4 ADAPTATION AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES: Le cas d’Haïti
une hausse de 120 à 180 pour cent d’ici 2030, à cause notamment des impacts du changement
climatique, avec de graves conséquences pour les consommateurs haïtiens.
Haïti dispose d’une faible capacité d’adaptation au changement climatique et à ses impacts.
Les plans de gestion des risques et désastres pour les zones côtières exposées aux ouragans
ne sont que peu élaborés. Le gouvernement administre un système d’alerte aux inondations,
mais n’a pas encore produit de données de contingence précises et adéquates. De surcroît, un
système d’alerte précoce n’est utile que s’il s’accompagne d’une réelle capacité à intervenir
lorsque nécessaire. Or, très peu d’abris adaptés, équipés en nourriture et en médicaments, sont
accessibles dans les mornes.
La politique actuelle d’Haïti en matière de reboisement n’inclue pas systématiquement de
stratégies relatives au changement climatique et privilégie les arbres ligneux utilisés pour la
production du charbon de bois. La propriété foncière est un autre problème majeur. L’État
possède de très grandes superficies de terre et devrait, par conséquent, encourager le
développement de coopératives pour garantir une exploitation durablement de ces terres. Le
besoin d’un système durable de gestion des terres, incluant des zones protégées, d’un plus grand
leadership et d’une assistance financière de l’État est manifeste pour promouvoir la conservation
et la restauration des forêts. Les politiques relatives aux aires protégées devraient mettre l’accent
sur l’engagement de la population locale dans la délimitation et la protection de ces secteurs, qui
pourraient aussi créer des opportunités d’emploi dans l’éco-tourisme. Quelques initiatives de
reboisement mettent l’accent sur l’agroforesterie, mais le morcelleemnt foncier et le niveau de
déboisement antérieur entravent cette démarche. Sans accès au crédit, les planteurs ne peuvent
se permettre d’attendre que les arbres arrivent à maturité pour dégager un profit, alors que les
cultures comme le haricot produisent jusqu’à trois récoltes par an.
Des initiatives sont en cours pour promouvoir les énergies renouvelables comme alternative au
charbon de bois. Cependant, ces technologies d’avenir ne semblent, à l’heure actuelle, pas
faire partie des priorités du gouvernement.
Haïti n’a toujours pas de vision nationale pour son système agricole, même si des discussions
sont en cours pour déterminer la façon de développer les capacités d’adaptation. Les plans
stratégiques doivent inclure d’autres activités génératrices de revenus (industrie, tourisme,
services, etc.) pour réduire la pression sur l’agriculture. Les petits agriculteurs continuent
d’utiliser les mêmes cultures traditionnelles, au lieu d’adopter denouvelles techniques mieux
adaptées au changement climatique. Néanmoins, les agriculteurs recherchent leurs propres
méthodes d’adaptation au niveau local, afin de réduire les risques. Ils cultivent, par exemple,
des parcelles dans des sites aux caractéristiques agroécologiques différentes, diversifient leur
production ou alternent des cultures à cycle long et cycle court. Ils partagent également leurs
ressources en période de labour et de semi, afin de renforcer leur résilience et de renforcer
leurs capacités d’adaptation aux changements. Ces efforts doivent être appuyés par des
recherches visant une agriculture plus résiliente, encadrés par des structures de formation plus
performantes et soutenues par accès facilité aux financements pour les petits producteurs et
productrices.
La gestion efficiente des ressources en eau est un sujet crucial dans le renforcement de la
résilience. Le Ministère de l’Agriculture fait actuellement des efforts pour améliorer les systèmes
d’irrigation de la vallée de l’Artibonite, mais n’a développé aucune politique visant à adapter
l’agriculture et la gestion des canaux d’irrigation au changement climatique.
Les femmes, qui représentent plus de 55 pour cent de la population haïtienne, sont très
impliquées dans l’agriculture, à toutes les étapes de la filière : emblavement, production,
récolte, transformation et vente des denrées agricoles. Elles ont donc besoin de formation sur
les changements climatiques, tout particulièrement celles qui sont cheffes de familles.
Haïti n’a pas de système adéquat pour la collecte de données sur le climat, les sols et les
cultures. L’actuel réseau de stations météorologiques est, par exemple, très peu développé.