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de sang de quelques millimètres est tenace, prolifique. Une femelle peut survivre un an sans se nourrir.
Un repas, un mâle et la voilà bientôt à semer jusqu'à 500 œufs! Cette mécanique reproductive pourrait
s'enrayer toutefois: le spécialiste en écologie chimique Vincent Harraca, docteur de l'Université de
Neuchâtel, a pu profiler un «grain de sable» lors d'un séjour post-doctoral à l'Université de Lund, Suède.
«La communication chimique et le comportement sexuel des punaises de lit reçoivent une attention
croissante vu la réinvasion des pays développés par ces insectes irritants», souligne Vincent Harraca.
Avec la collaboration de Camilla Ryne et Rickard Ignell, il a décrit la rude sexualité des punaises, et
aussi un signal de communication qui bride leurs méfaits. Le Cimex mâle en effet assaille brutalement,
sans regarder à l'âge ou au sexe, toute autre punaise, pressé de lui perforer la cuticule pour déposer sa
semence dans la cavité abdominale! Un mâle ainsi agressé peut détromper son violeur à l'énergie. En
revanche les nymphes, immatures, n'échappent à des blessures préjudiciables que grâce à un signal
chimique, une «phéromone» que le mâle capte via des récepteurs olfactifs situés dans ses antennes, qui
l'informe de la jeunesse de sa partenaire. et bloque son excitation.
Vincent Harraca et ses collègues ont empêché des nymphes d'émettre ce signal en scellant de vernis à
ongles leurs glandes odorifères. Les nymphettes ont alors été «courtisées» autant que les femelles
adultes sexuellement aptes. A l'inverse, en diffusant un peu de la phéromone alors qu'un mâle
approchait une femelle mature, les chercheurs ont induit une très forte diminution du nombre
d'accouplements (voir sur
www.biomedcentral.com). Une telle odeur diffusée dans les colonies pourrait donc y bouleverser la
reproduction, les mâles n'osant plus féconder les femelles car les tenant pour immatures, pour finir
même, peut-être, par ne plus différencier mâles, femelles et nymphes et les blesser fatalement tous!
Mieux que les actuelles éradications, longues et coûteuses!
«Ces molécules étant d'origine biologique, les punaises ne peuvent s'y adapter et y devenir insensible
comme avec les insecticides. Elles peuvent être synthétisées, et donc nos résultats pourraient servir à
réduire les populations de punaises», se réjouit Vincent Harraca. Et bien des démangés avec lui! /JLR
JEAN-LUC RENCK