
RIP Claude-Henri Rocquet, le chemin comme horizon des abîmes
(1933-2016)
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son existence terrestre. Cet attachement trouvera d’ailleurs – Histoire oblige – un pendant :
l’attrait réel exercé par l’Espagne, entre autres celle de Goya. Il déménage à Bordeaux et
intègre l’Institut d’études politiques, où il a pour professeur Jacques Ellul ; Claude-Henri
entretient des liens forts, tout au long de sa vie, avec Bordeaux, jusqu’à devenir membre
correspondant de l’Académie de la ville en 1995. Il gagne par la suite Paris pour y travailler
les lettres et l’histoire de l’art.
Entre la peinture et l’enseignement, l’espace de l’écriture
Toute sa vie il cultive un amour pour différents arts, à commencer par la peinture qu’il
pratique un peu, sur laquelle il écrit beaucoup – avec une prédilection pour les Flamands. Il
consacre plusieurs ouvrages à Pieter Bruegel (réunis récemment en une somme
impressionnante, publiée par Le Centurion), un à Jérôme Bosch et un autre à Vincent Van
Gogh : « Dans ces ouvrages, il ne s’agit pas de l’étude d’une certaine œuvre, ni même d’un
regard sur un tableau, ou sur l’ensemble de l’œuvre d’un peintre, mais, comme dans un film,
il convient d’allier l’image et le texte, la parole et le regard. Travail qui ne me plaît pas
moins que la nécessité d’y être explicite », écrit-il dans la courte autobiographie parue sur
son site.
Alors qu’il est encore lycéen à Bordeaux, Claude-Henri Rocquet rencontre Lanza del Vasto,
en qui il reconnaît un père : c’est comme fils spirituel qu’il le suit dans ses actions non-
violentes « pour la paix en Algérie et contre les tortures » ; c’est comme fils qu’il rompt avec
lui à la suite de divers désaccords, notamment en raison de la foi en Dieu de Lanza del Vasto
que le jeune homme récuse alors : « Je me suis éloigné de Lanza comme d’un père qu’on
refuse, dit-il dans une conférence donnée à Bruxelles le 24 octobre 1998. Ce n’est pas le fait
d’aller, soldat, en Algérie, qui m’a éloigné de l’Arche et de Lanza, c’est l’épreuve de
l’athéisme. […] Lanza, figure du père, cristallisait, dans mon désir de vérité, mon refus de
Dieu ». Il croise également la route de nombreuses personnalités littéraires et artistiques,
telles que le poète Norge, les écrivains Raymond Guérin et Jean Forton, le dramaturge Jean
Vauthier, le vitrailliste et émailleur Raymond Mirande…
La vie de Claude-Henri Rocquet se partage entre l’enseignement – à Paris, Montréal,
Narbonne, Montpellier avant qu’il n’intègre, en 1978, l’Ecole nationale supérieure des arts
décoratifs de Paris – et l’écriture.
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