Théâtre des Marionnettes de Genève
Dossier pédagogique – saison 2009 - 2010
LE FIL D’ARIANE
Création du Théâtre des Marionnettes de Genève
en coproduction avec la Compagnie Filenbulle (CH)
Du 28 novembre au 20 décembre 2009
Texte et mise en scène
Olivier Perrier
Interprétation
Olivier Perrier, Delphine Wuest,
Lise Zogmal et Alex Bryand
Scénographie
Balthazar Boisseau, Alex Bryand,
Olivier Perrier
Lumière
Alex Bryand
Musique et bruitages
Balthazar Boisseau
Conception et construction
des marionnettes
Cie Filenbulle
~ 50 minutes
Dès 5 ans
Les éléments rassemblés dans ce dossier le sont de nombreuses semaines avant la première représentation du spectacle.
Ils peuvent ainsi ne pas refléter toutes les facettes et la réalisation définitive du Fil d’Ariane.
Le spectacle
1. L’histoire
Le soleil se couche sur
les toits de la ville qui
commence à se
peupler d’ombres. La
magie, la fascination
naissent de ce ballet
phosphorescent de
silhouettes glissant au
cœur d’un jeu de
pénombre et de
lumière. Quels fils
secrets se tissent entre
les êtres ? Ariane, la
funambule, dont la vie
fourmille de petits
plaisirs insolites, tangue
à grand coup de
pédales sur son vélo
qui grince
délicieusement. Le
clown Auguste, lui, ne retrouve plus son précieux bijou, un anneau serti d’une pierre rouge alors
qu’Ariane jongle dangereusement avec des assiettes. Voici la chatte Pellicule, qui semble un dessin
de caverne préhistorique ayant pris corps de fil de fer. Au cœur du cirque animé permanent qu’est la
rue, se déploie la part d’ombre des personnages, leur côté empreint de mystère. Auguste cherche
ainsi une corde tout au long du spectacle… Ce n’est qu’à la fin, sous les projecteurs du plus petit
chapiteau du monde, que se profile un fabuleux numéro en équilibre entre ciel et terre.
Comme une ritournelle, ce sont toutes les facettes d’une poésie à fleur de bitume qui,
délicatement, se révèlent. Nul mieux que ce fil d’Ariane ne sait fixer les gens dans leur
quotidienne vérité parfois réinventée. D’où l’impression de feuilleter un vaste album de
famille où tout le monde peut se reconnaître avec émotion dans un rythme fluide proche du
cinéma. Dans ce spectacle sans paroles, les fantoches miniatures tissés de fil de fer
pirouettent dans l’espace d’un cirque, proches de ceux imaginés par l’artiste et sculpteur
Calder. Chaque situation a sa toile sonore. Et sa forme où rythme et humour s’allient pour
renforcer l’illusion de se pencher sur une bande dessinée qui se met à s’animer et étonne
par son univers onirique. Sous la pression malicieuse de doigts, nous assistons à un
spectacle captivant, émouvant et curieux, glanant des instants délicieux, des histoires
pleines de sentiments. Elles enchantent par la tendre complicité les unissant avec leurs
personnages entrouvrant la porte du bonheur.
Le Fil d’Ariane
2. Fil conducteur
Deux questions à Olivier Perrier, metteur en scène,
dramaturge et manipulateur.
Cette création part de la fascination née du spectacle
incessant qu’offre la rue et qu’a si bien su recueillir le
photographe humaniste français Robert Doisneau, l’une
de vos sources d’inspirations.
Olivier Perrier : Le fil d’Ariane est ici fil conducteur dans une
création estampée d’images d’ombres et de lumières
illustrant la ville et ses dédales dans une atmosphère si
particulière, celle du crépuscule. Souvent dans ce monde
d’ombres, l’on croise furtivement des silhouettes sans
vraiment les connaître. Il y a parfois un petit fil réunissant
plusieurs parcours de vie ou de personnes. Petit à petit, le
spectacle révèle lentement ces correspondances
souterraines, le fil conducteur entre les êtres, les choses et
leur environnement. A la fin, on quitte le monde des ombres
pour entrer dans celui du cirque. Dans cette ville imaginaire,
il y a beaucoup de vélos. Ils permettent des effets de
travelling qui font voyager le spectateur un peu comme au
cinéma.
Les sons et les objets participent d’une poésie que la ville
peut nous transmettre. Ainsi ce parcours d’un petit rat dans un égout permet de nous transporter
d’un univers à l’autre. Le vélo, lui, crée un lien d’une maison à l’autre. Pour l’atmosphère, on peut
songer, au cinéma, qui vient de l’ombre d’ailleurs, aux films de Tati ou à « Amélie Poulain » de
Jeunet.
Et l’influence du photographe humaniste Doisneau sur le spectacle ?
O. P. : Le photographe Robert Doisneau est ce tendre pêcheur en eaux tranquilles. Il met en
lumières et cadre des situations que nous aurions peut-être ignorées comme simple passant. Jour
après jour, Doisneau a fixé pour nous ce qu’il appelle « les gestes ordinaires de gens ordinaires
dans des situations ordinaires », nous livrant ses joies et ses découvertes faites au fil des rues.
Doisneau écrit : « Il est des jours où l’on ressent le simple fait de voir, comme un véritable bonheur…
On se sent si riche qu’il nous vient l’envie de partager avec les autres une trop grande jubilation. »
Ce sont quelques-uns de ces moments poétiques, burlesques ou touchants récoltés au gré des rues
que Le Fil d’Ariane se propose de transfigurer au cœur d’un théâtre d’ombres ayant l’univers du
cirque comme toile de fond.
Propos recueillis par Bertrand Tappolet
Le Fil d’Ariane
3. Au fil de la réalité
ne histoire de ville. Au coucher du soleil, les toits dans la lueur du soir se peuplent d'ombres
malicieuses. Quels liens se forment entre les protagonistes de cette aquarelle poétique de la vie
quotidienne ? Quel petit animal sans-gêne va venir jouer parmi les hommes ?
Comment rendre le quotidien extraordinaire ? En captant des murmures urbains, Le Fil d’Ariane
nous fait sourire, nous émeut, nous révèle à nous-mêmes. C'est un diaporama d'instants saisis sur le
vif, tels des polaroids qui capturent les petits riens du monde autour de nous. Et il s'en passe des
choses sans qu'on s'en aperçoive ! Telle cette personne qui promène son chien, un jeune dansant
avec son i-pod sur les rythmes de flashs de touristes, un enfant veut une barbe à papa et laisse
échapper son ballon qui s’en va rejoindre les funambules dans le ciel. Des scènes banales et si
riches, autant de détails qui deviennent soudain le centre d'intérêt. Des moments minuscules,
cocasses et tendres, qui laissent une saveur particulière et durable dans la tête. Et d’autres moments
tout aussi délicats comme la traversée de la ville à vélo.
Ariane la funambule, dont la vie fourmille
de petits plaisirs insolites, tangue sur son
vélo; le clown Auguste ne retrouve plus
son précieux bijou. Il court, il court à la
recherche de son talisman, oscillant
entre joie et désespoir, alors qu'elle
jongle dangereusement avec des
assiettes. La magie va-t-elle opérer et
les réunir ?
Alors que nos deux héros de cirque se débattent entre ciel et terre, nous assistons à une multitude de
saynètes mettant en lumière un album de famille « sur le fil de la réalité »; nous plongeant ainsi dans
la poésie et l'humour de notre théâtre quotidien. Pellicule le chat fera-t-il tout vaciller ou contribuera-t-
il à réunir nos héros ?
Le rat n'est-il qu'une image furtive ou un protagoniste essentiel sans qui la magie n'opérerait pas ? Le
Fil d’Ariane invite petits et grands à respirer loin de l'agitation moderne, à se laisser séduire, voire à
se reconnaître avec émotion dans ce spectacle fluide, proche du cinéma. Ensemble, pourquoi ne pas
ouvrir la porte intérieure de la contemplation et du plaisir tout simple de l'émerveillement ?
Jardinier soigneux et attentif, Le Fil d’Ariane cultive l’instant infime, suspendu, le nourrit, l’élève, le
choie, le cajole. On peut songer à Georges Perec avec sa prédilection pour les listes, les
« tentatives d’épuisement » et les Je me souviens, aux bons mots de comptoir (dont Raymond
Queneau, a reproduit le pittoresque dans Conversations dans le département de la Seine), mais aussi
à Francis Ponge et à sa poésie de l’objet.
U
Une multitude de saynètes
mettant en lumière un album de famille
4. Emotions et imaginaire
Comme une ritournelle, ce sont toutes les facettes d’une
poésie à fleur de bitume qui, délicatement se révèlent.
Dans ce spectacle sans paroles les fantoches miniatures
tissés de fil de fer pirouettent dans l’espace d’un cirque
proche de l’univers de Calder. Illustration de la ville, Le
Fil d’Ariane effleure des atmosphères insaisissables,
tournées vers l’extérieur, révélant ses passants qu’un
regard distrait n’impressionne plus.
L’ombre est utilisée, afin de mettre en jeu nos
personnages singuliers aux contours proches de la BD
ou du cinéma muet. Utilisant ainsi pour certains
protagonistes la 3D : fil de fer, costume transparent et
volume en papier, le tout articulé et manipulé avec des
tiges. Pour d’autres, nous faisons de simples aplats
peints créant ainsi de petites scènes de vie à la manière
du photographe Robert Doisneau. Dans ce monde
d’ombres, l’on croise furtivement des silhouettes sans
vraiment les connaître. Il y a parfois un petit fil qui réunit
plusieurs parcours de vie ou personnes. Il s’agit d’aller
voir ailleurs, du côté des autres, et d’en rendre compte
comme on rendrait compte d’un tableau vivant.
Petit à petit le spectacle révèle lentement ces
correspondances souterraines, utilisant pour ce faire un
procédé scénographique ingénieux. Une série de panneaux où la ville se révèle en aquarelle, nous
permettant de créer différentes perspectives, du grand angle au plan rapproché. Ainsi le regard suit
les protagonistes tantôt dans le labyrinthe des rues, toits et ruelles, tantôt dans l’intimité d’un porche
ou d’une fenêtre.
On passe du dedans au dehors, du grand au petit, comme par magie nous approchant de
l’atmosphère du film muet. Pour renforcer cet univers subtil et poétique, la musique, devient elle-
même protagoniste et permet ainsi de faire l’impasse sur le texte. Le sens naît en filigrane au travers
du visuel et du sonore nous reconnectant avec nos émotions et notre imaginaire.
L’ombre comme la 3D sert à accentuer, de manière parcimonieuse, le jeu des distances, à décoller
la figure du fond, les personnages du paysage, à dissocier la petitesse de la figure humaine et
l'immensité des lieux, magnifiant là encore la vibration existentielle qui sous-tend Le Fil d’Ariane.
D’où une suite d’images aussi spectaculaires et divertissantes que profondément intimes : c'est dans
cet entre-deux, ce partage de deux sensibilités opposées que ce théâtre d’ombres trouve un
équilibre magique. On imagine assez bien comment le désir de cette pièce a pu naître de cette
simple image d’une fildefériste cycliste en déséquilibre, la légèreté et la pesanteur, la réalisation des
rêves et l'enlisement.
Olivier Perrier
La Famille ferraille.
Le Cirque de Calder.
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