INTRODUCTION
Toutes les biographies de Gustave Eiffel (1) relèvent l’importance de l’année 1889 : c’est
à la fois, celle de la gloire, avec l’inauguration de la «tour de 300 m» et celle, où entrepreneur des
écluses du canal de Panama, il se trouve compromis dans le scandale qui marque l’échec de ce
grand projet. Elles évoquent l’événement suivant qui moins en est peut-être une conséquence, et
qui est l’origine de ce fonds : le 31 décembre 1889 la société en commandite G. Eiffel et Cie (2)
cessait d’exister. Gustave Eiffel faisait apport à une nouvelle société, la Compagnie des
Etablissements Eiffel (3), de ses ateliers de Levallois-Perret, de ses agences et représentations aux
colonies et à l’étranger, de ses nombreux brevets et des commandes en cours.
Trois ans plus tard, en 1893, une assemblée générale extraordinaire décidait une réduction
de capital et Gustave Eiffel se retirait du Conseil d’administration qu’il avait jusque là présidé.
En même temps, la société prenait la nouvelle dénomination de Société de construction de
Levallois-Perret (4), elle serait désormais dirigée par un collaborateur de Gustave Eiffel de
longue date : Maurice Koechlin.
En 1937 (Gustave Eiffel était mort en 1923), l’entreprise reprenait le nom d’Eiffel sous la
nomination d’Anciens Etablissements Eiffel, puis en 1960 de Etablissements Eiffel, pour devenir
en 1965 la Société Eiffel. Elle a été mise en liquidation en 1975.
La modification de structure intervenue en 1890 n’affectait pas l’activité des ateliers de
Levallois-Perret qui poursuivirent les travaux entrepris précédemment et continuèrent
l’exploitation des brevets, essentiellement ceux de la construction de ponts
(1) Citons notamment : Jean PREVOST, Eiffel, Paris, 1929 ; François PONCETON, Eiffel, le
magicien du fer, Paris, 1939 ; Maurice BESSET, Gustave Eiffel 1832-1923, Paris, 1957 ; Gilbert
CORDIER, à propos de l’œuvre de Gustave Eiffel. Documentation et réflexions sur les
circonstances et les méthodes de la construction métallique au XIXe siècle, Paris, ministère de la
Culture et de l’Environnement, 1977, multigr
(2) Créée en 1863
(3) Statuts déposés chez Me Dufour, notaire à Paris le 28 février 1890 : le siège de la Société était
35 rue Pasquier à Paris
(4) En 1897 le siège fut transféré 42 rue Fouquet à Levallois-Perret où se trouvaient les ateliers.
préfabriqués dits « démontables ou économiques ». Les près de quatre vingt dix ans d’activité qui
ont suivi ont confronté l’entreprise aux modifications des conditions économiques et techniques
qui ont affecté le secteur des travaux publics, dans la première moitié du Xxe siècle.
La Société de construction de Levallois-Perret travailla d’abord dans le domaine qui avait
été celui de Gustave Eiffel : grands ouvrages d’art pour les routes et les réseaux de chemin de fer,
elle construisit aussi plusieurs ponts sur la Seine pour le métro de Paris. Mais, à mesure que
l’équipement se complète, les grands chantiers se font plus rares en métropole. L’empire colonial,
en revanche, offre alors aux industriels français de larges débouchés : la société avait repris
l’agence de Saïgon, elle en ouvre une à Madagascar, elle eut ensuite un représentant à Dakar, elle