un tissu de 1,5 millions d'exploitations agricoles, le secteur contribue à 17% du PIB national et génère 40% de l'emploi. Le PIB agricole été boosté par le lancement du Plan Maroc Vert en 2008. Il frôle actuellement la barre des 15 milliards $US. Ces bons résultats s'expliquent principalement par une forte mobilisation de l’ensemble des acteurs et opérateurs économiques et sociaux du secteur agricole au Maroc. Les banques, en tant que pourvoyeurs de fonds, sont appelées à jouer un rôle prépondérant dans l’accompagnement du développement du secteur agricole et sa dynamisation en soutenant les politiques gouvernementales en la matière. Le cas du Crédit Agricole du Maroc en est une illustration. Bras financier du Plan Maroc Vert depuis son lancement, nous l’avons accompagné par la mobilisation en 2008 d’une enveloppe initiale de 20 milliards de dhs qui ont été largement dépassés puis une enveloppe additionnelle de 25 milliards de dhs pour la seconde phase. En plus de l’accompagnement financier, nous jouons un rôle de conseil et d’expertise technique auprès de notre clientèle et ce en étroite collaboration avec les services compétents du ministère de l’agriculture. LA : Vous avez signé une convention avec la Caisse nationale du Crédit Agricole du Sénégal. Quelle signification donnez-vous à ce partenariat Sud-sud ? T.S. : Le Groupe Crédit Agricole du Maroc et la Caisse Nationale du Crédit Agricole Sénégal, ont signé en marge de la 10ème édition du SIAM une convention de partenariat portant sur les aspects technique et financier et visant à tracer un cadre de collaboration entre nos deux institutions. Pour le volet technique, notre partenariat a pour objet de favoriser au mieux le partage d’expériences et d’ex7 mai 2015 Les Afriques . 43 DOSSIER Signature de la convention de partenariat entre la Caisse nationale du Crédit Agricole du Sénégal et Crédit Agricole Maroc Cette connaissance fine et approfondie des besoins des agriculteurs nous a permis de construire un modèle économique unique et innovant. 44 Les Afriques . 7 mai 2015 pertises dans les domaines ciblés et d’organiser des missions d’assistance ponctuelles et des visites d’échanges d’expériences.Concernant l’aspect financier, il s’agit d’explorer toutes les formes d’accompagnement financier qui pourraient être profitables aux deux institutions à travers notamment la mise en place de lignes de financement et/ou de prêts interbancaires et d’identifier les éléments d’informations utiles à l’appréciation du risque des demandes de financement. Ce partenariat scelle notre volonté d’accompagner le développement des banques africaines et, plus globalement, notre engagement en faveur du développement des synergies sud-sud. financement dédiées à chaque frange de cette population : une fondation pour le microcrédit, une société pour le financement du mésocrédit, des solutions de crédit bancaire classique adaptées, une fondation pour le développement durable, un centre d’études et de recherches…autant de structures qui nous permettent aujourd’hui de couvrir la totalité des aspects liés au développement agricole et rural. Le secret de notre réussite reste notre attachement profond à notre mission première et notre conviction que l’agriculture et le monde rural sont un maillon incontournable du développement économique de notre pays. LA : L'expérience du financement accordé par le groupe Crédit agricole du Maroc aux acteurs du secteur peut être qualifiée de réussite. Quelles sont les raisons qui expliquent ce succès ? T.S. : Le Crédit Agricole du Maroc a été créé en 1961 avec pour mission principale le service public. En plus de 50 ans d’existence, nous avons acquis et développé une expertise indéniable de l’agriculture et du monde rural. Cette connaissance fine et approfondie des besoins des agriculteurs aussi bien les petits que les moyens ou lesgrands, et de la population rurale de manière générale, nous a permis de construire un modèle économique unique et innovant qui prend en compte toutes les spécifités du monde rural, ses contraintes, ses besoins, ses attentes… Nous avons créé et mis en place des structures de LA : Que comptez-vous faire à moyen ou long terme pour mieux accompagner le développement du secteur agricole au Maroc ? T.S. : Continuer à faire ce que nous savons faire le mieux en tant que principal partenaire bancaire et financier du monde agricole et rural : œuvrer pour la modernisation des exploitations agricoles, contribuer au développement du tissu agroalimentaire, innover en termes de solutions de bancarisation du monde rural, participer activement à l’amélioration des revenus des producteurs et des conditions de vie des ménages ruraux.et réaffirmer continuellement notre vocation de pionnier dans l’accompagnement et le financement de l’agriculture et du monde rural à travers des actions concrètes au service des agriculteurs. Propos recueillis par Ibrahim Souleymane DOSSIER Saliou Sarr «Le Sénégal vise l’autosuffisante dans la filière riz d’ici 2017» Saliou Sarr, Président du Comité Interprofessionnel de la filière Riz sénégalais «CIRIZ» nous parle de la filière riz au Sénégal, pour laquelle producteurs et gouvernement se mobilisent afin de tenter d’atteindre l’objectif ambitieux de l’autosuffisance, à l’horizon 2017. Saliou Sarr, Président du Comité Interprofessionnel de la filière Riz sénégalaise «CIRIZ» L es Afriques : Pouvez-vous nous dire quelques mots sur le CIRIZ et la filière riz au Sénégal ? Saliou Sarr : Le Sénégal au vu ses professionnels de la filière Riz mettre sur pieds depuis 1998, une Notre objectif principal c’est le développement de tous les maillons de la chaine de valeur. 46 Les Afriques . 7 mai 2015 organisation qui s’appelle le Comité Interprofessionnel de la filière Riz sénégalais «CIRIZ». Cette organisation Interprofessionnelle regroupe pratiquement tous les acteurs : producteurs, transformateurs, commerçants, prestataires de services et Bio express Saliou SARR est le Président du Comité Interprofessionnel de la filière Riz sénégalais «CIRIZ». Economiste agricole de formation. Il est économiste agricole de formation. Après une maîtrise en économie agricole à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, il a fait ensuite un Master au centre national d’agronomie des régions chaudes (CNEAC) à Montpellier (France). Il a également suivi plusieurs formations sur l’approche filière notamment à La Rochelle et en Italie. Il est opérateur et gère son entreprise agricole en plus de ses responsabilités de Président du CIRIZ. Le CIRIZ est un cadre de concertation qui a pour objectif de pousser au développement de la filière. Avec les récoltes de contre-saison, l’autosuffisance en riz en 2017 fournisseurs. Ces acteurs sont organisés sous forme de collèges. Il y a le collège de producteurs, celui des industriels, celui des commerçants. C’est plusieurs professions qui se regroupent au sein de cette organisation. C’est pour cela qu’on parle d’Interprofession. Le CIRIZ est un cadre de concertation qui a pour objectif de pousser au développement de la filière, pour fixer les prix du riz. Il sert aussi de cadre de régulation entre l’offre et la demande. LA : Quels sont les objectifs de développement fixés pour promouvoir la filière du riz au Sénégal ? S.S. : Au niveau du CIRIZ, notre objectif principal c’est le développement de tous les maillons de la chaine de valeur, de telle sorte que dans la filière, tous les acteurs puissent gagner, pour être dans un système gagnant-gagnant. Et en rapport avec le gouvernement du Sénégal, cette filière a un objectif d’autosuffisance à l’horizon 2017. Le programme qui vise à atteindre l’autosuffisance en 2017 a démarré en 2014. La stratégie passe par une contribution du système irrigué pour 60% et pour le système pluvial pour 40%. En termes chiffrés, cela correspond à une production de 1.600.000 de tonne de riz paddy correspondant à 1.080.000 tonnes de riz blanc, contre un niveau de production actuel de 575.000 tonne de riz paddy en 2014. LA : Un tel objectif n’est-il pas trop ambitieux ? S.S. : Si on regarde par rapport aux 1.600 000 tonnes, on peut dire c’est un objectif très ambitieux, en ce sens qu’il faut tripler le niveau de production d’ici 2017. Mais pour les professionnels que nous sommes, cela reste possible, à condition de construire les bases pour y arriver. Progressivement, il faut faire en sorte qu’en 2016 qu’on puisse faire deux récoltes, sur 65.000 hectares : une production en culture hivernale et une deuxième en culture de contre-saison, pour que ça donne une production sur 130.000 hectares. Mais pour cela il faudra mettre suffisamment de tracteurs, de moissonneuses batteuses, de magasins pour stocker les productions entre deux campagnes et un système de crédit adapté pour permettre aux producteurs et aux industriels d’atteindre leurs objectifs de production et de transformation. Propos recueillis par Ibrahim Souleymane 7 mai 2015 Les Afriques . 47 DOSSIER Quand le SIAM s’impose dans les agendas Pour sa 10ème édition, le Salon international de l’agriculture du Maroc (SIAM), tenue du 28 avril au 3 mai 2015 à Meknès, dont le thème a porté sur «Agriculture et systèmes alimentaires», a une fois de plus ambitionner de faire de la manifestation le lieu de «tremplins fructueux». Exposition des derniers équipements L L’engouement des participants illustre la reconnaissance pour ce salon. 48 Les Afriques . 7 mai 2015 e SIAM 2015 s’est inscrit sous le signe de la maturité. La manifestation, qui affiche fièrement une décennie d’existence, a accueilli 1 200 exposants, venant d’une cinquantaine de pays, sur une superficie de 172 000 m², dont 90 000 m² couverts. Le Salon international de l’agriculture de Meknès a fini par s’imposer dans l’agenda des grandes manifestations du secteur dans la sous-région. En droite ligne des plans Maroc Vert et de développement agricole à l’horizon 2020, le SIAM n’a pas dérogé à sa règle pour mettre l’agriculture marocaine au cœur des préoccupations des opérateurs. Comme le soulignait naguère Jaouad Chami, commissaire du Salon, le SIAM évolue, se transforme, se différencie et se façonne et que l’engouement des participants illustre la reconnaissance pour ce salon. De son avis, la thématique «Bilan & devenir» trouvait toute sa signification dans le choix de «Agriculture et systèmes alimentaires», fil rouge du SIAM 2015. Il a ajouté qu’un tel thème permet de mettre l’agriculture marocaine au centre de la mouvance agricole mondiale. A travers le SIAM, synonyme d’une exposition, à la fois un lieu de mémoire de l’évolution du tissu agricole et des innovations, les professionnels exposants ont exhibé, commenté lors de la trentaine de conférences et des multiples rencontres en tête à tête, leurs produits et services. Cette année, pas moins de 850 000 visiteurs ont fait le déplacement pour s’enquérir des pratiques et expériences de professionnels, ainsi que des dernières évolutions du monde agricole, dans les 9 pôles du salon. Il est utile de rappeler qu’outre le fait que la manifestation, dont le coup d’envoi a été donné par les Assises de l’Agriculture, soit ouverte au grand public, des journées portes ouvertes ont été organisées pour les professionnels. Véritable plateforme d’échange d’expériences, de savoir et de réflexion, le salon se positionne sur l’Afrique, tout en restant ouvert sur les autres continents. Sur les exposants venant de 55 pays, le quart vient de l’étranger (Afrique et autres continents). Dans un pays traditionnellement agricole, qui a su développer des infrastructures, constructions de barrages et aménagements de périmètres irrigués pour renforcer le développement de produits de terroir de qualité qui ont fini par s’imposer sur les marchés internationaux, les initiateurs d’une telle rencontre ont voulu capitaliser sur l’importance d’une production de qualité pour répondre aux besoins du marché local et à même de s’assurer des débouchés sur l’extérieur. Une production qui a chevillé au corps le développement durable… D.MB. Afrique centrale L’agriculture au cœur du développement L’Afrique centrale dispose d’un sol généralement fertile, où se développent facilement toutes sortes de spéculations agricoles. Aujourd’hui, les Etats ont pris la pleine mesure de capitaliser sur le secteur primaire. Les résultats n’ont pas tardé... Pour des points de croissance en plus L es pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) sont réputés riches en matières premières et en minerais. Un sous-sol qui contiendrait des centaines de minerais, mais aussi un sol généralement fertile, où peuvent pousser toutes sortes de produits agricoles. En principe, ces multiples richesses devraient à jamais assurer une autosuffisance alimentaire pour les pays de la sous-région. Une bonne organisation du secteur agricole aurait permis à ces pays de revendiquer une croissance forte et durable, d’autant que les importations des produits alimentaires constituent l’une des causes de la balance commer- ciale généralement déficitaire. L’erreur des pays de l’Afrique centrale a été de tourner le dos à l’agriculture pour s’agripper sur les ressources naturelles, en l’occurrence le pétrole dont ils sont quasiment tous des producteurs. Ayant tiré les conséquences de cette situation, les Etats de la zone ont entrepris de mettre sur pied des programmes agricoles, dont une bonne implémentation est de nature à booster la croissance et à se positionner comme catalyseur du développement dans un contexte marqué par l’ambition de ces pays d’atteindre l’émergence économique au cours des prochaines années. Achille Mbog Pibasso, Douala 7 mai 2015 Les Afriques . 49 DOSSIER Zone Cemac Un secteur agricole de croissance, en puissance Au Cameroun, en RCA, au Congo, au Gabon, en Guinée équatoriale et au Tchad, le secteur agricole est un grand pourvoyeur d’emplois, mais constitue, de façon différenciée, un véritable levier de croissance. L Très rapidement, le Cameroun atteint l’autosuffisance alimentaire, et dévient la mamelle nourricière des pays de la sousrégion. 50 Les Afriques . 7 mai 2015 e Cameroun dont le sous-sol est jonché de minerais et d’autres ressources naturelles n’en est pas moins un pays essentiellement agricole où s’activent 70% de la population pour un Produit intérieur brut (PIB) de 44%. C’est dire que malgré les premiers pas d’industrialisation, l’agriculture restera encore pour longtemps, le socle de l’économie camerounaise car non seulement environ les 2/3 des 22 millions d’habitants vivent des activités agropastorales, mais, l’agriculture constitue à plus d’un titre, le catalyseur de la croissance économique. Une économie tournée vers l’agriculture qui remonte avant l’indépendance du pays en 1960, puisque dès le début du 20è siècle, le Cameroun sous protectorat de l’Allemagne, puis, sous administration de la France et de la Grande-Bretagne, bien que pays sous mandat de la Société des nations (SDN), puis, sous tutelle de l’Organisation des Nations unies (ONU), enregistre ses premières agro-industries, destinées aux produits de rente : banane, cacao, café, coton, hévéa, palmiers à huile, pour ne citer que les principaux produits d’exportation. A coté de cette agriculture de rente, se développe la culture vivrière, manioc, macabo, igname, riz, mil sorgho, dont chacune des régions du pays en deviendra un bassin de production pour l’un ou l’autre produit. Avec l’accession du Cameroun à la souveraineté internationale, le développement de l’agriculture va se poursuivre, le pays devenant ainsi l’un des prin- cipaux producteurs mondiaux de la banane, du cacao et du café, pour ne citer que ceux-là. Les autorités encouragent des populations déjà laborieuses à mettre l’accent sur la production agricole à travers un plan de développement dénommé «La révolution verte». Très rapidement, le Cameroun atteint l’autosuffisance alimentaire, et dévient la mamelle nourricière des pays de la sous-région, aussi bien la Centrafrique et le Tchad qui sont des pays d’hinterland et confrontés à une instabilité institutionnelle et politique, mais également, le Gabon et la Guinée équatoriale, et dans une moindre mesure le Congo, dont la politique de développement est tournée vers la production du pétrole. En plus de ces pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), une bonne partie de la production agricole camerounaise est exportée vers le Nigeria, dont le marché estimé aujourd’hui à plus de 160 millions de personnes, est sans cesse demandeur. Pourtant, certaines statistiques situent à moins de 20% le potentiel des terres arables au Cameroun, ce qui n’empêche que l’agriculture représente 44% du PIB. Un taux qui aurait pu être plus important, s’il y avait une meilleure politique de gestion des terres cultivables et si certains grands bassins de production ne souffraient pas d’un énorme enclavement. En effet, très peu de routes relient les campagnes aux grandes villes, ce qui a un impact économique important étant donné que les ré- L’introduction des nouveaux plans arrimés aux semences améliorées sans oublier la modernisation des méthodes culturales. gions susceptibles d'être exploitées ne sont pas reliées aux marchés. La révolution verte Toutefois, malgré ces insuffisances dont certaines sont en train de connaître un début de solution, le Cameroun jouit d'une agriculture dynamique qui réussit non seulement à atteindre l'auto suffisance alimentaire à plus de 80%, mais aussi à stimuler les exportations. Après la chute des cours mondiaux des produits de rente dans les années 1980-2000, le pays reprend petit à petit du poil de la bête, si l’on s’en tient à la hausse de la production, aussi bien pour la banane, le cacao, le café ou le coton. L’introduction des nouveaux plans arrimés aux semences améliorées sans oublier la modernisation des méthodes culturales font en sorte que des producteurs sortent de plus en plus d’une vision reposant sur une agriculture de subsistance pour une production de masse et de qualité, participant à la fois à assurer les vivres à la famille, mais également, à produire des revenus permettant de faire face aux autres problèmes vitaux. Ce choix tourné vers l’agriculture constitue indubitablement le socle de l’économie camerounaise, au regard du menu varié et diversifié qu’on peut s’offrir au Cameroun, à des coûts faibles, comparativement aux autres pats de la sous-région. Visiblement conscientes des atouts de l’agriculture pour un pays en quête d’émergence économique, les autorités essaient d’implémenter ces dernières années, une agriculture dite de seconde génération. Celle-ci intègre à la fois, la modernisation des techniques culturales, la mécanisation de l’agriculture, l’exploitation de vastes étendus de terrain, sans ou- blier la mobilisation plus accru des ressources financières. Pour encourager les couches défavorisées à s’arrimer au train de la modernité, le gouvernement a révisé une loi portant sur les coopératives agricoles, encouragent des populations à mutualiser leurs ressources et leurs efforts, pour accéder à des financements et développer une agriculture moderne. Pour l’instant, force est de constater que cette mécanisation de l’agriculture est loin de se démocratiser, celle-ci relevant encore d’une catégorie de personnes disposant d’énormes moyens financiers. Outre la mise en place du Programme économique d’aménagement du territoire pour la promotion des entreprises de moyenne et grande importance dans le secteur rural au Cameroun dénommé les Agropoles, existent d’autres projets qui visent l’amélioration de la productivité. C’est le cas du projet d’investissement et de développement des marchés agricoles (Pidma), qui vise une grande productivité du maïs, du manioc et du sorgho financé à hauteur de 50 milliards de f CFA par la Banque mondiale. Le projet va concentrer son intervention dans 34 bassins de production répartis dans cinq zones agro-écologiques du Cameroun où 300 coopératives sont éligibles, représentant 30 000 ménages, soit 120 000 bénéficiaires directs dont 50% de femmes. D’une durée de cinq ans, ce projet a pour objectif de transformer l’agriculture de subsistance et de faible rendement des filières maïs, manioc et sorgho, à une agriculture compétitive et orientée vers la commercialisation et l’industrialisation. Avec des projets similaires concernant d’autres produits, il s’agit pour le Cameroun, de mettre plus que jamais, l’accent sur l’agriculture, dont Exploitation d’hévéa au Cameroun 7 mai 2015 Les Afriques . 51 DOSSIER Absence de projets agricoles : terres en jachère l’avantage est qu’elle peut se recycler et se renouveler, contrairement aux ressources minières et pétrolières qui peuvent tarir. Selon toute vraisemblance, le Cameroun qui ambitionne de devenir une économie émergente à l’horizon 2035 est conscient que le défi du développement passe d’abord par une réorientation de l’agriculture qui constitue le socle de l’économie. CENTRAFRIQUE Redonner à l’agriculture sa place primordiale L’absence d’une vision politique ne permet pas au secteur agricole de jouer véritablement son rôle de moteur de croissance. 52 Les Afriques . 7 mai 2015 L’agriculture constitue la principale activité en République centrafricaine. Un secteur de production sous-exploité, qui ne permet pas malheureusement de subvenir aux besoins alimentaires des 4,5 millions habitants. Pourtant, cet immense territoire offre de vastes étendues cultivables, dont une exploitation judicieuse ferait de ce pays l’un des greniers de l’Afrique centrale. L’absence d’une vision politique ne permet pas au secteur agricole de jouer véritablement son rôle de moteur de croissance, des manquements renforcés par des crises sociopolitiques récurrentes qui compromettent tout effort de développement. L’agriculture est au centre de l’économie centrafricaine en ce sens qu’elle représente 67% de la main-d’œuvre du pays, pour à peu près 55% du PIB (Produit intérieur brut). Un secteur agricole qui fait vivre 75% de la population. Cette économie reposant sur l’agriculture fait partie de l’une des recommandations fortes du Document stratégique pour la réduction de la pauvreté (Dsrp) adopté dans les années 2010 par le gouvernement centrafricain qui appelle les habitants à retrousser les manches pour la matérialisation de «la Révolution verte». Dans cette perspective, la Centrafrique a adopté un plan de sécurité alimentaire avec l’appui des partenaires au développement, entre autres le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) afin de promouvoir les activités agropastorales sur l’ensemble du territoire. Intitulé «Programme détaillé de développement de l’agriculture en Afrique (Pddaa), ce programme devrait de garantir une sécurité alimentaire en faveur de la population. Selon des sources concordantes, en dépit d’énormes potentialités de ressources naturelles, la Centrafrique comme la plupart des pays est encore loin d’attendre les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), y compris dans le domaine de la croissance agropastorale. Expliquant le bien fondé du Pddaa, le gouvernement a relevé que «les chefs d’Etats africains ont pensé que malgré les potentialités naturelles énormes que regorge le sol africain, l’agriculture comme telle ne peut pas permettre l’émergence des pays africains au cercle des puissances agricoles mondiales. C’est la raison de la mise en place de ce document». Cette nouvelle vision de l’agriculture centrafricaine servira également à l’amélioration de l’assiette financière de l’Etat, du fait que les partenaires ont décidé d’accompagner le processus jusqu’à son aboutissement. Du coup, on pense à la réduction de la pauvreté, grâce à une meilleure couverture de Le Programme national d'investissement agricole et de sécurité alimentaire et nutritionnel (Pniasan) a été validité. la production agricole. Reste maintenant à traduire en actes concrets le nouveau programme agricole. CONGO S’affranchir d’une agriculture de subsistance A l’instar de la plupart des pays producteurs de pétrole, le Congo a pendant de longues années quasiment tourné le dos à l’agriculture. Plus d’un demi-siècle après l’indépendance, le boom pétrolier des années 1970 continue de réguler la vie des Congolais. Et pour cause, l’agriculture qui se pratiquait était juste une activité de subsistance pour des paysans, plutôt préoccupés à nourrir leurs familles, qu’à en faire une activité de rente, de même à procurer des revenus. Depuis le début des années 2000, et avec la décote des cours du brut sur le marché international, le pays a pris un certain nombre de mesures, dont la finalité est de produire plus, pour non seulement nourrir la population, mais également, exporter une partie de la production agricole. Avec l’appui des partenaires au développement à l’exemple de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation (FAO), le Programme national d'investissement agricole et de sécurité alimentaire et nutritionnel (Pniasan) a été validité. L’adoption de cette stratégie agricole fait partie des piliers du Programme détaillé de développement de l’agriculture africaine (Pddaa) conformément à une résolution de l’Union africaine (UA) qui recommande que chaque pays puisse consacrer au moins 10% de son budget au développement de l’agriculture. Une mesure pour l’instant peu suivie par les Etats, alors que son implémentation devrait permettre aux pays africains de résoudre l’épineux problème des importations des produits alimentaires qui plombent leur développement. En tout état de cause, les autorités congolaises soutiennent qu’à travers ce nouveau programme agricole, le gouvernement vise à renforcer les capacités institutionnelles et à accroître la productivité agricole dans le pays, et à lutter contre la faim, conformément aux Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Lesquels objectifs, le pays n’a pas pu atteindre, ce qui suppose sans doute, la mise en place d’une nouvelle politique de développement, et dont l’autosuffisance alimentaire devrait constituer une priorité, a indiqué le gouvernement. Le nouveau projet agricole contient sept points saillants, en l’occurrence, le développement de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche et de l’aquaculture, l’appui à la valorisation des ressources forestières, ainsi que l’amélioration de l’accès à la terre et au financement. Parce qu’il est question de moderniser l’agriculture pour améliorer la production, le programme validé met également un accent sur la recherche agricole et la diffusion des innovations et celui des capacités opérationnelles nationales, mais aussi l’amélioration de l’état alimentaire nutritionnel, ce qui suppose une alimentation équilibrée. Le Pddaa, dont l’objectif est d’améliorer l’efficacité de la mise en œuvre des initiatives du gouvernement et l’allocation de l’aide extérieure à ces secteurs, se présente comme un cadre de dialogue, d’harmonisation des stratégies d’alignement et de mutualisation des efforts de développement au niveau sous-régional dot le Congo est signataire de la charte et dont la finalité est de promouvoir de façon soutenue et durable, la croissance du secteur agricole au sein des pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (Ceeac). Des initiatives Aller vers plus de valeur ajoutée 7 mai 2015 Les Afriques . 53 DOSSIER Produire du blé localement qui s’ajoutent à bien d’autres, dont le Programme d’appui au développement des filières agricoles (Padef) dont l’implémentation en cours permet au Congo, de sortir petit à petit d’une dépendance des importations des produits alimentaires. GABON Produire plus pour tourner le dos aux importations Le gouvernement gabonais avec l’appui des partenaires au développement compte injecter près de 400 milliards de f CFA dès cette année pour le développement du secteur agricole. 54 Les Afriques . 7 mai 2015 Le boom pétrolier des années 1970 est certainement l’une des raisons qui ont amené les Gabonais à s’intéresser peu à l’agriculture. Avec une population alors estimée à un million d’habitants, les revenus du pétrole donnaient l’impression de couvrir tous les besoins des citoyens. Une erreur de jugement que le pays subira énormément, le Gabon dépendant de l’extérieur, en l’occurrence du Cameroun pour se nourrir. Plus d’un demi-siècle après l’indépendance, le Gabon dépend encore malheureusement de l’extérieur pour nourrir sa population. Rien que pour l’année dernière, les importations des produits agroalimentaires ont culminé à plus de 300 milliards de f CFA, soit pratiquement le 1/10è du budget du pays. Une énorme ardoise pour un pays qui se veut émergent en 2025. Les autorités qui, selon toute vraisemblance, ont ressenti l’énorme poids que représente une dépendance vis-à-vis de l’extérieur pour nourrir ses habitants, semblent déterminées à attaquer le mal à la racine. C’est dans ce sillage que s’inscrit l’adoption en 2015 du Plan national d’investissement agricole, de sécurité alimentaire et nutritionnelle (Pniasan) qui bénéficie de l’accompagnement des institutions régionales et internationales à l’instar de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (Ceeac), le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad), l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ou encore la Banque mondiale. Le gouvernement gabonais avec l’appui des partenaires au développement compte injecter près de 400 milliards de f CFA dès cette année pour le développement du secteur agricole, lequel bénéficie actuellement d’un maigre budget. Selon des sources concordantes, le Gabon dépend à plus de 90% de l’extérieur en matière de produits agricoles, ce qui entraine la cherté des denrées alimentaires. Pour booster le développement du secteur agricole, le gouvernement gabonais a retenu sept axes prioritaires à l’horizon 2020. Il s’agit de l’amélioration durable de la production agricole, le développement des pêches et de l’aquaculture, l’amélioration de l’accès à la terre et au financement, le renforcement du système de collecte et de commercialisation des produits agricoles, l’amélioration du système de gestion des informations et des innovations et l’amélioration de l’état nutritionnel et le développement institutionnel et des ressources humaines, notamment la promotion des femmes et des jeunes. La finalité est d’atteindre les objectifs de croissance et de production agricole, de sécurité alimentaire, de diminution des importations des denrées alimentaires et de réduction de la pauvreté. Un programme qui rentre dans le cadre du plan stratégique du Gabon émergent, la nouvelle politique agricole du Gabon, la po- L’agriculture ne représente que 1,1% du PIB de la Guinée équatoriale. litique agricole, de sécurité alimentaire et de croissance, le programme national de sécurité alimentaire, le plan directeur de développement intégré de la pêche artisanale, la stratégie nationale et le plan d’actions pour le développement du secteur des produits forestiers non ligneux. Déjà confronté à une sous-productivité chronique, le Gabon souffre également de l’insuffisance d’infrastructures de communication avec moins de 540 km de pistes de dessertes rurales, ce qui représente un handicap à la commercialisation des produits agricoles. Conséquence, même quand les produits alimentaires importés sont acheminés au Gabon, en dehors des grandes agglomérations, il est difficile de ravitailler les zones rurales. A ces manquements, s’ajoutent l’absence de centres de négoce, d’entrepôts et les faibles capacités des intervenants font que les activités de collecte sont loin d’être efficaces dans les bassins de production. C’est dire qu’il faudra encore attendre pour voir les effets du Programme de développement et d’investissement agricole au Gabon ( Prodiag) qui se veut un des piliers de la nouvelle donne agricole du pays et dont l’un des objectifs est de poursuivre les expérimentations et la diffusion de solutions techniques adaptées et durables dans les neufs provinces du Gabon, en phase avec les besoins de marchés locaux. GUINÉE ÉQUATORIALE L’activité agricole comme alternative au pétrole La Guinée équatoriale s’est révélée au monde ces dernières années à la faveur d’une importante production pétrolière, qui a transformé le destin de ce pays naguère très pauvre, mais qui a amorcé le chemin du développement qui procure la fierté à ses habitants. Des ressources pétrolières gigantesques pour une population estimée à un million d’habitants. Mais parce que ces ressources peuvent tarir et entacher le développement du pays, la Guinée équatoriale ne perd pas de vue que l’avenir repose sur le secteur primaire. Dans cette perspective, le gouvernement a mis sur pied depuis quelques années, le Programme national pour la sécurisation alimentaire (Pnsa) avec le concours des partenaires au développement, en l’occurrence, l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture (FAO). L'objectif principal de cet ambitieux projet est d'obtenir les mécanismes pour une production alimentaire accrue de nature à assurer l’autosuffisance alimentaire à tous. La formulation du programme est dirigée aux agriculteurs, aux habitants des zones rurales et à tous ceux qui souhaitent s'impliquer dans l'agriculture, a soutenu la FAO. Avec l’apparition du pétrole, de nombreux équatoguinéens ont délaissé le travail de la terre, ouvrant les vannes à une importation tout azimuts, non seulement pour les problèmes vivriers de consommation courante, mais également pour les produits maraichers, et horticoles. Ce projet est considéré par ses promoteurs comme «le vrai départ du développement agricole prévu en Guinée équatoriale et donc l'amélioration de la vie des paysans dépendront de ce programme». En effet, l’agriculture ne représente que 1,1% du PIB dans un pays nonobstant le fait que cette agriculture de subsistance ne représente que 30% de la demande nationale. Pourtant, le pays dispose de vastes étendus de terre arable. A coté des produits vivriers, en l’occurrence, la banane, l’igname et le manioc notamment, la situation n’est pas plus reluisante pour les produits de Une alternative au pétrole 7 mai 2015 Les Afriques . 55 DOSSIER D’ambitieux projets rente, puisque le cacao, le café et le bois ont connu une chute drastique ces dernières années. TCHAD Mobilisation pour la sécurité alimentaire La nouvelle politique agricole qui a pour but de produire plus et mieux pour nourrir l’ensemble de la population devrait contribuer à résoudre la dépendance alimentaire du Tchad vis-à-vis du Cameroun. 56 Les Afriques . 7 mai 2015 L’autosuffisance alimentaire fait partie des préoccupations de l’Etat tchadien qui multiplie des initiatives de développement agricole. Selon toute vraisemblance, le pays a tiré les conséquences de la crise sociopolitique qu’a connue le pays au lendemain de l’indépendance en 1960, jusqu’à la stabilité institutionnelle depuis la décennie 1990. Conséquence, même avec l’entrée en production des champs pétrolifères il y a une dizaine d’années, le Tchad n’a pas voulu copier des pratiques alors en cours dans certains pays riverains producteurs de pétrole, qui s’étaient détournés des activités agricoles, pour ne se concentrer que sur l’exploitation des hydrocarbures. Entre autres initiatives prises, l’on peut citer le Programme national de sécurité alimentaire (Pnsa) qui s’appuie sur l’ensemble des orientations politiques et stratégiques du secteur rural dont le Plan d’intervention pour le développement rural (Pidr), le Schéma directeur de l’agriculture et de l’eau et de l’assainissement (Sdea) sans oublier la Stratégie nationale de réduction de la pauvreté (Snrp). Conçu dans l’esprit du Nouveau partenariat économique pour le développement de l’Afrique (Nepad), cette initiative de développement économique s’inscrit également dans le cadre régional, d’un coté, le Programme régional de la sécurité alimentaire de l’Afrique centrale (Prsac/Ac) et le Pro- gramme régional de la sécurité alimentaire de la communauté des Etats Sahélo-sahariens (Cen-Sad). La nouvelle politique agricole qui a pour but de produire plus et mieux pour nourrir l’ensemble de la population devrait contribuer à résoudre la dépendance alimentaire du Tchad vis-à-vis du Cameroun notamment, de même qu’elle aura une incidence sur l’allocation du revenu national, avec une balance de paiement généralement déficitaire à cause du poids des importations des produits agroalimentaires, ce qui devrait assurer l’équilibre du budget, aussi bien national que celui des ménages. Une étude révèle qu’au-delà des crises sociales qui ont eu un impact négatif sur le développement du pays, l’évolution des productions alimentaires n’a pas suivi l’accroissement démographique, le Tchad ayant favorisé les importations des aliments généralement subventionnés, ce qui a malheureusement, exposé les petits producteurs locaux à un combat perdu d’avance. Pourtant, selon les statistiques du Recensement général de la population et de l’habitat (Rgph2) de 2009, plus de 78% des Tchadiens vit en milieu rural. C’est dire que dans une situation d’insécurité alimentaire, ce sont les 4/5% de la population du pays qui seraient exposés à la famine. Face à cette situation, le gouvernement a mis sur place, en 2002, le PIDR qui a le mérite d’accorder au système national de recherche agricole une place prépondérante dans la lutte pour l’amélioration de la sécurité alimentaire et la réduction de la pauvreté. Achille Mbog Pibasso, Douala ARRÊT SUR IMAGE Etats Unis d’Amérique Le 29 avril 2015. Marche de protestation de manifestants à Baltimore, dans le Maryland pour exiger que justice soit faite, suite aux funérailles de Freddie Gray, un homme noir américain qui a succombé aux graves traumatismes subies après une arrestation musclée (moelle épinière rompue) et pendant sa en garde à vue. 58 Les Afriques . 7 mai 2015 7 mai 2015 Les Afriques . 59 FOCUS Accord-cadre avec l’Iran Impacts géostratégiques au Moyen-Orient Nous soutenions naguère, lors d’un débat avec Antoine Halff, ancien économiste en chef au secrétariat d’Etat à l’énergie US et actuellement directeur à l’AIE que «L’Accord définitif avec l’Iran pour des raisons géostratégiques sera parachevé, en principe, avant le 30 juin 2015 et les cours du pétrole se maintiendront à un niveau bas en 2015». L’ accord-cadre avec l’Iran sur le nucléaire, du 2 avril 2015, s’il devait déboucher sur un accord définitif avant le 30 juin 2015, préfigure une importante reconfiguration géostratégique au niveau du Moyen-Orient. A plusieurs télévisons et médias algériens et devant le Premier ministre algérien et plusieurs membres du gouvernement algérien, j’annonçais déjà, le 4 60 Les Afriques . 7 mai 2015 novembre 2014, lors de la conférence organisée par le ministère algérien de l’Industrie sur la relance économique et par la même occasion proposais la mise en place d’un Comité de crise pour parer à la chute du cours des hydrocarbures. Une crise que certains experts et membres du gouvernement algériens écartaient, afin d’éviter l’expérience douloureuse des impacts de 1986 (cessation de paiement). Plusieurs déterminants pour de telles mesures permettant de parer à une éventuelle crise. La place de l’Iran dans la région et l’Accord préliminaire du 2 avril 2015 La République islamique d’Iran a été proclamée le 1er avril 1979. Après près d’une décennie d’isolement diplomatique, l’Iran cherche à renouer avec la communauté internationale. Pour rappel, la conver- sation téléphonique avec le président Obama de septembre 2013 a constitué une rupture historique. Dès son élection en juin 2013, le président Rohani a exprimé son souhait d’améliorer les relations de l’Iran avec la communauté internationale notamment sur le dossier du nucléaire, dégradées au cours des présidences précédentes, tout en essayant d’apaiser ses relations avec les puissances régionales notamment ses relations avec les puissances sun7 mai 2015 Les Afriques . 61 FOCUS Natanz, comme unique installation d’enrichissement Le Yémen, à l'extrémité de la péninsule arabique et chasse gardée de l'Arabie saoudite via les Etats-Unis, n'est pas une priorité stratégique pour Téhéran. 62 Les Afriques . 7 mai 2015 nites, en particulier l’Arabie saoudite et les tensions actuelles au Yémen en seront un test. Selon bon nombre d’experts militaires, le Yémen, à l'extrémité de la péninsule arabique et chasse gardée de l'Arabie saoudite via les Etats-Unis, n'est pas une priorité stratégique pour Téhéran, bien moins en tout cas que l'Irak ou la Syrie, où l’Iran est un acteur majeur des crises en cours. Sur le plan régional, c’est un acteur clé comme en témoigne sa priorité qui est la lutte contre Daech où l’Iran a apporté son soutien au régime irakien mais également depuis le déclenchement de la crise syrienne son soutien à Damas, mais une position qui peut évoluer, prônant un gouvernement d’union nationale selon ses intérêts stratégiques, qui constitue avec l’Irak et le Hezbollah au Liban ses points d’appui essentiels. C’est dans ce cadre que rentre l’accord préliminaire avec l’Iran du 2 avril 2015. Ainsi, après huit jours de discussion, le groupe des 5+1 les grandes puissances (EtatsUnis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne) et l'Iran ont signé, jeudi 2 avril 2015, les «paramètres-clés» qui serviront de cadre à un accord définitif sur la poursuite du programme nucléaire iranien, texte qui doit désormais être rédigé d'ici au 30 juin. Il faut d’abord souligner que les négociations ne se sont pas déroulées seulement à Lausanne mais dans deux autres espaces mondiaux, en Iran et aux Etats-Unis via Israël. D’abord en Iran où les forces réformistes doivent faire face aux forces conservatrices, ensuite aux Etats-Unis d’Amérique via Israël où le congrès à majorité républicaine est réticent sur un tel accord. Au lendemain de l’Accord, nous avons assisté à une liesse populaire en Iran où la population frappée par l’embargo souffre comme je le démonterai par la suite à partir d’indicateurs économiques d’une très grave crise économique et sociale. Le président américain a salué l’accord historique en prenant les précautions d’usage, je le cite : «Aujourd'hui, nous, les Etats-Unis, de concert avec nos alliés et partenaires, sommes parvenus à un accord historique avec l'Iran. Si ce cadre débouche sur un accord définitif global, il rendra notre pays, nos alliés et notre monde plus sûrs. L'Iran ne produira pas de plutonium de qualité militaire, et l'accord trouvé empêche Téhéran de fabriquer une bombe à base d'uranium enrichi». Il est conforté par l’opinion publique américaine puisque aux Etats-Unis, de récents sondages montrent que l'opinion publique est plutôt favorable à un accord sur le nucléaire iranien. Dans une enquête menée par le Washington Post et ABC, 59% des personnes interrogées soutiennent l'idée de lever la quasi-totalité des sanctions à l'égard de la République islamique en échange d'un accord qui limiterait le programme nucléaire de façon à empêcher la production d'armes nucléaires, 31% se disent contre. Selon le secrétaire d'Etat américain et la partie européenne, les parties se sont mis d'accord sur le fait que les stocks d'uranium enrichi de l'Iran seront réduits de 98% pendant 15 ans. Le nombre de centrifugeuses de l'Iran serait ramené de 19 000 actuellement à 6 104 dans le cadre du futur accord. L'accord-cadre est un «pas important» qui permettra d'empêcher ce pays d'acquérir l'arme nucléaire, selon la chancelière allemande, la Russie et la Chine ayant également souligné un accord historique, et pour la France, le souci est d'aboutir à un accord final crédible et vérifiable afin que la communauté internationale soit assurée que l'Iran ne sera pas en situation de se doter de l'arme nucléaire. Les sanctions américaines et européennes seront levées pro- Le nombre de centrifugeuses de l'Iran serait ramené de 19 000 actuellement à 6 104 dans le cadre du futur accord. gressivement en fonction du respect des engagements de l'Iran, tout accord final devant être endossé par le Conseil de sécurité de l'ONU. Mais au lendemain de l’Accord, le chef de gouvernement israélien a adopté un ton volontairement agressif pour dénoncer l’accord-cadre signé le 2 avril 2015 qui menacerait la sécurité d’Israël, qui selon lui ne va pas bloquer le programme nucléaire de l'Iran, mais au contraire lui ouvrir le chemin, affirmant que «l'option militaire reste sur la table ». Mais, selon la plupart des observateurs, il n'y a aucune chance pour qu'Israël se lance dans une aventure aussi périlleuse. C’est qu’il reste encore du travail afin d’aboutir à l’accord définitif avant le 30 juin 2015, étant donc prévu trois mois de discussions. D’ici là, conservateurs iraniens et extrémistes de la droite israélienne , le parti travailliste ayant une positon plus mesurée, étant pour un Etat palestinien et une paix négociée qui devait selon les sondages remporter les élections, l’ayant perdue, la droite ayant invoquée la peur pour la remporter en fin de compte, chercheront à saborder cet accord politique préliminaire. Par contre pour le gouvernement irakien, allié de l’Iran, l’accord peut aider à stabiliser les tensions dans la région. C’est que la baisse des prix du pétrole affecte l’économie irakienne où selon le ministre du Pétrole le conflit actuel réduit d’environ 50% les revenus, pouvant produire plus de 8 millions de barils jour. Actuellement selon les données irakiennes, l’Irak produit environ 3,8 millions de barils par jour dans le sud, 400 000 barils directement sont exploités par Daech (une estimation de près dix fois supérieure à celle des services de renseignements occidentaux donnant au cours de 40 dollars à l’écoulement au noir près de 1,6 million de dollars/jour ) exportés via la Turquie et 130 000 barils sont réservés à la consommation intérieure du Kurdistan avec lequel un accord de partage de la production a été conclu. Et si l’embargo permet une stabilisation de la région, l’Irak peut produire 8/9 millions de barils/jour et l’Iran plus de 5/6 millions de barils/jour, ces facteurs contribuant à accroître l’offre et maintenir le baril à un cours inférieur à 60/70 dollars pendant plusieurs années, en cas de non-reprise forte de la croissance de l’économie mondiale. Fortes potentialités, cours du pétrole et situation socioéconomique dégradée Les potentialités de l’Iran sont très importantes, détenant la deuxième réserve de gaz traditionnel mondiale et la quatrième réserve de pétrole du monde. Il est également situé sur la ceinture des réserves de cuivre de la planète et bénéficie de réserves considérables d'autres minéraux, tels que le fer, l'aluminium, le plomb et le zinc. C’est un pays avantagé par des frontières qu'il partage avec 15 pays, pouvant devenir facilement un pays émergent, d’autant plus qu’il a investi dans la ressource la plus sûre, celle la ressource humaine, élite sans laquelle aucun pays ne peut se développer. L’Iran a une superficie de 1 648 000 km2 avec pour capitale Téhéran et ses principales villes sont Machhad, Ispahan, Karaj, Tabriz. Sa monnaie est le rial où un 1euro = 33.917 IR en 2014. Selon les études de l’OCDE et du FMI, sa population est d’environ 77,8 millions (octobre 2014) avec une densité de 48,4 hab/km2, occupant la 2ème place derrière l'Egypte. Le taux d’alphabétisation est de 93% pour les Iraniens de 19 à 40 ans, encore qu’existe des disparités puisque l’Indice de développement humain est de 0,707 ayant été classée 88è Iran, deuxième réserve de gaz traditionnel mondiale 7 mai 2015 Les Afriques . 63 FOCUS Les potentialités de l’Iran sont très importantes, détenant la deuxième réserve de gaz traditionnel mondiale et la quatrième réserve de pétrole du monde. rang mondial. Le PIB par habitant 2013-2014 est de 4 748 dollars avec un produit intérieur brut (PIB (2013-2014) de 366,1 milliards de $, étant la deuxième économie au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, avec un PIB ventilé comme suit : agriculture : 11,3% ; industrie : 37,6% ; services : 51%. En plus du pétrole et du gaz, l'Iran exporte principalement des pistaches, des tapis, des produits pétrochimiques, des produits chimiques organiques, de l'aluminium, des matériaux plastiques. Ses trois principaux fournisseurs sont la Chine, l'Allemagne et les Emirats arabes unis (qui jouent le rôle de centre de réexportation). Les biens principalement importés sont les machines, le fer et l'acier, l'équipement électrique et électronique et les céréales. Mais les indicateurs macro-financiers et macro-sociaux sont inquiétants : le taux de chômage en 2013-2014 officiellement est de 12,9%, mais estimé à 30% par le FM et le taux d’inflation à 35,2%. Le déficit budgétaire pour 2013-2014 aurait été de 6% du PIB avec une contraction du PIB de l'ordre de -1,2%. Selon le rapport du FMI, l’excédent courant serait passé de 26,3 milliards de dollars (soit 6,6% du PIB) en 2012-2013 (mais 11% en 2011-2012) à 27,4 milliards de dollars (soit 7,5% du PIB) en 2013-2014 bien que l’excédent de la balance des paiements aurait été ramené de 12,2 à 3,28 milliards de dollars. Mais l’essentiel de l’économie repose sur la rente des hydrocarbures. Avec la généralisation de l’embargo, les revenus pétroliers de l’Iran ont chuté pour atteindre le quart de leur niveau initial. Comme rappelé précédemment, l'inflation a atteint plus de 35%, certains mois avec des niveaux record jusqu'à 50%, la devise nationale a perdu 80% de sa valeur, le taux de chômage réel a grimpé à 30% du fait de la croissance négative, l’économie étant dominée par le secteur public qui contrôle près de 80% et un secteur privé relativement limité. Ainsi, l’économie est très dépendante des revenus pétroliers qui irriguent la sphère économique et sociale qui représentent, selon le niveau du chiffre d’affaires, entre 70 et 80% des recettes de l'Etat. Dans ce contexte, une hausse ou une baisse du prix du pétrole influe sur les recettes du pays. Encore faut-il préciser qu’en Iran les ventes de condensats de gaz et produits pétrochimiques sont comptabilisées comme exportations non pétrolières. Aussi, l’embargo a eu des répercussions négatives, les exportations de brut iranien étant plafonnées à 1 million de b/j environ selon les termes de l’accord intérimaire de Genève de novembre 2013 reconduit jusqu’au 30 juin 2015. C’est pourquoi le gouvernement iranien table sur la levée de l’embargo qui lui permettrait de dynamiser son économie via les exportations. L’Iran détient la quatrième réserve pétrolière mondiale avec plus de 160 milliards de barils (13/14% des réserves mondiales) lui permettant facilement d’exporter entre 4/5 millions de barils/jour et le deuxième réservoir de gaz traditionnel avec plus de 34 000 milliards de mètres cubes gazeux, soit plus de 16% des réserves mondiales sans compter que l'Iran aura alors accès aux quelque 100 milliards de dollars bloqués dans les banques étrangères, qui pourront augmenter ses exportations et attirer les investissements étrangers. A cela s’ajoutent les réformes internes entre 2015 et 2016 afin d’accroître les recettes fiscales où l’Iran envisage des privatisations et cessions d’actifs en forte progression par rapport au budget actuel, combiné à la réduction du train de vie de l’Etat (dépenses de fonctionnement, salaires des fonctionnaires). C’est suite à cette situation que le président Annexe de la conclusion de l’Accord • ENRICHISSEMENT : Le nombre de centrifugeuses de l’Iran passera de 19.000, dont 10.200 en activité, à 6.104 (une réduction de deux tiers). Sur les 6.104, seules 5.060 auront le droit de produire de l’uranium enrichi pendant 10 ans. Il s’agira de centrifugeuses de première génération. – Téhéran va réduire son stock d’uranium faiblement enrichi (LEU) de 10.000 kg à 300 kg enrichi à 3,67% pendant 15 ans. – L’Iran a accepté de ne pas enrichir d’uranium à plus de 3,67% pendant au moins 15 ans. – Le matériel excédentaire sera entreposé sous surveillance de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et ne pourra servir qu’à des remplacements. – Téhéran a accepté de ne pas construire de nouvelles installations d’enrichissement d’uranium pendant 15 ans. 64 Les Afriques . 7 mai 2015 • BREAKOUT TIME : Le «breakout time» est dans le jargon des experts le temps nécessaire pour fabriquer assez d’uranium enrichi pour produire une arme atomique. Ce «breakout time», qui est actuellement de 2 à 3 mois, sera d’un an au moins et ce pendant au moins 10 ans. • FORDO, NATANZ : L’Iran accepte de ne plus enrichir d’uranium pendant au moins 15 ans dans le site de Fordo, enfoui sous la montagne et de ce fait impossible à détruire par une action militaire. Il n’y aura plus de matières fissiles à Fordo pendant au moins 15 ans. Le site restera ouvert mais n’enrichira pas d’uranium. Environ deux tiers des centrifugeuses de Fordo seront retirées du site. • NATANZ : C’est la principale installation d’enrichissement iranienne, Pour la première fois, le gouvernement a même été contraint de vendre des dollars sur le marché pour soutenir la devise. iranien Hassan Rohani a déclaré, le 31 mars 2015, que son gouvernement voulait sortir l'économie de son pays de la récession, l’objectif étant la relance économique, la maîtrise de l'inflation qui selon ses propos avait atteint 40% en 2014, le pays étant confronté à une stagflation sans précédent intenable dans le temps. Et pour cela, il faut une politique de croissance nécessitant d’importants moyens de financement et donc la levée de l’embargo. Dans son discours, il avait précisé que 10% de points de PIB sont en baisse sur le total des revenus depuis 2010 et que les contraintes dans les transactions financières internationales ont accéléré la stagnation de l'économie iranienne, avec une récession de 1¾% du PIB et un déficit global de 2¼% du PIB pour 201314 et que durant l'année iranienne 1391 (mars 2012-mars 2013) la croissance a été négative de 6,8% et en 1392 (mars 2013 - mars 2014) également une croissance négative de 1,1%. Cela rejoint le constat du FMI pour qui la performance macroéconomique du pays s'est dégradée en raison du renforcement des sanctions internationales en 2012, expliquant que le gouvernement iranien a commencé l’arrêt progressif des subventions sur l'énergie, le début d'un processus qui augmentera les prix de l'essence, de l'électricité et d'autres services publics. Pour la première fois, le gouvernement a même été contraint de vendre des dollars sur le marché pour soutenir la devise qui a fortement été dévaluée. Ainsi, le gouvernement iranien, notamment les réformateurs sont confrontés à d’importants défis internes nécessitant d’importantes réformes structurelles à trois niveaux : premier niveau, les subventions généralisées non ciblées, source de gaspillage, les situations de rentes et les détournements de fonds qui constituent une autre avec quelque 17.000 centrifugeuses IR-1 de la première génération, un millier d’IR-2M plus rapides et une capacité d’en accueillir au total 50.000. Téhéran a accepté que Natanz devienne son unique installation d’enrichissement. Elle devra être dotée de seulement 5.060 centrifugeuses IR-1 de la première génération pendant 10 ans. Les centrifugeuses IR-2M seront enlevées et placées sous contrôle de l’AIEA. • CONTRÔLE : L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) sera en charge de contrôler régulièrement tous les sites nucléaires iraniens. – Les inspecteurs de l’AIEA pourront accéder aux mines d’uranium et aux lieux où l’Iran produit le «yellowcake» (un concentré d’uranium) pendant 25 ans. • ARAK : Le cœur de ce réacteur à eau lourde, qui aurait pu produire du plutonium, sera détruit ou sera déplacé en dehors du territoire iranien. Le réacteur sera reconstruit pour se limiter à la re- cause de cette hémorragie permanente dans l'économie iranienne qui empêchent la canalisation des richesses dans le système de production intérieure et le développement du pays. Deuxième niveau, veiller à sa protection sécuritaire, limiter les dépenses faramineuses consacrées à l'appareil militaire du fait des tensions régionales dont le projet nucléaire à des fins militaires, l’Accord prévoyant le nucléaire à des fins civiles, le programme balistique colossal et la politique interventionniste au niveau international qui nécessite d’importantes aides financières. Troisième niveau qui impliquera des réaménagements au niveau du pouvoir iranien, la limitation du pouvoir des Pasdaran qui contrôlent une part essentielle de l'économie iranienne qui sans être soumis à la loi sur la fiscalité monopolisent l'activité économique en encaissant des revenus colossaux dans les secteurs du pétrole, gaz, pétrochimie, téléphonie, informatique, industrie de l'automobile, acier, ciment, alimentaire, produits pharmaceutiques, ainsi que les routes, les banques, les assurances. Selon les analystes, les Pasdaran sont parmi les plus grands cartels du monde et contrôlent plus de 50% des importations et le tiers des exportations iraniennes En résumé, la levée de l’embargo international et une reprise économique permettraient de désamorcer le climat de tension que traverse tant la région que l’Iran, avant la tenue des élections parlementaires, prévues en mars 2016. L’accordcadre du 2 avril 2015, s’il devait déboucher sur un accord définitif avant le 30 juin 2015, préfigure une importante reconfiguration géostratégique au niveau du Moyen-Orient. Dr Abderrahmane Mebtoul, Expert international cherche et à la production de radioisotopes médicaux, sans production de plutonium à capacité militaire. Le combustible utilisé sera envoyé à l’étranger pendant toute la vie du réacteur. Téhéran ne pourra pas construire de nouveau réacteur à eau lourde pendant 15 ans. • SANCTIONS : Les sanctions américaines et européennes seront levées dès que le respect de ces engagements par l’Iran aura été certifié par l’AIEA. Elles seront rétablies si l’accord n’est pas appliqué. Les résolutions de l’ONU seront levées dès que l’Iran respectera tous les points clés de l’accord. Une nouvelle résolution du Conseil de sécurité de l’ONU maintiendra les interdictions de transfert de technologies sensibles et soutiendra l’application de cet accord. • PÉRIODIQUES D’APPLICATION : Elles varient de 10 à 15 ans selon les activités et sont valables pendant 25 ans pour les inspections de la chaîne d’approvisionnement en uranium. 7 mai 2015 Les Afriques . 65 RELATIONS INTERNATIONALES 66 Les Afriques . 7 mai 2015 Algérie-Chine Visite du Premier ministre Abdelmalek Sellal à Pékin Le Premier ministre algérien Abdelmalek Sellal a effectué une visite en Chine du 28 avril au 1er mai. Le niveau actuel des relations économiques entre l’Algérie et la Chine ne correspond pas réellement aux attentes dans les deux pays. Aussi, cette visite a permis de renforcer la coopération stratégique entre eux. L e Premier ministre algérien s’est rendu en visite officielle en Chine. Un déplacement, placé dans le cadre d’un partenariat gagnant-gagnant. La Chine est l'une des plus anciennes civilisations, le troisième pays le plus grand du monde après la Russie et le Canada. La Chine avec une frontière terrestre de 22 117 km est située au centre de l’Asie et possède 14 pays voisins : le Vietnam, le Laos, la Birmanie, l’Inde, le Bhoutan, le Népal, le Pakistan, l’Afghanistan, le Tadjikistan, le Kirghizistan, le Kazakhstan, la Russie, la Mongolie, et la Corée du Nord. La Chine possède également des frontières maritimes avec la Corée du Sud, le Japon et les Philippines. La population est estimée en 2014 à 1,368 milliard d’habitants avec une densité de 143 hab/km² avec pourtant une faible croissance démographique de 0,5%, selon la Banque mondiale mais avec un accroissement du niveau de vie 75 ans et un très fort taux d’alphabétisation de 95%. Avec 9 641 144 km2 de superficie, elle s'étend des côtes de l’océan Pacifique au Pamir et aux Tian Shan et au désert de Gobi et aux confins de la péninsule indochinoise. Dirigée par le Parti communiste depuis 1949, l'économie de la Chine était marquée par un très fort interventionnisme de l’Etat jusqu’aux années 1970, ce modèle économique dirigiste reposant des planifications dans de nombreux secteurs agricoles et industriels, ainsi qu'un relatif isolement sur la scène du commerce international. Depuis 1976, la Chine a développé un modèle fréquemment nommé «économie sociale de marché» qui combine un secteur public toujours omniprésent et un certain libéralisme économique avec une ouverture maîtrisée de son marché intérieur au secteur privé. Une nouvelle démarche Depuis 2012-2013, nous assistons à une nouvelle politique avec le renouvellement de l’équipe dirigeante, Xi Jinping ayant été nommé secrétaire général du parti et Nous gagnerons notre guerre féroce contre la corruption car il s’agit là d’une «question de vie ou de mort pour le Parti et pour la nation». président de la République avec de nouvelles orientations, notamment la lutte contre la corruption. Selon l’homme fort de la Chine, je le cite : «Notre courage de nous débarrasser de ce poison qui ronge nos os ne fléchira pas… Nous gagnerons notre guerre féroce contre la corruption car il s’agit là d’une «question de vie ou de mort pour le Parti et pour la nation». La Chine est le deuxième pays au monde par son produit intérieur brut PIB avec 11 285 milliards de dollars derrière les EtatsUnis avec 18 287 milliards de dollars, mais pour une population de 360 millions d’habitants, loin devant le Japon (4 882), l’Allemagne (3 909) le Royaume-Uni (3003) et la France (2 935 milliards de dollars). Selon le FMI, la parité de pouvoir d'achat (PPA) prévoit que le PIB PPA de la Chine atteindra 27 000 milliards de dollars en 2019, quand celui des États-Unis ne devrait être que de 22 000 milliards de dollars. Le secteur public continue à tenir une importante place dans la vie économique, mais les entreprises privées y jouent un rôle croissant et le pays s'est fortement intégré dans le système économique mondial. Symbole de l’ouverture sur le marché mondial, la Chine est devenue membre de l’OMC en 2001 avec des entreprises concurrentielles dans de nombreux secteurs (énergie, électronique, ferroviaire, solaire, éolien par exemple). Une partie d’échecs financière La Chine utilise ses atouts économiques pour jouer un rôle stratégique au niveau régional et mondial montrant que la diplomatie d’un pays en ce XXIème siècle est surtout fonction de sa puissance économique et non de ressources naturelles fussent-elles des hydrocarbures, car éphémères. Ainsi, la Chine a renforcé son rôle dans le processus d’intégration régionale en Asie, avec une double volonté de structurer et de stabiliser son environnement. Elle s’est pleinement intégrée aux organes multilatéraux de coopération en Asie, notamment l’APEC, l’Asean+3 (Association des nations de l’Asie du Sud-Est + Chine, Japon et Corée du Sud). Dans le champ politico-militaire, la Chine a initié en 7 mai 2015 Les Afriques . 67 RELATIONS INTERNATIONALES Xi Jinping, président de la Chine Le fort excédent commercial, provoqué par les exportations industrielles, a permis au pays de se constituer de grandes réserves de change. 68 Les Afriques . 7 mai 2015 2001 la création de l’OCS (Organisation de coopération de Shanghai) qui regroupe la Chine, la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizstan, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan. Dans ce cadre régional, voire mondial, sur le plan économique, la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures (AIIB)», a été créée en octobre, à l'initiative de la Chine, Londres, Paris, Berlin et Rome qui annoncent leur intention de devenir membres fondateurs. Encore que pour Washington, cette nouvelle institution vise directement à concurrencer la Banque mondiale, largement vue comme un vecteur de l'influence américaine dans les pays émergents ou la Banque asiatique de développement (BAD) «pilotée» par le Japon traduisant une partie d'échecs financière à l'échelle planétaire. Cependant, les derniers indicateurs économiques de 2015 sont inquiétants. Confrontée au ralentissement du marché immobilier mais aussi des échanges commerciaux et des investissements, la Chine s’achemine en 2015 vers une croissance de 7%, soit la plus faible depuis vingt-cinq ans alors que la population active du pays compte 800 millions de personnes. L'agriculture occupe 33,6% de la main-d'œuvre en 2012 avec 10% du PIB et l'industrie emploie environ 30,3% de la population active, avec près de 47 % du PIB. Car l’objectif est de lutter contre l’inflation et le chômage. Certes, le taux d’inflation est relativement maîtrisé (2,9% en 2014 selon le FMI et 1,5% selon les autorités chinoises), la basse croissance de l’économie chinoise sur l’année écoulée et la baisse des prix de l’énergie sont les principaux facteurs d’expli- cation de cette faible inflation. Le cours du yuan accroît les tensions avec l’Europe et les Etats-Unis qui reprochent à la Chine une sous-évaluation de sa monnaie pour dumper les exportations. Il a été coté en avril 2015 et est de 6,195 pour un dollar. Quant au taux de chômage en Chine, il faut un taux de croissance au minimum de 9/10% pour qu’il ne s’accroisse pas. Il est officiellement de 4,1%, un chiffre que bon nombre d’observateurs considèrent comme peu fiable étant donné qu'il n'a pas beaucoup varié ces dernières années, y compris en période de ralentissement prononcé. Une étude du Wall Street Journal montre que le taux de chômage réel en Chine est le double du niveau officiel annoncé, soit 8%. Aussi, le gouvernement chinois s'il venait à augmenter serait contraint de ralentir le rythme des réformes et d'intervenir en injectant de nouveau de l'argent dans l'économie, comme il l'a fait en 2008 avec un plan de relance de 4 000 milliards de yuans (495 milliards d'euros). Encore que le fort excédent commercial, provoqué par les exportations industrielles, a permis au pays de se constituer de grandes réserves de change qui ont plus que quadruplé pour s'établir, selon les données de la Banque populaire de Chine, à 3 820 milliards de dollars fin 2014, permettant de placer une partie des Bons du Trésor américains en dette souveraine d'autres Etats, une autre partie pour investir dans des entreprises à l'étranger à travers son principal fonds souverain, le CIC. Bien que depuis février 2015, le Japon ait remplacé la Chine pour devenir le premier détenteur de Bons du Trésor améri- La Chine a été le premier pays non arabe à reconnaître le gouvernement provisoire algérien. cain, selon le département d'Etat américain avec 1 224,4 milliards de dollars et la Chine à 1 223,7 milliards de dollars sur un total de 6 219 milliards de dollars en janvier 2015. Cependant, la population reste relativement pauvre, car il faut relativiser, il ne faut pas voir le PIB en valeur absolu mais le diviser par la population totale : en parité de pouvoir d’achat, on évalue le PIB par habitant en 2013 à 9 800 dollars par habitant, ce qui place la Chine au 121e rang mondial. Le pays demeure toutefois marqué par des déséquilibres tant spatiaux que socio-processionnelles importants : écarts de revenus entre les habitants qui expliquent les révoltes récentes pour accroître le revenu minimum ; problèmes environnementaux importants (pollution de l’eau, de l’air, des sols) ; modèle de croissance qui continue de reposer fortement sur l’investissement, au détriment de la demande des ménages. Du point de vue du déséquilibre spatial, la côte est le cœur économique du pays, avec notamment Shanghai, Hong Kong et Macao qui concentrent la production de richesse aux dépens des provinces de l'ouest, restées très rurales et présentant un important retard de développement. Des relations de longue date Qu’en est-il de l’économie algérienne et de ses relations avec la Chine ? Doit-on rappeler que la relation d'amitié entre l'Algérie et la Chine est très ancienne. La Chine a été le premier pays non arabe à reconnaître le gouvernement provisoire algérien en lui offrant un soutien politique et matériel dans sa quête de l'indépendance du pays. Mais dans la pratique des affaires, il n’y a pas de sentiments pouvant exister un large fossé entre les discours politiques et la dure réa- lité économique. Les deux tiers des échanges de l’Algérie se font avec l’Europe et si l’on inclut les EtatsUnis d’Amérique, ce taux dépasse les 80%. Rappelons, afin de faire la comparaison avec la Chine, que la population algérienne est de 39,5 millions au 1er janvier 2015 et que le PIB algérien est estimé à 221 milliards de dollars en 2014 par la Banque d’Algérie. Les importations de biens ont été en 2014 de 60 milliards de dollars auxquels il faut ajouter 11 milliards de dollars de services, soit plus de 71 milliards de dollars. Comparées à la Chine, les réserves sont relativement faibles avec un décaissement des réserves de change de 15,6 milliards de dollars ente juillet et décembre 2014 et plus de 11 milliards de dollars selon le FMI uniquement pour janvier 2015, ne restant que 166 milliards de dollars au 31 janvier 2015 avec d’inévitables tensions au niveau de la balance des paiements à terme au rythme de cette dépense publique et si le cours se maintient à moins de 70 dollars. Les hydrocarbures représentent 33%, l’agriculture 10% du PIB, les industries hors hydrocarbures 4%, le BTPH / services pétroliers 9%, les services et administrations publiques 37% et les droits et taxes à l’importation 7%. Mais en réalité la majorité des secteurs sont irrigués directement ou indirectement par la rente des hydrocarbures, restant moins de 15/20% de segments relativement autonomes par rapport à cette rente. Comme en témoigne la structure de l’emploi avec une forte proportion au niveau de la sphère informelle où nous avons l’agriculture avec environ 11%, l’industrie privée et publique y compris Sonatrach 14%, le BTPH 17%, le commerce et services 58% dont 32% sont des apprentis et des non permanents, les indépendants Poignée de main entre le Premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal et le président chinois 7 mai 2015 Les Afriques . 69 RELATIONS INTERNATIONALES Des chantiers à réaliser en commun représentent près de 30%. Ces chiffres globaux incluent la sphère informelle, qui suite à une enquête de l’ONS représente 45,6 % de la main-d’œuvre totale non agricole. Dans ce contexte d’une économie algérienne mono-exportatrice et d’une économie chinoise diversifiée et surtout reposant sur une bonne gouvernance et la valorisation de la connaissance, quelles perspectives pour la coopération ? Plusieurs chantiers Une forte présence qui s’est traduite par le recensement d’un nombre impressionnant des ressortissants chinois qui se trouvent actuellement en Algérie, près de 40 000 travaillant. 70 Les Afriques . 7 mai 2015 L'Algérie et la Chine ont conclu un Plan de coopération stratégique global pour la période 2014-2018. Ce plan de coopération stratégique tend à impulser les relations économiques entre les deux Etats, y compris pour ce qui a trait aux investissements directs de la Chine dans les secteurs prioritaires du prochain plan quinquennal de l'Algérie, prévu pour un montant avant la chute du cours des hydrocarbures de 286 milliards de dollars. Or, les échanges commerciaux, fortement déséquilibrés, sont passés de 200 millions de dollars en 2000 à 10 milliards de dollars en 2014 contre 8,1 milliards de dollars, dont 6 représentent les exportations chinoises vers l’Algérie en 2013 faisant ressortir un avantage substantiel au profit de la partie chinoise entre 6 et 7 milliards de dollars. Selon l’ambassadeur de Chine Yang Guangyu, en Algérie à fin 2014, l’investissement chinois aurait contribué entre 40 000 à 50 000 d’emplois directs et 100 000 emplois indirects et que les entreprises chinoises ont investi 1,5 milliard de dollars. Ainsi, 790 entreprises chinoises sont présentes en Algérie activant notamment dans le bâtiment et travaux publics ainsi que l'import-export. Différents projets, notamment dans le bâtiment, sont confiés à des entreprises chinoises dont la Grande mosquée d'Alger, l'Opéra d'Alger et des projets de logements. L’Algérie a, en effet, accordé aux entreprises chinoises des marchés de construction d’une valeur totale de 20 milliards de dollars. Une forte présence qui s’est traduite par le recensement d’un nombre impressionnant des ressortissants chinois qui se trouvent actuellement en Algérie, près de 40 000 travaillant notamment dans la construction de logements, de chemins de fer et dans plusieurs tronçons de l’autoroute Est-Ouest. Mais existe également l’achat d’armement de l’Algérie à la Chine. Selon l’Institut international de recherche sur la paix (Sipri) de Stockholm, la Chine a consolidé sa position de grand exportateur. Outre que les pays d’Asie et du Golfe Persique ont été les principaux importateurs d’armes de 2009 à 2014, les exportations de la Chine vers l’Afrique en équipement militaire ont augmenté de 53%, les fournitures chinoises sont destinées essentiellement à l’Algérie, au Maroc et au Soudan qui s’imposent en principaux acheteurs africains de l’équipement militaire chinois. Pour conclure, espérons que la visite de travail du Premier ministre algérien Abdelmalek Sellal permettra de profiter de l’expérience chinoise, en matière de transfert managérial et technologique, et rééquilibrer la balance commerciale au profit de l’Algérie. Par Pr Abderrahmane Mebtoul, expert international 7 mai 2015 Les Afriques . 71 RELATIONS INTERNATIONALES 72 Les Afriques . 7 mai 2015 Que cherche la Russie en Afrique ? De plus en plus isolée sur la scène internationale, depuis la crise ukrainienne et l’annexion de la Crimée, la Russie montre un grand intérêt pour les pays africains. La récente visite de Vladimir Poutine en Egypte relance le débat sur les véritables ambitions russes en Afrique. B ien que le continent ne constitue pas ouvertement une priorité pour la diplomatie russe, son intérêt pour l’Afrique ne s’est jamais démenti. Ces dernières années, la Russie qui a misé sur le développement des échanges commerciaux compte se positionner à l’image des autres puissances sur le marché africain. La Russie compte rattraper son retard dans cette sorte de course que se livrent les grandes puissances et les grands pays émergents pour prendre place en Afrique. Certes, la teneur actuelle de la coopération bilatérale entre l’Afrique et la Fédération de la Russie est loin de refléter la dynamique des relations qui avaient prévalu entre le continent et l’ex-URSS, laquelle a été très active sur le plan diplomatique en Afrique lors de la Guerre froide. Depuis, la Russie a perdu du terrain au détriment de nouveaux partenaires comme la Chine, le Brésil ou la Turquie, qui étaient pourtant moins actifs auparavant sur le continent. Malgré une présence diplomatique timide, il faudrait relativiser la perte d’influence de la Russie en Afrique. L’activisme actuel sur le continent n’est en rien comparable avec celui de l’ex-URSS, mais les ponts n’ont jamais été coupés avec l’Afrique. Moscou, qui tient assez souvent à mettre en avant le fait «qu’elle n’a aucun passé colonial en Afrique», a maintenu et même renforcé ses liens avec plusieurs pays. Sur le plan diplomatique d’abord, une short-list de 4 à 5 pays ont permis à la Russie de rester présente sur le continent avec une prédilection pour les pays d’Afrique du Nord (Egypte, Maroc et Algérie). Mais c’est surtout avec l’Afrique du Sud que les Russes ont intensifié leurs échanges depuis des années à travers un rapprochement stratégique. L’Angola constitue aussi un autre pays où la Russie justifie d’une présence très active. Aussi, plusieurs grandes entreprises russes opèrent ailleurs sur le continent, notamment en Afrique de l’Ouest et australe. Les investissements russes sont principalement portés par des majors (Gazprom, Lukoil, Rosatom, Rosneft, Rostec, Rosobonexport …) dans des secteurs stratégiques comme les armements (Algérie), le BTP et infrastructures (Maroc, Egypte), le nucléaire (Afrique du Sud) et les mines (Angola, Gabon, Guinée). Au tournant des années 2000 et principalement à partir de 2006, la Fédération de la Russie marquait son grand retour en Afrique en fanfare avec la tournée africaine de Vladimir Poutine en Algérie au mois de mars puis au Maroc et en Afrique du Sud en septembre de la même année. Le Kremlin au sein duquel officiait jusqu’à récemment un «Monsieur Afrique» en la personne de Mikhail Marguelov, conseiller spécial pour l’Afrique, a entamé l’élaboration de l’ébauche d’une vraie stratégie africaine, adaptée au contexte actuel. La Russie entend reprendre part au jeu géopolitique sur le continent. Il faut dire qu’à l’époque, les échanges commerciaux entre la Russie et l’Afrique étaient presque insignifiants puisqu’ils ne représentaient que 2% du commerce extérieur de la Russie et, en 2008, la valeur de ces échanges n’était par exemple que de 2 milliards de dollars. C’est dix fois moins que la valeur des échanges de l’Afrique avec la Chine. Les Russes reviennent Une short-list de 4 à 5 pays ont permis à la Russie de rester présente sur le continent avec une prédilection pour les pays d’Afrique du Nord. Depuis quelques années, les échanges ont évolué à la hausse, ce qui témoigne du succès relatif de la nouvelle politique africaine de la Fédération de Russie. Premiers succès : en 2013, la Russie a décidé de l’ouverture d’une mission économique en Afrique du Sud qui constitue désormais la porte d’entrée du pays en Afrique subsaharienne. La même année, le volume des échanges entre la Russie et l’Afrique s’était approché des 5 milliards de dollars. Ce chiffre est encore insignifiant face aux 200 milliards d’échange atteints avec la Chine, mais il confirme bien le retour de la Russie en Afrique à travers une coopération adossée à de nouveaux enjeux. Les entreprises russes enchaînent les contrats notamment dans l’armement militaire (Angola, Ouganda) mais aussi dans le secteur minier avec une montée en puissance des concessions accordées aux Russes en Afrique australe (Namibie, Mozambique). De même, les importations russes ont connu la même dynamique à la hausse principalement avec le Maroc pour les produits agricoles et halieutiques en plus des matières premières en provenance des pays d’Afrique de l’Ouest et australe. En 2014, l’entreprise russe Rosatom spécialisée dans le nucléaire réalisa un coup important avec la signature d’un contrat astronomique de près de 40 milliards d’euros pour la fourniture de huit réacteurs nucléaires à l’Afrique du Sud. Par ailleurs, soulignons que la Russie qui a déjà formé 70 000 cadres africains accueille une trentaine de représentations diplomatiques africaines sur son sol. Son rapprochement avec l’Afrique du Sud et particulièrement avec les pays du BRICS peut s’avérer d’un puissant levier sur lequel s’appuyer pour maintenir l’influence russe en Afrique. Ibrahim Souleymane 7 mai 2015 Les Afriques . 73 PIED DE LETTRE Quand les terroristes jouent au chat et à la souris avec l’Etat central Et si on redessinait notre monde ? A u nord Mali, le conflit est loin de se terminer. On assiste ces derniers jours à la recrudescence d’escarmouches de groupes indépendantistes. La France maintient ses troupes. D’autres nations, sous la bannière Minusma, sont sur le terrain. Le but est le même : participer à la libération d’un Etat souverain envahi par des bandes armées de jihadistes et de terroristes. La guerre dans cette partie de l’Afrique perdure donc. Pourtant, le Mali tout seul aurait pu la gagner. Un Mali peuplé de Maliens de la Fédération du Mali. Pour mémoire, il s’agit de cet Etat qui réunit aux lendemains des indépendances, le Sénégal et le Mali actuel. Deux pays qui ont toujours, du reste, la même devise : «Un peuple, un but, une foi». Si l’essai avait été transformé, ce vaste pays s’enorgueillirait aujourd’hui d’une population de plus de 30 millions d’habitants et s’étendrait sur une superficie de plus de près de 1,5 million de km², … et des moyens beaucoup plus conséquents pour se défendre d’une quelconque agression. Nos faiblesses actuelles découlent jusqu’à présent du morcellement d’un continent. Jugezvous-mêmes : avec un Sénégal, amputé de sa 74 Les Afriques . 7 mai 2015 Daouda MBaye, rédacteur en chef exécutif partie centrale par l’enclave de 10 000 km² de la Gambie. La colonisation a réussi l’entourloupe de réaliser, dans cette partie du continent, deux Etats avec des langues nationales différentes (français et anglais) pour un seul et unique peuple, … Quel gâchis ! Et le Cap Vert, à seulement 400 km au large de Dakar, chef-lieu de la région sénégalaise du même nom ? Vous suivez-toujours ? Pire encore, entre le Togo et le Ghana, le peuple Ewé, toujours divisé, n’a pas encore cessé de panser ses blessures, … Comme si cet émiettement ne suffisait pas, l’Erythrée, un autre micro-Etat, d’à peine 120 000 km², qui barre à l’Ethiopie toute la façade sur la Mer Rouge (sur +2000 km), vient de réaffirmer ses contradictions internes, intrinsèques à ces pouvoirs «imposés». En effet, le régime d’Issias Afeworki essuie mutinerie sur mutinerie. Ce micro-Etat se vide de ses populations. Jugezvous-mêmes, sur une population de 5 millions d’habitants, l’armée compte 550 000 éléments (actifs et réservistes). Il s’agit d’un pays hypermilitarisé ! Je pourrais donner encore beaucoup d’autres exemples… Encore une fois, la solution réside dans l’agrégation de moyens pour aspirer à une réelle souveraineté.