4Polique monétaire et développement du marché
régional en Afrique de l’Ouest
caine (CFA). La deuxième par-
e, plus prospecve, s’appuie
sur la dimension monétaire de
l’intégraon régionale pour éva-
luer les liens qu’entreennent
le développement du marché
régional et l’existence d’une
zone monétaire, dans l’opque
de l’instauraon programmée
d’une monnaie unique pour la
CEDEAO.
« L’ajustement monétaire
» ou dévaluation du franc
CFA de janvier 1994 fut
en apparence le premier
acte du renoncement
français, obligé de se plier
au diktat des institutions
de Bretton Woods.
Geson du Franc CFA et développement du marché régional
en Afrique de l’Ouest : de l’extraversion subie à l’extraversion choisie
Quelques repères historiques
L’histoire des relaons mo-
nétaires entre la France et
l’Afrique1 met en évidence
le fait que la raonalité polique
a toujours dominé la raona-
lité économique stricto sensu :
avant la créaon de l’UMOA en
1962, elle suggère la parfaite
congruence entre l’impéraf
d’exporter des maères pre-
mières à bas prix des colonies
vers la métropole et l’édica-
on progressive du monopole
du franc CFA (franc des colo-
nies françaises d’Afrique) sur les
monnaies endogènes africaines.
En revanche, dès la créaon de
l’UMOA, il s’est agi de ne pas
couper le cordon ombilical entre
la France et ses colonies nou-
vellement indépendantes. Pour
preuve, une des marques d’in-
dépendance de l’époque de la
part des dirigeants africains les
plus naonalistes fut de ne pas
y entrer (cas de la Guinée de S.
Touré et du Togo de S. Olympio)
ou d’en sorr rapidement (cas
du Mali de M. Keita qui quia
l’UMOA dès juillet 1962).
L’absence de dénion de cri-
tères de convergence écono-
mique et de réexion sur le ca-
ractère opmal de cee zone
monétaire – qui, rappelons-le,
sont généralement des préa-
lables à la créaon d’une union
économique et monétaire –
conrme le caractère éminem-
ment polique de l’UMOA/
UEMOA2 dès sa créaon. Par la
suite, lorsque les années 1980
verront les pays de l’UMOA se
soumere à l’ajustement struc-
turel, une collusion sinon for-
melle, du moins tacite, s’est éta-
blie entre la France, soucieuse
d’acher son indépendance vis-
à-vis des instuons de Breon
Woods et les pouvoirs publics
des pays africains de la zone
Franc pour rejeter toute idée de
dévaluaon du franc CFA et op-
ter pour « l’ajustement réel ».
Les pays de l’UMOA, du fait de
fondamentaux économiques dé-
sastreux, furent obligés de gérer
tant bien que mal des réformes
douloureuses sans possibilité
de proter du degré de liberté
qu’ore une exibilité moné-
taire et à aronter une concur-
rence dicile avec les pays an-
glophones et lusophones de
l’Afrique de l’Ouest avec lesquels
les échanges économiques s’ins-
crivent dans une trajectoire his-
torique profonde.
« L’ajustement monétaire » ou
dévaluaon du franc CFA de jan-
vier 1994 fut en apparence le
premier acte du renoncement
français, obligé de se plier au
diktat des instuons de Bret-
ton Woods, dans la lignée de
ce qu’il est convenu d’appeler «
la doctrine d’Abidjan » (Hibou,
1995)3. En réalité, la France pré-
serve de nouveau ses intérêts
qui coïncident désormais avec
un néolibéralisme plus ou moins
assumé depuis l’indépendance
de la Banque de France décidée
en 1992 et le traité de Maas-
tricht, précurseur de la Banque
Centrale Européenne et de l’Eu-
ro, dans un contexte de réorien-
taon tendancielle de l’aide pu-
blique au développement vers
les pays d’Europe Centrale et
Orientale (PECO).
De même, les autorités moné-
taires ouest africaines et les
chefs d’Etats de la zone UEMOA
rent ainsi avantage du double
« bouclier » du FMI et du Trésor
français en préférant prendre
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