Direction Régionale de l’Environnement de la Guyane 9 VU D’ICI & ARUAG - Atlas des Paysages de la Guyane
Les arbres les plus âgés portent également de nombreuses plantes
épiphytes qui poussent sur les hautes branches pour profiter de la
lumière. Plantes couramment utilisées en pots en métropole, on
retrouve ici pour les principales toutes les Orchidées, les Aracées
dont Philodendron et Anthurium et les Broméliacées comme les
ananas.
Fig. 13 : Les épiphytes qui viennent capter la lumière sur les plus
hautes branches
Les sous-bois quant à eux, sont occupés par des arbrisseaux
adaptés à l’ombre, comme les Rubiacées, les Mélastomatacées et
les Pipéracées (famille du poivre). On y retrouve également la
silhouette graphique des palmiers épineux comme le Counana et
le Mourou-mourou. Les plantes herbacées sont peu représentées
en raison du faible éclairement ; on les retrouve cependant
souvent sur les lisières ou au bord des cours d’eau. On remarque
notamment le balisier par ses inflorescences chatoyantes et les
gingembres.
Fig. 14 : Graphisme des palmiers épineux des sous bois
Sur la base de ces compositions végétales, les écosystèmes
forestiers vont composer différentes ambiances au gré des reliefs
notamment au travers des configurations d’hydraulique,
d’exposition et de sols différentes. On distingue ainsi :
Les forêts de milieux humides recouvrent de nombreux types :
Les forêts de basse altitude sur sols hydromorphes avec les
forêts marécageuses (pauvres en espèces et souvent
marquées par la dominance du palmier Pinot), les forêts
ripicoles (proches en composition de la forêt de terre ferme
mais avec quelques arbres spécifiques en plus comme le
cacao rivière et les Wapas), les forêts inondables d’îlots de
sauts (avec des arbres souvent petits, ponctués de quelques
grands sujets couverts d’épiphytes et un sous-bois, avec des
« herbes à couteau » et certaines fougères) et les forêts de
« flat » qui occupent les vallées alluviales plus rarement
inondées (avec peu de grands arbres mais beaucoup
d’espèces et un sous-bois envahi de lianes recouvertes de
mousses et d’épiphytes).
Fig. 15 : Cacao, rivière en rive de cours d’eau
Les forêts de basse altitude sur sols drainés, recouvrent les
pentes et les crêtes de collines, et constituent les forêts les plus
étendues et les plus riches en espèces. Elles ont un aspect
relativement uniforme et les variations de flore sont plus
facilement perceptibles sur les changements de conditions de
drainage que de sols. Ainsi, les forêts poussant sur les roches
éruptives basiques constituent les plus élevées et les plus
majestueuses de Guyane avec des arbres de 40 à 50 mètres
de haut, aux fûts puissants et élancés. Sur les cuirasses
latéritiques se distinguent des forêts basses, broussailleuses et
riches en lianes avec des sous-bois envahis de plantes
herbacées notamment les broméliacées épineuses. (Les plus
accessibles sont les forêts du plateau du Mahury et la
Montagne de Kaw).
Fig. 16 : Vue sur la Canopée de Saül
Les forêts de moyenne altitude (500 à 680m)correspondent
aux sommets tabulaires les plus élevés de Guyane
(Montagne Bellevue de l’Inini, Monts Atachi Baka, Monts
Kotika, Monts Gaa-Kaba, Massif du Décou-Décou,
Montagne lucifer…). Les ruisseaux qui y prennent naissance
descendent en cascades au fond de vallons encaissés. La
forêt de plaine, en prenant de l’altitude, laisse place à la
forêt submontagnarde à nuages, caractérisée par une
abondance de fougères notamment arborescentes. Le
paysage composé est réellement très singulier : la
nébulosité entraîne une humidité permanente qui favorise
la prolifération des mousses et des épiphytes qui forment
des guirlandes végétales et des manchons le long des
troncs.
Fig. 17 : Ambiance spécifique des forêts à nuages
(Mt Kotika – S.Linares DIREN)
Les Cambrouses constituent des milieux originaux dans la
forêt : formations denses, impénétrables, monospécifiques
et de quelques mètres de haut ; elles se distinguent de la
forêt, notamment vues d’avion, où elles apparaissent
comme des prairies. Elles sont constituées de bambous
épineux, de calumets ou plus rarement de graminées ou
de fougères. La dynamique de colonisation de ces
espèces conduit à une sorte d’équilibre qui empêche son
évolution vers un stade forestier puisqu’aucun arbre ne
peut y germer.