90 JOURS Wallons-nous ? Les étudiants namurois interrogent les présidents de partis PARCOURS D’ ANCIEN Martine Ernst, romaniste et journaliste à la RTBF CULTURE ET ENSEIGNEMENT Gérer la formation et le changement dans les organisations BELGÏE - BELGIQUE P.B. - P.P. B - 802 Bureau de dépôt - Charleroi X Autorisation de Fermeture Magazine des Facultés Universitaires Notre-Dame de la Paix NAMUR TRIMESTRIEL - N° 56 - JANVIER 2006 Libre cours Namur à l’avant-poste du Plan Marshall 10 millions pour les nanos S O M M A I R E T R I B U N E Criminalité : des chiffres qui font mal JANVIER 2006 RECHERCHE Nanotechnologies : l'industrie choisit la sécurité, Namur fixera la norme 3 Namur : carrefour des biotechnologies 4 Nouveau projet européen Couleurs de vie 6 Colloque interdisciplinaire Quand on n’a pas le pétrole, il faut penser… biomasse 7 Enseignement primaire et secondaire Compétences de base souvent négligées 8 Économie et histoire Comment évaluer la prime de risque de marché ? 9 Le 8 décembre 2005, un rapport statistique1 financé par l’Union européenne provoque un nouveau coup de chaleur dans la Cité ardente. Liège est classée en tête des villes européennes les plus criminogènes. En 2001, 256 crimes par mille habitants y ont été enregistrés. La moyenne de l’ensemble des 27 pays est d’environ 80. Bruxelles et Charleroi occupent en outre respectivement la 12e et la 19e place du classement. Les résultats sont aussi négatifs sur le plan du nombre des voitures volées par mille habitants. Liège et Charleroi figurent aux 4e et 9e places derrière un trio de tête britannique (Manchester, Belfast, Liverpool). D’emblée, les autorités liégeoises montent au perron pour mettre en cause la fiabilité de ces données. Les arguments sont classiques : ambiguïté du terme « crime », différences dans l’enregistrement des délits, hétérogénéité des données nationales. Il est en effet très regrettable que l’agence statistique européenne manifeste un tel amateurisme en matière de statistiques criminelles. Depuis les années 1970, sociologues et criminologues ont démontré le caractère construit du concept de « crime ». Ce dernier constitue une catégorie juridique qui n’est objectivable que dans un contexte normatif strictement déterminé. Ainsi, il n’est pas étonnant de voir les villes d’un même pays figurer à des places très proches dans ces classements. I N T E R N AT I O N A L Projet interuniversiatire ciblé Améliorer l’enseignement des sciences au congo 10 Mille bracelets pour la solidarité 11 C U LT U R E & ENSEIGNEMENT Sciences et littérature Les sciences se livrent 12 Formation à Namur Gérer la formation et le changement dans les organisations 13 Outil pédagogie online www.sociolog.be PA R C O U R S 90 5 La publication de données brutes, sous forme de classement, et sans aucune indication sur la source de ces informations constitue un problème récurrent de ce genre d’enquêtes très souvent réalisées sous les auspices de l’Union européenne. Les comparaisons internationales, objectif avoué de ces entreprises, sont dès lors difficilement envisageables. La présentation, sous forme de « ranking », induit ensuite des réflexes négatifs de la part des entités géographiques mal classées. D’ANCIEN Martine Ernst, romaniste et journaliste à la RTBF 14 JOURS Wallons-nous ? Les étudiants namurois interrogent les présidents de partis 19 Nouvelle crèche La ministre de l’enfance sous le charme 17 Le Namur entrepreneurship Center relance ses filets 18 Club des étudiants entrepreneurs de Namur Oseriez-vous entreprendre ? 19 Coup d’envoi d’une nouvelle formation en marketign Le «bon sens» s’invite à Namur 20 Distinctions 21 À Lire Jésuite et philosophie namurois, Gérard Fourez raconte l’Évangile 22 Ces données ne sont pour autant pas inutiles ou plutôt inutilisables. En l’espèce, elles démontrent l’extraordinaire sensibilité du contexte liégeois à la problématique de la criminalité. Une enquête publiée en juillet 2005 avait révélé l’importance du sentiment d’insécurité vécu par la population liégeoise2. La réaction aussi rapide que virulente de l’administration communale locale aux résultats statistiques présentés en décembre dernier manifeste encore l’intensité de cette susceptibilité. Axel Tixhon, professeur d’histoire 1 2 Libre cours est membre de l’ABPE et de l’AJPBE L I B R E Voir www.urbanaudit.org Voir http://europe.bg/upload/docs/fl_156_en.pdf Libre cours est le magazine des Facultés Universitaires Notre-Dame de la Paix. Il est destiné aux membres du personnel, aux étudiants, aux partenaires de l’Université de Namur et aux anciens. Diffusé en 7.200 exemplaires, il paraît en janvier, avril, juillet et octobre. Les articles ne peuvent être reproduits qu’avec l’autorisation écrite de l’auteur et avec mention de la source. Certains titres et légendes sont de la rédaction. Rédaction Antoinette Minet, Presse et communication, Service des relatons extérieures, rue de Bruxelles 53 - 5000 Namur Tél.: 081 72 50 33 - fax: 081 72 40 45 - [email protected]. Production Nuance 4 (5100 Naninne) 081 40 85 55. Photos Photos FUCID (10), Olivier Hostens (10, 11), Photo Piron (16), Daniel Van Acker (cover, 5, 7, 8, 9, 12, 13, 14, 15, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 24). PhotoDisc (4, 5). Comité de rédaction Mmes Marie Botman, Anne Hubinon, Annie Degen, Florence de La Vallée, Elisabeth Donnay, Gwenola Prado, Sabine Fraselle, Marie Gevers, Catherine Lambert, Antoinette Minet, Caroline Etienne, Laura Rizzerio, MM. Michel Dassy, Jean-François Dury, Olivier Hostens, René Robaye, Daniel Van Acker. 2 WW WW WW .. ff uu nn dd pp .. aa cc .. bb ee Recherche Nanotechnologies : l'industrie choisit la sécurité, Namur fixera la norme Les nanomatériaux sont porteurs de nombreux espoirs, non seulement dans la lutte contre le cancer, mais aussi dans de nombreuses applications de la vie quotidienne. Par principe de précaution face à ce bond technologique, l’industrie a choisi de privilégier la sécurité en matière d’exposition des travailleurs et du public aux nanoparticules. Dans ce cadre, la Direction générale des technologies, de la recherche et de l'énergie de la Région wallonne confie à l’Université namuroise la mise au point de modèles toxicologiques adaptés aux caractéristiques de trois types de nanoparticules produites en Région wallonne. Ce projet d'une durée de cinq ans devrait déboucher sur la mise au point de modèles de tests de toxicité et sur la définition d’une nouvelle norme européenne en accord avec les directives européennes « REACH 1» et « Cosmétique 2 ». Utilisées dans le domaine médical, les nanoparticules permettent de mieux cibler ce sur quoi les médicaments doivent agir. Dans le domaine de l’électronique, elles donnent des ordinateurs beaucoup plus petits, plus rapides, moins chers et consommant beaucoup moins d'électricité. Dans le domaine de la construction, elles donnent des matériaux plus légers aux propriétés mécaniques améliorées… Bref, les nanoparticules promettent de grandes avancées technologiques et pourraient se retrouver rapidement dans tous les secteurs de la vie quotidienne. Sous la direction d'Olivier Toussaint (Unité de Recherche en Biologie Cellulaire, URBC), une trentaine de chercheurs regroupés au sein du pôle d’excellence namurois NANOTOXICO, mettront au point des modèles de toxicologie adaptés à trois types de nanoparticules, présentant un intérêt économique en Région wallonne. Ces particules sont les nanotubes de carbone, les nanopoudres et les argiles exfoliées. Invisibles à l’œil nu, ces très petites (= nano) particules pourraient être mises en contact avec l’organisme via la peau et les muqueuses, le système respiratoire, le tube digestif et le système hépatique, à plus ou moins forte concentration. Ces modèles serviront ensuite aux tests de divers autres types de nanoparticules. Des tests… L’équipe de recherche a cinq ans pour mettre au point une série de modèles pour tester, sur des cellules en culture (tissus artificiels), les effets des nanoparticules sur l’organisme. Ces modèles seront ensuite utilisés pour tester de nombreux types de nanoparticules en développement dans l’industrie. Ces modèles seront comparés aux tests réalisés in vivo, sur des animaux, pour vérifier leur pertinence. Chimistes et physiciens sont également mis à contribution pour caractériser les nanoparticules, principalement en termes de dimensions. Il est en effet indispensable d’identifier correctement et de déterminer l’origine d’é- ventuels phénomènes de toxicité pour pouvoir les modifier afin de les rendre inoffensives. … Et pourquoi pas une norme européenne Les tests in vitro mis au point par l’équipe de NANOTOXICO permettront de tester les nouvelles nanoparticules mises sur le marché. Ils devraient aboutir à la définition d’une norme européenne en accord avec la directive européenne REACH1 qui imposera la connaissance du niveau de toxicité potentiel des produits chimiques. La difficulté à catégoriser les nanoparticules laisse en effet présager la définition de nouvelles normes de toxicité pour cette catégorie de substances. L’équipe NANOTOXICO, en utilisant des modèles in vitro, répond également à une autre directive européenne « Cosmétique2 » qui interdit notamment l’utilisation d’animaux pour définir la toxicité des substances pouvant entrer en contact avec la peau. Démystifier les nanotechnologies Originalité du projet: une importance particulière est accordée à la transparence des résultats de la recherche. Atout sciences, l’Unité de diffusion des sciences des FUNDP partenaire du projet, sera chargée de communiquer au grand public et aux industriels des résultats scientifiques clairs et fiables. Namur, berceau des nanos, expert en toxico Ce n’est pas un hasard si l’Université de Namur a été choisie par la Région wallonne pour étudier la toxicité des nanoparticules. L’histoire des nanotechnologies et plus particulièrement des nanotubes de carbone lui est fortement liée puisque leur procédé de fabrication a été mis au point par le professeur namurois János B.Nagy. Une technologie qui a d’ailleurs donné naissance à la Spin-off Nanocyl. L’expertise namuroise en études toxicologiques n’est plus à démontrer non plus: l’URBC a mis au point de nombreux tests sur des cellules en culture. C’est d’ailleurs de cette équipe qu’est née la spinoff StratiCell, qui offre aux industries pharmaceutiques et cosmétiques une série des tests in vitro (Libre cours n°53). Le projet interdisciplinaire rassemble de biologistes, des chimistes, des physiciens, des médecins et des pharmaciens. Cinq millions d’euros seront investis sur cinq ans par la Région wallonne. De son côté, l’Université met également à la disposition de ce projet l’équivalent de cinq millions en termes de moyens humains et matériels. Il faut dire que l’enjeu est de taille: la Région wallonne, de même que de nombreux industriels wallons, belges, européens, investissent depuis de nombreuses années dans les nanotechnologies. Antoinette Minet REACH est l'acronyme d'une directive «Registration, Evaluation and Authorization of CHemicals» adoptée par le Conseil européen et qui sera proposée au Parlement européen en 2006. REACH stipule que les producteurs d'une substance chimique devront transmettre à une agence centrale un dossier d'enregistrement pour les substances chimiques produites à plus d'une tonne par an. Le dossier devra contenir des données de sécurité sur le produit. 1 La directive européenne 2003/15/CE du Parlement européen vise à assurer l'innocuité des produits cosmétiques et interdit également l'expérimentation de ces produits sur les animaux. 2 Nanotoxico en bref Objectif : Étude toxicologique de trois types de nanoparticules : nanotubes de carbone, nanopoudres, argiles exfoliées Coordinateur : Olivier Toussaint Laboratoires impliqués : Unité de Recherche en Biologie Cellulaire, URBC (Olivier Toussaint), Laboratoire d'Analyses par Réactions Nucléaires, LARN (Stéphane Lucas), Laboratoire de Chimie et d’Électrochimie des Surfaces, LCES (Joseph Delhalle), Département de pharmacie (Bernard Masereel), Atout sciences (André Hardy, Département de mathématique) Financement : 10 millions d’euros Durée du projet : 5 ans Libre cours janvier 2006 3 Recherche Namur : carrefour des biotechnologies « Les technologies au service de la médecine et de la santé », c’est autour de ce domaine que la DGTRE (Direction Générale des Technologies, de la Recherche et de l’Énergie, Région wallonne) a lancé son appel à projets WALEO2. Les Facultés universitaires de Namur participent à six des dix-sept projets retenus, en tant que coordinateurs ou partenaires. Au programme : traitement du cancer du poumon, du Sida, de la polyarthrite rhumatoïde et des carcinomes de la peau, pansements acellulaires bioactivés et systèmes alimentaires émulsionnés aux propriétés fonctionnelles et nutritionnelles améliorées. Cancer du poumon : mieux cibler les cellules tumorales Le cancer du poumon est responsable de plus de 20% des décès par cancer en Europe. Dans sa variante NSCLC (cancer pulmonaire non à petites cellules), le taux de survie à 5 ans n’est que de 5 %. Cette maladie est le plus souvent traitée par chimiothérapie ou chirurgie. Malheureu-sement ces thérapies, souvent palliatives et non curatives, n’améliorent que très légèrement la survie et le confort du patient. Le projet Targan a pour but la mise au point d’une méthode de traitement de cette maladie grâce à ’utilisation de radioisotopes. Il vise à combiner un biomarqueur (anticorps monoclonal) et un cluster de radioisotopes (agrégat de plusieurs centaines d’atomes) de dimension nanométrique. Le vecteur permettra d’acheminer les nanoclusters radioactifs préférentiellement au sein de la tumeur en ciblant de manière spécifique une substance biologique (marqueur) dont le taux est sur-exprimé au niveau des cellules tumorales. Cette technique permettra de mieux cibler et irradier préférentiellement les cellules tumorales tout en préservant les cellules saines. Le projet coordonné par Stéphane Lucas (physicien, spécialiste en science des matériaux et production de radio-isotopes, FUNDP), rassemble une équipe constituée de biologistes et de pharmaciens des FUNDP (C. Michiels, B. Masereel), biologistes et radiopharmaciens de l’UCL, ainsi que le service de médecine nucléaire de l’hôpital universitaire de Mont-Godinne. Bloquer la réplication du HIV Le Sida touche actuellement 40 millions de personnes. Si les traitements actuels ont réduit la mortalité due au Sida, leur efficacité est menacée par l’apparition de souches virales résistantes. C’est pourquoi il est aujourd’hui impératif de compléter l’arsenal thérapeutique. Or quand on analyse les étapes de réplications du virus, on constate que l’intégrase joue un rôle dans l’une d’entre elles, là où l’ADN proviral est intégré dans le génome de la cellule humaine. S’attaquer de manière irréversible à celle-ci bloquerait la réplication virale. C’est ce que vise le projet ANTISIDA(2) coordonné par Johan Wouters, du Laboratoire de chimie biologique structurale des FUNDP et mené en collaboration avec le Laboratoire de chimie des matériaux organiques des Facultés et le Laboratoire de virologie moléculaire de l’Université libre de Bruxelles. Traitement des carcinomes de la peau par photothérapie originale Le nombre de cancers de la peau est en progression constante dans nos régions (± 200 nouveaux cas par an il y a 10 ans en Wallonie, avec une incidence en nette augmentation). Leur traitement, principalement effectué par chirurgie et par traitement au laser, laisse très souvent des cicatrices inesthétiques chez le patient. Améliorer les conditions et les résultats de traitement de cancers cutanés reste donc une priorité. Dans ce cadre, Martine Raes (Unité de recherche en biologie cellulaire), en collaboration avec cinq autres partenaires issus de laboratoires de l’Université de Liège, de l’Université de Mons Hainaut et de l’Université Libre de Bruxelles, propose de développer et d’utiliser des outils originaux de la biologie cellulaire et moléculaire, pour mettre au point une photothérapie par photosensibilisants, de certains cancers de la peau. Ces photosensiblisants seront vectorisés par voie transcutanée et cibleront de manière très spécifique des gènes impliqués dans la résistance à l’apoptose (ou mort cellulaire programmée). Cette approche sera combinée à d’autres traitements (cytokines tel l’IFN, certains rétinoïdes,..) pour favoriser l’apoptose des cellules tumorales, tout d’abord in vitro dans des lignées de kératinocytes humains (collaboration avec la spin-off StratiCELL), ensuite in vivo dans des modèles de souris relevants pour les carcinomes de la peau (non mélanomes). À l’issue du projet, ces agents thérapeutiques pourraient être administrés chez l’homme dans des conditions d’efficacité maximale et de toxicité minimale, en respect des règles de la bioéthique. Libre cours janvier 2006 4 Recherche Polyarthrite rhumatoïde : nouveau traitement La polyarthrite rhumatoïde touche actuellement 1% de la population mondiale. Cette maladie entraîne progressivement une destruction du cartilage et de l’os. À terme, elle est particulièrement invalidante. Si des traitements thérapeutiques existent, ils permettent seulement d’atténuer les symptômes inflammatoires chroniques, sans contrecarrer l’évolution ni s’attaquer aux causes de cette pathologie. Le projet PRALTER, mené par différents laboratoires de l’Université de Liège et le Département de pharmacie des FUNDP, vise la conception et la synthèse d’inhibiteurs chimiques agissant sur un intermédiaire intervenant dans le contrôle de la synthèse d’une molécule clé de l’inflammation rhumatismale. C’est dans la conception et la préparation de médicaments luttant contre cette pathologie que le laboratoire namurois intervient. Pansements acellulaires structurés bioactivés Le traitement des plaies cutanées sévères fait actuellement appel à des substituts de peau, d’origine biologique (peau de cadavre, collagène,…) ou biosynthétique, qui permettent de couvrir les besoins vitaux à court terme mais ne contribuent que très peu à la formation d’une cicatrice fonctionnelle. L’objectif du projet GOCELL est de créer un pansement acellulaire bioactiv permettant d’améliorer cette cicatrisation. Le pansement utiliserait des modules superposés de biomatériaux structurés et bioactivés agissant comme guide pour reconstituer l’architecture des principaux tissus cutanés, favorisant l’adhésion, la migration, et l’activité biosynthétique des principales cellules dermiques et épidermiques. Le projet, centré sur plusieurs équipes de l’Université de Liège (chimie et médecine), associe Yves Poumay et l’équipe du Laboratoire cellules et tissus des FUNDP qui s’occupera plus particulièrement de la partie épidermique. Gwenola Prado et A.M. Systèmes gras : naturels et bons pour la santé L’influence des matières grasses sur la santé est liée à la quantité consommée, mais aussi à la composition en acides gras et aux micronutriments bioactifs présents dans celles-ci. De nombreux systèmes gras alimentaires, par exemple les margarines et certains produits chocolatés, sont encore trop souvent élaborés à partir d’huiles partiellement hydrogénées engendrant la formation de composés insaturés «trans», aujourd’hui considérés comme facteurs de risque pour les maladies cardiovasculaires. Le projet NUTRIFAT, mené par la Faculté de Gembloux et par le Laboratoire de chimie biologique structurale des FUNDP, propose une alternative à l’utilisation de ces mauvaises graisses via l’incorporation de nouvelles fractions d’huiles végétales obtenues par fractionnement à sec. Cette technologie verte n’utilise aucun solvant. Par ailleurs, les chercheurs visent à remplacer les émulsifiants habituels par des phospholipides naturels issus d’huiles végétales. « VITE DIT » Vitrine aux mémoires scientifiques Le cru 2005, vite vu… bien vu La Faculté des sciences publie un recueil des résumés de tous les sujets de mémoires présentés par ses étudiants en 2005. Il permet non seulement de faire connaître les recherches réalisées par les étudiants mais aussi de découvrir les centres d’intérêt et les dernières orientations des différents laboratoires namurois. Pour le recevoir : [email protected] ou 081/72 54 35 Libre cours janvier 2006 5 Recherche Nouveau projet européen Couleurs de vie Matériaux à effets visuels inspirés des organismes vivants Le monde du vivant présente une grande diversité de couleurs. Élucider les mécanismes de production de ces couleurs, spécialement lorsque celles-ci résultent de l’interaction de la lumière et de la structure biologique des organismes à l’échelle de quelques dizaines de nanomètres, est un défi extrêmement complexe que les zoologistes et les physiciens du projet européen Biophot entendent relever. Une fois les mécanismes révélés, les zoologistes tentent de comprendre en quoi ces structures colorantes ont pu aider les espèces à maintenir leur population au fil de l’évolution. Les physiciens s’en inspirent pour créer des matériaux aux propriétés optiques nouvelles, dont l’originalité est d’avoir été «testées et approuvées » par… la nature. Prenez un coléoptère. Il vous apparaît vert. Votre voisin, lui, le voit bleu.… Mais de qui se joue donc cet insecte? Ou plutôt, avec quoi joue-t-il? Avec la lumière, qu’il reflète sur plusieurs couches d’une nanostructure de chitine, ce biopolymère dont est fait le squelette externe de l’insecte. Concrètement, les chercheurs du projet Biophot s’intéressent à un insecte, une fleur, un oiseau... Ils recherchent les couleurs changeantes, caractéristiques d’un processus physique, et non d’un pigment chimique. Ils les examinent au microscope électronique et mesurent très précisément leurs propriétés optiques. Ensuite, ils tentent de comprendre comment la géométrie complexe de la surface produit l’effet visuel observé. Ils sauront qu’ils ont compris lorsque les ordinateurs ultrapuissants mis à disposition des unités de physique et de chimie de Namur pourront calculer quantitativement la réflectivité observée. Des heures et des heures d’observations et de calculs pour débusquer l’astuce imaginée par la nature. «On est d’abord attiré par la beauté impressionnante d’un papillon, d’un poisson ou d’un insecte. Mais quand on comprend ce qui se passe à l’échelle du nanomètre, ce qu’on éprouve est beaucoup plus que de l’admiration» se réjouit le professeur namurois Jean Pol Vigneron (coordinateur du projet), visiblement passionné par ses recherches. Mais il y a plus encore: une fois compris, le mécaComment régler finement un indice de réfraction quand on ne peut fabriquer qu’un seul matériau, la chitine, d’indice 1.52? La hoplie bleue, petit coléoptère du sud de l’Europe, a résolu ce problème en mélangeant l’air et la chitine dans des proportions bien ajustées. À partir de la compréhension de ce phénomène, construire un miroir coloré est (presque) un jeu d’enfant. Le résultat est une couleur bleue-violette spectaculaire, exhibée par tous les mâles de cette espèce. Libre cours janvier 2006 6 Jean-Paul Vigneron, professeur au Département de physique, coordonne le projet européen BIOPHOT. Avec son équipe internationale, il cherche à comprendre les effets visuels des organismes vivants afin des les reproduire et peut-être de créer de nouveaux matériaux. nisme naturel nous appartient. C’est là que commence le travail des ingénieurs du projet qui regardent ces mécanismes et pensent à leur utilisation potentielle dans l’industrie. Tiens? L’industrie aurait-elle besoin d’une nature saine, diverse et inventive? L’edelweiss se protège des UV L’edelweiss, par exemple, est une plante velue. En regardant de beaucoup plus près les filaments blancs qui recouvrent cette plante, les chercheurs leur ont trouvé une propriété particulièrement utile en altitude: ils absorbent massivement les ultraviolets. Comment cette fine ouate transparente peut-elle éliminer complètement une radiation aussi énergétique? La technique développée par dame nature pour y arriver est de façonner chaque filament pour canaliser la lumière dans la longueur: c’est simple, efficace et bien moins polluant que ce qu’on trouve habituellement dans les crèmes solaires. De quoi donner des idées à de nombreux industriels… Interdisciplinaire et international, le projet BioPhot rassemble actuellement des zoologistes, des physiciens et des ingénieurs. Autour des Facultés universitaires de Namur (coordinateur), on trouve des musées d’histoire naturelle, à Londres et à Budapest, un institut de recherche sur les matériaux en Hongrie et un laboratoire d’optique et de colorimétrie à l’Université Pierre et Marie Curie à Paris. A.M. Recherche Colloque interdisciplinaire Quand on n’a pas le pétrole, il faut penser… biomasse Des légumes pour fabriquer du plastique… L’idée paraît farfelue, pourtant la transformation de matières premières issues de la biomasse en bioproduits, biocarburants et bioénergie retient aujourd’hui toute l’attention des gouvernements, chercheurs, industriels et citoyens. Confrontés à la flambée du prix du pétrole et à la raréfaction des ressources fossiles, tous s’activent dans la recherche d’alternatives. C’est dans ce contexte que près de 200 personnes se sont réunies à Namur le 14 octobre 2005, pour une conférence sur le développement durable et les ressources renouvelables. Si l’attention, tant au niveau politique que scientifique, s’est portée jusqu’ici essentiellement sur les biocarburants, la réflexion des chercheurs s’élargit de plus en plus vers le concept de bioraffinage. Il s’agit d’une stratégie prometteuse pour transformer la biomasse – à savoir l’ensemble des matières premières renouvelables d’origine végétale ou animale – non seulement en biocarburants, mais aussi en bioproduits et bioénergie. Le concept de bioraffinage implique également les principes écologiques suivants: utilisation totale des végétaux, optimisation de l’utilisation du sol, minimisation des déchets et de l’usage de l’eau et recyclage des nutriments. Dans ce cadre, le secteur agricole deviendrait le fournisseur de base de nouvelles filières de production non alimentaire. Le bioraffinage pourrait donc offrir à ce secteur des opportunités, bienvenues dans le contexte difficile que l’on connaît. Pour souligner les possibilités tant technologiques qu’économiques offertes par la transformation de la biomasse en nouveaux produits, des chercheurs de Namur, Gembloux (FSAGx) et Mons (UMH) ont uni leurs compétences autour d’un projet pluridisciplinaire financé par la Politique scientifique fédérale1. Le colloque organisé en octobre, en collaboration avec l’ASBL Valbiom2, a permis à ces chercheurs de communiquer les résultats de leurs recherches, mais aussi d’inviter le monde industriel et le monde politique à intervenir sur le sujet. 25% de produits chimiques à base de ressources renouvelables en 2030 Annick Castiaux, professeur à la Faculté des sciences économiques, sociales et de gestion de Namur, a mis l’accent sur la nécessité de développer des recherches Le colloque «Développement durable et les ressources renouvelables» a rassemblé près de 200 participants venus de tous les horizons. Parmi eux, la Ministre Sabine Laruelle reçue par Annick Castiaux (Faculté des sciences économiques, sociales et de gestion) et l’administrateur de la recherche Paul Thiry. pour mettre au point des bioproduits concurrentiels avec les produits actuels, à base de ressources fossiles. En effet, si l’Europe a donné l’impulsion au développement des biocarburants, elle est à la traîne en matière de bioproduits par rapport à d’autres pays comme les Etats-Unis, où des moyens importants sont mis à la disposition des chercheurs et des industries pour atteindre des objectifs ambitieux dans ce domaine. Les spécialistes américains estiment que 25% des produits chimiques seront d’origine végétale en 2030. C’est par ailleurs dans ce secteur, plus encore que dans celui des biocarburants, que ces spécialistes entrevoient un important potentiel de croissance. La Belgique, a précisé la ministre des classes moyennes et de l’agriculture, Sabine Laruelle, est très active en matière de politique de promotion des biocarburants, puisque le gouvernement veut obtenir 7% de biocarburants d’ici 2007, date à laquelle deux bioraffineries belges seront opérationnelles. La poursuite de recherches scientifiques dans le domaine des bioproduits pourrait permettre à notre pays de bien se positionner sur ces marchés émergents. De plus, des recherches concernant la faisabilité et les impacts socio-économiques de l’introduction de ces nouvelles filières en démontreraient la viabilité. C’est précisément l’objet du travail de Laurence Janssens, chercheuse en gestion à Namur, qui s’intéresse aux interactions entre les différents acteurs de ces futures filières (de l’agriculteur au consommateur) et au rôle des pouvoirs publics. Mobilisation des industriels et des pouvoirs publics La mise en œuvre de ces filières de production basées sur la biomasse requiert la mobilisation du monde industriel et du monde politique. Les intervenants industriels du colloque se sont montrés sensibles aux problématiques environnementales. Ainsi, un distributeur bien connu utilise déjà des bioplastiques pour emballer sa gamme de produits bio. Cependant ces emballages sont deux à trois fois plus chers que leurs équivalents fossiles et le consommateur n’est pas toujours prêt à assumer ce coût. Les prix de ces matières pourraient diminuer si davantage d’industriels étaient en concurrence sur ce marché actuellement aux mains de deux producteurs dans le monde, ou encore si des mesures fiscales étaient instaurées. Comme dans toute innovation à forte composante écologique, les pouvoirs publics ont un rôle essentiel de catalyseur à jouer pour aider les différents acteurs concernés à surmonter les barrières technologiques et économiques. A.M. http://www.belspo.be/belspo/fedra/proj.asp?l= fr&COD=CP/45 2 http://www.valbiom.be 1 Libre cours janvier 2006 7 Recherche Enseignement primaire et secondaire Compétences de base souvent négligées Faire bon usage d’un spécialiste, pouvoir confronter sans provoquer de violence inutile, faire face à une difficulté, fêter et donner du sens aux événements, traiter l’information,… Si pour certains l’apprentissage de ces compétences de base relève de l’éducation au sein de la famille, pour les chercheurs du Département sciences, philosophies et sociétés et du Centre Interfaces namurois, il relève de l’éducation scolaire. Deux ans de recherche théorique et de travail sur le terrain, leur ont permis de mettre au point un outil d’apprentissage pour une vingtaine de compétences. Les manières d’être mettent en jeu des attitudes, un certain savoir-faire, voire des connaissances particulières. Elles peuvent être caractérisées comme « compétences» et permettent de mieux s’intégrer dans la vie économique et sociale, d’être plus autonome dans l’existence, ou encore de prendre sa place dans des débats démocratiques… Ces compétences sont souvent délaissées dans l’éducation scolaire : «Cela ne s’enseigne pas! Comment pourrait-on donc le faire?» s’écrient les enseignants qui les ressentent parfois même comme des intruses. Beaucoup s’accordent à les dire «naturelles» ou « non enseignables». Certains veulent même leur retirer le label de «compétences», les considérant comme des capacités trop générales, non évaluables, et liées à une certaine éducation sur laquelle l’école n’a pas de prise. Des inégalités dès l’entrée dans le système scolaire Beaucoup de jeunes apprennent ces compétences en famille, dans les mouvements de jeunes ou à travers leurs loisirs… en voyant des adultes agir autour d’eux. On peut dire qu’ils vivent un apprentissage par «familiarisation». Ceux qui ont la chance d’évoluer dans de tels milieux ambiants attendent peu de l’école en ces domaines. Mais les autres ? Ceux dont le milieu socioculturel n’accorde guère d’intérêt à ces préoccupations… Est-il possible de leur enseigner ces compétences ? Une réflexion politique et éthique s’impose: à quelle institution va-t-on confier la responsabilité de l’éducation des futurs citoyens dans ce domaine? Une réflexion épistémologique aussi: comment peut-on construire de tels apprentissages ? Enfin, une réflexion pédagogique et méthodologique: Libre cours janvier 2006 8 comment faire passer tout cela dans la pratique ? Car il faut à tout prix éviter de charger l’école d’une nouvelle mission sans donner aux enseignants des outils pour cela. C’est à cette dernière réflexion que les chercheurs namurois se sont attelés. Pour « enseigner » ces compétences Une recherche a permis de construire une méthode pour conceptualiser, enseigner, puis évaluer l’apprentissage et la maîtrise de telles compétences. En proposant aux enseignants une méthode standardisée et transférable à de multiples situations, l’objectif est de faire basculer dans le domaine du possible pour l’école un enseignement souvent laissé aux familles, avec les effets d’inégalité sociale que l’on connaît. En croisant différents éclairages théoriques et un travail pratique avec des enseignants, avec leurs classes, ils ont conceptualisé une vingtaine de compétences de base: faire preuve d’esprit critique, négocier avec des consignes pour réaliser une tâche, observer dans la perspective d’agir, écouter avec méthode pour refléter ce qui a été dit, faire bon usage d’un spécialiste, saisir les opportunités et envisager des possibilités, pouvoir confronter sans provoquer de violence inutile, faire face à une difficulté, fêter et donner du sens aux événements, traiter l’information, éviter de s’enfermer dans des problèmes à résoudre, se donner des modèles simples pour comprendre, communiquer et agir, transférer ou exporter des savoirs dans de nouveaux contextes. Une dizaine d’étapes permettent d’aboutir à l’acquisition de la compétence: prise de conscience des représentations mentales liées à la compétence, partage d’une série (au moins une dizaine) de mini-récits, première définition de la compétence, confrontation à d’autres situations, affinement progressif de la définition et élargissement des champs d’application de la compétence, réflexion personnelle de chacun sur ses propres démarches, évaluation de la progression dans la compétence... Si le rapport final de la recherche a déjà été remis au Ministère de l’éducation, le travail est loin d’être terminé. Il serait par exemple utile de valider la méthode en recourant à un échantillon plus nombreux ou encore de suivre l’un ou l’autre groupe dans la construction de plusieurs compétences successives afin de tester le transfert de la méthode. Dominique Bertrand Marie-Anne Maniet et Dominique Bertrand, du Centre Interfaces ont travaillé jusqu’en août 2005 sur l’enseignement des compétences de base. La méthode des « mini-récits » Concrètement, les chercheurs proposent une méthode basée sur des récits de situations où la compétence visée est impliquée. Le rapport final de la recherche sera accessible sur le site de la Communauté française Wallonie-Bruxelles : www.cfbw.be Recherche Économie et histoire Comment évaluer la prime de risque de marché ? Pierre Giot, professeur en économie, a présenté lors d’une conférence à la Banque nationale, une méthode originale pour évaluer la prime de risque de marché. Celle-ci représente l’écart de rendement attendu entre un placement en actifs risqués (indice boursier) et un placement en actifs pas ou très peu risqués (indice obligataire). Dans l’article ci-dessous, le professeur namurois pose les balises de l’utilisation des données historiques pour extrapoler la prime de risque. Déterminer la prime de risque de marché est capital en finance parce qu’elle joue un rôle important dans le choix de financements et de placements en actions ou obligations. Il convient donc d’être prudent. Les indices boursiers et obligataires doivent d’abord être correctement définis et l’estimation doit se focaliser sur les rendements totaux, qui tiennent compte du paiement et réinvestissement des dividendes. Diverses sources fiables existent aujourd’hui et donnent une idée du rendement total en actions ou obligations sur une période très longue. Jeremy Siegel (professeur à la Wharton School) calcule par exemple, pour les USA, un rendement total réel d’environ 6,9% en actions et d’environ 3,5 % en obligations, sur une période de deux siècles. Il en déduit une prime de risque de marché historique d’environ 3,4 %. À côté des pays gagnants Dans une autre étude récente, portant sur un grand nombre de pays, Dimson, Marsh et Staunton (professeurs à la London Business School) comparent les rendements totaux réels sur actions et obligations durant le XXe siècle. La comparaison des différents pays sur le long terme met en évidence un autre danger lié à l’extrapolation des données historiques. Les investisseurs ont tendance à se focaliser sur les pays ayant eu de très bonnes performances. Les études à long terme traitent invariablement des USA et souvent des pays européens. On oublie ainsi que la Chine, la Russie, l’Argentine et l’Égypte figuraient parmi les 15 marchés boursiers les plus performants en 1900. Pourtant les investisseurs y ont subi par après des revers importants, ce qui est également aujourd’hui oublié. Une étude historique portant sur les pays « gagnants» conduirait à une surestimation allant jusqu’à 100% des rendements boursiers à long terme. Risque d’inflation Le rôle de l’inflation ou de l’absence d’inflation, notamment en écart aux attentes préalables, représente une autre pierre d’achoppement. Les obligations sont loin d’être sans risque en termes réels. Il suffit de penser à certains pays qui ont connu des périodes d’hyperinflation. Bien que l’impact d’une inflation (ou absence d’inflation) non anticipée soit difficile à établir de manière précise, il est relativement clair qu’elle aura des conséquences sur les actions et obligations. Dans ce cas-ci également, la finance comportementale montre que les investisseurs ont beaucoup de mal à jauger correctement les tendances inflationnistes. Il est en effet avéré qu’un réflexe naturel est de recourir à l’extrapolation de tendances : après plusieurs années d’absence d’inflation, la plupart des prévisions continueront à aller dans ce sens. L’extrapolation de tendances récentes conduit également à supposer que des conditions favorables non anticipées vont se répéter dans le futur. Or, celles-ci ont souvent un effet unique. Pensons par exemple à la chute du communisme, à la vitesse très élevée de récupération des économies allemandes et japonaises après la seconde guerre mondiale ou encore à la forte croissance des cashflows des entreprises de certains pays durant les cinquante dernières années. Plusieurs études ont en effet montré que les rendements boursiers réalisés sur les cinquante dernières années se sont avérés bien meilleurs qu’attendus. Par exemple, sur les années 19512000, les économistes américains Fama et Pierre Giot est professeur à la Faculté des sciences économiques, sociales et de gestion de Namur. Ses domaines d’expertise: la finance de marché, la microstructure des marchés financiers, l’économétrie appliquée et le Risk management. French observent un rendement réalisé de la bourse U.S. égal à 9,62%; leurs calculs indiquent par contre que les investisseurs attendaient seulement 4,74 % au début de la période. Peut-on donc encore se baser sur le passé pour extrapoler la prime de risque de marché? Oui, à condition de faire preuve de précautions. Le plus important est d’utiliser des données de très longue période, qui combinent plusieurs cycles économiques et plusieurs cycles inflationnistes ou, au contraire caractérisés par une absence d’inflation. Il convient ensuite de faire l’analyse pour plusieurs pays. Il est aussi important de comprendre pourquoi on a observé des rendements boursiers ou obligataires plus élevés qu’attendu. Enfin, il est nécessaire d’avoir une bonne compréhension des mécanismes micro et macro-économiques, ainsi que des tendances démographiques à long terme. Sur base de l’ensemble de ces éléments, le consensus académique est de proposer aujourd’hui une prime de risque de marché proche des 3% à 4%. Pierre Giot Libre cours janvier 2006 9 International L’Est aux Facs Visite d’une délégation estonienne Projet interuniversitaire ciblé Améliorer l’enseignement des sciences au Congo À Bukavu (République démocratique du Congo), les enseignants du secondaire en sciences sont aujourd’hui soutenus et conseillés. C’est le fruit d’un « Projet interuniversitaire ciblé », financé par la CUD (Commission Universitaire pour le Développement) et coordonné par le professeur namurois Marcel Rémon, qui vise à la création d’un centre d’appui à la pédagogie des sciences au sein de l’Institut Supérieur de Pédagogie de Bukavu (ISP). Concrètement l’équipe, d’une quinzaine de personnes, organise des séminaires, rédige des fiches pédagogiques et mène plusieurs recherches. Dans le cadre d'un accord bilatéral de coopération entre la Région wallonne et l'Estonie, une délégation estonnienne a été accueillie les 5 et 6 décembre derniers en Province de Namur. En août 2002, le Directeur général de l’Institut supérieur de pédagogie de Bukavu, et Marcel Rémon, promoteur belge du projet interuniversitaire ciblé et professeur aux FUNDP, signent à Bukavu le protocole de gestion du projet destiné à soutenir l’enseignement des sciences au Congo. Ces trois dernières années, l’équipe de pédagogie des sciences de l’ISP de Bukavu s’est montrée particulièrement dynamique. Encadrés par des chercheurs seniors, les jeunes se forment au métier de la recherche. L’équipe, en contact avec le terrain, rédige des fiches pédagogiques pour aider les professeurs du secondaire de la région et organise des séminaires. Ensemble, ils abordent des questions très concrètes et empreintes des difficultés locales: comment gérer le manque de moyens et, par exemple, comment mener de petites expériences peu coûteuses en physique, comment enseigner la géographie sans carte? «Je suis très impressionné par ce qu’ils ont pu accomplir avec le peu de moyens dont ils disposaient», se réjouit Marcel Rémon, professeur namurois responsable du projet. «Comme la région est en guerre, nous avons plus misé sur les gens que sur le matériel en proie aux pillages». Nombre des chercheurs de Bukavu sont venus à Namur pendant quelques mois pour se former à la pédagogie par le multimédia, obtenir un diplôme d’études spécialisées ou approfondies ou encore se préparer au doctorat. Ils ont également reçu la visite de trois professeurs namurois, Marcel Rémon, Jean Vandenhaute et Gisèle Vernier, et de Jacques Navez de l’Université de Liège. Partis du constat que la carrière de professeur en sciences attirait peu d’étudiants congolais, les partenaires du projet ont relancé l’équipe de l’ISP de Bukavu. Résultats: l’équipe est renouvelée et redynamisée, et les cours actualisés. Aujourd’hui, le projet prend fin mais les partenaires en ont déjà un autre en tête: créer une école doctorale en collaboration avec l’Université pédagogique de Kinshasa. A.M. Libre cours janvier 2006 10 À cette occasion, le professeur Paul Thiry, administrateur en charge de la recherche, a détaillé à des représentants de l'université de Tartu ( qui compte deux prix Nobel en physique et en chimie), les sujets de recherche des FUNDP principalement liés aux facultés de sciences et de médecine. Les spin-offs namuroises ont également fait l'objet d'une présentation aux hôtes estoniens qui furent impressionnés par la qualité des travaux. L'université de Tartu a invité les FUNDP à une visite de leurs laboratoires. Mission économique Les Facs à l’Est : Moscou et Saint Petersbourg Philippe Lambin (à droite), doyen de la Faculté des sciences namuroise, et Olivier Hostens (à gauche), directeur du Service des relations extérieures, ont participé à une mission économique de l’AWEX (Agence Wallonne à l’EXportation) en Russie. Ils ont rencontré des représentants des universités installées à Moscou et à Saint Petersbourg. Leur mission devrait aboutir à des collaborations scientifiques avec l’Université Lomonossov, la plus grande de Russie, dans les domaines de la chimie et de la physique. International Mille bracelets pour la solidarité Combiner sensibilisation et amusement s’avère souvent difficile. C’est pourtant ce que la FUCID (Fondation universitaire pour la coopération internationale au développement) a réalisé pendant une semaine. Le thème : les objectifs du millénaire pour le développement. Le moyen : des bracelets de couleur et un spectacle. Du lundi 28 novembre au jeudi 1er décembre, l’équipe de la FUCID a vendu des bracelets de couleur symbolisant une cause particulière. Le rose pour l’espoir, le blanc contre la faim, le rouge pour l’Afrique et le bleu pour les sans-logis. Chaque bracelet vendu au prix de 2 euros donnait accès au spectacle de Sam Touzani. Dans son spectacle, «One Human Show», Sam Touzani est revenu sur son histoire personnelle de fils d’immigré, né dans les Marolles. Il explique avec un humour très pinçant la vie des jeunes de la deuxième génération tiraillés entre la culture traditionnelle de leurs parents et le mode de vie « à la belge». Sur scène, le comédien exprime son envie d’une société plus juste et plus solidaire. Il a d’ailleurs salué la campagne menée par la FUCID pour ses objectifs qui lui semblent essentiels. La FUCID a également organisé deux conférences. Philippe Mahoux, président du groupe PS au Sénat, Brigitte Ernst, députée écolo, membre de la commission mondialisation et Robert Mabala, secrétaire exécutif du CNONGD Kinshasa (Conseil National des ONG-Développement), se sont interrogés sur ce que fait concrètement la Belgique pour lutter contre la pauvreté dans le monde. Lors de la seconde conférence, Jean-Philippe Platteau (professeur à la Faculté des sciences économiques, sociales et de gestion) a livré son point de vue sur les objectifs du millénaire qui sont, selon lui, irréalisables à court terme (voir Libre cours n°55). François Reman Maroc Manfred Peters ambassadeur du multilinguisme À la demande du Service de Coopération et d’Action Culturelle de l’Ambassade de France à Rabat, Manfred Peters, professeur au Département de langues et littératures germaniques et président de l’Association des facultés ou établissements de lettres et sciences humaines des universités d’expression française, a participé, comme seul expert belge, à un débat sur le multilinguisme au Maroc (Rabat, 5-6 octobre 2005). Le Maroc, pays plurilingue, a récemment affirmé, dans sa Charte de l’enseignement, l’importance d’une réflexion sur la place et le rôle respectifs des différentes langues en présence dans le champ scolaire: le français, première langue étrangère, est ensei- mais l’objet d’un apprentissage dans plusieurs centaines d’écoles du Royaume; en outre, l’enfant marocain qui entend et pratique l’arabe dialectal doit accéder, au cours de sa scolarité, à la maîtrise de l’arabe classique. C’est dire combien la situation est complexe. Manfred Peters a présenté une communication sur les bénéfices et les problèmes liés au bilinguisme précoce. Il a également animé un atelier sur la même problématique. Par ailleurs, il a donné, à la Fondation Orient-Occident, une conférence publique sur le thème « Plurilinguisme, enjeux identitaires et développement personnel». Cette dernière manifestation était organisée conjointement par l’Institut français de Rabat et la délégation Wallonie-Bruxelles. gné dès la deuxième année; l’amazigh RLC (variante de la langue berbère) fait désor- Libre cours janvier 2006 11 Culture et enseignement Sciences au quotidien Sciences et littérature Les sciences se livrent L’écrivain est-il influencé par les sciences et le scientifique par l’imaginaire ? L’Unité de diffusion des sciences de l’Université de Namur a récemment proposé la première rencontre entre le géologue namurois Vincent Hallet et l’écrivain Bernard Tirtiaux. Pour leur poser des questions : une vingtaine d’élèves de l’école Sainte Ursule de Namur. Ils ont lu le livre de Bernard Tirtiaux dans le cadre de leur cours de français et ont assisté au débat avec leur professeur de sciences. Une belle expérience interdisciplinaire. Bernard tirtiaux, l’auteur du Puisatier des abîmes face à Vincent Hallet, professeur de géologie aux FUNDP. Dans son livre, Le puisatier des abîmes, Bernard Tirtiaux raconte l’histoire d’un scientifique qui imagine et met au point une méthode de forage capable d’atteindre le magma terrestre afin d’y brûler les déchets nucléaires. Si Vincent Hallet, géologue aux FUNDP, doute de la faisabilité de cette idée, le débat entre les deux invités n’en reste pas moins intéressant. Les élèves ont apprécié: « C’est la première fois que je rencontre un écrivain et j’ai trouvé très intéressant de voir que c’est un homme ouvert qui se préoccupe de l’avenir de la planète, qui propose des solutions. Je n’aurais jamais imaginé toutes les démarches qu’il a dû entreprendre pour écrire ce roman. Ses points de vue étaient instructifs, surtout les confrontations avec le géologue» confie un élève. Même les moins scientifiques ont été séduits: « Les sciences ne sont pas le domaine dans lequel je suis le plus à l’aise. Et là, j’avais envie d’écouter les points de vue du géologue et de l’écrivain», insiste une élève. Forte de ce succès, l’équipe d’Atout sciences réédite l’expérience pour le grand public le 9 février en collaboration avec la librairie Point-Virgule. Le livre choisi est celui de Fred Jerome Einstein, un traître pour le FBI traduit par Nicole Decostre et paru aux éditions Frison-Roche. Comment naît, se développe, se fabrique et se recycle un produit de la vie quotidienne? C’est ce que le projet «Sciences au quotidien», porté par le réseau SCITE et financé par la Région wallonne, entend faire découvrir aux élèves du secondaire. Concrètement, ces derniers sont invités à mener des expériences sur un objet de la vie courante, fabriqué ou conçu en Wallonie, en partenariat avec l’unité de diffusion des sciences d’une université francophone et une entreprise. Les élèves du namurois ont activement participé à ce projet et ont pu compter sur l’appui de l’équipe d’Atout sciences (unité de diffusion des sciences des FUNDP). Certains d’entre eux ont eu la chance de présenter, lors d’une exposition organisée au Bois du Cazier, leur expérience sur des produits wallons: la boule à vague, l’épuration des sols et les jus de fruits bio… Parmi les visiteurs de l’exposition «Sciences au quotidien», et en grande discussion avec Marie Botman (Atout sciences, FUNDP), on reconnaît Philippe Busquin. Il a insisté sur l’importance d’éveiller les jeunes à l’intérêt des sciences pour l’avenir de l’Europe. Info : [email protected] A.M. Info : [email protected] 2.200 personnes pour fêter la physique L’action namuroise «2005, année mondiale de la Physique» s’est terminée ce 24 novembre avec la conférence de Paul Thiry (professeur à la Faculté des sciences) sur le laser. Cette action a permis de montrer la vitalité éclatante de la physique dans le monde et aux Facultés. Des conférences, des activités interactives créées par les étudiants, une exposition, de la physique et du cinéma,…toutes ces activités ont montré le rôle fondamental de la physique dans le développement de la société et les nouveaux défis qu’elle suscite dans toutes les applications de la science. À Namur grâce au dynamisme du Département de physique et d’Atout sciences, l’année de la physique a été un succès et a réuni plus de 2.200 personnes. Libre cours janvier 2006 12 Exposition Einstein, une première expérience réussie pour le Département de physique et Atout sciences. Culture et enseignement Formation à Namur Gérer la formation et le changement dans les organisations Pour aider les gestionnaires de la formation à faire face aux exigences de leur organisation et à anticiper le changement, les Facultés universitaires namuroises, l’Université de Sherbrooke (Québec) et l’Unité des sciences hospitalières de l’UCL proposent une formation continuée d’un an. Depuis sa création il y a cinq ans, le programme a pris une nouvelle direction s’ouvrant à un nouveau public et s’orientant davantage vers la gestion du changement. « Le public s’est diversifié, des personnes issues des secteurs hospitalier et scolaire suivent aujourd’hui la formation. C’est pourquoi nous avons recentré le programme sur l’analyse et la gestion du changement », explique Karine Dejean, du Département éducation et technologie des Facultés. Qu’y apprend-on? L’analyse des besoins de formation, les conditions et méthodes de développement personnel et professionnel, la gestion du changement, le transfert des acquis en situation de travail, les méthodes de formation et d’évaluation, la gestion des compétences, l’accompagnement individuel et collec- tif... L’alternance des intervenants, belges ou québécois, allant des universitaires aux consultants en passant par des témoins, offre une multiplicité de points de vue et une formation qui allie théories, formalisation d’expériences de terrain et stratégies d’intervention. Pratique et théories intimement liées En pratique, chaque participant travaille sur une problématique rencontrée au sein de son organisation. Il pose d’abord le problème au sein du groupe en formation qui l’analyse et en dégage des pistes d’action. L’apprenant les implante ensuite sur le terrain et puis rapporte au groupe son expérience et ses enseignements (co-développement). La formation se fonde ainsi sur la confrontation des pratiques « Gérer la formation et le changement dans les organisations: un rôle stratégique en redéfinition» souligne Karine Dejean du Département éducation et technologie des Facultés. enrichies par l’apport de modèles académiques et de méthodologies d’intervention. L’évaluation des participants est également en lien avec les pratiques, puisqu’ils doivent réaliser un mémoire ancré dans leur réalité professionnelle. Un dispositif qui repose sur le transfert des acquis sur le lieu de travail. A.M. Info : Karine Dejean [email protected] 081/72 50 67 Outil pédagogique on line www.sociolog.be Le nouveau site Internet www.sociolog.be, développé par les Facultés universitaires de Namur, propose aux enseignants et aux étudiants de nombreux outils pour apprendre la sociologie et mettre les théories à l’épreuve de la réalité. Photos, statistiques, vidéos, extraits d’articles de presse, de romans,… les documents proposés relèvent de la réalité ou de la fiction. Ils sont tous accompagnés d’une consigne (à quelle théorie se référer, quels concepts étudier,…), de corrigés et de quelques notes sur les erreurs fréquentes. Les nombreux exercices repris sur le site permettent aux étudiants d’utiliser le savoir sociologique comme une " boîte à outils" pour comprendre la réalité sociale et la place des individus dans cette réalité. Les auteurs proposent, par exemple, d’étudier un article de presse sur l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne à la lumière des deux visions du lien social proposées par le sociologue Tonnies. Si cet exercice permet à l’apprenant de mieux comprendre la théorie, il vise aussi à saisir les véritables enjeux du débat européen. Vivier d’exercices «Nous savons qu'il est difficile de repérer des matériaux adéquats, surtout si l'on souhaite des sources diversifiées et d'actualité », explique Natalie Rigaux (Faculté des sciences économiques, sociales et de gestion). «D'où l'idée de concevoir et de maintenir la gestion d'un site d'accès gratuit proposant aux enseignants de mettre en partage les "exercices" qu'ils utilisent pour introduire les étudiants à la démarche sociologique.» Natalie Rigaux et Anne Piret (Faculté des sciences économiques, sociales et de gestion) ainsi que la Cellule TICE (Cellule Technologies de l'Information et de la Communication pour l'Enseignement), à l’origine du projet, espèrent aujourd’hui que le site sera alimenté par des sociologues de différents pays – y compris du Sud –, et qu’il devienne un large outil d’échanges sur la pédagogie de la sociologie et un outil d’enseignement à distance. Un forum leur offre également la possibilité d’échanger de leurs pratiques. A.M. Libre cours janvier 2006 13 Parcours d’ ancien Martine Ernst, romaniste et journaliste à la RTBF Liégeoise d’origine, Martine Ernst choisit les FUNDP pour étudier les romanes. Elle garde le souvenir de professeurs qui montraient beaucoup d’humanité à l’égard de leurs étudiants. Après les romanes, elle enseigne dans le secondaire et se lance dans des études de communication… rapidement écourtées pour entrer à la RTBF. Elle réalise aujourd’hui des reportages pour deux émissions de la Une. ✗ Entre les romanes et le journalisme « télé», il y a un pas… Je souhaitais faire des études de journalisme, mais mes parents, craignant un manque de débouchés, m’ont incitée à commencer par les études de romanes. À la fin de mes études, j’ai rencontré mon mari… Il a bien fallu travailler! J’ai d’abord été pion dans une école secondaire à Liège, puis je suis entrée à l’Institut technique et professionnel de Malmédy comme professeur de français, d’histoire et de sciences humaines à temps partiel. J’en ai profité pour reprendre des études de communication à l’Université de Liège. C’est dans ce cadre que j’ai commencé un stage à la RTBF Liège. Quand la RTBF m’a proposé un contrat de 15 jours au Centre de production de Liège, j’ai dit oui! J’ai fait mes premières armes en radio, en apprenant le métier « sur le tas ». Je suis passée en TV dès que j’ai pu, c’est l’image qui m’intéressait. ✗ Qu’est-ce qui vous conduit à choisir les études de romanes à 18 ans? J’aimais la lecture et l’écriture. J’ai beaucoup aimé cette formation, l’ouverture aux auteurs, à l’histoire, à la philosophie,… ✗ Vous pensiez enseigner ? Lorsque je me suis inscrite en romanes, je me suis dit «Voilà, Martine, tu seras prof!» J’ai enseigné cinq ans, j’en ai retiré beaucoup de joie et de bonheur, même si je ne Libre cours janvier 2006 14 me voyais pas répondre à l’appel de la cloche toute ma vie! J’avais envie de rencontrer des univers différents, aller à la recherche de l’humain. Étant timide et réservée, le travail de journaliste était un prétexte pour aller vers les autres. ✗ Vous avez traité plusieurs dossiers judiciaires pour la RTBF… André Cools s’est fait assassiner en 91, nous étions quatre à être chargées par le rédacteur en chef de suivre l’affaire. J’ai ainsi été amenée à couvrir des affaires judiciaires et cela me plaisait. J’apprécie le côté humain, le côté enquête, la recherche de l’énigme… J’ai d’ailleurs fait mon mémoire sur le roman policier! J’ai également couvert le procès Dutroux pour la RTBF. ✗ Et aujourd’hui ? Après le procès Dutroux, j’ai demandé de ne plus travailler pour le JT. Avec un mari travaillant à l’étranger et deux enfants, il devenait ingérable d’assurer les gardes, de couvrir des urgences à 20 heures, etc. Je travaille maintenant pour l’émission « Au quotidien » et pour le magazine « Questions à la une». Les journalistes proposent leurs idées de reportage, un sujet prenant plus ou moins deux jours de travail. Cela me permet d’assurer une présence au niveau familial et de trouver un épanouissement professionnel. ✗ Le journaliste peut-il ou doit-il être critique dans la présentation des informations? La déontologie de la RTBF requiert l’impartialité, l’objectivité, l’honnêteté, l’équilibre des points de vue, le recoupement des sources. Cependant, le journaliste ne travaille pas nécessairement de la même manière pour le JT ou pour un magazine. Dans « Questions à la une» par exemple, on observe une évolution vers la présenta- tion d’une information dérangeante, qui suscite le débat, soulève des polémiques… On quitte le terrain de l’objectivité pure et dure pour faire réagir les gens. ✗ Le métier de journaliste est assez «tendance» chez les jeunes, mais les places sont chères: que leur conseiller pour y arriver? Il n’est pas nécessaire d’avoir en poche une licence en communication pour être journaliste. Le droit, les sciences politiques, les romanes, etc. peuvent y conduire. Les jeunes doivent écouter leur cœur et choisir leurs études en conséquence. Comme jeune journaliste, ils feront un peu de tout mais, au fil du temps, ils pourront s’orienter dans une fonction plus précise et traiter des dossiers dans leur domaine de spécialisation parce qu’ils y apporteront une valeur ajoutée. ✗ Une association des anciens romanistes de Namur est en cours de constitution: cela manquait dans votre vie? (Rires) Je n’ai vraiment pas le temps! Cela m’intéresserait d’avoir des nouvelles mais participer à des rencontres… Je n’y arrive déjà pas avec mon entourage tout proche! Le jour où je passe à mi-temps… Propos recueillis par Florence de La Vallée Parcours d’ ancien Raymond Paquay dépose ses multiples casquettes Le professeur Jean-Marie Giffroy, du Département de médecine vétérinaire, a salué ses années de travail aux côtés du professeur Raymond Paquay: «32 ans de collaboration sans aucune dispute car nous étions guidés par la volonté commune de service à la société, à l’étudiant, et aux plus démunis de ce monde». Collègues, anciens étudiants et amis se sont succédés en octobre dernier pour évoquer la carrière bien remplie du professeur Raymond Paquay, à l’occasion de son admission à l’éméritat. Le recteur a remercié en son nom et au nom de la communauté universitaire cet « homme d’écoute et de décision, soucieux du respect de chacun et capable de trancher quand le bien commun est en cause». Tous se sont accordés pour souligner l’incroyable puissance de travail, la personnalité entreprenante et la disponibilité du professeur. Raymond Paquay a en effet ajouté à ses 32 années de professorat au Département de médecine vétérinaire une série de mandats au sein des FUNDP: administrateur des Facultés, secrétaire général, doyen de la Faculté des sciences, directeur de la Bibliothèque universitaire, directeur de laboratoire… Et si on lui demande comment il a pu accumuler une masse si importante de travail, il répond avec humour qu’il l’a fait faire par les autres! Mais le cœur de son travail restait bien entendu l’enseignement, comme il l’a lui-même confié: « Au départ, je voulais faire tout sauf l’enseignement. Pourtant aujourd’hui, mon plus grand regret est de ne plus donner cours à mes vétérinaires ». Raymond Paquay a également tenu à rappeler qu’une mission importante de sa vie de professeur d’université a été le service à la communauté, « même à une époque où cette dimension de la carrière académique était encore peu présente dans les mentalités»: il a largement promu l’implication du laboratoire de recherche ovine dans la vie socio-économique de la Région wallonne, ainsi que dans Le professeur se prépare à d’autres tâches et d’autres enseignements auprès de ses petits-enfants… la coopération au développement. Philippe Lambin, doyen de la Faculté des sciences, a confirmé ce souci de service à la société: « Monsieur Paquay a revalorisé le service à la société grâce à ses initiatives en matière de promotion des sciences (Espace sciences Arrupe, Atout sciences…) et de développement des outils multimédias (Unité d’appui multimédia…)». Elisabeth Donnay Colloque en astronomie Deux vedettes : Jacques Henrard et Mercure De quoi parlent ces grands astronomes, européens et américains, venus en nombre à Namur ? De la rotation des corps et du professeur Jacques Henrard, à qui ils sont venus rendre hommage pour son admission à l’éméritat. Le professeur namurois a, au cours de sa carrière, étudié la rotation de la Lune et des satellites galiléens. De plus, l’équipe qui prend aujourd’hui sa relève travaille, elle aussi, sur la rotation… de Mercure. Lors des deux jours de colloque, les astronomes ont fait la part belle à Mercure. Après des années de désintérêt scientifique, deux missions spatiales sont consacrées à la connaissance de cette planète tellurique: la NASA a lancé en 2004 la sonde Messenger et l’Agence spatiale européenne (ESA) lancera la sonde BepiColombo en 2012. Une mission à laquelle l’Unité de systèmes dynamiques namuroise, composée de huit personnes, participe. Les scientifiques attendent beaucoup de ces missions. Les données récoltées devraient notamment permettre de mieux connaître la rotation de Mercure et de déterminer si son noyau est solide ou liquide. Tentez l’expérience: dur ou cru, l’œuf ne tourne pas de la même manière. Jacques Henrard, après 35 ans de carrière aux Facultés, vient d’accéder à l’éméritat. Professeur ordinaire depuis 1974, il a marqué plusieurs générations d’étudiants de mathématique ou de physique par ses cours un peu brouillons, mais de haut niveau de réflexion, en mécanique, systèmes dynamiques et théorie des perturbations. Il a créé, au Département de mathématique, une équipe de recherche en mécanique céleste, spécialiste du formalisme hamiltonien, unique en Belgique. Editeur de revues scientifiques, auteur de publications, membre de jurys de thèses, collaborateur de projets, Jacques Henrard a acquis une réputation internationale incontestable, d’expertise, de sérieux et de compétence. Dans cette communauté de chercheurs à la frontière entre les mathématiques et l’astronomie, il a également tissé de nombreux liens personnels d’estime et d’amitié. Le grand public n’a pas été oublié: Eric Bois, de l’Observatoire de la Côte d’Azur, a donné une conférence sur le thème « Mercure, la revanche de la planète oubliée». Le succès de cette soirée laisse à penser que sa revanche est prise… Toujours disponible, doté d’une mémoire exceptionnelle et d’un cerveau très organisé, d’une perpétuelle bonne humeur et d’un optimisme inébranlable, il reste un membre actif de l’équipe de Systèmes Dynamiques dans laquelle il assume la responsabilité de deux doctorats, prévus pour 2006 et 2008, et reste «l’oracle» de tous les chercheurs. A.M. Anne Lemaître Libre cours janvier 2006 15 90 jours Wallons-nous ? Les étudiants namurois interrogent les présidents de partis Devant un auditoire de 400 étudiants, Elio Di Rupo (PS), Joëlle Milquet (CDh), Serge Kubla (MR) et Jean-Michel Javaux (Ecolo) débattent du Plan Marshall. Si chacun reconnaît à celui-ci le mérite d’exister, du côté de la majorité, on se félicite du choix des priorités, alors que dans les rangs du MR, on regrette le saupoudrage. Jean-Michel Javaux aurait, quant à lui, préféré que le Plan mise davantage sur les emplois de demain. Un débat animé suivi très attentivement par les étudiants. Le professeur Michel Mignolet (Faculté des sciences économiques, sociales et de gestion) ouvre la discussion en présentant les indicateurs économiques wallons, bruxellois et flamands. Le produit intérieur brut, le produit régional brut et le revenu disponible des ménages sont moins élevés en Wallonie qu’en Flandre. Preuve de la nécessité d’un développement économique wallon. Un avis partagé par le ministre président de la Région wallonne, Elio Di Rupo. ments donnent le cadre, via le Plan Marshall, il appartient à tous les acteurs (patrons, syndicats, mondes associatif et intellectuel,…) de donner l’impulsion. Le président du PS va plus loin encore, relativisant même le rôle du Parlement wallon: « Quand on fait le total des budgets, le Gouvernement wallon ne gère en fait que 10% des budgets publics consacrés aux Wallons». La responsabilité du développement économique de la Wallonie est donc partagée, y compris avec les libéraux, actifs au niveau fédéral. Elio Di Rupo : Chacun est responsable du développement économique wallon Serge Kubla condamne S’il reconnaît que depuis quelques années les universités prennent plus en considération les difficultés de la société, Elio Di Rupo remarque qu’il y a encore du chemin à faire. S’il est d’accord avec ces chiffres, très vite le ministre socialiste donne le ton du débat: tous les acteurs sociaux et les trois familles politiques représentées aux différents niveaux de pouvoir, à savoir PS, CDh et MR, sont responsables du développement économique de la Région. Les politiques sont des acteurs de la société parmi d’autres. Si les gouverneLibre cours janvier 2006 16 «Voilà que le Gouvernement wallon devient modeste. Il n’a que très peu de budget, très peu de pouvoir», fustige Serge Kubla. «À défaut des gouvernements, les partis en ont!». Entre les mots, l e député MR (qui représente son parti en l’absence de Didier Reynders) ne manque pas de condamner le PS d’avoir joué un rôle dans l’image négative et la mentalité d’ «assistés» des Wallons, à qui on aurait offert trop de confort. Si la Wallonie peut s’appuyer sur certains atouts, elle compte aujourd’hui trop peu d’entreprises, trop petites, et souffre d’une image ternie par les grèves et les échecs des dernières années. Pour Serge Kubla, le Plan Marshall se perd dans l’absence de priorités: il aurait davantage dû mettre l’accent sur la création d’entreprises et l’aide au développement de celles-ci. Serge Kubla interpelle la majorité sur la rationalisation des trop nombreuses institutions interlocutrices des entrepreneurs. «Y arriverez-vous politiquement? J’en doute». À la question que pouvons-nous faire en tant qu’étudiants, Joëlle Milquet répond: «Formez-vous, réussissez. Ce que vous apprenez aujourd’hui c’est la plus grande richesse. Osez vous lancer.» Elle leur conseille également de s’ouvrir, de se spécialiser, de faire de la recherche et de ne pas avoir peur des métiers techniques. Joëlle Milquet : Travaillons ensemble Joëlle Milquet, présidente du CDh, tente la conciliation: « Si à un moment donné on ne se met pas d’accord sur un socle de base pour les dix – quinze prochaines années, qu’on soit dans la majorité ou l’opposition, je pense qu’on rate la crédibilité par rapport à l’extérieur». Pour la présidente du CDh, il est nécessaire de se concentrer sur le développement du capital humain, la création d’activité, l’image positive de notre fiscalité, une politique d’emploi active, quelques pôles d’activités et la modernisation de la gouvernance. Jean-Michel Javaux : Et les emplois de demain ? Jean-Michel Javaux réclame un Plan Marshall politique: plus de transparence et de légitimité dans la gouvernance. De son côté, Jean-Michel Javaux émet un doute sur la faisabilité budgétaire du Plan Marshall et s’interroge: les secteurs non repris dans le Plan vont-ils passer à la trappe? Il insiste sur la nécessité de soutenir le non marchand. « Mon plus grand grief porte sur le choix des filières. Je pense qu’il y en a des porteuses mais on a joué gagnant, on a misé sur les secteurs qui marchent bien aujourd’hui». Le secrétaire fédéral d’Ecolo aurait aimé que le Plan Marshall investisse dans les emplois de demain et, par exemple, dans le secteur des énergies renouvelables. A.M. 90 jours Nouvelle crèche La ministre de l’enfance sous le charme La ministre Catherine Fonck a visité la crèche des Facultés en octobre dernier. Jeannine Degive, directrice de l’établissement, lui a présenté l’équipe, le fonctionnement et surtout le chantier du nouveau bâtiment qui devrait être inauguré au printemps. Les nouvelles infrastructures, plus spacieuses et plus lumineuses, devraient permettre d’accueillir six, voire douze enfants supplémentaires. Enchantée… la ministre Catherine Fonck est impressionnée par le projet de la nouvelle crèche: «On sent que l’aménagement a été étudié par des personnes très expérimentées afin d’être adapté au mieux au travail d’une crèche.» Tout y est pensé en fonction des enfants, du projet pédagogique, de la logistique et surtout des normes de sécurité très strictes. Catherine Fonck a pu apprécier le travail des puéricultrices et en a profité pour saluer une de leurs grandes qualités: la patience! Lors de sa visite, la ministre a même pris le temps de jouer à la pâte à modeler avec Lucas. Visiblement, elle n’a pas perdu la main… Jeannine Degive, directrice de la crèche des Facultés, se réjouit de pouvoir accueillir six, voire douze enfants supplémentaires et attend avec impatience de pouvoir s’installer dans les nouveaux locaux:« Nous devions refuser tellement d’enfants». Avec ses 700m2, le nouveau bâtiment permettra d’accueillir six enfants supplémentaires, passant de 36 à 42, voire 48 places, si toutefois la Communauté française permet l’engagement d’une puéricultrice. Et… bonne nouvelle : la ministre s’y engage. Venue dans le cadre de son plan «Cigogne 2» qui vise la création de 8.000 places supplémentaires dans les crèches de la Communauté française, elle en a profité pour encourager, via la presse, d’autres crèches à ouvrir de nouvelles places. Une nécessité lorsqu’on sait que les listes d’attente des inscriptions sont souvent très longues. A.M. Au grand Saint Nicolas patron des étudiants… Près de mille étudiants ont déambulé dans les rues de Namur pour fêter la Saint Nicolas. Parmi eux, on reconnaît quelques super héros. C’est en tout cas le thème qui avait été retenu par l’Assemblée Générale des Étudiants (AGE) pour cette année. Après son tour dans les auditoires, le grand Saint a ouvert le cortège et accompagné les étudiants jusqu’au traditionnel bal. Un Saint Nicolas plus jeune. Guy Delvaux qui a pleinement joué son rôle de Saint Nicolas des étudiants de Namur pendant plus de 20 ans nous a quittés l’année dernière. Pas facile de lui trouver un remplaçant. C’est Christian Scaut, l’ancien permanent de l’AGE, qui a finalement repris son flambeau… peut-être pour quelques années! A.M. Libre cours janvier 2006 17 « VITE DIT » 90 jours L’entrepreneuriat pour tous Le Namur Entrepreneurship Center relance ses filets Une vague de rêve, de passion et de ténacité charrie les nombreux étudiants namurois venus larguer les amarres de la troisième édition du « Namur Entrepreneurship Center » (NEC). Peggy Bouchet, la première femme à avoir traversé l’Atlantique à la rame, et de nombreux entrepreneurs témoignent de leur formidable aventure invitant le public à glisser au-dessus de la peur du risque et de l’échec. dur, c’est de repartir avoue Peggy. L’échec en Europe est tabou mais il faut l’accepter et se dire: j’ai failli réussir donc je recommence. Peggy Bouchet, première femme à avoir traversé l’Atlantique à la rame, partage ses sentiments avec les nombreux entrepreneurs venus inaugurer le NEC. Pour entreprendre il faut rêver, convaincre, oser, même après l’échec… Et les exemples concrets, tangibles et accessibles n’ont pas manqué! Ainsi, cet ancien étudiant des Facultés, Alain Jacques, qui de la vente de Tee-shirt durant ses études, se retrouve quelques années plus tard à la tête d’une entreprise de 15 personnes. Son business : la production d'impressions et de broderies sur textile publicitaire. «Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, mais parce que nous n’osons pas que c’est difficile». C’est avec cette maxime de Sénèque que Peggy Bouchet a grandi, affiné et réalisé son rêve. L’aventurière explique: le plus difficile c’est de convaincre les sponsors et les banquiers. Passionnée, elle persuade et se lance. Sa première tentative échoue à quelques miles de la ligne d’arrivée. Échec ou plutôt « victoire inachevée». Le plus Libre cours janvier 2006 18 Dans la salle, de nombreux entrepreneurs partagent les mêmes sentiments. À la base de toute entreprise il y a la passion, les projets. Le NEC est là pour les détecter et les faire évoluer vers la création d’entreprises. Il offre gratuitement un programme de formation et le coaching d’un expert. Michel Salmon et Nathalie Belot, créateurs de la spin-off StratiCell (issue des Facultés universitaires de Namur) témoignent de l’opportunité que représente un tel programme: l’innovation, la technologie, ils l’avaient, mais de là à créer StratiCell… Comme 37 autres entrepreneurs en herbe, ils ont saisi l’occasion. À ce jour le NEC a permis la création effective de trois entreprises. Il soutient aussi un nombre significatif de projets toujours en développement. Initié par le Bureau économique de la Province de Namur, les Facultés de Namur et de Gembloux, le NEC est ouvert aux étudiants, aux anciens et au personnel des universités et des hautes écoles de la Province. Nouveauté: les projets peuvent être déposés toute l’année. Conditions : un projet innovant et créateur de valeur ajoutée et des candidats ayant une réelle volonté de le réaliser. Comme Peggy Bouchet, peut-être aurez-vous aussi un jour la satisfaction de dire: «Ça y est, je l’ai fait, j’y suis arrivée!». A.M. Depuis un an, l’Université de Namur propose un cours interfacultaire d’introduction à l’entrepreneuriat, ouvert à tous, étudiants ou non. Ses objectifs: démystifier la démarche entrepreneuriale, sensibiliser aux différentes étapes et démarches de valorisation de la recherche et développer l’esprit d’entreprendre dans tous les aspects de la vie professionnelle et sociale. Le professeur Van Wymeersch y développe successivement une analyse du phénomène d'entreprendre et de son importance dans l'économie, les différentes étapes de la réalisation d'un projet entrepreneurial, et quelques domaines particuliers, tels que reprendre une entreprise, entreprendre dans les sciences, entreprendre dans l'économie sociale, ou encore entreprendre après l’échec. De nombreux entrepreneurs sont invités à témoigner. Le cours, soutenu par la fondation FREE (Fondation pour la Recherche et l’Enseignement de l’Esprit d’entreprendre), a été développé en collaboration avec les autres universités de la Communauté française dont certaines le proposent également. Si l’année dernière ce sont surtout les étudiants en informatique et droit qui se sont inscrits, le professeur namurois compte toucher cette année les autres disciplines. Infos : http://www.fundp.ac.be/etudes programme/cours/fr/FINT0017.html ou [email protected] « VITE DIT » Concrétiser le lien technologie gestion : immersion ! Pour concrétiser la création d’entreprise, le Département des sciences de gestion propose quelques cours et séminaires à ses étudiants. « Les étudiants sont de futurs ingénieurs mais ils n’ont jamais vu une usine.» Un constat que le professeur Van Wymeersch a décidé de contrer www.nec-namur.be en organisant, dans le cadre de son séminaire technologie et gestion, des visites d’entrepri- 90 jours Club des étudiants entrepreneurs de Namur Oseriez-vous entreprendre ? « Est-ce que je peux entreprendre ? Pourquoi oui et pourquoi non ? Que la réponse soit positive ou négative, si l’étudiant est au moins entré dans cette démarche de questionnement, notre pari est gagné » explique Yacine Eddial, vice-président du Club des étudiants entrepreneurs de Namur. Créé il y a deux ans, celui-ci compte aujourd’hui 170 membres et est animé par un comité de 13 personnes, essentiellement des économistes mais aussi des informaticiens. Et pourquoi pas des étudiants d’autres facultés ? Le comité y travaille et aimerait par exemple davantage toucher les futurs médecins. L’objectif du groupe namurois est de sensibiliser à l’esprit d’entreprendre, compris au sens large: la création d’une activité qu’elle touche au business, au non marchand ou à l’humanitaire. Il offre à ses membres la chance de vivre une expérience concrète (organiser un événement, chercher des sponsors, faire la promotion de leurs activités) et de rencontrer de nombreux entrepreneurs. Concrètement, le Club propose des « soupers tournants», durant lesquels un entrepreneur partage son expérience avec six étudiants puis change de table, des conférences, des visites d’entreprises… Ses membres participent également à des jeux de simulations d’entreprises. Un plus sur le CV? Assurément. « En Belgique, les gens ont peur de se lancer parce qu’ils craignent de perdre de l’argent» regrette Yacine Eddial, vice-président du Club des étudiants entrepreneurs de Namur. Étudiants entrepreneurs au Québec Le Club des étudiants entrepreneurs de Namur a dernièrement organisé une soirée «Génération entreprendre». Au programme: théâtre, improvisation, témoignages et rencontres. Un succès à Namur, puisque la soirée a réuni près de 400 personnes. Trois étudiants ont eu la chance d’assister à un colloque d’étudiants entrepreneurs au Québec. Yacine Eddial, qui était du voyage, est marqué par le décalage de culture entre le Canada et la Belgique: « Là-bas tout est fait pour favoriser et sensibiliser à l’entrepreneuriat. En Belgique, on nous dit dès notre plus jeune âge: travaille bien à l’école puis à l’université et tu auras un bon emploi. Au Québec le message est très différent: vis tes passions, ose, lance-toi.» Conférence Astronomie : le nez dans les étoiles ? Lors d’une conférence à Namur, Florent Deleflie (ancien chercheur des FUNDP, chercheur à l’Observatoire de la Côte d’Azur) a prouvé que les astronomes n’ont pas uniquement le nez dans les étoiles. Au contraire, leur premier objet d’observation est la Terre. Une diversité incroyable de techniques et d’instruments leur permet de décrire le champ de gravité de la Terre avec une précision prodigieuse. Les océans jouent un rôle prépondérant dans cette description et des techniques spatiales spécifiques ont été mises au point depuis plus d'une vingtaine d'années pour prendre en compte leurs mouvements. Aujourd'hui, il est possible de mesurer avec des satellites artificiels le niveau des mers au centimètre près. Avec ces études, les scientifiques de l’Univers entrent dans le champ des recherches environnementales et ont désormais leur mot à dire sur le fonctionnement des catastrophes naturelles, comme les tsunamis. A.M. A.M. ses. Les étudiants sont invités à comprendre, création d’une société basée sur celui-ci. Le tion des idées et concepts, élaboration de stra- à partir de cas concrets, le lien entre techno- développement de nouveaux produits et ser- tégies marketing,…). Une fois le produit créé, logie et management: comment la création vices est un élément crucial de la croissance reste à monter l’entreprise. Une étape que d’un site Web allège-t-elle la charge de travail des entreprises et de la génération de leurs Charles Van Wymeersch et Annick Castiaux du personnel, quelles conséquences l’intro- profits. C’est pourquoi Pietro Zidda couvre, abordent duction ou la modification d’une technologie dans son cours « New Product Development», «Entrepreneurship and Business Development» peuvent-elles avoir sur les investissements,… les aspects non seulement managériaux mais en invitant leurs étudiants à concevoir un pro- également analytiques du développement et jet d’entreprise concret à travers l’élaboration Un cours ainsi qu’un autre séminaire, tous de la gestion des produits et services (choix d’un plan d’affaire et d’une projection finan- deux donnés en anglais, traitent du dévelop- des marchés à pénétrer et évaluation de leur cière complète sur trois ans. pement d’un produit ou d’un service et de la potentiel, méthodes de génération et de sélec- dans leur séminaire A.M. Infos : http://www.fundp.ac.be/etudes/programme/cours/fr/EING2210.html et http://www.fundp.ac.be/etudes/programme/cours/fr/EING2281.html Libre cours janvier 2006 19 90 jours Coup d’envoi d’une nouvelle formation en marketing Le « bon sens » s’invite à Namur « Nous n’avons pas eu besoin du marketing pour créer notre entreprise », c’est le message que Harry de Landtsheer (Le Pain Quotidien) et Eric Domb (Paradisio) ont véhiculé lors de la soirée d’inauguration des formations de courte durée en marketing proposées par les Facultés universitaires de Namur et la Fondation Marketing. Les organisateurs ne se sont pourtant pas trompé d’invités. Ils ont pu, grâce aux témoignages de ceux-ci, mettre en évidence que le marketing, contrairement aux idées reçues, n’est pas une grosse machinerie utilisant des outils coûteux, mais une philosophie : être à l’écoute des autres et de soi-même. Au Pain Quotidien, il n’y a pas de démarche marketing confie Harry de Landsheer. « Pour lancer un produit, nous le testons directement auprès du client en le mettant en vente.» Pas d’études de marché préalable, pas d’affiches ou de campagnes de publicité… Et pourtant cette démarche ressemble fort à du marketing. Pietro Zidda, directeur du CeRCLe (Centre de Recherche en Consommation et Loisirs), le souligne: le marketing, c’est aussi l’utilisation de méthodes, parfois très simples, permettant de rester à l’écoute du consommateur. « J’ai, au départ, créé le Parc Paradisio pour moi » Même son de cloche du côté du Parc Paradisio. Son créateur Eric Domb insiste: « Le parc Paradisio a beaucoup de difficultés à faire du marketing. (…) Pourquoi le parc et le marketing ne fonctionnent-ils pas ensemble? Parce que les visiteurs sont très différents. Ils se situent à l’opposé de la pyramide des âges. Les personnes plus âgées recherchent la tranquillité alors que les plus jeunes viennent s’y amuser. Et pourtant tous y cohabitent.(…) Ce que nous avons fait, c’est inventer un concept: nous ne reconstituons pas la nature, nous la rêvons». «Paradisio est un excellent exemple de marketing avec une touche d’entrepreneurship en plus», explique Pietro Zidda. Le marketing, c’est apprendre le plus de choses le plus rapidement possible pour faire moins d’erreurs. Aujourd’hui, il ne doit plus être envisagé comme une technique agressive mais comme une démarche d’écoute du marché et aussi de soi-même. L’image d’un produit ou d’une entreprise prend également sa source dans l’identité souhaitée par l’entreprise. Alain Decrop, également membre du CeRCLe, insiste: «Le parc Paradisio utilise la publicité et véhicule une image cohérente. Le logo et le nom par exemple font référence au paradis, à l’idée de retrouver le paradis perdu.» N’est-ce pas là aussi du marketing ? La soirée organisée par Instima (Institut de formation de la Fondation Marketing) et le CeRCLe a effacé certains clichés et a mis en évidence que le marketing est avant tout un état d’esprit et pas seulement un outil. Il n’est pas non plus une affaire de grandes entreprises. Les PME, en formant une personne à quelques notions peuvent entrer dans une démarche marketing et minimiser les risques d’échec. C’est tendance ! Lors de la soirée de lancement des formations MARKETrainING, Frédéric Brébant, rédacteur en chef adjoint du Weekend Le Vif/l’Express, s’est livré à un petit exercice: présenter les tendances actuelles de consommation à travers quelques exemples. Aujourd’hui la tendance est au mélange des genres et même à la fusion des contraires. Le consommateur est complexe, torturé, paradoxal, fusionnel… Seul et ensemble: Nous vivons de plus en plus repliés sur nous-mêmes et en même temps nous sommes de plus en plus ouverts au monde, aux autres, aux inconnus via Internet. Les internautes, seuls devant leur ordinateur, se donnent par exemple rendezvous le temps de faire une danse des canards ou même une soirée «câlins» durant laquelle ils se prennent juste dans les bras pour se sentir moins seuls. Homme et femme: L’homme hétérosexuel revendique une part de féminité en faisant très attention à son look. Saviez-vous que les ventes de produits cosmétiques pour hommes ont augmenté de 23% en cinq ans? Nomade et sédentaire: Les «pop up stores» sont des boutiques qui se sédentarisent quelques jours puis disparaissent pour s’installer dans une autre ville. Réel et virtuel: Les jeux vidéo à grand succès offrent au joueur la possibilité de mener une autre vie quotidienne aussi banale que la sienne. À la base de toute entreprise il y a le « quoi» et le « comment». S’il est difficile d’apprendre le premier, qui relève surtout d’un projet, le « comment» peut facilement s’enseigner et permet d’être plus efficace dès le début de la création de l’entreprise. Et c’est justement ce qu’offrent les formations MARKETrainING proposées par Instima et le CeRCLe. A.M. Libre cours janvier 2006 20 Pour Pietro Zidda, Directeur du CeRCLe et professeur de marketing aux FUNDP, le marketing est avant tout un état d’esprit: être à l’écoute! 90 jours Distinctions BioXpr : Spin-off namuroise primée par la Belgian Bioindustries Association (BBA) Christophe Lambert reçoit le « prix des industriels » du Fonds de Biotechnologie (FBBF) attribué par la BBA pour la valorisation des résultats de sa thèse. Et quelle valorisation ! Sa thèse de doctorat a débouché sur la création de la spin-off BioXpr. Un beau cadeau pour le deuxième anniversaire de cette jeune société qui a aussi été nominée pour le prix économique de la province de Namur et le prix enterprize (Fonds des jeunes entrepreneurs). Preuve que BioXpr avance à grands pas ! notre premier contrat avec EAT, spin-off des FUNDP. Celui-ci nous a permis de décrocher des contrats auprès de grandes entreprises, essentiellement des multinationales, dans les secteurs pharmaceutique et biotechnologique.» Si au départ la spin-off offrait essentiellement des services (analyses de séquences d’ADN, alignement de séquences multiples, aide à la conception de microdamiers à ADN,…), elle propose aujourd’hui des logiciels de bioinformatique sur mesure livrés avec le code source. Le client peut donc les installer sur tous ses ordinateurs sans devoir payer de licences supplémentaires et les modifier en fonction de ses besoins. Spin-off du Laboratoire de biologie moléculaire des FUNDP, BioXpr a été créée en octobre 2003, par Benjamin Damien et Christophe Lambert. Les développements réalisés dans la thèse de Christophe Lambert ont fait l’objet d’un transfert de technologie de l’Université vers la spin-off. BioXpr emploie aujourd’hui sept personnes et quatre stagiaires. «Les six premiers mois ont été difficiles», confie Benjamin Damien. « Les entreprises que nous rencontrions nous demandaient des références que nous n’avions pas puisque nous nous lancions à peine. Puis nous avons passé BioXpr a acquis une renommée qui l’a conduite à participer dans le cadre du Plan Marshall au comité de pilotage du pôle de compétitivité wallon consacré à la santé, aux côtés de GSK, UCB, Eli Lily, Eurogentec et Euroscreen. En 2005, la spin-off a triplé son chiffre d’affaire par rapport à 2004 et, selon les prévisions, elle devrait encore doubler celui-ci en 2006. A.M. www.bioxpr.be Encore une distinction pour Nanocyl Nanocyl, spin-off namuroise, a reçu l’Alfer 2005, prix économique de la Province de Namur, dans la catégorie innovation et créativité. Pour rappel, la spin-off, créée en 2002, est active dans la production de nanotubes de carbone. Elle était également nominée pour le prix wallon de l’innovation technologique. www.nanocyl.be Libre cours janvier 2006 21 90 jours À lire Jésuite et philosophe namurois, Gérard Fourez raconte l’Évangile Dans son livre L’Évangile raconté aux enfants de 8 à 88 ans, publié aux éditions Couleur livres, Gérard Fourez, professeur émérite des FUNDP, se propose de relire les récits évangéliques à la lumière des grandes questions de nos contemporains. Un récit proche de la vie et de l’expérience de chacun. ✗ Pourquoi raconter l’Évangile aux enfants de 8 à 88 ans? Beaucoup de parents et grands-parents aimeraient, pour des raisons religieuses ou culturelles, raconter l’Évangile à leurs Prix Adrien Bauchau enfants. Mais le texte, tel qu’il est, est difficilement buvable pour nos mentalités. Ce livre est une occasion, pour des croyants ou des non croyants, d’avoir un contact avec l’Évangile. Pour cela, cependant, il importe que l’histoire parle et qu’on dépasse une compréhension littérale, un peu naïve, du texte. ✗ Et justement comment leur raconter? J’ai travaillé le texte de sorte qu’il fasse sens pour moi et je me suis rendu compte qu’il faisait alors sens pour d’autres. Les miracles, par exemple, qui apparaissent parfois comme des tours de magie peuvent être lus comme des événements qui ouvrent la réflexion. ✗ Dans votre livre, on peut lire que, pour vous, l’Église catholique semble manquer son rendez-vous avec le 21e siècle. Pourriez-vous expliquer votre point de vue? Géraldine Laloux reçoit le prix Adrien Bauchau pour son mémoire, présenté en juin 2005, sur la «Définition du domaine minimal d'interaction de partenaires de CED-9 au sein du module apoptotique de C. elegans par l'analyse en test doublehybride d'une collection systématique de leurs fragments». Le jury a particulièrement apprécié l'expression d'une grande maîtrise du sujet tant dans son travail écrit que dans sa présentation et sa défense orale. L'exposé était convaincant et les réponses aux questions du jury pertinentes. A.M. Libre cours janvier 2006 22 Je crois qu’il est important que l’on prenne conscience que, pour beaucoup, le discours de l’Eglise leur paraît venir d’une autre planète, être sympathique mais de moins en moins crédible, voire arrogant. Bien que l’Évangile véhicule beaucoup d’idées intéressantes pour les générations actuelles, il y a un discours catholique qui finalement éloigne de la fraîcheur de l’Évangile. Il me semble qu’il est temps de reconnaître honnêtement que, sur bien des points, l’Église s’est trompée et se trompe encore aujourd’hui. C’est une condition pour que le message chrétien redevienne libérateur. ✗ Sur quels sujets pensez-vous que l’Église a manqué, dans le passé, d’avoir une parole libérante? À mon avis, sur des questions telles que la colonisation, la liberté, la démocratie, le respect des autres religions, la sexualité, les questions de bioéthique, ou encore sur la relation entre religion et sciences. Sur ce dernier point l’Église a, par exemple, mis un temps fou à accepter l’évolution et, encore aujourd’hui, trop de paroles de gens d’Église semblent voir dans les sciences une sorte d’ennemi et non une modification heureuse de nos cadres de pensées. Il est temps que les chrétiens sachent que l’évangile les appelle à penser librement, à avoir confiance en la vie, et à construire un monde juste et solidaire où il fera bon de vivre. Propos recueillis par A.M. 90 jours À Lire Bible et sciences des religions. Judaïsme, christianisme, islam, par J-N. Aletti, P. Faure, M. Gilbert, R. Krygier, E. Platti, A. Schenker, éditions Lessisus et PUN, 2005. Quel sens reconnaître au « Dieu un » du monothéisme biblique ? Comment le Nouveau Testament raconte-t-il la naissance du christianisme ? Quel est le rapport entre la Bible et le Talmud dans le judaïsme ? Comment le christianisme conçoit-il sa relation à l’Ancien Testament ? En reconnaissant Abraham, Moïse et Jésus comme des prophètes, quel statut l’Islam accorde-t-il à la Bible ? L’Écriture est-elle une pomme de discorde ou un ferment d’unité entre catholiques et protestants ? Quelques questions évoquées dans ce recueil : un projet universitaire de culture et de paix. Histoire de Namur : nouveaux regards, PUN, 2005. Il existe de nombreux livres consacrés à l’histoire de Namur. Cette publication n’a donc pas pour ambition de brosser un panorama systématique de dix-huit siècles d’histoire, ni de proposer la synthèse d’un passé extrêmement riche. Le propos des auteurs est davantage de mettre les lecteurs au contact de la recherche, telle qu’elle est en train de s’élaborer. « VITE DIT » À la tête du E-MBA international Charles Van Wymeersch prend la direction académique de l’International Executive Master of Business Administration au sein de la Louvain School of Management. Avec Pierre Semal (UCL-IAG), il coordonnera les activités de promotion (avec l'appui de Joseph Desaintes, Valérie Musiek et Paul-Emile Leclercq) et de développement du cursus de formation (avec les responsables académiques des trois modules : Business Economics and Corporate Finance ; Markets and Systems ; People, Strategy and Entrepreneurship). Un directeur exécutif à temps plein devrait être recruté sous peu. Chacun trouvera matière à découvertes, pour le Moyen-Âge, les Temps modernes et la Période contemporaine. L’éventail des domaines couverts est large : histoire religieuse, économie, structures sociales, gouvernement et institutions, vie intellectuelle et artistique, aménagement du territoire et infrastructures… A.M. L’ouvrage est publié dans le prolongement d’un cycle de conférences organisé en 2000-2001 par trois professeurs du Département d’histoire des FUNDP : Philippe Jacquet, René Noël et Guy Philippart. Bioéthique, droits de l’homme et biodroit. Recueil de textes annotés internationaux, régionaux, belges et français, par Marie-Luce Delfosse et Catherine Bert, Bruxelles, Larcier, 2005. Ce recueil de textes annotés et coordonnés réunit les textes internationaux – à portée universelle et régionale – et les textes nationaux belges et français qui éclairent la problématique générale « bioéthique et droits de l’homme » ainsi que des questions plus particulières : droits des patients, utilisations des éléments et produits du corps humain, expérimentation humaine, recherches sur l’embryon et clonage humain, procréation assistée, données et tests génétiques, soins palliatifs et euthanasie. Chacune de ces questions fait l’objet d’une brève introduction qui met en perspective diverses dimensions en jeu. Des indications bibliographiques la complètent. Des renvois internes et externes permettent d’établir des connexions entre les textes repris dans le recueil et d’autres textes significatifs. L’ensemble permet de se rendre compte de l’interaction étroite de l’éthique et du droit en cette matière. www.larcier.com Libre cours janvier 2006 23 90 jours Exposition La géographie : de l’aventure à la découverte Fondateur du Département de géographie namurois, ancien recteur des Facultés et ancien bibliothécaire en chef, c’est tout naturellement que le Père Denis a choisi la Bibliothèque Universitaire Moretus Plantin (BUMP) pour exposer ses carnets géographiques. L’exposition rassemble 134 photos, prises lors de ses nombreux voyages, dont certaines datent des années 50. Chacune évoque un phénomène géographique particulier et est accompagnée d’un commentaire. Un magnifique catalogue a été publié à cette occasion par la BUMP. Entretien avec le Père Denis. ✗ Pourquoi cette exposition? Quand j’ai participé à la conception de la BUMP, j’ai tenu à ce qu’il y ait une salle d’exposition de façon à présenter au public un certain nombre d’ouvrages, à mettre en valeur les activités des Facultés et à montrer le rôle de la culture dans toutes les disciplines scientifiques. Aujourd’hui à la retraite, je me suis dit: pourquoi ne pas faire une exposition sur la géographie? ✗ Vous dites que la géographie est une discipline populaire et pourtant souvent mal connue. Comment la définiriez-vous? L’union géographique internationale avait pris pour thème de son congrès de Washington en 1992 « La géographie, c’est la découverte». Ce titre pouvait se justifier en l’année du 500e anniversaire de l’arrivée de Christophe Colomb dans le Nouveau Monde, une découverte qui allait donner une dimension nouvelle à la planète et bouleverser l’histoire mondiale. Il se justifiait d’autant plus que le monde est sans cesse redécouvert grâce à de nombreux moyens d’exploration, et que la connaissance géographique est davantage reconnue comme essentielle pour le futur de l’humanité et de son cadre de vie. Mais pour saisir la spécificité de cette science, rien de tel que de la pratiquer, de voyager. À ceux qui ont manqué l’exposition : la BUMP a publié un catalogue de 134 pages. Introduit par une brève histoire et une esquisse épistémologique de la géographie, il reproduit, en couleurs et commentées, les 134 photos de l’exposition. Complété par une bibliographie sélective, il permet au lecteur de poursuivre son exploration du monde. Disponible à l’accueil de la bibliothèque. ✗ Que représente pour vous le voyage ? Voyager, c’est faire une expérience qui commence là où s’arrêtent les certitudes. Sans qu’on ne puisse jamais y parvenir complètement, il faut mettre en attente ses connaissances, ses conceptions, ses préjugés. Il est nécessaire de garder une certaine naïveté, un esprit d’enfant qui demande toujours : pourquoi? Mais à la différence de l’enfant qui se contente le plus souvent de la réponse de ses parents, le voyageur doit trouver lui-même réponse à ses questions. Et cette quête du sens dure toute la vie. Propos recueillis par A.M. Libre cours janvier 2006 24 Editeur responsable : M. Scheuer, FUNDP, rue de Bruxelles 61, 5000 Namur. Il existe des centaines de définitions. Pour ma part, j’aime à dire que l’aventure est le prologue de la géographie, la découverte est son aboutissement : découverte du monde, découverte des autres et découverte de soi-même.