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AUX SOURCES DE LA MÉDECINE
La naturopathie :
mieux que guérir, prévenir
Qui connaît la naturopathie ? Si les mots « phytothérapie » (les plantes) ou « aromathérapie »
(les huiles essentielles) résonnent comme des termes familiers, la science qui les englobe, la
naturopathie, est encore confidentielle. Et pourtant, elle ne date pas d’hier !
Le naturopathe, généraliste de la santé naturelle, exerce l’art de maintenir la santé dans la plus
pure tradition d’Hippocrate, le père de la médecine occidentale. Il sait non seulement accroître les
bénéfices qu’apportent les végétaux et les aliments, mais il est aussi le grand spécialiste de
l’hygiène de vie. Bref, de la prévention.
« Natura medicatrix », la Nature seule guérit, « Primum non nocere », d’abord ne pas nuire, tels
sont les deux principes hippocratiques qui sous-tendent l’action du naturopathe. Sa priorité va
être de remonter à la cause profonde de la maladie, en suivant la piste des symptômes, autant
d’indices laissés par le corps dans ses tentatives multiples d’évacuation du problème.
Deux conceptions de la médecine
« Le microbe n’est rien, le terrain est tout », assurait Claude Bernard (1813-1878), à l’origine de
la notion de « milieu intérieur », qu’Hippocrate définissait comme “les humeurs”. Il était le
contemporain et grand rival de Pasteur (1822-1895). Tout différencie les deux médecins dont les
conceptions ont donné deux orientations radicalement différentes à la médecine. Bernard est suivi
par le courant naturopathique, Pasteur par la médecine conventionnelle (allopathie), qui a adopté
l’idée de contagion.
De même que chacun a pu constater, dans son jardin, que la mousse pousse en terrain humide et
ombragé, de même notre corps n’est attaqué par certains virus, bactéries ou champignons que si
les conditions sont réunies. C’est pourquoi, en dehors de certaines pathologies purement
environnementales comme celles liées à l’amiante ou à la pollution, certains attrapent la grippe
alors que d’autres traversent l’épidémie sans faiblir. En médecine douce, on n'est finalement
contagieux que pour les gens qui présentent le même « terrain », sachant que les émotions
peuvent fortement le déséquilibrer.
La médecine actuelle se situe encore aux antipodes de ce concept médical. Elle a opté pour la
théorie de Pasteur selon lequel la cause de la maladie est externe, c’est-à-dire liée à l’effraction
d’un agent pathogène dans l’organisme. L’alimentation du patient, son état psychologique
importent peu. Ce dogme (aujourd’hui remis en question par de nombreux médecins) a conduit à
la vaccination massive, considérée comme le seul rempart efficace contre les agressions
extérieures (de la grippe au cancer, en passant par les maladies infantiles).
Le naturopathe, lui, ne combat pas la maladie mais va chercher à consolider le terrain, pour
redonner au corps ses moyens d’action naturels, en favorisant l’élimination de la « toxémie »,
cette accumulation de déchets qui gênent le fonctionnement de l’organisme.
Que soigne la naturopathie ?
Tout ou presque. C’est une médecine de terrain qui prévient les pathologies lourdes, tout comme
elle aide le malade à améliorer le fonctionnement de son corps pour renforcer ses défenses
immunitaires.
Il n’y a pas de diagnostic médical mais un bilan de vitalité. La guérison est considérée comme
acquise lorsque les causes de la maladie ont été supprimées.
Quoique opposées dans leurs principes, la complémentarité entre médecine naturelle et médecine
conventionnelle pourrait être idéale si on reconnaissait au naturopathe sa compétence dans la
prévention et dans les maladies chroniques, tandis que l’allopathie se révèle précieuse dans les
situations d’urgence (inflammations aiguës, infections pouvant entraîner des séquelles, dans les
traumatismes accidentels et, bien sûr, dans la chirurgie).
Le naturopathe intervient avec succès, quoique moins rapidement mais plus durablement, sur les
infections récurrentes (cystites), les migraines, la constipation ou la diarrhée, les sinusites, les
affections ORL, les troubles hormonaux, etc. Mais il orientera le client vers un médecin en cas de
pathologie aiguë. Seul le médecin est alors capable de poser un diagnostic et d’évaluer l’urgence
de la situation.
En fait, le naturopathe ne prétend pas guérir, seulement redonner au patient les clés de sa santé,
vers plus d’autonomie, par l’application progressive des principes de la naturopathie et leur
intégration dans le quotidien.
Comment le naturopathe intervient-il ?
Par la rectification des erreurs alimentaires en regard de notre constitution (innée) et de notre
terrain (acquis). Le naturopathe ne conçoit pas de règles diététiques valables pour tous. Si de
grands principes alimentaires demeurent incontournables, chaque individu doit déterminer son
mode d’alimentation. Par exemple, on déconseillera la prise trop importante de crudités en hiver
à une personne frileuse et de corpulence fine. En revanche, elles seront recommandées en toute
saison pour un « sanguin », l’un des quatre tempéraments d’Hippocrate (avec le nerveux, le
bilieux et le lymphatique), c’est-à-dire une personne ayant tendance à l’embonpoint, présentant
un teint rosé, ayant « toujours chaud ». La cure de jus de citron sera inadaptée pour un nerveux
(risque d’acidification), alors qu’elle agira comme un détoxifiant puissant chez le sanguin.
Chaque patient arrive avec des habitudes alimentaires anciennes qui ont aggravé ou non sa
toxémie et qu’il convient de changer, en douceur. Là encore, les êtres humains ont des
tempéraments différents. Si le « nerveux » respectera à la lettre une feuille de conseils fournie, il
est préférable de ne pas surcharger le sanguin de règles compliquées et de lui fournir des
compléments que l’on peut prendre à n’importe quelle heure. Sinon, notre sanguin risque
rapidement de décrocher.
Généralement, le praticien de santé encourage et conseille ses patients dans le choix d’aliments
biologiques, complets, de saison et issus de son environnement proche. Ainsi, faire le marché,
acheter des céréales complètes en « vrac » au magasin bio, trouver un artisan boulanger bio,
permettent de consommer des produits sains, frais, sans trop alourdir le budget.
Nécessité de nouvelles habitudes alimentaires
La prise de compléments alimentaires vient en appui. Elle n’est pas primordiale mais peut se
révéler fort utile en cas de maladie chronique profondément enracinée. Minéraux, vitamines,
oligo-éléments, acides gras essentiels (oméga 3 et oméga 6), fibres, permettent de corriger plus
rapidement un terrain. Mais il faut que les nouvelles habitudes alimentaires soient mises en place
parallèlement.
Les plantes et les huiles essentielles (phyto- et aromathérapie) sont également à la portée du
naturopathe. Extraits concentrés, teintures mères, tisanes, gemmothérapie (bourgeons), élixir,
autant de dilutions (du plus concentré au moins concentré) qui vont agir à des niveaux différents,
du plan physique au plan psychologique (avec les Fleurs du Dr Bach, par exemple).
Ces conseils vont s’intégrer dans trois cures qui se succèdent par alternance : désintoxication,
revitalisation et stabilisation. La première phase permet de nettoyer l’organisme des toxines
(grâce à des plantes drainantes, des diètes, et mieux avec de l’exercice physique), la seconde
reminéralise le patient pour lui redonner son capital en oligo-éléments et vitamines. La dernière
phase établit des règles d’hygiène au quotidien. Ces différentes cures se succèdent naturellement
lors de cycles. En effet, nature humaine oblige, la stabilisation ne dure souvent pas très
longtemps… les excès de table ont souvent le charme de la convivialité, et que serait l’été sans
les bonnes résolutions de la rentrée ?
Priska Ducœurjoly
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