Namur à l`avant-poste du Plan Marshall Namur à l`avant

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90 JOURS
Wallons-nous ?
Les étudiants
namurois interrogent
les présidents
de partis
PARCOURS D’ ANCIEN
Martine Ernst,
romaniste et
journaliste à la RTBF
CULTURE ET
ENSEIGNEMENT
Gérer la formation
et le changement
dans les
organisations
BELGÏE - BELGIQUE
P.B. - P.P.
B - 802
Bureau de dépôt - Charleroi X
Autorisation de Fermeture
Magazine des Facultés Universitaires Notre-Dame de la Paix
NAMUR
TRIMESTRIEL - N° 56 - JANVIER 2006
Libre cours
Namur à l’avant-poste
du Plan Marshall
10 millions pour les nanos
S O M M A I R E
T R I B U N E
Criminalité : des chiffres qui font mal
JANVIER 2006
RECHERCHE
Nanotechnologies : l'industrie choisit
la sécurité, Namur fixera la norme
3
Namur : carrefour des biotechnologies
4
Nouveau projet européen
Couleurs de vie
6
Colloque interdisciplinaire
Quand on n’a pas le pétrole,
il faut penser… biomasse
7
Enseignement primaire et secondaire
Compétences de base souvent négligées
8
Économie et histoire
Comment évaluer la prime
de risque de marché ?
9
Le 8 décembre 2005, un rapport statistique1 financé par l’Union européenne
provoque un nouveau coup de chaleur dans la Cité ardente. Liège est classée
en tête des villes européennes les plus criminogènes. En 2001, 256 crimes
par mille habitants y ont été enregistrés. La moyenne de l’ensemble des 27
pays est d’environ 80. Bruxelles et Charleroi occupent en outre respectivement la 12e et la 19e place du classement. Les résultats sont aussi négatifs
sur le plan du nombre des voitures volées par mille habitants. Liège et
Charleroi figurent aux 4e et 9e places derrière un trio de tête britannique
(Manchester, Belfast, Liverpool).
D’emblée, les autorités liégeoises montent au perron pour mettre en cause
la fiabilité de ces données. Les arguments sont classiques : ambiguïté du
terme « crime », différences dans l’enregistrement des délits, hétérogénéité
des données nationales. Il est en effet très regrettable que l’agence statistique européenne manifeste un tel amateurisme en matière de statistiques
criminelles. Depuis les années 1970, sociologues et criminologues ont
démontré le caractère construit du concept de « crime ». Ce dernier constitue une catégorie juridique qui n’est objectivable que dans un contexte normatif strictement déterminé. Ainsi, il n’est pas étonnant de voir les villes d’un
même pays figurer à des places très proches dans ces classements.
I N T E R N AT I O N A L
Projet interuniversiatire ciblé
Améliorer l’enseignement
des sciences au congo
10
Mille bracelets pour la solidarité
11
C U LT U R E &
ENSEIGNEMENT
Sciences et littérature
Les sciences se livrent
12
Formation à Namur
Gérer la formation et le changement
dans les organisations
13
Outil pédagogie online
www.sociolog.be
PA R C O U R S
90
5
La publication de données brutes, sous forme de classement, et sans aucune indication sur la source de ces informations constitue un problème récurrent de ce genre d’enquêtes très souvent réalisées sous les auspices de
l’Union européenne. Les comparaisons internationales, objectif avoué de ces
entreprises, sont dès lors difficilement envisageables. La présentation, sous
forme de « ranking », induit ensuite des réflexes négatifs de la part des entités géographiques mal classées.
D’ANCIEN
Martine Ernst, romaniste et
journaliste à la RTBF
14
JOURS
Wallons-nous ?
Les étudiants namurois interrogent
les présidents de partis
19
Nouvelle crèche
La ministre de l’enfance sous le charme
17
Le Namur entrepreneurship
Center relance ses filets
18
Club des étudiants entrepreneurs de Namur
Oseriez-vous entreprendre ?
19
Coup d’envoi d’une nouvelle
formation en marketign
Le «bon sens» s’invite à Namur
20
Distinctions
21
À Lire
Jésuite et philosophie namurois,
Gérard Fourez raconte l’Évangile
22
Ces données ne sont pour autant pas inutiles ou plutôt inutilisables. En
l’espèce, elles démontrent l’extraordinaire sensibilité du contexte liégeois à
la problématique de la criminalité. Une enquête publiée en juillet 2005 avait
révélé l’importance du sentiment d’insécurité vécu par la population liégeoise2.
La réaction aussi rapide que virulente de l’administration communale locale
aux résultats statistiques présentés en décembre dernier manifeste encore
l’intensité de cette susceptibilité.
Axel Tixhon, professeur d’histoire
1
2
Libre cours est membre de l’ABPE et de l’AJPBE
L I B R E
Voir www.urbanaudit.org
Voir http://europe.bg/upload/docs/fl_156_en.pdf
Libre cours est le magazine des Facultés Universitaires Notre-Dame de la Paix. Il est destiné aux membres du personnel, aux étudiants, aux partenaires
de l’Université de Namur et aux anciens. Diffusé en 7.200 exemplaires, il paraît en janvier, avril, juillet et octobre. Les articles ne peuvent être
reproduits qu’avec l’autorisation écrite de l’auteur et avec mention de la source. Certains titres et légendes sont de la rédaction.
Rédaction Antoinette Minet, Presse et communication, Service des relatons extérieures, rue de Bruxelles 53 - 5000 Namur
Tél.: 081 72 50 33 - fax: 081 72 40 45 - [email protected].
Production Nuance 4 (5100 Naninne) 081 40 85 55.
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Comité de rédaction Mmes Marie Botman, Anne Hubinon, Annie Degen, Florence de La Vallée, Elisabeth Donnay, Gwenola Prado,
Sabine Fraselle, Marie Gevers, Catherine Lambert, Antoinette Minet, Caroline Etienne, Laura Rizzerio, MM. Michel Dassy, Jean-François Dury,
Olivier Hostens, René Robaye, Daniel Van Acker.
2
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Recherche
Nanotechnologies : l'industrie choisit la sécurité,
Namur fixera la norme
Les nanomatériaux sont porteurs de nombreux espoirs, non seulement dans la lutte contre le cancer, mais aussi
dans de nombreuses applications de la vie quotidienne. Par principe de précaution face à ce bond technologique,
l’industrie a choisi de privilégier la sécurité en matière d’exposition des travailleurs et du public aux nanoparticules. Dans ce cadre, la Direction générale des technologies, de la recherche et de l'énergie de la Région wallonne
confie à l’Université namuroise la mise au point de modèles toxicologiques adaptés aux caractéristiques de trois
types de nanoparticules produites en Région wallonne. Ce projet d'une durée de cinq ans devrait déboucher sur
la mise au point de modèles de tests de toxicité et sur la définition d’une nouvelle norme européenne en accord
avec les directives européennes « REACH 1» et « Cosmétique 2 ».
Utilisées dans le domaine médical, les nanoparticules permettent de mieux cibler ce sur
quoi les médicaments doivent agir. Dans le
domaine de l’électronique, elles donnent des
ordinateurs beaucoup plus petits, plus rapides,
moins chers et consommant beaucoup moins
d'électricité. Dans le domaine de la construction, elles donnent des matériaux plus légers
aux propriétés mécaniques améliorées… Bref,
les nanoparticules promettent de grandes avancées technologiques et pourraient se retrouver
rapidement dans tous les secteurs de la vie
quotidienne.
Sous la direction d'Olivier Toussaint (Unité de
Recherche en Biologie Cellulaire, URBC), une
trentaine de chercheurs regroupés au sein du
pôle d’excellence namurois NANOTOXICO,
mettront au point des modèles de toxicologie
adaptés à trois types de nanoparticules, présentant un intérêt économique en Région wallonne.
Ces particules sont les nanotubes de carbone,
les nanopoudres et les argiles exfoliées.
Invisibles à l’œil nu, ces très petites (= nano)
particules pourraient être mises en contact
avec l’organisme via la peau et les muqueuses,
le système respiratoire, le tube digestif et le
système hépatique, à plus ou moins forte
concentration. Ces modèles serviront ensuite
aux tests de divers autres types de nanoparticules.
Des tests…
L’équipe de recherche a cinq ans pour mettre
au point une série de modèles pour tester, sur
des cellules en culture (tissus artificiels), les
effets des nanoparticules sur l’organisme. Ces
modèles seront ensuite utilisés pour tester de
nombreux types de nanoparticules en développement dans l’industrie. Ces modèles
seront comparés aux tests réalisés in vivo, sur
des animaux, pour vérifier leur pertinence.
Chimistes et physiciens sont également mis à
contribution pour caractériser les nanoparticules, principalement en termes de dimensions. Il est en effet indispensable d’identifier
correctement et de déterminer l’origine d’é-
ventuels phénomènes de toxicité pour pouvoir
les modifier afin de les rendre inoffensives.
… Et pourquoi pas
une norme européenne
Les tests in vitro mis au point par l’équipe de
NANOTOXICO permettront de tester les
nouvelles nanoparticules mises sur le marché.
Ils devraient aboutir à la définition d’une
norme européenne en accord avec la directive
européenne REACH1 qui imposera la
connaissance du niveau de toxicité potentiel
des produits chimiques. La difficulté à catégoriser les nanoparticules laisse en effet présager la définition de nouvelles normes de
toxicité pour cette catégorie de substances.
L’équipe NANOTOXICO, en utilisant des
modèles in vitro, répond également à une
autre directive européenne « Cosmétique2 »
qui interdit notamment l’utilisation d’animaux pour définir la toxicité des substances
pouvant entrer en contact avec la peau.
Démystifier les nanotechnologies
Originalité du projet: une importance particulière est accordée à la transparence des résultats de la recherche. Atout sciences, l’Unité
de diffusion des sciences des FUNDP partenaire du projet, sera chargée de communiquer
au grand public et aux industriels des résultats scientifiques clairs et fiables.
Namur, berceau des nanos,
expert en toxico
Ce n’est pas un hasard si l’Université de
Namur a été choisie par la Région wallonne
pour étudier la toxicité des nanoparticules.
L’histoire des nanotechnologies et plus particulièrement des nanotubes de carbone lui est
fortement liée puisque leur procédé de fabrication a été mis au point par le professeur
namurois János B.Nagy. Une technologie qui
a d’ailleurs donné naissance à la Spin-off
Nanocyl. L’expertise namuroise en études
toxicologiques n’est plus à démontrer non
plus: l’URBC a mis au point de nombreux
tests sur des cellules en culture. C’est
d’ailleurs de cette équipe qu’est née la spinoff StratiCell, qui offre aux industries pharmaceutiques et cosmétiques une série des
tests in vitro (Libre cours n°53).
Le projet interdisciplinaire rassemble de
biologistes, des chimistes, des physiciens, des
médecins et des pharmaciens. Cinq millions
d’euros seront investis sur cinq ans par la
Région wallonne. De son côté, l’Université
met également à la disposition de ce projet
l’équivalent de cinq millions en termes de
moyens humains et matériels. Il faut dire que
l’enjeu est de taille: la Région wallonne, de
même que de nombreux industriels wallons,
belges, européens, investissent depuis de
nombreuses années dans les nanotechnologies.
Antoinette Minet
REACH est l'acronyme d'une directive «Registration, Evaluation
and Authorization of CHemicals» adoptée par le Conseil européen
et qui sera proposée au Parlement européen en 2006. REACH
stipule que les producteurs d'une substance chimique devront
transmettre à une agence centrale un dossier d'enregistrement
pour les substances chimiques produites à plus d'une tonne par an.
Le dossier devra contenir des données de sécurité sur le produit.
1
La directive européenne 2003/15/CE du Parlement européen vise
à assurer l'innocuité des produits cosmétiques et interdit également
l'expérimentation de ces produits sur les animaux.
2
Nanotoxico en bref
Objectif : Étude toxicologique de trois types
de nanoparticules : nanotubes de carbone,
nanopoudres, argiles exfoliées
Coordinateur : Olivier Toussaint
Laboratoires impliqués : Unité de Recherche
en Biologie Cellulaire, URBC (Olivier
Toussaint), Laboratoire d'Analyses par
Réactions Nucléaires, LARN (Stéphane Lucas),
Laboratoire de Chimie et d’Électrochimie des
Surfaces, LCES (Joseph Delhalle),
Département de pharmacie (Bernard
Masereel), Atout sciences (André Hardy,
Département de mathématique)
Financement : 10 millions d’euros
Durée du projet : 5 ans
Libre cours janvier 2006
3
Recherche
Namur : carrefour des biotechnologies
« Les technologies au service de la médecine et de la santé », c’est autour de ce domaine
que la DGTRE (Direction Générale des Technologies, de la Recherche et de l’Énergie,
Région wallonne) a lancé son appel à projets WALEO2. Les Facultés universitaires de
Namur participent à six des dix-sept projets retenus, en tant que coordinateurs ou partenaires. Au programme : traitement du cancer du poumon, du Sida, de la polyarthrite
rhumatoïde et des carcinomes de la peau, pansements acellulaires bioactivés et systèmes
alimentaires émulsionnés aux propriétés fonctionnelles et nutritionnelles améliorées.
Cancer du poumon :
mieux cibler les cellules
tumorales
Le cancer du poumon est responsable de plus de
20% des décès par cancer en Europe. Dans sa
variante NSCLC (cancer pulmonaire non à petites
cellules), le taux de survie à 5 ans n’est que de 5 %.
Cette maladie est le plus souvent traitée par chimiothérapie ou chirurgie. Malheureu-sement ces
thérapies, souvent palliatives et non curatives,
n’améliorent que très légèrement la survie et le
confort du patient.
Le projet Targan a pour but la mise au point d’une
méthode de traitement de cette maladie grâce à
’utilisation de radioisotopes. Il vise à combiner un
biomarqueur (anticorps monoclonal) et un cluster
de radioisotopes (agrégat de plusieurs centaines
d’atomes) de dimension nanométrique. Le vecteur
permettra d’acheminer les nanoclusters radioactifs
préférentiellement au sein de la tumeur en ciblant
de manière spécifique une substance biologique
(marqueur) dont le taux est sur-exprimé au niveau
des cellules tumorales. Cette technique permettra
de mieux cibler et irradier préférentiellement les
cellules tumorales tout en préservant les cellules
saines.
Le projet coordonné par Stéphane Lucas (physicien, spécialiste en science des matériaux et production de radio-isotopes, FUNDP), rassemble une
équipe constituée de biologistes et de pharmaciens
des FUNDP (C. Michiels, B. Masereel), biologistes
et radiopharmaciens de l’UCL, ainsi que le service
de médecine nucléaire de l’hôpital universitaire de
Mont-Godinne.
Bloquer la réplication du HIV
Le Sida touche actuellement 40 millions de personnes. Si les traitements
actuels ont réduit la mortalité due au Sida, leur efficacité est menacée par
l’apparition de souches virales résistantes. C’est pourquoi il est aujourd’hui
impératif de compléter l’arsenal thérapeutique. Or quand on analyse les étapes
de réplications du virus, on constate que l’intégrase joue un rôle dans l’une
d’entre elles, là où l’ADN proviral est intégré dans le génome de la cellule
humaine. S’attaquer de manière irréversible à celle-ci bloquerait la réplication
virale. C’est ce que vise le projet ANTISIDA(2) coordonné par Johan Wouters,
du Laboratoire de chimie biologique structurale des FUNDP et mené en collaboration avec le Laboratoire de chimie des matériaux organiques des Facultés
et le Laboratoire de virologie moléculaire de l’Université libre de Bruxelles.
Traitement des carcinomes de la peau
par photothérapie originale
Le nombre de cancers de la peau est en progression constante dans nos
régions (± 200 nouveaux cas par an il y a 10 ans en Wallonie, avec une incidence en nette augmentation). Leur traitement, principalement effectué par
chirurgie et par traitement au laser, laisse très souvent des cicatrices inesthétiques chez le patient. Améliorer les conditions et les résultats de traitement
de cancers cutanés reste donc une priorité. Dans ce cadre, Martine Raes
(Unité de recherche en biologie cellulaire), en collaboration avec cinq autres
partenaires issus de laboratoires de l’Université de Liège, de l’Université de
Mons Hainaut et de l’Université Libre de Bruxelles, propose de développer et
d’utiliser des outils originaux de la biologie cellulaire et moléculaire, pour
mettre au point une photothérapie par photosensibilisants, de certains cancers
de la peau. Ces photosensiblisants seront vectorisés par voie transcutanée et
cibleront de manière très spécifique des gènes impliqués dans la résistance à
l’apoptose (ou mort cellulaire programmée). Cette approche sera combinée à
d’autres traitements (cytokines tel l’IFN, certains rétinoïdes,..) pour favoriser
l’apoptose des cellules tumorales, tout d’abord in vitro dans des lignées de
kératinocytes humains (collaboration avec la spin-off StratiCELL), ensuite in
vivo dans des modèles de souris relevants pour les carcinomes de la peau (non
mélanomes). À l’issue du projet, ces agents thérapeutiques pourraient être
administrés chez l’homme dans des conditions d’efficacité maximale et de
toxicité minimale, en respect des règles de la bioéthique.
Libre cours janvier 2006
4
Recherche
Polyarthrite rhumatoïde :
nouveau traitement
La polyarthrite rhumatoïde touche actuellement 1% de la population
mondiale. Cette maladie entraîne progressivement une destruction du
cartilage et de l’os. À terme, elle est particulièrement invalidante. Si des
traitements thérapeutiques existent, ils permettent seulement d’atténuer les symptômes inflammatoires chroniques, sans contrecarrer
l’évolution ni s’attaquer aux causes de cette pathologie. Le projet
PRALTER, mené par différents laboratoires de l’Université de Liège et
le Département de pharmacie des FUNDP, vise la conception et la synthèse d’inhibiteurs chimiques agissant sur un intermédiaire intervenant
dans le contrôle de la synthèse d’une molécule clé de l’inflammation
rhumatismale. C’est dans la conception et la préparation de médicaments luttant contre cette pathologie que le laboratoire namurois intervient.
Pansements acellulaires
structurés bioactivés
Le traitement des plaies cutanées sévères fait actuellement appel à des substituts de peau, d’origine biologique
(peau de cadavre, collagène,…) ou biosynthétique, qui
permettent de couvrir les besoins vitaux à court terme
mais ne contribuent que très peu à la formation d’une
cicatrice fonctionnelle. L’objectif du projet GOCELL est
de créer un pansement acellulaire bioactiv permettant
d’améliorer cette cicatrisation. Le pansement utiliserait
des modules superposés de biomatériaux structurés et
bioactivés agissant comme guide pour reconstituer l’architecture des principaux tissus cutanés, favorisant l’adhésion, la migration, et l’activité biosynthétique des principales cellules dermiques et épidermiques. Le projet,
centré sur plusieurs équipes de l’Université de Liège (chimie et médecine), associe Yves Poumay et l’équipe du
Laboratoire cellules et tissus des FUNDP qui s’occupera
plus particulièrement de la partie épidermique.
Gwenola Prado et A.M.
Systèmes gras :
naturels et bons pour la santé
L’influence des matières grasses sur la santé est liée à la
quantité consommée, mais aussi à la composition en acides
gras et aux micronutriments bioactifs présents dans
celles-ci. De nombreux systèmes gras alimentaires, par
exemple les margarines et certains produits chocolatés,
sont encore trop souvent élaborés à partir d’huiles partiellement hydrogénées engendrant la formation de composés insaturés «trans», aujourd’hui considérés comme
facteurs de risque pour les maladies cardiovasculaires.
Le projet NUTRIFAT, mené par la Faculté de Gembloux
et par le Laboratoire de chimie biologique structurale des
FUNDP, propose une alternative à l’utilisation de ces
mauvaises graisses via l’incorporation de nouvelles fractions d’huiles végétales obtenues par fractionnement à
sec. Cette technologie verte n’utilise aucun solvant. Par
ailleurs, les chercheurs visent à remplacer les émulsifiants habituels par des phospholipides naturels issus
d’huiles végétales.
« VITE DIT »
Vitrine aux mémoires scientifiques
Le cru 2005,
vite vu… bien vu
La Faculté des sciences publie un recueil des
résumés de tous les sujets de mémoires présentés par ses étudiants en 2005. Il permet
non seulement de faire connaître les recherches réalisées par les étudiants mais aussi de
découvrir les centres d’intérêt et les dernières
orientations des différents laboratoires
namurois.
Pour le recevoir :
[email protected] ou 081/72 54 35
Libre cours janvier 2006
5
Recherche
Nouveau projet européen
Couleurs de vie
Matériaux à effets visuels inspirés
des organismes vivants
Le monde du vivant présente une grande diversité de couleurs.
Élucider les mécanismes de production de ces couleurs, spécialement lorsque celles-ci résultent de l’interaction de la lumière et
de la structure biologique des organismes à l’échelle de quelques
dizaines de nanomètres, est un défi extrêmement complexe que
les zoologistes et les physiciens du projet européen Biophot
entendent relever. Une fois les mécanismes révélés, les zoologistes tentent de comprendre en quoi ces structures colorantes ont
pu aider les espèces à maintenir leur population au fil de l’évolution. Les physiciens s’en inspirent pour créer des matériaux aux
propriétés optiques nouvelles, dont l’originalité est d’avoir été
«testées et approuvées » par… la nature.
Prenez un coléoptère. Il vous apparaît vert.
Votre voisin, lui, le voit bleu.… Mais de
qui se joue donc cet insecte? Ou plutôt,
avec quoi joue-t-il? Avec la lumière, qu’il
reflète sur plusieurs couches d’une nanostructure de chitine, ce biopolymère dont
est fait le squelette externe de l’insecte.
Concrètement, les chercheurs du projet
Biophot s’intéressent à un insecte, une
fleur, un oiseau... Ils recherchent les couleurs changeantes, caractéristiques d’un
processus physique, et non d’un pigment
chimique. Ils les examinent au microscope
électronique et mesurent très précisément
leurs propriétés optiques. Ensuite, ils tentent de comprendre comment la géométrie
complexe de la surface produit l’effet
visuel observé. Ils sauront qu’ils ont compris lorsque les ordinateurs ultrapuissants
mis à disposition des unités de physique et
de chimie de Namur pourront calculer
quantitativement la réflectivité observée.
Des heures et des heures d’observations et
de calculs pour débusquer l’astuce imaginée par la nature. «On est d’abord attiré
par la beauté impressionnante d’un
papillon, d’un poisson ou d’un insecte.
Mais quand on comprend ce qui se passe à
l’échelle du nanomètre, ce qu’on éprouve
est beaucoup plus que de l’admiration» se
réjouit le professeur namurois Jean Pol
Vigneron (coordinateur du projet), visiblement passionné par ses recherches. Mais il
y a plus encore: une fois compris, le mécaComment régler finement un indice
de réfraction quand on ne peut fabriquer qu’un seul matériau, la chitine,
d’indice 1.52? La hoplie bleue, petit
coléoptère du sud de l’Europe, a résolu ce
problème en mélangeant l’air et la chitine
dans des proportions bien ajustées.
À partir de la compréhension de ce phénomène, construire un miroir coloré est
(presque) un jeu d’enfant. Le résultat est
une couleur bleue-violette spectaculaire,
exhibée par tous les mâles de cette espèce.
Libre cours janvier 2006
6
Jean-Paul Vigneron, professeur au Département de
physique, coordonne le projet européen BIOPHOT.
Avec son équipe internationale, il cherche à
comprendre les effets visuels des organismes
vivants afin des les reproduire et peut-être
de créer de nouveaux matériaux.
nisme naturel nous appartient. C’est là que
commence le travail des ingénieurs du
projet qui regardent ces mécanismes et
pensent à leur utilisation potentielle dans
l’industrie. Tiens? L’industrie aurait-elle
besoin d’une nature saine, diverse et inventive?
L’edelweiss se protège des UV
L’edelweiss, par exemple, est une plante
velue. En regardant de beaucoup plus près
les filaments blancs qui recouvrent cette
plante, les chercheurs leur ont trouvé une
propriété particulièrement utile en altitude:
ils absorbent massivement les ultraviolets.
Comment cette fine ouate transparente
peut-elle éliminer complètement une radiation aussi énergétique? La technique développée par dame nature pour y arriver est
de façonner chaque filament pour canaliser
la lumière dans la longueur: c’est simple,
efficace et bien moins polluant que ce
qu’on trouve habituellement dans les crèmes solaires. De quoi donner des idées à de
nombreux industriels…
Interdisciplinaire et international, le projet
BioPhot rassemble actuellement des zoologistes, des physiciens et des ingénieurs.
Autour des Facultés universitaires de
Namur (coordinateur), on trouve des
musées d’histoire naturelle, à Londres et à
Budapest, un institut de recherche sur les
matériaux en Hongrie et un laboratoire
d’optique et de colorimétrie à l’Université
Pierre et Marie Curie à Paris.
A.M.
Recherche
Colloque interdisciplinaire
Quand on n’a pas le pétrole, il faut penser… biomasse
Des légumes pour fabriquer du plastique… L’idée paraît farfelue, pourtant la transformation de
matières premières issues de la biomasse en bioproduits, biocarburants et bioénergie retient
aujourd’hui toute l’attention des gouvernements, chercheurs, industriels et citoyens.
Confrontés à la flambée du prix du pétrole et à la raréfaction des ressources fossiles, tous
s’activent dans la recherche d’alternatives. C’est dans ce contexte que près de 200 personnes
se sont réunies à Namur le 14 octobre 2005, pour une conférence sur le développement
durable et les ressources renouvelables.
Si l’attention, tant au niveau politique que
scientifique, s’est portée jusqu’ici essentiellement sur les biocarburants, la réflexion
des chercheurs s’élargit de plus en plus vers
le concept de bioraffinage. Il s’agit d’une
stratégie prometteuse pour transformer la
biomasse – à savoir l’ensemble des matières premières renouvelables d’origine
végétale ou animale – non seulement en
biocarburants, mais aussi en bioproduits et
bioénergie. Le concept de bioraffinage
implique également les principes écologiques suivants: utilisation totale des végétaux, optimisation de l’utilisation du sol,
minimisation des déchets et de l’usage de
l’eau et recyclage des nutriments. Dans ce
cadre, le secteur agricole deviendrait le
fournisseur de base de nouvelles filières de
production non alimentaire. Le bioraffinage
pourrait donc offrir à ce secteur des opportunités, bienvenues dans le contexte difficile
que l’on connaît.
Pour souligner les possibilités tant technologiques qu’économiques offertes par la
transformation de la biomasse en nouveaux
produits, des chercheurs de Namur,
Gembloux (FSAGx) et Mons (UMH) ont
uni leurs compétences autour d’un projet
pluridisciplinaire financé par la Politique
scientifique fédérale1. Le colloque organisé
en octobre, en collaboration avec l’ASBL
Valbiom2, a permis à ces chercheurs de
communiquer les résultats de leurs recherches, mais aussi d’inviter le monde industriel et le monde politique à intervenir sur le
sujet.
25% de produits chimiques à base de
ressources renouvelables en 2030
Annick Castiaux, professeur à la Faculté
des sciences économiques, sociales et de
gestion de Namur, a mis l’accent sur la
nécessité de développer des recherches
Le colloque «Développement durable et les
ressources renouvelables» a rassemblé près
de 200 participants venus de tous les horizons.
Parmi eux, la Ministre Sabine Laruelle reçue
par Annick Castiaux (Faculté des sciences
économiques, sociales et de gestion) et
l’administrateur de la recherche Paul Thiry.
pour mettre au point des bioproduits
concurrentiels avec les produits actuels, à
base de ressources fossiles. En effet, si
l’Europe a donné l’impulsion au développement des biocarburants, elle est à la traîne en matière de bioproduits par rapport à
d’autres pays comme les Etats-Unis, où
des moyens importants sont mis à la disposition des chercheurs et des industries pour
atteindre des objectifs ambitieux dans ce
domaine. Les spécialistes américains estiment que 25% des produits chimiques
seront d’origine végétale en 2030. C’est
par ailleurs dans ce secteur, plus encore
que dans celui des biocarburants, que ces
spécialistes entrevoient un important
potentiel de croissance. La Belgique, a précisé la ministre des classes moyennes et de
l’agriculture, Sabine Laruelle, est très active en matière de politique de promotion
des biocarburants, puisque le gouvernement veut obtenir 7% de biocarburants
d’ici 2007, date à laquelle deux bioraffineries belges seront opérationnelles. La poursuite de recherches scientifiques dans le
domaine des bioproduits pourrait permettre
à notre pays de bien se positionner sur ces
marchés émergents. De plus, des recherches concernant la faisabilité et les impacts
socio-économiques de l’introduction de
ces nouvelles filières en démontreraient la
viabilité. C’est précisément l’objet du travail de Laurence Janssens, chercheuse en
gestion à Namur, qui s’intéresse aux interactions entre les différents acteurs de ces
futures filières (de l’agriculteur au
consommateur) et au rôle des pouvoirs
publics.
Mobilisation des industriels et des
pouvoirs publics
La mise en œuvre de ces filières de production basées sur la biomasse requiert la
mobilisation du monde industriel et du
monde politique. Les intervenants industriels du colloque se sont montrés sensibles
aux problématiques environnementales.
Ainsi, un distributeur bien connu utilise
déjà des bioplastiques pour emballer sa
gamme de produits bio. Cependant ces
emballages sont deux à trois fois plus chers
que leurs équivalents fossiles et le consommateur n’est pas toujours prêt à assumer ce
coût. Les prix de ces matières pourraient
diminuer si davantage d’industriels étaient
en concurrence sur ce marché actuellement
aux mains de deux producteurs dans le
monde, ou encore si des mesures fiscales
étaient instaurées. Comme dans toute innovation à forte composante écologique, les
pouvoirs publics ont un rôle essentiel de
catalyseur à jouer pour aider les différents
acteurs concernés à surmonter les barrières
technologiques et économiques.
A.M.
http://www.belspo.be/belspo/fedra/proj.asp?l=
fr&COD=CP/45
2
http://www.valbiom.be
1
Libre cours janvier 2006
7
Recherche
Enseignement primaire et secondaire
Compétences de base souvent négligées
Faire bon usage d’un spécialiste, pouvoir confronter sans provoquer de violence inutile, faire
face à une difficulté, fêter et donner du sens aux événements, traiter l’information,… Si pour
certains l’apprentissage de ces compétences de base relève de l’éducation au sein de la famille,
pour les chercheurs du Département sciences, philosophies et sociétés et du Centre Interfaces
namurois, il relève de l’éducation scolaire. Deux ans de recherche théorique et de travail sur
le terrain, leur ont permis de mettre au point un outil d’apprentissage pour une vingtaine de
compétences.
Les manières d’être mettent en jeu des attitudes, un certain savoir-faire, voire des
connaissances particulières. Elles peuvent
être caractérisées comme « compétences»
et permettent de mieux s’intégrer dans la
vie économique et sociale, d’être plus
autonome dans l’existence, ou encore de
prendre sa place dans des débats démocratiques… Ces compétences sont souvent
délaissées dans l’éducation scolaire :
«Cela ne s’enseigne pas! Comment pourrait-on donc le faire?» s’écrient les enseignants qui les ressentent parfois même
comme des intruses. Beaucoup s’accordent
à les dire «naturelles» ou « non enseignables». Certains veulent même leur retirer le
label de «compétences», les considérant
comme des capacités trop générales, non
évaluables, et liées à une certaine éducation sur laquelle l’école n’a pas de prise.
Des inégalités dès l’entrée dans le
système scolaire
Beaucoup de jeunes apprennent ces compétences en famille, dans les mouvements
de jeunes ou à travers leurs loisirs… en
voyant des adultes agir autour d’eux. On
peut dire qu’ils vivent un apprentissage par
«familiarisation». Ceux qui ont la chance
d’évoluer dans de tels milieux ambiants
attendent peu de l’école en ces domaines.
Mais les autres ? Ceux dont le milieu
socioculturel n’accorde guère d’intérêt à
ces préoccupations… Est-il possible de
leur enseigner ces compétences ? Une
réflexion politique et éthique s’impose: à
quelle institution va-t-on confier la responsabilité de l’éducation des futurs citoyens
dans ce domaine? Une réflexion épistémologique aussi: comment peut-on construire
de tels apprentissages ? Enfin, une
réflexion pédagogique et méthodologique:
Libre cours janvier 2006
8
comment faire passer tout cela dans la pratique ? Car il faut à tout prix éviter de charger l’école d’une nouvelle mission sans
donner aux enseignants des outils pour
cela. C’est à cette dernière réflexion que
les chercheurs namurois se sont attelés.
Pour « enseigner » ces compétences
Une recherche a permis de construire une
méthode pour conceptualiser, enseigner,
puis évaluer l’apprentissage et la maîtrise
de telles compétences. En proposant aux
enseignants une méthode standardisée et
transférable à de multiples situations, l’objectif est de faire basculer dans le domaine
du possible pour l’école un enseignement
souvent laissé aux familles, avec les effets
d’inégalité sociale que l’on connaît. En
croisant différents éclairages théoriques et
un travail pratique avec des enseignants,
avec leurs classes, ils ont conceptualisé une
vingtaine de compétences de base: faire
preuve d’esprit critique, négocier avec des
consignes pour réaliser une tâche, observer
dans la perspective d’agir, écouter avec
méthode pour refléter ce qui a été dit, faire
bon usage d’un spécialiste, saisir les
opportunités et envisager des possibilités,
pouvoir confronter sans provoquer de violence inutile, faire face à une difficulté,
fêter et donner du sens aux événements,
traiter l’information, éviter de s’enfermer
dans des problèmes à résoudre, se donner
des modèles simples pour comprendre,
communiquer et agir, transférer ou exporter
des savoirs dans de nouveaux contextes.
Une dizaine d’étapes permettent d’aboutir
à l’acquisition de la compétence: prise de
conscience des représentations mentales
liées à la compétence, partage d’une série
(au moins une dizaine) de mini-récits,
première définition de la compétence,
confrontation à d’autres situations, affinement progressif de la définition et élargissement des champs d’application de la
compétence, réflexion personnelle de chacun sur ses propres démarches, évaluation
de la progression dans la compétence...
Si le rapport final de la recherche a déjà été
remis au Ministère de l’éducation, le travail est loin d’être terminé. Il serait par
exemple utile de valider la méthode en
recourant à un échantillon plus nombreux
ou encore de suivre l’un ou l’autre groupe
dans la construction de plusieurs compétences successives afin de tester le transfert
de la méthode.
Dominique Bertrand
Marie-Anne Maniet et Dominique Bertrand,
du Centre Interfaces ont travaillé jusqu’en
août 2005 sur l’enseignement des
compétences de base.
La méthode des « mini-récits »
Concrètement, les chercheurs proposent
une méthode basée sur des récits de situations où la compétence visée est impliquée.
Le rapport final de la recherche sera
accessible sur le site de la
Communauté française
Wallonie-Bruxelles : www.cfbw.be
Recherche
Économie et histoire
Comment évaluer la prime de risque de marché ?
Pierre Giot, professeur en économie, a présenté lors d’une conférence à la Banque nationale, une méthode originale pour évaluer
la prime de risque de marché. Celle-ci représente l’écart de rendement attendu entre un placement en actifs risqués (indice
boursier) et un placement en actifs pas ou très peu risqués (indice obligataire). Dans l’article ci-dessous, le professeur namurois
pose les balises de l’utilisation des données historiques pour
extrapoler la prime de risque.
Déterminer la prime de risque de marché est
capital en finance parce qu’elle joue un rôle
important dans le choix de financements et
de placements en actions ou obligations. Il
convient donc d’être prudent. Les indices
boursiers et obligataires doivent d’abord être
correctement définis et l’estimation doit se
focaliser sur les rendements totaux, qui tiennent compte du paiement et réinvestissement
des dividendes.
Diverses sources fiables existent aujourd’hui
et donnent une idée du rendement total en
actions ou obligations sur une période très
longue. Jeremy Siegel (professeur à la
Wharton School) calcule par exemple, pour
les USA, un rendement total réel d’environ
6,9% en actions et d’environ 3,5 % en obligations, sur une période de deux siècles. Il
en déduit une prime de risque de marché historique d’environ 3,4 %.
À côté des pays gagnants
Dans une autre étude récente, portant sur un
grand nombre de pays, Dimson, Marsh et
Staunton (professeurs à la London Business
School) comparent les rendements totaux
réels sur actions et obligations durant le XXe
siècle. La comparaison des différents pays
sur le long terme met en évidence un autre
danger lié à l’extrapolation des données historiques. Les investisseurs ont tendance à se
focaliser sur les pays ayant eu de très bonnes
performances. Les études à long terme traitent invariablement des USA et souvent des
pays européens. On oublie ainsi que la
Chine, la Russie, l’Argentine et l’Égypte
figuraient parmi les 15 marchés boursiers les
plus performants en 1900. Pourtant les
investisseurs y ont subi par après des revers
importants, ce qui est également aujourd’hui
oublié. Une étude historique portant sur les
pays « gagnants» conduirait à une surestimation allant jusqu’à 100% des rendements
boursiers à long terme.
Risque d’inflation
Le rôle de l’inflation ou de l’absence d’inflation, notamment en écart aux attentes préalables, représente une autre pierre
d’achoppement. Les obligations sont loin
d’être sans risque en termes réels. Il suffit de
penser à certains pays qui ont connu des
périodes d’hyperinflation. Bien que l’impact
d’une inflation (ou absence d’inflation) non
anticipée soit difficile à établir de manière
précise, il est relativement clair qu’elle aura
des conséquences sur les actions et obligations. Dans ce cas-ci également, la finance
comportementale montre que les investisseurs ont beaucoup de mal à jauger correctement les tendances inflationnistes. Il est en
effet avéré qu’un réflexe naturel est de
recourir à l’extrapolation de tendances :
après plusieurs années d’absence d’inflation, la plupart des prévisions continueront à
aller dans ce sens.
L’extrapolation de tendances récentes
conduit également à supposer que des conditions favorables non anticipées vont se répéter dans le futur. Or, celles-ci ont souvent un
effet unique. Pensons par exemple à la chute
du communisme, à la vitesse très élevée de
récupération des économies allemandes et
japonaises après la seconde guerre mondiale
ou encore à la forte croissance des cashflows des entreprises de certains pays durant
les cinquante dernières années. Plusieurs
études ont en effet montré que les rendements
boursiers réalisés sur les cinquante dernières
années se sont avérés bien meilleurs qu’attendus. Par exemple, sur les années 19512000, les économistes américains Fama et
Pierre Giot est professeur à la Faculté des
sciences économiques, sociales et de gestion
de Namur. Ses domaines d’expertise:
la finance de marché, la microstructure
des marchés financiers, l’économétrie
appliquée et le Risk management.
French observent un rendement réalisé de la
bourse U.S. égal à 9,62%; leurs calculs
indiquent par contre que les investisseurs
attendaient seulement 4,74 % au début de la
période.
Peut-on donc encore se baser sur le passé
pour extrapoler la prime de risque de marché? Oui, à condition de faire preuve de précautions. Le plus important est d’utiliser des
données de très longue période, qui combinent plusieurs cycles économiques et plusieurs cycles inflationnistes ou, au contraire
caractérisés par une absence d’inflation. Il
convient ensuite de faire l’analyse pour plusieurs pays. Il est aussi important de comprendre pourquoi on a observé des rendements boursiers ou obligataires plus élevés
qu’attendu. Enfin, il est nécessaire d’avoir
une bonne compréhension des mécanismes
micro et macro-économiques, ainsi que des
tendances démographiques à long terme. Sur
base de l’ensemble de ces éléments, le
consensus académique est de proposer
aujourd’hui une prime de risque de marché
proche des 3% à 4%.
Pierre Giot
Libre cours janvier 2006
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International
L’Est aux Facs
Visite
d’une délégation
estonienne
Projet interuniversitaire ciblé
Améliorer l’enseignement
des sciences au Congo
À Bukavu (République démocratique du Congo), les enseignants du
secondaire en sciences sont aujourd’hui soutenus et conseillés. C’est
le fruit d’un « Projet interuniversitaire ciblé », financé par la CUD
(Commission Universitaire pour le Développement) et coordonné par
le professeur namurois Marcel Rémon, qui vise à la création d’un centre d’appui à la pédagogie des sciences au sein de l’Institut Supérieur
de Pédagogie de Bukavu (ISP). Concrètement l’équipe, d’une quinzaine de personnes, organise des séminaires, rédige des fiches pédagogiques et mène plusieurs recherches.
Dans le cadre d'un accord bilatéral de
coopération entre la Région wallonne et
l'Estonie, une délégation estonnienne a
été accueillie les 5 et 6 décembre derniers
en Province de Namur.
En août 2002, le Directeur général
de l’Institut supérieur de pédagogie de Bukavu,
et Marcel Rémon, promoteur belge du projet
interuniversitaire ciblé et professeur
aux FUNDP, signent à Bukavu le protocole
de gestion du projet destiné à soutenir
l’enseignement des sciences au Congo.
Ces trois dernières années, l’équipe de
pédagogie des sciences de l’ISP de Bukavu
s’est montrée particulièrement dynamique.
Encadrés par des chercheurs seniors, les
jeunes se forment au métier de la recherche. L’équipe, en contact avec le terrain,
rédige des fiches pédagogiques pour aider
les professeurs du secondaire de la région
et organise des séminaires. Ensemble, ils
abordent des questions très concrètes et
empreintes des difficultés locales: comment gérer le manque de moyens et, par
exemple, comment mener de petites expériences peu coûteuses en physique, comment enseigner la géographie sans carte?
«Je suis très impressionné par ce qu’ils ont
pu accomplir avec le peu de moyens dont
ils disposaient», se réjouit Marcel Rémon,
professeur namurois responsable du projet.
«Comme la région est en guerre, nous
avons plus misé sur les gens que sur le
matériel en proie aux pillages».
Nombre des chercheurs de Bukavu sont
venus à Namur pendant quelques mois
pour se former à la pédagogie par le multimédia, obtenir un diplôme d’études spécialisées ou approfondies ou encore se préparer au doctorat. Ils ont également reçu la
visite de trois professeurs namurois,
Marcel Rémon, Jean Vandenhaute et
Gisèle Vernier, et de Jacques Navez de
l’Université de Liège.
Partis du constat que la carrière de professeur en sciences attirait peu d’étudiants
congolais, les partenaires du projet ont
relancé l’équipe de l’ISP de Bukavu.
Résultats: l’équipe est renouvelée et redynamisée, et les cours actualisés.
Aujourd’hui, le projet prend fin mais les
partenaires en ont déjà un autre en tête:
créer une école doctorale en collaboration
avec l’Université pédagogique de
Kinshasa.
A.M.
Libre cours janvier 2006
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À cette occasion, le professeur Paul Thiry,
administrateur en charge de la recherche,
a détaillé à des représentants de l'université de Tartu ( qui compte deux prix Nobel
en physique et en chimie), les sujets de
recherche des FUNDP principalement liés
aux facultés de sciences et de médecine.
Les spin-offs namuroises ont également
fait l'objet d'une présentation aux hôtes
estoniens qui furent impressionnés par la
qualité des travaux.
L'université de Tartu a invité les FUNDP à
une visite de leurs laboratoires.
Mission économique
Les Facs à l’Est :
Moscou et
Saint Petersbourg
Philippe Lambin (à droite), doyen de la
Faculté des sciences namuroise, et Olivier
Hostens (à gauche), directeur du Service des
relations extérieures, ont participé à une
mission économique de l’AWEX (Agence
Wallonne à l’EXportation) en Russie. Ils ont
rencontré des représentants des universités
installées à Moscou et à Saint Petersbourg.
Leur mission devrait aboutir à des collaborations scientifiques avec l’Université Lomonossov, la plus grande de Russie, dans les
domaines de la chimie et de la physique.
International
Mille bracelets pour la solidarité
Combiner sensibilisation et amusement s’avère souvent difficile. C’est pourtant ce que la FUCID (Fondation universitaire
pour la coopération internationale au développement) a réalisé
pendant une semaine. Le thème : les objectifs du millénaire
pour le développement. Le moyen : des bracelets de couleur et
un spectacle.
Du lundi 28 novembre au jeudi 1er décembre, l’équipe de la FUCID a vendu des bracelets de couleur symbolisant une cause
particulière. Le rose pour l’espoir, le blanc
contre la faim, le rouge pour l’Afrique et le
bleu pour les sans-logis. Chaque bracelet
vendu au prix de 2 euros donnait accès au
spectacle de Sam Touzani.
Dans son spectacle, «One Human Show»,
Sam Touzani est revenu sur son histoire
personnelle de fils d’immigré, né dans les
Marolles. Il explique avec un humour très
pinçant la vie des jeunes de la deuxième
génération tiraillés entre la culture traditionnelle de leurs parents et le mode de vie
« à la belge». Sur scène, le comédien exprime son envie d’une société plus juste et
plus solidaire. Il a d’ailleurs salué la campagne menée par la FUCID pour ses objectifs qui lui semblent essentiels.
La FUCID a également organisé deux
conférences. Philippe Mahoux, président
du groupe PS au Sénat, Brigitte Ernst,
députée écolo, membre de la commission
mondialisation et Robert Mabala, secrétaire
exécutif du CNONGD Kinshasa (Conseil
National des ONG-Développement), se
sont interrogés sur ce que fait concrètement la Belgique pour lutter contre la pauvreté dans le monde. Lors de la seconde
conférence, Jean-Philippe Platteau (professeur à la Faculté des sciences économiques, sociales et de gestion) a livré son
point de vue sur les objectifs du millénaire
qui sont, selon lui, irréalisables à court
terme (voir Libre cours n°55).
François Reman
Maroc
Manfred Peters ambassadeur
du multilinguisme
À la demande du Service de Coopération et
d’Action Culturelle de l’Ambassade de
France à Rabat, Manfred Peters, professeur
au Département de langues et littératures
germaniques et président de l’Association
des facultés ou établissements de lettres et
sciences humaines des universités d’expression française, a participé, comme seul
expert belge, à un débat sur le multilinguisme au Maroc (Rabat, 5-6 octobre
2005).
Le Maroc, pays plurilingue, a récemment
affirmé, dans sa Charte de l’enseignement,
l’importance d’une réflexion sur la place et
le rôle respectifs des différentes langues en
présence dans le champ scolaire: le français, première langue étrangère, est ensei-
mais l’objet d’un apprentissage dans plusieurs centaines d’écoles du Royaume; en
outre, l’enfant marocain qui entend et pratique l’arabe dialectal doit accéder, au
cours de sa scolarité, à la maîtrise de l’arabe
classique. C’est dire combien la situation
est complexe.
Manfred Peters a présenté une communication sur les bénéfices et les problèmes liés
au bilinguisme précoce. Il a également
animé un atelier sur la même problématique.
Par ailleurs, il a donné, à la Fondation
Orient-Occident, une conférence publique
sur le thème « Plurilinguisme, enjeux
identitaires et développement personnel».
Cette dernière manifestation était organisée conjointement par l’Institut français de
Rabat et la délégation Wallonie-Bruxelles.
gné dès la deuxième année; l’amazigh
RLC
(variante de la langue berbère) fait désor-
Libre cours janvier 2006
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Culture et enseignement
Sciences au quotidien
Sciences et littérature
Les sciences se livrent
L’écrivain est-il influencé par les sciences et le scientifique
par l’imaginaire ? L’Unité de diffusion des sciences de l’Université
de Namur a récemment proposé la première rencontre entre le
géologue namurois Vincent Hallet et l’écrivain Bernard Tirtiaux.
Pour leur poser des questions : une vingtaine d’élèves de l’école
Sainte Ursule de Namur. Ils ont lu le livre de Bernard Tirtiaux
dans le cadre de leur cours de français et ont assisté au débat
avec leur professeur de sciences. Une belle expérience interdisciplinaire.
Bernard tirtiaux,
l’auteur du Puisatier
des abîmes face à
Vincent Hallet,
professeur de géologie
aux FUNDP.
Dans son livre, Le puisatier des abîmes, Bernard Tirtiaux raconte l’histoire d’un scientifique qui imagine et met au point une méthode de forage capable d’atteindre le magma terrestre afin d’y brûler les déchets nucléaires. Si Vincent Hallet, géologue aux FUNDP,
doute de la faisabilité de cette idée, le débat entre les deux invités n’en reste pas moins
intéressant.
Les élèves ont apprécié: « C’est la première fois que je rencontre un écrivain et j’ai trouvé très intéressant de voir que c’est un homme ouvert qui se préoccupe de l’avenir de la
planète, qui propose des solutions. Je n’aurais jamais imaginé toutes les démarches qu’il
a dû entreprendre pour écrire ce roman. Ses points de vue étaient instructifs, surtout les
confrontations avec le géologue» confie un élève. Même les moins scientifiques ont été
séduits: « Les sciences ne sont pas le domaine dans lequel je suis le plus à l’aise. Et là,
j’avais envie d’écouter les points de vue du géologue et de l’écrivain», insiste une élève.
Forte de ce succès, l’équipe d’Atout sciences réédite l’expérience pour le grand public le
9 février en collaboration avec la librairie Point-Virgule. Le livre choisi est celui de Fred
Jerome Einstein, un traître pour le FBI traduit par Nicole Decostre et paru aux éditions
Frison-Roche.
Comment naît, se développe, se fabrique et
se recycle un produit de la vie quotidienne?
C’est ce que le projet «Sciences au quotidien», porté par le réseau SCITE et financé
par la Région wallonne, entend faire découvrir aux élèves du secondaire. Concrètement,
ces derniers sont invités à mener des expériences sur un objet de la vie courante, fabriqué ou conçu en Wallonie, en partenariat
avec l’unité de diffusion des sciences d’une
université francophone et une entreprise. Les
élèves du namurois ont activement participé
à ce projet et ont pu compter sur l’appui de
l’équipe d’Atout sciences (unité de diffusion
des sciences des FUNDP). Certains d’entre
eux ont eu la chance de présenter, lors d’une
exposition organisée au Bois du Cazier, leur
expérience sur des produits wallons: la boule
à vague, l’épuration des sols et les jus de
fruits bio…
Parmi les visiteurs de l’exposition «Sciences au
quotidien», et en grande discussion avec Marie
Botman (Atout sciences, FUNDP), on reconnaît
Philippe Busquin. Il a insisté sur l’importance
d’éveiller les jeunes à l’intérêt des sciences pour
l’avenir de l’Europe.
Info : [email protected]
A.M.
Info : [email protected]
2.200 personnes pour fêter la physique
L’action namuroise «2005, année mondiale de la Physique» s’est terminée ce 24 novembre avec
la conférence de Paul Thiry (professeur à la Faculté des sciences) sur le laser. Cette action a
permis de montrer la vitalité éclatante de la physique dans le monde et aux Facultés. Des conférences, des activités interactives créées par les étudiants, une exposition, de la physique et du
cinéma,…toutes ces activités ont montré le rôle fondamental de la physique dans le développement de la société et les nouveaux défis qu’elle suscite dans toutes les applications de la science.
À Namur grâce au dynamisme du Département de physique et d’Atout sciences, l’année de la
physique a été un succès et a réuni plus de 2.200 personnes.
Libre cours janvier 2006
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Exposition Einstein,
une première expérience réussie pour
le Département de physique et Atout sciences.
Culture et enseignement
Formation à Namur
Gérer la formation et le changement
dans les organisations
Pour aider les gestionnaires de la formation à faire face aux
exigences de leur organisation et à anticiper le changement,
les Facultés universitaires namuroises, l’Université de
Sherbrooke (Québec) et l’Unité des sciences hospitalières de
l’UCL proposent une formation continuée d’un an.
Depuis sa création il y a cinq ans, le programme a pris une nouvelle direction s’ouvrant à un nouveau public et s’orientant
davantage vers la gestion du changement.
« Le public s’est diversifié, des personnes
issues des secteurs hospitalier et scolaire suivent aujourd’hui la formation. C’est pourquoi nous avons recentré le programme sur
l’analyse et la gestion du changement »,
explique Karine Dejean, du Département
éducation et technologie des Facultés.
Qu’y apprend-on? L’analyse des besoins de
formation, les conditions et méthodes de
développement personnel et professionnel, la
gestion du changement, le transfert des acquis
en situation de travail, les méthodes de formation et d’évaluation, la gestion des compétences, l’accompagnement individuel et collec-
tif... L’alternance des intervenants, belges ou
québécois, allant des universitaires aux
consultants en passant par des témoins, offre
une multiplicité de points de vue et une formation qui allie théories, formalisation d’expériences de terrain et stratégies d’intervention.
Pratique et théories
intimement liées
En pratique, chaque participant travaille sur
une problématique rencontrée au sein de son
organisation. Il pose d’abord le problème au
sein du groupe en formation qui l’analyse et
en dégage des pistes d’action. L’apprenant les
implante ensuite sur le terrain et puis rapporte
au groupe son expérience et ses enseignements (co-développement). La formation se
fonde ainsi sur la confrontation des pratiques
« Gérer la formation et le changement
dans les organisations: un rôle stratégique
en redéfinition» souligne Karine Dejean
du Département éducation et technologie
des Facultés.
enrichies par l’apport de modèles académiques et de méthodologies d’intervention.
L’évaluation des participants est également
en lien avec les pratiques, puisqu’ils doivent
réaliser un mémoire ancré dans leur réalité
professionnelle. Un dispositif qui repose sur
le transfert des acquis sur le lieu de travail.
A.M.
Info : Karine Dejean
[email protected]
081/72 50 67
Outil pédagogique on line
www.sociolog.be
Le nouveau site Internet www.sociolog.be,
développé par les Facultés universitaires de
Namur, propose aux enseignants et aux étudiants de nombreux outils pour apprendre la
sociologie et mettre les théories à l’épreuve
de la réalité. Photos, statistiques, vidéos,
extraits d’articles de presse, de romans,… les
documents proposés relèvent de la réalité ou
de la fiction. Ils sont tous accompagnés d’une
consigne (à quelle théorie se référer, quels
concepts étudier,…), de corrigés et de
quelques notes sur les erreurs fréquentes.
Les nombreux exercices repris sur le site permettent aux étudiants d’utiliser le savoir
sociologique comme une " boîte à outils"
pour comprendre la réalité sociale et la place
des individus dans cette réalité. Les auteurs
proposent, par exemple, d’étudier un article
de presse sur l’entrée de la Turquie dans
l’Union européenne à la lumière des deux
visions du lien social proposées par le sociologue Tonnies. Si cet exercice permet à l’apprenant de mieux comprendre la théorie, il
vise aussi à saisir les véritables enjeux du
débat européen.
Vivier d’exercices
«Nous savons qu'il est difficile de repérer des
matériaux adéquats, surtout si l'on souhaite
des sources diversifiées et d'actualité »,
explique Natalie Rigaux (Faculté des sciences économiques, sociales et de gestion).
«D'où l'idée de concevoir et de maintenir la
gestion d'un site d'accès gratuit proposant
aux enseignants de mettre en partage les
"exercices" qu'ils utilisent pour introduire les
étudiants à la démarche sociologique.»
Natalie Rigaux et Anne Piret (Faculté des
sciences économiques, sociales et de gestion)
ainsi que la Cellule TICE (Cellule Technologies de l'Information et de la Communication pour l'Enseignement), à l’origine du
projet, espèrent aujourd’hui que le site sera
alimenté par des sociologues de différents pays
– y compris du Sud –, et qu’il devienne un
large outil d’échanges sur la pédagogie de la
sociologie et un outil d’enseignement à
distance.
Un forum leur offre également la possibilité
d’échanger de leurs pratiques.
A.M.
Libre cours janvier 2006
13
Parcours d’ ancien
Martine Ernst, romaniste
et journaliste à la RTBF
Liégeoise d’origine, Martine Ernst choisit les FUNDP pour étudier les romanes.
Elle garde le souvenir de professeurs qui
montraient beaucoup d’humanité à l’égard de leurs étudiants. Après les romanes, elle enseigne dans le secondaire et se
lance dans des études de communication… rapidement écourtées pour entrer
à la RTBF. Elle réalise aujourd’hui des
reportages pour deux émissions de la
Une.
✗ Entre les romanes et le journalisme
« télé», il y a un pas…
Je souhaitais faire des études de journalisme, mais mes parents, craignant un
manque de débouchés, m’ont incitée à
commencer par les études de romanes. À la
fin de mes études, j’ai rencontré mon
mari… Il a bien fallu travailler! J’ai d’abord été pion dans une école secondaire à
Liège, puis je suis entrée à l’Institut technique et professionnel de Malmédy comme
professeur de français, d’histoire et de
sciences humaines à temps partiel. J’en ai
profité pour reprendre des études de communication à l’Université de Liège. C’est
dans ce cadre que j’ai commencé un stage
à la RTBF Liège. Quand la RTBF m’a proposé un contrat de 15 jours au Centre de
production de Liège, j’ai dit oui! J’ai fait
mes premières armes en radio, en apprenant le métier « sur le tas ». Je suis passée
en TV dès que j’ai pu, c’est l’image qui
m’intéressait.
✗ Qu’est-ce qui vous conduit à choisir
les études de romanes à 18 ans?
J’aimais la lecture et l’écriture. J’ai beaucoup aimé cette formation, l’ouverture aux
auteurs, à l’histoire, à la philosophie,…
✗ Vous pensiez enseigner ?
Lorsque je me suis inscrite en romanes, je
me suis dit «Voilà, Martine, tu seras prof!»
J’ai enseigné cinq ans, j’en ai retiré beaucoup de joie et de bonheur, même si je ne
Libre cours janvier 2006
14
me voyais pas répondre à l’appel de la
cloche toute ma vie! J’avais envie de rencontrer des univers différents, aller à la
recherche de l’humain. Étant timide et
réservée, le travail de journaliste était un
prétexte pour aller vers les autres.
✗ Vous avez traité plusieurs dossiers
judiciaires pour la RTBF…
André Cools s’est fait assassiner en 91,
nous étions quatre à être chargées par le
rédacteur en chef de suivre l’affaire. J’ai
ainsi été amenée à couvrir des affaires judiciaires et cela me plaisait. J’apprécie le
côté humain, le côté enquête, la recherche
de l’énigme… J’ai d’ailleurs fait mon
mémoire sur le roman policier! J’ai également couvert le procès Dutroux pour la
RTBF.
✗ Et aujourd’hui ?
Après le procès Dutroux, j’ai demandé de
ne plus travailler pour le JT. Avec un mari
travaillant à l’étranger et deux enfants,
il devenait ingérable d’assurer les gardes,
de couvrir des urgences à 20 heures, etc.
Je travaille maintenant pour l’émission
« Au quotidien » et pour le magazine
« Questions à la une». Les journalistes proposent leurs idées de reportage, un sujet
prenant plus ou moins deux jours de travail.
Cela me permet d’assurer une présence au
niveau familial et de trouver un épanouissement professionnel.
✗ Le journaliste peut-il ou doit-il être
critique dans la présentation des
informations?
La déontologie de la RTBF requiert l’impartialité, l’objectivité, l’honnêteté, l’équilibre des points de vue, le recoupement des
sources. Cependant, le journaliste ne travaille pas nécessairement de la même
manière pour le JT ou pour un magazine.
Dans « Questions à la une» par exemple,
on observe une évolution vers la présenta-
tion d’une information dérangeante, qui
suscite le débat, soulève des polémiques…
On quitte le terrain de l’objectivité pure et
dure pour faire réagir les gens.
✗ Le métier de journaliste est assez
«tendance» chez les jeunes, mais
les places sont chères: que leur
conseiller pour y arriver?
Il n’est pas nécessaire d’avoir en poche une
licence en communication pour être journaliste. Le droit, les sciences politiques, les
romanes, etc. peuvent y conduire. Les jeunes doivent écouter leur cœur et choisir
leurs études en conséquence. Comme jeune
journaliste, ils feront un peu de tout mais,
au fil du temps, ils pourront s’orienter dans
une fonction plus précise et traiter des dossiers dans leur domaine de spécialisation
parce qu’ils y apporteront une valeur ajoutée.
✗ Une association des anciens
romanistes de Namur est en cours
de constitution: cela manquait
dans votre vie?
(Rires) Je n’ai vraiment pas le temps! Cela
m’intéresserait d’avoir des nouvelles mais
participer à des rencontres… Je n’y arrive
déjà pas avec mon entourage tout proche!
Le jour où je passe à mi-temps…
Propos recueillis par
Florence de La Vallée
Parcours d’ ancien
Raymond Paquay dépose
ses multiples casquettes
Le professeur Jean-Marie Giffroy, du Département
de médecine vétérinaire, a salué ses années de
travail aux côtés du professeur Raymond Paquay:
«32 ans de collaboration sans aucune dispute
car nous étions guidés par la volonté commune
de service à la société, à l’étudiant, et aux plus
démunis de ce monde».
Collègues, anciens étudiants et amis se sont
succédés en octobre dernier pour évoquer la
carrière bien remplie du professeur Raymond
Paquay, à l’occasion de son admission à l’éméritat. Le recteur a remercié en son nom et
au nom de la communauté universitaire cet
« homme d’écoute et de décision, soucieux du
respect de chacun et capable de trancher
quand le bien commun est en cause». Tous se
sont accordés pour souligner l’incroyable
puissance de travail, la personnalité entreprenante et la disponibilité du professeur.
Raymond Paquay a en effet ajouté à ses 32
années de professorat au Département de
médecine vétérinaire une série de mandats au
sein des FUNDP: administrateur des
Facultés, secrétaire général, doyen de la
Faculté des sciences, directeur de la
Bibliothèque universitaire, directeur de laboratoire… Et si on lui demande comment il a
pu accumuler une masse si importante de travail, il répond avec humour qu’il l’a fait faire
par les autres! Mais le cœur de son travail
restait bien entendu l’enseignement, comme
il l’a lui-même confié: « Au départ, je voulais
faire tout sauf l’enseignement. Pourtant
aujourd’hui, mon plus grand regret est de ne
plus donner cours à mes vétérinaires ».
Raymond Paquay a également tenu à rappeler
qu’une mission importante de sa vie de professeur d’université a été le service à la communauté, « même à une époque où cette
dimension de la carrière académique était
encore peu présente dans les mentalités»: il a
largement promu l’implication du laboratoire
de recherche ovine dans la vie socio-économique de la Région wallonne, ainsi que dans
Le professeur se prépare à d’autres tâches et d’autres enseignements auprès de ses petits-enfants…
la coopération au développement. Philippe
Lambin, doyen de la Faculté des sciences, a
confirmé ce souci de service à la société:
« Monsieur Paquay a revalorisé le service à
la société grâce à ses initiatives en matière de
promotion des sciences (Espace sciences
Arrupe, Atout sciences…) et de développement des outils multimédias (Unité d’appui
multimédia…)».
Elisabeth Donnay
Colloque en astronomie
Deux vedettes : Jacques Henrard et Mercure
De quoi parlent ces grands astronomes, européens et américains, venus en nombre à Namur ? De la rotation des corps et
du professeur Jacques Henrard, à qui ils sont venus rendre
hommage pour son admission à l’éméritat. Le professeur
namurois a, au cours de sa carrière, étudié la rotation de la
Lune et des satellites galiléens. De plus, l’équipe qui prend
aujourd’hui sa relève travaille, elle aussi, sur la rotation… de
Mercure.
Lors des deux jours de colloque, les astronomes ont fait la part belle à Mercure.
Après des années de désintérêt scientifique, deux missions spatiales sont consacrées à la connaissance de cette planète tellurique: la NASA a lancé en 2004 la
sonde Messenger et l’Agence spatiale européenne (ESA) lancera la sonde
BepiColombo en 2012. Une mission à laquelle l’Unité de systèmes dynamiques
namuroise, composée de huit personnes, participe. Les scientifiques attendent
beaucoup de ces missions. Les données récoltées devraient notamment permettre
de mieux connaître la rotation de Mercure et de déterminer si son noyau est solide ou liquide. Tentez l’expérience: dur ou cru, l’œuf ne tourne pas de la même
manière.
Jacques Henrard, après 35 ans de carrière aux Facultés, vient d’accéder à
l’éméritat. Professeur ordinaire
depuis 1974, il a marqué plusieurs
générations d’étudiants de mathématique ou de physique par ses cours un
peu brouillons, mais de haut niveau de réflexion, en mécanique, systèmes
dynamiques et théorie des perturbations.
Il a créé, au Département de mathématique, une équipe de recherche en
mécanique céleste, spécialiste du formalisme hamiltonien, unique en
Belgique. Editeur de revues scientifiques, auteur de publications, membre
de jurys de thèses, collaborateur de projets, Jacques Henrard a acquis une
réputation internationale incontestable, d’expertise, de sérieux et de compétence. Dans cette communauté de chercheurs à la frontière entre les
mathématiques et l’astronomie, il a également tissé de nombreux liens
personnels d’estime et d’amitié.
Le grand public n’a pas été oublié: Eric Bois, de l’Observatoire de la Côte d’Azur,
a donné une conférence sur le thème « Mercure, la revanche de la planète oubliée».
Le succès de cette soirée laisse à penser que sa revanche est prise…
Toujours disponible, doté d’une mémoire exceptionnelle et d’un cerveau
très organisé, d’une perpétuelle bonne humeur et d’un optimisme inébranlable, il reste un membre actif de l’équipe de Systèmes Dynamiques dans
laquelle il assume la responsabilité de deux doctorats, prévus pour 2006 et
2008, et reste «l’oracle» de tous les chercheurs.
A.M.
Anne Lemaître
Libre cours janvier 2006
15
90 jours
Wallons-nous ?
Les étudiants namurois interrogent
les présidents de partis
Devant un auditoire de 400 étudiants, Elio Di Rupo (PS), Joëlle Milquet (CDh),
Serge Kubla (MR) et Jean-Michel Javaux (Ecolo) débattent du Plan Marshall. Si
chacun reconnaît à celui-ci le mérite d’exister, du côté de la majorité, on se
félicite du choix des priorités, alors que dans les rangs du MR, on regrette le
saupoudrage. Jean-Michel Javaux aurait, quant à lui, préféré que le Plan mise
davantage sur les emplois de demain. Un débat animé suivi très attentivement
par les étudiants.
Le professeur Michel Mignolet (Faculté des
sciences économiques, sociales et de gestion)
ouvre la discussion en présentant les indicateurs économiques wallons, bruxellois et flamands. Le produit intérieur brut, le produit
régional brut et le revenu disponible des
ménages sont moins élevés en Wallonie qu’en
Flandre. Preuve de la nécessité d’un développement économique wallon. Un avis partagé
par le ministre président de la Région wallonne,
Elio Di Rupo.
ments donnent le cadre, via le Plan Marshall,
il appartient à tous les acteurs (patrons, syndicats, mondes associatif et intellectuel,…)
de donner l’impulsion. Le président du PS va
plus loin encore, relativisant même le rôle du
Parlement wallon: « Quand on fait le total
des budgets, le Gouvernement wallon ne
gère en fait que 10% des budgets publics
consacrés aux Wallons». La responsabilité
du développement économique de la
Wallonie est donc partagée, y compris avec
les libéraux, actifs au niveau fédéral.
Elio Di Rupo : Chacun est
responsable du développement
économique wallon
Serge Kubla condamne
S’il reconnaît que depuis quelques années
les universités prennent plus en considération
les difficultés de la société, Elio Di Rupo remarque
qu’il y a encore du chemin à faire.
S’il est d’accord avec ces chiffres, très vite le
ministre socialiste donne le ton du débat: tous
les acteurs sociaux et les trois familles politiques représentées aux différents niveaux de
pouvoir, à savoir PS, CDh et MR, sont
responsables du développement économique
de la Région. Les politiques sont des acteurs
de la société parmi d’autres. Si les gouverneLibre cours janvier 2006
16
«Voilà que le Gouvernement wallon devient
modeste. Il n’a que très peu de budget, très
peu de pouvoir», fustige Serge Kubla. «À
défaut des gouvernements, les partis en
ont!». Entre les mots, l e député MR (qui
représente son parti en l’absence de Didier
Reynders) ne manque pas de condamner le
PS d’avoir joué un rôle dans l’image négative et la mentalité d’ «assistés» des Wallons,
à qui on aurait offert trop de confort. Si la
Wallonie peut s’appuyer sur certains atouts,
elle compte aujourd’hui trop peu d’entreprises, trop petites, et souffre d’une image ternie par les grèves et les échecs des dernières
années. Pour Serge Kubla, le Plan Marshall
se perd dans l’absence de priorités: il aurait
davantage dû mettre l’accent sur la création
d’entreprises et l’aide au développement de
celles-ci.
Serge Kubla interpelle la majorité sur la rationalisation
des trop nombreuses institutions interlocutrices des
entrepreneurs. «Y arriverez-vous politiquement?
J’en doute».
À la question que pouvons-nous faire en tant
qu’étudiants, Joëlle Milquet répond: «Formez-vous,
réussissez. Ce que vous apprenez aujourd’hui c’est
la plus grande richesse. Osez vous lancer.» Elle leur
conseille également de s’ouvrir, de se spécialiser,
de faire de la recherche et de ne pas avoir peur
des métiers techniques.
Joëlle Milquet : Travaillons
ensemble
Joëlle Milquet, présidente du CDh, tente la
conciliation: « Si à un moment donné on ne
se met pas d’accord sur un socle de base
pour les dix – quinze prochaines années,
qu’on soit dans la majorité ou l’opposition,
je pense qu’on rate la crédibilité par rapport
à l’extérieur». Pour la présidente du CDh, il
est nécessaire de se concentrer sur le développement du capital humain, la création
d’activité, l’image positive de notre fiscalité,
une politique d’emploi active, quelques pôles
d’activités et la modernisation de la gouvernance.
Jean-Michel Javaux :
Et les emplois de demain ?
Jean-Michel Javaux réclame un Plan Marshall
politique: plus de transparence et de légitimité
dans la gouvernance.
De son côté, Jean-Michel Javaux émet un
doute sur la faisabilité budgétaire du Plan
Marshall et s’interroge: les secteurs non
repris dans le Plan vont-ils passer à la trappe?
Il insiste sur la nécessité de soutenir le non
marchand. « Mon plus grand grief porte sur
le choix des filières. Je pense qu’il y en a des
porteuses mais on a joué gagnant, on a misé
sur les secteurs qui marchent bien aujourd’hui». Le secrétaire fédéral d’Ecolo aurait
aimé que le Plan Marshall investisse dans les
emplois de demain et, par exemple, dans le
secteur des énergies renouvelables.
A.M.
90 jours
Nouvelle crèche
La ministre de l’enfance sous le charme
La ministre Catherine Fonck a
visité la crèche des Facultés en
octobre dernier. Jeannine Degive,
directrice de l’établissement, lui a
présenté l’équipe, le fonctionnement et surtout le chantier du
nouveau bâtiment qui devrait être
inauguré au printemps. Les nouvelles infrastructures, plus spacieuses et plus lumineuses,
devraient permettre d’accueillir
six, voire douze enfants supplémentaires.
Enchantée… la ministre Catherine Fonck
est impressionnée par le projet de la nouvelle crèche: «On sent que l’aménagement
a été étudié par des personnes très expérimentées afin d’être adapté au mieux au
travail d’une crèche.» Tout y est pensé en
fonction des enfants, du projet pédagogique, de la logistique et surtout des normes de sécurité très strictes.
Catherine Fonck a pu apprécier le travail des
puéricultrices et en a profité pour saluer une de
leurs grandes qualités: la patience!
Lors de sa visite, la ministre a même pris le
temps de jouer à la pâte à modeler avec Lucas.
Visiblement, elle n’a pas perdu la main…
Jeannine Degive, directrice de la crèche des
Facultés, se réjouit de pouvoir accueillir six,
voire douze enfants supplémentaires et attend
avec impatience de pouvoir s’installer dans
les nouveaux locaux:« Nous devions refuser
tellement d’enfants».
Avec ses 700m2, le nouveau bâtiment permettra d’accueillir six enfants supplémentaires, passant de 36 à 42, voire 48 places,
si toutefois la Communauté française permet l’engagement d’une puéricultrice.
Et… bonne nouvelle : la ministre s’y engage.
Venue dans le cadre de son plan «Cigogne
2» qui vise la création de 8.000 places supplémentaires dans les crèches de la
Communauté française, elle en a profité
pour encourager, via la presse, d’autres
crèches à ouvrir de nouvelles places. Une
nécessité lorsqu’on sait que les listes
d’attente des inscriptions sont souvent très
longues.
A.M.
Au grand Saint Nicolas patron des étudiants…
Près de mille étudiants ont déambulé dans les
rues de Namur pour fêter la Saint Nicolas.
Parmi eux, on reconnaît quelques super
héros. C’est en tout cas le thème qui avait
été retenu par l’Assemblée Générale des
Étudiants (AGE) pour cette année. Après
son tour dans les auditoires, le grand Saint
a ouvert le cortège et accompagné les
étudiants jusqu’au traditionnel bal.
Un Saint Nicolas plus jeune. Guy Delvaux
qui a pleinement joué son rôle de Saint Nicolas des
étudiants de Namur pendant plus de 20 ans nous
a quittés l’année dernière. Pas facile de lui trouver un
remplaçant. C’est Christian Scaut, l’ancien
permanent de l’AGE, qui a finalement repris
son flambeau… peut-être pour quelques années!
A.M.
Libre cours janvier 2006
17
« VITE DIT »
90 jours
L’entrepreneuriat
pour tous
Le Namur Entrepreneurship
Center relance ses filets
Une vague de rêve, de passion et de ténacité charrie les nombreux étudiants namurois venus larguer les amarres de la troisième édition du « Namur Entrepreneurship Center » (NEC).
Peggy Bouchet, la première femme à avoir traversé
l’Atlantique à la rame, et de nombreux entrepreneurs témoignent de leur formidable aventure invitant le public à glisser
au-dessus de la peur du risque et de l’échec.
dur, c’est de repartir avoue Peggy. L’échec
en Europe est tabou mais il faut l’accepter
et se dire: j’ai failli réussir donc je recommence.
Peggy Bouchet, première femme à avoir
traversé l’Atlantique à la rame, partage ses
sentiments avec les nombreux entrepreneurs
venus inaugurer le NEC. Pour entreprendre
il faut rêver, convaincre, oser, même
après l’échec…
Et les exemples concrets, tangibles et
accessibles n’ont pas manqué! Ainsi, cet
ancien étudiant des Facultés, Alain
Jacques, qui de la vente de Tee-shirt durant
ses études, se retrouve quelques années
plus tard à la tête d’une entreprise de 15
personnes. Son business : la production
d'impressions et de broderies sur textile
publicitaire.
«Ce n’est pas parce que les choses sont
difficiles que nous n’osons pas, mais parce
que nous n’osons pas que c’est difficile».
C’est avec cette maxime de Sénèque que
Peggy Bouchet a grandi, affiné et réalisé
son rêve. L’aventurière explique: le plus
difficile c’est de convaincre les sponsors et
les banquiers. Passionnée, elle persuade et
se lance. Sa première tentative échoue à
quelques miles de la ligne d’arrivée. Échec
ou plutôt « victoire inachevée». Le plus
Libre cours janvier 2006
18
Dans la salle, de nombreux entrepreneurs
partagent les mêmes sentiments. À la base
de toute entreprise il y a la passion, les projets. Le NEC est là pour les détecter et les
faire évoluer vers la création d’entreprises.
Il offre gratuitement un programme de formation et le coaching d’un expert. Michel
Salmon et Nathalie Belot, créateurs de la
spin-off StratiCell (issue des Facultés universitaires de Namur) témoignent de l’opportunité que représente un tel programme: l’innovation, la technologie, ils l’avaient, mais de là à créer StratiCell…
Comme 37 autres entrepreneurs en herbe,
ils ont saisi l’occasion. À ce jour le NEC a
permis la création effective de trois entreprises. Il soutient aussi un nombre significatif de projets toujours en développement.
Initié par le Bureau économique de la
Province de Namur, les Facultés de Namur
et de Gembloux, le NEC est ouvert aux
étudiants, aux anciens et au personnel des
universités et des hautes écoles de la
Province. Nouveauté: les projets peuvent
être déposés toute l’année. Conditions : un
projet innovant et créateur de valeur ajoutée et des candidats ayant une réelle volonté de le réaliser. Comme Peggy Bouchet,
peut-être aurez-vous aussi un jour la satisfaction de dire: «Ça y est, je l’ai fait, j’y
suis arrivée!».
A.M.
Depuis un an, l’Université de Namur propose un cours interfacultaire d’introduction à
l’entrepreneuriat, ouvert à tous, étudiants ou
non. Ses objectifs: démystifier la démarche
entrepreneuriale, sensibiliser aux différentes
étapes et démarches de valorisation de la
recherche et développer l’esprit d’entreprendre dans tous les aspects de la vie professionnelle et sociale.
Le professeur Van Wymeersch y développe
successivement une analyse du phénomène
d'entreprendre et de son importance dans l'économie, les différentes étapes de la réalisation d'un projet entrepreneurial, et quelques
domaines particuliers, tels que reprendre une
entreprise, entreprendre dans les sciences,
entreprendre dans l'économie sociale, ou
encore entreprendre après l’échec. De nombreux entrepreneurs sont invités à témoigner.
Le cours, soutenu par la fondation FREE
(Fondation pour la Recherche et
l’Enseignement de l’Esprit d’entreprendre),
a été développé en collaboration avec les
autres universités de la Communauté française dont certaines le proposent également.
Si l’année dernière ce sont surtout les
étudiants en informatique et droit qui se
sont inscrits, le professeur namurois compte
toucher cette année les autres disciplines.
Infos : http://www.fundp.ac.be/etudes
programme/cours/fr/FINT0017.html ou
[email protected]
« VITE DIT »
Concrétiser le lien
technologie gestion : immersion !
Pour concrétiser la création d’entreprise, le
Département des sciences de gestion propose
quelques cours et séminaires à ses étudiants.
« Les étudiants sont de futurs ingénieurs mais
ils n’ont jamais vu une usine.» Un constat que
le professeur Van Wymeersch a décidé de contrer
www.nec-namur.be
en organisant, dans le cadre de son séminaire
technologie et gestion, des visites d’entrepri-
90 jours
Club des étudiants entrepreneurs de Namur
Oseriez-vous entreprendre ?
« Est-ce que je peux entreprendre ? Pourquoi oui et pourquoi non ? Que la
réponse soit positive ou négative, si l’étudiant est au moins entré dans cette
démarche de questionnement, notre pari est gagné » explique Yacine Eddial,
vice-président du Club des étudiants entrepreneurs de Namur. Créé il y a deux
ans, celui-ci compte aujourd’hui 170 membres et est animé par un comité de
13 personnes, essentiellement des économistes mais aussi des informaticiens. Et pourquoi pas des étudiants d’autres facultés ? Le comité y travaille
et aimerait par exemple davantage toucher les futurs médecins.
L’objectif du groupe namurois est de sensibiliser à l’esprit d’entreprendre, compris au
sens large: la création d’une activité qu’elle
touche au business, au non marchand ou à
l’humanitaire. Il offre à ses membres la chance de vivre une expérience concrète (organiser un événement, chercher des sponsors,
faire la promotion de leurs activités) et de
rencontrer de nombreux entrepreneurs.
Concrètement, le Club propose des « soupers
tournants», durant lesquels un entrepreneur
partage son expérience avec six étudiants puis
change de table, des conférences, des visites
d’entreprises… Ses membres participent également à des jeux de simulations d’entreprises. Un plus sur le CV? Assurément.
« En Belgique, les gens ont peur de se lancer
parce qu’ils craignent de perdre de l’argent»
regrette Yacine Eddial, vice-président du Club
des étudiants entrepreneurs de Namur.
Étudiants entrepreneurs au Québec
Le Club des étudiants entrepreneurs
de Namur a dernièrement organisé une soirée
«Génération entreprendre». Au programme:
théâtre, improvisation, témoignages et
rencontres. Un succès à Namur, puisque
la soirée a réuni près de 400 personnes.
Trois étudiants ont eu la chance d’assister à
un colloque d’étudiants entrepreneurs au
Québec. Yacine Eddial, qui était du voyage,
est marqué par le décalage de culture entre le
Canada et la Belgique: « Là-bas tout est fait
pour favoriser et sensibiliser à l’entrepreneuriat. En Belgique, on nous dit dès notre plus
jeune âge: travaille bien à l’école puis à l’université et tu auras un bon emploi. Au
Québec le message est très différent: vis tes
passions, ose, lance-toi.»
Conférence
Astronomie :
le nez dans
les étoiles ?
Lors d’une conférence à Namur, Florent
Deleflie (ancien chercheur des FUNDP,
chercheur à l’Observatoire de la Côte
d’Azur) a prouvé que les astronomes
n’ont pas uniquement le nez dans les
étoiles. Au contraire, leur premier objet
d’observation est la Terre. Une diversité
incroyable de techniques et d’instruments leur permet de décrire le champ de
gravité de la Terre avec une précision
prodigieuse. Les océans jouent un rôle
prépondérant dans cette description et
des techniques spatiales spécifiques ont
été mises au point depuis plus d'une
vingtaine d'années pour prendre en
compte leurs mouvements. Aujourd'hui,
il est possible de mesurer avec des satellites artificiels le niveau des mers au centimètre près. Avec ces études, les scientifiques de l’Univers entrent dans le champ
des recherches environnementales et ont
désormais leur mot à dire sur le fonctionnement des catastrophes naturelles,
comme les tsunamis.
A.M.
A.M.
ses. Les étudiants sont invités à comprendre,
création d’une société basée sur celui-ci. Le
tion des idées et concepts, élaboration de stra-
à partir de cas concrets, le lien entre techno-
développement de nouveaux produits et ser-
tégies marketing,…). Une fois le produit créé,
logie et management: comment la création
vices est un élément crucial de la croissance
reste à monter l’entreprise. Une étape que
d’un site Web allège-t-elle la charge de travail
des entreprises et de la génération de leurs
Charles Van Wymeersch et Annick Castiaux
du personnel, quelles conséquences l’intro-
profits. C’est pourquoi Pietro Zidda couvre,
abordent
duction ou la modification d’une technologie
dans son cours « New Product Development»,
«Entrepreneurship and Business Development»
peuvent-elles avoir sur les investissements,…
les aspects non seulement managériaux mais
en invitant leurs étudiants à concevoir un pro-
également analytiques du développement et
jet d’entreprise concret à travers l’élaboration
Un cours ainsi qu’un autre séminaire, tous
de la gestion des produits et services (choix
d’un plan d’affaire et d’une projection finan-
deux donnés en anglais, traitent du dévelop-
des marchés à pénétrer et évaluation de leur
cière complète sur trois ans.
pement d’un produit ou d’un service et de la
potentiel, méthodes de génération et de sélec-
dans
leur
séminaire
A.M.
Infos : http://www.fundp.ac.be/etudes/programme/cours/fr/EING2210.html et
http://www.fundp.ac.be/etudes/programme/cours/fr/EING2281.html
Libre cours janvier 2006
19
90 jours
Coup d’envoi d’une nouvelle formation en marketing
Le « bon sens » s’invite à Namur
« Nous n’avons pas eu besoin du marketing pour créer notre
entreprise », c’est le message que Harry de Landtsheer (Le Pain
Quotidien) et Eric Domb (Paradisio) ont véhiculé lors de la soirée d’inauguration des formations de courte durée en marketing proposées par les Facultés universitaires de Namur et la
Fondation Marketing. Les organisateurs ne se sont pourtant
pas trompé d’invités. Ils ont pu, grâce aux témoignages de
ceux-ci, mettre en évidence que le marketing, contrairement
aux idées reçues, n’est pas une grosse machinerie utilisant
des outils coûteux, mais une philosophie : être à l’écoute des
autres et de soi-même.
Au Pain Quotidien, il n’y a pas de démarche marketing confie Harry de Landsheer. « Pour
lancer un produit, nous le testons directement auprès du client en le mettant en vente.» Pas
d’études de marché préalable, pas d’affiches ou de campagnes de publicité… Et pourtant
cette démarche ressemble fort à du marketing. Pietro Zidda, directeur du CeRCLe (Centre
de Recherche en Consommation et Loisirs), le souligne: le marketing, c’est aussi l’utilisation de méthodes, parfois très simples, permettant de rester à l’écoute du consommateur.
« J’ai, au départ, créé le Parc Paradisio pour moi »
Même son de cloche du côté du Parc Paradisio. Son créateur Eric Domb insiste: « Le parc
Paradisio a beaucoup de difficultés à faire du marketing. (…) Pourquoi le parc et le marketing ne fonctionnent-ils pas ensemble? Parce que les visiteurs sont très différents. Ils se
situent à l’opposé de la pyramide des âges. Les personnes plus âgées recherchent la tranquillité alors que les plus jeunes viennent s’y amuser. Et pourtant tous y cohabitent.(…)
Ce que nous avons fait, c’est inventer un concept: nous ne reconstituons pas la nature,
nous la rêvons».
«Paradisio est un excellent exemple de marketing avec une touche d’entrepreneurship en
plus», explique Pietro Zidda. Le marketing, c’est apprendre le plus de choses le plus rapidement possible pour faire moins d’erreurs. Aujourd’hui, il ne doit plus être envisagé
comme une technique agressive mais comme une démarche d’écoute du marché et aussi
de soi-même. L’image d’un produit ou d’une entreprise prend également sa source dans
l’identité souhaitée par l’entreprise. Alain Decrop, également membre du CeRCLe, insiste:
«Le parc Paradisio utilise la publicité et véhicule une image cohérente. Le logo et le nom
par exemple font référence au paradis, à l’idée de retrouver le paradis perdu.» N’est-ce
pas là aussi du marketing ?
La soirée organisée par Instima (Institut de formation de la Fondation Marketing) et le
CeRCLe a effacé certains clichés et a mis en évidence que le marketing est avant tout un
état d’esprit et pas seulement un outil. Il n’est pas non plus une affaire de grandes entreprises. Les PME, en formant une personne à quelques notions peuvent entrer dans une
démarche marketing et minimiser les risques d’échec.
C’est tendance !
Lors de la soirée de lancement des formations
MARKETrainING, Frédéric Brébant, rédacteur en chef adjoint du Weekend Le
Vif/l’Express, s’est livré à un petit exercice:
présenter les tendances actuelles de consommation à travers quelques exemples.
Aujourd’hui la tendance est au mélange des
genres et même à la fusion des contraires. Le
consommateur est complexe, torturé, paradoxal, fusionnel…
Seul et ensemble: Nous vivons de plus en
plus repliés sur nous-mêmes et en même
temps nous sommes de plus en plus ouverts
au monde, aux autres, aux inconnus via
Internet. Les internautes, seuls devant leur
ordinateur, se donnent par exemple rendezvous le temps de faire une danse des canards
ou même une soirée «câlins» durant laquelle
ils se prennent juste dans les bras pour se sentir moins seuls.
Homme et femme: L’homme hétérosexuel
revendique une part de féminité en faisant
très attention à son look. Saviez-vous que les
ventes de produits cosmétiques pour hommes
ont augmenté de 23% en cinq ans?
Nomade et sédentaire: Les «pop up stores»
sont des boutiques qui se sédentarisent
quelques jours puis disparaissent pour s’installer dans une autre ville.
Réel et virtuel: Les jeux vidéo à grand succès offrent au joueur la possibilité de mener
une autre vie quotidienne aussi banale que la
sienne.
À la base de toute entreprise il y a le « quoi» et le « comment». S’il est difficile d’apprendre le premier, qui relève surtout d’un projet, le « comment» peut facilement s’enseigner
et permet d’être plus efficace dès le début de la création de l’entreprise. Et c’est justement
ce qu’offrent les formations MARKETrainING proposées par Instima et le CeRCLe.
A.M.
Libre cours janvier 2006
20
Pour Pietro Zidda, Directeur du CeRCLe et
professeur de marketing aux FUNDP,
le marketing est avant tout un état d’esprit:
être à l’écoute!
90 jours
Distinctions
BioXpr : Spin-off namuroise primée par la
Belgian Bioindustries Association (BBA)
Christophe Lambert reçoit le « prix des industriels » du Fonds de Biotechnologie (FBBF)
attribué par la BBA pour la valorisation des résultats de sa thèse. Et quelle valorisation ! Sa thèse de doctorat a débouché sur la création de la spin-off BioXpr. Un beau
cadeau pour le deuxième anniversaire de cette jeune société qui a aussi été nominée
pour le prix économique de la province de Namur et le prix enterprize (Fonds des jeunes
entrepreneurs). Preuve que BioXpr avance à grands pas !
notre premier contrat avec EAT, spin-off
des FUNDP. Celui-ci nous a permis de
décrocher des contrats auprès de grandes
entreprises, essentiellement des multinationales, dans les secteurs pharmaceutique
et biotechnologique.»
Si au départ la spin-off offrait essentiellement des services (analyses de séquences
d’ADN, alignement de séquences multiples, aide à la conception de microdamiers
à ADN,…), elle propose aujourd’hui des
logiciels de bioinformatique sur mesure
livrés avec le code source. Le client peut
donc les installer sur tous ses ordinateurs
sans devoir payer de licences supplémentaires et les modifier en fonction de ses besoins.
Spin-off du Laboratoire de biologie moléculaire des FUNDP, BioXpr a été créée en
octobre 2003, par Benjamin Damien et
Christophe Lambert. Les développements
réalisés dans la thèse de Christophe
Lambert ont fait l’objet d’un transfert de
technologie de l’Université vers la spin-off.
BioXpr emploie aujourd’hui sept personnes et quatre stagiaires. «Les six premiers
mois ont été difficiles», confie Benjamin
Damien. « Les entreprises que nous rencontrions nous demandaient des références
que nous n’avions pas puisque nous nous
lancions à peine. Puis nous avons passé
BioXpr a acquis une renommée qui l’a
conduite à participer dans le cadre du Plan
Marshall au comité de pilotage du pôle de
compétitivité wallon consacré à la santé,
aux côtés de GSK, UCB, Eli Lily,
Eurogentec et Euroscreen. En 2005, la
spin-off a triplé son chiffre d’affaire par
rapport à 2004 et, selon les prévisions, elle
devrait encore doubler celui-ci en 2006.
A.M.
www.bioxpr.be
Encore une distinction pour Nanocyl
Nanocyl, spin-off namuroise, a reçu l’Alfer 2005, prix économique de la Province de
Namur, dans la catégorie innovation et créativité. Pour rappel, la spin-off, créée en 2002, est
active dans la production de nanotubes de carbone. Elle était également nominée pour le
prix wallon de l’innovation technologique.
www.nanocyl.be
Libre cours janvier 2006
21
90 jours
À lire
Jésuite et philosophe namurois,
Gérard Fourez raconte l’Évangile
Dans son livre L’Évangile raconté aux enfants de 8
à 88 ans, publié aux éditions Couleur livres, Gérard
Fourez, professeur émérite des FUNDP, se propose
de relire les récits évangéliques à la lumière des
grandes questions de nos contemporains. Un récit
proche de la vie et de l’expérience de chacun.
✗ Pourquoi raconter l’Évangile aux
enfants de 8 à 88 ans?
Beaucoup de parents et grands-parents
aimeraient, pour des raisons religieuses ou
culturelles, raconter l’Évangile à leurs
Prix Adrien Bauchau
enfants. Mais le texte, tel qu’il est, est difficilement buvable pour nos mentalités. Ce
livre est une occasion, pour des croyants ou
des non croyants, d’avoir un contact avec
l’Évangile. Pour cela, cependant, il importe que l’histoire parle et qu’on dépasse une
compréhension littérale, un peu naïve, du
texte.
✗ Et justement comment leur raconter?
J’ai travaillé le texte de sorte qu’il fasse
sens pour moi et je me suis rendu compte
qu’il faisait alors sens pour d’autres. Les
miracles, par exemple, qui apparaissent
parfois comme des tours de magie peuvent
être lus comme des événements qui ouvrent la réflexion.
✗ Dans votre livre, on peut lire que,
pour vous, l’Église catholique semble
manquer son rendez-vous avec le
21e siècle. Pourriez-vous expliquer
votre point de vue?
Géraldine Laloux reçoit le prix Adrien
Bauchau pour son mémoire, présenté en
juin 2005, sur la «Définition du domaine
minimal d'interaction de partenaires de
CED-9 au sein du module apoptotique de
C. elegans par l'analyse en test doublehybride d'une collection systématique de
leurs fragments». Le jury a particulièrement apprécié l'expression d'une grande
maîtrise du sujet tant dans son travail
écrit que dans sa présentation et sa défense
orale. L'exposé était convaincant et les
réponses aux questions du jury pertinentes.
A.M.
Libre cours janvier 2006
22
Je crois qu’il est important que l’on prenne
conscience que, pour beaucoup, le discours
de l’Eglise leur paraît venir d’une autre
planète, être sympathique mais de moins
en moins crédible, voire arrogant. Bien que
l’Évangile véhicule beaucoup d’idées intéressantes pour les générations actuelles, il
y a un discours catholique qui finalement
éloigne de la fraîcheur de l’Évangile. Il me
semble qu’il est temps de reconnaître honnêtement que, sur bien des points, l’Église
s’est trompée et se trompe encore aujourd’hui. C’est une condition pour que le
message chrétien redevienne libérateur.
✗ Sur quels sujets pensez-vous que
l’Église a manqué, dans le passé,
d’avoir une parole libérante?
À mon avis, sur des questions telles que la
colonisation, la liberté, la démocratie, le
respect des autres religions, la sexualité,
les questions de bioéthique, ou encore sur
la relation entre religion et sciences. Sur ce
dernier point l’Église a, par exemple, mis
un temps fou à accepter l’évolution et,
encore aujourd’hui, trop de paroles de gens
d’Église semblent voir dans les sciences
une sorte d’ennemi et non une modification
heureuse de nos cadres de pensées. Il est
temps que les chrétiens sachent que l’évangile les appelle à penser librement, à avoir
confiance en la vie, et à construire un
monde juste et solidaire où il fera bon de
vivre.
Propos recueillis par A.M.
90 jours
À Lire
Bible et sciences des religions. Judaïsme, christianisme, islam, par
J-N. Aletti, P. Faure, M. Gilbert, R. Krygier, E. Platti, A. Schenker,
éditions Lessisus et PUN, 2005.
Quel sens reconnaître au « Dieu un » du monothéisme biblique ? Comment le
Nouveau Testament raconte-t-il la naissance du christianisme ? Quel est le rapport
entre la Bible et le Talmud dans le judaïsme ? Comment le christianisme conçoit-il sa
relation à l’Ancien Testament ? En reconnaissant Abraham, Moïse et Jésus comme
des prophètes, quel statut l’Islam accorde-t-il à la Bible ? L’Écriture est-elle une pomme
de discorde ou un ferment d’unité entre catholiques et protestants ? Quelques questions évoquées dans ce recueil : un projet universitaire de culture et de paix.
Histoire de Namur : nouveaux
regards, PUN, 2005.
Il existe de nombreux livres consacrés à
l’histoire de Namur. Cette publication n’a
donc pas pour ambition de brosser un
panorama systématique de dix-huit siècles
d’histoire, ni de proposer la synthèse d’un
passé extrêmement riche. Le propos des
auteurs est davantage de mettre les lecteurs
au contact de la recherche, telle qu’elle est en
train de s’élaborer.
« VITE DIT »
À la tête du E-MBA
international
Charles Van Wymeersch prend la
direction académique de l’International Executive Master of Business
Administration au sein de la Louvain
School of Management. Avec Pierre
Semal (UCL-IAG), il coordonnera les
activités de promotion (avec l'appui de
Joseph Desaintes, Valérie Musiek et
Paul-Emile Leclercq) et de développement du cursus de formation (avec
les responsables académiques des trois
modules : Business Economics and
Corporate Finance ; Markets and
Systems ; People, Strategy and
Entrepreneurship). Un directeur exécutif à temps plein devrait être recruté
sous peu.
Chacun trouvera matière à découvertes, pour
le Moyen-Âge, les Temps modernes et la
Période contemporaine. L’éventail des domaines
couverts est large : histoire religieuse, économie,
structures sociales, gouvernement et institutions,
vie intellectuelle et artistique, aménagement du
territoire et infrastructures…
A.M.
L’ouvrage est publié dans le prolongement d’un cycle de conférences organisé en
2000-2001 par trois professeurs du Département d’histoire des FUNDP : Philippe
Jacquet, René Noël et Guy Philippart.
Bioéthique, droits de l’homme et biodroit. Recueil de
textes annotés internationaux, régionaux, belges et français, par
Marie-Luce Delfosse et Catherine Bert, Bruxelles, Larcier, 2005.
Ce recueil de textes annotés et coordonnés réunit les textes internationaux – à portée
universelle et régionale – et les textes nationaux belges et français qui éclairent la problématique générale « bioéthique et droits de l’homme » ainsi que des questions plus
particulières : droits des patients, utilisations des éléments et produits du corps humain,
expérimentation humaine, recherches sur l’embryon et clonage humain, procréation
assistée, données et tests génétiques, soins palliatifs et euthanasie.
Chacune de ces questions fait l’objet d’une brève introduction qui met en perspective
diverses dimensions en jeu. Des indications bibliographiques la complètent. Des renvois internes et externes permettent d’établir des connexions entre les textes repris dans
le recueil et d’autres textes significatifs. L’ensemble permet de se rendre compte de l’interaction étroite de l’éthique et du droit en cette matière.
www.larcier.com
Libre cours janvier 2006
23
90 jours
Exposition
La géographie : de l’aventure à la découverte
Fondateur du Département de géographie
namurois, ancien recteur des Facultés et
ancien bibliothécaire en chef, c’est tout
naturellement que le Père Denis a choisi
la Bibliothèque Universitaire Moretus
Plantin (BUMP) pour exposer ses carnets
géographiques. L’exposition rassemble
134 photos, prises lors de ses nombreux
voyages, dont certaines datent des
années 50. Chacune évoque un phénomène géographique particulier et est accompagnée d’un commentaire. Un magnifique
catalogue a été publié à cette occasion
par la BUMP. Entretien avec le Père
Denis.
✗ Pourquoi cette exposition?
Quand j’ai participé à la conception de la BUMP, j’ai
tenu à ce qu’il y ait une salle d’exposition de façon à présenter au public un certain nombre d’ouvrages, à mettre
en valeur les activités des Facultés et à montrer le rôle de
la culture dans toutes les disciplines scientifiques.
Aujourd’hui à la retraite, je me suis dit: pourquoi ne pas
faire une exposition sur la géographie?
✗ Vous dites que la géographie est une discipline
populaire et pourtant souvent mal connue.
Comment la définiriez-vous?
L’union géographique internationale avait pris pour
thème de son congrès de Washington en 1992 « La géographie, c’est la découverte». Ce titre pouvait se justifier
en l’année du 500e anniversaire de l’arrivée de Christophe
Colomb dans le Nouveau Monde, une découverte qui
allait donner une dimension nouvelle à la planète et bouleverser l’histoire mondiale. Il se justifiait d’autant plus
que le monde est sans cesse redécouvert grâce à de nombreux moyens d’exploration, et que la connaissance géographique est davantage reconnue comme essentielle
pour le futur de l’humanité et de son cadre de vie.
Mais pour saisir la spécificité de cette science, rien de tel
que de la pratiquer, de voyager.
À ceux qui ont manqué l’exposition : la BUMP a publié un catalogue de 134 pages.
Introduit par une brève histoire et une esquisse épistémologique de la géographie, il
reproduit, en couleurs et commentées, les 134 photos de l’exposition. Complété par
une bibliographie sélective, il permet au lecteur de poursuivre son exploration du
monde. Disponible à l’accueil de la bibliothèque.
✗ Que représente pour vous le voyage ?
Voyager, c’est faire une expérience qui commence là où s’arrêtent les certitudes. Sans qu’on ne puisse jamais y parvenir complètement, il faut mettre
en attente ses connaissances, ses conceptions, ses préjugés. Il est nécessaire de garder une certaine naïveté, un esprit d’enfant qui demande toujours :
pourquoi? Mais à la différence de l’enfant qui se contente le plus souvent
de la réponse de ses parents, le voyageur doit trouver lui-même réponse à
ses questions. Et cette quête du sens dure toute la vie.
Propos recueillis par A.M.
Libre cours janvier 2006
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Editeur responsable : M. Scheuer, FUNDP, rue de Bruxelles 61, 5000 Namur.
Il existe des centaines de définitions. Pour ma part, j’aime à dire que l’aventure est le prologue de la géographie,
la découverte est son aboutissement : découverte du
monde, découverte des autres et découverte de soi-même.
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