MEKNÈS, CAPITALE DE L`AGRICULTURE AFRICAINE

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DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : ABDERRAZZAK SITAIL
ÉDITION INTERNATIONALE : Afrique Zone CFA 1700 F CFA • France 3,50 € • France DOM 4 € • Maroc 23 DH • Algérie 170 DA • Tunisie 3,30 DT
Mauritanie 1100 MRO • Belgique 3,50 € • Italie 4 € • Canada 5,95 $ CAN • Luxembourg 3,50 € • Suisse CHF 5,9
BGFIBANK, EXTENSION DE L’AGRÉMENT À L’INTERNATIONAL
N° 321 - 7 au 13 mai 2015
Hebdomadaire international
lesafriques.com
Parce que l’information a de la valeur
MEKNÈS, CAPITALE
DE L’AGRICULTURE
AFRICAINE
SOMMAIRE
LES AFRIQUES
N° 321 - 7 au 13 mai 2015
Parce que l’information a de la valeur
EDITORIAL
Agriculture, avenir de l’Afrique
04
BAROMÈTRE
Suite aux instructions du roi du Maroc, son pays va
octroyer une aide d’urgence d’un million de $ au Népal 06
BRUITS DE MARCHÉ
La BAD signe un accord de partage des risques avec
08
Banco Santander
ARRÊT SUR IMAGE
Le président sénégalais Macky Sall, qui a présidé les Assises
de l’Agriculture, en train de faire son allocution, en prélude
au Salon international de l’Agriculture Meknès (SIAM) 12
VERBATIM
14
BANQUES & ASSURANCES
INTERVIEW NADIA FETTAH ALAOUI
16
«Innover et adapter nos modèles»
BGFIBANK Extension de l’agrément international 20
SONAM VIE Leader de l'assurance vie au Sénégal
21
BOURSES & FONDS
BOAD Une ligne de prêt de 3 Mrds
22
de f CFA à CCBM (Sénégal)
ENTREPRISES & MARCHÉS
CAMEROUN
L’AFD conteste le taux de pénétration du téléphone 23
MAROC L’accord signé avec l’Office européen des
24
brevets fait des remous
INTERVIEW EL MOSTAFA AKSIMAN
Les Marocains sont lésés par cet accord
27
POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE
BURUNDI Après l’annonce de la candidature de
29
Nkurunziza, de mal en pis
Quelle diplomatie économique pour l’Afrique
30
TOGO John Dramani Mahama et Alasane Ouattara
33
en pompiers à Lomé
RÉGIONALISATION DU DROIT, RÉGIONALISATION DE
LA PROFESSION D’AVOCAT EN AFRIQUE
34
L’exemple d’ABLE Network
SENEGAL-MCA
36
Les bonnes béquilles pour un second compact
ARRÊT SUR IMAGE Des éléments de la police népalaise
transportent sur une civière le survivant du tremblement
38
de terre Pemba Tamang (15 ans)
DOSSIER
Meknès, capitale de l’agriculture africaine
40
ARRÊT SUR IMAGE Marche de protestation de manifestants
à Baltimore, dans le Maryland pour exiger que justice soit
58
faite, suite aux funérailles de Freddie Gray
FOCUS Accord-cadre avec l’Iran Impacts
60
géostratégiques au Moyen-Orient
RELATIONS INTERNATIONALES
ALGÉRIE-CHINE Visite du Premier ministre
Abdelmalek Sellal à Pékin
66
Que cherche la Russie en Afrique ?
72
PIED DE LETTRE
Et si on redessinait notre monde ?
74
Meknès, capitale de
l’agriculture africaine
La 10ème édition du SIAM (Salon
international de l’Agriculture au
Maroc) s’est tenue du 28 avril au 3
mai 2015 à Meknès. Plateforme de
rencontres et d’échanges, ce
méga-évènement, dédié au
secteur agricole, rassemble
chaque année des centaines de
milliers de visiteurs venus du
monde entier.
40-57
Nadia Fettah Alaoui «Innover
et adapter nos modèles»
Nadia Fettah Alaoui, DG délégué de
Saham Finances, relate, entre autres,
la démarche du secteur pour profiter
d’un marché porteur et soutenir le
développe-ment, l’appui des
pouvoirs publics, l’ambition de
devenir l’assureur de référence pour
sa clientèle en Afrique...
16-19
BGFIBank Extension de
l’agrément international
La Banque gabonaise et française
internationale (BGFI) vient de
franchir une étape décisive de son
développement à l’international
avec l’extension de l’agrément de sa
filiale européenne.
20
Burundi Après l’annonce
de la candidature de
Nkurunziza, de mal en pis
Le président Pierre Nkurunziza du
Burundi a annoncé, samedi 25 avril à
Bujumbura, sa candidature pour briguer
un troisième mandat. Depuis, de
violents heurts ont éclaté dans la
capitale et dans d’autres
agglomérations du pays. Bilan des
affrontements qui se poursuivent depuis
le week-end : au moins deux morts. 29
7 mai 2015 Les Afriques
.3
ÉDITORIAL
Abderrazzak Sitaïl,
Directeur de Publication
Agriculture, avenir de l’Afrique
V
oici un continent qui dispose de
60% des terres non cultivées et de
37% des terres arables. Aussi, d’après
un rapport du Fonds des Nations
unies pour l’enfance, daté de 2014,
l’Afrique va bientôt abriter un quart
de la population mondiale. Le continent, qui compte
actuellement un peu plus de 1,2 milliard d’habitants,
verra sa population doubler en 2050.
Cependant, l’Afrique peut transformer une difficulté
en opportunité. Elle est en mesure de profiter de
l’expérience des plus grands producteurs mondiaux
que ce soit en matière de céréales, d’élevage ou de
production de tout ordre. En effet, en ce début de
21ème siècle, qui se veut agriculture biologique, avec
des populations qui demandent un modèle autre que
celui issu de la production intensive, probablement
nuisible pour l’homme, l’Afrique, en partant de
pratiquement rien, peut mettre en œuvre un
nouveau modèle d’agriculture, tenant compte de
cette expérience. Plus encore, elle a la capacité
foncière et humaine d’innover et de créer des pôles
de transformation en mesure de fixer les populations
rurales sur leur terroir.
LES AFRIQUES
Parce que l’information a de la valeur
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C’est pour cela que la définition d’une agriculture
moderne ne peut prendre son sens que si tous les Etats, à
l’instar du Sénégal du président Macky Sall, en font une
priorité stratégique, pour l’avenir de leur pays. Dans le
cas contraire, famine ayant pour conséquences des
tensions économiques et sociales, l’Afrique se doit de
mobiliser toutes ses énergies, afin de réussir ce pari.
Il s’agit donc de profiter vite des expériences réussies
ailleurs, sachant que la transformation des différentes
spéculations permettra de bâtir une industrie
agroalimentaire génératrice d’emplois et de revenus. Le
secteur primaire pourrait ainsi devenir un réel rempart à
l’immigration clandestine. Les terres arables, restées en
jachère, pourront profiter aussi à de puissants
exploitants, à condition de les louer. Aussi, le cahier des
charges gagnerait à impliquer des clauses, telles qu’une
part de 25% des récoltes et produits soit destinée à la
consommation locale.
Rédaction
Olivier Tovor, Lomé, Sanae Taleb, Casablanca, François
Bambou, Yaoundé, Mohamed Masmoudi, Casablanca,
Carlos Laye, Bordeaux, Abdel Malik (AEM), Dakar, Mohamedou Ndiaye, Dakar, Daouda MBaye, Casablanca, Ibrahim Souleymane, Casablanca, Anas Amin, Tunis.
Responsable e-Marketing
Comité Scientifique
Abdelaziz Enasri, Paris. Finance et
Partenariats Internationaux.
Guy Gweth, Paris. Intelligence économique.
François Konan, New York. Politiques économiques.
Philippe Bourgeois, Paris. Matières premières et coton.
Responsable Abonnement et Distribution
Hasnae Elmadani
[email protected]
Révision
Hassan Radi
Responsable Artistique : Mouhcine El Gareh
Maquettiste : El Mahfoud Ait Boukroum
Directeur de la Publication
Abderrazzak Sitaïl
Edition Internet – en français
Ismaïla Aidara, Dakar.
Mohamedou Ndiaye, Dakar
Rédacteur en chef exécutif
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Chroniqueurs
François Konan, New York. Economie.
Philippe Bourgeois, Paris. Matières premières et coton.
Rédacteur en chef délégué : Ismaïla Aidara, Uemoa.
Rédacteur en chef : Achille Mbog Pibasso, CEMAC.
Grand reporter : Rodrigue Fenelon Massala.
Directeur Développement et Marketing
Libasse Ka
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L’ACTUALITÉ AFRICAINE ET INTERNATIONALE SUR : LESAFRIQUES.COM
4 Les Afriques .
7 mai 2015
Khalid Essajidi
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Base de données
Mokhtar Lasmar
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Diffusion
Presstalis, Sochepress,
Royal Air Maroc, SN Brussel.
Impression
Rotimpres, Aiguaviva (Spain).
Dépôt légal : novembre 2010
Edition internationale
Commission paritaire : 1017 C 89135
Edition Maroc
B.O.N°5618-26 rabii 1429 (3-4-2008)
Crédit photos AFP, DR
© Reproduction interdite sans l’accord écrit de l’éditeur
/LESAFRIQUES
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BAROMÈTRE
Chiffres
44,1
Edoh Kossi Amenounve
Chiffre d’affaires de
Samsung au 1er trimestre
2015
15
MILLIARDS DE
DOLLARS
Suite aux violences xénophobes qui ont traversé
l’Afrique du Sud, il y a de cela 3 semaines, le président du Zimbabwe a refusé de serrer la main
du roi zoulou Goodwill Zwelthini. Il s’est abstenu publiquement de serrer la main que ce dernier lui tendait en public. Le chef de l’Etat
zimbabwéen et président en exercice de l’Union
africaine l’a laissé debout complètement penaud
avec sa main tendue. Il a alors affirmé : «Nous
sommes choqués, dégoûtés…»
Capitalisation boursière
de Dangote Cement qui
envisage une nouvelle
introduction au London
Stock Exchange
Goodwill Zwelithini
John Mahama Dramani
Le Ghana a pris la ferme résolution de jouer sa
partition pour lutter contre la contrefaçon chinoise et préserver son secteur textile. Des mesures fermes ont été prises pour mettre un terme
à la falsification des marques et copies de brevets
en Chine pour ensuite inonder le marché de tissus bon marché. Dans cette cabale qui n’a pas
épargné le pagne traditionnel, les autorités d’Accra se veulent intransigeantes.
13,5
MILLIARDS DE
DOLLARS
Bénéfice Apple
au 1er trimestre 2015, soit
33% comparativement à
T1 en 2014
D’après plusieurs témoignages, les émeutes
contre des étrangers vivant en Afrique du Sud
ont commencé vers la fin du mois de mars 2015,
dans la région du Natal et qu’elles ont été encouragées par le roi des zoulou. Pour 3 raisons
principales, les zoulou figurent en premier parmi
les incriminés. Les clandestins débarquent surtout par le port de Durban, la région du Natal a
une frontière avec le Mozambique, grand émetteur de migrants, dans les mines les étrangers
sont des «concurrents» pour les zoulous.
415
MILLIONS DE
DOLLARS
Appel aux dons de l’ONU
pour le Népal
Mohammed VI
Pierre Nkurunziza
Suite aux instructions du roi du Maroc, son pays
va octroyer une aide d’urgence d’un million de $
au Népal, touché par un séisme dévastateur qui
a fait, suivant le dernier bilan, près de 10 000
morts, des millions de sans-abris et de très gros
dégâts matériels. L’aide marocaine sera acheminée par le biais des Nations unies et s’inscrit dans
le cadre des efforts de la communauté internationale. Un geste de solidarité du Maroc envers le
gouvernement et le peuple népalais.
Le président sortant du Burundi persiste et
signe. Il veut se présenter aux élections pour un
troisième mandat, en dépit des nombreux appels à la raison de la communauté internationale. Depuis l’annonce de sa candidature,
samedi 25 avril 2015, les manifestations n’ont
pas cessé dans la capitale et dans d’autres
grandes villes. La répression des forces de l’ordre
n’y a rien fait. En dépit des morts et des intimidations, la contestation ne faiblit pas…
6 Les Afriques .
7 mai 2015
28
MILLIARDS DE
F CFA
Bénéfice Société Générale
Côte d’Ivoire en 2014
EN PANNE
EN FORME
Pour le directeur général de la BRVM, il est important pour le marché sous-régional en forte
croissance de venir à la rencontre des investisseurs britanniques et internationaux pour leur
exposer l’évolution et la performance de la
Bourse régionale ouest-africaine. Le DG de la
Bourse s’est plu à rappeler aux Investment Days
de Londres qu’avec une capitalisation qui a doublé en 3 ans (7 458 milliards de f CFA, soit près
de 13,8 milliards de dollars au 31 décembre
2014) et une progression constante des transactions, la BRVM, 6ème en Afrique, a la cote.
MILLIARDS DE
Robert Mugabe
DOLLARS
Le brut repart en hausse
Avec un baril de Brent à 65,22 dollars, soit + 0,9%, et celui de
WTI à 57,73 dollars, en hausse de 1,17%, les cours du pétrole
sont repartis en hausse, la semaine dernière. Les analystes
trouvent que cette tendance suit l’annonce d'une hausse inférieure aux attentes des stocks de brut aux Etats-Unis. Alors que
les experts tablaient sur une hausse de 2,8 millions de barils,
ces stocks hebdomadaires de brut n’ont progressé que de 1,9
million de barils.
L’or retrouve des couleurs
Au moment où il est quasi certain que
la Fed va remonter ses taux d'intérêt
dans quelques mois, pour maintenir le
dollar à des niveaux bas, l’or consolide
ses positions. Le métal précieux est
passé au-dessus du seuil des 1 200 $
l’once, atteignant 1 206 dollars en milieu de semaine dernière. L’once d’or,
qui est en train de progresser, s’inscrit
dans une nouvelle tendance. Le plus bas, abandonné depuis mimars 2015 de 1 176 dollars, semble loin derrière. L’or est-il en
train de se positionner en valeur-refuge ?
Gabon : Salon ShieldAfrica du
19 au 21 mai 2015
La 3ème édition du Salon ShieldAfrica se
tiendra du 19 au 21 mai 2015 à Libreville
au Gabon. ShieldAfrica est une plateforme
de rencontres entre les professionnels de
la sécurité en Afrique. L’évènement cible
en priorité les responsables de la défense
et de la sécurité intérieure ainsi que les
décideurs en charge des problématiques
de sécurité.
Abidjan accueille le Salon ouestafricain, du 25 au 27 juin 2015
La 2ème édition du Salon ouest-africain de la
franchise se tiendra du 25 au 27 juin 2015 à
la Chambre de commerce et d’industrie
d’Abidjan-Plateau. Cette édition est placée
sous le thème: «Franchise, opportunité d’investissement et de création de richesse».
Maroc : Salon Plast Expo du 3 au 6
juin 2015 à Casablanca
Le coton au plus haut
Aux Etats-Unis d’Amérique, l’annonce d’une
forte hausse des exportations a dopé le prix du
coton. D’après le ministère américain de l'Agriculture, du lundi 13 avril au jeudi 16 avril, 324
200 balles de coton ont été exportées, soit un
bond de 61%, par rapport à la semaine précédente. Des chiffres qui ont permis au cours du
coton d’atteindre jeudi dernier un plus haut, clôturant à 65,45 $ la livre
sur l'Intercontinental Exchange, pour une livraison en juillet.
Cours des monnaies et devises
100 dinars Algérie (DZD) = 1,028 $
100 rands Af. du Sud (ZAR) = 8,449 $
100 kwanzas Angola (AOA) = 0,914 $
100 livres Egypte (EGP) = 13,109 $
100 birrs Ethiopie (ETB) = 4,875 $
100 cedis Ghana (GHS) = 26 $
100 shillings Kenya (KES) = 1,056 $
100 dollars Libéria (LRD) = 1,081 $
100 dirhams Maroc (MAD) = 10,281 $
100 ariarys Madag (MGA) = 0,032 $
100 ouguiyas Maurit (MRO) = 0,343 $
100 roupies Maurice (MUR) = 2,873 $
100 kwachas Malawi (MWK) = 0,229 $
100 kwachas Zambie (ZMW) = 13,422 $
100 dinars Libye (LYD) = 73,843 $
100 dollars Namibie (NAD) = 8,448 $
Agenda
La Fédération marocaine de plasturgie organise la 6ème édition du Salon international des industriels du plastique et du
caoutchouc, Plast Expo 2015, en partenariat avec Forum 7 et Fairtrade. L’évènement qui se tiendra à la Foire
internationale de Casablanca (OFEC) va
réunir 150 exposants et 2 800 visiteurs.
Sénégal: Le SIPAL se tiendra du
3 au 6 juin 2015 à Dakar
100 nairas Nigéria (NGN) = 0,502 $
100 shillings Somalie (SOS) = 0,143 $
100 leones S. Leone (SLL) = 0,022 $
100 dinars Tunisie (TND) = 52,242 $
100 shillings Tanzanie (TZS) = 0,05 $
100 shillings Ouganda (UGX) = 0,033 $
100 francs Zone CFA (XOF) = 0,170 $
La 3ème édition du Salon international des produits alimentaires, SIPAL, va s’ouvrir du 3 au
6 juin 2015, à Dakar. L’évènement qui vise à
promouvoir l’industrie agro-alimentaire africaine va réunir des professionnels issus de la
biotechnologie, la distribution, les machines
et équipements mécaniques, le transport et la
logistique, les matières premières, etc.
7 mai 2015 Les Afriques
.7
BRUITS DE MARCHÉ
Afrique australe : baisse de 26% de la
production de maïs
La forte baisse de la production de maïs soulève des risques d’insécurité alimentaire en Afrique australe. Par rapport à 2014, la récolte
pourrait chuter de 26% et engendrer des hausses des prix et des importations. Selon la FAO, pour l’année 2015, les prévisions de production pour le maïs, alimentation de base dans cette sous-région,
s’établissent à environ 21,1 millions tonnes, soit quelque 15% de
moins que la moyenne des cinq dernières années. Cette baisse s’explique essentiellement par des conditions météorologiques défavorables. Le démarrage tardif des pluies de saison en novembre-décembre
a été suivi de fortes précipitations qui ont provoqué des inondations
dans certains pays. La région a été frappée de plein fouet par une
longue sécheresse dans les zones australes en février et début mars.
Le chinois CRCC remporte 5,5 mil- Le secteur des assurances enregistre une
liards de $ de contrats au Nigéria et hausse de 7% en 2014 au Sénégal
au Zimbabwe
Le marché des assurances au Sénégal a enregistré une proL’entreprise chinoise China Railway Construction Corp
Ltd (CRCC) a remporté deux contrats d’une valeur totale de 5,5 milliards de dollars pour la construction de
chemin de fer au Nigéria et un complexe résidentiel au
Zimbabwe, selon l’agence de presse chinoise Xinhua.
C’est la China Civil Engineering Construction Corporation (CCECC), une filiale de CRCC, qui va construire cette
ligne de chemin de fer objet de cet important contrat,
dans l’Etat nigérian d’Ogun (Sud-Ouest) pour 3,5 milliards de dollars. L’entreprise CRCC a également conclu
un autre contrat pour un montant de 1,93 milliard de
dollars pour la construction d’un grand complexe résidentiel au Zimbabwe. Ces deux contrats constituent
«une étape importante dans le processus d’internationalisation» du groupe chinois, a déclaré le président du
conseil d’administration de CRCC, Meng Fengchao.
8 Les Afriques .
7 mai 2015
gression de 7,03% en 2014, passant de 96,067 milliards de
f CFA en 2013 à 102,822 milliards de f CFA. Selon les estimations de la Fédération sénégalaise des sociétés d’assurances
(FSSA), l’assurance dommages et l’assurance-vie sont les
principaux segments qui ont porté cette croissance observée
en 2014 avec respectivement 76,128 milliards de f CFA et de
26,684 milliards de f CFA de chiffres d’affaires. Notons que le
marché sénégalais compte actuellement 16 compagnies dans
l’assurance dommages et 7 compagnies dans l’assurance-vie.
Le Canada signe un accord sur
l’investissement avec le Burkina Faso
Le Canada souhaite renforcer sa coopération économique
avec l’Afrique. Le ministre Fast a récemment signé un accord
d’investissement avec le Burkina Fasa. L’accord a été paraphé
du côté canadien par le ministre Fast et du côté burkinabé
par le ministre de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat,
Hippolyte Dah, accompagné du Premier ministre Yacouba
Isaac Zida. L’accord prévoit notamment de protéger les entreprises canadiennes et de leur faciliter l’investissement au
Bukina. En 2014, les échanges économiques bilatéraux entre
les deux pays ont dépassé 75 millions de dollars, en augmentation de 50% par rapport à l’année précédente. Le Canada a
déjà des accords sur la promotion et la protection des investissements étrangers (APIE) avec 28 pays et mène des négociations avec de nombreux autres.
Le Gabon accueille le Col- L’Internet des Objets va générer 1,9 mille
loque mondial des régula- milliards de $ pour les opérations logistiques
teurs du secteur des TIC DHL et Cisco viennent de publier un nouveau rapport de tendance sur
Le Gabon va accueillir du 9 au 11 juin à Libreville le principal Colloque mondial des
régulateurs du secteur des TIC. Organisé
chaque année par l’International Telecommunication Union, l’évènement va
réunir d’éminents orateurs dans le cadre
d’un programme dynamique axé sur les
sujets actuels qui préoccupent les régulateurs du secteur des TIC. C’est Lin
Mombo, président de l’autorité de régulation des communications électroniques
et des postes (Arcep) qui va présider
cette importante rencontre placée sous
le haut patronage de Ali Bongo Ondimba,
président de la République du Gabon.
l’Internet des Objets (IdO) qui révèle un potentiel énorme pour des
chaînes logistiques. D’après les estimations de ce rapport publié à l’occasion de la conférence sur la technologie mondiale à Dubaï, les nouvelles
connexions vont générer 8 mille milliards au cours de la prochaine décennie. « Les pays ont à portée de main un énorme potentiel pour améliorer
leur connectivité et prospérer grâce aux échanges, à l’intégration et à la
technologie. Nous pensons que l’Internet des Objets sera un facteur essentiel de cette transformation mondiale », a déclaré Ken Allen, PDG de DHL
Express, qui parraine le directoire du pôle Technologie à cette occasion.
L’Internet des Objets connecte presque tout à Internet, des colis aux individus, grâce à la technologie des capteurs. Selon le rapport publié, 50 milliards d’appareils seront connectés à Internet d’ici à 2020 contre 15
milliards aujourd’hui. Cette révolution technologique va avoir un impact
très important sur le commerce.
Le bénéfice de la Société
Générale Côte d'Ivoire en
hausse de 100% en 2014
La BAD signe un accord de partage
des risques avec Banco Santander
Le bénéfice net de la Société Générale de
Banque de Côte d’Ivoire (SGBCI), filiale
du groupe français a connu une forte
progression, passant de 13 milliards de f
CFA en 2013, à 27,7 milliards de f CFA en
2014, soit une hausse de 100%. Suite à
cette belle performance, la banque a
opté pour une distribution généreuse de
dividendes. En effet, 18,5 milliards ont
été alloués au titre de dividendes bruts à
répartir aux actionnaires, soit 5 970 f
CFA par action, contre 3 268 f CFA payés
en 2013. D’après les résultats financiers
publiés par la banque en avril, le bénéfice net a été boosté par le solde en correction des valeurs sur créance et du
hors-bilan, qui est passé d’une perte de
11,4 milliards de f CFA en 2013, à un gain
de 2,5 milliards en 2014.
La Banque africaine de développement
(BAD) a annoncé un accord de participation aux risques non capitalisés de 40 millions de dollars avec la banque espagnole
Banco Santander. Ce mécanisme vise à
soutenir les activités de financement du
commerce des banques émettrices en
Afrique. Cet accord devrait faciliter 480
millions de dollars de transactions commerciales en Afrique sur trois ans. Le dispositif va également aider à répondre à la
forte demande du marché en financement
du commerce en Afrique, et soutenir les
échanges commerciaux dans des secteurs
économiques clés, tels que l’agriculture et
l’industrie manufacturière. Il s’agit du premier accord de ce genre que la BAD conclut
avec une banque espagnole. Santander est
une banque de premier plan. Elle est présente sur de nombreux marchés émergents, et soutient le commerce Sud-Sud en
rapport avec l’Afrique.
Donald Kaberuka, PDG de la BAD
Bruce Hemphill, nouveau DG
d’Old Mutual
Bruce Hemphill remplace Julian Roberts au poste de directeur général de
l’assureur anglo-sud africain Old Mutual. Avant sa nomination comme DG
du groupe, Bruce Hemphill était responsable de la division des services non
financiers de la banque sud-africaine
Standard Bank. Il prendra ses nouvelles
fonctions à la fin de l’année en cours.
Julian Roberts a marqué Old Mutual durant les sept années passées à la tête
de ce groupe. Il a multiplié la valeur du
titre par plus de deux et demi, et réussi
l'introduction en Bourse de sa branche
américaine, une opération qui a permis
de lever 483 millions de dollars en octobre dernier. Soulignons qu’Old Mutual est le premier assureur en Afrique.
Il compte quelque 16 millions de clients
en Europe, en Asie, en Afrique et en
Amérique. En janvier dernier, il a racheté une participation de 37,3% dans
UAP Holdings, portant ses parts à
60,7% dans le capital de l’assureur kenyan. Old Mutual qui opère notamment
dans l’assurance-vie, l’assurance dommages, la gestion d’actifs et la banque,
affiche une bonne performance. Le
groupe a enregistré un résultat d’exploitation de 2,47 milliards $ en 2014,
en hausse de 16%.
7 mai 2015 Les Afriques
.9
BRUITS DE MARCHÉ
Cameroun : Buetec veut conquérir
le marché européen
L’entreprise camerounaise Buetec, spécialisée dans le tricotage, la teinture et la confection, vient de mettre en place
un plan d’investissements de 650 millions de francs CFA,
pour étendre ses activités vers le marché européen. L’entreprise compte ainsi exporter des articles 100% camerounais d’ici à 2017. Buetec est actuellement leader au
Cameroun sur le marché des articles publicitaires comme
les t-shirts et polos. Le plan d’investissement prévoit de
mobiliser 250 millions de francs CFA pour améliorer la
productivité et la capacité de production, et 450 millions
de francs CFA pour accroître et assurer les exportations
vers l’Europe d’ici à deux ans. D’ici 5 ans, Buetec ambitionne de quadrupler son chiffre d’affaires actuel (700 millions de francs CFA) grâce aux exportations vers l’Europe.
L’Uemoa veut séduire les investisseurs au forum EU-Africa B2B
AFIG Fund investit dans une entreprise
immobilière au Ghana
L’Uemoa va présenter des projets importants afin de
séduire les investisseurs lors de la 1ère édition du EUAfrica B2B Forum, qui se déroulera du 6 au 8 mai 2015
à Mons (Belgique). Lors de cet évènement organisé par
la Chambre UE-Afrique de commerce (Euacc) et dont
l’Uemoa est partenaire, plusieurs projets d’infrastructure notamment dans le domaine de l’aménagement
d’axes routiers reliant les grandes villes ouest-africaines seront présentés. En plus des pays membres de
l’Uemoa, d’autres pays africains comme le Rwanda, le
Kenya, le Cap-Vert, le Maroc sont également invités et
vont présenter des opportunités d’investissement.
L’objectif du forum est de réunir les milieux d’affaires
afin de discuter de leurs attentes, besoins et opportunités mutuelles en matière de business. Selon les organisateurs, l’EU-Africa B2B Forum permettra aux
professionnels des pays d’Afrique et des secteurs privés européens d’initier des contacts d’affaires.
Le fonds d'investissement Advanced Finance & Investment Group
(AFIG) a investi au sein de Primrose Properties, une entreprise
ghanéenne du secteur immobilier. Les responsables d’AFIG Fund
n’ont pas voulu divulguer le montant de l’investissement. L'opération a été réalisée à travers Atlantic Coast Regional Fund, un
véhicule d'investissement d'AFIG, qui compte parmi ses investisseurs Commonwealth Development Corporation britannique, la
SFI, la Banque européenne d'investissement, la BAD, Finnfund.
AFIG est un fond d’investissement enregistré à l'Ile Maurice qui
possède environ 122 millions $ d'actifs sous gestion. Le fonds dispose de bureaux à Dakar, Johannesburg et Washington.
Mons, Bélgique
10 Les Afriques .
7 mai 2015
Global Management Challenge (Prague), le
Maroc représenté par l'ESITH, à la 10ème place
Le Maroc, arrivé pour la 1ère fois en finale de «Global Management Challenge», plus grande compétition interactive au
monde de stratégie et de management d'entreprise, a raflé une
honorable 10ème place. Pour Pr Ahlaqqach Mustapha, Responsable filière Logistique Internationale à l’ESITH, il s'agit d'un
exploit. Après les éliminatoires qui ont impliqué plus de 40 000
compétiteurs de 30 pays, la finale, qui s'est tenue à Prague (République Tchèque) a vu la participation de 22 équipes de
champions nationaux. Le Maroc était représenté par l'équipe
«Hermès» de l'Ecole Supérieure des Industries du Textile et de
l'Habillement «ESITH». Félicitations aux Russes qui ont remporté la finale du GMC pour la deuxième année consécutive et
un Grand Bravo aux Etudiants qui ont honoré le Maroc.
Continental Re espère doubler ses revenus
issus du secteur du BTP
La compagnie panafricaine Continental Reinsurance s’attend à un doublement
de ses revenus issus du secteur du BTP en Afrique dans les 5 ans à venir, pour
atteindre 80 millions de dollars. «Le BTP a contribué à hauteur de 44% aux revenus de Continental Re, et ce taux devrait atteindre 50% d’ici cinq ans», a déclaré
le directeur exécutif du réassureur, Laurent Nazare, à l’agence Reuters. «Nous
enregistrons une croissance dans tous les secteurs d'activité. Mais les opportunités
sont principalement présentes dans les projets de construction que nous voyons
partout sur le continent», a-t-il ajouté. Selon une étude publiée en mars par le
cabinet Deloitte, les investissements dans le secteur du BTP en Afrique ont atteint 325 milliards de dollars en 2014, en hausse de 46% par rapport à 2013.
Continental Re compte des clients dans 44 pays africains et ambitionne de doubler sa part du marché africain de la réassurance à 10% dans les cinq prochaines années. Fondée en 1985, Continental Reinsurance est leader sur son marché. Elle apporte aujourd’hui un appui à plus de 200 compagnies
d’assurances en Afrique. Cotée à la bourse de Lagos, cette compagnie panafricaine dispose de bureaux dans six
pays du continent (Nigéria, Kenya, Cameroun, Côte d’Ivoire, Tunisie et Afrique du Sud).
Les applications mobiles seront
déterminantes pour les entreprises
selon Oracle
Atlas Mara va acquérir la Banque
Populaire du Rwanda et la fusionner avec une autre banque locale
Oracle vient de publier une nouvelle étude
qui révèle qu’après une mauvaise expérience sur l’appli mobile d’une entreprise,
près de 55% des individus se disent moins
enclins à utiliser les produits ou les services de cette entreprise. D’après cette enquête internationale intitulée :
«Génération du millénaire et mobilité :
comment les entreprises peuvent séduire
la génération des applis», 39% de la génération du millénaire hésiteraient aussi à recommander les produits ou les services
d’une entreprise après une mauvaise expérience avec son appli mobile, et 27% admettent qu’ils commenteraient de façon
négative l’ensemble des produits et services du fournisseur concerné. Selon cette
étude, les entreprises incapables de proposer à leurs clients une expérience mobile
engageante et cohérente avec les valeurs
de leur marque risquent de se mettre à dos
la génération du millénaire et de voir la
concurrence les devancer.
La holding d’investissement Atlas Mara est
en négociations exclusives pour le rachat
d’une participation dans la Banque Populaire du Rwanda (BPR) pour 22,5 millions
de dollars. L’opération permettra de fusionner cet établissement avec la Banque
rwandaise de développement (BRD) qu’elle
contrôle à hauteur de 75%. Ainsi, Atlas
Mara va détenir 45% de la BPR si la transaction est finalisée. Atlas Mara prévoit également d’acquérir d’autres parts dans cet
établissement auprès des actionnaires minoritaires pour porter sa participation
dans la banque fusionnée à plus de 70%.
La fusion de BPR et de la BRD va donner
naissance à la plus grande banque du
Rwanda en termes de nombre d’agences et
la deuxième en termes d’actifs.
Les actionnaires du groupe bancaire nigérian First Monument City Bank (FMCB)
ont donné leur accord en vue de mobiliser 40 milliards de nairas (200 millions
$), dans le cadre d'une stratégie qui vise
à améliorer le seuil de ratio de fonds
propres et d’autoriser la banque à effectuer des niveaux d'opération plus importants. Selon le directeur général de
FMCB Ladi Balogun une douzaine d'investisseurs individus et institutions, ont
manifesté leur intérêt pour cette opportunité. «Nous avons renforcé la position
de notre capital tout au long de l'année
et nous sommes parvenus à relever
notre tiers 2 de capital à un ratio convenable de 19%, ce qui nous place en
bonne position pour des exigences futures», a-t-il déclaré.
Arnold Ekpe, PCA Atlas Mara
Ladi Balogun
First Monument City Bank va
lever 200 millions de $
7 mai 2015 Les Afriques
. 11
ARRÊT SUR IMAGE
Maroc
Le 27 avril 2015. Le président
sénégalais Macky Sall, qui a présidé les
Assises de l’Agriculture, en train de
faire son allocution, en prélude au
Salon international de l’Agriculture
Meknès (SIAM).
12 Les Afriques .
7 mai 2015
7 mai 2015 Les Afriques
. 13
VERBATIM
Libéré
Aucune
«Je voudrais féliciter la Côte
d’Ivoire pour avoir su éviter
cette maladie. Je tiens à féliciter votre ministre de la Santé.
Le Libéria sera totalement libéré d’Ebola le 14 mai»
Ellen Jonhson Sirleaf, prési-
«Nous avons invité le Hezbollah,
mais pas les Iraniens. Il n’y a pas de
troupes iraniennes en Syrie et ils
n’ont envoyé aucune force»
Bachar Al-Assad, président de la
Syrie.
dente du Libéria.
Blindé
Exemplaire
«La coopération agricole
maroco-ivoirienne est exemplaire»
Mamadou Sangafowa Coulibaly, ministre ivoirien de
l’agriculture.
Minorité
«Par des actes insensés, une
minorité d’illuminés veut
prendre en otage notre belle
religion»
Macky Sall, président du Sénégal.
«Boko Haram a reçu du matériel
blindé depuis l’assassinat de
Mouammar Kadhafi»
Idriss Déby Itno, président du
Tchad.
Start-up
«Il y a un marché en Afrique pour les
start-up françaises… Ces dernières
sont capables de mieux se financer et
de procéder à des levées de fonds de
plusieurs millions d’euros pour certaines d’entre elles»
Lionel Zinsou, économiste et banquier
franco-béninois, président du fonds d’investissement PAI.
Conscience
«Suite au décès du jeune noir
américain Freddie Gray,
après des bavures policières
consécutives à une interpellation musclée ayant conduit de
sérieuses lésions à la moelle
épinière, le président des Etats
Unis a affirmé qu’ «il s’agit d’une longue crise larvée,
qu’il n’y avait rien de nouveau»…Enfin, il appelé à un
examen de conscience du pays tout entier»
Barack Obama, président des Etats Unis d’Amérique.
Comptes
«Le secrétaire général de l’ONU,
qui a condamné la vague de violences au Burundi, a demandé aux
autorités de ce pays de mener une
enquête immédiate sur les décès
survenus, afin que les responsables
rendent des comptes»
Ban Ki-moon, SG de l’ONU.
Liberté
Transition
«Nous souhaitons que l’Iran
joue un rôle majeur en Syrie,
en persuadant le régime de ce
pays à participer à une transition politique»
Federica Mogherini, chef de
la diplomatie de l’UE.
14 Les Afriques .
7 mai 2015
«Nous devons nous rappeler que
l’Afrique est un melting pot de pays
et de peuples… Nous sommes de
nouveau convaincus que si nous
nous unissons, nous pouvons résoudre nos problèmes et gagner la prospérité et la liberté que nous méritons»
Uhuru Kenyatta, président du Kenya
BANQUES & ASSURANCES
16 Les Afriques .
7 mai 2015
BMCE BANK accompagne le BRVM
Investment Days
INTERVIEW NADIA FETTAH ALAOUI
«Innover et adapter nos modèles»
Nadia Fettah Alaoui, DG délégué de Saham Finances,
relate, entre autres, la démarche du secteur pour
profiter d’un marché porteur et soutenir le développement, l’appui des pouvoirs publics, l’ambition de devenir
l’assureur de référence pour sa clientèle en Afrique...
L
es Afriques : L'Afrique réalise
une croissance soutenue.
Comment le secteur de l'assurance compte accompagner son
développement ?
Nadia Fettah Alaoui : Le marché de
l’assurance en Afrique représente
l’un des plus dynamiques au
monde. Les compagnies d’assurances africaines doivent innover et
adapter leurs modèles de développement et de distribution afin de
faciliter l'accès aux produits d'assurance à la fois pour les entreprises et
pour la clientèle des particuliers. Le
secteur s'organise donc pour offrir
toute la palette de produits et services, à des tarifs compétitifs pour
accompagner tous les secteurs d'activité des économies émergentes.
Par ailleurs, l'essor de l'assurance
permet de contribuer très significativement au financement moyen et
long terme du développement des
économies africaines, via les réserves techniques.
LA : Avec des taux de pénétration
du marché très bas, quels sont les
segments qui seront investis en
priorité ?
N.F.A. : Le marché de l’assurance
africain montre un fort potentiel de
croissance. Sur ces cinq dernières
années le secteur a enregistré (+8%
par an sur le périmètre de la FANAF,
regroupant 16 pays d’Afrique francophone). Cette performance illustre l’immense potentiel de
développement de la région : la cen-
Se prémunir
de sinistres
et contribier
au développement
de son pays
Le marché de
l’assurance
africain
montre un fort
potentiel de
croissance.
La deuxième édition des BRVM Investment Days, tenue à Londres,
mardi 28 avril 2015, dans les locaux
du London Stock Exchange, a bénéficié du soutien du groupe BMCE
Bank, à travers sa filiale londonienne
BMCE Bank International UK. L’ouverture de la journée du marché fut
rehaussée par la présence, notamment, de Niale Kaba, ministre en
charge de l’Economie et des Finances
de Côte d’Ivoire, Brahim BenjellounTouimi, Administrateur Directeur
Général Exécutif du Groupe BMCE
Bank, Edoh Kossi Amenouve, Directeur Général de la Bourse Régionale
des Valeurs Mobilières, Mohammed
Agoumi, Directeur Général Délégué
en charge de la Coordination de l’International au sein du Groupe BMCE
Bank, et de Xavier Rolet, Directeur
Général du London Stock Exchange.
Brahim Benjelloun avait alors indiqué : «Nous nous enorgueillissons,
pour notre part, que notre groupe
BMCE Bank, à travers plus particulièrement l’enseigne Bank of Africa,
soit actif à la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières, puisque sur les 39
sociétés cotées à la BRVM, 5 émetteurs sont des filiales bancaires du
Groupe Bank of Africa ; à savoir BOABénin dès l’an 2000, BOA-Niger trois
années après en 2003, BOA-Burkina
Faso et BOA-Côte d’Ivoire cotée en
2010, et dernièrement BOA-Sénégal
en 2014 ». Il a précisé que l’ambition
du groupe est d’œuvrer plus hardiment encore à l’avenir, afin que les
opérateurs économiques internationaux considèrent que l’Afrique dispose désormais de places financières
dynamiques et ambitieuses et plus
spécifiquement de Bourses en cours
d’intégration financière. Pour l’Administrateur directeur général exécutif du groupe BMCE Bank , la place
financière régionale d’Abidjan ouvre
la voie aux pays voisins, et d’autres
places financières africaines, telles
que Casablanca Finance City pourrons jouer le rôle de Gateway majeur
pour l’Afrique.
7 mai 2015 Les Afriques
. 17
BANQUES & ASSURANCES
taine de millions d’habitants de la
zone représentaient un marché de
l’assurance de plusieurs milliards
d’euros en 2014.
Le marché des particulier représente
un marché rentable, à conquérir,
dans un contexte d’émergence des
classes moyennes alors que l’essentiel de la croissance a été tirée par le
marché des entreprises ces dernières
années (environ 79% des primes totales en 2014), la clientèle des particuliers apparaît comme le nouvel
eldorado des assureurs africains.
L’émergence des classes moyennes,
accompagnant le boom économique régional, offre une opportunité encore pour les assureurs. Une
large palette de services, à adapter
au contexte spécifique régional,
reste à développer.
A cet égard, le risque automobile
présente un intérêt certain pour les
prochaines décennies : avec des taux
d’équipement automobile 10 à 20
fois inférieurs à ceux des pays
d’Afrique du Nord, et des équipements encore basiques en assurance
(se limitant pour plus de 90% des
clients à la responsabilité civile, légalement obligatoire), ce segment
apparaît comme le principal gisement de croissance sur les prochaines
décennies.
Certains
assureurs ont déjà saisi le potentiel
18 Les Afriques .
7 mai 2015
de ce marché, à l’image de SAHAM
Assurance qui, en partenariat avec
SAHAM Assistance, filiale assistance du Groupe, offre à ses clients
un service d’assistance, grande première en Afrique sub-saharienne.
Les assurances Santé sont également
appelées à croître significativement :
les créations en cours de Caisses
d’Assurance Maladie et de couvertures maladie universelles (déjà effectif au Gabon et au Mali, en
développement en Côte d’Ivoire),
devraient contribuer à la démocratisation des protections santé chez
les classes moyennes.
Aussi, les récents développements
des marchés financiers locaux et
l’évolution de la réglementation en
faveur de l’épargne long-terme, devraient favoriser également la croissance de l’assurance-vie dans la
région.
Enfin, de façon générale, les segments qui émergeront le plus rapidement
seront
ceux
qui
bénéficieront d'un appui des pouvoirs publics, notamment par l'obligation d'assurance.
LA : Le développement économique en général, mais l'émergence industrielle en particulier,
comporte des risques importants.
Il en est de même pour l'urbanisa-
Le marché des Tunis International
Bank adopte
particulier
représente un la «ICS BANKS»
Désormais, dans ses 3 agences et son
marché
siège social, Tunis International Bank
rentable, à
(TIB) utilise la solution complète ICS
BANKS. Il s’agit application bancaire
conquérir.
universelle, entièrement intégrée, qui
déploie une solution et une gamme
de services professionnels pour automatiser et rationaliser les services
bancaires. C’est une propriété d’ICS
Financial Systems Ltd (ICSFS), fournisseur global de logiciels et de services pour les banques et les
institutions financières. Pour rappel,
Tunis International Bank (TIB) est la
première banque établie en Tunisie
sous le régime applicable aux établissements financiers non-résidents et
membre de Burgan Bank, le groupe
bancaire régional appartenant au
Holding koweïtien Kuwait Projects
Company (KIPCO).
Société générale
double son bénéfice
net en Côte d’Ivoire
Société Générale Côte d'Ivoire, filiale
du groupe financier français, a vu son
bénéfice net plus que doubler, passant de 13 milliards de f CFA en 2013,
à 27,7 milliards de FCFA en 2014. Elle
a affiché une bonne maîtrise de ses
charges d'activités, en même temps
qu’elle a accru le produit de ses activités bancaires. Au final le produit net
bancaire en 2014 s’affiche à 68,8 milliards de f CFA contre seulement 60
milliards de f CFA en 2013. Néanmoins, cette bonne tenue a été
quelque peu atténuée par des charges
d'impôts plus importantes (5,5 milliards de f CFA vs 740 millions de
f CFA) et aussi des charges d'exploitation en progression de plus de 4
milliards de f CFA. Mais le bénéfice
net semble avoir été boosté par le
solde en correction des valeurs sur
créance et du Hors Bilan, qui pour
l'année 2013 affichait une perte de
11,4 milliards de f CFA, alors qu'en
2014 cette rubrique a dégagé un gain
de 2,5 milliards de f CFA, relève-t-on
dans un document rendu public.
Union Bank (Nigéria) : un bénéfice en
hausse de 11% à T1
tion galopante des populations
africaines. A quels niveaux se situeront les défis à relever ?
N.F.A. : Le risque est bien le cœur
du sujet et son potentiel est à la fois
l'opportunité qui se présente à
nous, mais également, le défi auquel
nous devons nous préparer.
Les enjeux sont de plusieurs natures :
- une identification la plus en
amont possible des risques, des
analyses et des études approfondies,
un très fort investissement dans la
connaissance des marchés,
- un renforcement de l'expertise et
un enjeu sur la rareté des ressources
humaines hautement qualifiées,
- une régulation politique et une
organisation / structuration des
marchés aux meilleurs standards,
- la mise en place de mécanismes de
prévention et des règles d'indemnisation claires,
- un renforcement des fondamentaux financiers des acteurs du marché via des règles de solvabilité, et
de contrôle interne renforcées.
LA : Des fusions-acquisitions se
réalisent pour gagner en taille et
couvrir de nouveaux périmètres.
Quelles sont les ambitions immédiates et à moyen terme de votre
groupe sur le continent ?
N.F.A. : En effet, le continent observe
une très forte activité M&A qui traduit deux tendances majeures :
- un mouvement important de
concentration dans des marchés relativement atomisés. Ces opérations,
soutenues par les régulateurs, permettent l'émergence d'opérateurs
régionaux de taille significative, avec
des fondamentaux solides, permettant de capter avec sécurité tout le
potentiel du secteur. C'est également le moyen de constituer des réseaux régionaux rapidement plutôt
qu'une solution de création d'activité ex-nihilo.
- un intérêt renouvelé des majors internationaux pour l'industrie de l'assurance en Afrique.
Cette tendance de fonds permet également d’asseoir des groupes qui peuvent apporter une solution globale
continentale en mutualisant leur savoir-faire et leurs infrastructures.
Les principales ambitions de
SAHAM Finances sont de pérenniser
et consolider ses positions de leader
panafricain en assurance, tout en
maintenant sa qualité de service et de
renforcer son réseau pour devenir
l’assureur africain de référence pour
ses clients particuliers et entreprises.
Propos recueillis par
Daouda MBaye
Risque automobile,
un intérêt certains
A la fin du premier trimestre 2015,
Union Bank of Nigeria a enregistré un bénéfice avant impôts de 4,9
milliards de nairas, soit une augmentation de 11%, comparativement aux 4,45 milliards de la
même période de l'année dernière.
Les dépôts de la clientèle se sont
appréciés passant de 527 milliards
de nairas à 545 milliards, tandis
que les prêts nets et avances se
sont établis à 367 milliards de nairas, contre 312,8 milliards de nairas. Pour Emeka Emuwa, PDG
d’Union Bank, au cours du premier trimestre de 2015, la banque
a su capitaliser sur la réalisation
d'initiatives opérationnelles et
technologiques critiques. Aussi, il
a ajouté avons terminé la migration vers Oracle Flexcube UBS
12.0, la dernière version de la
plate-forme bancaire Flexcube,
qui permettra d'éliminer les redondances du système précédentes et de permettre plus rapide
service à la clientèle et les délais
d'exécution dans nos succursales
fois l'intégration complète a été atteint en milieu d'année.
Erratum : Siège
Fanaf
La clientèle
des particuliers apparaît
comme le
nouvel
eldorado des
assureurs
africains.
Suite à la publication de l’article
relatif au siège de la FANA, paru
sur numéro 320, dans le dossier
Assurances, d’involontaires omissions et une malencontreuse erreur se sont glissées dans le texte.
Il fallait lire : «Le siège de la
FANAF comprendra des bureaux
pour le Secrétariat et des bureaux
à usage commercial destiné à la
location pour permettre à la
Fanaf de bénéficier de revenus locatifs. Le coût de l’immeuble du
siège n’est pas encore fixé par le
cabinet d’architecture en raison
de certaines contraintes techniques». Nous nous excusons
après cet impair indépendant de
notre volonté.
7 mai 2015 Les Afriques
. 19
BANQUES & ASSURANCES
BGFIBANK
Extension de l’agrément international
La Banque gabonaise et française internationale
(BGFI) vient de franchir une étape décisive de son
développement à l’international avec l’extension de
l’agrément de sa filiale européenne.
BGFIBank
U
ne nouvelle ère s’est ouverte
pour le groupe BGFIBank, qui
peut désormais mieux se positionner pour la conquête du complexe marché bancaire européen. Dans
un communiqué dont Les Afriques
s’est procuré une copie, la BGFI rapporte que le 21 avril 2015, l’Autorité de
contrôle prudentiel et de résolution
(ACPR) a autorisé, en application de
l’article L.511-10 du Code monétaire
et financier et de l’article 7 du règlement N°96-16 du comité de la réglementation bancaire et financière,
l’extension de l’agrément de BGFI International. En d’autres termes, la filiale bancaire du groupe BGFIBank
peut désormais collecter les dépôts à
vue et à terme auprès d’une clientèle
d’entreprises. Un nouveau cadre réglementaire qui présage de l’extension de
l’entreprise dans le Vieux continent, en
plus d’une représentation dont dispose cette banque en France.
Pour le président-directeur général de
ce holding financier, Henri Claude
Oyima, «ce nouvel agrément conforte le
développement à l’international de notre
Groupe, il nous permet d’exercer notre
métier dans sa globalité au sein de notre
filiale européenne. Nous pouvons ainsi
20 Les Afriques .
7 mai 2015
plus facilement accompagner le financement de projets à destination de
l’Afrique tout en continuant d’offrir aux
investisseurs internationaux un accès direct aux opportunités d’investissements
en Afrique, en mettant à leur disposition
notre connaissance du marché et un réseau qui s’étend sur plusieurs pays».
Fort de cet agrément, il est indéniable
qu’il s’agit là, d’une «étape supplémentaire conforme aux orientations de notre
projet d’entreprise Excellence 2020 et qui
confirme notre ambition d’être un
Groupe financier africain pour le
monde» a précisé, le Président-directeur général du Groupe BGFIBank.
Etablissement de crédit spécialisé, dirigé par Bernard Pedeprat-Lamenichou, BGFI International a démarré
ses activités en novembre 2009 et a acquis à ce jour une réelle expertise dans
les techniques de financement du
commerce international et de correspondant bancaire. Il s’agit là d’un nouveau palier franchi par le premier
groupe bancaire de la Communauté
économique et monétaire de l’Afrique
centrale (Cemac) dont le total bilan
pour l’année qui s’est écoulée a culminé à 3 000 milliards de f CFA.
Achille Mbog Pibasso, Douala
Ambition
d’être un
Groupe
financier
africain pour le
monde.
Maroc : Inauguration
officielle de la centrale photovoltaïque
Copag de Taroudant
Réalisée en collaboration avec
Dena (agence allemande de l’énergie), la centrale photovoltaïque de
25 kWc de la COPAG (Coopérative
Agricole), sera officiellement inaugurée le 6 mai 2015 à Taroudant. Il
s’agit d’un projet pilote (COPAG et
SOLAR23), soutenu par le ministère allemand de l’Economie et de
l’Energie (BMWi). Une cérémonie
qui sera marquée par la présence
de Loultiti Mly M'hamed, président
de la COPAG, et de S.E. l'ambassadeur de l'Allemagne au Maroc.
Acquisition de Fastbooking : Accélération de la stratégie
digitale chez Accor
Accor annonce la reprise de Fastbooking, société spécialisée dans les services digitaux aux hôteliers. Avec
cette acquisition, Accor accélère sa
stratégie digitale. Pour rappel, Fastbooking est une société française,
créée en 2 000. Elle sert au quotidien
près de 4 000 hôtels dans le monde.
Ses principales activités sont la création de sites internet pour les hôtels,
les solutions de gestion de canaux de
distribution, le pilotage de campagnes de marketing digital, et les outils d’optimisation en matière de
revenue management et de veille
concurrentielle. Ses deux principaux
marchés sont l’Europe et l’Asie. Pour
Sébastien Bazin, président-directeur
général d’Accor, la reprise de Fastbooking constitue un accélérateur
dans la mise en place de notre stratégie digitale. Après l’acquisition de
Wipolo en octobre dernier, cette nouvelle opération leur a permis de compléter leur savoir-faire, et de
renforcer l’expertise numérique du
Groupe au service de ses hôtels. De
son côté, Jean-Gérard Galvez, PDG
de Fastbooking, a trouvé que cette
opération marque le début d’une
nouvelle phase de développement.
SONAM VIE
Leader de l'assurance vie au Sénégal
L'assurance Vie du marché sénégalais, qui a généré un chiffre d'affaires de
24,483 Mrds de f CFA (1/4 du marché cumulé) sur un portefeuille cumulé de 102
milliards de f CFA (vie et dommages), est dominée par Sonam Vie. La compagnie
sénégalaise a fait bonne fortune avec dans les coffres 7,014 milliards de f CFA,
largement devant les majors offshore et groupes panafricains Allianz, Sunu, NSIA.
A
vec un marché constitué de
16 sociétés, 7 compagnies
font l'activité vie (Sonam
Vie, Allianz Vie, Sunu Vie, NSIA Vie,
Amsa Vie, Sen Vie). Selon les chiffres du dernier bilan clos au 31 décembre 2014, le mammouth du
marché est Sonam Vie. Son chiffre
d'affaires en 2014 est de 7, 014 milliards de f CFA largement devant
l'allemand Allianz Vie et les deux
groupes panafricains, Sunu et NSIA.
L'embellie du secteur tirée de l'attractivité et de la stabilité du marché
sénégalais s'est consolidée davantage. Les derniers chiffres en notre
possession confirment que le marché est largement dominé par la
branche dommages, appelée IARD,
qui concentre les 3/4 du volume financier global représentant une collecte de primes évaluée à plus de 76
milliards de f CFA.
La camerounaise SAAR, qui cherche
toujours ses marques avec 1,207 mil-
liard de f CFA, et Sen Vie la dernière
du marché ferment le tableau. Sen
Vie qui tourne ses pouces n'a pas
franchi la barre des 605 millions de f
CFA. Les filiales des majors offshore
Axa et Allianz et le marocain Saham
(ex-Colina) cumulent à eux trois
pour le segment dommages la bagatelle de 25 milliards de f CFA sur le
matelas de 76 milliards de f CFA. La
filiale sénégalaise du groupe panafricain, NSIA dommages, de l'entrepreneur ivoirien Jean Diagou, a
amassé la rondelette somme de 9
milliards 268 millions de f CFA. La
Prévoyance Assurance qui n'a pas de
branche vie s'adjuge la 6ème place
avec un chiffre d'affaires de 5 milliards 521,8 millions de f CFA contre
7 milliards l'année précédente. Du
côté de la Prévoyance Assurance, ce
résultat trouve bien son explication
dans les annulations estimées à plus
de 1,5 milliard. «La pente sera remontée en fin 2015, nous y travaillons
Timide percée de
la branche vie
L'embellie du
secteur tirée
de l'attractivité et de la
stabilité du
marché
sénégalais
s'est
consolidée
davantage.
d'arrache-pied», commente une autorité de la compagnie. La compagnie Salama, ex-Sosar Al Amane,
Sonac, CNAAS, MAAS occupent le
dernier carré du peloton de l'activité
IARD avec des primes globales évaluées à 4 milliards de f CFA. Là où la
Sonam SA engrange a elle seule 4
milliards 190,7 millions. Avec une
collecte de primes cumulées de l'ordre de 102 milliards de f CFA, le
marché sénégalais continue d'attiser
les convoitises. La compagnie marocaine Wafa Assurance qui a pris pied
à Dakar, il y a plus de six mois à travers deux filiales nouvellement
créées (Wafa Assurance Vie SA, pour
le marché Vie, et Wafa Assurance SA,
pour l’activité non vie), a déjà lancé
le multirisque habitat et automobile.
La marocaine va s'adosser sur le réseau bancaire Attijariwafa Bank
pour s'adjuger d'importantes parts
de marché.
Ismael Aidara, Dakar
7 mai 2015 Les Afriques
. 21
BOURSES & FONDS
BOAD Une ligne de prêt de 3 Mrds de f CFA
à CCBM (Sénégal)
CCBM Industries Espace Auto va bénéficier d'une ligne
de prêt auprès du guichet de la BOAD (institution sousrégionale basée à Lomé, au Togo) pour le financement
de l’assemblage et de la commercialisation d’engins
agricoles et de matériel roulant.
Accord de coopération Malawi-Egypte
pour le tourisme
Le Malawi et l’Egypte ont signé,
jeudi dernier à Lilongwe, un protocole d'accord pour l’amélioration des relations dans le secteur
du tourisme. Le protocole d'accord
vise à aider, entre autres, la commercialisation et la promotion des
activités touristiques, à travers la
participation à des foires du tourisme, des expositions et des manifestations organisées dans les
deux pays et des échanges de visites de responsables du tourisme,
etc. Kondwani Nankhumwa, ministre de l'Information, du Tourisme et de la Culture du Malawi,
avait alors indiqué que le gouvernement de son pays a bien perçu
l'importance du tourisme pour
l'économie et a toujours mobilisé
les intervenants et les diplomates
pour sa promotion.
Kenya : Le low-cost
pour désenclaver
Kisumu et Diani
Ukunda
L
e président de la Banque
ouest-africaine de développement (BOAD), Christian
Adovelande, et l'entrepreneur sénégalais Serigne Mboup, président-directeur général de CCBM, vont
signer fin avril une convention au
terme de laquelle l'institution financière mettra à la disposition du géant
sénégalais de l'automobile une ligne
de financement à court terme d’un
montant de 3 milliards de f CFA.
Ce prêt à court terme, en faveur de
CCBM Industries Espace Auto, servira au financement de l’assemblage
22 Les Afriques .
7 mai 2015
et de la commercialisation d’engins
agricoles et de matériel roulant,
deux grands chantiers sur la table
du géant sénégalais, soumis à une
rude concurrence avec les filiales des
majors constructeurs offshore. Décembre dernier, la firme française
Necotrans via sa branche automobile Necotrans Automobile avait
cédé sa marque Nissan à Japan Motors qui a pris l'option de conquérir
le marché sénégalais, porte d'entrée
de la stratégie d'expansion de Japan
Motors.
Ismael Aidara, Dakar
Serigne Mboup,
entrepreneur
sénégalais et PDG
de CCBM
Les vols low-cost vont intensifier les
liaisons aériennes entre les grandes
villes et celles de Kisumu et Diani
Ukunda, au Kenya. Willem Hondius, PDG de Jambojet, a annoncé
des vols 2 fois sur Kisumu le dimanche et 3 fois par jour, le jeudi et
le vendredi. Cela portera le nombre
de dessertes sur cette localité, au
bord du lac, à 16 par semaine.
Quant à Ukunda sur la Côte Sud,
Jambojet va réaliser 2 vols par jour.
Hondius a révélé que Jambojet a affrété un avion Bombardier Q400
auprès de DAC Aviation pour desservir les routes Kisumu et Eldoret.
Rappelons que cette compagnie aérienne, qui cumule 500 000 depuis
sa création il y a un an, a lancé les
vols sur Lamu, Malindi et Ukunda
le 28 mars, ce qui porte à 7 le nombre de destinations desservies sur le
marché kenyan. Les autres sont Nairobi, Kisumu, Eldoret et Mombasa.
ENTREPRISES & MARCHÉS
CAMEROUN
L’AFD conteste le taux de pénétration du téléphone
Dans un récent rapport, l’Agence française de développement (AFD) remet
en cause les chiffres de l’organe de régulation du secteur des
télécommunications au Cameroun.
L
e moins que l’on puisse dire,
c’est qu’indépendamment du
boom du téléphone mobile
au Cameroun, l’on est loin de s’accorder sur le taux de pénétration
auprès des usagers. C’est sans doute
la raison d’un quiproquo entre
l’Agence française de développement (AFD) et le régulateur du secteur de téléphone dans ce pays. En
effet, l’AFD a révélé dans sa dernière
revue «Savoirs communs», éditée en
partenariat avec l’Agence universitaire de la francophonie (AUF) et
l’Organisation des Nations unies
pour l’éducation (Unesco) que le
taux de pénétration du téléphone
mobile au Cameroun, en 2014, culmine à 36% contrairement aux chiffres de l’Agence de régulation des
télécommunications (ART) qui le
situe à 71%. Sur la base des statistiques de l’AFD, le Cameroun
pointe loin derrière les pays afri-
cains, tels que le Botswana 75%, l’Ile
Maurice 7%, la Côte d’Ivoire 46%
ou encore le Nigéria 42%.
Des chiffres en totale contradiction
avec le régulateur national qui soutient
que le taux de pénétration du téléphone mobile est passé de 9,8% en
2004 à 71% en 2014, soit une augmentation de 62% en l’espace de dix ans.
Toutefois, l’ART avait expliqué que ce
taux de «pénétration du mobile avait été
calculé sur la base du nombre de cartes
SIM effectivement activées dans le pays
et non sur la base du nombre d’abonnés
total à la téléphonie mobile par rapport
à la population». Par ailleurs, l’AFD
n’aurait pas tenu compte de certaines
données, d’autant que depuis l’année
dernière quatre opérateurs de téléphonie mobile opèrent au Cameroun. En
plus de la société Organe-Cameroun,
filiale de France télécoms, et de la multinationale sud-africaine la Mobile telephon network (MTN), il y a
Différence
sur le taux
de pénétration
téléphonique
Depuis l’année
dernière 4
opérateurs de
téléphonie
mobile opèrent
au Cameroun.
En plus de la
société
OrganeCameroun.
désormais Nexttel, filiale du Vietnamien Viettel, à quoi il convient d’ajouter l’opérateur public, la Cameroon
telecommunications (Camtel), naguère tournée vers l’exploitation du téléphone fixe seulement.
Selon des experts, les chiffres de
l’AFD ne seraient pas totalement fiables, dans la mesure où, même en faisant le rapprochement entre le
nombre d’abonnés au mobile, le taux
de 36% serait en deçà de la réalité,
puisque selon les chiffres de l’ART et
du ministère camerounais des Postes
et Télécommunications, 16 millions
de personnes disposent d’un téléphone mobile au Cameroun sur une
population estimée à 22 millions
d’habitants. Loin de trancher ce
débat, il est loisible de constater que
dans tous les coins et recoins du Cameroun, des populations ont accès au
téléphone portable.
Achille Mbog Pibasso, Douala
7 mai 2015 Les Afriques
. 23
ENTREPRISES & MARCHÉS
MAROC L’accord signé avec l’Office
européen des brevets fait des remous
Depuis le 1er mars dernier, l’accord, signé en janvier par
l’Office marocain de la propriété industrielle et
commerciale (Ompic) et l’Office européen des brevets
(OEB), est entré en vigueur. Un accord controversé qui
soulève des critiques chez les professionnels.
Grandes ambitions
du tourisme
éthiopien
Pour soutenir son économie, l’Ethiopie table sur ses abondantes ressources touristiques qui comprennent
un large éventail de sites allant d’une
dépression de 10 m au-dessous du niveau de la mer au pic de Ras Dashan
culminant à 4 591 m, des lacs, fleuves
et rivières, mais aussi des chutes, etc.
Le pays, qui dispose de sites archéologiques qui le mettent en valeur, notamment les endroits de l’origine de
l'humanité, une nature dotée de parcs
vierges trouvés dans différentes parties du pays, de monuments antiques,
de lieux de culte, de sites de civilisations antiques… va capitaliser sur ces
valeurs. Autant de sites touristiques
pour attirer des visiteurs.
L’Egypte cible
26 milliards de $ de
revenus touristique,
en 2020
L
e 19 janvier dernier, Adil El
Malki, directeur général de
l’Office marocain de la propriété industrielle et commerciale
(Ompic), et Benoît Battistelli, président de l’Office européen des
brevets (OEB), ont signé un accord
qui prévoit, à partir du 1er mars
2015, l’entrée en vigueur du système de validation des brevets européens au Maroc. En vertu de cet
accord, le premier du genre en dehors de l'espace européen, les déposants de brevets d'invention
pourront intégrer le Maroc, à partir de la procédure auprès de
l'OEB, en même temps que les pays
européens. Ainsi, ces brevets auront les mêmes effets juridiques
qu'un brevet national et seront
24 Les Afriques .
7 mai 2015
soumis à la législation marocaine,
ce qui, selon l’Ompic, «permet
d'offrir une nouvelle voie pour la
protection des inventions en plus
de contribuer à attirer les investissements à forte valeur ajoutée». Il
s’agit, donc, selon la version officielle, d’un accord tout bénef pour
le Maroc qui pourrait s’aligner sur
les standards internationaux
conformément aux grandes orientations de la coopération entre le
Maroc et l’UE et principalement
entre l’Ompic et l’OEB. C’est en
tout cas ce qu’expliquait à l’époque
le DG de l’Ompic, pour qui cet accord «contribuera à réduire le délai
d'examen des demandes marocaines de brevets d'invention, ce
qui leur facilitera la protection au
L’Accord
controversé entre
l’Ompic et l’OEB
Un accord qui
prévoit, à
partir du 1er
mars 2015,
l’entrée en
vigueur du
système de
validation des
brevets
européens au
Maroc.
Le Cabinet du Premier ministre égyptien Ibrahim Mahlab vient de dévoiler une stratégie mise en œuvre pour
augmenter le nombre de touristes
afin de porter les revenus à 26 milliards de $ en 2020. Ce Plan, qui vise
20 millions de touristes par an, a été
présenté par Khaled Rami, ministre
égyptien du Tourisme. Pour rappel, le
tourisme a toujours été une source
principale de revenus en Egypte,
jusqu’au soulèvement populaire qui a
renversé le régime de l'ancien président Hosni Moubarak en 2011, et a
déclenché 4 années de troubles politiques et chamboulé le secteur.
Erratum
Dans l’éditorial paru dans notre
magazine n° 320, du 30 avril 2015,
intitulé « Immigration, notre échec
», une malencontreuse erreur s’est
glissée. Il fallait lire « Deux chiffres :
dans le couloir maghrébin, 8 000
immigrés ; dans le couloir libyen,
170 000 ont été décomptés », au lieu
de « … 17 000 ».
niveau international dans les délais
de priorité contrairement à d'autres offices de la région qui examinent toutes les demandes dans des
délais qui dépassent la durée de
priorité». De même, Adil El Malki,
qui s’appuie sur des études menées
par l’Ompic en amont de la signature de l’accord, estime que «cette
loi constitue une opportunité pour
rehausser le niveau des brevets
d'invention pour encourager et
améliorer le niveau de l'innovation
nationale et attirer les investissements de forte valeur ajoutée et
enfin pour augmenter la valeur
ajoutée de nos entreprises et monter dans la chaîne de valeur». Il
faut dire que la montée au créneau
de l’Ompic n’est pas fortuite
puisque l’annonce de l’accord
entre le Maroc et l’OEB a soulevé
une véritable polémique au
Royaume.
Un accord très critiqué
Dès l’annonce de la signature de
l’accord, plusieurs associations
professionnelles ont vivement
réagi à ce qu’elles considèrent
comme une vraie menace pour le
marché marocain. C’est dans ce
cadre que les opérateurs relevant
du secteur de l’industrie pharmaceutique ont fait cas de leurs in-
quiétudes, à travers l'Association
marocaine de l'industrie pharmaceutique (AMIP) et de l'Association marocaine du médicament
générique (AMMG). Pour ces derniers, l’accord constitue ni plus ni
moins une «mise sous tutelle européenne du système national des
brevets» en plus de renforcer certains monopoles, ce qui va ruiner,
notamment, la production nationale des médicaments génériques.
Il faut dire qu’au Maroc, le marché
des génériques est très stratégique
puisqu’il représente 30% du marché pharmaceutique marocain,
soit à peu près 68,5 millions d'unités vendues et près de 2 milliards
de dirhams. Selon les projections
du gouvernement, l’objectif du
taux de pénétration du générique
visé à l’horizon 2015 est de 60%, ce
qui représente une véritable niche
pour l’industrie du secteur. Il y a
donc de quoi susciter les vives inquiétudes de la profession qui
n’hésite pas de qualifier ledit accord de «totalement asymétrique
de type gagnant-perdant», surtout
qu’il ne prévoit pas la réciprocité,
c'est-à-dire la reconnaissance automatique en Europe des brevets
déposés au Maroc. De ce fait,
l'AMIP et AMMG estiment «qu'un
tel accord ne peut que renforcer
Libéria : Reprise
Plusieurs
associations des travaux du
Pont Caldwell
professionLes travaux sur le Pont Caldwell au
nelles ont
Libéria, suspendus en raison de l’épivivement réagi démie d’Ebola, a repris et devrait être
à ce qu’elles achevé en septembre 2015. Révélations du ministère libérien des Traconsidèrent
vaux publics, qui par la voix de
comme une
Joseph Morris Keita, directeur de la
vraie menace communication au ministère, a souqu’Henan International Compour le marché tenu
pany Construction chinois (CHICO)
marocain.
a récemment repris le travail. A noter
que la plupart des projets, prévus
pour la réalisation par le gouvernement du Libéria (GED), sont très en
retard en raison de l'épidémie du
virus Ebola Maladie (EVD).
Ethiopie : Le nécessaire développement
de l’infrastructure
routière
Menaces sur
le «Made in
Morocco» ?
Le développement économique rapide, en cours dans tous les secteurs,
nécessite l'expansion d’infrastructures routières pour répondre à la demande. Vu que l’économie est
principalement basée sur l'agriculture qui contribue pour 60% des recettes en devises alors que 70% de la
production agricole provient de
zones éloignées des routes principales, pour le transport des intrants
agricoles, la construction et l'amélioration de routes aux standards internationaux est essentielle. En outre, le
secteur florissant de l'industrie met
des exigences très élevées sur le besoin de construire des routes modernes. Le gouvernement éthiopien
en est conscient et accorde beaucoup
d'importance à l’expansion d’infrastructures routières. Justement, l’Autorité routière éthiopienne a
récemment conclu un accord avec
deux entreprises internationales et
des entreprises locales pour la
construction de routes dans différentes parties du pays. L'Autorité a
d’ailleurs indiqué que la construction
des routes contribue à faciliter la
nouvelle économie de la nation.
7 mai 2015 Les Afriques
. 25
ENTREPRISES & MARCHÉS
une politique commerciale déséquilibrée où les concessions vont
toujours dans un sens et pas dans
l'autre».
L’avis de spécialistes
Les réserves des associations professionnelles sont appuyées par l’avis
de certains spécialistes en matière de
propriété intellectuelle qui estiment
également que l’accord est en défaveur du Maroc. Selon El Mostafa
Aksiman, consultant marocain en
propriété industrielle et inventeur,
cet accord que l’Institut français de
la propriété intellectuelle (INPI) et
l’OEB ont imposé au Maroc, porte
«de graves préjudices au pays et à
son développement». L’expert n’hésite pas à rappeler les dispositions
instaurées en 1916, du principe du
SGDG (Sans garantie du gouvernement) selon lequel tous les titres délivrés par le Maroc depuis 1916 à ce
jour sont « Sans garantie du gouvernement ». En clair, tous les titres
de propriété industrielle (brevets,
marques, modèles) que le Maroc a
délivrés depuis 1916 l’ont été sans
garantie du gouvernement. « Cela
veut dire en substance que le gouvernement ne garantit pas les investissements qui pourraient être
engagés pour l’exploitation de ces
26 Les Afriques .
7 mai 2015
titres, pourtant délivrés conformément à la loi », résume le spécialiste
qui rejoint ainsi les controverses
qu’engendre le jumelage en cours
entre les offices de propriété intellectuelle marocains et européens.
Comme il fallait s’y attendre, ces accusations sont rejetées en bloc par
l’Ompic qui met en avant les gardefous prévus dans la loi 17-97 relative
à la protection de la propriété industrielle. Le texte qui a été récemment actualisé, à travers de
nouveaux amendements, introduit
en effet des mesures exceptionnelles
au droit conféré par le brevet, notamment la disposition dite de
«Bolar» qui consiste à autoriser
l'utilisation du brevet dans le cadre
d'études ou essais requis en vue de
l'obtention de l'autorisation de mise
sur le marché. A cela s’ajoutent les
mesures déjà prévues par la loi 1797 qui permettent dans des situations
particulières
(prix
anormalement élevé, insuffisance
sur le marché national, intérêt de la
santé publique...) l'octroi des licences obligatoires ou d'office pour
des brevets de médicaments par acte
administratif. De quoi atténuer les
inquiétudes des professionnels sans
toutefois mettre fin à la polémique.
Ibrahim Souleymane
Kenya : Début de la
Accusations
sont rejetées reconstruction à
Mpeketoni
en bloc par
Les chefs d'entreprise de Mpeketoni
l’Ompic qui
commencé à reconstruire leurs
met en avant ont
locaux détruits lors des attaques terles garde-fous roristes de l'année dernière. Environ
prévus dans la 10% des bâtiments qui ont été incendiés pendant les raids étaient des
loi 17-97
locaux commerciaux, y compris les
relative à la
hôtels, restaurants, magasins et maiprotection de sons d'hôtes. Le gouvernement national avait promis d'aider à
la propriété
reconstruire les locaux, mais cela n'a
industrielle.
pas été le cas 10 mois après l'attaque
qui a laissé plus de 90 morts. Pour
rappel, le 16 juin 2014, Anne Waiguru, secrétaire du Cabinet du gouvernement, évaluait le montant des
dommages avant de se lancer sur la
reconstruction des bâtiments.
Le Ghana à l’assaut
de la contrefaçon
chinoise dans
le textile
Laboratoire
de recherche
pharmaceutique
Le Ghana redouble d'efforts pour
mettre fin à la contrebande dans le
secteur textile, notamment des produits contrefaits en provenance de
Chine. Les autorités ont déploré
que les quantités de produits piratés vendus à bas prix ont contraint
plusieurs fabricants locaux à la faillite. Le marché de l'art et des textiles
célèbres dans la capitale Accra n’a
pas fait exception. Parmi les nombreux modèles concernés, le fameux tissu Kente, populaire parmi
le peuple Akan. L'industrie du textile au Ghana est de plus en plus
confrontée à la concurrence de copies bon marché de contrebande en
provenance de l'étranger, en particulier en provenance de Chine. John
Amoah, assistant du directeur de la
protection de la marque à Akosombo Textiles qui produit des tissus africains, a soutenu qu’ils sont
face à des gens non identifiés qui
prennent le logo de leur marque,
l'envoient à l'extérieur, l'impriment,
pour ensuite inonder le marché de
produits contrefaits.
INTERVIEW EL MOSTAFA AKSIMAN
Les Marocains sont lésés par cet accord
Dans cette interview, El Mostafa Aksiman, premier
conseiller en propriété industrielle du Maroc réagit
face à cet accord controversé que le Maroc a signé
avec l’Office européen des brevets (OEB).
L
es Afriques : Vous souhaitez
ouvrir un débat national au
Maroc sur la propriété industrielle. Pourquoi une telle approche ?
El Mostafa Aksiman : Un débat national sur la propriété industrielle
s’impose et la plus belle des preuves
de sa nécessité est le fait que la nouvelle loi et l’accord Ompic-OEB qui
viennent de voir le jour et qui sont
censés impacter la vie des citoyens,
toute catégorie et tout secteur
confondus, n’ont suscité de réactions que de la part de trois ONG et
de moi-même. Ce déficit est là, immense, qui nous appelle à agir pour
informer et sensibiliser les citoyens
sur ce secteur et inciter à leur participation pour le développement de
l’activité créative nationale, notamment par les innovations et la mise
en place d’un système à même de
contribuer et favoriser le développement national.
L’industrie du tabac,
vitale pour l’économie zambienne
Pour, Tim Carter, président de l’Association zambienne du tabac
(TAZ), l’industrie du tabac emploie
actuellement plus de 450 000 personnes. Autant d’effectifs pour ajuster la production zambienne à la
demande sur les marchés internationaux et régionaux. Il s’agit d’un
secteur vital pour l’économie du
pays. Un pays qui produit certaines
des meilleures variétés de tabac au
monde. Pourtant, la culture du
tabac a cessé de croître en volume, au
cours des 4 dernières années. Aussi,
le président de TAZ a déploré que la
saison 2013/14 de la commercialisation a été très difficile, avec un excédent de tabac sur le marché mondial.
En outre, dictés par la loi de l'offre et
de la demande, les prix de la récolte
n’ont pas été à la hauteur des attentes
des membres de l’Association.
Important soutien
au secteur du café
ougandais
LA : Selon vous, il faudrait également réformer l’Ompic. Que
faut-il changer au niveau de cette
institution ?
E.M.A. : En effet, l’Ompic, dont
nous venons de voir la façon de
faire dans le cadre de l’accord
Ompic-OEB et aussi dans celui de
propriété industrielle, est certainement un organisme déficient à plus
d’un titre qui doit faire urgemment
l’objet d’une refonte totale à commencer par la loi qui l’a créé en
1994. Ce texte fait de cet organisme
le premier et unique office au
monde à faire état de « propriété
commerciale » comme activité à
côté de la propriété industrielle. Il
s’agit là à l’évidence d’une aberration que l’on pourrait considérer
comme une invention que notre
Office aurait dû breveter. Cette
ineptie a entaché et entache encore
l’image du Maroc et sa crédibilité
depuis 1994. En effet, la propriété
El Mostafa
Aksiman, premier
conseiller
en propriété
industrielle
du Maroc
L’Ompic est
certainement
un organisme
déficient à plus
d’un titre qui
doit faire
urgemment
l’objet d’une
refonte totale
Un financement de 1,3 milliard de
shillings ougandais de l’USAid a été
débloqué au bénéfice des petits exploitants agricoles ougandais, en
particulier des jeunes et des femmes,
de la filière café. Pour les responsables, il s’agit d’une initiative qui vise
à accroître la production de café du
pays et qui s’inscrit dans le cadre du
programme américain Feed the Future Initiative. Le projet vise à accroître la productivité du café pour
20 000 petits exploitants dans 22 districts où la production de café est en
croissance. Pour les experts de café,
la politique, adoptée en 2014 par le
gouvernement ougandais, pourrait
déclencher une relance du café, qui à
un moment donné était la principale
culture de rente d’Ouganda et la plus
grande source de devises. A noter
qu’il sera piloté par le National
Union of Coffee Agribusiness and
Farmer Enterprises (Nucafe), syndicat des producteurs de café.
7 mai 2015 Les Afriques
. 27
ENTREPRISES & MARCHÉS
intellectuelle, définie, connue et reconnue par la communauté internationale, comprend le droit
d’auteur et la propriété industrielle,
qui, elle, concerne les brevets d’invention, les marques, les modèles et
le nom commercial et ne reconnaît
en aucun cas une quelconque «propriété commerciale». La Convention de Paris, fondement de toutes
les législations de toute la propriété
industrielle au monde, y compris le
Maroc, ne fait nullement état de
cette «propriété commerciale» et ne
reconnaît donc aucun titre de propriété ayant pour objet une «propriété commerciale» telle que celle
annoncée par notre Office de propriété industrielle et commerciale
(OMPIC).
D’ailleurs, même la loi de création
de l’Ompic ne fait pas état de la définition de cette «propriété commerciale» ni des conditions de sa
protection ni de la nature des titres
de propriété la concernant. Ceci résulte du simple fait qu’il n’y a pas
de «propriété commerciale» et l’appellation de cet office, Office marocain de la propriété industrielle «et
commerciale» (Ompic), est une
aberration qui a provoqué la curiosité des opérateurs et investisseurs, à
travers le monde qui souhaitaient
28 Les Afriques .
7 mai 2015
«bénéficier» de la protection de
cette propriété commerciale marocaine que même le WIPO à Genève
ne connaissait pas. Cette réaction
aboutissait généralement à des sourires très significatifs sur la réalité
marocaine en ce domaine.
Ajoutée à cette tare la situation de
marasme total qui caractérise le
quotidien de cet office, il y a là certainement motif à refonte de cette
tache honteuse du système de propriété industrielle marocain.
LA : Quelles sont vos recommandations pour préserver les intérêts des Marocains ?
E.M.A. : Il est clair qu’après un siècle de propriété industrielle dont le
triste résultat est constatable aujourd’hui du fait de l’indifférence et
du désintérêt apportés à ce secteur
par les responsables durant tout ce
siècle, il est aussi clair qu’il est
temps pour ce gouvernement de se
pencher sérieusement sur ce secteur
indispensable et nécessaire à tout
développement. Un débat franc et
sans langue de bois doit être engagé
pour le soustraire de la mainmise
étrangère qui le dirige et l’exploite
tout à son intérêt et au détriment de
l’intérêt national marocain ; ouvrir
le chantier de l’activité créative na-
Ajoutée à cette
tare la
situation de
marasme total
qui caractérise
le quotidien de
cet office.
Mettre en place
les moyens
nécessaires
pour favoriser
et développer
l’activité créative
tionale pour les 35 millions de cerveaux qu’un siècle d’inactivité a
gelés ; mettre en place tous les
moyens nécessaires pour favoriser et
développer cette activité créative,
première richesse du Maroc ainsi
que pour sa valorisation et sa rentabilisation ; ce chantier doit commencer dès le préscolaire et finir par
la création d’industries pérennes,
elles-mêmes créatrices de richesses,
en passant par la création de filières
de propriété industrielle dans nos
universités, nos écoles supérieures
de recherche et développement ainsi
que dans nos écoles d’ingénieurs. Ce
chantier donc, nouveau défi pour le
Maroc, devra véritablement nous
mettre au niveau de ceux desquels
un siècle de propriété industrielle
nous sépare et nous permettre de
faire valoir nos droits et intérêts sur
le marché de la compétitivité technique et technologique mondial. Je
voudrais conclure en signalant que
la situation qui prévaut en ce secteur
n’est pas propre au seul Maroc mais
trouve application sur les principes
du moins dans de nombreux pays
du Tiers-Monde, notamment ceux
d’Afrique et les anciennes colonies
françaises.
Propos recueillis par
Ibrahim Souleymane, Casablanca
POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE
BURUNDI
Après l’annonce de la candidature de Nkurunziza, de mal en pis
Le président Pierre Nkurunziza du Burundi a annoncé, samedi 25 avril à
Bujumbura, sa candidature pour briguer un troisième mandat. Depuis, de
violents heurts ont éclaté dans la capitale et dans d’autres agglomérations
du pays. Bilan des affrontements qui se poursuivent depuis le week-end :
au moins deux morts.
D
epuis samedi 25 avril, Bujumbura, capitale du Burundi, n’a plus connu le
calme. Suite à l’intention du président sortant Pierre Nkurunziza de
rempiler pour un 3ème mandat,
contrairement à la Constitution du
pays, de violents affrontements
entre les manifestants de l’opposition au pouvoir et de la société civile et les forces de police ont fait au
moins deux morts. Le pouvoir en
place, qui ne compte pas reculer, a
opté pour le tout-répressif. Par ailleurs, il tente de museler les médias
et réprimer la liberté d’expression.
Justement, la Fédération internationale des journalistes (FIJ), Reporters
Sans Frontières, le Comité pour la
protection des journalistes, l’Institut
Panos Europe, l’Institut Panos
Grands Lacs, le groupe éditorial
VITA et Radio Netherlands Worlwide appellent la communauté in-
ternationale à réagir rapidement et
avec sévérité à ces atteintes liberticides à l’information.
Et depuis la date du Congrès extraordinaire du parti au pouvoir
CNDD-FDD, coïncidant avec la proclamation de la candidature du président, le samedi 25 avril 2015, les
grandes villes n’ont pas connu une
accalmie. Des membres de l’opposition ont assuré que le pays ne connaîtra pas le calme tant que ce dernier ne
sera pas revenu sur sa décision.
Les témoignages de nos confrères font
état de médias burundais, particulièrement visés au cours des dernières 48
heures. Jugez-en vous-même, il y a eu
des émissions suspendues, la Maison
de la Presse a été fermée, certaines
chaînes de radios ont été tout simplement empêchées d’émettre et des
journalistes ont été harcelés… De
manière on ne peut plus explicite, ils
ont soutenu que le gouvernement
Pierre Nkurunziza,
président du
Burundi
Il y a eu des
émissions
suspendues, la
Maison de la
Presse a été
fermée,
certaines
chaînes de
radios ont été
tout
simplement
empêchées
d’émettre.
verrouille l’information pour éviter la
contestation.
Voici un certain nombre de faits
qui attestent que la liberté d’informer est sérieusement mise à mal. A
l’heure où nous publions ces lignes,
la Maison de la Presse du Burundi,
lieu fédérateur incontournable des
médias et des journalistes burundais, est encerclée par la Police. A
l’intérieur de l’enceinte, les studios
de l’Association burundaise des radiodiffuseurs (ABR) abritent une
Synergie des médias, une émission
radio diffusée et relayée en direct
par les principales radios membres
de l’ABR (RPA, Bonesha, Isanganiro, Renaissance et CCIB FM+).
Mais la police burundaise ne l’entend pas de cette oreille. Nous
avons appris que Pierre Claver
Mbonimpa, président de l’Association pour la protection des droits
humains et des personnes détenues
(Aprodh) s’apprêtait à rentrer dans
les studios pour y être interrogé en
direct, il est arrêté. Des journalistes
ont été bastonnés, des émissions
interrompues, et d’autres confrères
ont été évacués des studios… Les
témoignages de Patrick Nduwimana, directeur de la radio Bonesha FM et président de
l’Association burundaise des radiodiffuseurs (ABR), à RSF, confirment ces faits. A la RPA, radio la
plus populaire du Burundi, le signal est coupé, les locaux sont investis par la police… Pour Antoine
Kaburahe, directeur du journal
Iwacu, «ce qui vient de se passer à la
Maison de la Presse fait partie d’un
plan bien mûri : fermer, mettre la
presse indépendante à genoux».
Daouda MBaye, Bujumbura
7 mai 2015 Les Afriques
. 29
POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE
Quelle diplomatie économique pour l’Afrique
Germain-Hervé Mbia Yebega, politologue et chercheur à
l’Observatoire politique et stratégique de l’Afrique
(OPSA), nous explique les enjeux de la diplomatie
économique. Dans ce sens, les Africains doivent adopter
une approche plus pointue, note-t-il entre autres.
L
es Afriques : On parle de plus
en plus de diplomatie économique en Afrique. Quels sont
les contours de cette notion ? Et comment cela se traduit sur le terrain ?
Germain-Hervé Mbia Yebega :
L'économie est, par définition, un
élément d'importance du champ diplomatique, dont les Etats étaient et
demeurent en grande partie les principaux ordonnateurs. Un surcroît de
visibilité de ce «facteur économie»
procède, en Afrique notamment, des
dernières évolutions des relations internationales, en particulier, depuis la
fin de la Guerre froide. Mais les reconfigurations du système des relations internationales sont des
processus lents, qu'il faut apprécier
dans le temps, bien au-delà des effervescences et des effets médiatiques.
Deux angles d'approche semblent se
dégager, en gros, selon Christian Chavagneux, de cette prégnance de la diplomatie économique. La première
vision se rapporte à l'extension des
prérogatives de la diplomatie classique
30 Les Afriques .
7 mai 2015
(celle des Etats) dans le champ économique, en raison du développement
des interdépendances et influences
stratégiques ; la seconde postule la nécessité d'ajustement des Etats, aux effets de la mondialisation économique.
Pour ce qui est de l'Afrique, je voudrais
souligner la constance, dans l'historicité du continent, de la diplomatie
économique. L'Afrique est source
nourricière du monde : c'est tout simplement à ce rappel que nous sommes
conviés aujourd'hui. La densité géoéconomique du continent, son importance géostratégique ont toujours été
au cœur des prétentions et des positionnements des acteurs déterminants
des relations internationales. L'Afrique
est, à terme, le marché (économique)
du monde : de Pékin à Paris, de Washington à Moscou, de Brasilia à Ankara,
cette réalité s'impose, d'autant plus
que la parenthèse des vingt-cinq dernières années se referme : le relatif désintérêt marqué à l'endroit du
continent a fait chou blanc, si vous
permettez l'expression.
Germain-Hervé
Mbia Yebega
Appel de l’UE à un
compromis rapide
au Sud Soudan
Le commissaire européen à l'Aide
humanitaire, Christos Stylianides,
a exhorté les belligérants au
conflit sud-soudanais, qui s'opposent depuis fin 2013, à parvenir à
un compromis rapidement. Rappelons que le Soudan du Sud a arraché son indépendance au
Soudan en 2011, grâce notamment
au soutien des États-Unis. Mais la
guerre civile a éclaté en décembre
2013, lorsque le président sudsoudanais Salva Kiir a accusé son
ancien vice-président Riek Machar, qu'il avait limogé, de fomenter un coup d'État. Depuis, les
combats ont dévasté les villes du
pays, des dizaines de milliers de
personnes ont péri, deux millions
au moins ont dû fuir leurs foyers,
et près de la moitié des 12 millions
d'habitants a besoin d'aide pour
survivre, selon l'ONU, qui abrite
dans ses bases quelque 100 000
personnes trop effrayées par les
combats et les tueries pour oser
rentrer chez elles.
Baisse de la
production de
maïs en Afrique
australe (FAO)
L'Afrique est
source
nourricière du
monde : c'est
tout simplement à ce
rappel que
nous sommes
conviés
aujourd'hui.
Avertissement de la FAO : la récolte du maïs en Afrique australe
devrait reculer cette année de
quelque 26%, par rapport au résultat exceptionnel de 2014.
D’après l’organisation internationale, une telle situation est susceptible de déclencher des hausses
de prix des aliments et de compromettre les acquis récents en
matière de sécurité alimentaire.
Pour 2015, les premières prévisions de production pour le maïs,
aliment de base de toute la sousrégion, s’établissent à environ
21,1 millions tonnes, soit quelque
15 pour cent de moins que la
moyenne des cinq dernières années, fait remarquer la FAO.
LA : Quelle explication donnezvous à cet intérêt grandissant que
suscite l’Afrique ?
G.-H.M.Y. : Le continent regorge
d'importantes richesses du sol et du
sous-sol. Sa faune et sa flore aiguisent
les plus grands appétits. Mais plus encore, il est un géant démographique en
marche. Une réussite globale de sa
transition démographique est souhaitable, pour une maîtrise des dynamiques de fond qui y sont à l'œuvre.
La responsabilité des Africains est cependant immense, dans la gestion
prioritaire des enjeux qui sont ceux de
la propre émergence du continent. Et
ils font face, dans l'histoire aussi, aux
incalculables conséquences que produit leur face-à-face avec eux-mêmes.
Sans forcer le trait, je voudrais dire la
formidable capacité d'encaissement et
de résistance qu'ont les Africains. Il
faut, mieux qu'hier, compter et travailler avec eux. Ce sont ceux qui refusent de l'admettre qui ne sont pas
rentrés dans l'Histoire.
LA : Cette nouvelle dynamique vat-elle changer quelque chose dans
les relations avec les grandes puissances comme la France ou les
Etats-Unis ?
G.-H.M.Y. : Les grandes puissances
sont mues par leurs intérêts fondamentaux. C'est la loi d'Airain des rela-
tions internationales. Des réaménagements et repositionnements sont entrepris ci et là, en particulier dans le
cadre des relations multilatérales
(sommets USA-Afrique ; UE-Afrique;
Chine-Afrique; Inde-Afrique, etc.).
Comme je viens de le dire, les changements de fond sont en cours, ils s'appréhendent dans le temps. Mais il va
sans dire que les règles du marché des
relations internationales ne peuvent
plus être les mêmes que celles qu'elles
étaient, il y a une cinquantaine d'années, lorsque les anciennes colonies du
continent accédaient à l'indépendance.
Bien que les mauvaises habitudes aient
la peau dure (de part et d'autre d'ailleurs), on n'arrêtera pas la marche de
cette évolution-là.
En Afrique, on dit qu'un arbre qu'on
abat fait plus de bruit que l'herbe qui
pousse !
LA : Quelle place pour les nouveaux acteurs comme la Chine, la
Turquie ou le Maroc sur l’échiquier
diplomatique en Afrique ?
G.-H.M.Y. : Les BRICS (Brésil, Russie,
Inde, Chine, Afrique du Sud) sont
porteurs de la moitié de la croissance
économique mondiale, comme le
rappelait Laurent Fabius au cours de
la 20ème Conférence des ambassadeurs, le 28 août 2012 à Paris.
Ils sont des acteurs économiques in-
Réunion prépara-
Les règles du toire de la VIème
marché des
session ordinaire de
relations
à Luanda
internationales l’AP-CPLP
Luanda, capitale de l’Angola, a acne peuvent
cueilli la semaine dernière la Réunion préparatoire de la VIème
plus être les
Session ordinaire de l'Assemblée parmêmes que
lementaire de la Communauté des
celles qu'elles Pays de langue portugaise (APétaient, il y a CPLP), prévue cette année au Brésil.
2 jours, les participants à la
une cinquan- Pendant
rencontre analyseront les instrutaine d'années. ments de fonctionnement de l’APCPLP, pour le mémorandum sur les
implications légales résultant de
l’installation du secrétariat permanent de l’organisation. Joana Lina
Baptista, vice-présidente de l’Assemblée nationale d’Angola, a indiqué
que l’analyse et la discussion des
thèmes prévus représente une
contribution importante pour
consolider l’organisation lusophone.
De son avis, les conditions de travail
sont déjà créées, afin que les Commissions spécialisées de la CPLP
puissent dresser le bilan de la mise en
œuvre des recommandations de la
IVème réunion de l’Assemblée Parlementaire, réalisée au Timor-Oriental, ainsi que l’élaboration des Plans
d’action pour 2015-2017.
Le Portugal loue
les investissements
angolais
Pires de Lima, ministre portugais de
l'Economie, vient de déclarer à Lisbonne que l’investissement angolais
au Portugal est toujours le bienvenu,
et permet un grand rapprochement
entre les deux pays. Il a profité de
l’inauguration officielle de l’hôtel
Skyna Lisboa, du groupe angolais
Skina Hotels pour tenir de tels propos.
Saluant l’implantation d’une telle infrastructure sur le sol portugais, le ministre portugais a ajouté que la
principale priorité du gouvernement
est d’attirer les investissements au
Portugal et qu’à ce titre, il espère voir
encore plus d’entreprises angolaises
emboîter le pas à ce groupe.
7 mai 2015 Les Afriques
. 31
POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE
Forum d’affaires
Angola-Turquie à
Luanda
contournables, dans ce marché mondial qu'est l'Afrique.
Mais encore, faudrait-il que l'Afrique
elle-même se positionne toujours et
encore avec force, dans l'affirmation de
sa propre vision stratégique. Les pays
africains ont une responsabilité
énorme, comme je l'ai dit plus haut.
Les projections du Maroc au sud du
Sahara, celles hésitantes d'une Afrique
du Sud qui découvre le continent, interpellent. Ce sont là quelques exemples parmi d'autres qui gagneraient à
être promus et capitalisés.
Il reste cependant de nombreuses barrières socioculturelles, voire «idéologiques» entre les différentes parties du
continent, qui a une cinquantaine
d'Etats, il faut le rappeler.
LA : Quels sont vos conseils aux dirigeants africains pour que la diplomatie économique profite bien
au continent ?
G.-H.M.Y. : Il ne s'agit pas seulement
d'une question concernant les dirigeants en Afrique. Tous les Africains
sont impliqués dans les problématiques
de paix, sécurité et développement, qui
interagissent avec les manifestations
concrètes de la diplomatie économique.
Quant au rôle spécifique des dirigeants:
poser les jalons de la paix sociale et politique, en s'investissant à bâtir des Etats
qui assurent la sécurité des personnes
et des biens. Quel que soit le nom que
cela peut avoir (démocratie, bonne
gouvernance, etc.), il s'agit de replacer
le citoyen au centre des préoccupations
du projet politique dans son ensemble
et des dynamiques particulières des entrepreneurs politiques. La diplomatie
économique, s'articule, elle, autour
d'un environnement sociopolitique favorable. Sans amélioration perceptible
des conditions générales de vie des citoyens, il n'est guère de projet politique
qui porte.
Propos recueillis par
Ibrahim Souleymane
Bio-express
Germain-Hervé Mbia Yebega est
politologue et administrateur de
l'Alliance francophone. Il est également chercheur associé au
GRIP (Bruxelles-Belgique) et à la
fondation Paul Ango Ela à
Yaoundé (FPAE). Mbia Yebega est
32 Les Afriques .
7 mai 2015
expert chercheur à l’Observatoire politique et stratégique de
l’Afrique (OPSA) de l’Université
Paris I Panthéon-Sorbonne, et
consultant au CRIA (Centre de
ressources internationales africaines) à Paris.
Pour orienté
les marchés
Afin de relancer la coopération
entre l’Angola et la Turquie, des
hommes d’affaires des deux pays,
venant de divers secteurs ont participé, mercredi dernier à Luanda,
au Forum d'hommes d'affaires
Angola-Turquie. Une rencontre
initiée en marge de la visite d’Adnan Yildirim, vice-ministre turc de
l’Economie, en Angola, à la tête
d’une importante délégation de 65
hommes d’affaires. Des opérateurs
qui s’activent dans des secteurs allant de l’industrie au commerce,
en passant par la pêche, les travaux
de construction, les Technologies
de l’Information, la construction
navale, les services et le tourisme.
A noter qu’au programme du viceministre turc de l’Economie, il y a
eu des rencontres avec les ministres angolais de l’Economie, des
Finances, des Transports, ainsi
qu’avec la secrétaire d’Etat à la
Coopération.
De la protection des
terrains agricoles
angolais
Les projections
du Maroc au
sud du Sahara,
celles
hésitantes
d'une Afrique
du Sud qui
découvre le
continent,
interpellent.
Afonso Pedro Kanga, ministre angolais de l'Agriculture, vient de lancer un appel aux habitants de la ville
de Cacuaco, située à 18 km, au nord
de Luanda, pour protéger les terrains agricoles. Il a profité de la
tenue d’un séminaire sur la problématique de l’occupation des terrains,
à
l’initiative
de
l’Administration municipale de Cacuaco, pour les alerter sur l’occupation illégale des terrains pour les
négoces qui est une pratique criminelle. Après avoir encouragé l’Administration
municipale
de
Cacuaco de contrôler et éviter pareilles situations, il a été soutenu par
des participants qui ont plaidé l’élaboration de plans urbanistiques et
la mise en œuvre des systèmes de
gestion biométrique de données
pour la concession des terrains.
TOGO
John Dramani Mahama et Alasane Ouattara en pompiers à Lomé
Au moment où l’opposition togolaise, regroupée au sein de Cape 2015, dénonce
les irrégularités au fur et à mesure que la Ceni publie progressivement les
résultats du scrutin présidentiel, le président en exercice de la Cedeao le Ghanéen John Dramani Mahama et son homologue ivoirien Alassane Ouattara ont
effectué une visite à Lomé en vue de s’imprégner de la situation poste-scrutin.
L
e président ghanéen John
Dramani Mahama et son homologue ivoirien Alassane
Ouattara sont arrivés, mardi 28
avril, à Lomé pour mener une mission de bons offices à l’effet de préserver la sérénité qui a prévalu tout
au long du processus électoral, notamment au moment où l'opposition et le pouvoir ne parlent plus de
la même voix au sein de la Commission électorale. Le processus de
compilation et de vérification des
résultats avance extrêmement lentement en raison de multiples contestations de l'opposition qui relève de
nombreuses erreurs.
C’est dans ce climat de suspicion
avéré que John Dramani Mahama
et Alassane Ouattara ont atterri à
Lomé, dans le but principal de désamorcer la crise au sein de la Commission électorale togolaise, dont le
travail a connu un point mort.
Selon plusieurs témoins, les membres de cette commission ont même
failli en venir aux mains.
En effet, le principal parti de l’opposition relève beaucoup d’erreurs
sur les procès verbaux des Celi, les
commissions locales, et ne ménageait aucun effort pour obtenir des
vérifications. A contrario, les délégués du pouvoir arguaient que l’opposition pinaille sur des erreurs de
calcul pour des motifs inavouables.
Pour mettre un terme à ce qui prenait
les allures de blocages, malgré les interventions du général Sangaré de
l’Oif, président du comité d’accompagnement, et du représentant spécial
du secrétaire général l’ONU en
Afrique de l’Ouest, Mohamed Ibn
Chambas, les délégués de la Ceni des
deux camps n’ont pu s’accorder pour
poursuivre le travail dans la sérénité.
De gauche à droite
les présidents :
John Dramani
Mahama, Faure
Gnassingbé et
Alassane Ouattara
Désamorcer la
crise au sein
de la
Commission
électorale
togolaise,
dont le travail
a connu un
point mort.
John Dramani et Alassane Ouattara
qui n’ont pas eu de répit tout au
long de la journée ont rencontré
l’ensemble des acteurs du processus
dont les deux principaux candidats,
à savoir le président sortant Faure
Gnassingbé et Jean-Pierre Fabre.
Au terme de sa visite de travail, la délégation des chefs d’Etat de la Cedeao
ont indiqué, dans un communiqué lu
au cours de la conférence de presse
convoquée par les chefs d’Etat du
Ghana et de la Côte d’Ivoire, avoir
échangé avec l’ensemble des acteurs
puis pris comme décision d’exhorter
la Ceni à poursuivre le travail de
compilation et de publication des résultats provisoires. Dans ce communiqué, la Cedeao prie les
contestataires de saisir la Cour constitutionnelle, seul organe habileté à
trancher le contentieux électoral.
Rodrigue Fénelon
7 mai 2015 Les Afriques
. 33
POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE
RÉGIONALISATION DU DROIT, RÉGIONALISATION DE LA PROFESSION
D’AVOCAT EN AFRIQUE L’exemple d’ABLE Network
Union africaine, Comesa, Sadec, Ceeac, EAC, Ohada, CIMA, etc. Les dirigeants
africains ont créé, depuis quelques décennies, un nombre considérable
d’institutions internationales dites «régionales», il devient incontournable
pour les avocats du continent africain de s’adapter.
A
u regard de la tendance forte à
la régionalisation des politiques publiques et des législations, et par ailleurs, au regard de la
mondialisation du droit, particulièrement dans les activités économiques,
et ce, notamment sous le regard (le
contrôle ?) bienveillant, voire incitatif
de la Banque mondiale, les avocats se
frayent une voie. Notons que l’Afrique
est d’ailleurs, étonnamment, le seul
continent qu’il est d’usage de séparer
en différentes «régions» et même
«sous-régions», tantôt à des fins de
libre circulation des personnes et des
biens, tantôt à des fins d’union douanière, tantôt encore à des fins d’harmonisation des politiques publiques
dans certains domaines, voire d’harmonisation du droit.
Cette adaptation passe, à notre avis,
par la régionalisation et même l’internationalisation de l’exercice de la
profession d’avocat. Il est notable par
34 Les Afriques .
7 mai 2015
exemple que, dans un accord de coopération judiciaire de 2004, les Etats
de la Cemac ont expressément prévu
un engagement de leur part à faciliter l’exercice transnational de la profession d’avocat sur toute l’étendue
de l’espace Cemac.
Sans aller encore jusqu’à la liberté
d’établissement protégée par le droit
de l’Union européenne, ce qui pourrait arriver un jour, c’est un pas dans la
bonne direction qu’’il conviendrait
d’étendre au-delà du domaine judiciaire. Ainsi, c’est dans la même direction que la profession d’avocat va aller
en Afrique grâce à l’émergence de juridictions régionales, comme la Cour
commune de justice et d’arbitrage à
Abidjan, pour l’Ohada, la Cour de justice de l’Uemoa, la Cour de justice de
la communauté des Etats d’Afrique de
l’Est, la Cour de justice du Comesa,
etc. Mais aussi grâce à l’essor de places
africaines d’arbitrage international, en
TPI de Casablanca
(Maroc)
Des initiatives
d’internationalisation
commencent à
se mettre en
œuvre au sein
de la
communauté
juridique
africaine.
matière commerciale, comme celle
que l’Etat de Djibouti a décidé, en
2014, de mettre en place pour arbitrer
des litiges commerciaux internationaux entre opérateurs économiques
ressortissants du Comesa.
Fort de ce constat, des initiatives d’internationalisation commencent à se
mettre en œuvre au sein de la communauté juridique africaine.
Le cabinet sud-africain ENS Africa a
misé sur l’ouverture de bureaux dans
plusieurs pays d’Afrique australe et
de l’Est. C’est quasiment le seul.
Quelques rares réseaux de cabinets
d’avocats, de type cabinets correspondants, se sont constitués au tournant des années 2000.
Quant aux firmes internationales
d’avocats (notamment nord-américaines, britanniques ou françaises),
elles ont dans leur grande majorité
choisi une stratégie des «petits pas»
consistant à n’implanter qu’un ou
deux bureaux sur le continent africain,
généralement à Casablanca, pour travailler sur l’Afrique de l’Ouest, et/ou à
Johannesburg, car il était devenu indispensable, avec l’essor des BRICS,
d’avoir une présence en Afrique du
Sud, comme il en fallait en avoir en
Chine, au Brésil ou en Russie.
Les auteurs du présent article ont mis
en place, pour l’un, et contribué à développer dans la Corne de l’Afrique,
pour l’autre, une alternative à ces
stratégies, qui se veut «glocale», pour
reprendre une formule célèbre, c’està-dire à la fois globale et locale, indépendante et interprofessionnelle. Il
s’agit d’ABLE Network (ABLE étant
l’acronyme d’Africa Business & Legal
Expertise).
En janvier 2010, ABLE Network a été
lancé avec comme vocation initiale
d’être un réseau de cabinets d’avocats
d’affaires africains habitués à travailler
en confiance sur des dossiers d’investissements et contrats internationaux
en Afrique, et répondant à des standards internationaux de travail. En 5
ans, ABLE Network a séduit près de 70
cabinets d’avocats dans 45 pays africains, toutes régions confondues, ainsi
que dans plusieurs pays d’Europe de
l’Ouest et dans des pays émergents
(Chine, Inde, Brésil). Le principe d’indépendance, les échanges horizontaux
entre membres et la dynamique de
partage des informations, outre, bien
sûr, les flux de dossiers échangés ou cotraités entre les membres, sont à citer
parmi les arguments qui ont
convaincu ceux qui figurent parmi les
meilleurs avocats de leurs pays respectifs de se joindre à ABLE Network.
Depuis 2014, ABLE Network a pris le
parti de l’interprofessionnalité, avec la
conviction que les avocats ne peuvent
pourvoir de manière optimale aux besoins de leurs clients en Afrique qu’en
coopérant avec d’autres experts et
consultants sectoriels : c’est ainsi qu’a
été constitué un comité consultatif
d’une quarantaine de personnes,
toutes très expérimentées dans leur
secteur d’activité et particulièrement
en Afrique (économistes, banquiers,
dirigeants d’entreprises, consultants
en financement de projets, ingénieurs,
universitaires, hauts fonctionnaires,
lobbyistes, consultants en stratégie ou
en intelligence économique, etc.).
Cette interprofessionnalité s’est encore
renforcée en janvier 2015 avec la signature d’un partenariat avec le cabinet d’expertise comptable et audit
Baker Tilly France, qui, dans le cadre
du réseau Baker Tilly International
(8ème plus important réseau mondial
de cabinets d’expertise comptable et
audit), dirige un hub Afrique composé
d’une douzaine de cabinets locaux.
Grâce à ce partenariat, ABLE Network
et Baker Tilly France entendent devenir, à moyen terme, l’un des acteurs incontournables du conseil pour les
entreprises, les investisseurs mais aussi
les institutions internationales, régionales, les bailleurs de fonds, les organisations gouvernementales et non
gouvernementales en Afrique.
Ce consortium va en effet mettre l’accent sur le conseil aux Etats africains
et le renforcement des capacités institutionnelles dans des secteurs
comme la négociation des contrats
d’Etat, l’audit des grands contrats et
des politiques publiques, l’audit dans
la gestion des entreprises publiques,
le financement de projets, la transparence des finances publiques, la gou-
ABLE Network
et Baker Tilly
France entendent devenir, à
moyen terme,
l’un des
acteurs incontournables du
conseil.
vernance et l’amélioration du climat
des affaires, etc.
Pour les membres de la «communauté» d’ABLE Network, le travail en
réseau à l’échelle du continent africain
va leur permettre de partager des
connaissances, d’échanger sur des savoir-faire et bonnes pratiques, de développer leurs compétences au
contact d’avocats et professionnels
d’autres pays africains, de mettre en
place, s’ils le souhaitent, une coopération renforcée avec tel ou tel autre
membre de sa «sous-région», etc.
Il paraît aux auteurs du présent article
que ce «networking» est la meilleure
façon de permettre aux avocats africains, notamment aux avocats dits
«d’affaires», d’accompagner la régionalisation du droit africain, d’acquérir
les capacités de devenir, sans nécessité
de recourir systématiquement à des
firmes d’avocats occidentales, les jurisconsultes, conseillers et défenseurs des
entreprises africaines, des Etats africains, de l’Afrique émergente.
Romain Battajon, avocat aux
Barreaux de Kinshasa/Matete et
Paris, président d’ABLE Network /
think-tank Maat
Mohamed Abayazid, avocat au
Barreau de Djibouti, membre d’ABLE
Network / think-tank Maat
7 mai 2015 Les Afriques
. 35
POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE
SENEGAL-MCA
Les bonnes béquilles pour un second compact
Dans quatre mois environ, le Sénégal aura épuisé le
financement du MCA. Les autorités aspirent à obtenir
un second compact. Le cabinet d’audit et de conseil,
Grant Thornton, examine dans une récente publication
les chances du pays à s'adjuger une 2ème rallonge.
L
e compact signé entre le Sénégal
et les Etats-Unis, dans le cadre
du Millenium Challenge Account (MCA) tire à sa fin. Le Sénégal a
reçu dans ce cadre un don de 540 millions de dollars en 2010, pour un programme destiné à lutter contre la
pauvreté et accélérer la croissance. Le
financement est notamment destiné à
financer la construction d’infrastructures routières et hydro-agricoles, ainsi
que d’autres projets à caractère social.
Comme bien d’autres pays avant lui, le
Sénégal espère que ce compact pourra
être renouvelé, et avec un budget beaucoup plus conséquent. Pour cela, le
pays devrait d’abord avoir utilisé l’intégralité des 540 millions de dollars
américains qui lui avaient été précédemment alloués. Ensuite, le pays devrait démontrer sa capacité à gérer et à
entretenir efficacement les infrastructures réalisées par ce biais.
Grant Thornton explique, par ailleurs,
que parmi les paramètres qui seront
pris en compte dans l’éligibilité du pays
à un compact, il y a une vingtaine d’in-
36 Les Afriques .
7 mai 2015
dicateurs ayant trait à des questions
économiques, sociales et de gouvernance politique. Dans ces 20 indicateurs, il suffit d’avoir une bonne place
sur une dizaine pour être qualifié pour
un compact. Et la brochure du Grant
Thornton indique que le statut de pays
éligible du Sénégal n’est pas menacé,
grâce notamment à son bon score relatif à la lutte contre la corruption, le respect des droits démocratiques, et son
bon comportement sur 14 indicateurs,
au lieu de dix nécessaires.
Indices MCA et Mo
Ibrahim vs indice
Transparency International
L’un des points les plus remarquables
est la bonne notation du Sénégal en ce
qui concerne l’indicateur de la lutte
contre la corruption. Pour cet indice, le
pays obtient 94% sur l’indice du MCC.
Cela devient très intéressant, quand on
fait le rapprochement avec l’indice de
Transparency International (Ti) sur la
perception de la corruption, sur lequel
le Sénégal fait 43 points sur les 100 pos-
Les présidents
Barack Obama
à gauche et Macky
Sall à Dakar
Contre Boko
Haram, l’armée
camerounaise reste
en alerte maximale
Des sources sécuritaires ont affirmé que les forces de défense camerounaises
sont en alerte
maximale. Elles restent déployées
dans l’Extrême-nord du pays et
gardent leurs positions et le
contrôle des villages frontaliers
avec le Nigéria. Les terroristes auraient établis leur repaire sur les
hauteurs des monts Mandaras,
une zone rocailleuse, inaccessible
et dangereuse… Le gouvernement camerounais n’envisage pas
de réduire le nombre de militaires
déployés au front, soit plusieurs
milliers d’éléments. Ce n’est toujours pas l’accalmie sur le front de
guerre, vu les incursions sporadiques de la secte obscurantiste
qui procède à des enlèvements de
temps à autre. La bande à Abubakar Shekau est toujours active
dans la zone du lac Tchad où elle
a infligé quelques pertes à l’armée
nigérienne qui a réagi avec son
aviation repoussant les assaillants jihadistes.
Des membres la famille de Mba Obame
reçus au palais du
président Bongo
Bonne notation
du Sénégal en
ce qui
concerne
l’indicateur de
la lutte contre
la corruption.
Juste avant l’arrivée de la dépouille de l’opposant André Mba
Obame, des représentants de la famille du défunt se sont rendus,
lundi 27 avril 201, au Palais présidentiel. Ils ont alors remercié le
chef de l’Etat gabonais pour la
mise à disposition du stade de
Nzeng Ayong de Libreville. Les parents de l’ex-fondateur de l’Union
nationale (UN) lui ont demandé la
mise à disposition des forces de
sécurité pour éviter tout éventuel
débordement. Le président du
Gabon aurait assuré à la famille
éplorée son entière disponibilité à
les accompagner dans cette douloureuse épreuve.
sibles, et se classe à la 74ème place. Quand
on sait que pour réaliser son indice sur
la corruption, le MCC s’est basé sur les
enquêtes de la Banque mondiale et du
Brookings Institute, on ne pourrait l’accuser de légèreté. D’ailleurs, la brochure
souligne que cette performance du Sénégal est renforcée par le rapport Mo
Ibrahim 2013/14, qui classe le Sénéga l
9ème sur 52 pays au plan de la gouvernance globale. Et dans ce rapport, le
score du Sénégal est en constante progression depuis 2009. Par ailleurs, on
peut remarquer que même Transparency International reconnaît sur son
tableau comparatif des trois dernières
années que le Sénégal améliore régulièrement son score au fil des années. Il
n’en reste pas moins que l’écart entre les
deux notations des deux organisations
est assez étonnant, à tout le moins. Ce
qui n’empêche pas les autorités de devoir faire montre de prudence.
Lenteurs dans la
réhabilitation de la Rn6
Dans sa brochure intitulée «Sénégal
2015-Objectifs de croissance et orientations budgétaires», le cabinet d’audit
Grant Thornton souligne que le MCA
du Sénégal a enregistré des progrès
notables dans l’exécution physique et
financière, «notamment dans le Nord
du pays». Le document souligne toutefois que «des retards ont été enregistrés au Sud, dans l’exécution du projet
de réhabilitation de la route nationale
6, notamment le tronçon reliant Ziguinchor à Tanaf». Les experts de
Grant Thornton expliquent que «des
mesures ont été prises pour accélérer le
rythme des travaux en vue d’en assurer
la réception au 23 septembre 2015».
On se rappelle que les retards sur les
travaux de réhabilitation de la Rn6 ont
poussé les autorités à convoquer au Sénégal le patron de l’entreprise espagnole Isolux Corvian Corsan, qui est
chargée du tronçon de 70 km qui a
connu tant de retard dans sa réalisation.
A la suite de ces entretiens, Isolux a accepté de trouver d’autres entreprises
pour leur sous-traiter des parts du marché et pouvoir ainsi achever rapidement le chantier. Cela s’explique par le
fait que la date du 23 septembre 2015
pour la réception de tous les chantiers
était un impératif si le pays veut pouvoir postuler pour un second compact.
Même si cela n’est pas le seul élément.
Il convient de rappeler par ailleurs
que le premier exercice mondial du
MCA, dénommé Jumpstart, a été
réalisé en 2003 par les cabinets Deloitte et l’ex-CICE, avec Mansour
Gaye de Grant Thornton comme
chef de mission. L’étude a consisté à
aider le gouvernement américain à se
doter des outils pour mesurer l’éligibilité des pays au compte du Millenium Challenge Account.
Ismael Aidara
La date du 23 Bâtir la paix sur la
réconciliation en
septembre
Côte d’Ivoire
2015 pour la
donner l’aube (vêtement liturréception de Venu
gique) aux catéchistes, dans le cadre
tous les
de la journée diocésaine des catéchantiers était chistes du diocèse d’Agboville, Mgr
Spiteri, nonce apostolique, a
un impératif. Joseph
appelé, dimanche dernier à Agboville pour les Ivoiriens à bâtir une
paix reposant sur la réconciliation
des peuples. Pour le représentant du
Saint Siège à Abidjan, il ne s’agit nullement d’un slogan politique, mais
plutôt d’une raison d’être. Soutenant que la réconciliation doit aider
à la cohésion sociale et que chacun
doit faire sa part pour atteindre cet
objectif, Mgr Spiteri a insisté afin
que les populations se pardonnent
là où existent des tensions,. Une réconciliation qui, de son avis, relève
de la responsabilité de chaque
groupe social, religieux, mais aussi
des hommes politiques. Enfin, sentant une population capable de bâtir
la paix dans le pardon et la réconciliation, il a exhorté chaque homme
et chaque femme de bonne volonté à
avoir les yeux tournés vers le respect
des uns des autres.
Parachever
les chantiers avant
la date-butoir
Le Dreamliner de
Kenya Airways va
desservir Amsterdam
A partir du 7 septembre 2015, le
Dreamliner de Kenya Airways desservira Amsterdam. Après Paris et
Londres, ce sera la 3ème destination
européenne que le Boeing 787-8
Dreamliner va relier à Nairobi. Cet
appareil reliera alors les aéroports
de Jomo Kenyatta Nairobi et Amsterdam Schiphol, à la place du 777300ER, en fonction depuis juin 2014.
Les décollages seront alors programmés à 8h35 pour arriver à
15h45, les vols retour quittant les
Pays-Bas à 21h00 pour atterrir le
lendemain à 6h00. A noter que
Kenya Airways est en code share, sur
ce trajet avec KLM Royal Dutch Airlines, son actionnaire aux côtés
d’Air France.
7 mai 2015 Les Afriques
. 37
ARRÊT SUR IMAGE
Népal
Le 30 avril 2015. Des éléments de la police
népalaise transportent sur une civière le
survivant du tremblement de terre
Pemba Tamang (15 ans), après son
sauvetage des décombres d’un l'hôtel à
Katmandou. Les sauveteurs l’ont tiré des
ruines de ce bâtiment apportant un rare
moment de joie, à travers la capitale en
ruines Katmandou, 5 jours après la
catastrophe qui a tué près de 6 000
personnes.
38 Les Afriques .
7 mai 2015
7 mai 2015 Les Afriques
. 39
DOSSIER
Meknès, capitale
de l’agriculture africaine
La 10ème édition du SIAM (Salon international de l’Agriculture au
Maroc) s’est tenue du 28 avril au 3 mai 2015 à Meknès. Plateforme
de rencontres et d’échanges, ce méga-évènement, dédié au
secteur agricole, rassemble chaque année des centaines de
milliers de visiteurs venus du monde entier.
L
Le rôle que joue
le financement
dans le développement des
systèmes de
production
alimentaires.
40 Les Afriques .
7 mai 2015
e Salon international de l’Agriculture
au Maroc (SIAM), l’un des plus grands
événements agricoles internationaux,
est un rendez-vous incontournable
pour les professionnels du secteur
agricole. Au bout de 10 ans d’expérience, le SIAM
est devenu une référence mondiale où sont exposées innovations et nouveautés de différentes
filières liées au secteur agricole. Cette année,
l’évènement se tient sur le thème «Agriculture et
système alimentaire».
Comme lors des éditions passées en plus de la
forte mobilisation des professionnels, des chefs
d’Etat et autres hautes personnalités assistent à
l’évènement. Invité d’honneur lors de cette édition du salon, le chef d’Etat sénégalais Macky Sall
a fait le déplacement au Maroc et présidé les Assises de l’agriculture lundi 27 avril à Fès.
Le SIAM en Chiffres
Le Salon international de l’Agriculture au Maroc
peut être considéré comme le plus grand rendezvous du secteur agricole en Afrique. En termes de
chiffres, le SIAM c’est : 55 pays représentés, 1 200
exposants, 9 pôles thématiques, une trentaine de
conférences, 170 000 m2 d’exposition et 850 000 visiteurs en 2014. Pour cette édition 2015, les organisateurs tablent sur 1 million de visiteurs.
Au programme figurent également plusieurs confé-
rences et colloques, ateliers de travails et des rencontres BtoB.
Un forum sur le financement
de l’Agriculture en Afrique
Le 30 avril, en marge du SIAM, le groupe Crédit Agricole du Maroc a organisé, en partenariat avec le magazine international Les Afriques, un forum sur le
financement de l’Agriculture en Afrique. Cette 2ème
édition du forum a mis l’accent sur le rôle que joue le
financement dans le développement des systèmes de
production alimentaires. Professionnels et experts
venus de plusieurs pays ont examiné la situation du
secteur agricole sur différents volets.
Une séance plénière a présenté les grands agrégats économiques et la problématique de développement des
systèmes alimentaires en Afrique. Elle est suivie
d’études de cas visant à mieux comprendre le fonctionnement des systèmes alimentaires dans quelques
pays du continent. Dans ce sens, un panel a porté sur
le cas de la filière du riz au Sénégal, un autre sur la filière cacao en Côte d'Ivoire et un troisième panel a
évoqué le cas de la filière lait au Maroc.
Lors de ce forum international qui s’est tenu lors du
SIAM, les experts du groupe Crédit Agricole du Maroc
ont également évoqué les problématiques du financement ainsi que les solutions possibles afin de soutenir le
développement du secteur agricole en Afrique.
Ibrahim Souleymane, Envoyé spécial à Meknès
7 mai 2015 Les Afriques
. 41
DOSSIER
42 Les Afriques .
7 mai 2015
Tariq Sijilmassi
«Les banques doivent accompagner
le développement du secteur agricole»
En marge de la 2ème édition du forum international sur le financement
du secteur agricole en Afrique qui s’est tenu à Meknès le 30 Avril
2015, Tariq Sijilmassi, président du Groupe Crédit Agricole du Maroc
rappelle le rôle moteur que doivent jouer les banque pour
accompagner l’essor du secteur stratégique qu’est l’agriculture.
L
es Afriques : Vous avez organisé un forum
sur le financement du secteur agricole en
Afrique en marge du SIAM. Selon vous, quel
rôle doivent jouer les banques pour soutenir le développement du secteur agricole ?
Tariq Sijilmassi : Effectivement, le Groupe Crédit
Agricole du Maroc a organisé la 2ème édition du
forum sur le «Financement de l’agriculture en
Afrique», avec cette année un focus sur le financement des Systèmes Alimentaires en Afrique. Ce
forum a été l’occasion de présenter l’implication
du Groupe Crédit Agricole du Maroc dans le financement et l’accompagnement des systèmes alimentaires en particulier et, plus globalement, le
soutien à l’agriculture dans le cadre du Plan
Maroc Vert.
Comme vous le savez, l’Afrique est un continent immense, peuplé par plus de 1,0 milliard d’habitants aujourd’hui et 2,4 milliards en 2050 et disposant d’un
potentiel de production de 1 000 millions d’hectares
de terres agricoles cultivables lui permettant de se positionner parmi les futurs grands continents producteurs-exportateurs
agricoles
et
contribuer
significativement à la sécurité alimentaire mondiale.
Au Maroc, comme dans la majorité des pays
d’Afrique, l'agriculture constitue un secteur fondamental pour le développement économique et social. Avec un tissu de 1,5 millions d'exploitations
agricoles, le secteur contribue à 17% du PIB national et génère 40% de l'emploi. Le PIB agricole été
boosté par le lancement du Plan Maroc Vert en
2008. Il frôle actuellement la barre des 15 milliards
$US. Ces bons résultats s'expliquent principalement par une forte mobilisation de l’ensemble des
acteurs et opérateurs économiques et sociaux du
secteur agricole au Maroc.
Les banques, en tant que pourvoyeurs de fonds,
sont appelées à jouer un rôle prépondérant dans
l’accompagnement du développement du secteur
agricole et sa dynamisation en soutenant les politiques gouvernementales en la matière. Le cas du
Crédit Agricole du Maroc en est une illustration.
Bras financier du Plan Maroc Vert depuis son lancement, nous l’avons accompagné par la mobilisation en 2008 d’une enveloppe initiale de 20
milliards de dhs qui ont été largement dépassés
puis une enveloppe additionnelle de 25 milliards
de dhs pour la seconde phase. En plus de l’accompagnement financier, nous jouons un rôle de
conseil et d’expertise technique auprès de notre
clientèle et ce en étroite collaboration avec les services compétents du ministère de l’agriculture.
LA : Vous avez signé une convention avec la Caisse
nationale du Crédit Agricole du Sénégal. Quelle signification donnez-vous à ce partenariat Sud-sud ?
T.S. : Le Groupe Crédit Agricole du Maroc et la
Caisse Nationale du Crédit Agricole Sénégal, ont
signé en marge de la 10ème édition du SIAM une
convention de partenariat portant sur les aspects
technique et financier et visant à tracer un cadre de
collaboration entre nos deux institutions. Pour le
volet technique, notre partenariat a pour objet de
favoriser au mieux le partage d’expériences et d’ex7 mai 2015 Les Afriques
. 43
DOSSIER
Signature de la convention
de partenariat entre
la Caisse nationale du
Crédit Agricole du Sénégal
et Crédit Agricole Maroc
Cette connaissance fine et
approfondie des
besoins des
agriculteurs nous
a permis de
construire un
modèle
économique
unique et
innovant.
44 Les Afriques .
7 mai 2015
pertises dans les domaines ciblés et d’organiser des
missions d’assistance ponctuelles et des visites
d’échanges d’expériences.Concernant l’aspect financier, il s’agit d’explorer toutes les formes d’accompagnement financier qui pourraient être
profitables aux deux institutions à travers notamment la mise en place de lignes de financement
et/ou de prêts interbancaires et d’identifier les éléments d’informations utiles à l’appréciation du
risque des demandes de financement.
Ce partenariat scelle notre volonté d’accompagner
le développement des banques africaines et, plus
globalement, notre engagement en faveur du développement des synergies sud-sud.
financement dédiées à chaque frange de cette population : une fondation pour le microcrédit, une
société pour le financement du mésocrédit, des
solutions de crédit bancaire classique adaptées,
une fondation pour le développement durable, un
centre d’études et de recherches…autant de structures qui nous permettent aujourd’hui de couvrir
la totalité des aspects liés au développement agricole et rural.
Le secret de notre réussite reste notre attachement
profond à notre mission première et notre conviction que l’agriculture et le monde rural sont un
maillon incontournable du développement économique de notre pays.
LA : L'expérience du financement accordé par le
groupe Crédit agricole du Maroc aux acteurs du
secteur peut être qualifiée de réussite. Quelles
sont les raisons qui expliquent ce succès ?
T.S. : Le Crédit Agricole du Maroc a été créé en
1961 avec pour mission principale le service public. En plus de 50 ans d’existence, nous avons acquis et développé une expertise indéniable de
l’agriculture et du monde rural. Cette connaissance fine et approfondie des besoins des agriculteurs aussi bien les petits que les moyens ou
lesgrands, et de la population rurale de manière
générale, nous a permis de construire un modèle
économique unique et innovant qui prend en
compte toutes les spécifités du monde rural, ses
contraintes, ses besoins, ses attentes…
Nous avons créé et mis en place des structures de
LA : Que comptez-vous faire à moyen ou long
terme pour mieux accompagner le développement
du secteur agricole au Maroc ?
T.S. : Continuer à faire ce que nous savons faire le
mieux en tant que principal partenaire bancaire et
financier du monde agricole et rural : œuvrer pour
la modernisation des exploitations agricoles,
contribuer au développement du tissu agroalimentaire, innover en termes de solutions de bancarisation du monde rural, participer activement à
l’amélioration des revenus des producteurs et des
conditions de vie des ménages ruraux.et réaffirmer
continuellement notre vocation de pionnier dans
l’accompagnement et le financement de l’agriculture et du monde rural à travers des actions
concrètes au service des agriculteurs.
Propos recueillis par Ibrahim Souleymane
DOSSIER
Saliou Sarr «Le Sénégal vise l’autosuffisante dans la filière riz d’ici 2017»
Saliou Sarr, Président du Comité Interprofessionnel de la filière Riz
sénégalais «CIRIZ» nous parle de la filière riz au Sénégal, pour laquelle
producteurs et gouvernement se mobilisent afin de tenter
d’atteindre l’objectif ambitieux de l’autosuffisance, à l’horizon 2017.
Saliou Sarr,
Président du Comité
Interprofessionnel
de la filière Riz
sénégalaise «CIRIZ»
L
es Afriques : Pouvez-vous nous dire
quelques mots sur le CIRIZ et la filière riz
au Sénégal ?
Saliou Sarr : Le Sénégal au vu ses professionnels
de la filière Riz mettre sur pieds depuis 1998, une
Notre objectif
principal c’est le
développement
de tous les
maillons de la
chaine de valeur.
46 Les Afriques .
7 mai 2015
organisation qui s’appelle le Comité Interprofessionnel de la filière Riz sénégalais «CIRIZ». Cette
organisation Interprofessionnelle regroupe pratiquement tous les acteurs : producteurs, transformateurs, commerçants, prestataires de services et
Bio express
Saliou SARR est le Président du Comité Interprofessionnel de la filière Riz sénégalais
«CIRIZ». Economiste agricole de formation.
Il est économiste agricole de formation.
Après une maîtrise en économie agricole à
l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, il a
fait ensuite un Master au centre national
d’agronomie des régions chaudes (CNEAC) à
Montpellier (France). Il a également suivi
plusieurs formations sur l’approche filière
notamment à La Rochelle et en Italie. Il est
opérateur et gère son entreprise agricole en
plus de ses responsabilités de Président du
CIRIZ.
Le CIRIZ est un
cadre de
concertation qui
a pour objectif de
pousser au
développement
de la filière.
Avec les récoltes
de contre-saison,
l’autosuffisance
en riz en 2017
fournisseurs.
Ces acteurs sont organisés sous forme de collèges.
Il y a le collège de producteurs, celui des industriels,
celui des commerçants. C’est plusieurs professions
qui se regroupent au sein de cette organisation.
C’est pour cela qu’on parle d’Interprofession. Le
CIRIZ est un cadre de concertation qui a pour objectif de pousser au développement de la filière,
pour fixer les prix du riz. Il sert aussi de cadre de régulation entre l’offre et la demande.
LA : Quels sont les objectifs de développement
fixés pour promouvoir la filière du riz au Sénégal ?
S.S. : Au niveau du CIRIZ, notre objectif principal c’est le développement de tous les maillons de
la chaine de valeur, de telle sorte que dans la filière, tous les acteurs puissent gagner, pour être
dans un système gagnant-gagnant. Et en rapport
avec le gouvernement du Sénégal, cette filière a
un objectif d’autosuffisance à l’horizon 2017. Le
programme qui vise à atteindre l’autosuffisance
en 2017 a démarré en 2014. La stratégie passe par
une contribution du système irrigué pour 60% et
pour le système pluvial pour 40%. En termes
chiffrés, cela correspond à une production de
1.600.000 de tonne de riz paddy correspondant à
1.080.000 tonnes de riz blanc, contre un niveau
de production actuel de 575.000 tonne de riz
paddy en 2014.
LA : Un tel objectif n’est-il pas trop ambitieux ?
S.S. : Si on regarde par rapport aux 1.600 000
tonnes, on peut dire c’est un objectif très ambitieux, en ce sens qu’il faut tripler le niveau de production d’ici 2017. Mais pour les professionnels
que nous sommes, cela reste possible, à condition
de construire les bases pour y arriver. Progressivement, il faut faire en sorte qu’en 2016 qu’on puisse
faire deux récoltes, sur 65.000 hectares : une production en culture hivernale et une deuxième en
culture de contre-saison, pour que ça donne une
production sur 130.000 hectares.
Mais pour cela il faudra mettre suffisamment de
tracteurs, de moissonneuses batteuses, de magasins pour stocker les productions entre deux campagnes et un système de crédit adapté pour
permettre aux producteurs et aux industriels d’atteindre leurs objectifs de production et de transformation.
Propos recueillis par Ibrahim Souleymane
7 mai 2015 Les Afriques
. 47
DOSSIER
Quand le SIAM s’impose dans les agendas
Pour sa 10ème édition, le Salon international de l’agriculture du Maroc
(SIAM), tenue du 28 avril au 3 mai 2015 à Meknès, dont le thème a porté
sur «Agriculture et systèmes alimentaires», a une fois de plus
ambitionner de faire de la manifestation le lieu de «tremplins fructueux».
Exposition des derniers
équipements
L
L’engouement
des participants
illustre la
reconnaissance
pour ce salon.
48 Les Afriques .
7 mai 2015
e SIAM 2015 s’est inscrit sous le signe de la
maturité. La manifestation, qui affiche fièrement une décennie d’existence, a accueilli
1 200 exposants, venant d’une cinquantaine
de pays, sur une superficie de 172 000 m²,
dont 90 000 m² couverts. Le Salon international de
l’agriculture de Meknès a fini par s’imposer dans
l’agenda des grandes manifestations du secteur dans la
sous-région. En droite ligne des plans Maroc Vert et de
développement agricole à l’horizon 2020, le SIAM n’a
pas dérogé à sa règle pour mettre l’agriculture marocaine au cœur des préoccupations des opérateurs.
Comme le soulignait naguère Jaouad Chami, commissaire du Salon, le SIAM évolue, se transforme, se différencie et se façonne et que l’engouement des
participants illustre la reconnaissance pour ce salon. De
son avis, la thématique «Bilan & devenir» trouvait toute
sa signification dans le choix de «Agriculture et systèmes alimentaires», fil rouge du SIAM 2015. Il a ajouté
qu’un tel thème permet de mettre l’agriculture marocaine au centre de la mouvance agricole mondiale.
A travers le SIAM, synonyme d’une exposition, à la fois
un lieu de mémoire de l’évolution du tissu agricole et
des innovations, les professionnels exposants ont
exhibé, commenté lors de la trentaine de conférences
et des multiples rencontres en tête à tête, leurs produits
et services. Cette année, pas moins de 850 000 visiteurs
ont fait le déplacement pour s’enquérir des pratiques
et expériences de professionnels, ainsi que des dernières
évolutions du monde agricole, dans les 9 pôles du
salon. Il est utile de rappeler qu’outre le fait que la manifestation, dont le coup d’envoi a été donné par les Assises de l’Agriculture, soit ouverte au grand public, des
journées portes ouvertes ont été organisées pour les
professionnels. Véritable plateforme d’échange d’expériences, de savoir et de réflexion, le salon se positionne sur l’Afrique, tout en restant ouvert sur les autres
continents. Sur les exposants venant de 55 pays, le quart
vient de l’étranger (Afrique et autres continents).
Dans un pays traditionnellement agricole, qui a su développer des infrastructures, constructions de barrages
et aménagements de périmètres irrigués pour renforcer
le développement de produits de terroir de qualité qui
ont fini par s’imposer sur les marchés internationaux,
les initiateurs d’une telle rencontre ont voulu capitaliser
sur l’importance d’une production de qualité pour répondre aux besoins du marché local et à même de s’assurer des débouchés sur l’extérieur. Une production qui
a chevillé au corps le développement durable…
D.MB.
Afrique centrale
L’agriculture au cœur du développement
L’Afrique centrale dispose d’un sol généralement fertile, où se
développent facilement toutes sortes de spéculations agricoles.
Aujourd’hui, les Etats ont pris la pleine mesure de capitaliser sur le
secteur primaire. Les résultats n’ont pas tardé...
Pour des points
de croissance en plus
L
es pays de la Communauté économique
et monétaire de l’Afrique centrale
(Cemac) sont réputés riches en matières
premières et en minerais. Un sous-sol
qui contiendrait des centaines de minerais, mais aussi un sol généralement fertile, où peuvent pousser toutes sortes de produits agricoles.
En principe, ces multiples richesses devraient à jamais assurer une autosuffisance alimentaire pour
les pays de la sous-région. Une bonne organisation
du secteur agricole aurait permis à ces pays de revendiquer une croissance forte et durable, d’autant
que les importations des produits alimentaires
constituent l’une des causes de la balance commer-
ciale généralement déficitaire. L’erreur des pays de
l’Afrique centrale a été de tourner le dos à l’agriculture pour s’agripper sur les ressources naturelles, en l’occurrence le pétrole dont ils sont
quasiment tous des producteurs.
Ayant tiré les conséquences de cette situation, les
Etats de la zone ont entrepris de mettre sur pied des
programmes agricoles, dont une bonne implémentation est de nature à booster la croissance et à se
positionner comme catalyseur du développement
dans un contexte marqué par l’ambition de ces pays
d’atteindre l’émergence économique au cours des
prochaines années.
Achille Mbog Pibasso, Douala
7 mai 2015 Les Afriques
. 49
DOSSIER
Zone Cemac Un secteur agricole
de croissance, en puissance
Au Cameroun, en RCA, au Congo, au Gabon, en Guinée
équatoriale et au Tchad, le secteur agricole est un grand
pourvoyeur d’emplois, mais constitue, de façon différenciée,
un véritable levier de croissance.
L
Très rapidement,
le Cameroun
atteint
l’autosuffisance
alimentaire, et
dévient la
mamelle
nourricière des
pays de la sousrégion.
50 Les Afriques .
7 mai 2015
e Cameroun dont le sous-sol est jonché
de minerais et d’autres ressources naturelles n’en est pas moins un pays essentiellement agricole où s’activent 70% de
la population pour un Produit intérieur
brut (PIB) de 44%. C’est dire que malgré les premiers pas d’industrialisation, l’agriculture restera
encore pour longtemps, le socle de l’économie camerounaise car non seulement environ les 2/3 des
22 millions d’habitants vivent des activités agropastorales, mais, l’agriculture constitue à plus d’un
titre, le catalyseur de la croissance économique. Une
économie tournée vers l’agriculture qui remonte
avant l’indépendance du pays en 1960, puisque dès
le début du 20è siècle, le Cameroun sous protectorat
de l’Allemagne, puis, sous administration de la
France et de la Grande-Bretagne, bien que pays sous
mandat de la Société des nations (SDN), puis, sous
tutelle de l’Organisation des Nations unies (ONU),
enregistre ses premières agro-industries, destinées
aux produits de rente : banane, cacao, café, coton,
hévéa, palmiers à huile, pour ne citer que les principaux produits d’exportation. A coté de cette agriculture de rente, se développe la culture vivrière,
manioc, macabo, igname, riz, mil sorgho, dont chacune des régions du pays en deviendra un bassin de
production pour l’un ou l’autre produit.
Avec l’accession du Cameroun à la souveraineté internationale, le développement de l’agriculture va
se poursuivre, le pays devenant ainsi l’un des prin-
cipaux producteurs mondiaux de la banane, du
cacao et du café, pour ne citer que ceux-là. Les autorités encouragent des populations déjà laborieuses à mettre l’accent sur la production agricole
à travers un plan de développement dénommé «La
révolution verte». Très rapidement, le Cameroun
atteint l’autosuffisance alimentaire, et dévient la
mamelle nourricière des pays de la sous-région,
aussi bien la Centrafrique et le Tchad qui sont des
pays d’hinterland et confrontés à une instabilité
institutionnelle et politique, mais également, le
Gabon et la Guinée équatoriale, et dans une moindre mesure le Congo, dont la politique de développement est tournée vers la production du
pétrole. En plus de ces pays de la Communauté
économique et monétaire de l’Afrique centrale
(Cemac), une bonne partie de la production agricole camerounaise est exportée vers le Nigeria,
dont le marché estimé aujourd’hui à plus de 160
millions de personnes, est sans cesse demandeur.
Pourtant, certaines statistiques situent à moins de
20% le potentiel des terres arables au Cameroun,
ce qui n’empêche que l’agriculture représente 44%
du PIB. Un taux qui aurait pu être plus important,
s’il y avait une meilleure politique de gestion des
terres cultivables et si certains grands bassins de
production ne souffraient pas d’un énorme enclavement. En effet, très peu de routes relient les campagnes aux grandes villes, ce qui a un impact
économique important étant donné que les ré-
L’introduction
des nouveaux
plans arrimés aux
semences
améliorées sans
oublier la
modernisation
des méthodes
culturales.
gions susceptibles d'être exploitées ne sont pas reliées aux marchés.
La révolution verte
Toutefois, malgré ces insuffisances dont certaines
sont en train de connaître un début de solution, le
Cameroun jouit d'une agriculture dynamique qui
réussit non seulement à atteindre l'auto suffisance
alimentaire à plus de 80%, mais aussi à stimuler les
exportations. Après la chute des cours mondiaux
des produits de rente dans les années 1980-2000, le
pays reprend petit à petit du poil de la bête, si l’on
s’en tient à la hausse de la production, aussi bien
pour la banane, le cacao, le café ou le coton. L’introduction des nouveaux plans arrimés aux semences améliorées sans oublier la modernisation
des méthodes culturales font en sorte que des producteurs sortent de plus en plus d’une vision reposant sur une agriculture de subsistance pour une
production de masse et de qualité, participant à la
fois à assurer les vivres à la famille, mais également,
à produire des revenus permettant de faire face aux
autres problèmes vitaux. Ce choix tourné vers
l’agriculture constitue indubitablement le socle de
l’économie camerounaise, au regard du menu varié
et diversifié qu’on peut s’offrir au Cameroun, à des
coûts faibles, comparativement aux autres pats de
la sous-région.
Visiblement conscientes des atouts de l’agriculture
pour un pays en quête d’émergence économique,
les autorités essaient d’implémenter ces dernières
années, une agriculture dite de seconde génération.
Celle-ci intègre à la fois, la modernisation des techniques culturales, la mécanisation de l’agriculture,
l’exploitation de vastes étendus de terrain, sans ou-
blier la mobilisation plus accru des ressources financières. Pour encourager les couches défavorisées à s’arrimer au train de la modernité, le
gouvernement a révisé une loi portant sur les coopératives agricoles, encouragent des populations à
mutualiser leurs ressources et leurs efforts, pour accéder à des financements et développer une agriculture moderne. Pour l’instant, force est de
constater que cette mécanisation de l’agriculture
est loin de se démocratiser, celle-ci relevant encore
d’une catégorie de personnes disposant d’énormes
moyens financiers.
Outre la mise en place du Programme économique
d’aménagement du territoire pour la promotion
des entreprises de moyenne et grande importance
dans le secteur rural au Cameroun dénommé les
Agropoles, existent d’autres projets qui visent
l’amélioration de la productivité. C’est le cas du
projet d’investissement et de développement des
marchés agricoles (Pidma), qui vise une grande
productivité du maïs, du manioc et du sorgho financé à hauteur de 50 milliards de f CFA par la
Banque mondiale. Le projet va concentrer son intervention dans 34 bassins de production répartis
dans cinq zones agro-écologiques du Cameroun où
300 coopératives sont éligibles, représentant 30 000
ménages, soit 120 000 bénéficiaires directs dont
50% de femmes. D’une durée de cinq ans, ce projet a pour objectif de transformer l’agriculture de
subsistance et de faible rendement des filières maïs,
manioc et sorgho, à une agriculture compétitive et
orientée vers la commercialisation et l’industrialisation. Avec des projets similaires concernant d’autres produits, il s’agit pour le Cameroun, de mettre
plus que jamais, l’accent sur l’agriculture, dont
Exploitation d’hévéa
au Cameroun
7 mai 2015 Les Afriques
. 51
DOSSIER
Absence de projets
agricoles : terres en jachère
l’avantage est qu’elle peut se recycler et se renouveler, contrairement aux ressources minières et pétrolières qui peuvent tarir. Selon toute
vraisemblance, le Cameroun qui ambitionne de devenir une économie émergente à l’horizon 2035 est
conscient que le défi du développement passe
d’abord par une réorientation de l’agriculture qui
constitue le socle de l’économie.
CENTRAFRIQUE Redonner
à l’agriculture sa place primordiale
L’absence d’une
vision politique
ne permet pas au
secteur agricole
de jouer
véritablement
son rôle de
moteur de
croissance.
52 Les Afriques .
7 mai 2015
L’agriculture constitue la principale activité en
République centrafricaine. Un secteur de production sous-exploité, qui ne permet pas malheureusement de
subvenir aux besoins
alimentaires des 4,5 millions habitants. Pourtant,
cet immense territoire offre de vastes étendues
cultivables, dont une exploitation judicieuse ferait de ce pays l’un des greniers de l’Afrique centrale. L’absence d’une vision politique ne permet
pas au secteur agricole de jouer véritablement son
rôle de moteur de croissance, des manquements
renforcés par des crises sociopolitiques récurrentes qui compromettent tout effort de développement. L’agriculture est au centre de l’économie
centrafricaine en ce sens qu’elle représente 67%
de la main-d’œuvre du pays, pour à peu près 55%
du PIB (Produit intérieur brut). Un secteur agricole qui fait vivre 75% de la population. Cette
économie reposant sur l’agriculture fait partie de
l’une des recommandations fortes du Document
stratégique pour la réduction de la pauvreté
(Dsrp) adopté dans les années 2010 par le gouvernement centrafricain qui appelle les habitants
à retrousser les manches pour la matérialisation
de «la Révolution verte».
Dans cette perspective, la Centrafrique a adopté un
plan de sécurité alimentaire avec l’appui des partenaires au développement, entre autres le Programme des Nations unies pour le développement
(PNUD) afin de promouvoir les activités agropastorales sur l’ensemble du territoire. Intitulé «Programme détaillé de développement de l’agriculture
en Afrique (Pddaa), ce programme devrait de garantir une sécurité alimentaire en faveur de la population. Selon des sources concordantes, en dépit
d’énormes potentialités de ressources naturelles, la
Centrafrique comme la plupart des pays est encore
loin d’attendre les Objectifs du millénaire pour le
développement (OMD), y compris dans le domaine de la croissance agropastorale. Expliquant le
bien fondé du Pddaa, le gouvernement a relevé que
«les chefs d’Etats africains ont pensé que malgré les
potentialités naturelles énormes que regorge le sol
africain, l’agriculture comme telle ne peut pas permettre l’émergence des pays africains au cercle des
puissances agricoles mondiales. C’est la raison de la
mise en place de ce document».
Cette nouvelle vision de l’agriculture centrafricaine
servira également à l’amélioration de l’assiette financière de l’Etat, du fait que les partenaires ont
décidé d’accompagner le processus jusqu’à son
aboutissement. Du coup, on pense à la réduction
de la pauvreté, grâce à une meilleure couverture de
Le Programme
national
d'investissement
agricole et de
sécurité
alimentaire et
nutritionnel
(Pniasan) a été
validité.
la production agricole. Reste maintenant à traduire
en actes concrets le nouveau programme agricole.
CONGO S’affranchir
d’une agriculture de subsistance
A l’instar de la plupart des pays producteurs de pétrole, le Congo a pendant de longues années quasiment tourné le dos à l’agriculture. Plus d’un
demi-siècle après l’indépendance, le boom pétrolier
des années 1970 continue de réguler la vie des Congolais. Et pour cause, l’agriculture qui se pratiquait était
juste une activité de subsistance pour des paysans, plutôt préoccupés à nourrir leurs familles, qu’à en faire
une activité de rente, de même à procurer des revenus.
Depuis le début des années 2000, et avec la décote des
cours du brut sur le marché international, le pays a
pris un certain nombre de mesures, dont la finalité est
de produire plus, pour non seulement nourrir la population, mais également, exporter une partie de la
production agricole. Avec l’appui des partenaires au
développement à l’exemple de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation (FAO), le Programme
national d'investissement agricole et de sécurité alimentaire et nutritionnel (Pniasan) a été validité.
L’adoption de cette stratégie agricole fait partie des piliers du Programme détaillé de développement de
l’agriculture africaine (Pddaa) conformément à une
résolution de l’Union africaine (UA) qui recommande
que chaque pays puisse consacrer au moins 10% de
son budget au développement de l’agriculture. Une
mesure pour l’instant peu suivie par les Etats, alors que
son implémentation devrait permettre aux pays africains de résoudre l’épineux problème des importations des produits alimentaires qui plombent leur
développement.
En tout état de cause, les autorités congolaises soutiennent qu’à travers ce nouveau programme agricole, le gouvernement vise à renforcer les capacités
institutionnelles et à accroître la productivité agricole dans le pays, et à lutter contre la faim, conformément aux Objectifs du millénaire pour le
développement (OMD). Lesquels objectifs, le pays
n’a pas pu atteindre, ce qui suppose sans doute, la
mise en place d’une nouvelle politique de développement, et dont l’autosuffisance alimentaire devrait constituer une priorité, a indiqué le
gouvernement. Le nouveau projet agricole contient
sept points saillants, en l’occurrence, le développement de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche et de
l’aquaculture, l’appui à la valorisation des ressources forestières, ainsi que l’amélioration de l’accès à la terre et au financement. Parce qu’il est
question de moderniser l’agriculture pour améliorer la production, le programme validé met également un accent sur la recherche agricole et la
diffusion des innovations et celui des capacités opérationnelles nationales, mais aussi l’amélioration
de l’état alimentaire nutritionnel, ce qui suppose
une alimentation équilibrée.
Le Pddaa, dont l’objectif est d’améliorer l’efficacité
de la mise en œuvre des initiatives du gouvernement
et l’allocation de l’aide extérieure à ces secteurs, se
présente comme un cadre de dialogue, d’harmonisation des stratégies d’alignement et de mutualisation des efforts de développement au niveau
sous-régional dot le Congo est signataire de la charte
et dont la finalité est de promouvoir de façon soutenue et durable, la croissance du secteur agricole au
sein des pays de la Communauté économique des
Etats de l’Afrique centrale (Ceeac). Des initiatives
Aller vers plus
de valeur ajoutée
7 mai 2015 Les Afriques
. 53
DOSSIER
Produire du blé
localement
qui s’ajoutent à bien d’autres, dont le Programme
d’appui au développement des filières agricoles
(Padef) dont l’implémentation en cours permet au
Congo, de sortir petit à petit d’une dépendance des
importations des produits alimentaires.
GABON Produire plus pour
tourner le dos aux importations
Le gouvernement
gabonais avec
l’appui des
partenaires au
développement
compte injecter
près de 400
milliards de f CFA
dès cette année
pour le
développement
du secteur
agricole.
54 Les Afriques .
7 mai 2015
Le boom pétrolier des années 1970 est certainement
l’une des raisons qui ont amené les Gabonais à s’intéresser peu à l’agriculture. Avec une population
alors estimée à un million d’habitants, les revenus
du pétrole donnaient l’impression de couvrir tous
les besoins des citoyens. Une erreur de jugement que
le pays subira énormément, le Gabon dépendant de
l’extérieur, en l’occurrence du Cameroun pour se
nourrir. Plus d’un demi-siècle après l’indépendance,
le Gabon dépend encore malheureusement de l’extérieur pour nourrir sa population. Rien que pour
l’année dernière, les importations des produits
agroalimentaires ont culminé à plus de 300 milliards de f CFA, soit pratiquement le 1/10è du budget du pays. Une énorme ardoise pour un pays qui
se veut émergent en 2025.
Les autorités qui, selon toute vraisemblance, ont
ressenti l’énorme poids que représente une dépendance vis-à-vis de l’extérieur pour nourrir ses habitants, semblent déterminées à attaquer le mal à
la racine. C’est dans ce sillage que s’inscrit l’adoption en 2015 du Plan national d’investissement
agricole, de sécurité alimentaire et nutritionnelle
(Pniasan) qui bénéficie de l’accompagnement des
institutions régionales et internationales à l’instar
de la Communauté économique des Etats de
l’Afrique centrale (Ceeac), le Nouveau partenariat
pour le développement de l’Afrique (Nepad), l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et
l’agriculture (FAO) ou encore la Banque mondiale.
Le gouvernement gabonais avec l’appui des partenaires au développement compte injecter près de
400 milliards de f CFA dès cette année pour le développement du secteur agricole, lequel bénéficie
actuellement d’un maigre budget. Selon des
sources concordantes, le Gabon dépend à plus de
90% de l’extérieur en matière de produits agricoles,
ce qui entraine la cherté des denrées alimentaires.
Pour booster le développement du secteur agricole,
le gouvernement gabonais a retenu sept axes prioritaires à l’horizon 2020. Il s’agit de l’amélioration durable de la production agricole, le développement
des pêches et de l’aquaculture, l’amélioration de l’accès à la terre et au financement, le renforcement du
système de collecte et de commercialisation des produits agricoles, l’amélioration du système de gestion
des informations et des innovations et l’amélioration de l’état nutritionnel et le développement institutionnel et des ressources humaines, notamment la
promotion des femmes et des jeunes. La finalité est
d’atteindre les objectifs de croissance et de production agricole, de sécurité alimentaire, de diminution
des importations des denrées alimentaires et de réduction de la pauvreté. Un programme qui rentre
dans le cadre du plan stratégique du Gabon émergent, la nouvelle politique agricole du Gabon, la po-
L’agriculture ne
représente que
1,1% du PIB
de la Guinée
équatoriale.
litique agricole, de sécurité alimentaire et de croissance, le programme national de sécurité alimentaire, le plan directeur de développement intégré de
la pêche artisanale, la stratégie nationale et le plan
d’actions pour le développement du secteur des produits forestiers non ligneux.
Déjà confronté à une sous-productivité chronique,
le Gabon souffre également de l’insuffisance d’infrastructures de communication avec moins de 540
km de pistes de dessertes rurales, ce qui représente
un handicap à la commercialisation des produits
agricoles. Conséquence, même quand les produits
alimentaires importés sont acheminés au Gabon,
en dehors des grandes agglomérations, il est difficile de ravitailler les zones rurales. A ces manquements, s’ajoutent l’absence de centres de négoce,
d’entrepôts et les faibles capacités des intervenants
font que les activités de collecte sont loin d’être efficaces dans les bassins de production. C’est dire
qu’il faudra encore attendre pour voir les effets du
Programme de développement et d’investissement
agricole au Gabon ( Prodiag) qui se veut un des piliers de la nouvelle donne agricole du pays et dont
l’un des objectifs est de poursuivre les expérimentations et la diffusion de solutions techniques adaptées et durables dans les neufs provinces du Gabon,
en phase avec les besoins de marchés locaux.
GUINÉE ÉQUATORIALE L’activité
agricole comme alternative au pétrole
La Guinée équatoriale s’est révélée au monde ces
dernières années à la faveur d’une importante production pétrolière, qui a transformé le destin de ce
pays naguère très pauvre, mais qui a amorcé le chemin du développement qui procure la fierté à ses
habitants. Des ressources pétrolières gigantesques
pour une population estimée à un million d’habitants. Mais parce que ces ressources peuvent tarir
et entacher le développement du pays, la Guinée
équatoriale ne perd pas de vue que l’avenir repose
sur le secteur primaire. Dans cette perspective, le
gouvernement a mis sur pied depuis quelques années, le Programme national pour la sécurisation
alimentaire (Pnsa) avec le concours des partenaires
au développement, en l’occurrence, l’Organisation
des Nations unies pour l’agriculture (FAO). L'objectif principal de cet ambitieux projet est d'obtenir
les mécanismes pour une production alimentaire
accrue de nature à assurer l’autosuffisance alimentaire à tous. La formulation du programme est dirigée aux agriculteurs, aux habitants des zones
rurales et à tous ceux qui souhaitent s'impliquer
dans l'agriculture, a soutenu la FAO.
Avec l’apparition du pétrole, de nombreux équatoguinéens ont délaissé le travail de la terre, ouvrant
les vannes à une importation tout azimuts, non
seulement pour les problèmes vivriers de consommation courante, mais également pour les produits
maraichers, et horticoles. Ce projet est considéré
par ses promoteurs comme «le vrai départ du développement agricole prévu en Guinée équatoriale et
donc l'amélioration de la vie des paysans dépendront
de ce programme». En effet, l’agriculture ne représente que 1,1% du PIB dans un pays nonobstant le
fait que cette agriculture de subsistance ne représente que 30% de la demande nationale. Pourtant,
le pays dispose de vastes étendus de terre arable. A
coté des produits vivriers, en l’occurrence, la banane, l’igname et le manioc notamment, la situation n’est pas plus reluisante pour les produits de
Une alternative
au pétrole
7 mai 2015 Les Afriques
. 55
DOSSIER
D’ambitieux projets
rente, puisque le cacao, le café et le bois ont connu
une chute drastique ces dernières années.
TCHAD Mobilisation
pour la sécurité alimentaire
La nouvelle
politique agricole
qui a pour but de
produire plus et
mieux pour
nourrir
l’ensemble de la
population
devrait
contribuer à
résoudre la
dépendance
alimentaire du
Tchad vis-à-vis
du Cameroun.
56 Les Afriques .
7 mai 2015
L’autosuffisance alimentaire fait partie des préoccupations de l’Etat tchadien qui multiplie des initiatives de développement agricole. Selon toute
vraisemblance, le pays a tiré les conséquences de la
crise sociopolitique qu’a connue le pays au lendemain de l’indépendance en 1960, jusqu’à la stabilité
institutionnelle depuis la décennie 1990. Conséquence, même avec l’entrée en production des
champs pétrolifères il y a une dizaine d’années, le
Tchad n’a pas voulu copier des pratiques alors en
cours dans certains pays riverains producteurs de pétrole, qui s’étaient détournés des activités agricoles,
pour ne se concentrer que sur l’exploitation des hydrocarbures. Entre autres initiatives prises, l’on peut
citer le Programme national de sécurité alimentaire
(Pnsa) qui s’appuie sur l’ensemble des orientations
politiques et stratégiques du secteur rural dont le
Plan d’intervention pour le développement rural
(Pidr), le Schéma directeur de l’agriculture et de
l’eau et de l’assainissement (Sdea) sans oublier la
Stratégie nationale de réduction de la pauvreté
(Snrp). Conçu dans l’esprit du Nouveau partenariat
économique pour le développement de l’Afrique
(Nepad), cette initiative de développement économique s’inscrit également dans le cadre régional,
d’un coté, le Programme régional de la sécurité alimentaire de l’Afrique centrale (Prsac/Ac) et le Pro-
gramme régional de la sécurité alimentaire de la
communauté des Etats Sahélo-sahariens (Cen-Sad).
La nouvelle politique agricole qui a pour but de produire plus et mieux pour nourrir l’ensemble de la
population devrait contribuer à résoudre la dépendance alimentaire du Tchad vis-à-vis du Cameroun
notamment, de même qu’elle aura une incidence sur
l’allocation du revenu national, avec une balance de
paiement généralement déficitaire à cause du poids
des importations des produits agroalimentaires, ce
qui devrait assurer l’équilibre du budget, aussi bien
national que celui des ménages. Une étude révèle
qu’au-delà des crises sociales qui ont eu un impact
négatif sur le développement du pays, l’évolution des
productions alimentaires n’a pas suivi l’accroissement démographique, le Tchad ayant favorisé les
importations des aliments généralement subventionnés, ce qui a malheureusement, exposé les petits
producteurs locaux à un combat perdu d’avance.
Pourtant, selon les statistiques du Recensement général de la population et de l’habitat (Rgph2) de
2009, plus de 78% des Tchadiens vit en milieu
rural. C’est dire que dans une situation d’insécurité alimentaire, ce sont les 4/5% de la population
du pays qui seraient exposés à la famine. Face à
cette situation, le gouvernement a mis sur place, en
2002, le PIDR qui a le mérite d’accorder au système
national de recherche agricole une place prépondérante dans la lutte pour l’amélioration de la sécurité alimentaire et la réduction de la pauvreté.
Achille Mbog Pibasso,
Douala
ARRÊT SUR IMAGE
Etats Unis d’Amérique
Le 29 avril 2015. Marche de protestation
de manifestants à Baltimore, dans le
Maryland pour exiger que justice soit faite,
suite aux funérailles de Freddie Gray, un
homme noir américain qui a succombé aux
graves traumatismes subies après une
arrestation musclée (moelle épinière
rompue) et pendant sa en garde à vue.
58 Les Afriques .
7 mai 2015
7 mai 2015 Les Afriques
. 59
FOCUS
Accord-cadre avec l’Iran
Impacts géostratégiques
au Moyen-Orient
Nous soutenions naguère, lors d’un débat avec Antoine Halff, ancien
économiste en chef au secrétariat d’Etat à l’énergie US et actuellement
directeur à l’AIE que «L’Accord définitif avec l’Iran pour des raisons
géostratégiques sera parachevé, en principe, avant le 30 juin 2015 et les
cours du pétrole se maintiendront à un niveau bas en 2015».
L’
accord-cadre avec l’Iran sur le nucléaire, du 2 avril 2015, s’il devait
déboucher sur un accord définitif
avant le 30 juin 2015, préfigure une
importante reconfiguration géostratégique au niveau du Moyen-Orient. A plusieurs télévisons et médias algériens et devant le
Premier ministre algérien et plusieurs membres
du gouvernement algérien, j’annonçais déjà, le 4
60 Les Afriques .
7 mai 2015
novembre 2014, lors de la conférence organisée
par le ministère algérien de l’Industrie sur la relance économique et par la même occasion proposais la mise en place d’un Comité de crise pour
parer à la chute du cours des hydrocarbures. Une
crise que certains experts et membres du gouvernement algériens écartaient, afin d’éviter l’expérience douloureuse des impacts de 1986 (cessation
de paiement). Plusieurs déterminants pour de
telles mesures permettant de parer à une éventuelle crise.
La place de l’Iran dans la région et
l’Accord préliminaire du 2 avril 2015
La République islamique d’Iran a été proclamée le
1er avril 1979. Après près d’une décennie d’isolement diplomatique, l’Iran cherche à renouer avec la
communauté internationale. Pour rappel, la conver-
sation téléphonique avec le président Obama de
septembre 2013 a constitué une rupture historique.
Dès son élection en juin 2013, le président Rohani a
exprimé son souhait d’améliorer les relations de
l’Iran avec la communauté internationale notamment sur le dossier du nucléaire, dégradées au cours
des présidences précédentes, tout en essayant
d’apaiser ses relations avec les puissances régionales
notamment ses relations avec les puissances sun7 mai 2015 Les Afriques
. 61
FOCUS
Natanz, comme
unique installation
d’enrichissement
Le Yémen, à
l'extrémité de la
péninsule arabique
et chasse gardée
de l'Arabie
saoudite via les
Etats-Unis, n'est
pas une priorité
stratégique pour
Téhéran.
62 Les Afriques .
7 mai 2015
nites, en particulier l’Arabie saoudite et les tensions
actuelles au Yémen en seront un test. Selon bon
nombre d’experts militaires, le Yémen, à l'extrémité
de la péninsule arabique et chasse gardée de l'Arabie
saoudite via les Etats-Unis, n'est pas une priorité
stratégique pour Téhéran, bien moins en tout cas
que l'Irak ou la Syrie, où l’Iran est un acteur majeur
des crises en cours. Sur le plan régional, c’est un acteur clé comme en témoigne sa priorité qui est la
lutte contre Daech où l’Iran a apporté son soutien
au régime irakien mais également depuis le déclenchement de la crise syrienne son soutien à Damas,
mais une position qui peut évoluer, prônant un
gouvernement d’union nationale selon ses intérêts
stratégiques, qui constitue avec l’Irak et le Hezbollah au Liban ses points d’appui essentiels. C’est dans
ce cadre que rentre l’accord préliminaire avec l’Iran
du 2 avril 2015. Ainsi, après huit jours de discussion,
le groupe des 5+1 les grandes puissances (EtatsUnis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne) et l'Iran ont signé, jeudi 2 avril 2015, les
«paramètres-clés» qui serviront de cadre à un accord définitif sur la poursuite du programme nucléaire iranien, texte qui doit désormais être rédigé
d'ici au 30 juin. Il faut d’abord souligner que les négociations ne se sont pas déroulées seulement à
Lausanne mais dans deux autres espaces mondiaux,
en Iran et aux Etats-Unis via Israël. D’abord en Iran
où les forces réformistes doivent faire face aux forces
conservatrices, ensuite aux Etats-Unis d’Amérique
via Israël où le congrès à majorité républicaine est
réticent sur un tel accord. Au lendemain de l’Accord,
nous avons assisté à une liesse populaire en Iran où
la population frappée par l’embargo souffre comme
je le démonterai par la suite à partir d’indicateurs
économiques d’une très grave crise économique et
sociale. Le président américain a salué l’accord historique en prenant les précautions d’usage, je le cite
: «Aujourd'hui, nous, les Etats-Unis, de concert avec
nos alliés et partenaires, sommes parvenus à un accord historique avec l'Iran. Si ce cadre débouche sur
un accord définitif global, il rendra notre pays, nos alliés et notre monde plus sûrs. L'Iran ne produira pas
de plutonium de qualité militaire, et l'accord trouvé
empêche Téhéran de fabriquer une bombe à base
d'uranium enrichi». Il est conforté par l’opinion publique américaine puisque aux Etats-Unis, de récents sondages montrent que l'opinion publique est
plutôt favorable à un accord sur le nucléaire iranien.
Dans une enquête menée par le Washington Post et
ABC, 59% des personnes interrogées soutiennent
l'idée de lever la quasi-totalité des sanctions à l'égard
de la République islamique en échange d'un accord
qui limiterait le programme nucléaire de façon à
empêcher la production d'armes nucléaires, 31% se
disent contre. Selon le secrétaire d'Etat américain et
la partie européenne, les parties se sont mis d'accord
sur le fait que les stocks d'uranium enrichi de l'Iran
seront réduits de 98% pendant 15 ans. Le nombre
de centrifugeuses de l'Iran serait ramené de 19 000
actuellement à 6 104 dans le cadre du futur accord.
L'accord-cadre est un «pas important» qui permettra d'empêcher ce pays d'acquérir l'arme nucléaire,
selon la chancelière allemande, la Russie et la Chine
ayant également souligné un accord historique, et
pour la France, le souci est d'aboutir à un accord
final crédible et vérifiable afin que la communauté
internationale soit assurée que l'Iran ne sera pas en
situation de se doter de l'arme nucléaire. Les sanctions américaines et européennes seront levées pro-
Le nombre de
centrifugeuses de
l'Iran serait
ramené de 19 000
actuellement à
6 104 dans le
cadre du futur
accord.
gressivement en fonction du respect des engagements de l'Iran, tout accord final devant être endossé par le Conseil de sécurité de l'ONU. Mais au
lendemain de l’Accord, le chef de gouvernement israélien a adopté un ton volontairement agressif
pour dénoncer l’accord-cadre signé le 2 avril 2015
qui menacerait la sécurité d’Israël, qui selon lui ne
va pas bloquer le programme nucléaire de l'Iran,
mais au contraire lui ouvrir le chemin, affirmant
que «l'option militaire reste sur la table ». Mais,
selon la plupart des observateurs, il n'y a aucune
chance pour qu'Israël se lance dans une aventure
aussi périlleuse. C’est qu’il reste encore du travail
afin d’aboutir à l’accord définitif avant le 30 juin
2015, étant donc prévu trois mois de discussions.
D’ici là, conservateurs iraniens et extrémistes de la
droite israélienne , le parti travailliste ayant une positon plus mesurée, étant pour un Etat palestinien et
une paix négociée qui devait selon les sondages
remporter les élections, l’ayant perdue, la droite
ayant invoquée la peur pour la remporter en fin de
compte, chercheront à saborder cet accord politique
préliminaire. Par contre pour le gouvernement irakien, allié de l’Iran, l’accord peut aider à stabiliser
les tensions dans la région. C’est que la baisse des
prix du pétrole affecte l’économie irakienne où
selon le ministre du Pétrole le conflit actuel réduit
d’environ 50% les revenus, pouvant produire plus
de 8 millions de barils jour. Actuellement selon les
données irakiennes, l’Irak produit environ 3,8 millions de barils par jour dans le sud, 400 000 barils
directement sont exploités par Daech (une estimation de près dix fois supérieure à celle des services de
renseignements occidentaux donnant au cours de
40 dollars à l’écoulement au noir près de 1,6 million de dollars/jour ) exportés via la Turquie et 130
000 barils sont réservés à la consommation intérieure du Kurdistan avec lequel un accord de partage de la production a été conclu. Et si l’embargo
permet une stabilisation de la région, l’Irak peut
produire 8/9 millions de barils/jour et l’Iran plus de
5/6 millions de barils/jour, ces facteurs contribuant
à accroître l’offre et maintenir le baril à un cours inférieur à 60/70 dollars pendant plusieurs années, en
cas de non-reprise forte de la croissance de l’économie mondiale.
Fortes potentialités,
cours du pétrole et situation
socioéconomique dégradée
Les potentialités de l’Iran sont très importantes, détenant la deuxième réserve de gaz traditionnel mondiale et la quatrième réserve de pétrole du monde.
Il est également situé sur la ceinture des réserves de
cuivre de la planète et bénéficie de réserves considérables d'autres minéraux, tels que le fer, l'aluminium, le plomb et le zinc. C’est un pays avantagé par
des frontières qu'il partage avec 15 pays, pouvant
devenir facilement un pays émergent, d’autant plus
qu’il a investi dans la ressource la plus sûre, celle la
ressource humaine, élite sans laquelle aucun pays ne
peut se développer. L’Iran a une superficie de 1 648
000 km2 avec pour capitale Téhéran et ses principales villes sont Machhad, Ispahan, Karaj, Tabriz. Sa
monnaie est le rial où un 1euro = 33.917 IR en 2014.
Selon les études de l’OCDE et du FMI, sa population est d’environ 77,8 millions (octobre 2014) avec
une densité de 48,4 hab/km2, occupant la 2ème place
derrière l'Egypte. Le taux d’alphabétisation est de
93% pour les Iraniens de 19 à 40 ans, encore
qu’existe des disparités puisque l’Indice de développement humain est de 0,707 ayant été classée 88è
Iran, deuxième
réserve de gaz
traditionnel mondiale
7 mai 2015 Les Afriques
. 63
FOCUS
Les potentialités
de l’Iran sont très
importantes,
détenant la
deuxième réserve
de gaz traditionnel
mondiale et la
quatrième réserve
de pétrole du
monde.
rang mondial. Le PIB par habitant 2013-2014 est de
4 748 dollars avec un produit intérieur brut (PIB
(2013-2014) de 366,1 milliards de $, étant la
deuxième économie au Moyen-Orient et en Afrique
du Nord, avec un PIB ventilé comme suit : agriculture : 11,3% ; industrie : 37,6% ; services : 51%. En
plus du pétrole et du gaz, l'Iran exporte principalement des pistaches, des tapis, des produits pétrochimiques, des produits chimiques organiques, de
l'aluminium, des matériaux plastiques. Ses trois
principaux fournisseurs sont la Chine, l'Allemagne
et les Emirats arabes unis (qui jouent le rôle de centre de réexportation). Les biens principalement importés sont les machines, le fer et l'acier,
l'équipement électrique et électronique et les céréales. Mais les indicateurs macro-financiers et
macro-sociaux sont inquiétants : le taux de chômage en 2013-2014 officiellement est de 12,9%,
mais estimé à 30% par le FM et le taux d’inflation à
35,2%. Le déficit budgétaire pour 2013-2014 aurait
été de 6% du PIB avec une contraction du PIB de
l'ordre de -1,2%. Selon le rapport du FMI, l’excédent courant serait passé de 26,3 milliards de dollars
(soit 6,6% du PIB) en 2012-2013 (mais 11% en
2011-2012) à 27,4 milliards de dollars (soit 7,5% du
PIB) en 2013-2014 bien que l’excédent de la balance
des paiements aurait été ramené de 12,2 à 3,28 milliards de dollars. Mais l’essentiel de l’économie repose sur la rente des hydrocarbures. Avec la
généralisation de l’embargo, les revenus pétroliers
de l’Iran ont chuté pour atteindre le quart de leur
niveau initial. Comme rappelé précédemment, l'inflation a atteint plus de 35%, certains mois avec des
niveaux record jusqu'à 50%, la devise nationale a
perdu 80% de sa valeur, le taux de chômage réel a
grimpé à 30% du fait de la croissance négative,
l’économie étant dominée par le secteur public qui
contrôle près de 80% et un secteur privé relativement limité. Ainsi, l’économie est très dépendante
des revenus pétroliers qui irriguent la sphère économique et sociale qui représentent, selon le niveau
du chiffre d’affaires, entre 70 et 80% des recettes de
l'Etat. Dans ce contexte, une hausse ou une baisse
du prix du pétrole influe sur les recettes du pays. Encore faut-il préciser qu’en Iran les ventes de condensats de gaz et produits pétrochimiques sont
comptabilisées comme exportations non pétrolières. Aussi, l’embargo a eu des répercussions négatives, les exportations de brut iranien étant
plafonnées à 1 million de b/j environ selon les
termes de l’accord intérimaire de Genève de novembre 2013 reconduit jusqu’au 30 juin 2015. C’est
pourquoi le gouvernement iranien table sur la levée
de l’embargo qui lui permettrait de dynamiser son
économie via les exportations. L’Iran détient la quatrième réserve pétrolière mondiale avec plus de 160
milliards de barils (13/14% des réserves mondiales)
lui permettant facilement d’exporter entre 4/5 millions de barils/jour et le deuxième réservoir de gaz
traditionnel avec plus de 34 000 milliards de mètres
cubes gazeux, soit plus de 16% des réserves mondiales sans compter que l'Iran aura alors accès aux
quelque 100 milliards de dollars bloqués dans les
banques étrangères, qui pourront augmenter ses exportations et attirer les investissements étrangers. A
cela s’ajoutent les réformes internes entre 2015 et
2016 afin d’accroître les recettes fiscales où l’Iran
envisage des privatisations et cessions d’actifs en
forte progression par rapport au budget actuel,
combiné à la réduction du train de vie de l’Etat (dépenses de fonctionnement, salaires des fonctionnaires). C’est suite à cette situation que le président
Annexe de la conclusion de l’Accord
• ENRICHISSEMENT :
Le nombre de centrifugeuses de l’Iran passera de 19.000,
dont 10.200 en activité, à 6.104 (une réduction de deux
tiers). Sur les 6.104, seules 5.060 auront le droit de produire de l’uranium enrichi pendant 10 ans. Il s’agira de centrifugeuses de première génération.
– Téhéran va réduire son stock d’uranium faiblement enrichi (LEU) de 10.000 kg à 300 kg enrichi à 3,67% pendant 15 ans.
– L’Iran a accepté de ne pas enrichir d’uranium à plus de
3,67% pendant au moins 15 ans.
– Le matériel excédentaire sera entreposé sous surveillance
de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et
ne pourra servir qu’à des remplacements.
– Téhéran a accepté de ne pas construire de nouvelles installations d’enrichissement d’uranium pendant 15 ans.
64 Les Afriques .
7 mai 2015
• BREAKOUT TIME :
Le «breakout time» est dans le jargon des experts le temps
nécessaire pour fabriquer assez d’uranium enrichi pour produire une arme atomique. Ce «breakout time», qui est actuellement de 2 à 3 mois, sera d’un an au moins et ce pendant au
moins 10 ans.
• FORDO, NATANZ :
L’Iran accepte de ne plus enrichir d’uranium pendant au
moins 15 ans dans le site de Fordo, enfoui sous la montagne et
de ce fait impossible à détruire par une action militaire. Il n’y
aura plus de matières fissiles à Fordo pendant au moins 15
ans. Le site restera ouvert mais n’enrichira pas d’uranium.
Environ deux tiers des centrifugeuses de Fordo seront retirées du site.
• NATANZ :
C’est la principale installation d’enrichissement iranienne,
Pour la première
fois, le gouvernement a même été
contraint de
vendre des dollars
sur le marché pour
soutenir la devise.
iranien Hassan Rohani a déclaré, le 31 mars 2015,
que son gouvernement voulait sortir l'économie de
son pays de la récession, l’objectif étant la relance
économique, la maîtrise de l'inflation qui selon ses
propos avait atteint 40% en 2014, le pays étant
confronté à une stagflation sans précédent intenable
dans le temps. Et pour cela, il faut une politique de
croissance nécessitant d’importants moyens de financement et donc la levée de l’embargo. Dans son
discours, il avait précisé que 10% de points de PIB
sont en baisse sur le total des revenus depuis 2010 et
que les contraintes dans les transactions financières
internationales ont accéléré la stagnation de l'économie iranienne, avec une récession de 1¾% du
PIB et un déficit global de 2¼% du PIB pour 201314 et que durant l'année iranienne 1391 (mars
2012-mars 2013) la croissance a été négative de
6,8% et en 1392 (mars 2013 - mars 2014) également
une croissance négative de 1,1%. Cela rejoint le
constat du FMI pour qui la performance macroéconomique du pays s'est dégradée en raison du
renforcement des sanctions internationales en 2012,
expliquant que le gouvernement iranien a commencé l’arrêt progressif des subventions sur l'énergie, le début d'un processus qui augmentera les prix
de l'essence, de l'électricité et d'autres services publics. Pour la première fois, le gouvernement a
même été contraint de vendre des dollars sur le
marché pour soutenir la devise qui a fortement été
dévaluée. Ainsi, le gouvernement iranien, notamment les réformateurs sont confrontés à d’importants défis internes nécessitant d’importantes
réformes structurelles à trois niveaux : premier niveau, les subventions généralisées non ciblées,
source de gaspillage, les situations de rentes et les
détournements de fonds qui constituent une autre
avec quelque 17.000 centrifugeuses IR-1 de la première génération, un millier d’IR-2M plus rapides et une capacité d’en
accueillir au total 50.000. Téhéran a accepté que Natanz devienne son unique installation d’enrichissement. Elle devra
être dotée de seulement 5.060 centrifugeuses IR-1 de la première génération pendant 10 ans. Les centrifugeuses IR-2M
seront enlevées et placées sous contrôle de l’AIEA.
• CONTRÔLE :
L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) sera en
charge de contrôler régulièrement tous les sites nucléaires
iraniens.
– Les inspecteurs de l’AIEA pourront accéder aux mines d’uranium et aux lieux où l’Iran produit le «yellowcake» (un
concentré d’uranium) pendant 25 ans.
• ARAK :
Le cœur de ce réacteur à eau lourde, qui aurait pu produire du
plutonium, sera détruit ou sera déplacé en dehors du territoire
iranien. Le réacteur sera reconstruit pour se limiter à la re-
cause de cette hémorragie permanente dans l'économie iranienne qui empêchent la canalisation des
richesses dans le système de production intérieure
et le développement du pays. Deuxième niveau,
veiller à sa protection sécuritaire, limiter les dépenses faramineuses consacrées à l'appareil militaire
du fait des tensions régionales dont le projet nucléaire à des fins militaires, l’Accord prévoyant le
nucléaire à des fins civiles, le programme balistique
colossal et la politique interventionniste au niveau
international qui nécessite d’importantes aides financières. Troisième niveau qui impliquera des réaménagements au niveau du pouvoir iranien, la
limitation du pouvoir des Pasdaran qui contrôlent
une part essentielle de l'économie iranienne qui
sans être soumis à la loi sur la fiscalité monopolisent l'activité économique en encaissant des revenus colossaux dans les secteurs du pétrole, gaz,
pétrochimie, téléphonie, informatique, industrie de
l'automobile, acier, ciment, alimentaire, produits
pharmaceutiques, ainsi que les routes, les banques,
les assurances. Selon les analystes, les Pasdaran sont
parmi les plus grands cartels du monde et contrôlent plus de 50% des importations et le tiers des exportations iraniennes
En résumé, la levée de l’embargo international et
une reprise économique permettraient de désamorcer le climat de tension que traverse tant la région que l’Iran, avant la tenue des élections
parlementaires, prévues en mars 2016. L’accordcadre du 2 avril 2015, s’il devait déboucher sur un
accord définitif avant le 30 juin 2015, préfigure une
importante reconfiguration géostratégique au niveau du Moyen-Orient.
Dr Abderrahmane Mebtoul,
Expert international
cherche et à la production de radioisotopes médicaux, sans production de plutonium à capacité militaire. Le combustible utilisé
sera envoyé à l’étranger pendant toute la vie du réacteur.
Téhéran ne pourra pas construire de nouveau réacteur à eau
lourde pendant 15 ans.
• SANCTIONS :
Les sanctions américaines et européennes seront levées dès
que le respect de ces engagements par l’Iran aura été certifié
par l’AIEA. Elles seront rétablies si l’accord n’est pas appliqué. Les résolutions de l’ONU seront levées dès que l’Iran respectera tous les points clés de l’accord. Une nouvelle
résolution du Conseil de sécurité de l’ONU maintiendra les interdictions de transfert de technologies sensibles et soutiendra l’application de cet accord.
• PÉRIODIQUES D’APPLICATION :
Elles varient de 10 à 15 ans selon les activités et sont valables
pendant 25 ans pour les inspections de la chaîne d’approvisionnement en uranium.
7 mai 2015 Les Afriques
. 65
RELATIONS INTERNATIONALES
66 Les Afriques .
7 mai 2015
Algérie-Chine Visite du Premier
ministre Abdelmalek Sellal à Pékin
Le Premier ministre algérien Abdelmalek Sellal a effectué une visite en
Chine du 28 avril au 1er mai. Le niveau actuel des relations économiques
entre l’Algérie et la Chine ne correspond pas réellement aux attentes
dans les deux pays. Aussi, cette visite a permis de renforcer la
coopération stratégique entre eux.
L
e Premier ministre algérien s’est rendu en
visite officielle en Chine. Un déplacement,
placé dans le cadre d’un partenariat gagnant-gagnant. La Chine est l'une des
plus anciennes civilisations, le troisième
pays le plus grand du monde après la Russie et le
Canada. La Chine avec une frontière terrestre de 22
117 km est située au centre de l’Asie et possède 14
pays voisins : le Vietnam, le Laos, la Birmanie, l’Inde,
le Bhoutan, le Népal, le Pakistan, l’Afghanistan, le
Tadjikistan, le Kirghizistan, le Kazakhstan, la Russie, la Mongolie, et la Corée du Nord. La Chine possède également des frontières maritimes avec la
Corée du Sud, le Japon et les Philippines. La population est estimée en 2014 à 1,368 milliard d’habitants avec une densité de 143 hab/km² avec
pourtant une faible croissance démographique de
0,5%, selon la Banque mondiale mais avec un accroissement du niveau de vie 75 ans et un très fort
taux d’alphabétisation de 95%. Avec 9 641 144 km2
de superficie, elle s'étend des côtes de l’océan Pacifique au Pamir et aux Tian Shan et au désert de
Gobi et aux confins de la péninsule indochinoise.
Dirigée par le Parti communiste depuis 1949, l'économie de la Chine était marquée par un très fort interventionnisme de l’Etat jusqu’aux années 1970, ce
modèle économique dirigiste reposant des planifications dans de nombreux secteurs agricoles et industriels, ainsi qu'un relatif isolement sur la scène
du commerce international. Depuis 1976, la Chine
a développé un modèle fréquemment nommé «économie sociale de marché» qui combine un secteur
public toujours omniprésent et un certain libéralisme économique avec une ouverture maîtrisée de
son marché intérieur au secteur privé.
Une nouvelle démarche
Depuis 2012-2013, nous assistons à une nouvelle politique avec le renouvellement de l’équipe dirigeante, Xi
Jinping ayant été nommé secrétaire général du parti et
Nous gagnerons
notre guerre
féroce contre la
corruption car il
s’agit là d’une
«question de vie
ou de mort pour le
Parti et pour la
nation».
président de la République avec de nouvelles orientations, notamment la lutte contre la corruption. Selon
l’homme fort de la Chine, je le cite : «Notre courage de
nous débarrasser de ce poison qui ronge nos os ne fléchira pas… Nous gagnerons notre guerre féroce contre
la corruption car il s’agit là d’une «question de vie ou de
mort pour le Parti et pour la nation». La Chine est le
deuxième pays au monde par son produit intérieur brut
PIB avec 11 285 milliards de dollars derrière les EtatsUnis avec 18 287 milliards de dollars, mais pour une population de 360 millions d’habitants, loin devant le Japon
(4 882), l’Allemagne (3 909) le Royaume-Uni (3003) et
la France (2 935 milliards de dollars). Selon le FMI, la parité de pouvoir d'achat (PPA) prévoit que le PIB PPA de
la Chine atteindra 27 000 milliards de dollars en 2019,
quand celui des États-Unis ne devrait être que de 22 000
milliards de dollars. Le secteur public continue à tenir
une importante place dans la vie économique, mais les
entreprises privées y jouent un rôle croissant et le pays
s'est fortement intégré dans le système économique
mondial. Symbole de l’ouverture sur le marché mondial,
la Chine est devenue membre de l’OMC en 2001 avec
des entreprises concurrentielles dans de nombreux secteurs (énergie, électronique, ferroviaire, solaire, éolien
par exemple).
Une partie d’échecs financière
La Chine utilise ses atouts économiques pour jouer un
rôle stratégique au niveau régional et mondial montrant
que la diplomatie d’un pays en ce XXIème siècle est surtout fonction de sa puissance économique et non de ressources naturelles fussent-elles des hydrocarbures, car
éphémères. Ainsi, la Chine a renforcé son rôle dans le
processus d’intégration régionale en Asie, avec une double volonté de structurer et de stabiliser son environnement. Elle s’est pleinement intégrée aux organes
multilatéraux de coopération en Asie, notamment
l’APEC, l’Asean+3 (Association des nations de l’Asie du
Sud-Est + Chine, Japon et Corée du Sud).
Dans le champ politico-militaire, la Chine a initié en
7 mai 2015 Les Afriques
. 67
RELATIONS INTERNATIONALES
Xi Jinping,
président de la Chine
Le fort excédent
commercial,
provoqué par les
exportations
industrielles, a
permis au pays de
se constituer de
grandes réserves
de change.
68 Les Afriques .
7 mai 2015
2001 la création de l’OCS (Organisation de coopération de Shanghai) qui regroupe la Chine, la Russie,
le Kazakhstan, le Kirghizstan, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan. Dans ce cadre régional, voire mondial, sur
le plan économique, la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures (AIIB)», a été créée
en octobre, à l'initiative de la Chine, Londres, Paris,
Berlin et Rome qui annoncent leur intention de devenir membres fondateurs. Encore que pour Washington, cette nouvelle institution vise directement à
concurrencer la Banque mondiale, largement vue
comme un vecteur de l'influence américaine dans les
pays émergents ou la Banque asiatique de développement (BAD) «pilotée» par le Japon traduisant une
partie d'échecs financière à l'échelle planétaire. Cependant, les derniers indicateurs économiques de
2015 sont inquiétants. Confrontée au ralentissement
du marché immobilier mais aussi des échanges commerciaux et des investissements, la Chine s’achemine
en 2015 vers une croissance de 7%, soit la plus faible
depuis vingt-cinq ans alors que la population active
du pays compte 800 millions de personnes. L'agriculture occupe 33,6% de la main-d'œuvre en 2012
avec 10% du PIB et l'industrie emploie environ
30,3% de la population active, avec près de 47 % du
PIB. Car l’objectif est de lutter contre l’inflation et le
chômage. Certes, le taux d’inflation est relativement
maîtrisé (2,9% en 2014 selon le FMI et 1,5% selon
les autorités chinoises), la basse croissance de l’économie chinoise sur l’année écoulée et la baisse des
prix de l’énergie sont les principaux facteurs d’expli-
cation de cette faible inflation. Le cours du yuan accroît les tensions avec l’Europe et les Etats-Unis qui
reprochent à la Chine une sous-évaluation de sa
monnaie pour dumper les exportations. Il a été coté
en avril 2015 et est de 6,195 pour un dollar. Quant
au taux de chômage en Chine, il faut un taux de
croissance au minimum de 9/10% pour qu’il ne s’accroisse pas. Il est officiellement de 4,1%, un chiffre
que bon nombre d’observateurs considèrent comme
peu fiable étant donné qu'il n'a pas beaucoup varié
ces dernières années, y compris en période de ralentissement prononcé. Une étude du Wall Street Journal montre que le taux de chômage réel en Chine est
le double du niveau officiel annoncé, soit 8%. Aussi,
le gouvernement chinois s'il venait à augmenter serait contraint de ralentir le rythme des réformes et
d'intervenir en injectant de nouveau de l'argent dans
l'économie, comme il l'a fait en 2008 avec un plan de
relance de 4 000 milliards de yuans (495 milliards
d'euros). Encore que le fort excédent commercial,
provoqué par les exportations industrielles, a permis
au pays de se constituer de grandes réserves de
change qui ont plus que quadruplé pour s'établir,
selon les données de la Banque populaire de Chine, à
3 820 milliards de dollars fin 2014, permettant de
placer une partie des Bons du Trésor américains en
dette souveraine d'autres Etats, une autre partie pour
investir dans des entreprises à l'étranger à travers son
principal fonds souverain, le CIC. Bien que depuis
février 2015, le Japon ait remplacé la Chine pour devenir le premier détenteur de Bons du Trésor améri-
La Chine a été le
premier pays non
arabe à
reconnaître le
gouvernement
provisoire
algérien.
cain, selon le département d'Etat américain avec 1
224,4 milliards de dollars et la Chine à 1 223,7 milliards de dollars sur un total de 6 219 milliards de dollars en janvier 2015. Cependant, la population reste
relativement pauvre, car il faut relativiser, il ne faut
pas voir le PIB en valeur absolu mais le diviser par la
population totale : en parité de pouvoir d’achat, on
évalue le PIB par habitant en 2013 à 9 800 dollars par
habitant, ce qui place la Chine au 121e rang mondial.
Le pays demeure toutefois marqué par des déséquilibres tant spatiaux que socio-processionnelles importants : écarts de revenus entre les habitants qui
expliquent les révoltes récentes pour accroître le revenu minimum ; problèmes environnementaux importants (pollution de l’eau, de l’air, des sols) ; modèle
de croissance qui continue de reposer fortement sur
l’investissement, au détriment de la demande des ménages. Du point de vue du déséquilibre spatial, la côte
est le cœur économique du pays, avec notamment
Shanghai, Hong Kong et Macao qui concentrent la
production de richesse aux dépens des provinces de
l'ouest, restées très rurales et présentant un important
retard de développement.
Des relations de longue date
Qu’en est-il de l’économie algérienne et de ses relations avec la Chine ? Doit-on rappeler que la relation
d'amitié entre l'Algérie et la Chine est très ancienne.
La Chine a été le premier pays non arabe à reconnaître le gouvernement provisoire algérien en lui offrant
un soutien politique et matériel dans sa quête de l'indépendance du pays. Mais dans la pratique des affaires, il n’y a pas de sentiments pouvant exister un
large fossé entre les discours politiques et la dure réa-
lité économique. Les deux tiers des échanges de l’Algérie se font avec l’Europe et si l’on inclut les EtatsUnis d’Amérique, ce taux dépasse les 80%.
Rappelons, afin de faire la comparaison avec la
Chine, que la population algérienne est de 39,5 millions au 1er janvier 2015 et que le PIB algérien est estimé à 221 milliards de dollars en 2014 par la Banque
d’Algérie. Les importations de biens ont été en 2014
de 60 milliards de dollars auxquels il faut ajouter 11
milliards de dollars de services, soit plus de 71 milliards de dollars. Comparées à la Chine, les réserves
sont relativement faibles avec un décaissement des
réserves de change de 15,6 milliards de dollars ente
juillet et décembre 2014 et plus de 11 milliards de
dollars selon le FMI uniquement pour janvier 2015,
ne restant que 166 milliards de dollars au 31 janvier
2015 avec d’inévitables tensions au niveau de la balance des paiements à terme au rythme de cette dépense publique et si le cours se maintient à moins de
70 dollars. Les hydrocarbures représentent 33%,
l’agriculture 10% du PIB, les industries hors hydrocarbures 4%, le BTPH / services pétroliers 9%, les
services et administrations publiques 37% et les
droits et taxes à l’importation 7%. Mais en réalité la
majorité des secteurs sont irrigués directement ou indirectement par la rente des hydrocarbures, restant
moins de 15/20% de segments relativement autonomes par rapport à cette rente. Comme en témoigne la structure de l’emploi avec une forte
proportion au niveau de la sphère informelle où nous
avons l’agriculture avec environ 11%, l’industrie privée et publique y compris Sonatrach 14%, le BTPH
17%, le commerce et services 58% dont 32% sont des
apprentis et des non permanents, les indépendants
Poignée de main entre le
Premier ministre algérien,
Abdelmalek Sellal
et le président chinois
7 mai 2015 Les Afriques
. 69
RELATIONS INTERNATIONALES
Des chantiers à réaliser
en commun
représentent près de 30%. Ces chiffres globaux incluent la sphère informelle, qui suite à une enquête de
l’ONS représente 45,6 % de la main-d’œuvre totale
non agricole. Dans ce contexte d’une économie algérienne mono-exportatrice et d’une économie chinoise diversifiée et surtout reposant sur une bonne
gouvernance et la valorisation de la connaissance,
quelles perspectives pour la coopération ?
Plusieurs chantiers
Une forte
présence qui s’est
traduite par le
recensement d’un
nombre
impressionnant
des ressortissants
chinois qui se
trouvent
actuellement en
Algérie, près de
40 000 travaillant.
70 Les Afriques .
7 mai 2015
L'Algérie et la Chine ont conclu un Plan de coopération stratégique global pour la période 2014-2018. Ce
plan de coopération stratégique tend à impulser les
relations économiques entre les deux Etats, y compris
pour ce qui a trait aux investissements directs de la
Chine dans les secteurs prioritaires du prochain plan
quinquennal de l'Algérie, prévu pour un montant
avant la chute du cours des hydrocarbures de 286 milliards de dollars. Or, les échanges commerciaux, fortement déséquilibrés, sont passés de 200 millions de
dollars en 2000 à 10 milliards de dollars en 2014
contre 8,1 milliards de dollars, dont 6 représentent les
exportations chinoises vers l’Algérie en 2013 faisant
ressortir un avantage substantiel au profit de la partie
chinoise entre 6 et 7 milliards de dollars. Selon l’ambassadeur de Chine Yang Guangyu, en Algérie à fin
2014, l’investissement chinois aurait contribué entre
40 000 à 50 000 d’emplois directs et 100 000 emplois
indirects et que les entreprises chinoises ont investi
1,5 milliard de dollars. Ainsi, 790 entreprises chinoises
sont présentes en Algérie activant notamment dans le
bâtiment et travaux publics ainsi que l'import-export.
Différents projets, notamment dans le bâtiment, sont
confiés à des entreprises chinoises dont la Grande
mosquée d'Alger, l'Opéra d'Alger et des projets de logements. L’Algérie a, en effet, accordé aux entreprises
chinoises des marchés de construction d’une valeur
totale de 20 milliards de dollars. Une forte présence
qui s’est traduite par le recensement d’un nombre impressionnant des ressortissants chinois qui se trouvent actuellement en Algérie, près de 40 000
travaillant notamment dans la construction de logements, de chemins de fer et dans plusieurs tronçons
de l’autoroute Est-Ouest. Mais existe également
l’achat d’armement de l’Algérie à la Chine. Selon
l’Institut international de recherche sur la paix (Sipri)
de Stockholm, la Chine a consolidé sa position de
grand exportateur. Outre que les pays d’Asie et du
Golfe Persique ont été les principaux importateurs
d’armes de 2009 à 2014, les exportations de la Chine
vers l’Afrique en équipement militaire ont augmenté
de 53%, les fournitures chinoises sont destinées essentiellement à l’Algérie, au Maroc et au Soudan qui
s’imposent en principaux acheteurs africains de
l’équipement militaire chinois.
Pour conclure, espérons que la visite de travail du Premier ministre algérien Abdelmalek Sellal permettra de
profiter de l’expérience chinoise, en matière de transfert managérial et technologique, et rééquilibrer la balance commerciale au profit de l’Algérie.
Par Pr Abderrahmane Mebtoul,
expert international
7 mai 2015 Les Afriques
. 71
RELATIONS INTERNATIONALES
72 Les Afriques .
7 mai 2015
Que cherche la Russie en Afrique ?
De plus en plus isolée sur la scène internationale, depuis la crise
ukrainienne et l’annexion de la Crimée, la Russie montre un grand
intérêt pour les pays africains. La récente visite de Vladimir Poutine en
Egypte relance le débat sur les véritables ambitions russes en Afrique.
B
ien que le continent ne constitue pas ouvertement une priorité pour la diplomatie
russe, son intérêt pour l’Afrique ne s’est jamais démenti. Ces dernières années, la
Russie qui a misé sur le développement des
échanges commerciaux compte se positionner à l’image
des autres puissances sur le marché africain.
La Russie compte rattraper son retard dans cette sorte
de course que se livrent les grandes puissances et les
grands pays émergents pour prendre place en Afrique.
Certes, la teneur actuelle de la coopération bilatérale
entre l’Afrique et la Fédération de la Russie est loin de
refléter la dynamique des relations qui avaient prévalu
entre le continent et l’ex-URSS, laquelle a été très active
sur le plan diplomatique en Afrique lors de la Guerre
froide. Depuis, la Russie a perdu du terrain au détriment de nouveaux partenaires comme la Chine, le Brésil ou la Turquie, qui étaient pourtant moins actifs
auparavant sur le continent. Malgré une présence diplomatique timide, il faudrait relativiser la perte d’influence de la Russie en Afrique.
L’activisme actuel sur le continent n’est en rien comparable avec celui de l’ex-URSS, mais les ponts n’ont
jamais été coupés avec l’Afrique. Moscou, qui tient assez
souvent à mettre en avant le fait «qu’elle n’a aucun
passé colonial en Afrique», a maintenu et même renforcé ses liens avec plusieurs pays. Sur le plan diplomatique d’abord, une short-list de 4 à 5 pays ont permis à
la Russie de rester présente sur le continent avec une
prédilection pour les pays d’Afrique du Nord (Egypte,
Maroc et Algérie). Mais c’est surtout avec l’Afrique du
Sud que les Russes ont intensifié leurs échanges depuis
des années à travers un rapprochement stratégique.
L’Angola constitue aussi un autre pays où la Russie justifie d’une présence très active. Aussi, plusieurs grandes
entreprises russes opèrent ailleurs sur le continent, notamment en Afrique de l’Ouest et australe. Les investissements russes sont principalement portés par des
majors (Gazprom, Lukoil, Rosatom, Rosneft, Rostec,
Rosobonexport …) dans des secteurs stratégiques
comme les armements (Algérie), le BTP et infrastructures (Maroc, Egypte), le nucléaire (Afrique du Sud) et
les mines (Angola, Gabon, Guinée).
Au tournant des années 2000 et principalement à partir de 2006, la Fédération de la Russie marquait son
grand retour en Afrique en fanfare avec la tournée africaine de Vladimir Poutine en Algérie au mois de mars
puis au Maroc et en Afrique du Sud en septembre de la
même année. Le Kremlin au sein duquel officiait
jusqu’à récemment un «Monsieur Afrique» en la personne de Mikhail Marguelov, conseiller spécial pour
l’Afrique, a entamé l’élaboration de l’ébauche d’une
vraie stratégie africaine, adaptée au contexte actuel. La
Russie entend reprendre part au jeu géopolitique sur le
continent. Il faut dire qu’à l’époque, les échanges commerciaux entre la Russie et l’Afrique étaient presque insignifiants puisqu’ils ne représentaient que 2% du
commerce extérieur de la Russie et, en 2008, la valeur de
ces échanges n’était par exemple que de 2 milliards de
dollars. C’est dix fois moins que la valeur des échanges
de l’Afrique avec la Chine.
Les Russes reviennent
Une short-list
de 4 à 5 pays ont
permis à la Russie
de rester présente
sur le continent
avec une prédilection pour les pays
d’Afrique du Nord.
Depuis quelques années, les échanges ont évolué à la
hausse, ce qui témoigne du succès relatif de la nouvelle
politique africaine de la Fédération de Russie. Premiers
succès : en 2013, la Russie a décidé de l’ouverture d’une
mission économique en Afrique du Sud qui constitue
désormais la porte d’entrée du pays en Afrique subsaharienne. La même année, le volume des échanges entre la
Russie et l’Afrique s’était approché des 5 milliards de dollars. Ce chiffre est encore insignifiant face aux 200 milliards d’échange atteints avec la Chine, mais il confirme
bien le retour de la Russie en Afrique à travers une coopération adossée à de nouveaux enjeux. Les entreprises
russes enchaînent les contrats notamment dans l’armement militaire (Angola, Ouganda) mais aussi dans le secteur minier avec une montée en puissance des
concessions accordées aux Russes en Afrique australe
(Namibie, Mozambique). De même, les importations
russes ont connu la même dynamique à la hausse principalement avec le Maroc pour les produits agricoles et
halieutiques en plus des matières premières en provenance des pays d’Afrique de l’Ouest et australe. En 2014,
l’entreprise russe Rosatom spécialisée dans le nucléaire
réalisa un coup important avec la signature d’un contrat
astronomique de près de 40 milliards d’euros pour la
fourniture de huit réacteurs nucléaires à l’Afrique du
Sud. Par ailleurs, soulignons que la Russie qui a déjà
formé 70 000 cadres africains accueille une trentaine de
représentations diplomatiques africaines sur son sol. Son
rapprochement avec l’Afrique du Sud et particulièrement avec les pays du BRICS peut s’avérer d’un puissant
levier sur lequel s’appuyer pour maintenir l’influence
russe en Afrique.
Ibrahim Souleymane
7 mai 2015 Les Afriques
. 73
PIED DE LETTRE
Quand les terroristes
jouent au chat
et à la souris avec
l’Etat central
Et si on redessinait notre monde ?
A
u nord Mali, le conflit est loin de se
terminer. On assiste ces derniers
jours à la recrudescence
d’escarmouches de groupes
indépendantistes. La France
maintient ses troupes. D’autres
nations, sous la bannière Minusma, sont sur le
terrain. Le but est le même : participer à la
libération d’un Etat souverain envahi par des
bandes armées de jihadistes et de terroristes. La
guerre dans cette partie de l’Afrique perdure donc.
Pourtant, le Mali tout seul aurait pu la gagner.
Un Mali peuplé de Maliens de la Fédération du
Mali. Pour mémoire, il s’agit de cet Etat qui
réunit aux lendemains des indépendances, le
Sénégal et le Mali actuel. Deux pays qui ont
toujours, du reste, la même devise : «Un peuple,
un but, une foi». Si l’essai avait été transformé, ce
vaste pays s’enorgueillirait aujourd’hui d’une
population de plus de 30 millions d’habitants et
s’étendrait sur une superficie de plus de près de
1,5 million de km², … et des moyens beaucoup
plus conséquents pour se défendre d’une
quelconque agression.
Nos faiblesses actuelles découlent jusqu’à
présent du morcellement d’un continent. Jugezvous-mêmes : avec un Sénégal, amputé de sa
74 Les Afriques .
7 mai 2015
Daouda MBaye,
rédacteur en chef exécutif
partie centrale par l’enclave de 10 000 km² de la
Gambie. La colonisation a réussi l’entourloupe
de réaliser, dans cette partie du continent, deux
Etats avec des langues nationales différentes
(français et anglais) pour un seul et unique
peuple, … Quel gâchis ! Et le Cap Vert, à
seulement 400 km au large de Dakar, chef-lieu
de la région sénégalaise du même nom ? Vous
suivez-toujours ? Pire encore, entre le Togo et le
Ghana, le peuple Ewé, toujours divisé, n’a pas
encore cessé de panser ses blessures, … Comme
si cet émiettement ne suffisait pas, l’Erythrée, un
autre micro-Etat, d’à peine 120 000 km², qui
barre à l’Ethiopie toute la façade sur la Mer
Rouge (sur +2000 km), vient de réaffirmer ses
contradictions internes, intrinsèques à ces
pouvoirs «imposés». En effet, le régime d’Issias
Afeworki essuie mutinerie sur mutinerie. Ce
micro-Etat se vide de ses populations. Jugezvous-mêmes, sur une population de 5 millions
d’habitants, l’armée compte 550 000 éléments
(actifs et réservistes). Il s’agit d’un pays hypermilitarisé ! Je pourrais donner encore beaucoup
d’autres exemples…
Encore une fois, la solution réside dans
l’agrégation de moyens pour aspirer à une réelle
souveraineté.
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