Rapport annuel 2004 2005
la dynamique
du Plan cancer
Actions et Résultats
Cancer
Mission
Interministérielle pour
la Lutte contre le
Rapport annuel 2004 > 2005 PRÉFACE
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Préface
Depuis deux ans la lutte contre le cancer a pris une nouvelle
dimension. Ce qui hier encore semblait impossible est
aujourd’hui en passe de se réaliser. Pas à pas, mais
résolument. Avec la plus grande détermination d’un
nombre chaque jour croissant d’acteurs au service des
patients, de citoyens devenant eux-mêmes acteurs de
l’amélioration de leur santé. Oui, tout indique qu’ensemble
nous allons relever le défi.
Ces changements sont directement liés à un engagement sans précédent au
plus haut niveau de l’Etat. En faisant de la lutte contre le cancer une priorité
nationale et l’un des grands chantiers de son quinquennat, le Président de la
République, Monsieur Jacques Chirac, a montré la voie et fait prendre conscience
que le cancer était au-delà d’un problème de santé publique, un véritable
enjeu de société. Une étape essentielle a ainsi été franchie vers la compré-
hension de l’urgence et déjà vers celle d’une guérison sociale du cancer.
Priorité présidentielle, le Plan cancer est donc un immense chantier de vie
qui n’a laissé inexplorée aucune des pistes susceptibles de nous faire progresser
vers un avenir où le cancer sera une maladie mieux maîtrisée.
En 2007, nous le savons, le cancer ne sera pas totalement vaincu mais ensemble
nous aurons gagné des vies. Nous aurons donné aux chercheurs des conditions
favorables pour accélérer l’innovation au bénéfice des patients. Nous aurons,
avec les professionnels de santé, fait évoluer les organisations pour répondre
aux exigences d’approches thérapeutiques innovantes et complexes. Enfin,
nous aurons rendu équitable l’accès aux dépistages et fait évoluer la culture
de la prévention.
Et si nous pouvons aujourd’hui l’affirmer c’est qu’en deux ans, des pas, petits
et grands, et même pour certains de géant, ont été collectivement franchis.
Oui, les engagements ont été tenus et les objectifs respectés. Chacun
s’approprie le Plan cancer parce qu’il a du sens et chacun peut y inscrire
ses actions : « Dans le cadre du Plan cancer », est devenu un fil d’Ariane.
Depuis deux ans, le Plan cancer avance dans toutes les régions de France.
Dès 2003, anticipant ce qui résulte de l’application de la loi du 9 août 2004
relative à la politique de santé publique, j’ai demandé aux préfets de régions,
de bien vouloir mettre en place des comités de pilotage du Plan cancer afin
que les mesures soient mises en œuvre sans tarder. Ancrer le dispositif dans
la réalité, suivre et accompagner l’avancée des actions par le dialogue, le
maillage territorial, la multiplication des têtes de réseaux, exiger la remontée
d’indicateurs de suivi et préparer celle de mesures d’impact : telles ont été
les actions de la Mission que j’ai eu l’honneur de conduire. Sur le terrain,
grâce aux nombreux déplacements que j’ai systématiquement effectués
dans les régions, j’ai pu constater le chemin parcouru.
PRÉFACE
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Une mobilisation sans précédent est enclenchée autour d’un Plan dont personne ne
conteste la pertinence. Ses objectifs à la fois clairs et ambitieux sont devenus des
objectifs partagés, consensuels que chacun s’attache à mettre en œuvre à la lettre et
avec pragmatisme, en tenant compte des contextes d’exercices et des spécificités
régionales. Ensemble, nous voyons s’opérer ce dont nous avons tous un jour rêvé pour
cette grande cause : la fin des frontières, des chapelles et des domaines réservés.
Au profit d’actions coordonnées, synergiques et cohérentes.
Cette dynamique doit désormais s’ancrer dans la durée. Il ne peut en être autrement,
l’attente est trop forte. L’Institut National du Cancer va s’attacher, conformément aux
missions que lui confie la loi et grâce aux moyens propres dont il dispose (70 millions
d’euros en 2005), à conforter et amplifier l’action en adoptant un mode opératoire
adapté à son statut.
Dans son mode de gouvernance, le Plan cancer est un modèle de gestion innovante de
politique de santé publique : la logique de mise sous objectif, d’exigence de résultats,
d’évaluation, bouleverse positivement les organisations, impose la coordination et les
décloisonnements. Deux années de mise en œuvre apportent la preuve que de telles
évolutions sont possibles. Oui, il est possible de conduire une politique publique guidée
par l’obligation de résultats.
En un an fut ainsi relevé le défi de la généralisation de l’organisation du dépistage du cancer
du sein qu’il avait fallu près de 10 ans pour mettre en place dans moins de 40 départements.
Beaucoup reste à faire pour atteindre le taux de participation fixé à 80 % à l’horizon
2007 mais déjà, un an après sa généralisation, avec 40 %, la progression est significative
et ce qu’il convient d’améliorer est de mieux en mieux identifié. Il faut diversifier les
campagnes et les modes de sensibilisation pour mieux faire percevoir à chacune la
chance qu’offre un dépistage de qualité. Nous avons trois ans pour faire aussi bien
pour le dépistage du cancer colorectal dont personne ne remet en question la pertinence.
Les résultats de la phase expérimentale qui touche déjà 23 départements, devront
rapidement permettre de proposer les modalités de sa généralisation et en 2007,
il sera généralisé, c’est l’engagement pris par Monsieur Philippe Douste-Blazy,
ministre des Solidarités, de la Santé et de la Famille.
Ce qui compte maintenant, c’est que tombent toutes les barrières psychologiques au
dépistage. Convaincre et toujours convaincre. Toutes et tous. La pratique du dépistage
doit devenir naturelle, un acte assimilable à une bonne hygiène de vie. Un formidable
enjeu pour notre société toute entière : faire changer l’image du cancer, faire du dépistage
un acte d’adhésion à une politique collective de santé publique, se donner les meilleures
chances de guérison.
En matière de prévention et donc de cancers évitables, la lutte contre le tabagisme
actif et passif a pris une dimension jamais atteinte auparavant, grâce à des choix
courageux qui commencent à porter leurs fruits. Et à terme, des milliers de vie
sauvées. Un impératif, faire mieux encore auprès des jeunes. La France moteur de
la politique européenne de lutte contre le tabagisme voit aujourd’hui sa politique
confortée par celle de ses partenaires et par la première convention internationale
de l’OMS qui s’impose juridiquement à ses signataires.
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Préface
Sans doute moins spectaculaire mais tout aussi indispensable, l’effort doit maintenant
porter sur l’éducation à la santé, la prévention des cancers professionnels et environ-
nementaux. Le Plan cancer se voit aujourd’hui conforté en ces domaines par le Plan
national santé environnement et le Plan santé au travail. Tous soulignent la nécessité
et donnent des moyens pour accroître nos connaissances et disposer ainsi des
expertises pertinentes et fiables sans lesquelles les inquiétudes légitimes se mêlent
aux angoisses infondées.
Quant à l’organisation des soins, une première étape a permis de recenser la diversité
des contextes d’exercice, les expérimentations et les phases pilotes nécessaires pour
préciser et adapter les dispositifs. Ces données ont servi à préparer, puis à diffuser,
des textes traduisant en mesures opérationnelles toutes les orientations du Plan
cancer qui visent à garantir l’accès à des soins de qualité pour tous. Mais déjà, plus
de 600 postes de soignants ont été créés et pourvus.
Le dispositif d’annonce, l’une des mesures les plus attendues et les plus structurantes
a par exemple été testé dans 58 établissements. Près de 30 000 patients en bénéficient.
Gérée par la Ligue Nationale Contre le Cancer et l’Institut National du Cancer,
l’amélioration de l’annonce de la maladie tirera ainsi profit de la diversité des expéri-
mentations menées en 2004-2005 et pourra être généralisée dans les meilleures
conditions.
Résolument tourné vers la qualité globale de la prise en charge dans sa dimension
médicale et humaine, le Plan cancer engage très fortement les équipes soignantes.
Il est aux avants postes de la réorganisation de notre système de soins. Sur le terrain,
j’ai pu constater à quel point, le respect des premiers engagements budgétaires
et l’attention portée à la concrétisation des orientations, constituait pour les équipes
un réel espoir qu’il ne faut pas décevoir.
Il en est de même dans le domaine de la formation où, on le sait, les problèmes
de démographie médicale ne peuvent être résolus en un jour. La création des postes
de formateurs annoncés a été effective et, d’ores et déjà, dans les choix des internes,
sont perceptibles les premiers signes d’une attractivité retrouvée pour ces disciplines.
Enfin, s’il est un volet où l’impact du Plan cancer est particulièrement marquant, c’est bien
celui de la recherche. Les cancéropôles révolutionnent les perspectives de l’innovation
en cancérologie dans notre pays. Le mot révolution n’est pas trop fort. La logique de
projet renverse la logique purement institutionnelle et cela sur un mode à ce point
pertinent que les institutions elles mêmes en deviennent des partenaires convaincus.
Au sein des cancéropôles, les chercheurs adhèrent naturellement à une vision
programmatique de la recherche parce qu’elle préserve créativité et liberté de mise
en œuvre. Ils y trouvent un lieu d’échanges, de construction de projets d’envergure
internationale, des budgets importants et adaptés incluant notamment la possibilité
de financer des ressources humaines. Ils y trouvent surtout l’application du principe
tant attendu d’une évaluation à posteriori. En bref, plus grande autonomie et
responsabilité.
Enfin, jamais le continuum entre la recherche fondamentale et la recherche clinique
n’a trouvé un meilleur contexte pour s’exprimer, un continuum guidé par l’impérieuse
nécessité d’accélérer l’innovation thérapeutique et diagnostique. Il y a urgence pour
les malades. Les chercheurs l’ont bien compris.
Les cancéropôles donnent lisibilité et force à la recherche en cancérologie. Ils suscitent
l’intérêt des collectivités territoriales régionales qui s’engagent à les cofinancer et celui
des industries pharmaceutiques et biotechologiques qui y voient une source de transferts
et d’innovations. Ils s’inscrivent ainsi naturellement dans les nouveaux pôles de
compétitivité à composante santé dont ils partagent pleinement la philosophie. Oui,
les cancéropôles sont novateurs et la preuve du concept étant apportée, ils pourraient
inspirer d’autres secteurs de la recherche. L’Institut National du Cancer s’est engagé
à les conforter en leur apportant de nouveaux moyens selon les procédures simples
et réactives qu’autorise son statut.
Grâce à l’engagement du Président de la République, la France s’est dotée d’un Plan
cancer national dont l’écho international est déjà une réalité. Des collaborations franco-
britanniques sont engagées et au delà, c’est l’Europe toute entière qui structure
sa politique de lutte contre le cancer attentive à ce modèle. Demain, le réseau des
Instituts Nationaux pourrait porter une politique concertée encore plus active.
Ce second Rapport annuel au Premier ministre, Monsieur Jean-Pierre Raffarin, atteste
du chemin parcouru en deux ans. Cette mission au service d’une grande cause fut
passionnante.
Le cancer fait encore peur mais on a plus peur d’en parler. Le chemin qui reste
à parcourir pour vaincre cette terrible maladie sera peut être long mais la voie est bien
tracée. La lutte contre le cancer dispose dorénavant de l’Institut National du Cancer,
instrument emblématique prévu par le Plan cancer.
Pascale Briand Le 4 avril 2005
Déléguée
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