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L’ Actualité DIMANCHE 20 SEPTEMBRE 2015
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ppeerrssppeeccttiivveess ééccoonnoo--
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grave crise budgétaire et d’une
baisse drastique des recettes
pétrolières que le FCE surgit
pour prêter main forte à
l’Exécutif. Le patronat retrousse
les manches et se place non pas
comme un pôle d’opposition à la
politique gouvernementale, mais
plutôt comme une force de pro-
position. Le temps n’est plus aux
constats ni à la critique stérile. Il
faut des remèdes, éteindre d’a-
bord le feu qui menace la mai-
son.
C’est ainsi que le FCE s’an-
nonce comme un véritable think
tank au service du pays. Il s’agit
là d’une évolution très positive
du patronat algérien. Cette
démarche ressort d’ailleurs
dans les différents périples que
mène le président du FCE, Ali
Haddad. Fervent défenseur de la
campagne «Consommons natio-
nal», M. Haddad, a en effet pris
son bâton de pèlerin, cette
semaine, pour étendre le réseau
déjà dense du FCE à travers le
territoire national. Il a ainsi
installé jeudi dernier le délégué
de la wilaya de Sétif en la per-
sonne de Amar Séleklouli, prési-
dent de la Chambre de com-
merce de Sétif. Pour réduire
davantage les importations et la
facture y afférente, le président
du FCE préconise de nouvelles
mesures.
Aussi, il a annoncé à partir de
Sétif avoir proposé récemment
au Premier ministre,
Abdelmalek Sellal, de nouvelles
dispositions permettant, à la
fois, de faire baisser les importa-
tions et protéger la production
nationale. C’est une ordonnance
que vient de prescrire le patro-
nat. Evidemment comme anti-
biotique, que le FCE prend le
soin de préciser, l’organisation
n’est pas seulement au service
du gouvernement mais aussi de
l’institution militaire.
«L’économie est la véritable
puissance d’un pays après la
puissance militaire», a-t-il souli-
gné. M. Haddad a salué, à cette
occasion, l’Armée nationale
populaire et dira : «Nous som-
mes au service de l’institution
militaire.»
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Farouche défenseur de l’en-
treprise algérienne, et pour réus-
sir sa médication, le FCE rap-
pelle qu’il est en train de prépa-
rer « un dispositif visant à proté-
ger le produit fabriqué locale-
ment, sans trop s’attarder sur la
question ». Ali Haddad dira tou-
tefois que son organisation pro-
pose d’augmenter la taxe doua-
nière des produits importés, pou-
vant être fabriqués en Algérie.
«L’intérêt du pays prime », a-
t-il indiqué dans sa réponse aux
préoccupations de plusieurs
membres du forum qui s’expri-
maient lors de débats animés au
cours des rencontres organisées
en marge des cérémonies d’ins-
tallation des autres délégués de
quatre wilayas de l’Est lors des-
quelles des chefs d’entreprises
ont soulevé la difficulté de com-
mercialiser leurs produits, forte-
ment concurrencés par les
importations.
Devant le recul drastique des
cours du pétrole et de la baisse
de la valeur du dinar, « ces
mesures exceptionnelles» doi-
vent être prises pour éviter à
l’Algérie «le maintien du statu
quo, laissant le pays s’enliser
dangereusement dans une crise
multidimen-sionnelle structu-
relle».
Tout en annonçant la pour-
suite des concertations avec les
pouvoirs publics dans le cadre de
la tripartite dont la prochaine
session est prévue en octobre
prochain, Ali Haddad a mis l’ac-
cent sur les efforts consentis par
le FCE qui n’a pas été avare en
propositions aux pouvoirs
publics. Nombre de ces proposi-
tions ont été d’ailleurs inscrites
dans la loi de finances complé-
mentaire 2015 à l’instar de la
baisse de l’IBS et de la TAP pour
les entreprises de production. La
dépénalisation de l’acte de ges-
tion est l’autre mesure phare de
la LFC 2015.
Mais l’action du forum se
poursuivra pour demander « une
nouvelle baisse de l’IBS, fixé à
26% pour les entreprises spécia-
lisées dans les services ». Ces
sociétés doivent être alignées sur
celles de production. Un change-
ment dans le cadre de la pro-
chaine loi de finances 2016 est
attendu. «Le FCE reste le parte-
naire des pouvoirs publics pour
construire une Algérie forte», a-
t-il fortement souligné.
Le premier responsable du
forum recommande, d’une part,
de faire le bilan, dans les pro-
chains mois, de l’opération lan-
cée à l’intention des opérateurs
de l’informel afin de faciliter la
régularisation de leur situation.
D’autre part, «consacrer la
liberté d’entreprendre» a été
réclamé avec force par
M. Haddad, lors de ses rencont-
res avec les opérateurs des
wilayas de l’Est. Selon lui, «les
chefs d’entreprises algériens ne
peuvent évoluer et prospérer que
dans un environnement stable,
un climat des affaires favorable
avec un accès au foncier pour
faire vivre leurs projets, une fis-
calité utile et intelligente». Ils
doivent disposer également de
«plus de possibilités de finance-
ment et interagir avec une admi-
nistration moderne, ouverte et
collaborative». Les opérateurs
économiques ont besoin d’être
rassurés pour se projeter à long
terme. Le FCE, souligne-t-il, a
toujours milité pour «la stabilité
réglementaire, car les change-
ments intempestifs dans la
réglementation peuvent les «dés-
orienter et les perturber». Dans
son périple à l’est du pays, Ali
Haddad a rassemblé plusieurs
walis. Ces derniers ont affiché
leur disponibilité pour accompa-
gner les entreprises.
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rréégglleemmeennttaaiirree
Le wali de Sétif a noté que
«l’investissement privé est la
seule sortie de crise». Il ajoute
que «l’acte d’investir constitue
une priorité dans notre wilaya».
En revanche, il a exhorté les opé-
rateurs de sa wilaya qui ont
bénéficié, depuis plusieurs
années, d’assiettes foncières
dans le cadre de la concession, de
concrétiser leurs projets, sous
peine d’annulation de ces attri-
butions.
Lors d’une rencontre avec les
membres du comité national
FCE de la wilaya de Sétif, orga-
nisée en marge de l’installation
du délégué du FCE dans cette
wilaya, il a souligné que la ques-
tion de la protection et de l’en-
couragement de la production
est un objectif prioritaire de son
programme.
En raison de la difficulté de
dégager de nouvelles assiettes, il
est nécessaire d’optimiser et de
rationaliser la gestion du foncier
existant.
Il annonce dans ce sens l’en-
gagement d’une étude pour
réaliser une méga-zone indus-
trielle d’une superficie de 720
hectares à Sétif. Dans cette
wilaya, 600 nouveaux projets
ont obtenu l’accord tandis que
400 dossiers sont à l’étude. A
Sétif, l’Etat a investi 350
milliards de DA dans les diffé-
rents secteurs d’activités.
«L’économie est la véritable
puissance d’un pays après la
puissance militaire», a-t-il souli-
gné. Il va sans dire que depuis
l’élection de Ali Haddad à la tête
du FCE, les choses commencent
réellement à bouger. Le patro-
nat est devenu non pas un
concurrent du gouvernement,
mais un vrai partenaire prêt à
aider, à mettre la main à la
poche pour sortir le pays de la
crise induite par la chute des
prix du baril.
En fait, le FCE refuse de
s’inscrire dans le factuel et les
propositions qu’il porte sont à
long terme. Elles visent, priori-
tairement, à pérenniser l’outil
de travail et à surtout faire
valoir le produit national. Il est
vrai que la tâche est loin d’être
aisée dans un contexte de grave
crise que traverse le pays. Une
situation qui appelle à fédérer
les énergies. c’est exactement ce
que fait le FCE. C’est un peu à
la manière du Pacte national
économique et social conclu par
l’Ugta de Sidi Said avec le gou-
vernement. AA.. AA..
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AALLII HHAADDDDAADD a pris le soin de préciser : «L’économie est la véritable puissance d’un pays après la puissance militaire»,
a-t-il souligné. Il a salué, à cette occasion, l’ANP et dira : «Nous sommes au service de l’institution militaire.»
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DDIITTOORRIIAALL
Le FCE se déploie à travers tout le pays Il est désormais paradoxal, voire bizarre, de s’étonner des pantalonna-
des et des indignités des dirigeants arabes qui regardent avachis les
malheurs qui frappent les peuples qu’ils prétendent conduire. Il en est
ainsi des Palestiniens qui subissent dans leur chair et dans leur patri-
moine les exactions de l’occupant israélien. Même la destruction du troi-
sième Lieu Saint de l’islam à Al-Qods occupé, ne les a pas sortis de leur
torpeur, ne levant pas le petit doigt pour venir en aide, si ce n’est au
secours, de Palestiniens écrasés, humiliés par les armées d’occupation
israéliennes. Où sont les « Arabes » ? Où est ladite « Ligue des Etats ara-
bes » ? Que font-ils, que fait-elle pour mettre un terme aux exactions sio-
nistes contre le peuple palestinien ? Des questionnements qui ne sem-
blent pas avoir de réponse(s) ou celle(s)-ci sont-elle(s), par trop évi-
dente(s) pour que l’on s’y appesantisse ? Or, quel enthousiasme, quel fer-
meté ont-ils déployés face aux Houthis yéménites. C’est plus facile de s’en
prendre aux Houthis qu’à Israël ! Il en est ainsi des monarchies du Golfe
qui amoncelaient des tonnes d’armements. On s’étonnait dès lors, quant à
l’acquisition de cet extraordinaire armement dont on se demandait à quoi
il pouvait bien servir. Si d’aucuns ont eu cette idée puérile que cet arsenal
– qui a coûté des centaines de milliards de dollars confortant le complexe
militaro-industriel américain - servirait à défendre les Arabes, la réalité
des faits les aura démentis. Non, Israël n’est pas l’ennemi des monarchies,
suivez les regards des rois et émirs qui pointent un doigt vengeur sur
l’Iran. Aussi, à défaut de combattre à visage découvert, ce présumé anta-
goniste régional (que serait l’Iran), le wahhabisme s’en prend à son
ersatz : les Houthis. Qu’il était gratifiant de montrer ainsi sa « force ».
Contre qui ? Contre des groupes d’opposants chiites, une force qu’il n’é-
tait évidemment pas prévu qu’elle s’exprime contre Israël. L’Egypte ? Elle
a été expulsée du champ de bataille palestinien [par l’accord de Camp
David] et n’a plus son mot à dire dans le contentieux israélo-palestinien.
La Jordanie ? Elle aussi est neutralisée et entretient des relations diplo-
matiques avec l’entité sioniste. Ainsi, les gardiens jordaniens ont été
expulsés dimanche d’Al Aqsa (la Jordanie est officiellement la gardienne
des Lieux Saints d’Al-Qods occupée). Comment a réagi Amman ? Par un
communiqué, quand il fallait rappeler son ambassadeur à Tel-Aviv. Donc
exit l’Egypte, exit la Jordanie. La Syrie, seul pays qui résistait à Israël a été
piégée par une guerre civile dans laquelle les monarchies du Golfe ne sont
pas étrangères. Dans ce fatras que reste-t-il de ladite Ligue arabe ? Aussi,
dans le Monde dit « arabe » reconfiguré, ce sont l’Arabie saoudite, le Qatar,
les Emirats arabes unis – ceux-là même qui mènent depuis six mois la
guerre de destruction contre le Yémen – qui sont en pointe, disent les cho-
ses et représentent la « force » agissante qui domine la fictive « Ligue des
Etats arabes ». Celle-ci, s’est encore signalée par des communiqués,
quand il fallait prendre des décisions énergiques au moment où la
Mosquée d’Al Aqsa est attaquée par l’armée d’occupation israélienne et
les hordes sionistes. C’est cette même Ligue arabe qui a donné son feu
vert à l’attaque de la Libye par l’Otan en 2011 et couvert les manœuvres de
déstabilisation de la Syrie par certaines monarchies du Golfe. Il ne faut
donc pas s’attendre de la part de celles-ci à des surprises, leur choix poli-
tique et stratégique est fait : se soumettre au diktat états-unien et, par rico-
chet, israélien. Les monarchies ne feront donc rien pour secourir les
Palestiniens et le troisième Lieu Saint de l’islam : Al Aqsa. A bon droit [?],
le souverain saoudien vous assurera qu’il est exclusivement le «protec-
teur» des deux Lieux Saints. Que peut-on dès lors attendre de pays qui, au
long de ces dernières années, ont préparé obstinément la déconfiture du
Monde dit « arabe » allant au-devant de ce que préparaient pour lui les
Etats-Unis et Israël. Le cocasse de l’affaire – faut-il en pleurer ? – est que
l’Arabie saoudite est concernée par le morcellement - en petits Etats
confessionnels, ethniques et tribaux - établi pour le Moyen-Orient. (voir la
carte de cette région redessinée par les USA et Israël, publiée en 2006 par
la revue militaire américaine AFJ (Armed Forces Journal), intitulée
« Redessinons la carte du Moyen-Orient ». Or, l’Arabie des Al Saoud a joué
un rôle clé ces dernières années dans la déstabilisation du Monde arabe,
précipitant la reconfiguration de cette région. Sourds et muets face au
martyr des Syriens – les Arabes auront été les seuls dans le monde à ne
pas avoir bougé pour les réfugiés syriens – les dirigeants arabes se sin-
gularisent encore au moment où les Palestiniens sont une énième fois, la
proie de l’oppression israélienne, tournant le dos à un peuple victime d’un
déni de l’histoire. K. M.
Ph : R. Boudina