PACIFIC HEALTH DIALOG VOL 7. NO. 2. 2000 LA TÉLÉSANTÉ DANS LE PACIFIQUE Le projet PIHCP : premiers résultats d’un réseau de consultation et d’aiguillage adossé à l’Internet Introduction Donald A. Person* Pendant près de dix ans, le TAMC s’est occupé des collectivités mal desservies des USAPI. Les habitants de ces îles océaniennes ont accès, grâce au programme PIHCP, à des services d’enseignement supérieur en médecine. Le Congrès Résumé américain accorde chaque année les fonds nécessaires au remboursement des frais de déplacement et d’une partie Le projet PIHCP (Pacific Island Health Care Project æ Projet des frais d’hospitalisation des patients bénéficiaires. océanien de soins de santé) a permis à près de 3 000 patients Toutefois, à cause de l’escalade des coûts, ce programme a des îles océaniennes associées aux États-Unis d’Amérique dû, au fil des ans, faire l’objet d’importantes compressions (USAPI) de bénéficier de soins complets auprès du TAMC budgétaires. Pendant la même période, le TAMC a mis en (Tripler Army Medical Center). Un réseau adossé à l’Internet a place dans le Bassin du Pacifique plusieurs projets de téléété créé en décembre 1997 afin de réduire les coûts du TAMC, médecine visant à procurer en temps utile aux soignants et de faciliter l’accès à ses soins et de fournir des services de à leurs patients des services accessibles et abordables de consultation et de recours aux médecins du bassin du consultation, d’aiguillage et d’éduPacifique. Quatre sites du Pacifique cation dans toutes les USAPI. Un …le TAMC a mis en place dans le occidental ont été équipés d’un réseau de consultation et d’aiBassin du Pacifique plusieurs ordinateur personnel, d’un appaguillage adossé à l’Internet a été projets de télémédecine visant à reil-photo et d’une caméra vidéo mis en place pour relier le TAMC à procurer en temps utile aux numérique, d’un scanneur à plat et cinq hôpitaux micronésiens. On a soignants et à leurs patients des d’une imprimante. Les demandes constaté que ce réseau répondait services accessibles et de consultation, accompagnées de abordables de consultation, parfaitement aux besoins des instil’imagerie complémentaire, étaient d’aiguillage et d’éducation… tutions participantes. soumises au TAMC, où elles étaient entrées dans une base de données et affichées de manière dynamique sur un serveur Web sécurisé. Les consultants du Contexte général TAMC procédaient au triage, commentaient les cas et en définissaient l’importance pédagogique. Les recours inutiles ou Les îles de l’ancien Trust Territory of the Pacific Islands, inopportuns étaient déclinés, avec des instructions pour les aujourd’hui connues sous le nom de USAPI (United States soins à dispenser à l’échelon local. Les cas étaient formatés Associated Pacific Islands) sont réparties entre six entités de manière à accélérer la réponse et à permettre l’examen des distinctes et couvrent un vaste secteur de l’Océan Pacifique images et l’interaction entre le médecin demandeur et son (figure 1). Trois d’entre elles sont des territoires non incorcollègue spécialiste. Plus de 180 consultations ont ainsi été porés des États-Unis : Guam; le Commonwealth des Îles soumises par voie électronique par les pays océaniens au Mariannes-du-Nord (CIMN) et les Samoa-américaines. Les TAMC (entre le 7 décembre 1997 et le 30 septembre 1998), trois autres sont des États associés autonomes : la et l’expérience a démontré que l’Internet peut devenir un République des îles Marshall (RIM); les États fédérés de moyen économique de consultation en différé et de stockage Micronésie (EFM) — y compris les États de Chuuk, Kosrae, des données. Ce projet a suscité un énorme enthousiasme de Pohnpei et Yap — et, à l’extrême ouest du Pacifique Nord, la la part de tous les participants, et, pour la première fois République de Palau (ROP). Les populations indigènes de ces depuis son lancement, le PIHCP a pu disposer de crédits pour îles océaniennes, totalisant environ 500 000 personnes, la totalité de l’exercice; des dizaines de milliers de dollars ont comptent sur les services de médecins locaux ou expatriés, en fait été ainsi économisés. du personnel médical du U.S. Public Health Service, de sages-femmes et d’auxiliaires sanitaires ainsi que de guéris*Colonel, Medical Corps, U.S. Army Chef, Department of seurs traditionnels. Clinical Investigation et Directeur médical du PIHCP, Tripler Army Medical Center, 1 Jarret White Road, 2D236 TAMC, Honolulu, Hawaï 96859-5000 — tél. : +1 (808) 433 2833 — Fax : +1 808 433 2912/1920 — Mél. : [email protected] Les renvois à des spécialistes de l’extérieur sont devenus monnaie courante dans les USAPI, une minorité des habitants de ces îles s’accaparant à cette fin une vaste propor- 31 LA TÉLÉSANTÉ DANS LE PACIFIQUE PACIFIC HEALTH DIALOG VOL 7. NO. 2. 2000 Figure 1. Carte des îles du Pacifique superposée à une carte des États-Unis tion des budgets affectés aux soins de santé par les autorités de ces divers États. Selon un rapport récent du Institute of Medicine portant sur les soins de santé dans le Bassin du Pacifique, plus du tiers du budget consacré aux soins de santé par certains États sert à moins de 1 % de la population totale de ces États (1). Le PIHCP a financé les soins de plus de 2 500 patients au cours des neuf dernières années, mais le coût de ces services a été considérable, atteignant certaines années près de 8 000 000 $US. Les programmes de formation offerts par le TAMC ont été d’un grand secours au personnel médical, et leurs répercussions au plan humanitaire ont été incalculables. lations médicales les plus modernes des USAPI; elle acheminait donc moins de patients. Finalement, un petit nombre de patients ont été acheminés, au fil des ans, de Guam et du CIMN, deux États insulaires dotés d’un programme national d’assurance-santé couvrant les services utilisés à Guam, à Saipan, aux Philippines ou aux États-Unis. Le département de chirurgie reçoit chaque année le plus grand nombre de patients, suivi des départements de médecine, de pédiatrie et d’obstétrique/gynécologie. En règle générale, l’admission des patients est limitée aux services et aux départements qui participent à l’enseignement supérieur en médecine. S’agissant des diverses sous-spécialités du secteur de la chirurgie, les Océaniens se caractérisent par la fréquence élevée d’un certain nombre d’affections qu’on ne rencontre que rarement dans les programmes de formation des états continentaux des États-Unis. Par exemple, l’otite moyenne maligne, la mastoïdite chronique et le cholestéatome sont des maladies communes au sein des populations océaniennes et procurent aux étudiants en otorhinolaryngologie l’occasion de pratiquer la mastoïdo-tympanectomie et, dans certains cas, de faire l’expérience du traitement des abcès du cerveau. Les cancers de la tête et du cou sont très Le tableau 1 indique le nombre et l’origine des patients admis au PIHCP au milieu des années 90. Les patients dirigés à partir des EFM étaient les plus nombreux et venaient en majorité de l’État de Chuuk, qui est à la fois le plus grand, le plus populeux, et le plus mal desservi de l’archipel. Le groupe des patients de la RIM arrivait au deuxième rang et la plupart de ces patients venaient de Majuro, la capitale. Venaient ensuite les patients dirigés des Samoa-américaines par le LBJ Tropical Medical Center de Pago Pago. La République de Palau, dans l’ouest du Pacifique, possède certaines des instal- Tableau 1. Pacific Island Health Care Program Nombre de patients Entité Exercice 1994 Exercice 1995 Exercice 1996 EFM 187 141 60 RIM 164 140 48 Samoa-am• 60 68 23 Palau 41 51 27 Guam/CIMN 10 12 2 462 412 160 TOTAL 32 PACIFIC HEALTH DIALOG VOL 7. NO. 2. 2000 LA TÉLÉSANTÉ DANS LE PACIFIQUE Tableau 2. Pacific Island Health Care Program, 1995 Département Nombre Chirurgie 201 Médecine 80 Pédiatrie 74 Obstétrique/gynécologie 56 Dentisterie 1 TOTAL 412 ligne internationale de changement de date, qui sépare Hawaï de l’ouest du Pacifique, et de la subdivision de la zone en cinq fuseaux horaires. De plus, il arrivait souvent que les communications téléphoniques soient coupées au milieu d’une conversation entre le médecin responsable du renvoi et le directeur médical cherchant à se renseigner sur l’état du patient ou à réacheminer l’appel au spécialiste approprié du communs chez les Océaniens, fournissant ici encore aux étudiants de cette sous-spécialité l’occasion de parfaire leurs connaissances. Les problèmes de calculs rénaux sont fréquents, et se doublent souvent d’une hyperuricémie. Dans la même veine, les cas d’hypospadias sont communs dans certaines régions de la ceinture du Pacifique, ce qui donne l’occasion aux étudiants en urologie de pratiquer l’ablation de gros calculs rénaux et la chirurgie reconstructive, sans parler des cas de tuberculose et de tumeurs rénales qui constituent pour les étudiants des occasions uniques de formation. S’agissant de la médecine générale, de la pédiatrie et de la chirurgie cardio-thoracique, les cardiopathies rhumatismales sévissent en grands nombres dans le Pacifique et la chirurgie de remplacement valvulaire est une opération commune au TAMC. Dans le domaine de la chirurgie orthopédique, l’ostéomyélite, l’arthrite septique, la tuberculose ostéo-articulaire, les tumeurs malignes, les scolioses et les traumatismes comptent pour une bonne part des maladies observées par les internes en orthopédie. On cherche à obtenir les services de neurochirurgiens pour le traitement des patients atteints de tumeurs cérébrales, d’abcès du cerveau, d’empyème sousdural et d’hydrocéphalie. Les programmes de formation en chirurgie générale acceptent les patients souffrant de maladies congénitales, de tumeurs malignes et de traumatismes qui se prêtent à l’intervention chirurgicale. Figure 2. Formulaire de consultation Les départements de pédiatrie et de médecine interne accueillent des patients océaniens atteints de diverses maladies infectieuses, qu’il s’agisse de tuberculose, de lèpre, de pyomyosite tropicale ou de leptospirose, une maladie fréquente à Kosrae (EFM) (2). Le diabète sucré est épidémique dans les pays insulaires océaniens, où on trouve également toutes les complications qui en découlent. Dans le domaine de l’obstétrique et de la gynécologie, on relève des grossesses à risques chez de jeunes femmes souffrant de cardiopathies rhumatismales ou de tuberculose, ainsi que de nombreux cas d’affections malignes gynécologiques qui ne se rencontrent pas fréquemment aux États-Unis. Jusqu’à l’avènement récent du réseau de consultation et d’aiguillage adossé à l’Internet, les patients étaient recommandés au PIHCP par lettre, télécopie ou téléphone. La difficulté des consultations téléphoniques est évidente, et compliquée encore davantage dans le Pacifique à cause de la 33 LA TÉLÉSANTÉ DANS LE PACIFIQUE PACIFIC HEALTH DIALOG VOL 7. NO. 2. 2000 TAMC. L’utilisation du téléco- Figure 3. Formulaire d’aiguillage certainement permis d’éviter pieur facilitait quelque peu les un certain nombre d’évacuachoses, mais avant que la tions médicales inutiles et demande de réservation officoûteuses sur Honolulu (3). cielle ne soit délivrée, il fallait L’organisation du calendrier des obligatoirement fournir le services pour tenir compte de nom, la date de naissance et l’horaire chargé des praticiens le numéro de passeport du — en particulier les chirurgiens patient, à défaut de quoi ce du TAMC — a toutefois posé dernier se voyait refuser l’emdes difficultés. Le système exibarquement. Au cours des geait en outre l’achat d’ordinapremières années d’applicateurs et d’appareils vidéo tion du PIHCP, les patients des coûteux, et l’embauche de USAPI étaient retenus trop techniciens compétents pour longtemps à l’hôpital, le nomen assurer l’entretien. Il est bre moyen de jours d’aliteintéressant de noter que le ment dépassant 20 par nombre de consultations, très patient. Au cours des quelques élevé la première année de la dernières années, les autorités mise en place du système, a responsables ont acheté ou diminué graduellement pour loué des propriétés sur l’île tomber à moins de 20 par d’Oahu où les patients et les année, avant qu’on décide de parents qui les accompagnent mettre fin au service. peuvent séjourner pendant le traitement au TAMC et où les À la réunion portant sur la patients externes peuvent charte du PBMA organisée à s’installer entre les périodes d’hospitalisation. En moyenne, le Pohnpei (EFM) en avril 1995, les participants ont assisté à une coût d’un voyage aller-retour pour un patient capable de démonstration du système Picasso de transmission téléphovoyager sans être accompagné varie de 1 500 à 3 000 dollars. nique d’images fixes. J’ai en effet été en mesure de consulter un spécialiste de Koror (Palau) au sujet d’un adolescent Les responsables du TAMC reconnaissent depuis très longatteint de lupus érythémateux systémique. temps déjà l’importance des télécommunications; le centre médical a en fait été désigné pour servir de site d’essai du Le même système nous a permis d’organiser une téléconComposite Health Care System (CHCS) en 1989-90. Ce sysférence entre le TAMC et Pohnpei. Les participants ont vivetème informatisé a évolué rapidement à l’intérieur de l’insment apprécié l’occasion qui leur était ainsi donnée de distitution et entre l’hôpital et les dispensaires périphériques. cuter avec des collègues de Palau. Quatre appareils Picasso Il a servi à la gestion des commandes des laboratoires, des ont été fournis gracieusement à des institutions de l’ouest pharmacies et des services de radiologie, et au traitement du Pacifique, et plus de 30 démonstrations de télémédecine des dossiers des patients externes et, éventuellement, des ont ainsi été réalisées sur l’île de Pohnpei, entre des îles difpatients hospitalisés. Un service de courrier électronique a férentes de l’État de Pohnpei et à l’échelle internationale, été largement utilisé pour les communications à l’intérieur entre l’Alaska, Hawaï, Pohnpei, la Nouvelle-Calédonie, de l’institution et avec une modernisation du logiciel réaliKosrae et Palau (4). Un certain nombre de patients ont été sée en décembre 1995, il est devenu possible de communidirigés grâce à ce système dans le cadre du PIHCP, mais le quer de l’extérieur avec le CHCS par courrier électronique. coût des appels téléphoniques internationaux s’est avéré Toutefois, le système sécurisé du CHCS n’autorisait pas les prohibitif pour la plupart des services de santé intéressés. pièces jointes. Méthodes Les consultations de télémédecine entre le champ de tir de missiles des forces armées américaines de Kwajalein, aux Îles Marshall (où un centre de vidéoconférences AT&T a été construit) et le TAMC ont débuté en 1993. Il est ainsi devenu possible de consulter les spécialistes du TAMC pour le traitement d’environ 200 dossiers médicaux ou de chirurgie ayant trait à des membres des forces en service actif, à des membres de leurs familles, à des entrepreneurs, à des civils à l’emploi du Ministère de la Défense et à quelques ressortissants des Îles Marshall en poste à Kwajalein. Ce service a Avec la popularisation de l’Internet et du courrier électronique, en 1996, certains praticiens ont commencé à utiliser cet outil pour transmettre directement des dossiers de consultation dans mon micro-ordinateur au CHCS. Ces premières tentatives de transmission de données se sont traduites par des pages et des pages de caractères indéchiffrables (5). Avec la participation des responsables d’AKAMAI, on a élaboré un système simple de transmission des données par l’Internet. 34 PACIFIC HEALTH DIALOG VOL 7. NO. 2. 2000 LA TÉLÉSANTÉ DANS LE PACIFIQUE Figure 4. (Radiographie pulmonaire) — enfant de 11 mois : éventration diaphragmatique Figure 5. (Radiographie pulmonaire) — enfant de 1 an : tératome (Îles Marshall) Figure 6. Enfant de 1 mois : hépatosplénomégalie massive consécutive à une leucémie congénitale (Palau) Figure 7. Femme de 20 ans : rhabdomyosarcome embryonnaire (Yap) Figure 8. Fille de 10 ans : fistule palatale (Chuuk) Figure 9. Nouveau-né : ambiguïté sexuelle (Yap) Figure 11. Fracture non consolidée du radius/cubitus (Chuuk). Figure 10. Hernie ombilicale (Chuuk) 35 LA TÉLÉSANTÉ DANS LE PACIFIQUE Lors de la quatrième conférence annuelle de la PBMA organisée à Weno, dans l’État de Chuuk (EFM) du 16 au 18 février 1998, on a réussi à faire la démonstration de l’utilité possible des consultations par le web. Cette démonstration a suscité un immense intérêt parmi les professionnels de la santé de la région présents à la conférence. PACIFIC HEALTH DIALOG VOL 7. NO. 2. 2000 Figure 12. Statistiques des cas Deux des sites ont en outre été équipés d’un otoscope et d’un ophthalmoscope numériques (American Medical Devices). La formation a été essentiellement donnée en deux temps. On a d’abord permis à un groupe de cliniciens intéressés de la quatrième conférence du PBMA (Chuuk) de se familiariser avec l’équipement, de l’utiliser et de le tester. Par la suite, à chacun des sites de tests bêta, des séances de formation intensive ont été organisées pour des groupes plus limités d’utilisateurs afin d’offrir une formation individualisée. Il s’agissait pour plusieurs des médecins d’une première occasion d’utiliser un ordinateur. Il convient de noter que plusieurs médecins américains principaux de Yap, Pohnpei et Palau ont accédé à la page web à partir de leur ordinateur personnel, ce qui a contribué au succès du programme et à la réception favorable dont il a généralement bénéficié. On a démontré qu’il était possible de transmettre certains dossiers de consultation par courrier électronique en joignant des images au message. La mise en place en Micronésie de quatre sites de tests bêta a exigé un certain nombre de mesures préalables. On a d’abord créé une page web de consultation en langage hypertexte (HTML) comportant un formulaire de consultation conçu par le directeur médical du PIHCP afin de recueillir suffisamment d’informations pour permettre à ce dernier ainsi qu’aux spécialistes du TAMC d’intervenir utilement. On a ensuite créé une autre page web pour l’affichage de l’ensemble des consultations en cours ou récentes reçues de l’Ouest du Pacifique. Finalement, un groupe de spécialistes du TAMC a reçu une formation à l’utilisation d’un navigateur web (Netscape Navigator) afin de pouvoir accéder aux dossiers de consultation et d’aiguillage et d’intervenir, le cas échéant. Cette formation s’est poursuivie jusqu’à aujourd’hui. L’Internet offre toute la souplesse voulue pour gérer les dossiers des patients puisqu’il permet la transmission, l’affichage et l’archivage de toutes les données et les images ayant trait aux cas étudiés. Les sites de tests bêta ont été installés à Weno (Chuuk) et à Kolonia (Pohnpei), dans les États fédérés de Micronésie, à Koror (Palau) et à Majuro (Îles Marshall). Chaque site peut compter sur un fournisseur de services relativement abordable, et bénéficie d’un accès 24 heures sur 24. On illustre à la figure 2 un modèle de formulaire de consultation. Le formulaire d’aiguillage est reproduit à la figure 3. Résultats La première consultation/recommandation transmise par courrier électronique a été reçue le 7 décembre 1997. Le patient était un homme adulte de Palau souffrant d’un gros calcul rénal coralliforme. Au cours des mois qui ont suivi, quelques cas seulement ont été acheminés par des médecins américains principaux de Palau, Yap et Pohnpei utilisant leurs propres micro-ordinateurs. Ce n’est qu’après la réunion du PBMA de février 1998 et la fin des cours de formation individualisés, en mars, que les consultations/recommandations ont commencé à se faire plus nombreuses. Au cours des six premiers mois du projet, le nombre de dossiers transférés au TAMC pour consultation ou recommandation a atteint presque 200. Voici la liste des équipements qui ont été installés à chacun de ces sites : • Un micro-ordinateur (Pentium II, 300 MHz, 64 Mo de mémoire vive (RAM), équipé d’un disque dur de 4,3 Go, d’un modem de 56 Ko, d’une carte vidéo de 8 Mo, d’un saisisseur d’image et d’un écran de 17 pouces à résolution de 26 pixels par pouce • Un appareil-photo numérique (Olympus D-600L) • Un scanneur à plat équipé d’un adapteur pour diapositives (Microtek Scanmaker E6 Professional) • Une caméra vidéo numérique (Sony DCR VX-1000) • Une imprimante (Epson Stylus 800) Chaque demande de consultation incluait les antécédents du patient, les résultats de l’examen et les données de laboratoire. Le cas échéant, on incluait des images, y compris des photographies des zones affectées. L’utilisation innovatrice d’annotations, de rubans gradués et d’ombrages, de l’otoscopie, de la pharyngoscopie et de la laryngoscopie directes et des films vidéo ont permis d’améliorer grandement la présentation visuelle des cas soumis à ces consultations. Souvent, on joi- 36 PACIFIC HEALTH DIALOG VOL 7. NO. 2. 2000 LA TÉLÉSANTÉ gnait également aux dossiers des tableaux de résultats des tests réalisés en laboratoire et des électrocardiogrammes. Les résultats des examens radiologiques, y compris les radiographies standard (au début, on utilisait l’appareil-photo numérique pour faire des clichés des radiographies montées sur un négatoscope), les échographies, les mammographies, les pyélogrammes intraveineux et les tomographies axiales (obtenues à Guam) ont été transmises avec certains dossiers. Dans plusieurs cas, on transmettait avec le dossier des séries de radiographies permettant au spécialiste d’étudier l’évolution de la lésion. Dans d’autres cas, il est arrivé que le directeur médical ou le spécialiste consulté suggèrent des études complémentaires et, souvent, des radiographies pulmonaires du patient ou du parent qui l’accompagnait ont été prises pour permettre d’exclure la possibilité d’une tuberculose pulmonaire chez les patients ayant donné des résultats positifs au test de la tuberculine purifiée (exigé par les transporteurs aériens pour réduire les risques de propagation du bacille de Koch (M. tuberculosis) aux passagers et aux membres de l’équipage. DANS LE PACIFIQUE la médecine. Ces consultations électroniques sont devenues une source unique de données pour les conférences, les séances scientifiques et les études de suivi clinique. Le nouveau système a été extrêmement bien accueilli, tant par les médecins traitants que par les spécialistes de recours. Il a permis de réaliser des économies très importantes, non seulement en réduisant les coûts directs des consultations, mais en limitant les frais d’appels téléphoniques internationaux. Chaque patient traité sur place, dans son pays, représente une économie de 10 000 à 20 000 $US, sans parler des avantages que représente, au plan émotif, la possibilité pour la famille d’éviter l’évacuation sanitaire. Note Les points de vue exprimés dans le présent rapport sont ceux de l’auteur. Ils ne reflètent pas nécessairement les politiques ni les positions officielles des forces armées, du Ministère de la Défense ni du gouvernement des États-Unis Les figures 4 à 14 présentent une sélection représentative des images ainsi utilisées. Références Les données démographiques et statistiques des cas soumis sont affichées automatiquement. L’identité de l’île d’origine, l’âge, le sexe, le département d’origine et les antécédents de consultation/recommandation sont présentés sous forme graphique comme l’illustre la figure 12. 1. Feasley, J.C. et R.S. Lawrence (éds). Pacific Partnerships for Health – Charting a Course for the 21st Century, Institute of Medicine, National Academy Press, Washington, D.C., 1998, p. 1-154. 2. Person, D.A. “ Leptospirosis in the Pacific: Tripler Army Medical Center ”, Medical Surveillance Monthly Report, 1998, vol. 4, p. 12-14. 3. Delaplain, C.B., C.E. Lindborg, S.A. Norton et J.E. Hastings. “ Tripler Pioneers Telemedicine across the Pacific ”, Hawaii Med J, 1993, vol. 52, p. 338-339. 4. Malani, J. et G.J. Dever. “ Telemedicine demonstration projects in the Western Pacific ”, J. Telemedicine Telecare, 1997, vol. 3, p. 43-46. 5. Flear, J.A., D.A. Person et G.J. Dever. “ Communications in health in the Western Pacific: a case study ”, Int. J. Healthcare Technology and Management, 2000, vol. 2, p. 246-254. Conclusion Ce projet visait à l’origine à trouver un moyen de transmettre des images à l’aide d’un système désuet de courrier électronique et de traitement automatisé de dossiers médicaux brevetés. Comme ce système ne pouvait être relié à l’Internet, on a par la suite opté pour la mise sur pied d’un réseau de consultation adossé à l’Internet. On a choisi une méthode simple de stockage et de réacheminement des dossiers pour gérer une vaste opération de consultations médicales au service des pays en développement de l’Ouest du Pacifique. Les besoins en matière de consultation et de recommandation médicale sont criants en Micronésie, ou des soignants disposant de moyens limités doivent traiter chaque jour de nombreux patients présentant des problèmes médicaux ou chirurgicaux uniques, souvent parvenus à un stade avancé d’évolution. Le TAMC a mis sur pied un système complet qui permet aux médecins du bassin du Pacifique d’accéder par l’Internet à ses services de consultation et de recours ainsi qu’à l’ensemble de la communauté médicale mondiale dont ils étaient auparavant si isolés. Au cours de ses six premiers mois d’exploitation, le réseau de consultation/recommandation a donné des résultats qui dépassaient toutes les espérances. Près de 200 consultations ont été transmises, nombre d’entre elles accompagnées d’images. Les médecins traitants sont en mesure de discuter avec des spécialistes de divers domaines et sous-domaines de 37