entre ralentissement économique, baisse du pouvoir d`achat et

« Le système économique Algérien : entre
ralentissement économique, baisse du pouvoir
d’achat et perspectives »
Melle ABDERRAHMANE DJOHER (Maître assistante) ;
LAREGE (Laboratoire de recherche en économie et gestion d’entreprise) ;
Faculté des sciences économiques, des sciences de gestion et des sciences commerciales ;
Université d’Oran. E- Mail : [email protected]
Mr SALEM ABDELAZIZ (Professeur) ;
LAREGE ; Faculté des sciences économiques, des sciences de gestion et des sciences commerciales ;
Université d’Oran. E- Mail : zinaisalem@yahoo.fr
Introduction :
Face à la plus grave récession mondiale qui de plus en plus a englouti, en premier lieu, les
économies les plus ouvertes, les débats tant politiques ou économiques ne cessent de se
multiplier cherchant, ainsi dans la réflexion et la concertation, une éventuelle sortie de crise.
Des rapports émanant d'institutions mondiales et d'organismes régionaux ont dressé divers
tableaux sur la situation économique mondiale actuelle tout en formulant des prévisions pour
les années à venir.
Dans un contexte d’économie mondialisée, marqué à la fois par une logique d’ouverture des
économies et une recomposition des politiques des États dans la perspective d’une libéralisation
des marchés. La crise économique touche désormais le Maghreb
, et plus
pa
rticulièrement
l’Algérie,
en raison de la chute des cours du pétrole. Certains projets d’investissement
pourraient être gelés, de nombreuses compagnies étrangères ont par ailleurs retiré leurs offres
d’
exploration de plusieurs sites.
L’Algérie ne sera pas affectée par la crise financière internationale à court terme, selon Le chef
du gouvernement algérien : «Le système économique et financier algérien est à l'abri,
aujourd’hui, dans 5 ans et dans 10 ans, de la crise financière mondiale dans ses composantes
actuelles, tant que notre système n'a pas évolué et tant que notre Bourse n'est pas bien intégrée
au marché financier international».
Mais, elle pourrait être contrainte de «prendre des mesures d’ajustement plus radicales» si les
perspectives de remontée des prix du pétrole s’éloignent, entraînant ainsi une poursuite de la
diminution des réserves de changes et des ressources disponibles dans le fonds de régulation
des recettes.
1- La situation économique de l'Algérie : constat et analyse
«L’Algérie est en bonne posture pour faire face aux effets de la crise financière internationale», affirme
la Banque mondiale (BM), dans son nouveau rapport sur les perspectives économiques mondiales 2009,
relatif à l’impact de la crise financière sur la croissance du PIB à l’échelle mondiale.
La Banque mondiale relève des améliorations de l’économie nationale, notamment la nette hausse du
taux de croissance enregistrée par l’Algérie en 2008 par rapport à l’année précédente. «Pour ce qui
concerne les pays du Maghreb, l’Algérie affiche une croissance en hausse en 2008 avec un taux de
4,9% contre 3,1% en 2007», note la BM. L’institution de Bretton Woods souligne également que les
gains de croissance se poursuivent en Algérie, à un rythme soutenu, à hauteur de 6% dans le secteur
hors hydrocarbures, notamment dans la construction et les services liés aux projets d’infrastructures.
Sur la base de cette performance, la Banque mondiale conclut que «l’Algérie est en bonne posture pour
faire face aux effets de la crise financière internationale». Cette institution bancaire mondiale cite
également les réserves de change qui s’élevaient à 140 milliards de dollars à la fin septembre 2008, soit
30 milliards de dollars de plus qu’en 2007. Le rapport de la BM détaille également les agrégats macro-
économiques et financiers du pays, enregistrés sur les années allant de 2005 à 2008.
Le document rapporte que le PIB nominal de l’Algérie a connu une forte augmentation passant de 101,8
milliards de dollars en 2005 à 175,9 milliards de dollars en 2008. Abordant la contribution de la
consommation dans la croissance du PIB, la BM souligne que la consommation privée et la
consommation publique ont augmenté respectivement de 1,9% et de 1% en 2008, contre respectivement
0,5% et 0,6% en 2005.
La Banque Mondiale rejoint ainsi le constat positif élaboré récemment par le Fonds monétaire
international (FMI) sur les tendances macro-économiques et financières du pays. Dans son dernier
rapport sur les perspectives économiques mondiales (Global economic survey), le FMI prévoit des
perspectives favorables pour l’économie algérienne notamment dans les agrégats macro-économiques
relatifs à la croissance économique, à l’inflation et à la balance des paiements. Il relève l’accélération de
la croissance hors hydrocarbures, la réduction du chômage et la quasi-élimination de l’endettement
extérieur, mais tout en soulignant la nécessité de la diversification de l’économie algérienne, «encore
très dépendante du secteur des hydrocarbures».
Le FMI prévoit pour l’Algérie un taux de croissance de plus de 4,5% pour l’année 2009 et de plus de
5,2% en 2013. Concernant la dette, le FMI a observé que l’Algérie est classée parmi les rares pays
créanciers nets sur le continent africain en particulier et des pays en développement en général.
Si l’impact direct de la crise financière est restreint dans la plupart des pays de la région
Maghreb et Moyen-Orient, notamment l’Algérie, en raison de leurs liens limités avec le
système financier mondial, l’impact sur l’activité réelle est bien là. L’économie nationale
risque en effet de pâtir du ralentissement de l’économie mondiale. L’impact indirect sur la
région se manifeste déjà par la baisse des exportations hydrocarbures, la réduction des envois
de fonds et la baisse des investissements directs étrangers.
Si la récession sera plus longue, il y a risque de contagion. A court terme, l’on s’attend à ce
qu’il y ait des effets négatifs. Premier indice, selon Amor Tahari, directeur adjoint du Fonds
monétaire international (FMI) pour la région MENA, la disparition des excédents budgétaires
dans les pays producteurs de pétrole de la région comme c’est le cas pour l’Algérie même si
cette catégorie de pays a accumulé des serves par le passé pourra continuer les dépenses
les dépenses d’investissement.
Le solde des transactions courantes va enregistrer une baisse très importante. Il pourrait
présenter un déficit de 10 milliards de dollars en 2009 contre un excédent de 400 milliards de
dollars en 2008. Pour le cas de l’Algérie, le taux prévu en 2009 est de 2,1% contre 3% en 2008.
L’on s’attend à une croissance de l’ordre de 3,9% en 2010. Cependant, même si les
pourcentages de la croissance resteront positifs, ils ne seront pas suffisants pour absorber le
chômage.
Face à cette situation, le FMI préconise de mettre l’accent sur des dépenses sociales ciblées
pour aider les populations et de faciliter la création d’emplois. Il s’agit d’autre part en matière
de politique économique de faire en sorte que les secteurs financiers nationaux soient plus
résistants en suivant par exemple de près les principaux pôles de risques. L’autre point à
prendre en considération est la coordination des politiques des différents pays de manière à
limiter les effets de bordement. Et pour cause, le ralentissement de la croissance pourrait
mettre en évidence des vulnérabilités dans les systèmes bancaires.
Sur le plan macroéconomique, l’Algérie en particulier et les pays producteurs de pétrole de
manière globale sont invités à réagir au mieux à la chute des cours de brut. En matière
d’enjeux, il n y pas de grands changements. «Ce sont les mes enjeux d’avant la crise». En
plus de l’action sociale et de la création d’emplois, il y a lieu de diversifier l’économie, de
centrer les dépenses sur le renforcement de la capacité de production et d’améliorer le climat
des affaires. Le FMI est encore revu sur la nécessité de l’intégration économique maghrébine.
En se référant à la revue britannique The Economist, Ahmed Silem, professeur à l’Université
de Lyon (France) a précisé que les taux de croissance baissent dans toutes les zones
géographiques dans le monde entre 2007 et 2009, mais ils remontent s le second semestre
2009. En outre, poursuit-il, seuls les pays de l’Europe occidentale connaîtront la récession.
Cette récession touchera également les pays de l’Afrique du Nord, qui verront leur taux de
croissance baissé en 2009 par rapport à l’année précédente, à l’exception de l’Algérie qui
connaîtra en 2009, un taux de croissance élevé (4,2%) par rapport à 2008 (3,4%). Ce
phénomène, selon M. Silem, est «difficile de l’expliquer».
Mr.R.Gouia, professeur à la faculté des sciences économiques et de gestion de Tunis (Tunisie)
a, a son tour, soulevé l’impact de la crise financière internationale sur les pays en
développement. Selon lui, les pays en veloppement connaîtront, entres autres, une
décroissance de leur économie, une baisse de leurs exportations, la fermeture des usines, la
chute des recettes des émigrés touchés par le chômage dans leur pays accueillant ainsi que la
chute des investissements directs étrangers (IDE).
L'impact de la crise financière sur l'Algérie, suscite encore des interrogations. Selon le discours
officiel, on constate une ambiguïté par rapport à cette question, des fois rassurante, et des
fois inquiétante. Par ailleurs, et selon l'expert international Abderrahmane Mebtoul
1
, le
gouvernement algérien ne devrait pas prendre à la légère la profondeur de cette crise, qui est
structurelle et non conjoncturelle.
L’Algérie devrait parvenir à limiter l’impact de la crise économique mondiale, c’est en tout cas
ce qu’estime la Banque Mondiale. Pour l’institution, l’Algérie dispose d’un avantage de taille
avec ses importantes serves de change. Et les perspectives pour 2009 sont encourageantes
aussi pour le Maroc et la Tunisie.
D’une part, il y a ceux qui vont bénéficier d’un recentrage de capitaux arabes sur les pays
arabes, et cela à cause notamment des pertes qui ont été occasionnées par certains
placements aux Etats-Unis, recentrage de capitaux donc sur des pays tels que le Liban, la
Jordanie, la Tunisie, le Maroc et l’Egypte peut-être. Et d’autre part, il y tous ceux qui ont
réserves énormes de change, c’est-à-dire les producteurs de pétrole et de gaz, à l’instar du
plan de relance e l’Algérie, plan quinquennal dont il vient d’être réaffirmé il y a quelques jours
qu’il devrait bel et bien porté sur 150 milliards de dollars d’ici 2014.
Et enfin vient ceux qui irriguent leurs économies par de nouveaux crédits, c’est le cas du
Maroc ; grâce à une politique de la banque centrale qui vient d’ailleurs de réduire les taux des
réserves obligatoires qui devraient permettre aux banques de prêter plus, et donc bien sur de
soutenir l’activité à l’intérieur du Maroc. L’impact et l’ampleur du ralentissement dans la
région dépendront en partie de l’intensité et de la durée de la récession de l’économie
mondiale et notamment celle de l’Europe, premier partenaire du Maghreb :
1
Docteur Abderrahmane MEBTOUL Expert international Professeur des Universités en sciences économiques
(Algérie ) ;
Algérie Tunisie Maroc Libye
Taux de croissance
de 2,1% pour 2009
contre 3% en 2008
Taux de croissance
de 3,3% pour 2009
contre 4,5% en
2008
Taux de croissance
de 4,4% pour 2009
contre 5,4% en
2008
Taux de croissance
de 1,1% pour 2009
contre 6,7% en
2008
Le Fonds Monétaire International (FMI) prévoit un taux de croissance positif pour l’Algérie
pour les années 2009, 2010. C’est ce qu’indique le FMI dans son rapport publié hier (+ 2,1 %
en 2009, 3,9 % en 2010). Pour la région du Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie), le FMI prévoit
un taux de croissance global de 3 % en 2009 et de 4 % l’année prochaine. Le rapport de la
Banque Mondiale (BM) détaille également les agrégats macro-économiques et financiers du
pays enregistrés sur les années allant de 2005 à 2008. Le document rapporte que le PIB
nominal de l'Algérie a connu une forte augmentation passant de 101,8 milliards de dollars en
2005 à 175,9 milliards de dollars en 2008. Ainsi, le PIB par habitant a enregistré une nette
hausse puisqu'il était de 3.098,1 dollars en 2005 pour s'établir à 5.097 dollars/habitant en 2008.
Abordant la contribution de la consommation dans la croissance du PIB, la BM souligne que la
consommation privée et la consommation publique ont augmenté respectivement de 1,9% et de
1% en 2008, contre respectivement 0,5% et 0,6% en 2005.
2- L’Algérie : entre réalité socioéconomique et crise mondiale
L’Algérie est amenée depuis la fin des années 80 à réformer ses structures économiques dans la
perspective de la construction d’une économie de marché. En fait, plus qu’une réforme de
structures, il s’agissait pour le pays d’enclencher un processus de transition complexe
combinant à la fois des ruptures et des réformes, impliquant des transformations majeures des
modes de régulation de la sphère macroéconomique, des marchés, des institutions financières et
des entreprises publiques. Ce processus s’accompagne, en outre, d’une transformation du cadre
institutionnel dont l’importance dans l’édification d’une économie de marché.
D’un côté, ce processus intervient dans un contexte socio économique contraignant marqué à la
fois par des déséquilibres macro-économiques structurels, un endettement récurrent et une
contraction des moyens de paiements extérieurs ayant été à l’origine de la mise en œuvre d’un
programme d’ajustement structurel sous l’égide des institutions financières internationales.
D’un autre côté, ce processus de transition est désormais rythmé par les conditionnalités
imposées à l’Algérie par le tandem FMI-Banque Mondiale et les impératifs inhérents à la
perspective de l’adhésion de l’Algérie à l’OMC et la signature de l’accord d’association avec
l’Union Européenne.
Mais, la crise de 2007-2009 est une crise de récession économique grave, débuté par une crise
monétaire aux USA pour se propager et devenir une crise économique mondiale. L’Algérie,
tout comme les pays du Maghreb, est touchée par la crise économique et subi actuellement les
impacts négatives de cette dernière. L’Algérie et son gouvernement ne veulent pas admettre
d’un point de vue médiatisé, qu’elle est menacée tôt ou tard des effets de cette crise. Car, elle
évolue dans un environnement économique qui agonise et cherche un remède urgent à ce fléau.
1 / 12 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !