chrétienne, en l'ensemble des dogmes et des enseignements de l'Église,
qui lui apparaissent capables d'élever l'homme au-dessus de la nature.
Autre façon d'acquérir cette maitrise de la nature que Descartes, à la suite
de Bacon, propose comme le nouvel idéal de l'homme moderne. Maitrise
qui ne se ferait pas par science, technique, raison ou calcul, mais par foi
et charité. Or, nous pourrions sans doute reprocher à Pascal de ne pas
trop regarder aux moyens, lorsqu'il s'agit de croire et surtout de faire
croire. Car lui aussi se débarrasse assez rapidement du doute et,
contrairement à Descartes qui se meut ensuite avec calme et sérénité, lui
se meut avec ardeur, fougue, zèle enflammé.
Descartes a toujours fui autant que possible les querelles de théologiens,
qui, à cette époque, étaient particulièrement virulentes et pouvaient
conduire un homme, parfois au bucher, souvent en prison. C'est pourquoi,
parait-il, il décida de s'installer en Hollande où, du fait qu'il était étranger,
il jouissait d'une plus grande liberté. Ainsi il arrive que le plus grand
philosophe français soit non seulement mort à Stockholm, auprès d'une
reine à qui il donnait des leçons de philosophie très tôt le matin, mais a
vécu la majeure partie de sa vie à l'étranger, ce qui est tout de même
paradoxal.
Pascal, au contraire, n'a pas fui les querelles de théologiens. Après sa
conversion, il plongea même avec toutes ses forces dans le différend qui
opposait les jansénistes à l’Église officielle. Pendant un an et demi, sous
un pseudonyme, il va publier une série de pamphlets virulents et
étincelants, qui s’en prenaient principalement aux jésuites, adversaires
des jansénistes. Ce qui donna les Provinciales. Les jésuites furent pris à
partie comme représentants une conception molle et libérale à l’excès de
la morale et de la religion chrétienne, ce qui était injuste. Ces « lettres »
secouèrent la France littéralement, et firent rire, non seulement les
jansénistes qui triomphaient, mais la population. Ce choix idéologique
était tout de même malheureux, et Pascal s’en rendit compte à la fin. Tout
dans ce qu’il écrivit n’était pas honnête et, en pourfendant les autorités
en place, il ouvrait une brèche dans laquelle bientôt, non des rigoristes,
mais des libertins allaient entrer.
Comme écrivain, Pascal se tient devant Descartes, dont la phrase est
encore toute latine. Comme chrétien par contre, ou plus généralement
comme croyant, Descartes à notre avis passe devant. Entendons qu'il est
nettement plus moderne. La foi de Pascal ne semble pas s'accommoder