Introduction !
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Le choix du métier d’urgentiste repose sur différentes motivations mais l’une essentielle
d’entre elles est certainement la représentation que l’on a de l’urgence et de l’exaltation qu’elle
procure. L’envie de « sauver des vies », d’être là au bon moment, dans l’action immédiate,
présent et en présence de l’autre pris entre la vie et la mort et vaincre ces limites grâce à la
médecine et le geste qui sauve… Un certain goût pour la dramaturgie et une volonté inassouvie
de toute puissance, peut-être…
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La réalité des urgences est tout autre. Si l’on reste accroché à cette image, le quotidien peut
laisser une certaine amertume. L’évolution de la médecine, de la société, de l’hôpital, de la
relation de soin ont considérablement modifié le travail aux urgences et le rôle du médecin qui y
pratique. Il arrive de temps à autre d’y avoir une montée d’adrénaline, mais la banalité des
consultations et la diversité des urgences l’emportent sur le spectaculaire.
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Comment redonner sens à une pratique dont l’ambition initiale est d’être, toujours et
encore plus, dans une maîtrise technique et de savoir, afin de la déployer au moment opportun en
conditions extrêmes ? Que faire d’une médecine qui vise l’efficacité maximale et met l’accent
sur la véritable urgence médicale alors qu’elle ne se confronte au quotidien qu’à des problèmes
ne justifiant que peu ce vers quoi elle est orientée…
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Partant de ce clivage entre la visée de la médecine d’urgence et son quotidien, il m’a paru
pertinent de s’intéresser davantage à ce qui fait l’essentiel de l’activité dans les services
d’urgences de nos jours à savoir des consultations de médecine générale ou gériatriques, de la
petite traumatologie, des problématiques d’ordre social ou psycho-affectif, etc…; de réfléchir au
sens de ma pratique et de la richesse cachée qu’elle recelle si on commence à s’intéresser à
l’autre en tant que sujet de soin et non en tant qu’objet « techniquable » tel que le requiert
l’urgence.
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Il s’agit ici de redécouvrir que les services d’accueil des urgences ont deux missions :
l’urgence et l’accueil. Que l’un est prépondérant sur l’autre car médiatisé et valorisé et l’autre
négligé. Que ces deux pôles peuvent être mis en tension mais se complètent aussi. Que peut-être,