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LES CAMPS ALLEMANDS NAZiS
détention sans aucun procès. Jusqu’au déclenchement de la Seconde
Guerre mondiale, les camps de concentration étaient des lieux d’iso-
lement plutôt que d’extermination à grande échelle. La propagande
nationale-socialiste prônait des slogans de « rééducation » : le travail
dur et la discipline de fer allaient ramener les détenus au sein de la so-
ciété allemande. En réalité, c’était un moyen de débarrasser la société
de ceux qui étaient considérés comme des ennemis ; dans les camps,
les détenus étaient contraints à travailler au-delà de leurs forces et
soumis à des tortures corporelles et mentales.
En 1943, le réseau de camps passa sous le contrôle du Reichs-
führer SS (le plus haut dirigeant des SS), Heinrich Himmler, qui était
également le chef suprême de la police allemande depuis 1936. Ainsi,
Himmler prit le pouvoir sur un appareil puissant, censé protéger le
Troisième Reich contre les ennemis intérieurs, c’est-à-dire les adver-
saires politiques. C’est pourquoi les premiers prisonniers des camps
de concentration furent des Allemands : communistes, sociaux-démo-
crates, membres de syndicats, représentants du clergé catholique et
protestant et, après la Nuit de Cristal (du 9 au 10 novembre 1938),
Juifs. Ils étaient tous considérés comme des « éléments indésirables ».
À cette catégorie s’ajoutaient également les délinquants, les vaga-
bonds, les mendiants, les prostituées, les homosexuels, ainsi que les
membres du groupe religieux des Étudiants de la Bible (Témoins
de Jéhovah), les Roms et les Sinti (Tziganes). On estime que plus
de 170 000 personnes passèrent par les camps de concentration alle-
mands avant le début de la guerre.
En septembre 1939, l’Office central de la sécurité du Reich
(Reichssicherheitshauptamt, RSHA), l’un de douze offices centraux des
SS, fut créé dans le cadre d’une réorganisation des structures du pou-
voir de ces derniers. Dès lors, les mandats de détention dans un camp
de concentration, ainsi que toute décision portant sur le sort des déte-
nus, y compris la décision de les libérer, provenaient exclusivement du
RSHA. A la veille de la Seconde Guerre mondiale, le chef de la police
de sécurité et du service de sécurité, Reinhardt Heydrich, émit une
circulaire sur la nécessité de mettre en « détention de sécurité » les
Polonais figurant sur les listes de proscription.