LES CAMPS
ALLEMANDS NAZIS
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La crise économique de 1929, qui alla jusqu’en 1933, toucha pra-
tiquement tous les pays du monde, provoquant l’effondrement
de l’économie allemande et une radicalisation de l’opinion pu-
blique. Le NSDAP, le parti d’Adolf Hitler qui adoptait les slogans de
lutte contre le « diktat de Versailles » et le « système de Weimar », com-
mença à monter en puissance. En juillet 1932, il récolta la majorité des
voix lors des élections au Reichstag. Le 30 janvier 1933, le Président
Hindenburg nomma un gouvernement de coalition avec Hitler comme
chancelier. Le Reichstag fut incendié le 27 février 1933, les commu-
nistes furent mis en cause. Le lendemain, le président promulgua un
décret « sur la défense de la nation et de l’État », qui ouvrit la voie à la
dictature hitlérienne. Après la mort du Président Hindenburg en 1934,
Hitler gagna le pouvoir absolu en tant que « Führer et chancelier du
Reich ». Les opposants du NSDAP eurent à souffrir de cruelles persé-
cutions qui consistaient souvent en la mise en « détention de sûreté »
(Schutzhaft). Celle-ci équivalait en pratique à la déportation dans des
camps, bientôt baptisés « de concentration » (Konzentrationslager).
Le premier camp de concentration fut établi le 21 mars 1933 à
Dachau, près de Munich, sur l’ordre d’Heinrich Himmler. Destiné
aux personnes en détention de sûreté, il devint le modèle du camp de
concentration dans toute l’Allemagne. Des camps furent créés à Sach-
senhausen, dans la banlieue d’Oranienburg, près de Berlin (en juin
1936) ; à Buchenwald, près de Weimar (en juillet 1937) ; à Flossenbü-
rg, en Bavière (en mai 1938) ; à Mauthausen, en Autriche, annexée à
l’époque au Troisième Reich (en août 1938) ; et à Neuengamme près
de Hambourg (décembre 1938).
Au début, les camps de concentration étaient soumis au contrôle de
la police. On y déportait des personnes qui « menaçaient la nation
et l’État ». La police politique (la Gestapo) émettait un mandat de
Adolf Hitler prend le
pouvoir en Allemagne.
Les premiers camps de
concentration.
Himmler prend le
contrôle du réseau de
camps de concentration
en Allemagne.
Les années 1933–1939
4LES CAMPS ALLEMANDS NAZiS
Prisonniers d’un camp de concentration lors d’un appel, Dachau juin 1938.
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détention sans aucun procès. Jusqu’au déclenchement de la Seconde
Guerre mondiale, les camps de concentration étaient des lieux d’iso-
lement plutôt que d’extermination à grande échelle. La propagande
nationale-socialiste prônait des slogans de « rééducation » : le travail
dur et la discipline de fer allaient ramener les détenus au sein de la so-
ciété allemande. En réalité, c’était un moyen de débarrasser la société
de ceux qui étaient considérés comme des ennemis ; dans les camps,
les détenus étaient contraints à travailler au-delà de leurs forces et
soumis à des tortures corporelles et mentales.
En 1943, le réseau de camps passa sous le contrôle du Reichs-
führer SS (le plus haut dirigeant des SS), Heinrich Himmler, qui était
également le chef suprême de la police allemande depuis 1936. Ainsi,
Himmler prit le pouvoir sur un appareil puissant, censé protéger le
Troisième Reich contre les ennemis intérieurs, c’est-à-dire les adver-
saires politiques. C’est pourquoi les premiers prisonniers des camps
de concentration furent des Allemands : communistes, sociaux-démo-
crates, membres de syndicats, représentants du clercatholique et
protestant et, après la Nuit de Cristal (du 9 au 10 novembre 1938),
Juifs. Ils étaient tous considérés comme des « éléments indésirables ».
À cette catégorie s’ajoutaient également les délinquants, les vaga-
bonds, les mendiants, les prostituées, les homosexuels, ainsi que les
membres du groupe religieux des Étudiants de la Bible (Témoins
de Jéhovah), les Roms et les Sinti (Tziganes). On estime que plus
de 170 000 personnes passèrent par les camps de concentration alle-
mands avant le début de la guerre.
En septembre 1939, l’Office central de la sécurité du Reich
(Reichssicherheitshauptamt, RSHA), l’un de douze offices centraux des
SS, fut créé dans le cadre d’une réorganisation des structures du pou-
voir de ces derniers. Dès lors, les mandats de détention dans un camp
de concentration, ainsi que toute décision portant sur le sort des déte-
nus, y compris la décision de les libérer, provenaient exclusivement du
RSHA. A la veille de la Seconde Guerre mondiale, le chef de la police
de sécurité et du service de sécurité, Reinhardt Heydrich, émit une
circulaire sur la nécessité de mettre en « détention de sécurité » les
Polonais figurant sur les listes de proscription.
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