Balance des paiements nettement déficitaire, réserves de change en
perpétuelle érosion, Fonds de régulation des recettes (FRR) en voie
d’épuisement…
Presque tous les indicateurs de l’économie nationale commencent à virer
dangereusement au rouge, laissant craindre un tarissement accéléré des
caisses de l’Etat et, par conséquent, de sérieuses menaces de précarisation
et de malaises sociaux. Experts et analystes internationaux le mettent
désormais en évidence : les pays producteurs de pétrole, habitués depuis
des années à financer leur croissance avec l’argent de la rente, encourent
aujourd’hui de sérieux risques d’instabilité sociale.
Des pays pétroliers comme l’Algérie, l’Arabie Saoudite, l’Angola ou encore
l’Equateur risquent très vite «d’arriver au bout des outils de politique
économique pouvant les ramener à un petit peu de croissance», avertit en
ce sens Ludovic Subran, chef économiste à la société d’assurance-crédit
Euler Hermes, cité hier par l’AFP. Pour faire face à la chute de leurs revenus,
tranche cet analyste, les pays producteurs de pétrole n’ont pas de choix :
«Davantage de dettes, davantage de privatisations ou d’austérité.» Une
voie que le gouvernement algérien commence en effet à emprunter, même
à pas de velours, à en juger en tout cas par l’esprit de la loi des finances en
vigueur.
Le malaise risque d’être d’autant plus attisé si les cours du pétrole ne
retrouvent pas au moins leur niveau d’avant le début de l’année. Dans une
déclaration faite hier au quotidien français Les Echos, Jean-Michel Six, chef
économiste chez Standard & Poor’s, en charge de la région Europe, Moyen-
Orient et Afrique, n’hésite pas à évoquer l’existence de risques géopolitiques
que la baisse du prix du pétrole ferait désormais peser sur les pays
producteurs, notamment en Algérie, au Venezuela et au Nigeria, dont les
systèmes de gouvernance, estime-t-il, sont fragiles. «On se focalise sur la
Chine alors que le danger principal pèse sur d’autres émergents,
notamment ceux d’Afrique.
Il y a là matière à être inquiet», a-t-il déclaré. Un point de vue que partage
également Olivier Garnier, chef économiste du groupe à la Société générale,
qui évoque, pour sa part, des risques de «déstabilisation d’un certain
nombre de pays» producteurs de brut, qui avaient jusque-là l’habitude de
nourrir la paix sociale grâce à d’abondants revenus du pétrole.
Dans le cas de l’Algérie, même si le pays dispose encore d’une certaine
couverture en devises, à savoir un stock de réserves de change suffisant
pour un peu plus de deux années d’importation, il n’en demeure pas moins
que la marge de manœuvre du gouvernement se rétrécit à vue d’œil et que
les ménages et les entreprises commencent à subir de plein fouet les effets
de la crise.
Un dinar dont le pouvoir d’achat s’amenuise de jour en jour, des prix qui
flambent sous l’effet de la hausse des taxes à la consommation, des
finances publiques trop chétives pour continuer à alimenter la croissance
et, surtout, des courbes de chômage qui repartent dangereusement à la
hausse. Les effets de la crise pétrolière et financière, faut-il l’admettre, ont