Le Curieux
RIEN
« Tout l’intéresse, tout le passionne, rien ne l’ennuie »
6
PSYCHOLOGIE
Vivre d’air
MATHS
Ensemble vide
1
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Le Curieux,
Vingt-huit pages sur Rien. Absurde me direz-vous, et bien je n’en suis pas si sûre. La notion de rien intéresse
tous les domaines, elle fait partie de ces abstractions qui ne peuvent être comprises que par l’être humain. Le
rien, le vide, l’absence, on ne les comprend qu’en opposition à l’objet, à la personne, à la présence.
D’ailleurs, le rien n’existe pas en physique. Il ne peut pas ne «!rien avoir!». Prenez une oeuvre d’art. On pour-
rait se contenter de poser une toile devant les yeux d’un public et affirmer : ceci n’est rien et pourtant non. Un
carré blanc sur un fond blanc, c’est déjà quelque chose.
Il est plus facile de parler du vide, vide qui peut donner naissance à quelque chose, vide que le cerveau s’éver-
tue à remplir. L’ensemble vide en mathématiques peut porter des fruits, le vide juridique n’est pas inquiétant
bien au contraire. Le vide est la marque de notre liberté, de notre Humanité. Admirez le vide, laissez l’opti-
misme vaincre parce que comme le disait Shimon Perez, «optimistes et pessimistes meurent de la même façon
mais ils vivent différemment».
Retrouver le vide, le rien, c’est aussi se concentrer sur l’essentiel, sans fioritures mais avec harmonie. N’est-ce
pas la quête des artistes minimalistes au fond ? Toutefois, prenez garde. Nous ne sommes pas des créatures de
pire esprit et ne rien faire comme ce fabuleux anti-héros Oblomov, c’est aussi renoncer à vivre. Ne rien man-
ger, ne rien boire, ne rien consommer, c’est aussi renoncer à intégrer le monde, à y trouver notre place. Com-
bien d’hommes et de femmes cessent de s’alimenter et tentent ainsi de disparaitre, de ne plus exister ? L’ano-
rexie est une maladie terrible, douloureuse mais c’est tout aussi difficile de faire le choix de vivre malgré les
souffrances, de se battre pour s’affirmer et marquer la Terre de notre présence.
Quiconque a vécu sait qu’en un clin d’oeil on peut passer de la place du loser, du zéro à celle du héros et de
l’infini.
C’est pourquoi, je vous invite à dépasser le nihilisme. Dieu est mort. C’est un fait. C’est l’Homme qui importe
dans ce monde et jamais aucun Dieu, aucun animal, aucun tyran ne doit pousser l’Humanité à la destruction
car nous savons ce que c’est que de mourir, de ne plus exister. Nous avons conscience de ce que nous som-
mes, enfants de Dieu, citoyens du monde, êtres humains. Ne nous battons plus à coups de religion, d’idéolo-
gie mais rassemblons autour de ce qui fais que nous sommes des hommes et ainsi du vide, du rien, nous at-
teindrons tous, dans cette vie la plénitude pacifique que nous recherchons secrètement.
Anne-Sophie Cissey
Éditorial
2
Sommaire
2
Livre : La Révolution transhumaniste p.4
Art : Malévitch, carré blanc sur fond p.5
Maths : Ensemble vide p.7
Droit : Le vide juridique p.9
Arts visuels : Less is more p.11
Littérature : « Ne faisons rien, ... » p.13
Tribune Libre p.15
Psychologie : vivre d’air p.17
Le Curieux des astres p.19
Maths : du zéro à l’infini p.20
Les Curieuses recommandations p.22
Philosophie : Rien, vide, néant, éther p.24
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En 1811, en Grande-Bretagne, les artisans et les directeurs
d’usines «!modernes!» s’affrontaient. En jeu ? Les deux
bords étaient en mesure d’offrir exactement le même service
: le travail du tissu mais à des conditions très différentes. Les
luddites ont donc commencé à saboter les machines avant
de trouver la route du Droit et d’accepter la concurrence
des usines.
Qui ne pense pas aujourd’hui que l’automatisation et la ro-
botisation posent un vrai problème de société ? On connaît
tous les chiffres du chômage, on nous rabat les oreilles avec
une croissance qui n’est pas au rendez-vous en Occident…
On ne nous laisse aucun espoir et pourtant. Saviez-vous que
le numérique a créé 4 fois plus d’emplois qu’il n’en a suppri-
? Malgré le nombre d’emplois crée par les GAFA (Goo-
gle, Amazon, Facebook, Apple), le CDI semble menacé. Il
ne s’éteindra probablement pas mais on devrait voir apparai-
tre à ses côtés de nouveaux contrats, pour une forme de tra-
vail plus souple, plus dynamique, laissant plus de libertés
tant au payeur qu’au travailleur. L’ubérisation et la multipli-
cation des entreprises individuelles montre bien que la muta-
tion est en marche et plutôt que de lui résister ne faut-il pas
l’encadrer ?
La Révolution transhumaniste de Luc Ferry expose toutes les
inquiétudes que nous pourrions avoir vis à vis de demain. Et
elles ne sont pas des moindres. Avec l’arrivée du numéri-
que, les progrès se sont multipliés et se sont développés si
vite que nous n’avons pas eu le temps de les assimiler avant
que n’apparaisse une nouvelle avancée qui apportera elle
aussi son lot de menaces. L’inquiétude est légitime. Nous ne
savons pas quelles conséquences aura par exemple le trans-
humanisme. Le fait de pouvoir améliorer les capacités d’un
être humain, de transformer son génome de manière à ce
qu’il réponde à nos attentes… C’est forcément préoccupant.
Voilà pourquoi nous n’avons jamais autant eu besoin du
droit. Il faut absolument réguler ces nouvelles activités afin
de ne pas se plonger dans un libéralisme dévoyé. La liberté,
oui mais seulement si elle s’accompagne de responsabilité.
Nous voulons tous d’une voiture connectée que nous n’au-
rons plus besoin de conduire mais qui sera responsable en
cas d’accident ? Pourrons-nous boire autant d’alcool que
l’on souhaite avant de «!prendre le volant!» ?
Le législateur a un énorme travail à faire. Il lui faut compren-
dre et accepter ce monde qui se dessine sans forcément se
sentir démuni. Il me semble évident, comme à Luc Ferry,
que cette réglementation ne peut pas se faire au seul niveau
national. En effet, si je pense que l’euthanasie n’est pas une
solution à la souffrance de fin de vie et que je souhaite l’in-
terdire, mon citoyen ira dans le pays voisin qui l’y autorise.
Évidemment, on sait tous que les problématiques sont les
mêmes en matière de lutte contre la prostitution, contre le
traffic de stupéfiant…
La France est grande en Europe mais elle est toute petite
dans le monde. Nous devons donc à la fois repenser notre
place dans notre communauté mais au sein même de l’Hu-
manité en général et définir dans les plus brefs délais dans
quel monde nous souhaitons vivre demain.
Edmond Tesquiou
Livre
4
ART
Malévitch, car
blanc sur fond
blanc
par Igor Vitry
5
Rien,
rien que l’émotion de la couleur,
Carré blanc sur fond blanc, 1918, Kasimir
Malevitch. Huile sur toile, 79,4 cm x 79,4
cm. Visible au Museum of Modern Art,
New-York.
Peindre un carré blanc sur un fond blanc,
cela semble terriblement simple et basique.
Alors pourquoi les peintres ne l’ont-ils pas
fait plus tôt!? Pourquoi d’ailleurs n’ont-ils
pas commencé par !? Pourquoi l'Histoire
de l'art a-t-elle évolué pendant des siècles
en explorant quantité de pistes différentes,
quantité de styles, du classicisme au réa-
lisme, du baroque au symbolisme, du cu-
bisme à l’abstraction, chaque génération
d’artistes s’efforçant de remettre en question
les acquis de la précédente, sans qu’avant
1918, personne ne présente aux spectateurs
une telle œuvre!? Pourquoi 1918!? Pourquoi
un artiste russe!? Pourquoi la conserver pré-
cieusement dans un musée!prestigieux ?
Que nous dit-elle!de si important, et même
pour certains spectateurs de si scandaleux,
cette œuvre si élémentaire que chacun d’en-
tre nous pourrait la reproduire à la perfec-
tion ?
On ne peut s’empêcher de se poser mille
questions. Pourtant, pour Malevitch, l'obser-
vation de ses tableaux ne doit susciter rien
d'autre qu'une!émotion pure, dépourvue de
réflexion. "Quand la conscience aura perdu
l’habitude de voir dans un tableau la repré-
sentation de coins de nature, de madones et
de vénus impudentes, nous verrons l’œuvre
purement picturale." écrit-il.
Bien sûr, Malevitch rejette les références au
réel, ce qu’on appelle en art la figure, tout
comme le mouvement de l’abstraction alors
en pleine éclosion s’oppose avec énergie à
la tradition de la figuration. Mais il veut aller
encore plus loin, être plus radical, repousser
les limites de l’abstraction, se débarrasser
des formes et des lignes, ne conserver de la
matière, inévitable, que l’idée de la couleur
pure. La conséquence logique de son raison-
nement est le monochrome. Malevitch choi-
sit une même couleur, mais de deux mar-
ques différentes, l’une russe et l’autre fran-
çaise, ce qui donne une légère nuance bleu-
tée d’écart entre le carré et son fond.
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