
Philosophie Travail, technique et aliénation
I. Introduction
La notion de travail est une notion complexe qui a beaucoup évolué
dans le temps. Avant de répondre donc à la question du cours, il nous faut
prendre le temps de la clarifier. Comme le travail c’est justement ce qui per-
met de transformer la nature pour que nous puissions y habiter, il nous faut
d’abord distinguer la nature de la culture. De plus, notre mortalité fait que
vivre dans ce monde, c’est rencontrer des risques, des périls et des dangers.
En un sens le travail a pour but de nous prémunir des risques naturels, c’est
pourquoi nous prendrons le temps de distinguer ces trois concepts que sont
les risques, les périls et les dangers. Enfin, nous irons à la découverte de ce
qui se cache derrière la notion de travail en étudiant plus particulièrement
la pensée de la philosophe Hannah Arendt.
II. Distinction entre nature et culture
II.A Étymologie des mots
II.A.1 La Nature
Le mot nature vient du latin natura qui lui-même a servi à traduire
le grec phusis.Aristote rattache explicitement phusis àphuô,phuesthai,
« croître, pousser, faire pousser, faire naître, développer ». Phusis se rattache
donc à l’idée de « croissance » :
«Phusis se dit, en un premier sens, de la génération (génesis)
de ce qui croît (tôn phuomenôn). »
Aristote,Métaphysique, V, Chap. 4.
À côté de ce sens, on utilise assez souvent le mot nature en philosophie
pour désigner « ce qui est déjà là » ou « ce qui est donné ». Il s’oppose
alors explicitement au mot culture. La nature est alors ce qui pré-existe à
toute transformation humaine. En ajoutant l’adjectif sauvage au mot nature,
on pourrait faire sentir cette origine pré-humaine de la nature. Cependant,
comme l’adjectif sauvage a vu son sens évolué dans le temps, on ne voit plus
son sens originel qui vient de silva, la forêt. Ainsi, pour comprendre, le sens
originel du mot nature, il faudrait peut-être utiliser l’expression « nature
sylvestre », on retrouverait alors, à la fois le sens de ce qui était là avant
toute transformation humaine, avec l’idée de phusis, l’idée de croissance.
En un sens, en utilisant l’expression « nature sylvestre », on reste
neutre quand à la valeur morale de cette nature. En revanche, si nous préfé-
rons l’expression, « nature sauvage », on retrouve sans doute les deux mêmes
Terminales L et S 3/53 Année 2015-2016