En 1811, en Grande-Bretagne, les artisans et les directeurs
d’usines «!modernes!» s’affrontaient. En jeu ? Les deux
bords étaient en mesure d’offrir exactement le même service
: le travail du tissu mais à des conditions très différentes. Les
luddites ont donc commencé à saboter les machines avant
de trouver la route du Droit et d’accepter la concurrence
des usines.
Qui ne pense pas aujourd’hui que l’automatisation et la ro-
botisation posent un vrai problème de société ? On connaît
tous les chiffres du chômage, on nous rabat les oreilles avec
une croissance qui n’est pas au rendez-vous en Occident…
On ne nous laisse aucun espoir et pourtant. Saviez-vous que
le numérique a créé 4 fois plus d’emplois qu’il n’en a suppri-
mé ? Malgré le nombre d’emplois crée par les GAFA (Goo-
gle, Amazon, Facebook, Apple), le CDI semble menacé. Il
ne s’éteindra probablement pas mais on devrait voir apparai-
tre à ses côtés de nouveaux contrats, pour une forme de tra-
vail plus souple, plus dynamique, laissant plus de libertés
tant au payeur qu’au travailleur. L’ubérisation et la multipli-
cation des entreprises individuelles montre bien que la muta-
tion est en marche et plutôt que de lui résister ne faut-il pas
l’encadrer ?
La Révolution transhumaniste de Luc Ferry expose toutes les
inquiétudes que nous pourrions avoir vis à vis de demain. Et
elles ne sont pas des moindres. Avec l’arrivée du numéri-
que, les progrès se sont multipliés et se sont développés si
vite que nous n’avons pas eu le temps de les assimiler avant
que n’apparaisse une nouvelle avancée qui apportera elle
aussi son lot de menaces. L’inquiétude est légitime. Nous ne
savons pas quelles conséquences aura par exemple le trans-
humanisme. Le fait de pouvoir améliorer les capacités d’un
être humain, de transformer son génome de manière à ce
qu’il réponde à nos attentes… C’est forcément préoccupant.
Voilà pourquoi nous n’avons jamais autant eu besoin du
droit. Il faut absolument réguler ces nouvelles activités afin
de ne pas se plonger dans un libéralisme dévoyé. La liberté,
oui mais seulement si elle s’accompagne de responsabilité.
Nous voulons tous d’une voiture connectée que nous n’au-
rons plus besoin de conduire mais qui sera responsable en
cas d’accident ? Pourrons-nous boire autant d’alcool que
l’on souhaite avant de «!prendre le volant!» ?
Le législateur a un énorme travail à faire. Il lui faut compren-
dre et accepter ce monde qui se dessine sans forcément se
sentir démuni. Il me semble évident, comme à Luc Ferry,
que cette réglementation ne peut pas se faire au seul niveau
national. En effet, si je pense que l’euthanasie n’est pas une
solution à la souffrance de fin de vie et que je souhaite l’in-
terdire, mon citoyen ira dans le pays voisin qui l’y autorise.
Évidemment, on sait tous que les problématiques sont les
mêmes en matière de lutte contre la prostitution, contre le
traffic de stupéfiant…
La France est grande en Europe mais elle est toute petite
dans le monde. Nous devons donc à la fois repenser notre
place dans notre communauté mais au sein même de l’Hu-
manité en général et définir dans les plus brefs délais dans
quel monde nous souhaitons vivre demain.
Edmond Tesquiou
Livre
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