Flammarion - Presque top-model - - 135 x 220 - 20/7/2006 - 9 : 55 - page 228
préparation militaire, avec ses aspects pratiques
(armement, camouflage, questions financières...) et
ses aspects théoriques (sens de ce sacrifice, « théo-
logie appliquée »...)
Dans les deux cas, se préparer à mourir, c’est tout
faire pour cela, vouloir la mort comme une délivrance
ou un moyen d’obtenir quelque chose : la fin de la
souffrance, une victoire remportée contre l’Occident
ou simplement une place au Paradis, une somme d’ar-
gent pour sa famille...
Mais si nous pensons que la mort ne nous apportera
rien, qu’elle est au contraire privation de ce qui nous
est le plus cher, bref si nous ne voulons pas mourir,
si même nous voulons tout faire pour vivre le plus
possible, « se préparer à mourir » a-t-il simplement
un sens ?
Il est difficile de se préparer à quelque chose dont
nous n’avons jamais fait l’expérience. L’expression
« ma mort » n’a probablement pas grand sens. Le
deuil de mes proches me souffle que je peux mourir
mais ne me dit rien de « ma mort », parce que je reste
là, parce que la vie continue. La mort comme état de
mort ne peut être directement expérimentée. Nous ne
rencontrons finalement que les conséquences de la
mort : le cadavre, le deuil, la tristesse, les rendez-vous
chez le notaire, la nécessité de l’adieu, le remords...
Nous rencontrons aussi les prémisses de la mort : la
maladie, la vieillesse, l’ébranlement existentiel. Mais
nous ne rencontrons pas la mort ; nous ne pouvons
nous la représenter. Nous ne savons même pas ce
qu’elle est, si elle ouvre sur l’infini ou sur le néant,
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Une semaine de philosophie