Pôle Economie et Prospective
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Conjoncture agricole
L’année 2011 s’achève. Le climat a particulièrement marqué cette année agricole : la douceur
de l’hiver, la sécheresse du printemps, la fraicheur et l’humidité de l’été ont quelque peu
perturbé les productions végétales. Malgré ce climat atypique, les rendements en grandes
cultures sont meilleurs que prévu : plus spécifiquement pour les cultures de printemps qui ont
bénéficié de pluie depuis leur floraison. Pour les fruits et légumes, la précocité a bouleversé le
marché et le temps estival n’a pas stimulé la demande, et désormais le temps doux de
l’automne affecte les produits d’hiver. Le climat a aussi perturbé l’offre et la demande en
horticulture et pépinière, aggravant la situation de ce secteur déjà fortement touché par la
crise économique et la concurrence européenne.
Bien que les marchés agricoles soient plutôt bien orientés, la hausse des prix des
consommations intermédiaires (particulièrement les postes aliment et engrais) affecte
fortement les coûts de production.
L’autre fait marquant de cette fin d’année est la menace qui plane sur la zone euro. Un an
après le début de la crise grecque, la zone euro est au plus mal et son avenir est incertain.
Tour à tour, les pays d’Europe du Sud mettent en place des plans de rigueur qui contractent la
croissance. Ce n’est pas sans conséquence pour les marchés agricoles même si aujourd’hui la
demande mondiale est tirée notamment par la Chine.
Des coûts de production maintenus à des niveaux élevés
Depuis plusieurs mois, le prix des
consommations intermédiaires s’est
stabilisé à un niveau plus élevé qu’en
2008. Ce sont surtout 3 postes qui ont
particulièrement progressé en 2010
jusqu’au 1er trimestre 2011 : les
postes aliment, engrais et énergie. Ils
ont même dépassé leur record pour
l’aliment et l’énergie et se sont établis
à des niveaux soutenus affectant
lourdement les coûts de production.
Depuis juillet, les prix de l’aliment
entament une petite baisse alors que
les prix des engrais et de l’énergie repartent à la hausse.
Grandes cultures : poursuite du recul des prix en blé et
tension sur le maïs
Les marchés des céréales sont largement influencés par la dégradation de l’environnement
financier qui reste des plus incertains. Les fondamentaux un temps relégués au second plan
pourraient redevenir déterminants dans l’orientation des cours des céréales comme la
domination des origines mer Noire à l’exportation et de la tension du bilan mondial du maïs.
Blé tendre : concurrence des origines mer Noire
L’estimation de la production mondiale de blé 2011-12 s’affine avec l’arrivée des récoltes de
l’hémisphère Sud. Elle s’établirait à près de 684 Mt selon le dernier rapport de l’USDA du 9
novembre dernier, soit la 2ème récolte après le record historique de 2008 (+35 Mt par rapport à
2010-11). Du fait d’une progression similaire de la demande mondiale, l’estimation des stocks
N°2011-4 novembre 2011
50
70
90
110
130
150
170
190
210
2007 2008 2009 2010 2011
Evolution des prix des consommations intermédiaires
Indice général des
produits intrants
ENERGIE ET
LUBRIFIANTS
ENGRAIS ET
AMENDEMENTS
ALIMENTS DES
ANIMAUX
indice 100 en 2005
Source Agreste
PEP chambres d'agriculture des Pays de la Loire
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Stocks mondiaux de maïs
0
20
40
60
80
100
120
140
160
180
01/02
04/05
Mt
Stocks mondiaux Stocks Etats-Unis
PEP Chambres d'agriculture des Pays de la Loire Source : CIC
de report (juin 2012) ne progresse que de 6 Mt (pas de variation par rapport à l’estimation
USDA d’octobre).
Le repli des cours entamé à la rentrée s’est poursuivi en octobre et début novembre. Le
difficile accès au marché égyptien traduit le contexte très concurrentiel sur le marché mondial
du fait du retour des origines mer Noire très compétitives face aux prix américains et
européens. Ce climat concurrentiel risque encore de s’accentuer avec l’arrivée des récoltes
hémisphère sud. En France, les exportations se déroulent à un rythme satisfaisant, bien
qu’inférieures au niveau exceptionnel de 2010-11. La demande algérienne est au rendez-vous
(moindre récolte). A l’instar de l’Egypte, l’origine française pourrait être y concurrencée par la
mer Noire, mais des considérations d’ordre qualitatif devraient limiter les pertes de parts de
marchés françaises. Le stock de report reste stable à 2,5 Mt (2,9 et 3,4 Mt respectivement en
2010-11 et 2009-10).
Moins volatil, le marché n’en demeure pas moins dépendant du contexte économico-financier
mondial (et européen…). Du côté des fondamentaux, la colte mondiale de blé 2012 s’engage
bien (inquiétude en Ukraine néanmoins) sous réserve de conditions climatiques favorables. Le
rendu La Pallice s’élevait à 188 €/t le 16 novembre 2011.
Maïs : tension du marché mondial
Le dernier rapport USDA a minoré la
production mondiale 2011-12 de maïs
de 2 Mt par rapport à octobre (baisse
des rendements aux Etats-Unis). Le
report de stock (juin 2012) recule de
presque autant. La vigueur de l’industrie
de l’éthanol aux Etats-Unis soutient la
demande et de fait la vive tension sur le
marché mondial du maïs. En Europe, la
récolte atteint un niveau record selon
l’USDA (61 Mt ; +5 Mt par rapport à
2010-11 ; +2 Mt depuis octobre), ce qui
n’empêche pas les stocks de report de
reculer à 4,7 Mt en juin 2012, compte tenu de la progression de la demande (alimentation
animale et export pays-tiers en raison du gain de compétitivité face aux origines
étasuniennes). En France, la production est estimée à 15 Mt par FranceAgriMer (conseil de
novembre), chiffrage jugé en deçà de la réalité par les analystes privés. La demande progresse
(alimentation du bétail, export UE et pays-tiers) et les stocks de reports tombent à 1,8 Mt en
juin 2012. Après un début de campagne d’exportations dynamique vers l’Afrique du Nord,
l’origine française devrait être y être plus concurrencée en raison de la compétitivité et de la
disponibilité de l’origine ukrainienne.
Le bilan mondial du maïs demeure donc tendu, au moins jusqu’aux 1ères annonces d’une récolte
mondiale 2012 satisfaisante. A court terme, la concurrence ukrainienne et le possible recul de
la demande (récession économique en filigrane de la crise de la dette) sont baissiers. Le rendu
La Pallice s’élevait à 187 €/t le 16 novembre 2011.
Oléagineux : soutien du pétrole
Le contexte géopolitique tire le prix du baril de pétrole et donc le prix des huiles végétales. A
ce contexte se joint celui des fondamentaux eux-mêmes, tendus pour le colza en Europe. La
hausse pourrait être atténuée par les effets du contexte financier sur la demande.
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3
Lait : Un marché porteur mais un retournement de
tendance annoncé
Les livraisons régionales poursuivent
leur progression entamée depuis juillet.
Depuis le début de la campagne laitière,
la hausse est de 5% comparée à
2010/2011, elle atteint même 8% en
Vendée. La collecte nationale suit la
même tendance (+4%). Un prix propice
au producteur et des attributions de
volumes supplémentaires accordés par
les laiteries ont motivé la production.
En septembre 2011, le prix producteur
s’établit à 379 €/1000L. Sur les 6
premiers mois de la campagne, il atteint en moyenne 348€ soit une hausse de presque 10%
comparée aux 6 premiers mois de la campagne passée.
La hausse des livraisons trouve sans difficultés des débouchés hors de France (exportations
dynamiques des crèmes et fromages) malgré une consommation française de produits laitiers
qui stagne. Le marché beurre poudre est encore bien orienté. Toutefois, deux craintes se
profilent : un marché Européen qui pourrait se tasser suite aux politiques de récession mises
en place et une augmentation de la production mondiale (notamment avec le retour de la
Nouvelle Zélande) qui pourrait rattraper la demande.
Viande bovine : recul des importations et dynamisme des
exportations françaises de jeunes bovins
Le contexte mondial demeure porteur : les importations européennes continuent de reculer
(moindre compétitivité du Mercosur) et la demande de jeunes bovins à l’export est dynamique.
Cette conjonction de facteurs permet de
tirer les prix des femelles à la hausse
alors que les sorties boucherie
continuent de progresser et que la
consommation française recule. Les
cotations régionales des vaches R et O
progressent respectivement de 8 et 11
% en semaine 45 par rapport à 2010
(3,53 et 3,01 €/kg). Les sorties de
femelles allaitantes sont toujours
soutenues au niveau national et celles
des laitières sont en hausse par rapport
au faible niveau de 2010. En Pays de la Loire, les sortie de femelles allaitantes + 36 mois
progressent de 6 % depuis le début de l’année, mais reculent de 9 % par rapport à septembre
2010. Le recul des arrivages de réformes laitières d’Allemagne et d’Irlande en raison de
moindres disponibilités (et compétitivité) atténue la pression de l’offre française face à une
consommation en repli (-1 % en cumul sur les 8 1ers mois de 2011 par rapport à 2010). Le
dynamisme des ventes de haché (frais ou congelé) est entamé depuis l’été 2011.
Les abattages de jeunes bovins reculent en France en raison de la baisse de la production et
des fortes exportations de bovins vivants finis vers le bassin méditerranéen (Turquie
notamment). En Pays de la Loire, les sorties boucheries des 18-24 mois de race allaitante
reculent de 19 % par rapport à septembre 2010 et de 14 % depuis le début de l’année. Le
dynamisme des exportations de viande vers l’Allemagne et du vif vers la Turquie soutient les
prix. La cotation régionale des jeunes bovins U et R progresse de 13,5 % en semaine 45
(respectivement 4 et 3,77 €/kg en semaine 45).
1,00
1,20
1,40
1,60
1,80
2,00
2,20
2,40
2,60
2,80
3,00
3,20
3,40
3,60
3,80
4,00
4,20
4,40
4,60
4,80
5,00
1 6 11 16 21 26 31 36 41 46 51
JB U 2010
JB U 2011
Semaines
Réalisation Chambre Régionale d'Agriculture Pays de la Loire
REGION PAYS DE LA LOIRE - COTATIONS OFIVAL- JEUNES BOVINS
Euro/kg
100000
150000
200000
250000
300000
350000
Les livraisons régionales de lait en milliers de litres
2009/2010
2010/2011
2011/2012
PEP Chambres d'agriculture des Pays de la Loire
Source Agreste
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La conjoncture du gras soutient le prix du maigre (pression due à la décharge des herbages)
sauf celui du veau de 8j dont les prix restent stables. En veaux de boucherie, l’offre restreinte
permet de soutenir le niveau actuel des prix. Le veau O rosé clair (Ouest) s’établit à 6,07 €/kg
en semaine 45.
Porc : des cours soutenus par des exportations en hausse
Sur les 9 premiers mois de l’année, la
production régionale a baissé de 2,1 % alors
que la production française a diminué
seulement de 0,4% sur la même période et
s’oriente vers une stabilité sur 2011.
Le prix du porc est inhabituellement élevé
sur cette fin d’année. La cotation au cadran
breton atteint 1,418€/kg le 17 novembre
2011 et ne devrait pas baisser sur la fin de
l’année tandis que le prix de l’aliment porcin
décroit.
La consommation française plutôt morose a repris des couleurs depuis septembre et la douceur
du climat. Ajouté à cette consommation intérieure plus soutenue, les exportations vers l’Asie
ont fortement augmenté (surtout vers la Corée et la Chine) d’autant que les prix français et
européens sont compétitifs. Toutefois, les importations en provenance de l’UE s’accentuent et
dégradent la balance commerciale.
Volaille : les exportations soutiennent la production
Sur les 9 premiers mois de l’année 2011, les
abattages de volaille sont en légère hausse
en Pays de la Loire (+0.5%) excepté pour la
dinde. Les Pays de la Loire suivent la
tendance française dont l’accroissement est
toutefois plus marqué (+1.6%).
Les achats des ménages se sont repliés en
2011 : -1.8% sur 11 périodes. La dinde et le
canard sont les 2 volailles les plus affectées
par la baisse de consommation. Seuls les
achats de produits élaborés se maintiennent
(+0.2%).
La hausse de production est absorbée, non
pas par la consommation en berne des
ménages français, mais par la forte
croissance des exportations vers Pays Tiers
(+20.5% au cours des 8 premiers mois
2011) et tout particulièrement le poulet entier congelé vers l’Arabie Saoudite. Par contre, les
importations en provenance de l’UE mais aussi des Pays Tiers continuent de croître. Sur les 8
premiers mois 2011, les importations ont augmenté de 9.5%. Elles concernent essentiellement
la viande de poulet en provenance d’Allemagne, Belgique et Pays Bas pour les découpes
fraîches et du Brésil pour les découpes congelées.
60
80
100
120
140
160
180
2006
2007
2008
2009
2010
2011
base 100 = janvier 2006
Evolution comparée du prix de l'aliment IFIP
et du prix du porc Cadran breton
prix aliment IFIP
prix porc Cadran breton
source : IFIP et Cadran breton
PEP Chambres d'agriculture des Pays de la Loire
Tonnages de volailles abattues (2011/2010)
Pays de la Loire
Janvier à
septembre
France
Janvier à
septembre
Poulet
+2,5%
+3,8%
Dinde
-8,3 %
-4,0%
Canard
+2,2 %
+3,6%
Pintade
+7,9%
+5,3%
Ensemble des
volailles
+0,5 %
+1,6%
Source Agreste
Achats des ménages
Cumul 11 périodes 2011/2010
Volume
Prix
Volailles
-1,8%
+6,2%
Poulet
-1,7%
+7,4%
Dinde
-2,8%
+5,3%
Canard
-2,3%
+3,8%
Pintade
-0,4%
+6,9%
Elaborés
+0,2%
+4,1%
Lapin
-6,9%
+3,0%
Source France Agrimer d’après Kantar Worlpanel
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Viticulture : les marchés mondiaux encourageants mais
lointains
La production nationale de vins en 2011 est estimée en hausse de 7% par rapport à la
moyenne des années 2006-2010. Pour le Val de Loire, elle est annoncée stable. L’année 2011
est marquée par une forte croissance des exportations de vins français, vers les Pays Tiers.
L’Asie (Chine, Japon, Hong-kong,…) tire cette demande, mais les Etats-Unis sont également
plus présents. En Europe, Allemagne et même Royaume-Uni ont également été des débouchés
en croissance. Sur 8 mois, les exportations françaises progressent en valeur de 16.8%, dont
23.3% pour les vins tranquilles (source Agreste).
Malgré ce contexte favorable, le vignoble du muscadet connaît toujours de grosses difficultés
pour la commercialisation de ses vins. Actuellement, le négoce a repris ses achats et les
viticulteurs qui doivent écouler leurs produits peuvent le faire, mais à des prix très bas, encore
en retrait d’au moins 10% sur l’exercice précédent. La Chambre d’agriculture a intensifié ses
offres d’accompagnement aux viticulteurs de plus en plus nombreux à être impactés par la
crise.
Pour les autres appellations de la gion, on constate sur les 3 premiers mois de la campagne
des bons volumes de vente dans l’ensemble, mais à des prix souvent difficiles à maintenir. Le
comportement des acheteurs à l’approche des fêtes de fin d’année sera déterminant pour la
suite de la campagne.
Légumes : conditions climatiques peu favorables pour les
produits d’automne et d’hiver
L’année 2011 globalement n’aura pas été
favorable pour les producteurs de
légumes de notre région. La précocité de
l’année a accentué les concurrences
entre bassins en début de campagne.
La crise « Escherichia Coli » et les
soupçons qui ont pesé à tort sur le
concombre ont perturbé la consommation
de légumes. Enfin la météo médiocre de
l’été a entraîné une baisse de la
consommation estivale. Le déroulement
de la campagne en tomates et
concombre a été calamiteux. La
campagne de melon 2011 a également
été décevante. La campagne de salade d’été se termine fin novembre avec des cours jugés
décevants pour la filière amont.
La période actuelle assez douce ne permet de mettre en avant les produits d’automne et
d’hiver. Les rendements de poireau sont bons (45 à 50 t par ha) mais la concurrence est forte,
en provenance de Bretagne, de Normandie et de Belgique. Les campagnes promotionnelles
ont permis un écoulement du marché mais sur des niveaux quasi- plancher. La campagne de
mâche qui démarre apportera-t-’elle une note de satisfaction aux producteurs ?
L’interprofession de fruits et légumes va renforcer très prochainement sa communication avec
l’appui financier de l’UE pour doper la consommation.
80
90
100
110
120
130
140
150
160 Evolution indice IPPAP légumes
2008
2009
2010
2011
PEP Chambres d'agriculture des Pays de la Loire
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