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LA PRESSE MONTRÉAL SAMEDI 31 MARS 2001 D3
LA PRESSE MONTRÉAL SAMEDI 31 MARS 2001 D3
LA PRESSE MONTRÉAL SAMEDI 31 MARS 2001 •D3
POP-ROCK
Vénus 3 entre deux univers
JEAN-CHRISTOPHE LAURENCE
Il y a trois ans, les groupes Yelo Molo,
Projet Orange et Vénus 3 participaient à
l’ultime finale de l’Empire des Futures
Stars. Le « plus vieux des concours de
rock au Québec » a depuis cessé ses acti-
vités, mais les trois formations, elles, ont
fait leur bout de chemin.
Contre toute attente, ce ne sont pas les
vainqueurs qui ont fait le plus parler d’eux.
Mis sous contrat par une grosse compagnie
de disques (BMG), Projet Orange n’a pas en-
core répondu aux attentes — malgré le succès
mineur de la chanson De héros à zéro, désor-
mais associée à une pub de la SAAQ. Porté
par son fan club de Lanaudière, Yelo Molo a
de loin pris les devants, écoulant presque
25 000 exemplaires de son premier album,
grâce à la chanson Gros zéro.
De son côté, Vénus 3 poursuit sa route
parsemée de météorites. Sur scène comme
sur disque, le sextuor de ska-pop, possède
un potentiel commercial certain. Le succès
radio de L’une va sans l’autre lui a valu d’être
considéré comme le No Doubt québécois. Un
deuxième extrait, plus rock (Une bonne jour-
née) a également tourné sur les ondes. Mais
nos loustics ont bien dû se rendre à l’évi-
dence : se faire remarquer dans un concours
et passer le murs des FM ne signifie pas for-
cément vendre plus de disques.
Évoquant les 5000 exemplaires vendus de
leur premier album lancé ilyaunan,legui-
tariste Steeve Nadeau et la chanteuse Vicky
Martel ne cachent pas leur déception. Et
osent une explication : « Le problème, lance
Vicky, c’est qu’on se situe entre deux chaises.
Entre le grand public et l’underground. Entre
le rock et le ska... »
« Sauf qu’entre les deux, il n’y a rien,
ajoute Steeve. Pas de sentier battu. Alors,
c’est plus long. Il faut développer le mar-
ché... »
« Le public ska ne trippe pas vraiment sur
nos variations ou sur nos beats, reprend
Vicky. Mais on ne va pas non plus avec le
public de La Chicane. On a fait leur première
partie, je sais de quoi je parle ! »
Ils sont assis côte à côte dans un bar du
Quartier chinois. Tellement différents qu’ils
ne peuvent être que complémentaires. Chan-
dail multicolore, lunettes de DJ jaune-orange
et cheveux blonds décolorés, son look tran-
che net avec le gilet beige et les jeans délavés
de son discret guitariste.
Steeve et Vicky se sont rencontrés à Qué-
bec et jouent ensemble depuis huit ans. En
attendant que ça débloque pour la formation,
ils continuent de « boucher les trous » avec
Young Soul, leur groupe de covers qui vit sur
des reprises de grands succès des années 80
et 90. Un projet purement alimentaire, ils in-
sistent. Mais qui, ironiquement, roule aussi
bien, sinon mieux que celui de Vénus 3.
Encore plus ironique : entre un tube de
Madonna et une toune de Rage Against the
Machine, il arrive à Young Soul de reprendre
sur scène des chansons de Vénus... De la
pure schizophrénie ! « Au Québec, les gens
attendent qu’un groupe soit connu avant de
se déplacer pour le voir, déplore Steeve Na-
deau. Pas étonnant que le circuit des covers
marche aussi bien. »
Mais tout n’est pas si noir dans l’univers
de Vénus 3. En décembre dernier, la forma-
tion power happy (le terme est d’eux) s’est
produite à Boston en première partie des
Mighty Mighty Bosstones, groupe référence
du ska hybride. « Un dream come true ! » lance
Vicky en hurlant de sa voix de rockeuse hy-
peractive. Retransplantés à Montréal, les
deux vénusiens viennent également d’em-
baucher un nouveau bassiste (Dominic Bé-
rard) et de boucler le tournage de Paranoïa,
leur troisième clip. Le groupe, qui a peu joué
à Montréal depuis l’Empire, est par ailleurs
au Club Soda ce soir. On parlerait d’une
« rentrée officielle » si le mot ne les rebutait
pas tant. « Ça veut dire quoi ça, rentrée ? »
demande Steeve. « Un show, c’est un show.»
De Vénus 3 aux « futures stars »... signa-
lons, par ailleurs, que Projet Orange sera au
Café Campus le jeudi 5 avril.
Un dernier album
pour les Colocs ?
C’EST LA RUMEUR qui plane ces jours-ci.
On savait que Dédé Fortin avait laissé quel-
ques tounes en chantier. Les deux Colocs
survivants (Mike Sawatsky et André Van
Der Biest), accompagnés des deux frères
Diouf, seraient actuellement en train de les
terminer. Responsable du projet et ancien
gérant des Colocs, Raymond Paquin assure
que cette affaire n’a rien d’une exploitation
morbide : « Que toute cette histoire finisse
sur un drame, ça nous fatiguait. L’idée est de
boucler la boucle de façon sensible et de fer-
mer les livres proprement. » Pas question,
ajoute M. Paquin, de tripatouiller dans les
chansons les plus heavy de Dédé. Certains ti-
tres seront d’office mis de côté, parce que
trop personnels. « On ne triche pas, mais on
fait le choix de ressortir les choses les plus
sereines. »
Parole de Raymond, on ne sortira pas le
disque si la famille Fortin — déjà pas mal
ébranlée — est mal à l’aise avec les chansons.
Mais il a bon espoir que le projet passera la
rampe.
Raymond Paquin avoue que ce genre
d’opération se fait habituellement beaucoup
plus tard. Mais avec le premier anniversaire
de la mort de Dédé qui approche à grands
pas (le 8 mai), tout le monde semble y aller
de son hommage posthume.
« On a le choix de regarder passer la pa-
rade ou de terminer les affaires nous-mêmes,
dans les règles de l’art. Au fond, l’histoire
des Colocs est en train de s’écrire en ce mo-
ment. Autant mettre les bons documents sur
la table. »
Chez les Colocs toujours, Musimax pré-
pare actuellement une musicographie sur
Dédé Fortin, dont la diffusion est prévue le
10 mai. BMG prépare de son côté un CD
compilation des deux premiers disques des
Colocs, augmenté d’un cédérom de trois
clips. Le guitariste Mike Sawatsky, enfin,
vient de terminer l’enregistrement d’une
douzaines de standards zydeco avec son
groupe Toutan Zydeco. Un disque de chan-
sons originales devrait être gravé vers la fin
de l’été prochain.
Comment Bran Van 3000
a repêché Curtis Mayfield
(et non le contraire)
SOUS CONTRAT avec l’étiquette Grand
Royal (Beastie Boys), le groupe montréalais
Bran Van 3000 lancera bientôt son prochain
album, Discosis. La chanson Astounded, pre-
mier extrait du disque, tourne depuis quel-
ques jours à la radio. Si vous croyez entendre
la voix de feu Curtis Mayfield, n’ajustez pas
votre appareil. Le légendaire soul brother a ef-
fectivement prêté son organe doré à James Di
Salvio et sa bande. Miraculeux ? C’est le
moins qu’on puisse dire. Surtout que Curtis
est mort le 26 décembre 1999.
L’histoire raconte que Di Salvio n’était pas
convaincu par la première version d’Astoun-
ded. Il avait la musique, mais pas encore la
voix. Par l’entremise de Grand Royal, James
a fait parvenir la maquette de la chanson à M.
Mayfield, alors sur ses derniers milles. Puis,
il a contacté le musicien pour lui demander
s’il accepterait de chanter sur la chanson.
Trop malade pour reprendre du service, Cur-
tis a décliné l’invitation. Mais comme il ai-
mait bien le groove d’Astounded, il a offert à
James d’utiliser un des enregistrements a ca-
pella qui dormaient dans son sous-sol. En
fouillant dans les trésors inédits du chanteur,
Di Salvio a déniché la pièce idéale, « ajus-
tée » par la suite en studio pour les besoins
de la chanson.
Curtis Mayfield est décédé huit semaines
après le coup de fil initial et l’album Discosis
lui est dédié. Sortie prévue le 29 mai.
Un studio pour CKMF
COMME SA GRANDE rivale CKOI, la sta-
tion CKMF se dote à son tour d’un studio-
théâtre. On soulignera l’inauguration de
cette minisalle de 94 places à compter du 9
avril, par une semaine entière de spectacles
en direct. Éric Lapointe, la Chicane, la Spice
Girl Mel C et le groupe Okoumé feront par-
tie des premiers invités. Ces prestations se-
ront diffusées en simultané sur les dix sta-
tions du réseau Énergie — dont CHIK FM à
Québec, qui vient également d’ouvrir son
propre studio, à la place d’Youville.
Il y aura un nouvel invité chaque mercredi
(on annonce déjà Daniel Boucher) et des bil-
lets seront tirés à la radio pour ceux et celles
qui voudraient profiter des 94 places desti-
nées au public.
PHOTO PIERRE McCANN, La Presse ©
Le sextuor ska-pop Vénus 3 : Marie-Josée Frigon, Vicky Martel, Rick Bourque (à l’avant),
Fafoui, Steeve Nadeau et Dominic Bérard.
Une rentrée en deux temps pour La Chicane
PHILIPPE RENAUD
collaboration spéciale
CERTES, ils avaient déjà joué à
Montréal, sur les planches du
même Spectrum, lors de leur Carte
Blanche des FrancoFolies. Mais
pour les membres de La Chicane,
c’était hier soir leur véritable ren-
trée. D’où la nervosité palpable en
première partie, qui ne les a quand
de même pas empêchés de donner
au public, docile et imposant, tout
ce qu’ils avaient dans les tripes.
Dire que La Chicane a mis son
auditoire dans sa poche hier soir
relève de l’euphémisme. Avant
même que les musiciens aient foulé
la scène, les spectateurs étaient déjà
complètement habités par les chan-
sons du premier album En Catimini
(écoulé à plus de 200 000 exem-
plaires !) et les nouvelles de Dis-
paru. On l’aime par coeur, notre
Chicane.
Un simple coup d’oeil sur cette
foule bigarrée explique ce succès
phénoménal : tous les âges étaient
représentés. Toutes les générations
se confondaient sans heurts, des
jeunes ados aux « matantes » et
tous ceux qui viennent entre ces ex-
trêmes. Voilà une Chicane qui est
loin de diviser la famille...
Le groupe le plus populaire au
Québec — depuis plus d’un an
déjà — a livré un concert très iné-
gal, mais tout aussi généreux. La
subtilité ? Connaissent pas. Le
groupe de Val-d’Or joue sur l’inten-
sité à tout prix, et force est de
constater que c’est le genre de fix
que cherchait le public, à les enten-
dre applaudir à tout rompre.
Un petit dialogue préenregistré
(un feu roulant de farces graisseu-
ses) servait d’ouverture pendant
que les musiciens s’installaient,
plongés dans le noir. Aux membres
originaux se sont greffés le percus-
sionniste Alain Quirion (collabora-
teur de Marc Déry), le saxophoniste
Luc Lemire, ainsi qu’un violoniste.
La Chicane a parti le bal avec La
Légende du laitier, sous un tonnerre
d’applaudissements. On croyait
bien que c’était parti pour brasser
longtemps lorsqu’ils ont poursuivi
avec un rigodon. Malheureuse-
ment, la première partie s’est enli-
sée dans le côté sombre du groupe,
après une vingtaine de minutes de
rock qui commençait à peine à faire
bouger les gens.
Ainsi, le public a eu beau rire
aux gags lancés en intro, il a vite
touché le fond du baril avec En
Deuil, Tu peux partir et La Blessure
(Laurence Jalbert viendra rejoindre
Boom lors de cette chanson). Heu-
reusement que les joyeux rythmes
country de Ma Taverne et « offenba-
chiens » de Doris nous ont rehaussé
le moral !
La deuxième partie s’avéra supé-
rieure. Un moment encore plus in-
time, plus acoustique, avec leurs
« vieilles tounes » (La Compagnie,
Sodome et Val-d’Or, Qu’est-ce que tu
penses), mais surtout plus dansant et
moins lourd, moins chaotique. Pas
de massifs solos de guitare sans sa-
veur, que tentaient de relever des
phrases de violon et de saxophone
en première partie.
Cette dernière heure du concert,
La Chicane l’a jouée avec authenti-
cité et légèrement plus de retenue
— on mettra ça sur le compte du
stress apprivoisé. Le chanteur,
Boom Desjardins, crachait ses textes
intensément, le poing refermé sur
la tête de son micro. Enfin, avec des
titres tels que Calvaire, Le Yâb de
Sainte-Nitouche, L’Homme à tout faire
(une bonne reprise de Nino Ferrer),
Le Fil et, pour terminer, Juste pour
voir le monde, on peut dire que La
Chicane a réussi sa rentrée.
Entendons-nous : d’un point de
vue musical, La Chicane représente
le degré zéro de l’originalité. Aussi,
de sérieux ajustements en première
partie seraient bienvenus. D’ail-
leurs, d’où vient cette idée tordue
de massacrer Bonne soirée de Plume
en l’hybridant avec la musique de
Riders on the Storm des Doors ?
Mais ce que le public de La Chi-
cane veut, c’est qu’on fasse vibrer
ses cordes sensibles. Il veut se faire
parler dans le casque, se faire chan-
ter ses petites misères, sentir qu’il
n’est plus seul dans ses moments
les plus pires. Et Boom Desjardins
a, en plus d’une voix puissante et
assurée, le charisme, ce regard qui
s’adresse à chacun de nous. Person-
nellement.
Intensité, rock et complicité sur
et devant la scène. Là-dessus, les
fans en ont eu pour leur argent.
Photo BERNARD BRAULT, La Presse ©
Boom Desjardins, chanteur de La
Chicane, a, en plus d’une voix
puissante et assurée, le charisme,
ce regard qui s’adresse à chacun
de nous.
SUPPLÉMENTAIRES 9, 29 avril 6, 15, 16, 18, 19 mai
www.duceppe.com
DÈS LE 4 AVRIL
de
Claude Meunier
et
Louis Saia
mise en scène de
Denis Bouchard
Louis Champagne Martin Drainville Luc Guérin
Diane Lavallée Sylvie Moreau Sonia Vachon
Louis-Martin Despa Sandra Dumaresq
concepteurs
Pierre Labonté Suzanne Harel Luc Prairie Denis Larochelle
Les
voisins
v
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