Faire face durablement aux causes écologiques et

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Comité : Assemblée Générale de la Santé (AG3)
Problématique : Faire face durablement aux causes écologiques et
économiques de la faim en Afrique, afin d’assurer la sécurité alimentaire
Auteurs du rapport : Kenza El Ouazzani Ech-Chahdi, Kenza Mestassi et
Yacout Derbouguy
Eliminer la faim, assurer la
sécurité alimentaire, améliorer la
nutrition et promouvoir l’agriculture
durable constituent des défis majeurs.
De nombreux progrès ont été réalisés
puisque la proportion de personnes
sous-alimentées dans les régions en
développement a baissé de près de
moitié depuis 1990 et ce, grâce à la
croissance économique rapide et à la
productivité
agricole
accrue.
Cependant, 795 millions de personnes
sont encore aujourd’hui menacées par
la faim et la sous-alimentation.
Source : Site officiel du Centre régional d’information des
Nations Unies pour l’Europe occidentale
Source : Site officiel du Centre régional d’information des Nations Unies pour l’Europe occidentale
Et si la famine touche majoritairement les pays en développement,
elle n’en est pas moins présente dans les pays développés. Ainsi, l’objectif
2 du développement durable représente un défi pour tous. Celui-ci vise à
mettre un terme à la faim et à la malnutrition sous toutes leurs formes d’ici
2030, en faisant en sorte que toutes les personnes – notamment les enfants
et les plus vulnérables – aient accès à une alimentation suffisante en terme
de quantité et de qualité, tout au long de l’année.
Comme le rappelle le Programme alimentaire mondial (PAM) « La
faim est le défi le plus réalisable au monde ». Nous nous intéresserons
dans ce rapport plus particulièrement au cas de l’Afrique, continent très
touché par la faim dans le monde (voir document ci-dessous). Quelles sont
les causes de cette famine ? Comment l’éradiquer ?
 Cause écologique : origine d’un problème se basant sur l’écologie ; la
science ayant pour objet les relations des êtres vivants avec leur
environnement, ainsi qu'avec les autres êtres vivants.
 Cause économique : origine d’un problème se basant sur l’économie,
c’est-à-dire l’ensemble des activités d'une collectivité humaine relatives
à la production, à la distribution et à la consommation des richesses.
 Faim : D’après la définition de l'Organisation Mondiale de la Santé
(OMS), la faim correspond à l’ensemble des sensations provoquées par
la privation de nourriture, qui incitent l'Homme ou l'animal à rechercher
des aliments, et que l'ingestion de nourriture fait disparaître.
 Sécurité alimentaire : une situation qui garantit à tout moment à une
population, l'accès à une nourriture à la fois sur le plan qualitatif et
quantitatif. Elle doit être suffisante pour assurer une vie saine et active,
compte tenu des habitudes alimentaires.
● Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) :
Il s’agit d’une Agence de l’Organisation des Nations Unies instituée en
1946, ayant pour but principal de secourir les enfants du monde. Son
action, veillant à l’application de la Convention relative aux droits de
l’enfant, mise sur l’amélioration de l’éducation, de l’alimentation, de la
santé de l’hygiène.
● Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture
(FAO) :
Créée en 1945, la FAO est une organisation spécialisée des Nations
Unies dont l’objectif suprême est d’ « Aider à construire un monde
libéré de la faim ». Pour l’atteindre, elle aide les pays en développement
et les pays en transition à moderniser et à améliorer les pratiques
agricoles, forestières et halieutiques (concernant la pêche) et à garantir
une bonne nutrition pour tous. Son action porte principalement sur le
développement des zones rurales, où vivent de près de 70 % des
populations pauvres et affamées de la planète.
● Organisation mondiale de la santé (OMS) :
Dépendant entièrement du Conseil économique et social des Nations
unies (ECOSOC), il s’agit d’une institution spécialisée de l’ONU qui fut
fondée en 1948. Définissant la santé comme « état de complet bien-être
physique, mental et social et ne consistant pas seulement en une absence
de maladie ou d'infirmité » dans sa constitution, elle a pour but d’
«amener tous les peuples au niveau de santé le plus élevé possible ».
Le deuxième objectif du développement durable (ODD 2) a pour but
de mettre un terme à la sous-nutrition et à la malnutrition principalement
présentes dans les pays en développement, où 12,9% de la population n’a
pas accès à une alimentation suffisante en quantité et en qualité, tout au
long de l’année.
Nourrir tout le monde de manière saine, c’est possible. En effet,
l’agriculture et la pêche, pratiquées convenablement, sont dans la capacité
de fournir une alimentation nutritive pour tous et générer des revenus
décents, tout en soutenant le développement rural et la protection de
l’environnement. Des progrès ont été réalisés dans le cadre des Objectifs
du Millénaire pour le Développement (OMD) à l’échéance 2015. Notons
que ces vingt dernières années, la croissance économique rapide et la
productivité agricole accrue ont permis de diviser par près de deux le
nombre de personnes sous-alimentées. De même, un grand nombre de
pays en développement, où sévissaient la famine et la faim, sont
maintenant à même de répondre aux besoins alimentaires des plus
vulnérables.
Cependant, les conduites agricoles actuelles ne permettent toujours
pas de tous nous alimenter. Selon les Nations Unies, une personne sur neuf
dans le monde est sous-alimentée (soit 795 millions chroniquement).
L’Asie australe est confrontée à la plus lourde charge de faim, avec
environ 281 millions de personnes sous-alimentées. En Afrique subsaharienne, les projections pour la période 2014-2016 indiquent un taux de
malnutrition de près de 23%.
Source : Images prises du site officiel d’Action contre la Faim et d’un article du journal Contrepoints
Ces statistiques montrent qu’il est grand temps de repenser la façon
dont nous cultivons, partageons et consommons notre alimentation. Ainsi,
pour nourrir les 925 000 000 personnes qui ont faim aujourd’hui et les 2
milliards de personnes supplémentaires attendues d’ici à 2050, changer
profondément le système mondial d’alimentation et d’agriculture est un
mal inéluctable. Et c’est justement en alliant économie et écologie que des
solutions clés se révéleront efficaces pour atteindre le développement et
ce, à travers l’éradication de la faim et de la pauvreté.
1. Les causes écologiques
70% des personnes sous-alimentées dépendent directement ou
indirectement de l’agriculture et de la pêche pour subvenir à leurs besoins.
L'objectif 2 du développement durable vise à encourager les pratiques
agricoles durables afin que la croissance de la production alimentaire ne se
fasse pas aux dépens de l’environnement.
a. Les catastrophes naturelles
Les catastrophes naturelles en Afrique sont fréquentes et ont
d’importantes répercussions sur les cultures.
Source: SlateAfrique
Le 20 juillet 2011, l’ONU a déclaré deux provinces de Somalie en
état de famine grave et ce, à cause d’une importante sécheresse. Cette
dernière est la cause d’une famine qui touche plus de 12 millions
d’habitants. En effet, le continent est souvent touché par des sécheresses,
origine la plus fréquente des pénuries alimentaires, qui détruisent non
seulement les plantations mais contraignent également les éleveurs à
vendre leur bétail.
De plus, d’importantes pluies saisonnières entraînent des inondations
des terres cultivées. Les habitants se retrouvent donc dépendants d’aides
alimentaires. Suites aux inondations d’Ethiopie de 2006 par exemple,
357000 personnes ont été touchées.
D’autres catastrophes naturelles empêchent le développement de
l’agriculture, à savoir : les tempêtes tropicales ou encore les changements
climatiques qui engendrent l’’érosion, la salinisation et la désertification.
De plus, le changement climatique augmente les risques de catastrophes
naturelles et exerce donc une importante pression sur les ressources
naturelles poussant de nombreux ménages ruraux à migrer vers les villes.
Il constitue une menace majeure pour la sécurité alimentaire mondiale, le
développement durable et l'éradication de la pauvreté.
De même, la pollution de l’eau et des sols privent de nombreuses
personnes des aliments nécessaires à leur bonne santé.
Source: Philippe Tastet
b. L’accès à l’eau
L’eau est une ressource naturelle indispensable à la vie. De plus, Le
bien-être nutritionnel d'une communauté nécessite de grandes réserves
d'eau propre et une connaissance adéquate des façons de s'en servir et de la
gérer. Le manque d’eau menace non seulement les cultures mais
également le bétail, mettant ainsi en danger le développement durable.
L’Afrique est donc le continent le plus touché par les pénuries en eau,
une cause principale des productions agricoles en chute et donc de la sousnutrition des populations.
c. L’agriculture intensive
L'agriculture intensive ou productiviste est un système de production
agricole cherchant à maximiser la production par rapport aux facteurs de
production, qu'il s'agisse de la main d'œuvre, du sol ou des autres moyens
de production, tel que le matériel agricole. Elle repose sur l'usage optimal
d'engrais chimiques, de traitements herbicides, de fongicides,
d'insecticides, de régulateurs de croissance...Elle fait également appel à la
monoculture. Cependant celle ci appauvrit le sol et nuit également à la
biodiversité. En effet, la FAO estime qu’environ 75 % de la diversité des
cultures a disparu des champs des agriculteurs au cours du XXème siècle.
Source: Biomimesis
Ainsi une meilleure utilisation de la biodiversité agricole peut
contribuer à des régimes alimentaires plus nutritifs, à des moyens
d’existence améliorés pour les communautés agricoles et à créer des
systèmes agricoles plus résilients et durables.
2. Les causes économiques
a. La pauvreté
Le continent africain est fortement touché par la pauvreté. De fait, le
nombre de personnes vivant avec des revenus trop faibles est très élevé,
comme le montre la carte suivante :
Ces modestes revenus empêchent les populations d’acheter les aliments
nutritifs essentiels dont ils ont besoin. Ils sont alors profondément vaincus
par la malnutrition et la sous-alimentation. On dénombre 21 pays africains
sur les 36 pays touchés par une crise alimentaire.
Et pour cause : la crise économique mondiale de 2008 a engendré un
ralentissement de l’activité économique dans le monde. En effet, les
revenus ont été amoindris, les possibilités d’emploi des pauvres restreintes
tandis que les prix des denrées alimentaires sont restés largement élevés.
Ces trois motifs ont donc limité l’accès des plus démunis aux produits
alimentaires essentiels à leur équilibre. Et même si les cours des aliments
sont en repli sur le marché par rapport à leur hausse en 2008, il n’en
demeure pas moins que les prix ont diminué moins rapidement dans les
pays en développement. D’après l’organisation des Nations Unies pour
l'alimentation et l'agriculture (FAO), en juin 2009, les denrées alimentaires
de base produites localement en Afrique continuaient de coûter en
moyenne 22 pour cent de plus en valeur réelle que deux ans plus tôt, et
cela se vérifiait pour tout un éventail de denrées alimentaires de première
nécessité. Le graphique suivant expose les cours des prix des aliments au
cours des dernières années :
La FAO souligne que les prix des denrées alimentaires ont augmenté
de 53% entre 2007 et 2008. Les céréales dont le prix a le plus augmenté –
maïs, blé, riz, sorgho et millet – sont celles qui constituent l’alimentation
de base de milliards de personnes. La hausse a aussi touché les aliments
pour le bétail, la volaille ainsi que les autres animaux élevés pour leur
viande. Cependant, les gouvernements des pays d’Afrique n’ont pas de
réelles stratégies économiques pour protéger la population du choc de
l’augmentation des prix. Ainsi, sachant que dans ces pays d’Afrique les
dépenses pour l’alimentation représentent plus de la moitié des revenus
familiaux, les populations n’ont comme seul recourt de consommer des
aliments moins chers et moins nourrissants, ou même de sauter des repas.
Cependant, dans de nombreuses régions d’Afrique, les consommateurs ont
commencé à se tourner vers les produits alimentaires cultivés localement.
Ainsi, produire local apparaît comme une solution possible. Mais même
ces productions sont devenues plus chères, en partie en raison de la hausse
du prix des carburants nécessaires aux transports et à la transformation.
Enfant en sous-alimentation, photographié dans un pays d’Afrique sub-saharienne
Source : Journal en ligne le Nouvel Observateur monde
Aussi, le cas des petits paysans est important à mentionner, car eux
aussi sont voués à la pauvreté et à la famine. Le secteur de l’agriculture est
le principal employeur du monde. C’est le gagne-pain de 40 % de la
population mondiale actuelle et la principale source de revenu et d’emploi
pour les ménages ruraux pauvres. Les trois quarts des personnes qui
souffrent de la faim sont des paysans ou d'anciens paysans qui ont été
condamnés à l'exode vers les bidonvilles des agglomérations urbaines ou
éventuellement dans des camps de réfugiés. Malgré un exode rural
important de 50 millions de personnes par an, la faim persiste et 40
millions d’individus affamés apparaissent chaque année. Il ne suffit pas
d'être producteur de denrées agricoles pour ne pas souffrir de la faim. Les
paysans pauvres n'ont pas les moyens d'investir en semences, en engrais,
en matériel agricole. Le problème se posent d’autant plus car ils ne
disposent d'aucun pouvoir de négociation et n'ont accès ni aux terres, ni
aux financements, ni à la technologie.
En outre, les productions des petits paysans dans les pays d’Afrique les
plus pauvres ne peuvent rivaliser avec les importations étrangères. Ces
dernières bénéficient de conditions plus avantageuses, soit de grandes
exploitations employant peu de main d'œuvre, des taux forts de
mécanisation, ou encore des investissements des pouvoirs publics. Faute
de moyens plus efficaces que la seule force de leurs bras, il est difficile
pour ces agriculteurs locaux d'augmenter rapidement l'offre afin de
satisfaire les besoins des ménages. Ces derniers préfèrent se tourner vers
les denrées étrangères, souvent moins chères. De ce fait, l’agriculture
massive des investisseurs étrangers a provoqué l’expulsion de milliers de
paysans de leurs terres, diminuant ainsi leur capacité à satisfaire leurs
propres besoins alimentaires sans aide extérieure. La libéralisation
commerciale et l’ouverture des marchés ont laissé la voie à l'entrée
massive de produits étrangers et aux multinationales agro-alimentaires
nord-américaines et européennes. Celles-ci ont alors vendu leurs denrées
en dessous des prix de production locaux, créant une réelle concurrence
avec les petits paysans. Cependant, même ces nouveaux aliments sont
chers pour les populations démunies d’Afrique. Finalement, les petits
agriculteurs n’ont donc d’autre choix que de se retirer de leur terre au
profit des grandes firmes internationales. Ils vivent alors dans la pauvreté
et le manque d’aliments essentiels à leur bien-être.
Le graphique suivant révèle en effet que les Investissements Directs à
l’Etranger (IDE) en produits alimentaires, boissons et tabac sont
extrêmement importants en Afrique.
L’objectif 2.3 du développement durable vise donc à améliorer le sort
des petits agriculteurs :
2.3 : D’ici à 2030, doubler la productivité agricole et les revenus des
petits producteurs alimentaires, en particulier les femmes, les autochtones,
les exploitants familiaux, les éleveurs et les pêcheurs, y compris en
assurant l’égalité d’accès aux terres, aux autres ressources productives et
intrants, au savoir, aux services financiers, aux marchés et aux possibilités
d’ajout de valeur et d’emploi autres qu’agricoles (tiré du site des Nations
Unies pour les ODD).
b. Le manque d’investissements dans l’agriculture
Les investissements en Afrique en termes d’agriculture et de pêche
sont nécessaires pour développer ces domaines et mettre fin à toute forme
de malnutrition ou sous-nutrition. Les recherches menées par la FAO
montrent que les investissements agricoles sont cinq fois plus efficaces
pour réduire la pauvreté et la faim que les investissements dans tout autre
secteur. Le graphique suivant souligne qu’en augmentant le soutien
financier en agriculture, la productivité augmente indéniablement.
Tableau de l’évolution de la productivité moyenne des céréales
en fonction du soutien à la production agricole (Sources: FAO et OCDE)
De nombreux pays africains tels que la Somalie manquent
d’infrastructures agricoles essentielles pour aboutir à toute production. Les
routes, les entrepôts et les moyens d’irrigation sont inexistants ou
fortement vieillis et détériorés. Les frais de transport deviennent trop
élevés et les installations de stockage et d’approvisionnement en eau
aléatoires. Tout concoure à limiter les rendements agricoles et l’accès à la
nourriture.
Par conséquent, l’abandon dans lequel l’agriculture a été laissée dans
les pays non-industrialisés porte également une grande responsabilité dans
le niveau de sous-alimentation observé aujourd’hui dans le monde. Ceci
est visiblement dû à des dépenses publiques insuffisantes dans ce domaine.
Dépenses publiques par secteur (1980-2007)
Source: FAO/ESA, décembre 2011 à partir des données de l’IFPRI/SPEED sur 67 pays
dont 13 à haut revenu n’appartenant pas à l’OCDE et 54 pays à revenu moyen et bas.
Le graphique précédent prouve que l’agriculture représente moins de
2% des dépenses des 67 pays sondés.
La principale explication de cette évolution est que l’agriculture n’a
pas été considérée par les décideurs comme un secteur d’avenir et les états
ont préféré investir dans d’autres secteurs, quitte à devenir de plus en plus
dépendants des importations et de l’aide alimentaire. Mais là se trouve
l’erreur cruciale, car délaisser l’agriculture n’a fait qu’augmenter le
nombre de personnes sous-alimentées. De nombreux concepts tels que la
permaculture (culture permanente) constituent une solution possible. En
effet, il s’agit de la conception de cultures et de systèmes agricoles
compatibles avec les habitations humaines, basée sur l’écologie pour nuire
le moins possible aux écosystèmes, à leur diversité et à leur stabilité et
parallèlement de donner lieu à des habitations plus autonomes,
indépendantes des systèmes industriels de production et de distribution.
De plus, l’aide au développement agricole n’a cessé de diminuer dans
le monde depuis les années 90 (voir graphique ci-dessous), ce qui
témoigne, une fois de plus, du changement des politiques des
gouvernements quant à l’agriculture : il ne s’agit pas de plus investir mais
de mieux investir.
Evolution de l’aide au développement agricole
Ainsi, ce manque d’investissement à l’échelle nationale ou mondiale
dans le secteur de l’agriculture a fini par dégrader les services agricoles.
Les systèmes de financement sont tournés vers les gros agriculteurs,
capables de coopérer avec des banques privées, à l’inverse des petits
agriculteurs qui se retrouvent sans aucune subvention. Les systèmes de
recherche ont été disloqués, notamment en Afrique. Leurs travaux reposent
sur des technologies inaccessibles aux petites exploitations. De même, les
services de statistiques agricoles ont eux aussi été soumis à des coupes très
fortes, rendant difficile l’obtention de chiffres fiables et concrets et par la
même occasion, compliquant les prises d’initiatives des gouvernements.
Le soutien public est donc en général peu courant ou du moins, orienté
aux profits des plus riches. Les gouvernements africains manquent
d’organisation et de moyens pour le développement de l’agriculture, les
semences sont mal gérées et l’aide internationale au développement est
malhabilement dépensée. D’où la perte des petits agriculteurs et la famine
de centaines de milliers de personnes en Afrique.
Des investissements en termes de gestion des terres, d’utilisation plus
efficace de l’eau, de renforcement des semences disponibles et d’aides
financières aux petites exploitations peuvent apporter de grandes
améliorations.
c. Marchés instables et gaspillage de nourriture
Au cours des dernières années, les prix des produits alimentaires ont
été très instables. La montée des prix des céréales de base est un autre des
éléments désignés comme détonateurs des famines en l’Afrique. En
Ethiopie, le coût du blé a augmenté de 85% par rapport à 2010. Et au
Kenya, la valeur du maïs s’est élevée 55% en un an. Les fluctuations des
prix alimentaires rendent très difficile l’accès des populations les plus
pauvres à la nourriture. Les personnes les plus démunies ont besoin
d’accès à une alimentation suffisante toute l’année. Les hausses de prix
peuvent mettre temporairement la nourriture hors de portée. Lorsque les
prix augmentent, les consommateurs se tournent souvent vers les produits
les moins chers et les moins nutritifs, ce qui accroît les risques de carences
en micronutriments. D’ailleurs, la FAO a déclaré en 2007 : « si se
prolongent en 2008-2009 l’actuelle volatilité des prix et le resserrement du
crédit, les semailles et les récoltes peuvent être affectées de telle manière
qu’une nouvelle augmentation des prix peut intervenir en 2009-2010,
provoquant des crises alimentaires encore plus sévères que celles dont
nous venons de faire l’expérience ». Et c’est exactement ce qui a eu lieu
avec la crise économique de 2008 dont les pays d’Afrique payent encore
les répercussions. Comme nous le voyons dans les graphiques ci-dessous,
les prix des matières premières agricoles, telles que le blé ou le riz, n’ont
cessé de varier.
Les fluctuations du marché agricole se répercutent directement à la fois
sur l’agriculture des pays les plus pauvres d’Afrique et sur la
consommation de produits vivriers dans les villes et les campagnes.
Aujourd’hui, l’augmentation des prix des matières premières s’expliquent
par un phénomène très simple. A la manière des marchés boursiers, le
marché des matières premières est devenu un lieu où les investisseurs se
disputent les spéculations. Par conséquence, les prix sont gonflés
artificiellement. Cependant, cette hausse des prix n’est pas néfaste pour les
pays développés qui sont rarement touchés par l’instabilité des prix. En
revanche, les pays les plus pauvres, dont une grande partie se trouve en
Afrique, sont affaiblis par ces hausses. Lorsque les prix agricoles sur le
marché mondial sont élevés, c'est la famine qui guette. Ces Etats ne
peuvent pas s’approvisionner suffisamment ou s’ils le peuvent, les prix
sont trop hauts pour la majorité de la population. Les émeutes de la faim
dans 37 pays sont la conséquence de la flambée des prix qui a eu lieu en
2008.
Source : article du site SOS faim
Lorsque les cours sur le marché mondial des céréales sont bas, les
agriculteurs locaux se voient exclus de l'approvisionnement des villes. Ils
sont alors contraints de produire pour leur propre subsistance. N'ayant plus
de débouchés, la production baisse et la dépendance vis-à-vis de l'extérieur
s'accroît. Ces pays finissent par perdre progressivement les moyens
d'assurer par eux-mêmes une sécurité alimentaire que le marché mondial
ne peut pas leur garantir sur le long terme. Les déficits alimentaires
peuvent donc se creuser, ce qui accroît potentiellement l'insécurité
alimentaire et donc les risques de famines.
De plus, depuis 2008, les pays en développement ont des dettes
immenses. Les pays riches leur achètent de moins en moins cher, et
vendent de plus en plus cher les marchandises ce qui ne fait qu'aggraver la
pauvreté de ces pays et la dépendance à l'aide internationale. Ainsi, le
poids de la dette entraîne une perte de la souveraineté alimentaire qui a des
répercussions sur les pays les plus pauvres, dont une majeure partie se
trouve en Afrique.
L’objectif 2c du développement durable tend à réduire l’instabilité des
marchés :
2.c : Adopter des mesures visant à assurer le bon fonctionnement des
marchés de denrées alimentaires et des produits dérivés et faciliter l’accès
rapide aux informations relatives aux marchés, y compris les réserves
alimentaires, afin de contribuer à limiter l’extrême volatilité du prix des
denrées alimentaires (tiré du site des Nations Unies pour les ODD).
Un autre problème se pose : celui du gaspillage de nourriture. En effet,
un tiers de la nourriture produite n’est jamais consommée. Le monde peut
produire suffisamment de denrées pour éradiquer la faim mais cette
dernière est pourtant bien présente et ce, car les stocks de nourriture sont
distribués de manière extrêmement inégale dans le monde. Alors que les
Etats riches maintiennent des grandes réserves, des pays en
développement, notamment en Asie-Pacifique et Afrique Sub-saharienne,
souffrent d’un manque d’aliments pour nourrir leurs habitants et leur
permettre de vivre sainement.
Pertes et gaspillage alimentaires dans le monde, par région
(En pourcentage des pertes totales)
Source : Banque Mondiale
Le graphique ci-dessus montre que ce sont les pays dont la sécurité
alimentaire est atteinte qui gaspillent le plus de nourriture: les pays
industrialisés d’Asie, l’Amérique du Nord, l’Océanie et l’Europe.
Un autre aspect concerne l’utilisation des aliments. En effet, la
consommation humaine représente seulement la moitié de la production
mondiale de céréales. La production agricole est de plus en plus
transformée en fourrage pour satisfaire une consommation croissante de
viande ou bien elle sert des emplois non alimentaires, comme la
fabrication des biocarburants pour aider à calmer les besoins énergétiques
croissants.
Source : journal en ligne Le Figaro
- Préserver la diversité génétique des cultures et des animaux :
Et ce à l’aide de semences diversifiées aux niveaux national, régional et
international et en favorisant l’accès aux ressources génétiques et au
savoir traditionnel.
- Mettre en œuvre des pratiques agricoles respectueuses de
l’environnement et permettant de nourrir l’ensemble de la
population telles que :
○ L’agriculture durable :
Il s'agit d'assurer la production de nourriture, de bois et de fibres en
respectant les limites écologiques, économiques et sociales qui
assurent la durabilité dans le temps de cette production. Elle ne porte
pas atteinte à l'intégrité des personnes et des êtres vivants en limitant
l'usage de pesticides qui nuisent à la santé des agriculteurs et des
consommateurs. Elle vise également à protéger la biodiversité.
○ L’agriculture biologique:
Mode d'agriculture qui se caractérise principalement par son refus
d'utiliser des produits «chimiques» et qui cherche à renouer avec des
pratiques traditionnelles.
○ l’agriculture raisonnée :
L’agriculture raisonnée est un système de production agricole dont
l’objectif premier est d’optimiser le résultat économique en maîtrisant
les quantités d’intrants, et notamment les substances chimiques
utilisées (pesticides, engrais) dans le but de limiter leur impact sur
l’environnement.
- Augmenter les investissements dans l’agriculture : 500 millions de
petites exploitations agricoles fournissent jusqu’à 80 % de la nourriture
consommée dans les pays en développement. Investir dans ces
exploitations constitue donc un moyen considérable d’améliorer la
sécurité alimentaire et la nutrition des plus pauvres, ainsi que d’accroître
la production alimentaire pour les marchés locaux et mondiaux. Cela
implique aussi d’améliorer les moyens d’existence et les capacités des
petits paysans, permettre une égalité d’accès aux technologies et aux
marchés. Cela implique aussi une coopération internationale pour
assurer les investissements dans les infrastructures et technologies qui
améliorent la productivité agricole.
- Éradiquer le gaspillage des aliments : en partageant le plus
équitablement possible les productions agricoles et en évitant que les
produits non consommés soient jetés.
- Stabiliser les fluctuations des prix : arrêter les hausses et les baisses
contrastées des coûts agricoles permettrait de stabiliser les marchés et
donc de trouver un juste milieux de prix qui pourrait satisfaire à la fois
les firmes multinationales, les petits exploitants et les acheteurs aux
revenus les plus faibles.
- Permettre une égalité d’accès à la terre : en éradiquant les pratiques
discriminatoires à l’origine de la pénalisation des femmes dans l’accès à
la terre ce qui permettrait une production agricole plus importante, plus
fructueuse.
Voici quelques autres solutions qui permettraient d’assurer la sécurité
alimentaire de tous :
Source : site officiel des Nations Unies
- ODD 2 : Éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la
nutrition et promouvoir l’agriculture durable, Le Centre régional
d'information des Nations Unies pour l'Europe occidentale (UNRIC)
http://www.unric.org/fr/actualite/3641-objectif-de-developpementdurable-2-eliminer-la-faim-assurer-la-securite-alimentaire-ameliorerla-nutrition-et-promouvoir-lagriculture-durable
- Aperçu nutritionnel par pays, Ethiopie résumé, département de
l’agriculture et de la protection des consommateurs, FAO
http://www.fao.org/ag/agn/nutrition/eth_fr.stm
- ODD #2 mettre un terme à la faim, Solidar Suisse
https://www.solidar.ch/fr/news/2016-06-03-odd-2
- Faim zéro, Programme des Nations Unies pour le développement
http://www.undp.org/content/undp/fr/home/sdgoverview/post-2015development-agenda/goal-2.html
- Objectifs du développement durable (ODD), ONU
http://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/hunger/
- Objectif 2 : éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer
la nutrition et promouvoir l’agriculture durable, Confédération suisse
EDA
https://www.eda.admin.ch/post2015/fr/home/ziele/die-17-ziele-fuereine-nachhaltige-entwicklung/ziel-2-den-hunger-beendenernaehrungssicherheit-und-eine-bessere.html
- Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture
(FAO)
http://www.fao.org/
- La faim dans le monde
http://faimdanslemonde.e-monsite.com/pages/le-probleme-de-la-faimen-constant-developpement.html
- Portrait d’une Afrique souffrante face à la sècheresse, Santé Afrique
http://www.slateafrique.com/652343/secheresse-afrique
- Les causes de la faim
http://www.lafaimexpliquee.org/La_faim_expliquee/Les_causes_de_la
_faim.html
- Eau, assainissement, hygiène - Action contre la faim
http://www.actioncontrelafaim.org/fr/content/eau-assainissementhygiene
- Changement climatique, FAO
http://www.fao.org/climate-change/fr/
- Insuffisance de l’appui au développement agricole
http://www.lafaimexpliquee.org/La_faim_expliquee/Insuffisance_de_l
aide.html
- Agriculture et monoculture, Biomimesis
http://www.biomimesis.fr/monoculture-ma-reponse-un-commentaireposte/
- Perte de diversité des cultures : la sécurité alimentaire menacée, santé
au quotidien
https://santeauquotidien.wordpress.com/2010/10/28/perte-de-diversitedes-cultures-la-securite-alimentaire-menacee/
- Défi faim zéro, ONU
http://www.un.org/fr/zerohunger/#&panel1-1
- Statistiques mondiales
http://www.statistiques-mondiales.com/afrique.htm
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