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réseau d’experts (Cardon, 2007), une « communauté épistémique » (Hass, 1992) produisant de la
connaissance nouvelle sur la base de critères scientifiques et pouvant, à certains moments, intervenir
dans les processus de politique publique (Millerand et al., 2011). L’émergence de cette communauté
est rendue possible par l’usage du blog que nous envisageons comme un dispositif info-
communicationnel (Couzinet, 2009), c’est-à-dire un moyen de diffusion des connaissances favorisant
la création de liens sociaux entre le producteur de l’information, celui qui permet sa circulation et
celui qui se l’approprie et conduisant à une forme d’ « hybridation des savoirs » (Couzinet, 2000)
entre les praticiens et les chercheurs. Cela pose alors la question de la nature et du fonctionnement
de la médiation exercée par une telle blogosphère.
Nous avons constitué un corpus de 90 blogs et mené une analyse structurale et une analyse de
contenu sur un total de 1598 billets publiés en le 1er janvier et le 31 décembre 2011. L’analyse
structurale nous a permis de découvrir la « structure relationnelle » de la blogosphère infodoc
(acteurs centraux, acteurs isolés, clusters et cliques). Les liens entre les blogs ont été collectés via un
crawler (Navicrawler) et visualisés à l’aide d’un logiciel d’analyse de données relationnelles (Gephi).
L’analyse de contenu nous a permis de découvrir les principales thématiques développées par les
blogueurs (bibliothéconomie, identité numérique, e-réputation, livre numérique…) et les différents
types de billets qu’ils rédigent (article de point de vue, description d’outil, compte-rendu
d’expérience, note de lecture…), en d’autres termes de découvrir les structures « sémantique » et
« discursive » de notre dispositif.
Les liens créés par les blogueurs, les sujets qu’ils abordent et les types de billets qu’ils publient
illustrent clairement leur volonté de partager des connaissances, des savoir-faire et des bonnes
pratiques mais également de réfléchir collectivement aux changements provoqués par l’arrivée du
web 2.0 dans les bibliothèques, dans les entreprises et plus largement dans la société. Ces questions
engendrent parfois des débats, voire des controverses, auxquels les praticiens et les chercheurs
prennent part.
Bibliographie
Cardon D., Delaunay-Téterel H. (2006) La production de soi comme technique relationnelle, Réseaux, vol 4,
n° 138, 15-71.
Couzinet V. (2000) Médiations hybrides : le documentaliste et le chercheur en sciences de l’information, PARIS,
ADBS Éditions.
Couzinet V. dir (2009) Dispositifs info-communicationnels, Paris, Hermès-Lavoisier.
Haas, P. (1992) Introduction: epistemic communities and international policy coordination, International
Organization, 46(1), 1-35.
Millerand F., Heaton L., Proulx S. (2011) « Émergence d'une communauté épistémique: création et partage du
savoir botanique en réseau », dans Proulx S., Klein A. (dir.) Connexions: communication numérique et lien
social, Namur, Presses universitaires de Namur.
Comment les médias sociaux influencent l’appropriation des films français en
Chine : l’exemple du Tieba pour construire des communautés de fans
Yu ZHOU - GERiiCO Lille 3
La notion de « fan » est beaucoup mentionnée depuis les années 1980, surtout avec le
développement de la technologie, plusieurs approches sont mises en œuvre. Les dispositifs
médiatiques jouent un rôle très important aujourd’hui. Les fans clubs traditionnels sont au fur et à
mesure remplacés par de nouvelles formes de communautés de fans, comme par exemple, les
forums de fans. L’arrivée d’Internet a donné tout son sens à l’idée de « culture participative »
(Jenkins, 1992). Elle a entraîné une évolution, aussi bien dans les méthodes selon lesquelles on
étudie les « fans », que sur les sujets sur lesquels portent ces études (Hellekson, Busse, 2006). Je me