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qu'il peignit pour un bourgmestre catholique de Bâle passait au XIXe s. pour l'emblème de la Renaissance
allemande. Maintes œuvres de la période bâloise de Holbein offrent d'autres exemples de conceptions
avancées, tant au point de vue du genre et des fonctions que de l'iconographie: citons les fresques de la salle
du Grand Conseil de Bâle (en partie perdues), avec des scènes de l'Antiquité et de l'Ancien Testament, la
prédelle hypernaturaliste du Christ mort, la série de portraits d'Erasme, témoins de nouvelles techniques
d'autoreprésentation des lettrés. Le Bernois Nicolas Manuel, auteur d'une impressionnante Danse macabre, à
la fois peintre, militant de la Réforme et dirigeant politique, fit une heureuse carrière grâce à ses multiples
talents, alors que le Zurichois Hans Asper, privé des ressources de la peinture sacrée, tomba dans la misère.
Les peintures murales en trompe-l'œil comptent parmi les produits les plus intéressants de l'art profane de la
Renaissance. Ce genre, qui s'inspire des exemples de vertu de la littérature humaniste et des héros
popularisés par le théâtre, fut lancé en Suisse par Holbein; on en conserve des exemples à Stein am Rhein
(maison du Weisser Adler, par Thomas Schmid) et à Schaffhouse (maison Zum Ritter, d'après Tobias
Stimmer). Les décors en sgraffito des maisons paysannes engadinoises en sont le pendant rural. Hans
Ardüser le Jeune, artiste itinérant naïf et original, qui en hiver était maître d'école, tout en rédigeant des
chroniques et son autobiographie, a réalisé aux Grisons de nombreuses peintures murales.
Auteur(e): Andreas Hauser / PM
3 - L'architecture au nord des Alpes
Plus que dans la peinture, l'art suisse de la Renaissance révèle ses qualités, de nature surtout iconologique et
typologique, dans l'architecture. Bien que les réalisations profanes soient les plus caractéristiques de
l'époque, le seul grand chantier qui ait été alors sans cesse en activité dans la Confédération est celui de la
collégiale de Berne. Daniel Heintz le Vieux, de Prismell (Valsesia, Piémont), qui y travailla dès 1571, est un
représentant typique de la Renaissance du nord des Alpes, puisqu'il s'illustra à la fois comme architecte,
ingénieur, sculpteur et combina la tradition artisanale des maçons avec la science des traités théoriques.
Familier aussi bien de l'"art géométrique" (gothique tardif) que de la manière antique, il les utilisait en
fonction d'objectifs stylistiques et iconologiques, le premier par exemple pour un escalier en colimaçon de
l'hôtel de ville de Bâle ou pour la voûte de la collégiale de Berne, la seconde pour le jubé de cette église ou
pour les façades de deux édifices bâlois, la maison de la corporation de la Cuve et le Spiesshof. Dans ces
dernières, les détails antiques se mêlent à une structure gothique, d'une manière typique de l'art du nord des
Alpes. En revanche, le palais Ritter à Lucerne (futur collège des jésuites), construit dès 1556 par des artistes
tessinois, est un exemple, avec sa façade en appareil rustique et sa cour à portiques de style toscan,
d'importation directe de la manière antique italienne. L'hôtel de ville de Lucerne (fin du XVIe s.) a des façades
italianisantes, mais son grand toit en croupe est bien du nord des Alpes. Sa principale qualité, cependant,
comme dans le cas de l'hôtel de ville de Zurich, conçu plus tardivement selon les règles des maîtres
renaissants et également construit au bord de l'eau, consiste dans l'adéquation entre l'architecture et le site.
La Renaissance française, très aristocratique, mêlant le détail antique, un art subtil de la taille des pierres et
un goût "romantique" pour les formes évoquant la chevalerie, exerça une influence en Suisse romande, par
exemple dans l'hôtel Ratzé à Fribourg (Musée d'art et d'histoire) et dans la maison des Halles à Neuchâtel, qui
tous deux ont une silhouette pittoresque, ou encore dans l'hôtel de ville de Genève, avec sa tour abritant une
rampe en pente douce et sa cour à portiques du XVIe s.
L'architecture militaire de la Renaissance est illustrée en Suisse par deux chefs-d'œuvre d'envergure
mondiale: le Munot de Schaffhouse, forteresse en forme de couronne bâtie en 1564-1589 sur des plans
d'Albrecht Dürer et l'ensemble de châteaux et de murs crénelés aménagés de manière traditionnelle à la fin
du XVe s. à Bellinzone pour barrer la route de Milan aux Confédérés (lesquels finirent par s'en emparer).
Auteur(e): Andreas Hauser / PM