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Résumé
En France, les prévalences de l’hépatite chronique B et C et la mortalité associée ont été estimées en population
générale au début des années 2000. Depuis lors, aucune étude en population générale n’a été réalisée pour
actualiser ces estimations. Le but de notre étude est de décrire l’évolution entre 2004 et 2011 de la prévalence,
des complications et de la mortalité associées aux hépatites B et C chroniques dans la population française
hospitalisée à domicile ou dans un établissement de soins.
A partir du programme de médicalisation des systèmes d’information (PMSI) incluant l’hospitalisation à
domicile (HAD), les séjours hospitaliers des patients avec un diagnostic d’hépatite chronique B ou C ont été
chainés sur la période 2004-2011 en utilisant la classification internationale des maladies (CIM10) établie par
l’OMS pour les diagnostics. Les caractéristiques sociodémographiques des patients, les complications (cirrhose,
carcinome hépatocellulaire (CHC)), et certaines pathologies ou comorbidités (lymphome non Hodgkinien,
coïnfection VIH, syndrome métabolique (diabète non insulino-dépendant ou obésité), dépendance à l’alcool ou à
d’autres substances psychoactives) associées au séjour ainsi que les décès ont été analysés. Une analyse de survie
des patients hospitalisés dès le premier séjour avec un diagnostic de complications a été effectuée par un modèle
de régression à accélération des risques Log-Logistique et une analyse multiniveaux a été réalisée pour estimer
les facteurs de risque de décès au premier séjour avec un diagnostic d’hépatite chronique B ou C, et
Entre 2004 et 2011, 54 409 patients avec une hépatite B et 161 387 avec une hépatite C ont été hospitalisés. La
prévalence hospitalière de l’hépatite chronique B a augmenté passant de 0,09% à 0,11%, celle de l’hépatite C a
diminué passant de 0,45% à 0,33%. Les hommes sont majoritaires, 61,9% pour ceux atteints d’hépatite B et
58,4% pour ceux atteints d’hépatite C. Comparés aux femmes, les hommes hospitalisés avec un diagnostic
d’hépatite B chronique sont plus âgés (50,6 ans versus 47,7 ans) en moyenne alors qu’ils sont plus jeunes en cas
de diagnostic associé d’hépatite C chronique (53,0 contre 59,4 ans). Les diagnostics de cirrhose et de CHC sont
plus fréquemment associés à l’hospitalisation en cas d’hépatite C chronique que d’hépatite B, respectivement
24,3% versus 16,6% (p<0,001) et 6,7% versus 5,9 % (p<0,001).
Parmi les 26 129 patients décédés entre 2004 et 2011(9,1% avec une hépatite B chronique ; 13,1% avec une
hépatite chronique C), une complication avait été diagnostiquée chez 60,2% et 61,0% des patients hospitalisés
respectivement avec une hépatite B et une hépatite C. Durant cette période, la létalité a augmenté passant de
4,9% à 7,7% pour ceux atteints d’hépatite B et de 4,6% à 10,6% pour ceux atteints d’hépatite C. Comparés aux
femmes, les hommes ont une létalité plus élevée (13,0% versus 9,9 % ; p<0,001), et sont plus jeunes au décès
quel que soit le diagnostic associé d’hépatite chronique (en moyenne : 61,1 ans versus 67,3 ans pour hépatite
B ; 61,7 ans versus 70,3 ans pour hépatite C).
Les facteurs de risque associés au décès lors de la première hospitalisation (inclusion) avec un diagnostic
d’hépatite B chronique sont le fait d’être un homme, d’être âgé de plus 30 ans, d’avoir un diagnostic de
dépendance à l’alcool et de complication (cirrhose ou CHC). A ces facteurs de risque au décès à l’inclusion,
sont associés pour les patients hospitalisés avec une hépatite C chronique les diagnostics de dépendance aux
substances psychoactives, de lymphome non hodgkinien et de co-infection avec le VIH.
Le décès est plus précoce pour les patients ayant une hépatite B chronique compliquée en cas de résidence hors
Ile de France, de séjour en HAD, d’âge supérieur à 50 ans, de dépendance à l’alcool et de diagnostic de CHC
comparé à celui d’une cirrhose; pour les patients avec une hépatite chronique C compliquée le décès est plus
précoce chez les hommes et en cas de résidence hors Ile de France, de séjour en HAD, d’âge supérieur à 40 ans,
de dépendance à l’alcool, et de lymphome non Hodgkinien, et de CHC comparé à celui d’une cirrhose.
Ces résultats sont concordants avec les données épidémiologiques connues de 2004 et de 2001. Ce travail
montre que l’analyse des séjours et des décès hospitaliers est possible et pertinente grâce aux données du PMSI
et que celui-ci apparait comme un réel outil de surveillance, en tenant compte de ses biais et limites.
Mots clés : Hépatite chronique B et C, prévalence, complications, mortalité