inguinal. La voie d'abord doit offrir une bonne exposition
des vaisseaux ilio-fémoraux si la tumeur s'étend au bassin
et doit envisager la possibilité de fermeture primaire
lorsque la masse n'est pas très grande et la perte de
substance cutanée n'est pas importante. Une mauvaise
prise en charge initiale telle qu'une biopsie, une
mauvaise incision ou une résection incomplète ou encore
une récidive locale avec la participation cutanée
compliquent de façon considérable la gestion ultérieure
de ces patients [6]. Dans la présente étude, l'incision
cutanée a été adaptée pour inclure les cicatrices
antérieures et les zones de peau envahie. Grâce à cette
approche, nous avons pu réséquer la tumeur " in sano"
dans les deux cas. Une résection vasculaire suivie d'une
reconstruction prothétique a été réalisée dans les deux
cas.
Actuellement, les sarcomes des tissus mous de la région
inguinale englobant d'importantes structures vasculaires,
ne sont plus considérés comme une contre-indication à la
chirurgie conservatrice du membre. Ceci est devenu
possible grâce à l'amélioration des techniques de
reconstruction vasculaire et la possibilité d'utilisation de
conduits prothétiques comme substituts vasculaires.
Néanmoins, il est important de considérer la nécessité
de la couverture de ces greffons afin d'éviter l'infection
et la cicatrisation retardée [6].
Le taux de survie à 5 ans varie de 63 à 75%, ce qui
démontre que l'envahissement vasculaire en lui-même
ne représente pas un facteur de mauvais pronostic pour
la survie sans recidive lorsque la résection de la tumeur
est assez large. Schwarzbach et al. recommandent
l'utilisation de greffons synthétiques pour la substitution
vasculaire aussi bien artérielle que veineuse dans la
région ilio-fémorale. L'objectif de cette tactique est de
réduire le temps opératoire et de préserver la grande
veine saphène (GVS) d'autant plus qu'il existe
habituellement un certain degré d'incongruence entre
les calibres de l'axe veineux femoro-ilique et la GVS [7].
À notre avis, l'utilisation de la GVS devrait être réservée
aux cas où le système veineux profond est perméable;
Sinon, lorsque la résection "en bloc" implique la veine
fémorale commune, il faut soit utiliser un greffon
prothétique pour la reconstruction artérielle soit
prélever la GVS controlatérale à cet effet. Cette
dernière devrait être privilégiée en raison du risque
infectieux nettement moindre. Quant à la reconstruction
veineuse, celle-ci est souvent inutile et ce grâce a la
circulation veineuse collatérale qui s'installe autour de la
tumeur suite à la compression chronique provoquée par
celle-ci. Bien que les patients développent souvent un
œdème dans la période postopératoire immédiate, il y a
rarement de graves répercussions fonctionnelles. Ceci a
été constaté chez nos patients mais sans altérations
cutanée. Cet œdème s'est entièrement résolu après
physiothérapie et drainage positionnel.
Lorsqu'une prothèse vasculaire est utilisée pour
substituer les vaisseaux fémoraux, une attention
particulière doit être accordée au recouvrement de celle
ci pour éviter l'exposition et l'infection. Certains auteurs
recourent à une rotation du muscle couturier qui viendra
se mettre entre la prothèse et le tissu sous cutanée [6,
8, 9]. Chez nos patients, la transposition médiale du
muscle couturier était suffisante pour une couverture
complète et il n'y avait pas besoin de lambeau musculo-
cutané de couverture.
Les taux de perméabilité rapportés pour des
reconstructions veineuses prothétiques sont de loin
inférieurs à ceux des reconstructions artérielles,
cependant, l'utilisation de la veine autologue ne s'est pas
avérée être supérieure aux greffons prothétiques en ce
qui concerne le taux de perméabilité à long terme après
chirurgie conservatrice [9, 10]. Aucun de nos patients n'a
eu une reconstruction veineuse et les suites étaient
relativement simples. Le nerf fémoral a été pris dans la
tumeur dans un cas aboutissant à son sacrifice. La
fonction résiduelle après résection du nerf était,
étonnamment, excellente et le patient a nécessité
uniquement quelques séances de rééducation motrice.
Une incision inguinale ou abdomino-inguinale adaptée a
la taille et la forme tumorale dans les 2 cas avait permis
une bonne cicatrisation sans nécrose cutanée ni
infection.
Le développement d'une lymphorrhée et la formation
d'un sérome après dissection de la lame ganglionnaire de
la région inguinale est une complication assez fréquente
surtout dans le contexte de chirurgie carcinologique ou
la résection a un objectif prioritaire qui est de passer en
tissus sains. Le drainage de lymphatique par le Scarpa
peut atteindre 4000ml par 24h dans les premiers jours
post-opératoires et prend souvent 2 -3 semaines pour se
tarir [6]. Le volume de drainage quotidien était
important chez le premier patient qui avait bénéficié
d'un renforcement de la paroi abdominale par une
plaque de mersilène.
L'utilisation de matériel prothétique tel qu'une plaque de
prolène ou de mersilène ou bien une prothèse vasculaire
est considérée un facteur de risque pour le
développement de l'infection des plaies profondes [11].
El-Sherbiny et col. ont rapporté un taux de morbidité des
plaies de 34,7% [6]. Une infection assez profonde de la
plaie associée à l'exposition de la plaque à la partie
inférieure de l'abdomen est survenue chez notre premier
patient; celle-ci a, fort heureusement, bien évolué sous
soin locaux et antibiothérapie à large spectre.
L'asepsie rigoureuse, le placement correct de des drains
de Redon, l'administration prophylactique
d'antibiotiques, l'hémostase minutieuse et le
recouvrement complet des structures profondes par les
lambeaux musculo-aponévrotiques, sont à l'origine du
faible taux de complications. Le lymphoedème
chronique est souvent le résultat d'une résection
étendue du tissu lymphatique et la fibrose extensive
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