- les gènes ont une expression probabiliste.
Dans les années 40, Morgan lui même avait noté les relations statistiques entre caractères et
chromosomes.
Aucune des théories génétiques "déterministes" ne permet d'expliquer l'ensemble des observations :
après le "tout ADN", le développement des théories épigénétiques et le rôle de la stéréo-spécificité
des protéines sous entendent toujours un certain déterminisme au cours des cascades de régulations
de l'expression des gènes. Au niveau de la démarche scientifique, le séquençage complet du génome
humain n'a pas résolu les problèmes attendus, et il est hautement probable que les programmes très
ambitieux de recensement de l'ensemble des ARN et protéines, avec leur configuration
tridimensionnelle, ne soient aussi décevants. Le problème n'est pas tant une accumulation de
données qu'une révision radicale de la théorie génétique.
J.-J. Kupiec propose, à l'opposé, une théorie "probabiliste" de l'expression des gènes,
l'ontophylogenèse, fondamentalement basée sur le hasard et la sélection naturelle appliqués au
comportement cellulaire.
Inutile de dire que l'intervention de Jean-Jacques Kupiec n'a pas manqué d'aiguiser les esprits, les a
parfois même choqués.
Pour compléter cette réflexion, le philosophe Philippe Descamps s'est proposé de nous montrer avec
énergie et humour à quel point la notion d'espèce humaine est problématique.
Le travail de P.-H. Descamps est une réflexion sur l'éthique et le droit à partir d'une étude précise
de la mutation de la lettre et de l'esprit du droit à partir du 29 juillet 1994, date de la première loi de
bioéthique. Ce jour là un alinéa de taille a été ajouté au code civil : « Nul ne peut porter atteinte à
l'intégrité de l'espèce humaine ».
Cette interdiction est une première car jusqu'alors le code civil se préoccupait de la protection des
droits et des libertés individuels, pas d'interdire. À l'origine de cette disposition se trouvent les
craintes que l'intégrité du génome humain soit menacée par les développements techniques rendus
possibles par le progrès scientifique : mais que signifie "intégrité", alors que le seul fait de faire un
enfant revient à créer un nouveau bagage génétique !
La protection de l'espèce humaine a été encore renforcée en 2004 avec l'apparition dans le code
pénal du "Crime contre l'espèce humaine", pour lutter contre l'eugénisme et le clonage reproductif,
ce qui en fait le crime le plus puni du droit français (mis à part le crime contre l'humanité du droit
international). Le code pénal sanctionne ainsi toute pratique eugénique, mais le législateur semble
avoir oublié que seuls les jumeaux homozygotes constituent des clones parfaits, et qu'un clone
nucléaire n'est jamais génétiquement identique ! Un tel crime concernerait alors aussi bien les
parents donnant naissance à de vrais jumeaux que les médecins qui aident à la naissance, si la loi est
prise à la lettre. Mais comment alors ne pas la prendre à la lettre ?
Plus absurde encore sur le point juridique : la criminalisation de l'intention portée par cette loi rend
l'action de faire naître plus grave - et plus réprimée - que celle de faire mourir ; reprenant l'exemple
des vrais jumeaux, il vaudrait mieux tuer le second jumeaux que de le laisser naître ! On peut aussi
se poser des questions sur la criminalisation d'intentions… ou devra-t-on s'arrêter ? Dans le cas de
la naissance d'un enfant artificiellement cloné, quelle serait aussi l'attitude à observer ? L'enfant
constitue en même temps le mobile du crime et la pièce à conviction.
Enfin, parler d'espèce humaine dans cette loi est un non sens ; la biologie parle de taxon de rang
homo sapiens, et il ne faudrait pas confondre le contenant (regroupement) et le contenu (individus).
Un problème de connexion se pose entre doit et biologie : le droit fait la distinction entre choses et
personnes, mais l'espèce humaine n'est ni une chose ni une personne morale non plus (auquel cas il
faudrait être capable de désigner un représentant de l'espèce humaine qui parlerait en son nom…).
En faisant dépendre la science juridique d'une autre discipline, on lui retire toute autonomie. La loi
de bioéthique est ainsi inféodée à la biologie, avec toutes ses incertitudes actuelles.
Le temps de parole et de questions accordé à l'auditoire est très restreint.
Un premier point concerne la "bagarre" à mener pour faire apparaître l'épigénétisme dans les