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définit que relativement aux autres
. » Deuxièmement, chaque reconstruction du système de
référence ne peut être qu‟une et une seule sélection possible des éléments de la réalité. Ce qui
nous occupera ici, c‟est de voir comment Lévi-Strauss se déplace depuis cette impossibilité de
compréhension, qui est l‟état premier de l‟anthropologue, vers le dégagement du sens, à travers
la construction des nouveaux « systèmes de référence ». Et on se demandera ce que devient du
concept de la réalité
dans ce contexte.
Le « système de référence » est ici une autre façon d‟appeler ce à quoi Lévi-Strauss réfère
sous le terme de structure. Notre intérêt majeur, dans la lecture de Lévi-Strauss, revendiqué
comme le penseur de la structure par excellence, sera, précisément, de faire sortir son intuition
quant à ce qui concerne l‟opposition structure / non-structure
. La structure, en tant qu‟ensemble
des systèmes composés d‟éléments en ordre cohérent, présuppose son extérieur, duquel il ne peut
pas rendre compte, parce que, ne l‟admettant pas en son sein, il ne le rend pas intelligible. Nous
ferons usage du travail de Lévi-Strauss sur la pensée humaine
pour démontrer, que l‟opposition
MANIGLIER Patrice. « La condition symbolique » Dans : Philosophie N. 98. Claude Lévi-Strauss : langage, signes,
symbolisme, nature . Les éditions de minuit. Paris, 2008. p. 46.
Sous l’expression « la réalité » nous entendons simplement ce que n’est pas conceptuel et théorique, et jouit de
certaine objectivité.
Bien sûr, il ne serait pas correct de prendre la structure dans l’anthropologie de Lévi-Strauss comme une
conception homogène qui demeure immuable au long de toute la pensée lévi-straussienne. Les changements dans
la structure même de l’anthropologie structurale et du rôle de la conception de la structure, ont été à maintes
reprises soulignés, dans différentes perspectives : 1) dans la perspective de la méthode : transition du
fonctionnalisme structurale de Les Structures élémentaires de la parenté à l’anthropologie transformationnelle de
La Pensée sauvage. (Cf. : SALMON Gildas. Du système à la structure : la redéfinition de la méthode comparative
dans « Lés systèmes de transformations » (La Pensée sauvage, chapitre III). Le moment philosophique des années
1960 en France. Sous la direction de Patrice Maniglier. PUF, Paris, 2011. p. 178), aussi bien que 2) le changement
de la conception de la structure à proprement parler : de l'algébrique à la rhizomatique. (Le dernier chapitre de :
VIVEIROS DE CASTRO. Métaphysiques cannibales. PUF. Paris, 2009.), ou encore 3) les différents accès à
l’inconscient, qui est le mode de fonctionnement de la structure : d’abord, l’inconscient à un accès
anthropologique qui passe par la réalité sociale et l’autre réalité – esthétique – prise de conscience des modes de
fonctionnement de son propre inconscient (il s’agit de l’ethnologue qui en analysant les mythes devient lui-même
un mytho-poète) (WIESEMAN Boris, Les « Les chemins de l’inconscient. » Dans : Cahiers de Herne, Claude Lévi-
Strauss. Paris, 2004, 2008. p. 297). Par contre, ce qui reste identique à travers ces changements, dont nous ne
voulons guère amoindrir l'importance, suffit pour donner essor à la réflexion que nous voulons y développer, parce
que l’opposition de la structure et du continuum non structuré, visant l’articulation du sens reste constante.
Comme la structure de l’atome de la parenté, ainsi que la structure des transformations mythologiques, rendent
possible l’articulation du sens, opérant dans le premier cas au niveau social, où, dans le deuxième cas, au niveau de
la pensée mythique.
La « pensée humaine », décrite souvent chez Lévi-Strauss comme « l’Esprit humain », est un motif de
controverses, de critiques. Conçue comme une faculté plutôt subjective, elle apparait ouvrir la voie à
l’individualisme méthodologique (Cf. : SCUBLA Lucien. « Structure, transformation et morphogénèse ou le
structuralisme illustré par Pascal et Poussin. » Dans : Cahiers de Herne, Claude Lévi-Strauss. Paris, 2004, 2008. p.
189), ou bien contribuerait à universaliser les contenus d’une culture particulière (Cf. : HENAFF Marcel. Claude