Stage filé cycle 3 (Saint-Pierre2) 2007/2008 2
la même journée.... Ces arrêts nombreux étaient également bénéfiques sur le plan de la sécurité ; on
s’apercevait parfois que le moteur donnait des signes de fatigue. Et le temps de réparer, on restait
parfois sur place quarante-huit ou soixante douze-heures....". En mars 1947, les premiers véritables
longs-courriers font leur apparition. Le temps des voyages interminables sera bientôt révolu. Air
France met en service des DC4 sur la ligne Paris-Tananarive. Plus rapides, plus gros ces avions
diminuent de moitié le nombre des escales et la durée du voyage. Désormais on atteint Tananarive
en deux jours. La Réunion, quant à elle, se trouve dès lors à quatre jours de Paris. L’avion part de
Maurice le vendredi à 12h05, se pose cinquante minutes plus tard à La Réunion, d’où il repart à 13
h 20 pour Tananarive où il se pose à 15 h 10. Il ne repart que le dimanche, pour arriver le mardi
matin à Paris, après des escales à Dar-es-Salam, Nairobi, Khartoum, le Caire et Tunis. Plus question
de longues étapes : l’avion vole même la nuit. Au retour, le DC4 part le mardi matin de Paris, pour
se poser le vendredi à La Réunion. Pour le département, le progrès est sensible et toute la
population parle des performances du "mastodonte". Quant à l’aéroport de Gillot il n’est encore
guère développé et les avions stationnent encore sur la piste elle-même faute de parking. Mais une
aérogare a été construite. Avec ses murs de calumets et son toit de chaume, l’édifice fait très
exotique. Cependant le cyclone 48 vient détruire l’aérogare. Mais peu importe, on en construira une
autre. Le gouverneur Capagorry n’avait-il pas promis, en son temps, que "dans un avenir prochain,
grâce à la contribution du ministère de l’Air, d’élégants et confortables bâtiments agrémenteront les
abords de l’aérodrome... ?". En 1950, Madagascar et La Réunion se sont encore reliées que pour un
seul service hebdomadaire, alors que la Grande-Ile, elle, bénéficie de deux liaisons avec la France.
Devant l’accroissement constant du trafic, Air France décide d’augmenter la fréquence de ses
liaisons qui passent de deux à trois. C’est le "Loocked L749 Constellation" qui assurera ce troisième
service. Ce nouvel appareil réduit encore la durée du voyage : la liaison France-Madagascar se fait
en à peine plus de vingt-quatre heures. En revanche on change d’avion une fois arrivé dans la
Grande Ile. En effet l’aéroport de Gillot ne pouvant recevoir le Constellation, la fin de la ligne vers
La Réunion et Maurice, est toujours assurée par un DC4. Une fois par semaine, le "Constellation"
met avec le DC4 La Réunion à trente heures de Paris. Un an plus tard, sur une idée du préfet Roland
Béchoff, le département acquiert un nouvel appareil. Il s’agit d’un bimoteur Beechcraft D 18,
destiné à augmenter la fréquence des vols vers Madagascar et à "rompre l’isolement de l’île en cas
de péril extérieur". Or, cet avion qui a coûté quatre millions sept cent mille francs CFA, ne servira à
rien, à La Réunion du moins. En effet grâce à un contrat de location "coque nue" avec une
compagnie malgache, le Beechcraft finira sa carrière à Madagascar. Pendant plusieurs années rien
ne change sur la ligne de la Grande Ile qui reste assurée depuis Paris par deux vols hebdomadaires
de DC4 et un vol de Constellation. Mais en 1956, dès l’arrivée de "Super Constellation" L1049,
l’accent est mis sur l’insuffisance de la capacité d’accueil de l’aéroport de Gillot qui ne répond plus
à celle des avions. Le nombre de passagers est passé de plus de sept mille à plus de neuf mille. Il
faut avant tout renforcer la piste dont le module de résistance ne correspond plus à la masse des
appareils. Ensuite il faut construire une aire de stationnement et agrandir l’aérogare.
UN DÉFI À RELEVER
De décembre 1956 à décembre 1958, on refait donc la piste, on construit un parking de deux mille
cinq cents mètres carrés ; l’aérogare, quant à elle, est agrandie tant dans sa partie commerciale que
dans les locaux affectés à l’Aéronautique civile et au service météorologique. En dix ans les progrès
ont été remarquables. Ainsi en 1959 un vol quittant Paris le mardi à 12 h 20 locales, arrive à La
Réunion le mercredi à 19 h 05 après avoir fait escale au Caire, à Nairobi et à Tananarive. La même
année voit la réalisation d’un centre d’émission radioélectrique, d’un centre de réception, ainsi que
la mise en place d’un radiogoniomètre VHF d’atterrissage. Par ailleurs, concernant le service de
sécurité, quatre véhicules spécialisés sont opérationnels vingt-quatre heures sur vingt-quatre. La
mise en service d’avions lourds donne au transport aérien sa physionomie moderne. Mais elle révèle
aussi, entre l’avion et l’infrastructure, l’existence d’un véritable rapport de force jouant à la fois sur
l’exigence du matériel volant et la faculté d’adaptation de l’aéroport. Fort heureusement La Réunion