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En France, la conjoncture économique est morose. Pourtant, les innovations
technologiques foisonnent : imprimante 3D, objets connectés, drones, voitures
hybrides, télémédecine, robots d’aide à la personne. Pour matérialiser ces
nouveautés en croissance, les entreprises doivent s’en saisir pour transformer
leur offre. L’histoire et la science économique nous donnent quelques leçons, aux
distributeurs et loueurs de modules de s’inspirer de trois d’entre elles.
Première leçon : une entreprise peut innover en copiant. Deux pays petits par la
taille mais grands par la puissance économique incarnent les stratégies possibles.
Israël est à la pointe de la R&D, crée en permanence des nouveaux produits et
process. Singapour se contente de répéter ce qui se fait de mieux ailleurs. Les
deux territoires connaissent des taux de croissance exceptionnels. Nos
entreprises peuvent être Singapour : pas besoin d’inventeurs de génie, pour
rester compétitif il suffit d’être un copieur efficace.
Deuxième leçon : les phases de mutation technologique sont des phases trans-
sectorielles. Google était un moteur de recherche avant de produire des voitures
sans chauffeur. Panasonic se lance dans le bâtiment avec ses maisons connectées.
IBM dessine des villes intelligentes. Les produits innovants naissent de la
rencontre entre des nouvelles technologies multi-usages et un savoir-faire
traditionnel. Ces produits ne sont plus des biens mais intègrent un service : c’est
l’économie « des solutions ». Aux loueurs et distributeurs de s’associer à des
spécialistes des objets connectés ou des énergies renouvelables pour imaginer
de nouvelles offres.
Troisième leçon : pour créer des business models innovants, il faut un esprit de
rébellion. C’est ici que bloque le modèle français : excellence de la technique,
ingénieurs brillants, capitaux abondants mais croissance nulle. L’ingrédient
manquant est la volonté de renverser les schémas, de contester les
réglementations (Uber aurait-il pu être français ?). Pour innover, il faut accepter
de détruire. Aux entrepreneurs français d’acquérir cet esprit révolutionnaire.
Les modules sont aujourd’hui comme l’économie française, entre deux eaux. La
croissance de l’activité est là (+3% au S1 2015), les effectifs augmentent très
légèrement (+0,7%), les perspectives s’améliorent. Mais un rebond ne suffit pas
car le secteur recèle un solide potentiel de croissance. Pour que le module
grandisse encore, il faut copier, s’associer, se rebeller.