Mars 2010 Mensuel Côte d’Ivoire economie Jérémie N’Gouan : le goût des autres Rencontre avec le directeur de Pigier Côte d’Ivoire, un dirigeant qui a érigé l’action collective en véritable culture managériale. Lire p. 18 Uemoa Seize ans après la création de l’Union économique et monétaire ouest-africaine, Côte d’Ivoire Economie dresse un bilan des actions initiées et fait le point sur les perspectives définies par l’institution aux huit Etats membres. Lire p. 38 le périodique des dirigeants et leaders d’opinion - le périodique des dirigeants et leaders d’opinion - le périodique des dirigeants et leaders d’op L ’ e s s e n t i e l SE CT E U R Téléphonie mobile Guérilla marketing tous azimuts ! En Côte d’Ivoire, la téléphonie mobile est sans conteste l’un des secteurs où la concurrence s’exprime de la manière la plus vive. Aujourd’hui, cinq opérateurs se disputent âprement un marché de 12 millions d’abonnements. Comment trouver des financements en Côte d’Ivoire pour créer ou développer son entreprise Lire p. 12 RÉ G ION San Pedro Depuis la naissance du projet d’Autorité pour l’aménagement de la région du Sud-Ouest (Arso), la capitale du Bas-Sassandra donne le pouls de l’activité économique régionale, grâce notamment à son port autonome. Lire p. 24 PAY S Le Burkina Faso Un vent nouveau souffle sur l’économie du Burkina Faso. Agriculture, agroaliment aire, infrastructures de transports : passage en revue des nombreux chantiers en cours qui sont autant d’opportunités en termes d’investissement. Lire p. 30 E M P LOI Formation à distance Avec l’avènement des technologies de l’information et de la communication, les plus prestigieuses universités et écoles occidentales se déplacent aujourd’hui vers les étudiants. Lire p. 46 CON S OM M AT ION Automobile : Le « circuit » propice pour acheter sa voiture Lire p. 50 EXEMPLAIRE GRATUIT En dépit des préjugés, les institutions dont le rôle est de participer au financement des entreprises privées en Afrique de l’Ouest, donc en Côte d’Ivoire, sont nombreuses. « Les banques africaines sont frileuses lorsqu’il s’agit de financer la création d’entreprises de petite taille ou l’expansion de leurs activités. » Telle est la réponse souvent entendue lorsqu’on interroge les entrepreneurs en herbe ou les patrons de PME chevronnés. On constate en effet, ici et là, la réticence des banques à financer ceux qui veulent créer leur propre entreprise ou le secteur des PME. Or, ce sont ces petites et moyennes entreprises qui peuvent tirer la croissance économique et participer efficacement au long processus de développement. La Côte d’Ivoire, comme d’autres pays d’Afrique subsaharienne, a besoin d’un tissu économique pérenne et dynamique. Le maillon faible est souvent le secteur des PME. La recherche de financements relève d’un parcours du combattant. Il ne faut cependant pas se décourager, même lorsque les portes des banques restent hermétiquement fermées. Car ce n’est pas la fin du monde, loin s’en faut. D’autres solutions de rechange existent. Il faut toutefois bien s’informer sur les financements alternatifs et savoir à quelle Suite p. 20 Management Comment réussir un brainstorming Vive la réunion des matières grises ! Les séances de brainstorming sont des rencontres « remue-méninges » qui permettent de mettre en commun la diversité des richesses humaines que l’on retrouve dans les entreprises. Face aux défis de la compétitivité auxquelles ces dernières sont soumises, le brainstorming peut se révéler un outil précieux. Mais le cadre de ces réunions, leur organisation, leur mise en œuvre sont des éléments à ne pas négliger. Et pour qu’elles soient efficaces, reste à respecter quelques règles d’or. Suivez le guide. Lire p. 9 cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010 edito Sommaire Chère lectrice, cher lecteur, C’est avec enthousiasme que nous vous présentons ce premier numéro de Côte d’Ivoire Economie. Actualités économiques, secteurs d’avenir, opportunités d’affaires, tendances actuelles à découvrir à travers des articles courts pour s’informer efficacement, et des dossiers plus étoffés pour une lecture en profondeur. Car avec vous, nous partageons la conviction qu’une information économique fiable et innovante peut susciter l’envie d’entreprendre, d’investir, et par conséquent de générer de nouveaux emplois. La Côte d’Ivoire est la locomotive et le leader de l’Uemoa et mérite un vecteur d’informations économiques de premier plan. Nous avons fait le pari de la proximité. Pour cette raison, les informations locales occuperont une place privilégiée dans notre publication car c’est l’actualité économique ivoirienne qui intéresse en priorité nos lecteurs. L’activité économique locale foisonne de potentialités, notre démarche consiste à en révéler les richesses. Pour autant, l’économie a un caractère global et l’ouverture au monde ne sera pas négligée puisqu’une bonne part du contenu éditorial sera dédiée à l’actualité économique internationale, et notamment africaine. Enfin, les contenus priment sur tout. Ce qui suppose une rédaction étoffée et respectueuse de la déontologie journalistique. Ainsi, le choix de ce format nous permet de valoriser les compétences de rédacteurs indépendants et proches du terrain plutôt que de mettre en avant une vitrine en « papier glacé ». Côte d’Ivoire Economie est d’ailleurs amené à se développer grâce au recrutement de journalistes locaux qui rejoindront notre équipe. Nous attendons avec impatience votre courrier pour mieux connaître vos attentes et partager avec vous cette aventure. Bonne lecture. 3 Marion Ezzedine et Jean-Pierre Pont Laser Monétique : ruée sur les cartes prépayées Affichage publicitaire, la difficile régulation Ces « cyber-escrocs » qui discréditent la Côte d’Ivoire Bourse : du nouveau à la BRVM Droit : quelle structure juridique pour votre entreprise ? Huile de palme raffinée : la bombe sénégalaise désamorcée Coaching : réussir un brainstorming Investir dans la filière avicole, une bonne idée ? Indiscrétions Secteur : téléphonie Six opérateurs à la loupe Paiement mobile : la nouvelle frontière Forte croissance, faible incidence sur l’emploi formel Une manne pour le secteur de la publicité Le défi de la connectivité High-tech : quel téléphone mobile, pour quels usages ? p. 4 p. 4 p. 5 p. 6 p. 6 p. 8 p. 9 p. 10 p. 10 p. 12 p. 13 p. 14 p. 14 p. 15 p. 16 Rencontre Jérémie N’Gouan p. 18 Dossier : financements Trouver des financements en Côte d’Ivoire p. 20 Région San Pedro : le second souffle de la Côte d’Ivoire Le PASP, tourné vers l’avenir Le tourisme : un vaste potentiel non exploité p. 24 p. 26 p. 28 Pays Burkina Faso : le temps du renouveau B.F : Des secteurs qui ont le vent en poupe B.F : Le port sec de Bobo-Dioulasso B.F. : Têtes d’affiche B.F : Forum Afric-Allia p. 30 p. 32 p. 34 p. 36 p. 37 Afrique Uemoa, bilan et perspectives Programme économique régional Soumaila Cissé, président pragmatique Partenariat Uemoa-Africable p. 38 p. 41 p. 42 p. 42 Immobilier Calculez la valeur de vos biens immobiliers p. 44 Emploi Côte d’Ivoire : la formation à distance Entretien avec Reine Dagbo p. 46 p. 47 Conso Le « circuit » propice pour acheter sa voiture Sortir à Abidjan Le casse-tête du cadeau d’anniversaire Dubaï, nouveau pôle d’attraction Shopping p. 50 p. 50 p. 52 p. 52 p. 53 Rédaction Gestion et administration Directeur de la rédaction : Jean-Pierre Pont Secrétaire général de la rédaction : Didier Bras Rédacteur en chef : Théophile Kouamouo Directeur artistique : Jean-Noël Dubois Maquettistes : Aurélia Landeau et Nathalie Pointlane Ont participé à ce numéro : Lasme Adou, Stéphane Bahi, Edwin Cheick, Manassé Dehe, Franck Foko, Théophile Kouamouo, Euclide Okolou, Simon Silue, Danièle Tagro, Tiego Tiemtore, Michelle Tope. Directrice générale et de la publication : Marion Ezzedine ([email protected]) Chef de la publicité : Anne-Sophie Bouleau ([email protected]) Informations légales Côte d’Ivoire Economie, S.A. au capital de 60 000 000 FCFA. Siège social : 28 BP 1473 Abidjan 28 - Cocody II Plateaux, rue K24. Site Internet : www.cotedivoireeconomie.com – RCCM n° CI-ABJ-2010-B-1358 du 25 février 2010 – Récépissé du Procureur de la République et dépôt légal en cours. Impression : Groupe Riccobono, 115, chemin des Valettes, 83490 Le Muy (France). Tirage: 10 000 exemplaires. 4 Laser cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010 Monétique : ruée sur les cartes prépayées Elles séduisent de plus en plus de consommateurs en Côte d’Ivoire. Leurs avantages ? Elles offrent une sécurité aux titulaires d’un compte bancaire qui craignent une intrusion dans leurs données personnelles et permettent l’accès aux terminaux de paiement électronique pour ceux qui n’en possèdent pas. Passage en revue des offres existantes. approvisionnez votre carte prépayée en fonction de vos besoins, à des coûts abordables. Diverses offres sont actuellement disponibles, partageant le même schéma d’implémentation : un régisseur de système (« switch ») connecte une banque avec un réseau de banque régionale ou une plate-forme internationale de paiement (Visa, Mastercard…). Une carte de paiement prépayée, fruit de cette collaboration, est ensuite émise et distribuée par la banque pour une utilisation sur le réseau de la plate-forme. Voici quelques modèles présents sur le marché ivoirien. Ces cartes de paiement ne sont pas liées à un compte bancaire, elles peuvent être utilisées pour retirer de l’argent dans les distributeurs automatiques de banque et pour régler des achats à toute heure dans les commerces dotés d’un terminal de paiement électronique, mais aussi sur Internet. Leur engouement est certain, même si elles font parfois l’objet d’un « blacklisting » La carte salaire, outil pratique pour les entreprises Il s’agit d’une carte de paiement et de retrait que les entreprises octroient à leurs employés pour payer leurs salaires. Toute entreprise cliente de la banque émettrice peut demander, dans le cadre d’une convention, des cartes salaires pour ses employés non bancarisés. Dans la pratique, les salariés disposent d’un sous-compte au nom de l’entreprise et, en libellé complémentaire, à leur nom. À chaque sous-compte est attachée une carte de retrait. Celleci mentionne le nom de l’entreprise et celui du salarié porteur. Sur ordre de l’employeur, la banque se charge alors de cré- Plusieurs banques se partagent le marché des cartes prépayées sur le sol ivoirien. sur certains sites internationaux qui bloquent systématiquement les transactions venues de la Côte d’Ivoire, considérée comme une terre d’élection des « cyberescrocs ». Leur principe est simple : vous diter le montant souhaité sur la carte salaire de l’employé, à la date convenue. Celle de Bicici (la carte salaire Sécuris) est personnalisée et s’utilise à l’aide d’un code confidentiel. Avec cette carte, le salarié peut retirer tout ou partie du salaire versé, à tout moment, sur l’ensemble du réseau de la banque (31 distributeurs automatiques et terminaux de paiement électroniques). Bien entendu, l’argent peut également être conservé sur la carte salaire, donnant ainsi au salarié la possibilité de gérer son budget en toute sécurité. Il l’utilisera au fur et à mesure de ses besoins, avec la possibilité de consulter son solde. Son coût – 10 000 FCFA/an – est supporté par les entreprises qui la mettent à disposition de leurs employés. Africards C’est l’une des premières cartes internationales de paiement qui s’est implantée sur le marché ivoirien. La carte Visa prépayée Africards est émise par la Banque internationale du Burkina (BIB, rachetée par United Bank of Nigeria). Elle est pilotée par l’entreprise Global Technology Partner (GTP), basée à Houston aux Etats-Unis, et utilisable en principe partout où les cartes Visa traditionnelles sont acceptées. Elle offre la possibilité de faire des retraits sur les guichets automatiques des banques affiliées à Visa. Deux modèles, Or et Argent, permettent de faire des achats et des paris sur Internet et dans les commerces, mais aussi d’effectuer des transferts d’argent de carte à carte. Cashxpress Cette carte est émise par la banque Ecobank et s’utilise de la même manière que Africards sur le réseau international Visa. Elle est également pilotée par la plate-forme GTP. Comme Africards, c’est une carte Visa classique qui fait office de carte de débit et de crédit, supporte l’envoi ou la réception des transferts rapides d’argent de carte à carte, et permet d’accéder à son compte carte via Internet. Elle est rechargeable en ligne, à volonté. Rubis Grâce à sa collaboration avec un switch marocain, la BIAO émet cette carte prépayée sur le territoire ivoirien. Elle a pour particularité d’être la moins chère du marché (les frais de retrait dans les guichets automatiques sont très faibles, et inexistants quand il s’agit de guichets BIAO). Elle dispose cependant de fonctionnalités plus réduites que Africards, selon un certain nombre d’utilisateurs. Cefacarte Elle est émise par la Versus Bank et déployée par le switch Etranzact. C’est une offre purement locale qui permet de régler des achats dans le réseau Etranzact, c’està-dire chez des commerçants équipés de ce type de terminal. Elle supporte le transfert de carte à carte et la consultation du solde sur Internet. Toutefois, les retraits d’argent ne sont possibles que dans les agences de la Versus Bank. Atlantique Traveler Considérée comme la plus chère du marché, c’est pour l’instant la seule carte prépayée utilisable (retrait/paiement) sur le réseau international Mastercard. Dans sa conception, elle est prévue pour les commerçants qui se déplacent à l’étranger pour leurs affaires, pour les touristes ou encore les pèlerins. C’est un pur produit de la Banque Atlantique, directement connectée à Mastercard sans passer par un switch. Manassé Dehe Affichage publicitaire, la difficile régulation Abidjan, forêt dense de l’affichage ? On n’en voudrait pas à celui qui le penserait tant les panneaux publicitaires poussent, tels des champignons. Partout, aux principaux carrefours et même dans les endroits les plus insoupçonnés, ils font désormais office de décor. La fécondité de ce secteur d’activité pourrait s’expliquer par la diversification et la professionnalisation des acteurs. Cependant, la vigoureuse opération de démantèlement de 4 227 panneaux publicitaires dits « vracs » à Abidjan en septembre 2008 a permis de comprendre que cette apparente embellie cachait bien de soucis pour l’organisme étatique en charge du secteur, le Conseil supérieur de la publicité (CSP). « Les vracs » sont des panneaux frauduleux auxquels s’était attaquée l’autorité de régulation en vue d’assainir le milieu. Cette opération n’a pas manqué de susciter bien d’interrogations. Créé par le décret n°79-419 du 23 mai 1979, le CSP contrôle et régule la publicité en Côte d’Ivoire. Il s’appuie essentiellement sur le code de la publicité, ou code de déontologie de la publicité, en vigueur depuis 1988. En dépit de ces instruments de réglementation, l’organisme a sombré dans une léthargie qui a favorisé un désordre dans le milieu. Laser Mise en place d’un comité d’experts Selon Honorat Kouassi, directeur de l’agence Pohorow, « le désordre dans l’affichage est principalement dû aux régies non agréées ». Il dénonce par ailleurs le jeu trouble de certaines régies qui possèdent des agences conseil en communication, alors que cela est interdit par la loi. Situation préjudiciable pour le secteur que décrient les responsables légalistes, à l’instar d’Esmel Meliane, directrice de la régie Meli’s Com. « Le client paie moins cher parce que l’offre est trop grande », se plaint-elle. Sans oublier, toujours selon Mme Esmel, la fâcheuse tendance des mairies à attribuer des espaces publicitaires alors que cela ne relève pas de leurs prérogatives. cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010 Dans ce contexte, le ministère de la Communication a procédé au réaménagement du CSP en lui donnant plus de moyens de coercition. Le CSP, à son tour, a mené les actions d’éclat que saluent l’ensemble des acteurs du domaine, notamment le recensement des structures légales de publicité, puis la destruction des panneaux illégaux conformément au décret n°2007676 du 28 décembre 2007. Un décret qui, en lui-même, contiendrait trop de dispositions contraignantes pour les professionnels de la publicité, à en croire Mme Méliance Esmel. Un comité de onze experts a été mis en place par le ministre afin de faire des propositions pour une restructuration plus efficace. Stéphane Bahi Chronique du monde qui vient Ces « cyber-escrocs » qui discréditent la Côte d’Ivoire Les escroqueries qui abondent sur le Net desservent le développement de l’économie ivoirienne. Et la bataille pour endiguer le phénomène n’est pas gagnée… C’est un concept qui a le vent en poupe dans les univers professionnels relevant de la communication, des relations publiques et du Web : la « e-réputation ». Selon un blog spécialisé (« www.e-reputation.org »), il s’agit de « l’image que les internautes se font d’une marque ou d’une personne. Cette notoriété numérique façonne l’identité d’une marque, la différenciant de ses concurrentes ». La e-réputation peut aussi valoir pour un individu ou un pays… comme la Côte d’Ivoire. Et il est évident que sur le Web, la Côte d’Ivoire n’a pas une image enviable. Bien entendu, lorsqu’on « googlise » ce pays, il est inévitable qu’on tombe sur de nombreuses pages évoquant la longue crise militaro-politique qu’il vit. C’est inévitable. Ce qui est plus préoccupant, c’est que lorsqu’on fait des recherches en ligne sur de nombreuses banques du pays, on tombe sur des sites comme « escrocs.net », « hoaxbuster.com » ou « arnaques.com »… qui recensent les tentatives d’escroquerie et les mauvais coups que les personnes trop crédules peuvent prendre en ligne. Ces banques ont-elles des pratiques illégales en ligne ? Pas du tout. Mais le gros bataillon des cyber-escrocs, dont le travail est d’inonder le monde entier de courriers électroniques empoisonnés, utilise souvent le nom de ces institutions, brouillant leur image et, par la même occasion, celle du pays tout entier. Une imagination débordante Les formes d’arnaques sont diverses, et ont été répertoriées par le site de l’ambassade de France en Côte d’Ivoire (« http://bit. ly/9MGou4 ») : il y a des « arnaques à l’héritage » où votre correspondant se fait passer pour le fils d’un milliardaire qui vous rémunèrera si vous lui permettez d’utiliser votre compte en banque pour faire sortir de prétendues grosses sommes d’argent du pays ; des « arnaques à la loterie » où l’on vous fait croire que vous avez gagné un gros lot et qu’il vous faut payer des frais de traitement de dossier ou de transport pour pouvoir bénéficier de ce lot ; des arnaques à la commande de matériel et promesse de paiement soit par des cartes de crédit volées ou fausses, soit par des ordres de virement contrefaits ; des détournements de courrier bancaire ou des « arnaques à la voiture d’occasion » où un prétendu acheteur promet de payer dès réception du bien ou demande les coordonnées bancaires de sa victime pour un virement qui n’arrivera jamais. Il y a aussi des « arnaques à la romance » où des jeunes garçons utilisent des photos de jeunes filles pour appâter pour dépouiller des Occidentaux esseulés trouvés sur les sites de rencontres. La réponse des pouvoirs publics, notamment de la police, n’est pas assez forte face à cette forme de criminalité qui jette le discrédit sur les opérateurs économiques honnêtes qui n’arrivent plus à commander en ligne, ou qui voient leurs comptes en ligne bloqués dès la moindre fausse manipulation parce que le pays où ils vivent est « blacklisté ». La Côte d’Ivoire s’est engagée dans un projet d’ampleur, le Village ivoirien des technologies de l’information et des biotechnologies (Vitib), et veut attirer sur son sol les grands groupes et les start-up du monde entier. Comment le ferait-elle, même après la crise, si elle continue de passer pour le pays des arnaques en tous genres ? Il faut faire la guerre aux cyber-escrocs vivant en Côte d’Ivoire, notamment en obligeant les cybercafés à passer par un logiciel unique et sécurisé d’où l’on pourrait repérer plus aisément des activités illégales, les bloquer et poursuivre leurs auteurs en justice. Théophile Kouamouo 5 6 Laser cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010 Bourse : du nouveau à la BRVM En novembre 2009, le Conseil régional de l’épargne publique et des marchés financiers (CREPMF) a permis l’introduction et l’exercice de la notation financière sur le marché financier sous-régional. A la suite de cette décision, beaucoup s’attendent à ce que ces mesures secouent le marché de l’emprunt à la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM). En effet, la notation financière fait une évaluation de la qualité de crédit de l’entreprise ou de la collectivité locale à la recherche de capitaux et du risque lié à un titre émis. L’agence de notation, après une analyse des paramètres qualitatifs et quantitatifs de l’entreprise et de son environnement, lui attribue une note alphabétique allant de D – la plus mauvaise note traduisant un défaut de paiement avéré – à triple A (AAA), qui indique une sécurité maximale. Les différents crans de cette échelle de note sont classés en deux catégories : les « notes d’investissement » lorsque le risque est faible ou modéré, et les « notes spéculatives » lorsque le risque est plus élevé. Par le passé, tout emprunt obligataire à la BRVM devait être garanti à 100 % par l’émetteur ou un garant à qui il reversait une commission considérable. Désormais, tous les émetteurs qui recevront une note facilement les exigences visant à favoriser de la catégorie « note d’investissement » la transparence et éviter les conflits de la part d’une agence de notation agréée, d’intérêt dans l’exécution des activités n’auront plus de garantie à des agences de notation. Ces constituer et seront amenés dernières, en effet, sont rémunéUne note qui rées par les émetteurs qu’elles à proposer des taux d’intérêt plus faibles, vu la confiance va du défaut notent. Ce qui constitue une qu’ils inspirent aux investisporte ouverte à des dérives dont de paiement la seule barrière est le respect seurs. Jusque-là, la fixation du taux d’intérêt dans les avéré jusqu’à scrupuleux de leur propre levées de fonds était faite code de bonne conduite. Leurs la sécurité sur des bases que certains évaluations seront, dans tous maximale. considèrent trop théoriques. les cas, mises à l’épreuve par La notation financière va le marché qui finit toujours par donc conduire à une réducindiquer son propre jugement. tion considérable du coût A terme, le fonctionnement de du crédit pour les entreprises qui viendront la notation financière sur notre marché lever les fonds à la BRVM. financier devrait aider le CREPMF à réaliser d’autres projets, comme la mise A l’épreuve du marché en place de la titrisation et des produits L’autorité de régulation, le CREPMF, a dérivés. certainement tenu compte des enseignements de la crise financière en rédigeant Euclide Okolou ses textes réglementaires. On remarque (www.okibourse.com) Droit : quelle structure juridique pour votre entreprise ? Le choix de la structure juridique est une décision qui s’impose à tout entrepreneur, principalement lors de la création de son entreprise. Mais la question peut aussi se poser en cours de vie sociale, en fonction des développements qu’elle a connus. Le choix fondamental réside entre l’exercice de l’activité sous la forme d’une entreprise individuelle ou d’une société. Ce choix implique des conséquences sur le plan fis- cal et social ainsi qu’en matière de responsabilités. Ce choix peut en outre engager la vie de l’entreprise. L’entreprise individuelle L’entreprise individuelle désigne une activité exploitée par une personne physique seule, c’est-à-dire sans associé. Cette personne, appelée « commerçant », exerce son activité en son nom personnel ou en son nom propre. Juridiquement, une telle entreprise ne se distingue pas de la personne physique qui l’exploite. En vertu du principe de l’unité du patrimoine, l’entreprise individuelle et l’entrepreneur disposent d’un seul et même patrimoine. Les avantages d’une telle structure pour l’exercice d’une activité commerciale peuvent être définis ainsi : - la simplicité des formalités de création : il n’y a pas de statuts à rédiger. Il suffit d’une immatriculation au registre de commerce et du crédit immobilier, ainsi qu’un numéro de compte contribuable pour commencer à exercer ; - l’inexistence d’un capital minimum de démarrage ; - la simplicité du fonctionnement et de la gestion (la prise de décision rapide et l’absence de compte à rendre devant une assemblée générale). En un mot, vous êtes le seul maître à bord ! Il s’agit d’une structure idéale pour les personnes indépendantes. Cependant, les inconvénients que présente cette structure ne sont pas à négliger : - l’unité du patrimoine : les créanciers de l’entreprise peuvent poursuivre le recouvrement de leurs créances sur le patrimoine personnel de l’entrepreneur ; - l’absence de capital susceptible d’être ou- Laser vert à des partenaires financiers : l’entreprise individuelle ne permet pas l’accueil d’apporteurs de fonds propres dont elle pourrait avoir besoin pour son développement ; - l’application du régime des incompatibilités à la personne de l’entrepreneur : la loi interdit l’exercice d’une activité commerciale à titre individuel à certaines professions. Par exemple, les fonctionnaires et les auxiliaires de justice ne peuvent pas monter une entreprise individuelle. La société A la différence de l’entreprise individuelle, la société est une personne morale distincte des personnes qui l’ont créée. A ce titre, la société dispose de droits, de devoirs et d’un patrimoine propre. Il existe différentes formes de sociétés. Les plus courantes sont la société à responsabilité limitée (SARL) et la société anonyme (SA). Les avantages de la constitution d’une société pour exercer une activité commerciale : - l’inapplication dans les SARL et les SA du régime des incompatibilités, dans la mesure où les associés n’ont pas la qualité de commerçant ; - la possibilité de constituer la SARL ou la SA avec un seul associé ou un seul actionnaire ; - la possibilité de prendre des associés pour profiter des capitaux qu’ils sont en mesure d’apporter ; - une plus grande capacité à lever des fonds auprès des établissements de crédit ; cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010 - la limitation de la responsabilité personnelle au seul montant de l’apport : dans la mesure où la société a une personnalité et un patrimoine distincts de ceux du chef d’entreprise et de ses associés, les biens personnels de ces derniers sont à l’abri des poursuites des créanciers de la société. Mais l’exercice du commerce en société présente aussi des inconvénients : - des formalités de créations assez longues et onéreuses ; - la nécessité de rédiger des statuts ; - les formalités d’enregistrements des statuts et de publicité ; - la production d’un capital social minimum d’un million de FCFA pour les SARL et de dix millions pour les SA ; - les frais de constitution ; - un fonctionnement et une gestion qui peuvent se révéler complexes et contraignants ; - la tenue d’une comptabilité stricte ; - la nécessité de prendre les décisions en collectivité (les assemblées générales). Quelques précisions sont à souligner : La désignation d’un commissaire aux comptes est obligatoire pour les SA et facultative pour les SARL, sauf pour les cas suivants : - capital supérieur à 10 000 000 FCFA ; - emplois permanents supérieurs à cinquante ; - chiffre d’affaires annuel supérieur à 250 000 000 FCFA. Simon Silué, avocat (http://simonsilue.ivoire-blog.com) 7 8 Laser cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010 la bombe sénégalaise désamorcée un brainstorming Après avoir décidé de fermer leur marché à l’huile de palme ivoirienne sous prétexte qu’elle serait dangereuse pour la santé, les autorités sénégalaises ont choisi de faire machine arrière. en provenance de Côte d’Ivoire ont été stoppées. Mais pour la plupart des acteurs, il s’agissait d’une mesure de restriction commerciale non tarifaire que l’Etat sénégalais a prise pour favoriser un opérateur économique, en l’occurrence la Sunéor (première société sénégalaise agroalimentaire qui commercialise de l’huile d’arachide), au détriment de bien d’autres. Face à ce qu’il a qualifié « d’entrave à la libre circulation des produits de la zone de libre-échange qu’est l’Uemoa », le Groupement ivoirien des transformateurs de l’huile de palme (GITHP) a saisi les autorités ivoiriennes ainsi que la commission de l’Uemoa. « C’est bel et bien un barrage qui a été placé contre les importations d’huile de palme puisqu’elles sont naturellement composées de plus 30 % d’acides saturés. Toutes les huiles végétales ont leurs caractéristiques. Celles-ci donnent à l’huile de palme sa résistance à la chaleur, ce qui en fait la meilleure pour les fritures et autres usages à chaud », a expliqué Yves Lambelin, le directeur général de Sifca (principal producteur de cette huile). Une violation des lois communautaires Le 6 octobre 2009 dernier, lors de la réunion du Comité technique agroalimentaire sénégalais, Malang Seydi, le directeur de l’Association sénégalaise de normalisation (ASN), chargée d’établir les normes du pays, a clairement indiqué que la Sunéor avait demandé la révision des normes sénégalaises, pour faire « face à l’importation massive d’huile d’origine différente, mais principalement de l’huile de palme de la Côte d’Ivoire ». M. Seydi, considérant que cette demande de révision de normes était un cas de figure unique dans l’histoire de son institution, a souhaité qu’elle se base sur un argumentaire scientifique affirmé et irréfutable. Ces réserves n’ont pas empêché le Comité technique cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010 Coaching : réussir Huile de palme raffinée : Le marché sous-régional de l’huile de palme retrouve sa sérénité après quelques mois d’incertitude. En effet, les autorités sénégalaises avaient interdit, par décret, toute importation d’huile de palme ivoirienne en invoquant des arguments sanitaires. Depuis, elles ont décidé de revoir leur position et ont suspendu leur décision de fermer le marché sénégalais à l’huile de table raffinée fabriquée en Côte d’Ivoire, en attendant que la commission compétente tranche. Mais comment en est-on arrivé à cette situation de tension ? L’étincelle est partie du décret n° 2009-872 du 10/09/2009 pris par le président Abdoulaye Wade, qui impose désormais des normes strictes pour l’importation d’huile de palme raffinée. Le texte, qui invoque des motifs de santé publique, fixe un taux d’acides gras saturés de 30 %. Les stocks des importateurs ont aussitôt fait l’objet de blocages dans le port de Dakar et toutes les importations Laser Cette volonté de boycott relevait-elle du protectionnisme ou de la santé publique ? agroalimentaire, ainsi que l’ASN, de recommander l’adoption de mesures de restriction de l’importation des huiles de palme raffinées en provenance de Côte d’Ivoire. En révisant leur position, les autorités sénégalaises viennent d’éviter une grave crise à la filière. Une décision qui risquait aussi de remettre en cause les règles communautaires qui régissent l’Uemoa et la Cedeao. Une bombe désamorcée de justesse puisque selon le ministre Amadou Koné, « le groupe Sifca est prêt à travailler avec l’entreprise sénégalaise qui produit l’huile d’arachide ». Cheick Edwin N’est-on pas plus intelligent à plusieurs que seul ? C’est le principe qui soutient l’utilité des sessions de brainstorming, un outil incontournable pour les entreprises exerçant dans un marché compétitif. Une séance de brainstorming est une rencontre « remue-méninges ». Si vous avez besoin d’innovation pour vos services, produits, processus ou technologies, il est vivement conseillé d’en organiser une ou plusieurs. Pour que votre brainstorming soit efficace et que vous en sortiez avec des idées de nature à gonfler votre chiffre d’affaires, voici quelques règles d’or très importantes : Le cadre Sortez du cadre habituel : cela implique d’organiser la séance en dehors de vos locaux et, de surcroît, de se rendre dans un endroit qui sort du « déjà-vu ». De plus, le brainstorming doit se dérouler à l’abri des regards, du bruit et surtout de tout flux de personne. Plus vous serez dépaysés, mieux les méninges en seront excitées et prêtes à produire des idées. Les participants Le chiffre idéal se situe entre cinq et quinze personnes. Choisissez les par- ticipants qui vous semblent capables d’apporter quelque chose. Ne vous limitez seulement pas aux seuls départements concernés. Si vous avez détecté des traces de créativité chez un salarié d’un autre département, pourquoi ne pas l’inviter ? Les participants doivent être issus d’horizons tout à fait divers. Le facilitateur Vous devez avoir un excellent facilitateur. Son rôle consiste à animer la séance en distribuant le tour de parole. Mais un excellent facilitateur possède au demeurant l’art de savoir poser les questions et rebondir sur certaines réponses afin de stimuler la participation et la créativité. En général, vous le remarquerez par son talent en communication orale introspective (animation et échange dynamique), mais surtout par sa perspicacité et son jugement correct des situations. L’atmosphère Vous devez bien préciser à tous les par- 9 ticipants qu’on ne censure aucune idée ou suggestion et que la situation ne se prête pas à la compétition ou à la rivalité. Pas de commentaires désobligeants ou critiques. Toute idée est acceptée et notée afin de ne pas inhiber le processus. Encouragez les idées exagérées et hors normes, privilégiez la quantité, vous ferez le tri sur la qualité plus tard. La clé, c’est la liberté absolue d’imagination ; laissez les gens dire tout ce qui leur passe par la tête. L’exploration ou la discussion Toutes les idées émises sont inscrites sur un tableau visible par chaque participant. Après la phase de production des suggestions, le facilitateur doit procéder à leur exploitation. Il les regroupe et les hiérarchise. Ensuite, il devra relier les idées, reformuler celles qui sont confuses ou éliminer les propositions hors sujet, et regrouper les idées similaires. Des précisions peuvent être demandées, il est alors possible de discuter et de critiquer. La clôture Plusieurs méthodes peuvent permettre de sélectionner les meilleures idées. Les trois méthodes les plus productives consistent à donner un score ou un pourcentage aux idées et à les classer, à recourir au vote, ou à procéder par processus d’élimination jusqu’à retenir les meilleures d’entre elles. Dr Lasme Adou (www.improov.com) 10 Laser cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010 Investir dans la filière avicole, une bonne idée ? Après avoir connu un seuil d’alerte au début des années 2000, le secteur avicole ivoirien a su infléchir la tendance, et les objectifs de production sont toujours à la hausse. Indiscrétions Groupes électrogènes et plaques solaires Le délestage électrique que subit la Côte d’Ivoire, pour aussi déstabilisant qu’il soit, représente des opportunités économiques indéniables. Notamment pou les entreprises qui fournissent des groupes électrogènes comme Bernabé, Edimed, Tractafric… Bernabé s’est même trouvé en rupture de stock pendant plusieurs semaines suite à la ruée des consommateurs, particuliers et entreprises. Les entreprises qui fournissent et installent des plaques solaires, à l’image de Solci Energy et Stelci, sont également sollicitées. Et attendent, bien entendu, de savoir si l’Etat va suivre les propositions du Bureau national d’études techniques de développement (BNETD), qui prône la défiscalisation des installations et du combustible dans le cas des entreprises qui ont acquis des groupes électrogènes. Un nouveau concessionnaire en Côte d’Ivoire Depuis octobre dernier, Setaci, qui appartient au groupe familial Dagher, professionnel de la distribution automobile en Afrique depuis plus de trente ans, a rajouté une corde à son arc. Acteur majeur de la distribution de pièces détachées en Côte d’Ivoire, Setaci étend son activité à la représentation exclusive de Kia, une marque automobile en plein développement. Celle-ci vient d’annoncer une progression de ses ventes dans le monde de plus de 60% par rapport à l’année dernière. De la CCI à la CCIF Jean Louis Giacometti, conseiller technique du président de la Chambre de commerce et d’industrie de Côte d’Ivoire, Jean Louis Billon, a rejoint la Chambre de commerce et d’industrie française en Côte d’ivoire, au poste de directeur général. En Côte d’Ivoire, la filière poulet se voit pousser des ailes. Les chiffres officiels témoignent d’une « résurrection » qui paraissait inimaginable il y a quatre ans. En effet, le secteur avicole a été violemment secoué par la dérégulation progressive des importations extraafricaines. La production nationale est ainsi passée de 12 387 tonnes en 1997 à 7 538 tonnes en 2004. Une dégringolade qui mettait en danger un ensemble de structures de production et de commercialisation qui pèse près de 40 milliards de chiffre d’affaires et qui génère 15 000 emplois directs. La situation a commencé à s’améliorer avec une prise de conscience nationale. Le gouvernement ivoirien a pris la décision de protéger ses aviculteurs à travers une mesure fiscale dès 2005. La taxe sur le poulet importé, appelée prélèvement compensatoire, passe de 300 à 1 000 FCFA par kilogramme, ce qui enlève un peu de souffle à la volaille venue d’ailleurs, qui bénéficie souvent de subventions considérables – notamment les subventions européennes dans le cadre de la Politique agricole commune (PAC). Cette forme de protectionnisme à l’ivoirienne donne des résultats. De 8 306 tonnes en 2006, la production nationale de volaille passe à 11 672 tonnes en 2007 à 17 866 tonnes en 2008, et à environ 20 000 tonnes en 2009. Mieux, ces mesures sont prolongées le 31 décembre par Alphonse Douati, ministre de la Production animale et des Ressources halieutiques… jusqu’en 2020 ! Des investissements prévus L’objectif ? Faire passer la production à 30 000 tonnes d’ici 2019 et améliorer la compétitivité du secteur. Les investissements prévus, à hauteur de 150 milliards de FCFA, seront mobilisés uniquement par le secteur privé. Dans cet environnement favorable, des vocations se signalent au sein de la classe moyenne. « C’est vrai que le ticket d’entrée est désormais plus élevé. Avant, on pouvait commencer un élevage moderne avec 100 à 200 poulets. Aujourd’hui, il faut se lancer avec 1 000 à 2 000 poulets au moins. A Abidjan, l’investissement de départ minimum est d’environ 5 millions Des objectifs de production à la hausse et une forte volonté d’améliorer la compétitivité du secteur. de FCFA. A l’intérieur du pays, avec un million, ça peut aller », explique Jean-Marie Ackah, patron de la Société ivoirienne de production animale (Sipra), leader du secteur, qui vend du matériel nécessaire à l’installation des nouveaux éleveurs. En Côte d’Ivoire, les professionnels de la volaille sont organisés autour d’un certain nombre d’associations. L’Union des aviculteurs de Côte d’Ivoire (UACI) et l’Association nationale des aviculteurs de Côte d’Ivoire (Anavici) regroupent des exploitants individuels spécialisés dans la volaille de chair et les œufs de consommation. L’Association des industriels de la filière avicole ivoirienne (Interavi) regroupe des entreprises «structurantes» pour le secteur, qui font de l’accouvage, de la fabrication d’aliments de volaille, de l’abattage ou du conditionnement des œufs de consommation. Théophile Kouamouo Du changement à la SIB Il faut remarquer que la Société ivoirienne de banque (SIB) vient d’être reprise par Attijariwafa Bank, une banque marocaine qui propose déjà au Maroc des produits de finance islamique. Même si Attijariwafa n’a pas indiqué de changement au niveau du mode de fonctionnement de la SIB, il n’est pas exclu qu’à terme, elle puisse évoluer vers la finance islamique, si elle veut maintenir une logique de groupe. Le forfait « pushmail » de Moov A l’occasion d’une campagne d’affichage massive, l’opérateur de téléphonie mobile Moov a présenté au grand public un de ses nouveaux produits : le forfait « pushmail ». En échange d’un abonnement de 10 000 FCFA par mois, tous les abonnés de l’opérateur dont le téléphone le permet pourront consulter leurs mails en « push », comme ils consultent leurs SMS, et y répondre aussitôt. Quel que soit leur terminal. 12 Secteur cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010 Téléphonie mobile : six opérateurs à la loupe Le marché de la téléphonie mobile connaît une croissance sans précédent en Côte d’Ivoire. Décryptage des forces en présence, dans un marché aux enjeux considérables. Guérilla marketing tous azimuts ! En Côte d’Ivoire, la téléphonie mobile est sans conteste l’un des secteurs où la concurrence s’exprime de la manière la plus vive. Aujourd’hui, cinq opérateurs se disputent âprement un marché de 12 millions d’abonnements – et non de 12 millions d’individus, dans un contexte où les individus ayant de nombreuses « puces » sont légion. En douze années, la progression est extraordinaire. De 36 027 cartes SIM en activité en 1997, on est passé à 11 904 418 unités au troisième trimestre 2009, selon l’Agence des télécommunications de Côte d’Ivoire (ATCI, organe de régulation). Le marché est-il extensible à l’infini ? En 2009, effet conjugué de l’entrée en scène d’un nouvel opérateur (GreenN) et arrivée de combinés ultra-low cost vendus dans le cadre de lancements ou de promotions, le chiffre d’affaires global du secteur de la téléphonie – réalisé à plus de 80% par le mobile – a progressé de 18%, passant de 682 milliards de FCFA à 850 milliards de FCFA. Une croissance tout de même en retrait par rapport à celle enregistrée en 2008 : 25% par rapport à l’année précédente. Effet de la concurrence, les prix à la minute ne cessent de baisser, de 500 FCFA en moyenne en 1997 à 90 FCFA en 2009. Les diverses opérations de promotion mises en place pour gagner de nouveaux clients ont également fait baisser le sacrosaint ARPU (Revenu moyen par utilisateur), donc les marges bénéficiaires. Les cinq opérateurs – qui pourraient bientôt être six –, en sont persuadés : tout le monde ne peut survivre à long terme sur un marché de plus en plus étroit. Orange-MTN : la lutte acharnée pour le leadership Le groupe français Orange (France Télécom), présent sur le marché ivoirien du mobile depuis 1996, et la multinationale sud-africaine, qui a racheté la filiale ivoirienne de Telecel/Loteny Telecom en 2006, se livrent une guerre féroce qui transparaît aisément à travers leur communication institutionnelle, y compris sur les panneaux d’affichage urbains. Les deux se proclament notamment leaders en nombre de clients. Selon les chiffres du régulateur, ils étaient au coude-à-coude fin 2009 : Orange avec 4 201 932 abonnés (soit 36% du marché), MTN avec 4 136 525 abonnés (soit 35% du marché). En termes d’ARPU, Orange (5 300 FCFA par mois) était également, fin 2009, légèrement au-dessus de MTN (4 800 FCFA par mois). Les deux compagnies, qui règnent solidement sur le secteur, nourrissent toutes les deux la même ambition : être des opérateurs « globaux », offrant à la voix des services relevant du fixe, du mobile et de l’Internet. Elles en ont les moyens. Quand la fusion Orange/Côte d’Ivoire Télécom, en cours, sera achevée, l’enseigne française pourra faire des offres complètes, prenant en compte toute la problématique des communications électroniques. Le groupe MTN, de son côté, a investi, en 2008, entre 60 milliards et 80 milliards de FCFA pour acquérir Afnet, fournisseur d’accès Internet (FAI) et Arobase Télécom, exploitant de fibre optique qui s’était lancé dans la téléphonie fixe et s’était également posé en FAI avant d’être financièrement essoufflé. Le groupe sud-africain a tenu à « éloigner » Gervais Amani Assié, fondateur de Arobase Télécom, et Mohamed Khattoun, ancien patron d’Afnet, après les avoir gardés plusieurs mois dans son staff. Pour autant, aucune grande offre globale n’a encore été présentée au public. Le rebranding d’Afnet prend du temps, et la marque Arobase Télécom a disparu. Des observateurs évoquent la nécessité d’achever de gros investissements, notamment dans la mise en place d’un réseau de fibre optique « particulièrement performant ». Le prêt de 76,1 milliards de FCFA accordé à l’entreprise par un consortium de neuf banques en mars 2009 lui a sans doute permis de mettre en œuvre un certain nombre de grands chantiers. En attendant d’être prêts pour la future étape de leur affrontement, les deux plus grands opérateurs de téléphonie mobile s’affrontent dans les services « additifs », notamment les offres de paiement mobile, qu’ils ont été les premières à implémenter sur le marché ivoirien (lire article ci-contre). Moov/Comium : des challengers inégaux Le groupe émirati Etisalat a progressivement renforcé ses positions dans Atlantique Télécom, entreprise qui détient toutes les opérations Moov en Afrique, avant de la racheter totalement, en acquérant les 18% qui restaient à son partenaire ivoirien, le groupe Banque Atlantique. Cette prise de contrôle intégrale se traduira-t-elle en investissements supplémentaires au sein de la filiale ivoirienne ? Dans un contexte de forts investissements (ils ont dépassé la barre symbolique de 100 milliards de FCFA par an en 2006), où l’ATCI se prépare à mettre en vente des licences pour l’exploitation de la norme 3G, du cash flow ne serait pas de trop pour un opérateur qui a réussi à se poser en « challenger numéro un ». Avec 16% du marché, ÉVOLUTION DU NOMBRE D’ABONNÉS AU RÉSEAU MOBILE DE 1997 À OCTOBRE 2009 il pèse bien plus que la filiale ivoirienne du groupe Comium (8%), qui se trouve dans le même segment. Premier avantage de Moov, son antériorité. L’opérateur est apparu sur le marché en juillet 2006, et a vite imposé l’image d’un opérateur glamour cassant les prix pratiqués par le « duopole » Orange/MTN. Comium a débarqué un an plus tard, en juillet 2007, sous le nom commercial Koz. Un peu trop tard sans doute. Lancée dans la guerre des prix, la marque est vite apparue comme low cost, sans forcément fidéliser à long terme un public prompt à consommer. Sans doute est-ce pour cela que l’entreprise a mis au monde une nouvelle marque, Comium, se positionnant comme plus corporate. Cela suffira-t-il à séduire un marché des entreprises et des associations que Moov a réussi à pénétrer notamment à travers les « flottes » (dont le principe est repris aujourd’hui par tous les opérateurs) permettant de communiquer gratuitement en « interne » ? GreenN, révélateur de la saturation ? Contrôlé par le groupe Libyan Arab Portfolio (LAP), l’opérateur GreenN est arrivé sur le marché ivoirien en décembre 2008. S’il détient 6% du marché en termes de cartes SIM en circulation (un peu plus de 700 000 abonnés), ses difficultés de lancement sont le témoignage, selon certains acteurs du secteur, d’un début de saturation du secteur. GreenN a choisi, pour s’imposer, de distribuer des combinés low cost à 2 500 FCFA, créant un effet de ruée qui n’a pas forcément eu des résultats à long terme, dans la mesure où la stratégie n’a pas toujours entraîné des phénomènes de fidélisation. « Les consommateurs ont des attitudes très opportunistes. Ils multiplient les cartes SIM pour bénéficier des promotions sans pour autant renoncer à leur principal numéro de téléphone, sur lequel leurs contacts les appellent généralement », explique un professionnel du secteur. Les coûts élevés de l’interconnexion constituent également un vrai handicap pour des nouveaux arrivants comme GreenN. En 2009, il était de 45 FCFA, une somme tout de même élevée qui limite les possibilités de baisse des prix lorsqu’elles concernant des appels sortants vers d’autres compagnies. Ce qui constitue forcément une prime aux opérateurs historiques qui ont, de plus, une « ristourne » conséquente – souvent équivalente à certains de leurs prix promotionnels – lorsque leurs abonnés sont appelés par ceux des concurrents. Face à une telle règle d’airain, GreenN – comme Koz – en est réduit à casser les prix des appels internes à son réseau, ce qui restreint drastiquement son ARPU et suscite des réserves sur la pérennité de son modèle économique. Théophile Kouamouo PART DE MARCHÉ PAR OPÉRATEUR À LA FIN DU 3éme TRIMESTRE 2009 Source : la lettre de l’ATCI. Secteur cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010 Paiement mobile : la nouvelle frontière Parmi les nombreuses fonctionnalités offertes par la téléphonie mobile, il est maintenant possible de régler ses dépenses grâce à ce nouveau « porte-monnaie numérique ». Depuis quelques mois, les deux premières compagnies de téléphonie mobile en Côte d’Ivoire communiquent abondamment sur leurs produits de paiement mobile : Orange Money (Orange) et Mobile Money (MTN). Ils reviennent à utiliser son téléphone mobile comme terminal de transactions financières. Le principe est simple : comme il transfère du crédit téléphonique à ses proches, l’usager peut transférer de l’argent, voire payer ses factures sans se déplacer, grâce à une application installée sur son terminal téléphonique. Le paiement mobile peut-il être une source de revenus conséquente pour les opérateurs ? Dans son rapport 2009, l’opérateur kenyan Safaricom, pionnier en la matière, annonçait que plus de six millions d’usagers avaient utilisé ce service, distribué par 9 000 agents, et porté par 60 « facturiers ». Sans pour autant révéler la marge réalisée avec ce produit spécifique. En janvier 2010, Orange Côte d’Ivoire parlait de 150 000 utilisateurs, au-delà des 80 000 visés après une année d’exercice, et des transactions globales s’élevant à 1,6 milliard de FCFA, avec un montant moyen d’environ 21 000 FCFA. Rentable sur le long terme ? En tout cas, chaque opérateur entre sur le marché avec sa plate-forme propre, et la stratégie qui va avec. Orange a adapté le logiciel servant à gérer le système des e-recharges, édité par une société de services internationale appelée Comviva, pour développer la plateforme d’Orange Money. Une adaptation qui a été le fruit d’une collaboration entre des équipes basées en Côte d’Ivoire, en France et en Inde. Le protocole utilisé pour mettre en relation les différentes parties à la transaction est appelé USSD, et il est déjà utilisé dans le cadre des e-recharges. Orange travaille de manière exclusive avec un partenaire bancaire : la Banque internationale pour le commerce et l’industrie en Côte d’Ivoire (BICICI, filiale de BNP Paribas). MTN s’appuie, de son côté, sur une solution fournie par la société sud-africaine Fundamo, qui s’interface facilement avec les autres plateformes techniques utilisées par l’entreprise. La technologie retenue s’appelle Sim Tool Kit (STK). Malgré une interface intuitive qui ne le laisse pas deviner, elle est basée sur l’outil SMS. Dans sa conception, « Mobile Money » n’a pas vocation à être lié à un seul partenaire stratégique dans le secteur bancaire. La SGBCI est aujourd’hui le partenaire le plus en vue mais MTN travaille également avec Ecobank et le vaste réseau de la Poste de Côte d’Ivoire. Objectif ? Un maillage de plus en plus dense. Depuis plus d’un an, Comium annonce le lancement de sa propre offre de paiement mobile, sans qu’on sache réellement si elle se fondera sur la solution développée par la société de services Etranzact, dont le modèle s’appuie sur la complémentarité avec un certain nombre de banques, et qui est disponible depuis plusieurs mois pour les abonnés de Koz. La solution Etranzact passe par une application Java, un langage « riche » qui n’est pas « lisible » par de nombreux téléphones aux propriétés « basiques ». Moov Côte d’Ivoire a également dans ses tiroirs un projet de « paiement mobile », dont le lancement serait imminent. L’opérateur s’appuiera sur un partenariat à la fois technique et financier avec son partenaire historique, le groupe Banque atlantique. T.K. 13 14 Secteur cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010 Forte croissance, faible incidence sur l’emploi formel L’essor du marché de la téléphonie n’a pas impacté celui de l’emploi local. Seuls les emplois indirects bénéficient de cette embellie. Constat surprenant. La courbe des emplois créés dans le secteur de la téléphonie en Côte d’Ivoire n’épouse pas du tout celle de la croissance économique de ce secteur (329%). Entre 1997 et 2008, il y a eu, aussi curieux que cela puisse paraître, destruction d’emplois : on est passé de 3 342 à 3 306 salariés. Dans le secteur de la téléphonie fixe, la privatisation de Côte d’Ivoire Télécom et la rationalisation de la politique de ressources humaines ont entraîné une baisse sévère des effectifs. On est passé de 3 035 à 1 199 emplois. Dans le secteur de la téléphonie mobile, la période allant de 1998 à 2002 a été féconde en création d’emplois. Par la suite, on a assisté à une stagnation. Les choses n’ont bougé qu’après 2006, avec l’ouverture franche du marché et la fin du duopole OrangeMTN. Une chose est sûre : le secteur de la téléphonie mobile est une vraie opportunité en termes d’emplois indirects. Dans le secteur informel, grossistes et détaillants de recharges, vendeurs et réparateurs de téléphones… constituent une « armée » de plusieurs dizaines de milliers de personnes qui, pour beaucoup, sont des jeunes diplômés à la recherche d’un emploi « classique ». Dans le secteur formel, de nombreuses sociétés de services (notamment dans l’installation et l’entretien des réseaux) et des entreprises d’intérim sous-traitent un certain nombre de tâches-clés. Cela dit, certaines de ces compagnies sont situées à l’extérieur des frontières ivoiriennes, à l’image d’un certain nombre de centres d’appel qui sont localisés au Sénégal et ne créent donc pas d’emploi au point de vue national. T. K. Une manne pour le secteur de la publicité Médias, agences de conseil en communication, régies d’affichage sont les premiers à se féliciter de l’essor du marché des télécommunications. La forte croissance des télécommunications en Côte d’Ivoire est une vraie aubaine pour tout le monde de la com- munication. Les budgets des différents opérateurs ont en effet de quoi donner le tournis au regard de ce que les entreprises affectaient au poste de dépense « publicité » il y a dix ans. Côte d’Ivoire Télécom, malgré son quasi-monopole dans le secteur de la téléphonie fixe, a dépensé en 2009 environ 3 milliards de FCFA. Quand les opérations ivoiriennes d’Orange et de MTN auront sans doute mis en jeu chacun autour de 10 milliards de FCFA en cette année hautement footballistique (Coupe d’Afrique des nations et Coupe du monde). Les analystes du secteur estiment les budgets de Comium et de Moov à environ 5 milliards de FCFA par an, et continuent d’observer la stratégie et les moyens déployés par GreenN. Les agences de conseil en communication, les régies d’affichage et les médias sont les premiers à profiter de ce petit trésor. Côte d’Ivoire Télécom s’est récemment offert les services de l’agence Acajou. Orange, de son côté, travaille principalement avec Voodoo pour la création et Mc Cann Erickson pour le mediaplanning, et fait travailler des agences de plus petite taille sur un certain nombre de produits spécifiques. MTN s’offre les services de l’agence MW et prend en charge en interne un certain nombre de tâches. Après avoir communiqué de ma- nière très glamour avec Mc Cann France, Moov a désormais internalisé un certain nombre de travaux. Quant au groupe Comium, il recourt aux services de Océan Ogilvy pour sa marque Koz, et de Intuition Draft FCB pour sa marque éponyme. En attendant la libéralisation, la Radio télévision ivoirienne (RTI) est le média qui bénéficie le plus, et de loin, de la manne publicitaire déversée par le secteur des télécoms. La Fédération ivoirienne de football (FIF), quant à elle, « monétise » bien l’appétence d’Orange (sponsor des Eléphants) et de MTN (sponsor du championnat national) pour le ballon rond. T.K. Secteur 15 cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010 Le défi de la connectivité Comme il est loin le temps où le téléphone était dédié aux seules conversations téléphoniques. Ce sont les connexions Internet qui constituent aujourd’hui son axe majeur de développement. De nombreux analystes du marché des télécoms l’affirment. Après la voix, ce sont les données, donc l’Internet, qui vont porter la croissance du secteur dans les prochaines années. Déjà en Côte d’Ivoire, une certaine diversité dans les offres commence à apparaître (filaires et non filaires). Elle ira en s’accentuant. L’ADSL, voie d’accès historique Brassée sur une ligne téléphonique, l’ADSL donne la possibilité d’être connecté à partir d’un lieu d’accès fixe comme le bureau, la maison, l’école, la bibliothèque, le cybercafé. La technologie, totalement contrôlée par Côte d’Ivoire Télécom (Aviso), est à ce jour la voie d’accès privilégiée. Les offres d’Aviso sont diverses. Elles s’adressent à la fois aux particuliers (avec une offre d’entrée de gamme à 8 000 FCFA par mois pour dix heures de connexion) et aux entreprises qui peuvent jouir d’offres allant jusqu’à 8 Mb/seconde. D’une certaine manière, le portefeuille clients d’Aviso s’est agrandi avec l’arrivée des fournisseurs d’accès Internet revendeurs d’ADSL comme Afnet (rachetée par MTN) et Vipnet (filiale d’Afrique Technologies, historiquement intégrateur de solutions), les plus actifs. Sans oublier Izinet, mort-né, et Africaonline qui, contrairement à ce qu’on pense de manière générale, a conservé sa clientèle et fournit toujours l’ADSL. L’arrivée de deux nouveaux câbles sous-marins de fibre optique en 2010, et d’un autre en 2011, donnent à espérer en l’avenir de la qualité de l’ADSL : un Internet plus rapide, plus stable et surtout moins cher. En attendant, les solutions alternatives et adaptées à une population mobile qui ne bénéficie pas toujours d’une ligne téléphonique. La ruée sur le Wimax L’Internet non filaire est une bouffée d’oxygène pour de nombreux fournisseurs d’accès qui peuvent développer une technologie moins dépendante du groupe Côte d’Ivoire Télécom. Ainsi, Vipnet travaille sur une connexion Internet Wifi urbaine : un Hot Spot Wifi d’une portée de 500 mètres est déjà installé à la Riviera III. « La connexion de 512 kb/s n’y coûtera que 15 000 FCFA et, s’il y a un nombre suffisant d’abonnés, le prix pourrait chuter à 10 000 FCFA », explique Abdoul Salami, directeur général de la Société. Vipnet compte couvrir à moyen terme toute la ville d’Abidjan avec des antennes Wimax (World Interoperability for Microwave Access), dont la portée s’étend de 20 à 50 kilomètres. En quelques années, Afnet Internet Services a fait du Wimax sa niche de marché à travers sa solution Dreamnet. Après la phase de test réussie au Gabon, le groupe Bolloré, détenteur d’une vingtaine de licences Wimax en Europe, étendra très bientôt la technologie en Côte d’Ivoire où sa demande de licence est actuellement en attente. L’opérateur intégré MTN a également décroché des licences dans six pays, dont la Côte d’Ivoire. Comium annonce le lancement de son réseau WIMAX en 2010. A maturité, le Wimax pourrait se révéler très approprié pour les localités non desservies par la ligne téléphonique. La partition des opérateurs de téléphonie mobile En s’appuyant sur leur couverture totale du pays, les opérateurs de téléphonie mobile proposent pour la connexion à Internet des modems quadribande GPRS/EDGE sous forme de clés USB facilement utilisables sur un PC ou un Mac. Pour l’instant, seuls Moov, Mtn et Orange proposent ce service. MTN Internet Mobile donne le choix entre deux modems USB avec cartes Sim embarquées, et permet de bénéficier de la connexion illimitée à 10 000 FCFA/ mois. Moov fournit le même service à 15 000 FCFA. Une autre solution consiste à se servir du téléphone mobile comme d’un modem. Au moyen d’un câble USB ou d’une connexion Bluetooth, l’ordinateur prend le contrôle du téléphone qui agit comme un modem. Avec la configuration idéale, les cartes SIM des cinq opérateurs GSM en Côte d’Ivoire permettent d’accéder plus facilement à Internet et aux contenus WAP, et le paiement est fonction de la consommation du client. Sous le même format, le WAP et le GPRS sont alternativement proposés par les cinq opérateurs GSM, pour une navigation sur écran de téléphone ou de smartphone. Prochaine étape ? Le pays se prépare à découvrir la norme 3G. L’Agence des télécommunications de Côte d’Ivoire (ATCI) a annoncé qu’elle se prépare à attribuer des licences 3G. La mise à jour imminente des réseaux ivoiriens devrait apporter l’infrastructure nécessaire pour améliorer les performances de l’Internet mobile. T. K. 16 cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010 Secteur High-tech : quel téléphone mobile, pour quels usages ? Difficile de s’y retrouver dans les nombreux appareils qui inondent le marché de la téléphonie mobile. Passage en revue des produits les plus adaptés à vos besoins… C’est l’appareil essentiel dont « l’homme moderne » ne peut plus se séparer pour communiquer, qu’il s’agisse d’un cadre personnel ou professionnel. Aujourd’hui, le téléphone mobile est une sorte de « couteau suisse » qui dispose de nombreuses fonctionnalités. Toutefois, au milieu de cette insaisissable marée d’usages soutenue par des innovations technologiques toujours plus surprenantes, il faut retenir qu’à chaque utilisateur correspond un type particulier de téléphone mobile. Emettre et recevoir des appels L’usage « voix » est le plus répandu sur la scène ivoirienne. S’il s’agit d’appeler et de recevoir des appels, nul besoin d’un téléphone sophistiqué. Des combinés comme le Motorola C113, les Nokia 1 200 et 1 600, les ZTE, souvent bradés, font l’objet de promotions régulières. Citons aussi l’Alcatel OT-E207 ou le Sagem MY225X. Les personnes qui pratiquent des activités intenses au cours de la journée, se déplaçant d’un « wôrô-wôrô » ou d’un « gbaka » à l’autre, et qui communiquent beaucoup, seront plus à l’aise avec des portables de ce type. Les utilisateurs concernés, parmi lesquelles on peut citer les commerçants, les ouvriers, les entrepreneurs, les élèves – qui disposent en général de très peu de temps pour recharger la batterie de leur portable – bénéficient, grâce à ces modèles, d’appareils qui offrent une bonne autonomie d’énergie et qui ont l’avantage de se De plus en plus sophistiqués, les mobiles sont devenus de vrais outils multimédia. Secteur recharger très vite, voire de rester allumés plusieurs jours. Des consommateurs aux revenus plus confortables peuvent aussi trouver leur compte avec ces téléphones qui font partie des moins chers du marché, mais qui n’en sont pas moins solides. Capturer des photos Pour ceux qui aiment immortaliser les moments spéciaux de leur vie, les téléphones avec appareil photo de haute résolution sont une vraie solution. En effet, le « photophone », comme il est encore appelé, constitue la meilleure alternative à l’appareil photo numérique. Pour capturer, mais aussi pour partager des photos (par MMS, Internet, Bluetooth) tout en gardant ses appels téléphoniques à portée de main, au sens propre du terme. De trois mégapixels, ils sont passés à cinq puis à huit mégapixels, assurant une bonne restitution et une meilleure présentation sur un écran d’ordinateur. Munis d’un capteur Carl Zeiss, comme les caméras HDV de studio de production audiovisuelle, et d’une mise au point rapide, les N95 8go et N 82 de Nokia, les Cybershots K850 et K850I de Sony Ericsson, le Samsung G800 sont les meilleurs du marché. D’autres téléphones moins coûteux font aussi des photos mais privilégient uniquement la résolution, alors que le capteur, la sensibilité ou la fidélité des couleurs ne présentent pas les mêmes performances. Ecouter de la musique, regarder des vidéos L’utilisation du téléphone portable pour cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010 l’écoute de la musique ou la vision des vidéos l’a définitivement installé au rang d’appareil multimédia. D’où le grand engouement suscité du côté des plus jeunes, mais également des utilisateurs plus âgés et mélomanes. Le téléphone mobile se mue alors en lecteur MP3 avec lequel ils peuvent se balader, sans pour autant perdre des appels. Pour ce type d’usages, les Nokia N81 et N95 8Go sont indiqués. Leur qualité audio, rendue via les haut-parleurs ou les écouteurs, est très convaincante. Les Sony Ericsson, forts de leur expérience de pionniers, sont aussi de très bons baladeurs audio : en particulier le W890I ou le futur W980. D’autres modèles moins onéreux que ces mobiles MP3 font également radio FM. Idéal pour la promenade ! Ils sont généralement plus simples à utiliser et permettent de recevoir en modulation de fréquence les radios de proximité, les chaînes nationales et les programmes internationaux. Les journalistes, quant à eux, trouveront davantage leur bonheur avec des mobiles équipés d’un enregistreur vocal qui leur permettra de réaliser des interviews ou d’enregistrer instantanément des communications téléphoniques. Mobile et Internet Grâce aux technologies telles que le GPRS, le Edge, le Wifi ou le Bluetooth, il existe une catégorie de mobiles capables d’offrir une expérience Web inégalée. Des navigateurs Internet spécifiques (Safari, Opera, Windows Mobile, Symbian) procurent à ces téléphones portables une intuitivité et une interface tactile très fluide 17 Quel téléphone pour travailler plus efficacement ? Le téléphone portable apporte une aide qui pourra bientôt se substituer à un véritable secrétariat. Des modèles hybrides équipés de systèmes d’exploitation (Windows Mobile 5.0, Symbian et Palm OS) sont de plus en plus prisés par les cadres et dirigeants en Côte d’Ivoire. Mais d’une façon plus générale, le téléphone PDA répond aux besoins des usagers qui prennent le temps de planifier leurs activités, dans le souci d’une plus grande efficacité. Ces téléphones à larges écrans nécessitent parfois une longue période d’adaptation pour une utilisation optimale, mais dès que l’habitude vient, ils permettent notamment de se débarrasser des innom- qui les destinent à tous les utilisateurs, technophiles ou pas. Il s’agit du iPhone, du Blackberry, des Nseries de Nokia, du Samsung Omnio, des Sony Ericsson. Grâce au Bluetooth, il est possible de se servir d’un téléphone mobile comme modem GPRS sans fil pour se connecter à Internet ou bien lancer une impression. On peut également se connecter à une brables notes sur papier qui encombrent les poches ou les portefeuilles. Le Blackberry Bold, le Nokia, le HTC TyTN, le HP hw6915 sont de véritables agendas numériques intégrant le mode « push mail », la synchronisation et le classement des contacts, des notes, des rendez-vous ou des tâches à effectuer. Le détenteur d’un tel mobile est assuré de retrouver ses données, qu’elles aient été saisies sur l’organisateur électronique lui-même ou sur son ordinateur. La possibilité de programmer l’heure précise à laquelle l’utilisateur décide d’être alerté à propos d’une tâche représente un autre attrait de ce type d’appareil. borne publique (hotspot) ou à un réseau Wifi domestique et accéder à Internet haut débit où que l’on soit (Web, mails ou téléphonie sur IP). Les mordus des réseaux sociaux et les geeks mordus d’informatique peuvent facilement mettre à jour leurs statuts, suivre l’actualité et faire de la veille. Manassé Dehe 18 Rencontre cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010 Jérémie N’Gouan, de l’industrie à la formation Ancien directeur général adjoint de la Sodesucre, le directeur général de Pigier Côte d’Ivoire a érigé le jeu collectif en culture managériale. Et profondément transformé, en dix ans, l’établissement d’enseignement supérieur – plus de 2 000 étudiants – dont il est aujourd’hui l’actionnaire majoritaire. Un patron qui ne joue pas au patron : c’est l’impression que donne Jérémie N’Gouan, directeur général de Pigier Côte d’Ivoire, au visiteur qui entre pour la première fois dans son bureau. Le décor est tout sauf écrasant : nul luxe tapageur, pas de signes extérieurs d’aisance. L’hôte, simplement vêtu d’une chemise africaine brodée, détend l’atmosphère en ironisant sur son embonpoint : « Ne prenez pas de Les six propositions de J. N’Gouan pour réformer l’enseignement supérieur L’instauration de la culture de la transparence. Les étudiants orientés de l’Etat doivent pouvoir choisir leur établissement. Les examens et concours doivent être assainis. Une haute autorité indépendante de régulation de l’enseignement doit contrôler le respect par les écoles privées des concessions de service public. La déclaration de l’éducation comme grande cause nationale, que tous les partis l’excluent du champ de leur compétition. Une vraie place pour les enseignants, avec un statut revalorisé. Des salaires libres et une mobilité encouragée. Le placement des technologies de l’information au centre des initiatives en matière d’éducation. Elles peuvent permettre d’atteindre l’objectif « Education pour tous en 2015 ». Une correction rapide des retards pris dans la mise en place du système LMD (licence, master, doctorat). Un ministère de l’Education qui devienne un ministère de l’Enseignement. Les premiers responsables de l’éducation des enfants sont les parents. Ils doivent assumer leurs responsabilités. sucre pour votre café, mais un édulcorant, sinon vous serez comme moi quand vous aurez mon âge ! » Il est donc aisé d’inviter ce dirigeant au parcours atypique – qui a atterri dans l’univers de la formation après avoir été cadre de très haut niveau dans l’industrie (Sodesucre puis groupe Sifca) – à un voyage vers le passé. Né quelques années avant les indépendances à Daloa, orphelin de père à dix ans, Jérémie N’Gouan se présente volontiers comme le pur produit d’un idéal républicain à l’ivoirienne qui semble se perdre. « Quand j’ai eu le bac, j’ai été convoqué chez le ministre en personne (il s’agissait d’Ange Barry Battesti, actuel président du conseil d’administration du Port autonome d’Abidjan, ndlr). Il m’a annoncé que j’avais eu une bonne moyenne à l’examen et que j’avais une bourse pour aller à l’université de ParisDauphine. » Le destin du jeune homme, qui s’est ouvert au monde en faisant le rat de bibliothèque au Centre culturel français d’Abidjan, se dessine désormais. Ses études terminées, Jérémie retourne dans son pays en 1977. Sa décision, il la prend alors qu’il se trouve en mission à Abidjan dans le cadre d’une mission pour un cabinet français d’expertise-comptable. Il entend dans des couloirs des propos condescendants sur les projets sucriers du président Félix Houphouët-Boigny, qui allaient forcément causer de grands gaspillages. Le jeune diplômé, qui croit en la pertinence de ces initiatives, se sent interpellé. De retour en France, il démissionne et entre à la Sodesucre comme on entre en religion. « A cette époque, on avait surtout des diplômés en droit et en économie, mais les profils comme le mien étaient rares », explique Jérémie N’Gouan aujourd’hui. L’expérience Sodesucre dure vingt ans. Un saut dans le vide juste après le coup d’Etat de 1999 Aujourd’hui, avec le recul, il ne renie pas, loin de là, les vertus d’un capitalisme d’Etat souvent tancé. « Au-delà de la culture du politique qui existait dans les “Sode”, elles ont été de vrais outils Rencontre cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010 chemin parcouru en dix ans, dans un contexte où la crise sociopolitique dans laquelle patauge la Côte d’Ivoire a souvent relégué les questions d’éducation au second plan, est impressionnant. L’école, dont le label est français, s’est ancrée dans l’écosystème africain de la formation. Cela est passé par un rebranding en bonne et due forme : le Cours Pigier est désormais « Pigier Côte d’Ivoire » et sa signature – « l’Université des métiers » – indique clairement ses ambitions. Une bonne partie des formations maison a été agréée par le Conseil africain et malgache de l’enseignant supérieur (Cames), ce qui leur donne une pleine validité universitaire dans tous les Etats membres. « Nous avons travaillé comme des fous. C’était une expérience extraordinaire. On restait jusqu’à trois heures du matin au bureau pour constituer nos dossiers. Il s’agissait d’effectuer une remise à plat totale de nos programmes », raconte-t-il, tout aussi enthousiaste que ses collaborateurs qui l’entourent et se glissent au passage quelques anecdotes. Les TIC, la voie d’avenir Bientôt sexagénaire, Jérémie N’Gouan surprend par sa maîtrise des enjeux des technologies de l’information et de la communication. Les investissements réalisés par Pigier Côte d’Ivoire (centre agréé pour les certifications Microsoft) dans les équipements informatiques sont considérables – plusieurs centaines d’ordinateurs fonctionnels. L’école a lancé un centre de documentation numérique qui permet aux étudiants d’accéder à des Jérémie N’Gouan en huit 17 juin 1952 Naissance à Daloa Juin 1977 DEA de Finance et fiscalité internationale à l’université de ParisDauphine. de développement. J’ai moi-même participé à la construction de ponts, d’écoles et de marchés dans le nord du pays, dans le cadre du programme sucrier. De plus, aujourd’hui, de beaux fleurons de l’agroindustrie ivoirienne sont des entreprises privées issues des Sode », juge-t-il. Le diplômé de Paris-Dauphine, dont le dernier poste à la Sodesucre était directeur général adjoint chargé de négocier la privatisation, ne fait pas de vieux os au sein du groupe Sifca, qui a hérité d’une partie de l’entreprise d’Etat. En janvier 2000, au cœur des incertitudes liées au coup d’Etat de décembre 1999, alors qu’il a toujours mis au second plan ses activités parallèles d’enseignant dans les grandes écoles, il rejoint à plein-temps le Cours Pigier, un établissement d’enseignement supérieur dont il a acquis près de 10 % du capital en 1990 – et dont il est actionnaire majoritaire aujourd’hui. Il en devient le directeur général. « Aujourd’hui, je peux dire que cette décision a été la meilleure de ma vie au point de vue professionnel. Je suis entré dans un monde tout à fait nouveau qui, je pense, apporte beaucoup Un homme au parcours atypique, pur produit d’un idéal républicain « à l’ivoirienne ». plus à mon pays que celui où j’étais. Et c’est important pour moi, qui ai tant reçu de la Côte d’Ivoire », explique avec passion cet homme dont l’école forme cette année plus de deux mille étudiants. Une équipe « du tonnerre » Jérémie N’Gouan ne rate pas une occasion de mettre en avant les qualités de l’équipe qu’il trouve en débarquant au Cours Pigier. Elle est « du tonnerre », affirme-t-il, « et c’est rare en Afrique, un tel esprit collectif. Mes collaborateurs ont mis trois ou quatre ans à me former, moi qui était totalement étranger à cet univers ». On devine aussi qu’il a su apporter à cet établissement – aujourd’hui premier en termes de résultats aux BTS dans le pays, et classé deuxième par le ministère de l’Enseignement supérieur – la culture du résultat propre au monde de l’industrie. « Ce qui me frappe dans cette école, c’est qu’elle est gérée comme une entreprise à part entière », s’extasie un jeune cadre commercial d’Abidjan. Le 3 octobre 1977 Débuts à la Sodesucre comme contrôleur de gestion. Juin 1979 Directeur financier à la Sodesucre. centaines de livres numériques, mais aussi aux épreuves soumises aux différents examens depuis une douzaine d’années et aux cours résumés des enseignants. Le centre est destiné à monter en puissance. Une deuxième salle, bien plus vaste que la première, sera bientôt mise à disposition des étudiants et, peut-être, d’un certain nombre de personnes extérieures. Normal : le regard de Jérémie N’Gouan est d’ores et déjà tourné vers l’avenir. Il sait que la démocratisation du transport des données numériques bouleversera non seulement l’enseignement, mais également toute l’économie des pays africains. « Nous avons dans les cartons des projets au plan pédagogique qui vont surprendre beaucoup de monde », lance-t-il. Sous son regard énigmatique perce l’impatience de voir ces projets devenir réalité. Théophile Kouamouo repères 1992 DGA, en charge de la privatisation. Janvier 2000 Directeur des Cours Pigier. 1997 Privatisation, entrée dans le groupe Sifca. 2005 Rebranding. Premiers agréments Cames. 19 20 Dossier cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010 Comment trouver des financements La BOAD, soutien des PME-PMI Sur le plan régional, la Banque ouestafricaine de développement (BOAD), dont le siège se trouve à Lomé, est l’une de ces portes auxquelles les entrepreneurs peuvent frapper. Elle a adapté sa stratégie en faveur du secteur privé au regard de l’orientation des économies des Etats membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). « Dans cette zone, le secteur privé est perçu comme un vecteur moderne de création de richesses au bénéfice des populations », confie son président, Abdoulaye Bio Tchané. « Ainsi la BOAD se positionnet-elle comme un partenaire privilégié des entreprises, leader des financements innovants que sont notamment les partenariats publics privés, le conseil financier, etc. », poursuit-il. La nouvelle stratégie de la banque a notamment pour objectif de favoriser ou de renforcer les véhicules spécifiques de financement des PMEPMI et de rendre plus compétitives les conditions de financement de l’institution financière. En 2009, la BOAD a décaissé quelque 85 milliards de francs CFA en faveur du secteur privé, ce qui représentait 36,6 % de ses engagements de l’année. Il est prévu en 2010 une enveloppe de 105 milliards FCFA pour le financement du secteur privé de la zone Uemoa, ce qui devrait absorber 38 % du total des engagements de l’année. S’agissant de l’information d’éventuels bénéficiaires, son président se veut également rassurant : « Les produits offerts sont bien connus des opérateurs économiques, le niveau des concours concernant le secteur privé en est une preuve. Dans le cadre de la stratégie commerciale et marketing de la banque Des financements locaux pour des entreprises de petite taille Si les formules de financement des « grosses » PME sont nombreuses, force est de constater que pour les structures de taille plus modeste, les institutions de financement sont plus prudentes. « C’est un fait que financer les toutes petites entreprises est très risqué, notamment en raison de l’environnement juridique », reconnaît Thierry Gnassounou, de Cauris Management. Cela dit, des alternatives existent en Côte d’Ivoire. Success Finance, spécialisée notamment dans la mise en place de fonds d’investissement collectifs, l’ingénierie financière et la – en cours d’élaboration –, nombre d’outils de vulgarisation de nos produits et services seront mis en place, avec pour vocation d’être diffusés au plus grand nombre. Nos missions résidentes et la direction des entreprises et du secteur financier, déjà actives dans les démarches prospectives et de suivi personnalisé des clients, vont être soutenues par un dispositif commercial orienté vers une prise en charge plus accrue de nos clients. » La BOAD dispose en Côte d’Ivoire d’une mission résidente où les patrons de PME peuvent obtenir de plus amples renseignements sur les interventions de l’institution communautaire. D’autant que la direction insiste sur l’ouverture, depuis le mois de juillet dernier, d’un centre d’informations dédié au secteur privé dans lequel sont accueillis les opérateurs privés désirant être accompagnés par la banque. Les chefs d’entreprise peuvent donc y trouver nombre d’informations sur les produits, les services et les modalités d’intervention qu’elle propose. La BOAD a récemment pris une fraction du capital de la nouvelle compagnie aérienne privée Asky, qui est déjà opérationnelle. « Notre décision de la soutenir tient à plusieurs éléments. Aujourd’hui, ce n’est un secret pour personne que les liaisons aériennes intra-africaines d’une part, et entre l’Afrique et le reste du monde d’autre part, sont de plus en plus difficiles, notamment depuis la disparition de l’ex-Air Afrique entraînant – même avec le concours de la multitude de compagnies qui opèrent actuellement – un enclavement du continent africain en général et de la zone Uemoa en particulier », explique Abdoulaye Bio Tchané. D’après lui, la création de Asky répond à la nécessité de fluidifier la mobilité humaine, de dynamiser et de renforcer les échanges économiques à l’intérieur de la région structuration de financement, a été créée par Félix Bikpo, banquier expérimenté, pour permettre aux PME/PMI d’avoir accès aux financements longs. Alios Finance propose des formules afin de permettre l’acquisition du matériel de production pour les entreprises de toutes tailles qui disposent d’un capital de départ insuffisant pour couvrir le fonds de roulement et les acquisitions. Matériel roulant, ordinateurs, machines industrielles, grues, voire groupes électrogènes, tout y passe. « Nous ne faisons pas de distinction quant à la taille des entreprises. Cela dit, la souplesse que nous offrons par rapport aux banques fait que beaucoup de PME/PMI nous sollicitent », explique Koné Hamadou, directeur commercial du Pôle Entreprises. Les entreprises en création peuvent solliciter Alios Finance à condition que le porteur cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010 prendre des participations dans des entreprises, des banques, des institutions de microfinance et dans des fonds d’investissement déployant leur activité en Afrique subsaharienne. D’après le directeur général délégué de l’AFD, Michel Jacquier, qui préside aussi le Fonds d’investissement et de soutien aux entreprises en Afrique (Fisea), cet instrument est consacré à des opérations plus risquées que celles que les investisseurs acceptent spontanément de financer. « En effet, ajoute-t-il, il visera des régions plus instables ou en sortie de crise, des investissements de plus petite taille et des secteurs traditionnellement délaissés comme l’agriculture, la microfinance, les énergies nouvelles, mais aussi la santé et l’éducation. » La Côte d’Ivoire répond parfaitement aux critères d’éligibilité au Fisea, mais encore faut-il que les projets financés soient financièrement rentables. (suite de la p.1) porte il convient de frapper pour avoir quelque chance de réussite. Dossier La SFI, une piste à ne pas négliger Autre guichet : celui de la Banque africaine de développement (BAD). A travers sa direction du secteur privé, cette institution financière aide les entreprises à se développer et à diversifier leurs activités. La Banque mondiale n’est pas en reste. La Société financière internationale (SFI), sa branche orientée exclusivement vers le secteur privé, est son bras séculier. Son vice-président Afrique, basé à Johannesburg, n’est autre que l’Ivoirien Thierry Tanoh, ce qui ne gâche rien. La SFI est connue pour son rôle dans l’amélioration ouest-africaine, et entre le continent africain et le reste du monde. Et d’ajouter que l’envol d’Asky permettra d’accompagner les relations économiques et commerciales entre les États de la région et leurs nouveaux partenaires d’affaires dans le Moyen-Orient et contribuera au développement du tourisme intra-africain et du projet jouisse d’une réelle crédibilité dans son domaine professionnel et présente un « business plan » rassurant. La branche « particuliers » d’Alios Finance octroie également, dans le cadre des crédits à la consommation destinés aux salariés du public et du privé, des prêts pour « projets personnels », qui peuvent servir à mettre en place une activité de petite taille. Un employé peut avoir, en 48 heures, au plus l’équivalent de dix mois de salaire, et doit rembourser en trente-six mois. Un autre établissement financier, Crédit Solidaire, propose des prêts à des particuliers et à des PME. Ils doivent constituer une épargne préalable pendant six mois. Le montant du crédit octroyé ne peut pas dépasser quatre fois celui de l’épargne et le bénéficiaire doit bénéficier d’une garantie solidaire, qu’elle provienne d’un individu « solvable » ou d’un groupement. Le principe du « cautionnement solidaire » est également expérimenté par la BIAO qui a signé un accord dans ce sens avec le Mouvement des petites et moyennes entreprises (MPME) en janvier 2008. Les institutions de microfinance proposent également des produits de crédit à leurs sociétaires. La Société générale de banques de Côte d’Ivoire (SGBCI) a, quant à elle, mis en place pour ses clients un produit : le « plan épargne investissement », qui obéit peu ou prou au même modèle que le « plan épargne logement ». Au point de vue institutionnel, le Fonds national de solidarité pour l’emploi jeunes, qui dépend du ministère de l’Economie et des Finances, et qui en fin 2008, avait financé 73 projets d’une valeur de 1 300 000 000 FCFA. T.K. Diverses institutions bancaires proposent des solutions de financement, adaptées notamment aux besoins des PME. international en direction de l’Afrique. D’où le soutien qui lui est apporté. La BIDC, bras financier de la Cedeao Egalement basée à Lomé, la Banque d’investissement et de développement de la Cedeao (BIDC) fournit, de son côté, un financement aux entreprises privées de la zone. Ses domaines d’intervention couvrent presque tous les secteurs économiques des pays membres de la Communauté économique et de développement des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Cette autre institution financière communautaire accorde des prêts à court, moyen et long terme. A en croire la direction, la durée des prêts consentis est fonction de la nature des projets et de leur rentabilité. Toute demande de prêt doit être adressée au président de la BIDC, Christian Adovelande. AFD, un fonds pour des régions instables D’autres acteurs internationaux prennent eux aussi des participations dans le capital des sociétés créées en Côte d’Ivoire. Il s’agit notamment de l’Agence française de développement (AFD) et sa filiale Proparco, dont la mission principale est de financer le secteur privé dans les pays du Sud. Depuis avril 2009, Proparco s’est dotée d’un fonds d’investissement pour du climat des affaires et le financement de grands projets. Mais ce que beaucoup ignorent, c’est que cette branche de la Banque mondiale apporte également un soutien massif aux PME. « C’est le plus gros secteur générateur de croissance et d’emploi en Afrique subsaharienne (...), estime Thierry Tanoh. Les entrepreneurs disent toujours qu’ils ne peuvent pas s’adresser à la SFI car leurs projets sont trop petits. » Le vice-président se veut rassurant tout en tordant le coup aux idées Comme d’autres pays d’Afrique sub-saharienne, la Côte d’Ivoire a besoin d’un tissu économique pérenne. reçues, précisant que toute PME dotée d’un dirigeant ayant la tête sur les épaules et qui a une structure saine avec un bilan équilibré peut s’adresser à l’antenne locale de la SFI. Un de ses représentants est notamment présent dans les locaux abidjanais de la Banque mondiale, à Cocody. Thierry Tanoh explicite ensuite les critères d’éligibilité au soutien de la 21 SFI : « Dans un premier temps, il faut avoir quelqu’un qui connaisse son métier, son marché. Il est difficile de financer une entité qui rentre dans un secteur pour la première fois. Il faudrait que l’entrepreneur ait de préférence un passé dans son secteur d’activité. Ensuite, nous essayons de travailler avec des gens qui ont une surface financière stable pour pouvoir passer à l’étape supérieure : une phase de croissance locale ou régionale. » Au Mali, le groupe hôtelier Azalaï a bénéficié des concours de la SFI, notamment pour son extension et son implantation au Burkina voisin. Contrairement à Proparco, la branche de la Banque mondiale n’est donc pas la voie indiquée pour les créateurs d’entreprises, mais plutôt pour les patrons qui veulent développer leurs activités, se diversifier ou restructurer leurs sociétés. Elle est une piste à ne pas négliger. « La SFI ne prête pas 25 % du coût d’un projet ou 50 % d’une expansion, rappelle le vice-président Afrique. Si je prête 50 000 dollars, cela veut dire que le coût total du projet concerné atteint 250 000 dollars lorsqu’il s’agit d’une expansion. Beaucoup de projets de cette taille équivalent à des PME en Afrique francophone, plus précisément dans les pays de la zone franc. Quand il s’agit d’intervention directe de la SFI, l’investissement minimum peut descendre jusqu’à 100 000 dollars, comme cela a été le cas (en 2007) à Madagascar. Ceci pour dire que nous sommes à même de descendre à un 22 Dossier cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010 niveau raisonnable. » « Nos interventions en faveur des PME portent sur les financements mais aussi sur l’assistance technique. Financer ces sociétés n’est pas une fin en soi. Il ne suffit pas de financer les entrepreneurs, encore faut-il leur donner une assistance technique de manière à ce qu’ils puissent améliorer la gestion de leur entreprise », poursuit ce fils de la Côte d’Ivoire, formé également en France et aux Etats-Unis. Pour lui, une telle assistance technique peut se faire par le biais d’un soutien à l’équipe managériale. La SFI travaille en effet avec Amsco, une institution qui fournit des managers aux PME. « L’assistance technique de la SFI permet aussi d’aider une entreprise à préparer un plan de financement ou un projet d’expansion, ce qui peut ensuite lui permettre par exemple d’accéder aux banques locales. Nous avons créé dans ce sens des petites structures à Madagascar, au Mozambique et au Kenya. Il s’agit des fonds à capital-risque pour les PME. Le prêt minimum atteint 50 000 dollars. Mais le maximum ne va jamais au-delà de 750 000 dollars. » le cas de Tuninvest qui a lancé le fonds Afric Invest II. Basé à Washington, le fonds américain Emerging Capital Partners (ECP) s’est spécialisé, lui aussi, sur le continent africain. Depuis Tunis où se trouvent ses bureaux, le directeur Afrique d’ECP, Vincent Le Guennou, est à l’affût des opportunités d’affaires sur le plan local. ECP est par exemple devenu en 2009 l’actionnaire majoritaire de Finagestion, la société holding qui détient la gestion des activités de l’eau au Sénégal et en Côte d’Ivoire (Sodeci) et celles de production et de distribution d’électricité en Côte d’Ivoire (CIE). Autre société de gestion des fonds : Afig, créée et dirigée banques aux entreprises. En effet, beaucoup de sociétés en gestation n’ont pas la possibilité de présenter les garanties exigées par les établissements de crédit avant de leur octroyer un financement. Pour prendre en charge un tel risque, plusieurs organismes ont mis sur pied un fonds de garantie pour accompagner les banques dans leur activité d’octroi de prêts. De leur côté, d’autres institutions financières mettent une ligne de crédit à la disposition de certaines banques pour qu’elles puissent faire des prêts aux entreprises, y compris à celles de petite taille. La Banque européenne d’investissement (BEI) - BOAD Site Web : http://www.boad.org Bureau de représentation à Abidjan : S/C BCEAO. Tél. : +225 20 21 80 80. Chef de mission : Congo Alhousseni. - BIDC Site Web : http://www.bidc-ebid.org Tél. : +228 221 68 64. - SFI Site Web : http://www.ifc.org Bureau de représentation à Abidjan : Imm. CCIA, 17e étage. Tél. : +225 20 21 96 97. - Proparco (AFD) Site Web : http://www.proparco.fr Tél. : +331 53 44 31 08. - Cauris Management Site Web : http://www.caurismanagement.org Directeur associé à Abidjan : [email protected] Le Centre des entreprises (CDE) et son antenne à Dakar D’autres institutions apportent également une assistance technique. Le Centre des entreprises (CDE), basé à Bruxelles, est l’une d’elles. Dirigé aujourd’hui par Mabousso Thiam, il fournit, au cas par cas, une assistance flexible aux entreprises individuelles et aux prestataires de service du secteur privé dans les pays dits ACP (Afrique, Caraïbes et Pacifique). Le bureau régional dont dépendent les entreprises ivoiriennes se trouve à Dakar. Le CDE aide notamment les industries à améliorer la compétitivité de leur production. Les industriels africains bénéficient également des conseils avisés des experts de l’Organisation des nations unies pour le développement industriel (Onudi), dont le siège est localisé à Vienne, en Autriche. Rien ne coûte aux créateurs d’entreprises ou aux industriels en quête d’informations de faire un tour dans les locaux de l’Onudi à Abidjan, où l’Italien Alessandro Parlatore, le représentant-résident, se fera un plaisir, avec son accent inimitable, de les renseigner. Les fonds de capital-risque et de capital-investissement Depuis plusieurs années, les entreprises en création ou en expansion peuvent trouver aussi à se financer auprès des fonds de capital-risque, et surtout des fonds de capital-investissement. Beaucoup de patrons ont déjà entendu parler du fonds Cauris mis en place par la BOAD. Certains d’entre eux ont pu développer leurs affaires grâce à Cauris Management, qui a pris des participations dans leur capital, leur fournissant ainsi les fonds propres qui font cruellement défaut dans les entreprises de petite taille en Afrique. Au Bénin par exemple, l’homme d’affaires multicarte Olofindji Babatunde a pu développer ses activités grâce notamment à un appui de Cauris. Il est aujourd’hui à la tête d’un groupe qui s’étend de l’imprimerie à l’agriculture, en passant par la distribution automobile. Ces dernières années, plusieurs fonds ont vu le jour en Afrique. C’est notamment Pour aller plus loin : - Fonds Gari Site Web : http://www.fondsgari.org Tél. : +228 22 10 605/22 14 244. - ECP – Afrique de l’Ouest Immeuble N’Zarama - 3e étage B Boulevard Lagunaire - Plateau 16 BP 1450 Abidjan 16 Côte d’Ivoire Tel: +225-20-31-07-31 Fax: +225-20-33-86-51 - Success Finance Site Web : www.succesfinanceci.com Rue Jesse-Owens (A48) Immeuble Les Tropiques, Aile D, 3e étage Abidjan Côte d’Ivoire Tel : 20 25 78 50 - Alios Finance Site Web : http://www.alios-finance.com 1, rue des Carrossiers Zone 3 04 BP 27 Abidjan 04 - Côte d’Ivoire Tél. (225) 21 21 07 07 par Papa Madiaw Ndiaye. Les différents fonds lancés par ce Sénégalais s’intéressent notamment aux sociétés à forte capacité de croissance. De son côté, Félix Bikpo, ancien directeur général de la Banque Atlantique, joue également sa partition. Après avoir contribué à l’implantation d’Access Bank hors du Nigeria, cet Ivoirien dont les bureaux se trouvent à deux pas de l’hôtel Tiama est également sur le point de lancer Success, un fonds à hauteur de 45 millions d’euros qui projette d’investir en fonds propres et en quasi-fonds propres dans les PME et PMI à fort potentiel de croissance et de rentabilité installées dans la zone Uemoa. Il existe enfin d’autres fonds dont le but est de garantir les prêts accordés par les Se renseigner, pour être sûr de frapper à la bonne porte (voir encadré ci-contre). utilise par exemple sa facilité d’investissement pour appuyer le secteur privé à travers des fonds. La BOAD dispose, pour sa part, du fonds Gari (Garanties des investissements privés en Afrique de l’Ouest). C’est en partie grâce à celui-ci que Sifca a pu racheter à la fin des années 1990 la Société des huileries de Bohicon (SHB), au Bénin. De son côté, l’AFD a créé et mobilisé le fonds de garantie Ariz (Assurance pour le risque de financement de l’investissement privé en zone d’intervention AFD) pour faciliter l’accès des PME africaines au cré- dit bancaire et au capital. « À cette occasion, l’agence met en œuvre un système de garantie qui couvre automatiquement tous les prêts bancaires aux PME répondant à des critères prédéfinis », explique-t-on au siège de l’AFD à Paris. De leur côté, la BAD et la SFI envisagent de lancer avec la coopération danoise le Fonds africain de garantie (FAG), destiné à développer le secteur des PME sur le continent. Beaucoup d’acteurs ont compris que les petites et moyennes entreprises sont le fer de lance des économies africaines. « Quand les PME vont, tout va !», pourra-t-on dire un jour sur le continent africain. Franck Foko Dossier cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010 23 24 Région cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010 San Pedro : le second souffle de la Côte d’Ivoire Le Bas-Sassandra et sa capitale San Pedro représentent, à n’en point douter, le second pôle économique de la Côte d’Ivoire. Après l’avènement de la crise en 2002 qui a fait de Bouaké – seconde ville du pays – l’épicentre de la rébellion, la région est devenue la principale contributrice aux recettes de l’Etat ivoirien. San Pedro et son port, ainsi que les cultures d’exportation qui y sont produites – café, cacao, hévéa et palmier à huile – lui ont permis de jouer ce rôle prépondérant. En revanche, ses potentialités touristiques exceptionnelles sont toujours aux oubliettes. « San Pedro, c’est pour nous l’espoir, en donnant vie à une région, de fournir des emplois nouveaux en nombre considérable et aussi des terres à tous ceux qui auront le souci de les mettre en valeur ; de créer en définitive un pôle de développement qui contribuera à l’équilibre de notre économie. C’est également un pari raisonnable, celui de l’enthousiasme, de la foi en l’avenir, de notre volonté de doter notre pays d’une infrastructure à la mesure de nos besoins. » En prononçant ces mots le 6 août 1969 à Man, Félix Houphouët Boigny, alors président en exercice de la République de Côte d’Ivoire, jetait alors les bases de la décentralisation (administrative et économique), conscient du fait qu’Abidjan, en dépit de son leadership, connaîtrait à l’avenir un état de saturation. Quarante ans après, les faits donnent entièrement raison au bâtisseur de la Côte d’Ivoire moderne. La capitale de la région des Lagunes ne répond plus aux attentes des populations ivoiriennes. Et depuis, la décentralisation administrative est devenue une réalité. Aujourd’hui, parlant de San Pedro, on souligne qu’elle est la capitale du Bas-Sassandra, région de la Côte d’Ivoire dont l’essor est né, comme mentionné plus haut, d’une volonté politique des dirigeants ivoiriens d’antan. Tout a commencé avec l’ARSO en 1969 L’histoire de San Pedro moderne démarre véritablement avec le projet de l’Autorité pour l’aménagement de la région du Sud-Ouest (ARSO) initié par le président Le Port autonome rythme l’activité d’une région qui est devenue la principale contributrice aux recette de l’Etat ivoirien. Houphouët Boigny en 1969 et également appelé « Opération San Pedro ». Ce vaste programme s’est articulé essentiellement sur le projet de construction du Port autonome de San Pedro. En plein miracle économique, l’Etat ivoirien décidé de se doter d’un port en eau profonde à caractère sous-régional pour seconder le Port autonome d’Abidjan. Cette vision a engendré la naissance d’un nouveau pôle économique aux atouts naturels favorables à l’agriculture dans toute la région, à un moment où le succès de la Côte d’Ivoire reposait sur l’agriculture. Notamment, sur le binôme café/cacao ainsi que sur le bois, le palmier à huile… Située sur le littoral ouest de la Côte d’Ivoire, la région du Bas-Sassandra compte cinq départements. En l’occurrence, San Pedro, Sassandra, Soubré, Tabou et Guéyo. Dans cette zone aux pluviométries importantes et aux sols arables, les cultures d’exportation sont depuis toujours l’activité principale de la majeure partie des populations. Aujourd’hui, la boucle du cacao qui, depuis très longtemps, a quitté la région du « V » baoulé, s’est installée dans celle du Bas-Sassandra. Avec en pôle d’attraction des localités telles que Méagui et Soubré dans le peloton de tête. Le binôme café/cacao fait vivre le Bas-Sassandra et a entraîné une vague d’immigrants dans ladite région. Une forte colonie burkinabée participe entièrement à l’animation quotidienne de cette partie du territoire ivoirien. Avec à son actif des grandes étendues de cacaoyers et de caféiers. Dans ce contexte, les populations autochtones et allogènes flirtent avec les conflits fonciers qui virent parfois au règlement de compte. Au sang. On se souvient du passage du maire de Ouagadougou, Simon Compaoré, en 2008, dans le département de Soubré. Le premier magistrat de la capitale du Burkina Faso avait séjourné dans la région pour échanger avec les populations. Certes, dans le cadre des futures échéances électorales de 2011 – une loi a été récemment votée par le Parlement burkinabé et dorénavant les Burkinabés de l’étranger prennent part au vote –, mais également pour leur demander de faire preuve de sympathie et de bon voisinage dans leurs relations quotidiennes avec ceux qui les ont accueillis et qui ont bien voulu leur accorder l’hospitalité. Toutefois, l’ouverture de la dernière campagne de café/cacao a été marquée par la discrétion sur le terrain des entreprises d’une certaine taille. Une situation qui, logiquement, ne devrait pas se faire ressentir sur l’achat des produits Région bord champ, donc sur les producteurs qui, pour cette campagne, ont monnayé leurs récoltes au taux de 1 000 FCFA/ kg. De quoi donner le sourire à des milliers de familles qui pourront ainsi recueillir les fruits de leur travail. « 1000 FCFA/kg, c’est quelque chose de bien pour nous autres qui n’avons que la culture du cacao comme activité. A ce prix, nous aurons un peu plus de revenus que l’année précédente, où le kilogramme de cacao s’est vendu à moins de 400 FCFA. Nous pourrons agrandir nos plantations et nous acquitter de la scolarité de nos enfants sans souci », nous confie ainsi Alain S, un jeune Ivoirien qui est producteur de cacao dans la région de Soubré. cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010 Une région au rythme du café/cacao Dans la ville de San Pedro, des bruits de création d’autres usines de transformation courent de plus en plus. Une nouvelle unité devrait voir le jour dans les prochaines années. Un projet sur lequel les concep- Une activité intense sur le Port autonome de San Pedro. teurs restent, pour l’heure, peu prolixes. Car, soutiennent-ils avec ferveur, « l’argent n’aime pas le bruit ». L’heure est donc au silence et à la prière pour accompagner à bon port les 573 424 tonnes de café/cacao (fèves et masse de cacao, chocolat, tourteaux de cacao et café) exportés par le Port autonome de San Pedro. Outre le binôme café/cacao, d’autres cultures d’exportation telles que l’hévéa et le palmier à huile sont présentes dans la région du Bas-Sassandra. Si la vulgarisation de l’hévéa remonte au début des années 90, le palmier à huile reste une culture connue et pratiquée depuis belle lurette par les populations dans les régions forestières du pays. En termes d’hévéaculture, Soubré se taille la part du lion dans la région du Bas-Sassandra. Surtout avec les initiatives du GIE Ouyiné et son président Marcel Zadi Kessy qui, depuis quelque temps, sensibilise le milieu rural à la culture de l’hévéa pour une autonomie financière réelle. Pour cette année, les cours de l’hévéa, en dents de scie sur le marché mondial ont engendré quelques grincements de dents chez les producteurs. Mais la tendance à la hausse n’est plus très loin de leur redonner le sourire, contrairement à la situation qui prévalait quelques mois auparavant. « De 180 FCFA/kg, on est passé à 240 pour tendre vers les 300 FCFA aujourd’hui. Mais cette évolution nous laisse perplexe dans la mesure où nous ignorons totalement de quoi demain sera fait », laisse entendre Emile K, producteur de caoutchouc naturel dans le Bas-Sassandra. Sur toute l’année 2009, le Port autonome de San Pedro a exporté 110 194 tonnes de caoutchouc et 58 814 tonnes de palme et dérivés, dont quasiment les trois quarts sont produits dans la seule région du Bas-Sassandra. RMK Yobouet 25 26 Région cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010 Région cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010 Le port de San Pedro, Soit une hausse de 7,43%. Plusieurs lignes régulières fréquentent le PASP. Parmi elles, on peut citer Safmarine, CMA CGM, Maersk Lines, Grimaldi Lines, Delmas… et bien entendu la ligne maritime du suisse MSC, ouverte depuis la signature de la convention de cession du terminal à conteneurs du PASP en 2008. tourné vers l’avenir Le Port autonome de San Pedro constitue une infrastructure économique de choix pour l’ensemble de la Côte d’Ivoire. Deuxième port du pays et premier en eau profonde, le PASP se présente comme une infrastructure de taille, un outil de développement important pour l’ensemble de la région, et même pour toute la Côte d’Ivoire. Les propos tenus le 4 septembre 2002 par le président Laurent Gbagbo vont dans ce sens : « Je ne souhaite pas que le port de San Pedro soit un demiport ; je veux qu’il soit un port à part entière. Je suis disposé à tout mettre en œuvre pour qu’il en soit ainsi. » Malheureusement, quinze jours plus tard, la Côte d’Ivoire connaîtra le début des pages les plus tristes de sa jeune histoire. Le 19 septembre 2002, une tentative de coup d’Etat contre le régime Gbagbo se mue en insurrection armée. Le pays est divisé en deux parties. Plus de la moitié nord est propriété de la rébellion qui, bien plus tard, va se muer en une formation politique dénommée les Forces nouvelles et dirigée par l’actuel Premier ministre, Guillaume Soro. Les pertes pour le gouvernement ivoirien sont énormes. Elles s’évaluent à des centaines de milliards de FCFA. De nombreuses entreprises ferment. Le chômage est exponentiel. La transhumance vers le sud est effroyable. Le pays flirte avec le chaos. Loin de déstabiliser le PASP, la crise va lui donner plus de responsabilités dans l’économie ivoirienne. Dorénavant, il devient un élément qualitatif et affectif pour le pays. Une poule aux œufs d’or qui, tout au long de cette période trouble, va jouer sa partition dans son rôle de pourvoyeur de fonds, même si cette crise a quelque peu réduit le volume de son trafic. C’est en 2008, soit six ans après le début des événements, que le PASP s’est doté des moyens idoines pour inscrire son nom dans la cour des grands. Le 18 septembre de ladite année, à Genève, le contrat de concession du premier terminal à conteneurs du port de San Pedro fut signé entre Désiré Dallo, directeur général du PASP et Nicolas Houard, PDG du groupe suisse Mediterranean Shipping Company (MSC). De quoi faire dire à son DG, dans le rapport annuel 2008 du PASP, que « le Port autonome de San Pedro, malgré la crise économique et financière mondiale, a consolidé en 2008 ses bases financières, professionnalisé son fonctionnement et restructuré sa gestion ». A l’instar de son « grand frère », le Port autonome d’Abidjan, qui s’est attaché les services de Bolloré pour le terminal à conteneurs de Vridi, le PASP a confié la gestion du sien à des professionnels. Notamment le second opérateur maritime mondial, le Suisse MSC. Objectif essentiel de cet acte en vigueur depuis le 1er janvier 2009 : développer le trafic de conteneurs afin de transformer le port de San Pedro en un port d’éclatement de classe mondiale. Pour une durée de quinze ans. Dans cette vision, l’aménagement, l’équipement et l’exploitation dudit terminal sont l’affaire de MSC. Et la première grue mobile de l’histoire du PASP, livrée en décembre 2008, y sera entièrement consacrée. Tout comme la seconde grue mobile, à venir, et les cinq portiques de type RTG annoncés par le nouveau partenaire. Tout un arsenal dont « la mise en œuvre permettra d’améliorer les cadences de manutention, augmenter considérablement la fréquentation des navires, tripler le trafic de conteneurs, élargir les possibilités de desserte et d’approvisionnement et de créer des centaines d’emplois directs et indirects dans la région ». 2008 : l’année du tournant décisif L’ambition de « faire du Port de San Pedro un port moderne, outil de développement de la Côte d’Ivoire et moteur de l’intégration sous-régionale », est en marche. La matérialisation de cette option s’est affichée de plus en plus avec l’obtention en 2008 d’un don du Fond de préparation des projets d’infrastructure du Nepad géré par la Banque africaine de développement (BAD). Il s’agit pour le PASP, via ce fonds, de financer des études de faisabilité de son projet régional d’extension et d’améliorer ses liaisons terrestres avec les pays limitrophes. A savoir le Liberia, la Guinée et le Mali. Ce projet, selon M. Dallo, consiste en la construction d’un terminal à conteneurs ayant un linéaire de quai de près de 1 000 mètres et trente hectares de terre-pleins, la viabilisation et le remblaiement de 150 hectares du domaine portuaire de San Pedro et le bitumage des voies de communication terrestres avec le Liberia, la Guinée et le Mali. La réalisation de ce projet audacieux et onéreux vise à décupler les capacités du PASP et à étendre sa zone d’influence aux pays voisins. Et donc de faire de lui un port à vocation sous-régionale. Durant l’année 2008, le PASP a enregistré un chiffre de 1 017 878 tonnes au titre de trafic global annuel de marchandises contre 947 499 tonnes lors de l’année précédente, soit une croissance de 7,43%. Cette augmentation du volume du trafic de marchandises est le fruit du tandem import-export avec des taux de majoration respectifs de 6,81% et 7,53%. En effet, le PASP a réalisé en 2008 un chiffre de 190 780 tonnes à l’import contre 178 612 tonnes en 2007. L’export s’est pour sa part chiffré à 827 098 tonnes en 2008 contre 768 887 un an auparavant. Le cacao représente à lui seul 49% du trafic à l’export, à côté du bois et dérivés (22%) et du caoutchouc naturel (12%). De façon générale, le trafic de bois et dérivés est resté statique – 184 585 tonnes en 2008 contre 183 187 en 2007 – à cause de la crise de l’immobilier qui a secoué les Etats-Unis dans le dernier trimestre de l’année 2008. A noter toutefois que le trafic des grumes a connu une hausse de 22% par rapport à 2007. Une croissance à mettre essentiellement à l’actif du teck à destination de l’Inde. Le caoutchouc naturel a atteint le chiffre de 96 760 tonnes en 2008, soit une hausse d’environ 11% par rapport au trafic de l’année précédente, fort de 87 541 tonnes. Depuis 2002, son trafic connaît une croissance moyenne annuelle de 7%. Cela s’explique par la forte propagation de cette culture dans la région depuis le début des années 90. Pour l’huile de palme et ses dérivés, on a noté une reprise progressive avec 26 699 tonnes, contre une exportation de 10 945 tonnes en 2007. Soit plus du double du volume de trafic de l’année précédente. A l’import, ce sont les produits cimentiers qui font la loi avec 128 550 tonnes. Soit une croissance de 19,45 % par rapport à l’année 2007, représentant 67% du trafic import total. Les produits alimentaires ont chuté à 56 201 tonnes, soit une baisse de 19,71% comparativement aux 70 001 tonnes de l’année 2007. Et un taux de 30% par rapport au volume import total de l’année 2008. Le PASP est fréquenté par les navires de tous genres. Conventionnels, porteconteneurs, rouliers RO-RO, minéraliers, navires de pêche et autres. En 2008, les porte-conteneurs ont occupé la tête du trafic avec un volume de 314 312 tonnes. Juste devant les rouliers RO-RO et leurs 266 969 tonnes, quand les conventionnels bouclaient le trio de tête grâce aux 233 614 La grue mobile du port autonome de San Pedro en pleine action. Le temps est un facteur clef pour les armateurs et la ville veut répondre à l’attente de tous. tonnes enregistrées sur toute l’année. Si les porte-conteneurs et les rouliers RO-RO ont connu respectivement des croissances de 18,16 et 6,34%, les conventionnels ont affiché une chute d’un taux de - 4,47%. A noter également le bond fulgurant des huiliers, de l’ordre de 156,90%, avec un volume de 20 305 tonnes au titre de cette année 2008 contre 7 904 tonnes en 2007. Au total, le PASP aura été visité par 319 navires en 2008 pour un volume total de 1 017 878 tonnes, contre 325 navires en 2007, pour un chiffre de 947 499 tonnes. 2009 : le PASP mérite son surnom de « port cacao » De janvier à décembre, le PASP a enregistré un volume de trafic total d’une valeur de 1 057 563 tonnes, contre 1 017 878 tonnes en 2007. Soit une croissance de 3,89%. Croissance certes, mais régression en termes de taux de croissance au titre de la variation relative 2008/2007, de l’ordre de 7,43%. Le PASP a donc affiché une légère hausse si l’on compare les variations relatives de 2009/2008 et 2008/2007. Les exportations ont planché à hauteur de 879 827 tonnes contre 827 098 tonnes en 2008, soit une hausse de 6,37% par rapport à l’année précédente. La palme revient toujours au binôme café/cacao avec 573 424 tonnes contre 500 109 tonnes en 2008, soit un taux de 14,66%. Une fois de plus, le PASP démontre clairement qu’il est bel et bien « le port cacao » connu du monde entier. Pour sa part, le trafic de bois a encore chuté en 2009. La crise toujours pas jugulée, le bois et ses dérivés ont affiché 123 664 tonnes au terme de l’année 2009 contre 184 585 tonnes l’année précédente, ce qui représente une baisse 33,01%. Une 27 véritable chute libre, tandis que le trafic d’huile de palme continue sur sa courbe évolutive avec un total de 58 814 tonnes contre 26 699 tonnes en 2008, toujours plus du double du volume réalisé l’année précédente. En affichant 110 194 tonnes au titre de l’année 2009 contre 96 760 tonnes en 2008, le caoutchouc une fois de plus confirme son bon état de santé. Avec un taux de 13,88%, qui devrait faire monter un peu plus le taux de croissance moyenne de cette culture de rente. A l’importation, les statistiques affichent 177 736 tonnes en 2009 contre 190 780 tonnes en 2008, soit une baisse de 6,83%. La chute des produits cimentiers en est la cause. En présentant un chiffre de 97 150 tonnes en 2009 contre 128 550 tonnes en 2008, ils ont décliné de 24,42%. En revanche, les produits alimentaires ont grimpé jusqu’à 72 836 tonnes, soit un taux de 29,59%, représentant 40,97 % du volume total du trafic à l’import, contre 30% en 2008. En termes de type de navires, les porteconteneurs ont été les plus présents au PASP (145). Suivent les rouliers RO-RO (88) et les conventionnels (66). Au total, le port de San Pedro aura été visité par 355 navires de tous genres. L’Europe est la destination de choix du port de PASP. Au titre de l’année 2009, 467 282 tonnes ont pris le chemin du Vieux Continent depuis San Pedro. L’Amérique pointe en seconde position avec un chiffre de 150 145 tonnes, devant l’Afrique pour un volume de 50 819 tonnes. 28 Région cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010 Le tourisme : un vaste potentiel non exploité Malgré ses nombreux atouts, la région du Bas-Sassandra ne tire malheureusement guère profit de la manne touristique. « Notre foi ressemble à de la folie. Eu égard aux énormes potentialités touristiques de la région inexploitées à cause du manque de moyens, mais surtout à cause du manque de volonté politique. Et pourtant, le tourisme peut très bien servir d’alternative à l’économie de toute la région du Bas-Sassandra. » Ces propos désabusés sont de Jean Philippe Niango, directeur départemental du tourisme dans le Bas-Sassandra. Pour M. Niango, le tourisme est laissé pour compte par tous. A commencer par les élus locaux qui ne manifestent aucun intérêt pour cette activité. « Comment pouvez-vous imaginer que des collectivités locales du Bas-Sassandra ne prennent pas en compte le tourisme dans leurs politiques de développement ? », s’interroge-t-il au vu de la richesse de la région en atouts de valeur, susceptibles de faire de la Côte d’Ivoire une destination très prisée. Le Parc national de Taï, classé au Patrimoine mondial et dernier vestige forestier de l’Afrique de l’Ouest, la baie des sirènes, Monogaga, l’ïle de Gaoulou, les cascades de Nawa, la baie de Taki sont quelques sites déjà identifiés dans la région et qui, à eux seuls, devraient faire du Bas-Sassandra, le premier pôle touristique du pays, voire de la sous-région. Hélas ! Au-delà du manque de volonté politique, la situation sociopolitique n’est pas favorable à la destination Côte d’Ivoire au plan international. Reste à jouer alors la carte du tourisme interne. Une idée émise bien auparavant par un ancien ministre de tutelle, Marcel AmonTanoh. Au plus fort de la crise, en 2003, ce dernier a organisé un voyage des ambassadeurs accrédités en Côte d’Ivoire dans la région du Bas-Sassandra. Il était question pour le gouvernement ivoirien d’antan de montrer à la communauté internationale que la Côte d’Ivoire restait une destination bel et bien fréquentable. Et ce en dépit du fait que cette destination était déconseillée par la quasi-totalité des sites officiels des pays occidentaux. Dès lors, Marcel Amon-Tanoh avait incité au tourisme interne pour maintenir la flamme du tourisme en Côte d’Ivoire. Histoire de ne pas précipiter la fermeture des réceptifs hôteliers, restaurants et autres maquis. Puisque, comme le soutient M. Niango, « le tourisme international ne sera qu’une vue de l’esprit, une véritable illusion, tant que les élections ne sont pas effectives ». Malgré toutes ces difficultés, la direction régionale du tourisme dans le BasSassandra se bat comme elle peut. Du 28 au 31 mai 2009, elle a organisé « Langoustar 2009 » ou la fête de la langouste. Un site Internet (« www.bassasandra.net ») a été créé en collaboration avec l’Association internationale pour le développement durable. Aujourd’hui, les potentialités touristiques de la région sont consultables sur la Toile. Mais il faut bien compter avec un autre handicap : la route en état de dégradation avancée. La région est certes aussi desservie par la ligne aérienne de Sophia Airlines. Le prix peut sembler élevé (150 000 FCFA pour un voyage aller-retour via Sophia Airlines et 100 000 FCFA un aller simple). Mais pour qui en a les moyens, la destination vaut bien un gros effort. 30 Pays cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010 Burkina Faso : le temps du renouveau Dans la presque totalité des secteurs économiques, le pays fourmille de nombreux chantiers et fait les yeux doux aux investisseurs. De l’agroalimentaire à l’agriculture en passant par les infrastructures de transport et le climat des affaires, tout bouge au Pays des hommes intègres. En poste depuis juin 2007, le Premier ministre Tertius Zongo a fixé deux objectifs prioritaires : atteindre une croissance de plus de 6% et réduire le taux de pauvreté à 35% en 2015. La création de l’Agence nationale de la promotion des investissements (ANPI) et d’un Conseil présidentiel des investissements ; la révision de l’impôt sur le revenu des entreprises et du secteur informel ; la poursuite des efforts pour réduire les délais et les coûts relatifs à la création d’entreprise ; le renforcement de la lutte contre la fraude et la corruption sont, pour bon nombre d’observateurs, autant d’indices qui témoignent de la volonté du Burkina de progresser dans cette voie. Avec la fin de l’accord triennal auprès du FMI (2007-2010) et la réforme fiscale en cours, l’année 2010 est incontestablement celle des grands défis pour l’économie burkinabé. Seront concernés les tronçons Yamoussoukro/Bouaké en Côte d’Ivoire, et BoboDioulassso/Ouagadougou. Sur les possibilités de financement en ce qui concerne l’étude de faisabilité du projet, les deux pays sont convenus de soumettre les requêtes de financement au Fonds Koweïtien de développement économique arabe (FKDEA), à la BID, à la BAD, à la BOAD et à l’Uemoa. Une fois réalisé, ce tronçon autoroutier permettra d’endiguer le désenclavement des pays de l’interland et desservira quelques villes phares des échanges commerciaux régionaux. Des projets qui tendent à valoriser les opportunités d’investissement. Priorité aux investissements Pour atteindre les objectifs fixés, les autorités locales s’attachent à promouvoir un ensemble de programmes économiques qui tendent vers un même but : valoriser les opportunités d’investissement. C’est le cas notamment du vaste projet d’aménagement de la Zone d’activités commerciales et administratives (ZACA) de Ouagadougou, sur une superficie de 46 hectares et pour un coût de 32,7 milliards FCFA. En outre, il est prévu un prolongement de la Zone d’activités diverses (ZAD), à Ouagadougou comme à Bobo-Dioulasso, avec l’aménagement de 200 parcelles viabilisées pour y implanter des PME/PMI intéressées, notamment dans le domaine de la transformation. Sans oublier les grands projets d’interconnexion ferroviaire Kaya-Tambao et Ouagadougou-Kumassi (Ghana), les programmes d’électrification de zones rurales pour près de 26,2 milliards FCFA, la construction du nouvel aéroport international de Ouagadougou pour 114 milliards FCFA. mais une bonne partie est vendue sur pied à l’étranger, ce qui entraîne d’énormes pertes pour les éleveurs ». C’est donc pour faire face à ce problème que le gouvernement a décidé de donner un coup d’accélérateur à ce secteur, via la modernisation de cet abattoir. A terme, l’ambition des autorités est de « faire du pays un grand exportateur de viande dans la région ouest-africaine », a souligné Sékou Bâ, le ministre de tutelle. Selon lui, cette ambition se fonde sur l’existence d’une demande régionale solvable en viande, estimée à plus de 60 000 tonnes d’après les dernières études. Le secteur de l’élevage est un des moteurs de la croissance économique du Burkina Faso, avec une contribution à la formation du produit intérieur brut (PIB) de 12%. En 2004, l’abattoir frigorifique de Ouagadougou avait connu une première réhabilitation à plus de 2,7 milliards de FCFA grâce au financement taiwanais. Selon les estimations, avec un cycle de travail de huit heures par jour, cet abattoir pourrait enregistrer une capacité de 20 000 tonnes de viande par an. Vers une modernisation de l’abattoir de Ouagadougou Dans le but de donner un nouvel élan à la filière bétail/viande, le gouvernement burkinabé est à la recherche d’un partenaire de référence pour l’abattoir frigorifique de Ouagadougou. Malgré un fort potentiel en ce qui concerne le bétail, le secteur rencontre d’énormes difficultés pour sortir de l’ornière. Selon le diagnostic effectué par le ministère des Ressources animales, « le pays élève beaucoup d’animaux, Le barrage de Samandéni va booster l’Ouest Situé à 40 km à l’ouest de Bobo Dioulasso, le barrage de Samandéni est appelé à devenir le troisième plus grand barrage du Burkina après ceux de la Kompienga et de Bagré. Il alimentera une centrale d’une capacité de 16 gigawatt-heure (GWH) et servira à l’irrigation pour la culture de contre-saison, sur une superficie de 21 000 hectares. Avec 1,5 milliard de mètres cube, des périmètres irrigués, la production énergétique et industrielle, le recalibrage du Mouhoun, l’élevage, la pêche, la pisciculture, les pistes d’accès et la gestion de la biodiversité comme composantes, le programme contribuera à terme, selon ses initiateurs, à 2% au PIB et à 3% à la production nationale de céréales. Les infrastructures annexes permettront une disponibilité annuelle de plus de 300 000 tonnes de produits agricoles et 1 000 tonnes de produits de pêche. Après la mise en eau du barrage, l’écosystème environnant sera favorable à l’élevage, dont le bénéfice chiffré s’élève à 2 000 tonnes de viande et 2 millions de litres de lait. De surcroît, le programme générera une valeur ajoutée de 10 milliards FCFA par an, permettra de créer 96 000 emplois agricoles et d’installer 24 000 familles en paysannat. Parmi les bailleurs de fonds, figurent actuellement la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), la Banque d’investissement de la Cedeao (BIDC), la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (Badea), la Banque islamique de développement (BID), le Fonds Abu Dhabi pour le développement, le Fonds de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), le Fonds koweitien et le Fonds saoudien pour le développement. L’autoroute YamoussoukroOuagadougou Le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire envisagent de rechercher ensemble un financement pour la réalisation de l’autoroute Yamoussoukro-Ouagadougou, qui doit s’étendre sur 1 000 kilomètres. Une usine de transformation des fruits et légumes Grâce à un financement de 7,3 milliards de FCFA émanant de la BIDC, la Société de transformation des fruits et légumes (STFL) de Ouagadougou démarrera ses activités courant 2010. D’une capacité de 250 tonnes/jour, l’usine, qui sera installée à Loumbila, à 20 km de la capitale, pourra broyer environ 50 000 tonnes de tomates par an. Le Burkina Faso produit également environ 200 000 tonnes de mangues chaque année. Toutefois, la consommation nationale des produits frais correspond à environ la moitié de la production locale, soit 100 000 tonnes par an, entraînant ainsi d’importantes pertes pour les producteurs. Le projet ZACA, nouveau visage de la capitale Lancé en 2000, le projet d’aménagement de la Zone d’activité commerciale et administrative (ZACA) est un programme d’urbanisation de la ville de Ouagadougou, étalé sur la décennie 2004-2014, qui doit apporter une nouvelle physionomie à la capitale. La ZACA – soit une superficie commercialisable de 360 000 m2 – a pour mission d’améliorer le cadre urbain pour les activités et les habitants. Il organise et réglemente les différentes actions afin de les rendre plus cohérentes, et surtout fonctionnelles au regard de l’envergure des aménagements et des équipements à réaliser. Au coût de 100 000 FCFA le mètre carré, c’est un montant total de 36 milliards FCFA qu’engrangera le projet à l’issue de la vente des terrains. Dans cet espace ZACA, en plus des bâtiments administratifs (siège de sociétés, banques, hôtels) et commerciaux, bon nombre d’infrastructures socioculturelles et sportives seront également érigées. Tiego Tiemtoré 32 Pays cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010 Des secteurs qui ont le vent en poupe L’exploitation des richesses du sous-sol local, le boom des télécoms ou l’embellie du secteur bancaire sont autant de réelles opportunités de croissance pour l’économie du Burkina. Plusieurs programmes immobiliers visent à encourager la diaspora à soutenir le développement économique du pays. Avec un climat politique relativement apaisé et une réelle tendance à l’accélération de la croissance, le pays surfe sur une vague d’optimisme, même si la forte demande sociale semble ramener à la dure réalité un pays aux maigres ressources. Mais pourtant, de véritables lueurs d’espoir sont perceptibles. Passage en revue de quelques secteurs qui ont le vent en poupe. Les belles promesses du sous-sol Avec un potentiel minier riche et varié en minéraux précieux et de base (or, zinc, plomb, manganèse, cuivre), le Burkina Faso a l’ambition de jouer désormais dans la cour dans grands et de devenir un « pays minier ». De 2006 à 2009, le dynamisme du secteur s’est traduit par le lancement de travaux de construction de huit mines. Au total, c’est un investissement d’environ 70 milliards de FCFA qui a été réalisé sur l’ensemble de ces sites. Afin de donner corps à cette ambition, le Burkina Faso a entrepris de courtiser les investisseurs à travers l’adoption d’un nouveau Code minier en 2003 et l’organisation régulière des « Journées de promotion minière ». Fin 2009, le nombre de titres miniers et autorisations valides s’élevait à 371, dont 252 permis de recherche; 3 permis d’exploitation industrielle; 1 permis d’exploitation artisanale semi-mécanisée ; 88 autorisations d’exploitation artisanale traditionnelle et 27 autorisations d’exploi- tation de carrières. Selon le ministre en charge du secteur, Kader Cissé, « les revenus fiscaux annuels dégagés de l’exploitation industrielle de l’or devraient atteindre 26 millions d’euros à partir de 2010, où l’Etat prévoit l’extraction de 10 tonnes d’or par an ». D’ici 2011, le gouvernement burkinabé a décidé de créer un Institut supérieur de formation dans les métiers des mines, avec comme objectif de « répondre aux différents besoins de qualification des sociétés minières, au regard de l’essor que connaît l’activité minière ». Ce sont surtout les perspectives qu’offre le secteur qui ravivent de gros espoirs chez les Burkinabés. En effet, après l’entrée en phase d’exploitation de quatre mines d’or : Taparko, Youga, Mana et Kalsaka ; d’autres comme Inata, Essakane, Guiro et Perkoa sont en construction. Les mines d’or d’Inata et d’Essakane entreront en production courant 2010. Vers une refonte du Code minier C’est aussi pour accompagner ce regain de vitalité et attirer davantage les investisseurs que le Gouvernement s’apprête à engager une relecture du Code minier, de concert avec les sociétés impliquées dans l’activité. Et dans le souci de réorganiser et de restructurer le secteur minier, le Gouvernement a également entrepris d’adhérer au programme sur les industries extractives (ITIE) de la Banque mondiale. Cette démarche va lui permettre de maîtriser et de contrôler le recouvrement des recettes minières grâce à une meilleure fiscalité, d’assurer un suivi rigoureux de la gestion de l’environnement, mais aussi de former, spécialiser et renforcer les capacités des ressources humaines. Du mouvement dans le secteur bancaire Le système bancaire du Burkina Faso est composé de 11 banques et 5 établissements financiers. En 2009, le secteur comptabilisait environ 505 000 comptes, pour un bilan total estimé à 758,09 milliards de FCFA, et fonctionnait grâce au travail de 2 148 agents. Parmi les banques présentes sur le marché, la Banque internationale du Burkina (BIB), la plus ancienne du pays, occupe la tête en termes de résultats, suivie de la Bicia-B. Les banques ont développé plusieurs produits en partenariat avec le secteur des assurances et de l’immobilier. La presque totalité d’entre elles se sont appropriées les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) dans le souci d’innover, notamment sur le plan des prestations offertes. Ainsi, un serveur vocal permet aux clients d’effectuer des opérations sur leurs comptes ou d’obtenir des informations par téléphone. Le « SMS-banking », quant à lui, permet d’obtenir des informations et d’effectuer toutes les opérations à partir d’un poste Internet, ou encore de consulter son compte par SMS. A travers un pool local, les banques contribuent également au secteur cotonnier, principal pourvoyeur de devises du pays. En lançant un emprunt obligataire de 2 milliards de FCFA en novembre 2006, la Bank of Africa-Burkina Faso est devenue la première banque burkinabé à être cotée à la Bourse régionale des valeurs mobilières de l’Uemoa. A noter aussi, l’existence d’une Banque de l’habitat du Burkina Faso (BHBF), née en 2006 et qui a pour objet principal le financement et la promotion de l’habitat. En décidant de céder aux Nigérians d’United Bank of Africa (UBA) quelque 38% de ses parts dans la Banque internationale du Burkina (BIB), première banque du pays, l’État a provoqué une révolution dans le secteur. Au début du mois d’août 2008, le groupe Ecobank avait de son côté racheté la Banque agricole et commerciale du Burkina (BACB) à hauteur de 90% du capital, soit 8,55 milliards de FCFA. Cette opération de rachat a permis à Ecobank-Burkina de s’installer au premier rang des banques au Burkina alors qu’elle n’occupait auparavant que la quatrième place. Après avoir acquis l’ensemble des filiales africaines de Crédit Agricole France (Côte d’Ivoire, Sénégal, Gabon, Cameroun et Congo), Attijariwafa Bank a pour sa part décidé d’ouvrir une représentation au Burkina Faso au cours du premier semestre de 2010. L’essor des télécoms Le secteur a enregistré un coup d’accélérateur depuis ces trois dernières années, contrecoup de l’arrivée du mobile en 2000. Le nombre d’abonnés aux réseaux de téléphonie mobile a connu une croissance de 82,7%, passant de 1 016 605 en 2006 à 1 858 039 en 2007, puis à 2 700 0000 en 2009. La forte concurrence entre les trois opérateurs qui occupent le marché – Telmob, Pays Celtel-Zain et Telecelfaso – a fait chuter le prix moyen de communication de 240 FCFA/min à 140 FCFA/min fin 2009 et entraîné la mise sur le marché de produits innovants. Au début de l’année 2010, on dénombrait plus de 3 millions d’abonnés au mobile. Avec ce nombre, la téléphonie mobile couvre 248 localités contre 308 pour le téléphone fixe. Après son entrée le 30 avril 2009, avec 12 000 titres vendus, à la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) de l’Uemoa, l’Office national des télécommunications du Burkina (Onatel SA) a intégré l’indice BRVM 10 regroupant les dix sociétés les plus actives du marché boursier régional dans le dernier semestre 2009. Grâce à un emprunt obligataire d’un montant de 16 milliards de FCFA, l’Office disposera supplémentairement, d’ici 2011, de 125 728 lignes fixes et de 550 937 lignes pour le mobile. A l’évidence, cette performance vient confirmer son embellie de l’exercice 2009, avec une croissance des revenus consolidés de + 5,5% et une progression généralisée du parc du groupe. Avec plus de 990 000 clients, le parc actif du mobile a enregistré une hausse de 73% par rapport à l’année dernière. Quant à Zain Burkina Faso, il couvre actuellement une centaine de localités et domine le marché du mobile. Déjà, 80% des villes exigées par le Gouvernement dans le cahier des charges ont accès au réseau, selon les autorités burkinabés. Depuis son implantation, Zain Burkina Faso a investi environ 31 milliards de FCFA et créé près de 200 emplois directs et 3 500 indirects. cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010 Telecelfaso reprend de son côté du poil de la bête après ses déboires dus à la mésentente entre ses actionnaires. Désormais, la société dirigée par Moussa Sanfo, ancien patron de l’Onatel, est sur une pente ascendante et vient de lancer en février 2010 son produit mobile, Navitel, après Zain Mobile et Mobilis de Telmob-Onatel. La filiale du groupe Planor, qui compte plus de 700 000 abonnés et qui couvre déjà plus de 70% du pays, s’attend naturellement à un flux de nouveaux clients et entend rester l’opérateur qui propose la meilleure offre qualité/prix. quisition de licences d’établissement et d’exploitation des réseaux de téléphonie fixe, mobile et d’Internet au Burkina proposent des licences globales donnant la possibilité de fournir les services de téléphonie fixe, mobile et de l’Internet, couvrant une période de dix ans. Le Gouvernement a également autorisé un appel à candidature pour la délivrance d’une quatrième licence qui verra l’arrivée d’un autre opérateur qui devra être « un vrai professionnel du métier des télécommunications avec une expérience indiscutable dans le domaine ». Bientôt un quatrième opérateur Le Gouvernement a décidé, en février dernier, de procéder au renouvellement des licences des opérateurs de télécommunication mobile. A partir de mai 2010, les trois opérateurs devront débourser 26 milliards Des produits immobiliers spéciaux pour séduire la diaspora Dans le souci d’encourager la population émigrée à soutenir le développement économique du pays à travers un investissement immobilier, le Centre de gestion des cités (Cegeci) s’est engagé à mettre à la disposition des compatriotes vivant à l’étranger un cadre d’investissement à travers son Projet diaspora investir au pays (PDIP). Celui-ci offre aux Burkinabés de l’étranger des possibilités d’achat de villas déjà construites par la Cegeci, la construction d’une maison dans son village et la mise en location. Le projet à séduit plusieurs Burkinabés de l’extérieur qui ont pu acquérir des villas et des parcelles. Mais la demande étant plus forte que l’offre, la Cegeci n’arrive pas à satisfaire toutes les demandes, car à l’exception de certaines zones exclusivement réservées au projet PDIP, les demandes de la diaspora sont traitées de FCFA pour avoir une licence au Burkina. Les précédentes licences, délivrées en mai 2000, arrivent en effet à expiration le 30 mai 2010. Ces nouvelles modalités d’ac- 33 la même manière que celles des locaux. Quant à la Société nationale d’aménagement des terrains urbains ( Sonatur), elle favorise également l’acquisition et l’aménagement de terrains urbains ainsi que la commercialisation de parcelles viabilisées. Pour soutenir une telle politique, d’autres initiatives sont en cours : le prolongement de la Zone d’activités diverses (ZAD) avec l’aménagement de 200 parcelles viabilisées, le programme Migration pour le développement en Afrique (MIDA), le projet ZACA, ainsi que le projet Dakolé qui concerne l’aménagement d’un périmètre irrigué dans le Sud-Ouest pour y installer des ouvriers agricoles qualifiés de la diaspora. Tiego Tiemtoré 34 Pays cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010 Le port sec de Le port et ses caractéristiques Bobo-Dioulasso La plate-forme multimodale, destinée au traitement du fret national et international, est implantée sur un terrain d’environ 19 hectares entièrement clôturé, extensible à 40 hectares. Il comprend : Inauguré le 22 janvier 2010 dernier en présence du président Blaise Compaoré, le port sec de Bobo-Dioulasso, capitale économique du pays, va permettre d’impulser une dynamique nouvelle aux échanges régionaux. Ce projet, vieux de plus de vingt ans et initié par la Chambre de commerce, vise à l’amélioration du fret et la promotion des exportations à partir de la ville de la deuxième ville du pays. La réalisation du port sec, dont les travaux de construction ont débuté en décembre 2006, est une des composantes du programme de réhabilitation de la région de Bobo-Dioulasso souhaité par le gouvernement burkinabé qui le considère comme prioritaire et susceptible d’impulser une dynamique nouvelle à l’économie de cette partie du territoire national. Faire de Bobo-Dioulasso, un carrefour d’échanges régionaux La ville de Bobo-Dioulasso, de par sa localisation géographique, est un carrefour d’échanges régionaux qui concernent plus particulièrement l’ensemble du Burkina, mais aussi le Mali, le Niger, la Côte d’Ivoire et le Ghana. Le traitement actuel du fret généré par ces échanges commerciaux souffre de nombreuses insuffisances en termes d’organisation et d’infrastructures, et en raison de contraintes liées à la localisation de la gare routière actuelle au centre de la ville. C’est pour combler ces insuffisances qu’un projet de gare routière moderne à Bobo- Dioulasso a été envisagé depuis plus de vingt ans. C’est une préoccupation dont l’unanimité autour du partage entre l’Etat et le secteur privé s’est traduite par l’attribution par l’Etat à la Chambre de Commerce en novembre 1983 d’un terrain de 120 hectares. Le port sec est situé dans la zone industrielle de Bobo-Dioulasso. Il est desservi par les voies terrestres et ferroviaires en provenance de la Côte d’Ivoire, du Mali et du Ghana. Il est situé à trois kilomètres de l’aéroport de Bobo-Dioulasso. Sa réalisation comprend deux composantes : une plate-forme multimodale pour le traitement du fret national et international et un port franc. La première composante qui permettra le démarrage des activités se compose essentiellement de six volets et est réalisée sur financement d’un consortium de banques burkinabés constitué de la BICIA-B, la BCB, la BIB, la BACB, la SGBB et la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso. Sans nul doute, l’entrée en service du port sec réunira les infrastructures d’accueil des PME exportatrices et les services d’accompagnement, et va offrir une plate-forme moderne et adéquate de fret en vue de réunir les formalités douanières pour l’importation et l’exportation des marchandises en un seul lieu. Partenaire de premier plan du Burkina Faso dans les échanges économiques, le Port autonome d’Abidjan était parmi les invités de marque, avec sa délégation conduite par le directeur général, Marcel Gossio. Le coût total de réalisation du port sec de BoboDioulasso est évalué à 16,5 milliards FCFA, dont 6,5 milliards FCFA pour la plate-forme multimodale, et 10 milliards FCFA pour le port franc. Le projet de plate-forme multimodale est financé selon le schéma approuvé par le Conseil national de la dette publique : - BOAD : 2,5 milliards FCFA. - Consortium de banques burkinabés (comprenant la Bicia-B, la BCB, la BIB, la SGBB et la BACB) : 2,95 milliards FCFA. - Chambre de commerce et d’industrie : 1,05 milliard FCFA. Tiego Tiemtoré Burkina Faso Fiche signalétique Statut : République. Superficie : 274 000 km2. Population : 15,2 millions d’habitants (pop. urbaine : 18,4% ; rurale : 81,6%). Densité : 46,1 hab./km2. Espérance de vie : 46 ans. Taux brut de scolarisation : 72%. Religions : animistes, musulmans, chrétiens. Capitale : Ouagadougou. Villes principales : Bobo-Dioulasso, Ouahigouya, Koudougou, Banfora, Fada, Tenkodogo, Kaya. Pays limitrophes : Bénin, Côte d’Ivoire, Ghana, Mali, Niger, Togo. Climat : une saison sèche de novembre en mai et une saison pluvieuse de juin en octobre. Mars et avril sont les mois les plus chauds, décembre et janvier les plus frais. Langues : la langue officielle est le français. - Un magasin sous douane d’environ 2 275 m2 et un terre-plein sous douane de 36 500 m2 pouvant accueillir 268 camions. - Un magasin d’exportation d’environ 600 m2. - Un terminal à conteneurs extensible d’environ 18 500 m2 et un atelier de maintenance. - Un espace pour camions de marchandises diverses : un terre-plein de 16 000 m2 pour le trafic en transit d’une capacité de 102 camions et un magasin sous-douane. - Un espace pour camions citernes. - Un magasin hors douane d’environ 2 457 m2 et un terre-plein hors douane de 8 000 m2 pouvant accueillir 48 camions. Une soixantaine de langues parlées, les plus courantes sont le mooré, le dioula et le foulfouldé (ou peulh), le bissa et le gulmancéma. Presse : L’Observateur, Sidwaya, Le Pays (quotidiens) ; San Finna, Bendré (hebdomadaires) ; Le Faso.net, Burkina Online, Fasozine.com (Web). Monnaie : franc CFA. Budget 2010 : 887 milliards FCFA. Répartition du PIB : secteur primaire (31 %), secondaire (18,9 %) et tertiaire (50,1 %). Importations : 557,4 milliards FCFA. Exportations : environ 275,4 milliards FCFA. Investissements directs étrangers : 600 millions de dollars. Production agricole : 530 000 t de coton, 210 000 t de riz, 43 943 t de fruits et légumes, 36 800 t de sucre. Eau : 61% de taux d’accès. 40 000 puits et forages et 1 500 barrages et retenues d’eau disponibles. Réserves en eau souterraine évaluées à 113,5 milliards m3, mais seulement 9,5 milliards m3 exploitables. Elevage : cheptel estimé à 27 millions de têtes et 32 millions de volailles en 2005. Le pays importe chaque année plus de 12 milliards FCFA de produits laitiers. Réserves minières : manganèse de Tambao (réserves estimées à 19 millions de tonnes) ; potentiel de 370 000 tonnes de sables silicieux dans la région de Bobo-Dioulasso ; gisement de phosphates à l’est ; réserves de 46 tonnes d’or à Essakane et Wona-Fobiri ; indices de cuivre (100 000 tonnes) au sud-ouest et de bauxite à l’ouest. Taux d’électrification : 23%. Prévision pour 2015 : 60%. Future interconnexion avec le Ghana d’ici 2015. Tourisme : 20 milliards FCFA de recettes et 290 000 touristes en moyenne annuelle. Environ 300 hôtels sur l’ensemble du pays. Cinquième place des destinations en Afrique de l’Ouest. Transport aérien : le Burkina Faso est desservie par une dizaine de compagnies aériennes, dont Air France, Afriquiya, Royal Air Maroc, Ethiopian airlines… 36 Pays cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010 Têtes d’affiche Ils contribuent au rayonnement de l’économie burkinabé, sur le plan local comme à l’international. Portraits de ces hommes et femmes qui font le Burkina de demain. Henriette Kaboré PDG de BTM Les femmes ne se bousculent pas dans le secteur des bâtiments et travaux publics. Henriette Kaboré, directrice générale de Bâtiments-Travaux publics-Maintenance (BTM), est l’une des rares femmes au sommet dans ce secteur de la construction au Burkina Les Burkinabés de Côte d’Ivoire : un cas à part Présent aux quatre coins et jusque dans les hameaux les plus reculés, les Burkinabés de Côte d’Ivoire constituent un cas exceptionnel d’immigration en Afrique noire. Depuis le début du XXe siècle, des milliers de migrants sont venus en grand nombre pour travailler sur les plantations de Côte d’Ivoire. Même après la fin du travail forcé en 1946, ce mouvement migratoire s’est poursuivi jusqu’à l’indépendance et après, sous l’impulsion des planteurs locaux qui avaient besoin de main-d’œuvre. Les impératifs de l’explication coloniale ont fait que les limites de la colonie de la Côte d’Ivoire ont changé fréquemment. Elles n’ont été fixées avec celles de la Haute-Volta (Burkina Faso), du Mali (ancien Soudan français) et du Niger qu’en 1947. Houphouët-Boigny a été élu, en 1945, député au parlement français au titre d’un territoire de la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso d’aujourd’hui. Plusieurs groupes ethniques communs entre la Côte d’Ivoire et le Burkina se retrouvent dans plusieurs régions. A titre d’exemple, dans la région Lobi : Bouna, Doropo, Tenin. Dans la région Birifor : Bouna. Dans la région Dioula : Bassawa, Satama, Kong, Bondoukou. Dans la région Gbin : Odienné, Tengrela. Dans la région Gouin : Ferkéssédougou. Dans la région Senoufo : Boundiali, Dabakala, Ferkéssédougou, Katiola, Korhogo, Ouangolodougou, Tafiré, Tortiya. Aussi, l’histoire du peuplement des zones frontalières épouse les soubresauts de l’histoire politique des deux pays. Plusieurs villages ivoiriens, peuplés de Burkinabés seront dénommés selon les régions d’origine des immigrés. Ainsi on aura Koupela, Mossikro, Koudougou, Garango, en plein territoire ivoirien ! Faso. Elle a décidé de s’y frayer un chemin. Pour connaître au bout du compte une reconnaissance méritée, même au-delà de ses frontières. A Genève, en 2005, le Conseil de la Fondation pour l’excellence dans la pratique des affaires lui a décerné une médaille d’or pour le dynamisme de son entreprise. Henriette Kaboré a fait ses débuts dans le monde de l’entreprenariat en Côte d’Ivoire, avant de retourner au bercail en 1995. En l’espace d’une décennie de présence sur ses terres, elle s’est imposée dans le monde des entrepreneurs en faisant de sa société une référence. Elle présente à son actif de grandes réalisations dont les imposants sièges de l’Office national de l’eau et de l’assainissement (Onea), la Banque commerciale du Burkina, deux amphithéâtres à l’université de Ouagadougou, plusieurs voies routières, des villas présidentielles à Ouaga 2000. Son challenge actuel est de réaliser une cité composée de milliers de logements à Balkuy, à la périphérie de la capitale. Henriette Kaboré est aussi consul honoraire de la Corée du Sud au Burkina, membre consulaire de la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina, et membre du Club des hommes d’affaires franco-burkinabé. Idrissa Nassa PDG de Coris Bank International La CBI est née à la suite de la transformation de l’établissement financier, la Financière du Burkina (FIB-SA), en une banque classique qui mettra l’accent sur l’accompagnement des activités économiques des PME-PMI et des particuliers. Créée en 1986 avec pour vocation essentielle de faire du crédit à la consommation, la FIB a connu une recapitalisation et une réorganisation en 2001 avec sa reprise par Idrissa Nassa. La banque est présente dans l’immobilier, l’informatique, le commerce général, l’imprimerie, l’hôtellerie… Idrissa Nassa a placé la barre haute pour ce challenge : « Coris bank international ambitionne de devenir, dans un proche avenir, la banque la plus performante et la plus accessible de la place au Burkina », avait- t-il expliqué lors du lancement de celle-ci. En partenariat avec la Banque pour le financement de l’agriculture (BFA) de Côte d’Ivoire, Coris Bank International du Burkina a décidé, fin 2009, d’ouvrir des guichets en Côte d’Ivoire. Objectif : aller à la conquête de l’importante diaspora burkinabé. Pour l’instant, trois guichets ont été ouverts à Abidjan et Méagui en attendant d’autres dans les prochaines années, si l’engouement est manifeste. La CBI est actuellement la banque burkinabé qui a le vent en poupe avec l’ouverture d’une dizaine d’agences. Alphonse Kadjo Un Ivoirien à la tête de la BIB C’est un Ivoirien qui dirige depuis 2009, la première banque burkinabé, la Banque Internationale du Burkina (BIB). Né il y a quarantesix ans à Abidjan d’un père Agni de Mafféré (Aboisso) et d’une mère Baoulé d’Essekro (Dimbokro), celui-ci a débuté sa carrière dans le groupe Citibank et prendra officiellement les rênes de la BIB début 2009. Diplômé de l’Ecole supérieure de commerce d’Abidjan et du Brighton Business School en Angleterre, Alphonse Kadjo totalise vingt ans d’expérience bancaire. Il a passé la majeure partie de sa carrière à la Citybank où il a terminé à Abidjan comme vice-président en charge de cinq pays (Cameroun, Côte d’Ivoire, Gabon, RDC, Sénégal). Il a ensuite rejoint en 2008, le siège d’UBA à Lagos, d’où il sera détaché au Burkina pour diriger la BIB qui est la plus grosse filiale de UBA hors du Nigeria. La BIB a été reprise officiellement en novembre 2008 par le groupe nigérian United Bank for Africa (UBA). Selon cette nouvelle configuration, 37,84% du capital appartient à UBA qui devient le partenaire de réfrence ; 28% pour le privé national ; 24% pour la Cofiba, une entité regroupant des investisseurs africains ; et 10% pour l’Etat burkinabé. Créée en 1974, la BIB, qui était la troisième banque du Burkina, est aujourd’hui la première en termes de finances (309 millions de dollars), de taille (21 agences ouvertes sur l’ensemble du territoire) et d’innovations parmi les grandes banques du pays. Aujourd’hui, avec son nouveau patron, la BIB a pour ambition d’être la première institution financière du Pays des hommes intègres. Le groupe UBA ambitionne d’apporter à la BIB un paquet d’innovations en doublant le nombre d’agences et de GAB (respectivement au nombre de 20 et de 32) d’ici à 2011, d’introduire les TPE, d’être leader au niveau des cartes magnétiques et de la monétique. Malgré la crise que traverse la filière cotonnière du pays (60% des recettes d’exportation et 30% du PIB) la BIB restera le chef de file du pool bancaire national. Le capital, qui est passé à 12 milliards de FCFA, devrait être porté à 25 milliards de FCFA d’ici peu, selon ses responsables. Alizéta Ouédraogo La reine des peaux et cuirs Belle-mère de la famille présidentielle (sa fille Salah est l’épouse de François Compaoré, frère cadet du chef de l’Etat), vice-présidente de la Chambre de commerce, elle est une des plus grosses fortunes du Burkina. Du secteur des peaux et cuirs où elle règne en reine, elle s’est orientée en plus vers l’immobilier et le BTP. Alizeta Ouédraogo dirige la plus grande entreprise de traitement des peaux et de transformation du cuir de l’Afrique de l’Ouest, qui alimente par tonnages entiers les chausseurs et les meilleurs couturiers d’Europe. Son groupe est considéré aujourd’hui comme « l’une des plus importantes entreprises de tannerie en Afrique de l’ouest », selon la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina. Née à Ouahigouya, à 185 km de Ouagadougou, cette quinquagénaire grandit dans un milieu de commerçant. En 1986, elle crée les Etablissements Ouédraogo Alizéta, spécialisés dans le travail des peaux et cuirs. Dans le cadre du programme de privatisation, Alizéta Ouédraogo rachète en 1991 la Société burkinabé de manufacture et de cuirs (SBMC) et la société burkinabé des cuirs et peaux (SBCP). Les activités de son groupe la conduisent en Asie, en Europe et en Amérique à la conquête des marchés. Les cuirs et peaux représentent 4,9% du volume des produits burkinabés exportés, selon le ministère du Commerce. Ses activités philanthropiques ne sont pas des moindres. Fin 1997, elle décide de se lancer dans l’immobilier en créant la première grande agence immobilière privée du pays, Azimmo, avant de racheter en décembre 2001, la Société de construction et de gestion immobilière du Burkina (Socogib). Avec la création, courant 2009, de l’entreprise Sacbat, elle affirme sa volonté de jouer dans la cour des grands dans le secteur du BTP. Oumarou Kanazoé Le milliardaire au cœur d’or Tout le monde au Burkina Faso a entendu parler de ce milliardaire atypique. Cet homme milliardaire, un fils du terroir toujours en grand boubou, est actif depuis pratiquement un demisiècle. A 81 ans, Oumarou Kanazoé est le plus grand entrepreneur du Burkina et l’un des plus riches. Parti de rien, sans grande instruction scolaire, son amour pour le travail, son patriotisme et sa générosité lui ont valu une reconnaissance transnationale. L’entreprise Oumarou Kanazoé (OK), qui fait la fierté du pays, s’est taillée une réputation dans la réalisation des routes, de Pays La diaspora burkinabé dans le monde Les Burkinabés à l’extérieur sont estimés entre 12 à 13 millions de personnes. Avec près de 3,5 millions de sujets, la Côte d’Ivoire vient en tête, suivie du Ghana, de l’Arabie saoudite et du Soudan. D’autres pays de l’Afrique tels que le Niger, le Mali, le Gabon et le Togo accueillent d’importantes colonies de Burkinabés. Du côté de l’Europe, La colonie burkinabé d’Italie est estimée à plus de 8 000 âmes, ce qui fait d’elle la plus forte diaspora burkinabé vivant hors d’Afrique. Suivent la France, l’Italie, l’Espagne et l’Allemagne. Le pays compte 28 ambassades, 5 consulats généraux, 70 consulats honoraires. ponts et chaussées, de bâtiments, de barrages, d’aménagements hydro-agricoles, au point de devenir le plus important empire économique du Burkina Faso. L’entreprise OK, c’est d’abord et avant tout le flair d’un homme : El Hadj Oumarou Kanazoé. Fils unique de sa mère, Kanazoé, qui naquît le 31 décembre 1927, est originaire de Yako à 100 km de Ouagadougou, en direction du nord. Après ses années d’école coranique, il se lance dans le commerce. La vente des cotonnades au Mali et au Ghana constitue son premier créneau. Il réalise des économies qui lui permettront, en 1950, d’ouvrir une boutique et un restaurant à Yako. Ses affaires prospèrent et, en 1955, il achète un premier camion pour transporter diverses marchandises. Ainsi prend-il pied dans le transport. Au début des années 70, on le retrouve dans divers secteurs : construction, commerce général, gros œuvre, etc. L’idée lui vient en 1973 de porter sur les fonds baptismaux l’entreprise Oumarou Kanazoé. Son premier contrat est la réalisation d’un tronçon de route de 50 kilomètres. L’année suivante, il passe une commande de plus de cent camions. Kanazoé devient incontournable dans le secteur stratégique du bâtiment et des travaux publics. L’entreprise s’orientera alors vers le bâtiment et cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010 Estimation des Burkinabés à l’étranger par principaux pays Côte d’Ivoire : 3,5 millions Ghana : 3 millions Arabie saoudite : 1,5 million 1,2 million Soudan : Mali : 1 million Bénin : 500 000 Togo : 500 000 Sénégal : 400 000 Niger : 350 000 Italie : 30 000 12 000 Gabon : Etats-Unis : 6 000 France : 4 500 Guinée Equatoriale : 4 000 750 Belgique : Allemagne : 700 les travaux publics : routes, barrages, aménagement hydro-agricole. Elle compte plus de 400 véhicules et engins pour les travaux publics, 10 scrapers (dont l’unité revient à plus de 200 millions FCFA), 4 carrières et un hélicoptère qui assure les déplacements entre les chantiers. Ses enfants travaillent tous dans l’entreprise. Le premier, Mady, la cinquantaine, assume la tâche de directeur général, aidé par Yacouba, le second. C’est lui qui aura la lourde tâche de continuer l’œuvre de son père. On évalue à une vingtaine de milliards de FCFA l’argent injecté chaque année par Oumarou Kanazoe dans le tissu économique burkinabé. L’entreprise Oumarou Kanazoe est un véritable empire et son boss un véritable leader. Grâce à son entregent, l’entreprise est rapidement devenue l’un des fleurons de l’économie nationale et l’entrepreneur l’un des hommes les plus riches du pays. S’il a abandonné le secteur du transport et du commerce général, son activité se concentre désormais sur le bâtiment et les travaux publics dont il rafle la quasi-totalité des appels d’offres. Pour les techniciens du ministère des Infrastructures, OK a contribué fortement a tiré vers le haut un secteur qui stagnait avant les années 2000. Avec une croissance de plus de 7,5% par an depuis 2001, le secteur du BTP est en plein Le Forum Afric-Allia Destiné aux entreprises du monde entier en recherche d’échanges internationaux, l’objectif visé par cette manifestation commerciale est de développer des opportunités d’affaires dans l’espace l’Union économique et monétaire ouest-africain (Uemoa) et au Burkina Faso par l’accès à de nouveaux marchés internationaux, des investissements et des partenariats économiques, financiers et commerciaux. Depuis 2004, la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso (CCI-BF) participe aux différentes éditions de ce forum inspiré de l’expérience de Futurallia, créé par le département de la Vienne, en France, et rassemblant des chefs d’entreprise du monde entier durant 48 heures autour d’un concept : « business to business ». Le forum est organisé sous la forme de rendez-vous en faceà-face de trente minutes. Les participants peuvent choisir jusqu’à douze entreprises qu’ils souhaitent rencontrer essor au Burkina Faso. Cette croissance est tirée par la hausse de l’investissement immobilier et par la relance des infrastructures, financée en partie par les bailleurs de fonds internationaux. Les grands projets de travaux publics concernent principalement les infrastructures routières qui sont nécessaires pour désenclaver le pays et contribuer à son développement économique. Les projets concernent également la construction et la réhabilitation de barrages et le renforcement des infrastructures d’approvisionnement en eau. Depuis mai 2006, le groupe Kanazoé est aussi devenu le distributeur des marques Ford et GWM, à travers la création d’Africa Motors Burkina que dirige le cadet des Kanazoé, Djibril. En moins de deux ans d’existence, Africa Motors Burkina s’est imposé comme un sérieux concurrent dans ce domaine qui était la chasse gardée des multinationales. Des marchés dans les pays voisins Les activités de cette entreprise ne se situent pas seulement au Burkina Faso mais également dans la plupart des pays voisins et s’étendent dans toute la sous-région ouest-africaine. Toutefois, la société doit faire face à une compétition nationale et internationale de plus en plus forte. Elle intervient au Burkina Faso mais aussi dans les pays voisins. Selon sa direction, l’entreprise OK est intervenue au Niger, au Bénin, au Mali. Elle ambitionne désormais de décrocher des contrats Côte d’Ivoire, au Togo, et dans le reste de la sous-région... Depuis 1995, El Hadj Oumarou Kanazoé assure la présidence de la Chambre de commerce, de l’industrie et de l’artisanat du Burkina Faso. A la tête de la Chambre de commerce, EI Hadj Kanazoé n’avait pas eu besoin d’être candidat à sa propre succession pour se voir reconduit pour un mandat de cinq ans. Ce plébiscite par le monde des affaires, qui n’est du reste pas une surprise dans le landerneau économique du pays, constitue un véritable baromètre de son action à la tête de l’institution et de sa popularité. Malgré ses succès, il n’a pas oublié son origine modeste et son éducation morale. Les populations découvrent au jour le jour son extrême générosité. Il offre des vivres aux régions connaissant un déficit céréa- 37 lier, il construit bénévolement des écoles, sans oublier les nombreuses mosquées. Chaque vendredi, ses deux résidences (au centre commercial et à Pissy) sont prises d’assaut par les nécessiteux. Un regard, un geste et voici la main qui ressort avec des liasses de billets. Plusieurs familles et structures ne vivent que grâce à ses dons. Il ne lésine jamais à aider son prochain. Ce sens de l’altruisme est chez lui comme une fixation, au sens psychanalytique du terme. « L’homme ne vaut que par ses rapports avec les autres. L’argent doit aider les nécessiteux. Si je suis riche, c’est grâce à Dieu. Je répands le bonheur autour de moi pour le remercier. » Kanazoé est voué à la cause de l’Islam et à ce titre, il est également président de la Fédération des associations islamiques du Burkina Faso. Son vœu : « Avoir longue vie et la bénédiction de Dieu pour pouvoir réaliser le maximum de choses au profit des êtres humains. » Tiego Tiemtoré Le droit de vote pour les Burkinabés de l’extérieur Le Conseil supérieur des Burkinabés de l’étranger (CSBE) est une structure émanant du ministère des Affaires étrangères. Il a été crée en 1994 pour remplacer la Direction des Burkinabés de l’étranger d’alors. Le rôle des délégués du CSBE est de faire rayonner l’image du Burkina-Faso à travers le monde, d’aider les Burkinabés à s’insérer harmonieusement dans leur pays d’accueil et se réinsérer au Faso. Depuis mai 2009, les Burkinabés de l’extérieur ont obtenu le droit de vote suite à la relecture du Code électoral par l’Assemblée nationale. Pour beaucoup d’observateurs, cette décision est une avancée démocratique et une injustice réparée. Mais sa mise en œuvre va exiger beaucoup de sacrifice et de volonté politique car théoriquement, tous les ressortissants burkinabés résidant à l’extérieur doivent être recensés et enrôlés pour les prochaines élections. Tiégo Tiemtoré Le Forum régional de développement des entreprises Afric-Allia se tiendra les 20 et 21 mai 2010 à Ouagadougou. Au total, 300 chefs d’entreprises venus d’Europe, d’Asie, d’Amérique, et de l’espace Uemoa sont attendus à ce grand rendez-vous d’affaires. en deux jours. En marge des rendez-vous d’affaires, des conférences thématiques, des déjeuners d’affaires et des soirées sont organisés. Il s’agit d’une occasion unique d’échanger avec des entrepreneurs étrangers souhaitant développer des projets ou ayant déjà des activités sur le territoire africain et ailleurs dans le monde. Les principaux secteurs d’activités concernés par ce forum sont les énergies renouvelables, les technologies de l’information et de la communication, l’agroalimentaire, l’industrie textile, la distribution, l’artisanat, le tourisme, l’environnement, les activités médicales et pharmaceutiques. Une organisation tournante Ce forum est aussi l’occasion de faire de cette rencontre de chefs d’entreprises un événement économique en écho aux cinquante ans d’indépendance du Burkina Faso, qui seront célébrés en décembre 2010 à Bobo-Dioulasso. A cette occasion, la CCI-BF mettra sur les fonds baptismaux une association qui prendra le relais de l’organisation de ce type de forum dans les pays membres de l’Uemoa de façon tournante. A la tête du comité de pilotage d’Africallia, se trouve Gaspard Ouédraogo, ex-président directeur général de la Banque internationale du Burkina, également président du conseil d’administration de la Société d’intermédiation financière (SBIF) du Burkina et de la Société ouest-africaine de gestion d’actifs (Soaga), basée au Bénin. Selon lui, « le but du forum est de permettre à l’investisseur étranger de rencontrer en un seul lieu, les chefs d’entreprise des huit pays de l’Uemoa ». Tiégo Tiemtoré 38 Afrique cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010 Uemoa : seize ans après, quel bilan ? Depuis sa création en 1994, où en est l’Union dans ses grands chantiers : intégration sous-régionale, lutte contre la pauvreté, développement des échanges, harmonie des politiques budgétaires et fiscales, convergences des politiques communes, libre circulation des personnes et des biens ? Bilan et perspectives. L’Uemoa regroupe huit Etats membres de l’Afrique de l’Ouest ayant en partage l’usage du franc CFA : le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la GuinéeBissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo. Il a été créé par un traité signé le 10 janvier 1994 à Dakar, au Sénégal, qui est entré en vigueur le 1er août de la même année. Sa zone d’influence est un territoire d’une superficie de 3 509 600 km2 qui compte 80,3 millions d’habitants, soit 30% de la population de l’Afrique de l’Ouest. L’Uemoa est cité en référence comme la structure intégrationniste qui fonctionne le mieux sur le continent africain. Les chiffres présentent un taux de croissance des échanges communautaires de 15,5%, un taux de croissance de l’Union de 3% en 2009, un volume de plus de 700 milliards de FCFA mobilisés et injectés dans l’économie régionale à la fin 2009 dans le cadre du programme d’apurement des arriérés de paiements intérieurs des Etats. Le budget de l’Union pour l’exercice 2010, équilibré en recettes et dépenses, s’élève à plus de 155 milliards de FCFA, financés à hauteur de 62% par les ressources propres et 38 % avec les appuis L’Uemoa dispose d’une zone d’influence sur un territoire qui regroupe 80,3 millions d’habitants. des partenaires au développement. Une inflation prévue à 1,3% et une dette publique qui représente environ 40% du PIB de la zone. En 2010, l’environnement économique international laisse présager de meilleures perspectives, selon les spécialistes. Le taux de croissance envisagé dans l’Union s’élèverait 4% en comptant sur un redressement de l’activité économique dans tous les États. Des acquis importants dans les politiques sectorielles Comme son nom l’indique, l’Uemoa a choisi comme forme d’intégration l’union économique, qui crée un espace économique régional vraiment unifié, où non seulement les biens mais aussi les personnes et le capital peuvent circuler librement. Elle requiert à ce titre l’harmonisation de nombreuses réglementations et une coopération dans le domaine de la politique macroéconomique. L’intégration se réalise principalement à travers quatre chantiers : la coordination des politiques macroéconomiques nationales, la mise en place d’un marché com- mun (union douanière où prévalent la libre circulation des personnes des services, des capitaux et le droit d’établissement), l’harmonisation et l’assainissement des réglementations économiques, la mise en œuvre des politiques sectorielles. Les instances de l’Uemoa ont su réaliser des progrès fort encourageants. Seize ans après sa création, l’Union a su concrétiser l’adoption des politiques communes en matière agricole, industrielle, minière, énergétique et environnementale ainsi que la mise en œuvre de programmes relatifs aux transports terrestres, aériens et maritimes, à la promotion de la femme et aux réformes de l’enseignement supérieur, contribuant à la réalisation de ses objectifs. Des politiques et programmes communautaires ont été nommément appliqués pour mettre en œuvre le Programme économique régional (PER). Ainsi, au chapitre de l’harmonisation et de l’assainissement des réglementations économiques – notamment le programme d’harmonisation des fiscalités directes intérieures –, de nombreux acquis sont à relever dont l’instauration et l’harmonisation de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Outre les réformes relatives à la rationalisation de la fiscalité par la généralisation de la TVA dans les différents pays membres, deux projets de directives ont été élaborés et mis en application depuis 2001. Il s’agit du projet de directive relative à la taxation des produits pétroliers au sein de l’Uemoa et de celui portant régime harmonisé de l’acompte sur impôts assis sur les bénéfices. Concernant l’harmonisation fiscale, un programme d’harmonisation des fiscalités indirectes a été adopté et concerne la TVA, la fiscalité sur les produits pétroliers, etc. L’impact de l’union douanière L’union douanière, effective depuis janvier 2000, a marqué un progrès important dans la relance de l’économie des Etats à travers le développement des échanges intracommunautaires par « l’effet conjugué d’un désarmement tarifaire interne et du blocage de tout réarmement de la fiscalité de porte ». Outre les produits Vers un pôle industriel sous-régional de transformation du coton Face aux difficultés de la filière, les espoirs reposent sur les investisseurs pour transformer sur place le coton, de manière à favoriser l’émergence d’une véritable industrie textile sous-régionale. L’Union s’était fixée pour objectif de transformer 25% de son coton d’ici l’an 2010 et avait établi dans ce sens un agenda pour la compétitivité de la filière coton/textile. L’ambition de créer de la valeur ajoutée locale à la fibre de coton de l’espace communautaire est toujours de mise et constitue une démarche naturelle comparativement aux grandes zones productrices de coton à travers le monde. C’est dans ce cadre que la Commission de l’Uemoa a encadré les quatre pays co-auteurs de l’Initiative sectorielle en faveur du coton auprès de la BAD pour la détermination d’un programme multinational d’amélioration de la compétitivité de la filière coton/textile. Ce partenariat a heureusement abouti à la signature d’un accord de financement de l’ordre de 27 milliards de FCFA destiné à soutenir l’accès aux intrants, à la plus grande productivité de coton-graine, à la réalisation de pistes rurales, à la formation de jeunes et de femmes évoluant dans le secteur artisanal. Au Burkina Faso tout comme au Mali, le défi de la transformation locale du coton continue d’alimenter les débats. Ces deux pays, premiers producteurs africains de l’or blanc, transforment moins de 3% de leur production. De 41 unités industrielles textiles dans les pays de l’Union en 1980, seule la moitié est encore aujourd’hui en activité, avec des fortunes diverses, et doit faire face à l’invasion des produits asiatiques. Les professionnels des industries cotonnières et textiles des pays membres de l’Union déplorent le faible taux de transformation locale de la production cotonnière dans la zone : « De nos jours, les industries locales n’arrivent pas à transformer plus de 5% du million de tonnes de coton fibre produit annuellement, alors que la demande est très forte. » Aujourd’hui, les statistiques de l’Union estiment à plus de 1 067 millions d’euros le marché textile de l’Union. L’étude d’identification et de promotion d’unités industrielles régionales dans la filière coton de l’Uemoa, menée en 2004 sur financement de la BOAD et réalisée par le Centre de développement des entreprises de Bruxelles (CDE), indique que 25% de la production de coton, qui représente 5% à 10% du PIB des pays cotonniers de l’Uemoa, pourrait être transformée d’ici à 2010, entraînant la création de 50 000 emplois. T.T. Afrique du cru et de l’artisanat traditionnel, qui circulent en toute franchise des droits et taxes, « plus d’un millier de produits agréés, fabriqués par environ 400 entreprises des pays membres, circulent sur le territoire de la communauté sous le régime de la taxe préférentielle communautaire (TPC) avec une réduction de 5% », indique le rapport de la Commission des politiques commerciales et douanières. La mise en place du Tarif extérieur commun (TEC) matérialise le départ de la politique extérieure commune. Le TEC constitue, avec la TPC, une des composantes essentielles de l’union douanière. Entré en vigueur depuis le 1er janvier 2000, le TEC est la somme de trois droits permanents : le droit de douane, la redevance statistique au taux unique de 1% sans exonération, le prélèvement communautaire de solidarité, également au taux unique de 1%. « Il poursuit trois objectifs principaux, à savoir la volonté d’ouverture de l’espace Uemoa vers l’extérieur, la protection de la production communautaire, la lutte contre le détournement de trafic », précisent les experts de l’institution. Une nouvelle impulsion pour les échanges régionaux La mise en application du TEC avait surtout pour objectif de créer une sorte de « frontière commune » et de supprimer les distorsions de taxation et de concurrence entre les Etats membres de l’Union. Combinée au TEC, la libéralisation des cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010 échanges intracommunautaires (suppression des droits de douane sur les produits originaires de l’Union) a permis de faire passer en dix ans la part du commerce intra-régional de 8% à 15% des échanges globaux. Ce dynamisme des échanges régionaux, certes relatif mais réel, est confirmé par le système de compensations financières qui a été sa principale mesure d’accompagnement. En effet, l’Union a payé aux Etats membres, entre 1998 et 2008, un montant total de 191,5 milliards de FCFA au titre des moins-values de recettes douanières. Au niveau des finances publiques, les Etats fournissent des efforts remarquables pour améliorer le recouvrement des recettes. Dans pratiquement tous les pays, on constate un renforcement des performances des régies financières. Les recettes budgétaires de l’Union ont progressé pour se situer à 19% du PIB en moyenne. Cette évolution favorable de la capacité financière des Etats a contribué particulièrement au renforcement des dépenses d’investissement en rapport avec la mise en œuvre des stratégies de réduc- tion de la pauvreté. Dans le cadre des politiques sectorielles communes, tant au niveau du programme énergétique communautaire, de la politique industrielle commune, de la politique agricole de l’Union que de la politique communautaire d’amélioration de l’environnement, diverses études ont été menées et, dans l’ensemble, ces différents projets avancent. Au plan institutionnel, l’Uemoa s’est dotée de plusieurs instances dont la Cour de justice, principal organe de contrôle juridictionnel, installé en 1995. On peut également citer la Commission, organe exécutif, le Comité interparlementaire, embryon du futur Parlement de l’Union, ou encore la Cour des comptes et la Chambre consulaire, toutes fonctionnelles depuis 1998. La surveillance multilatérale des politiques macroéconomiques a porté sur le marché commun et l’harmonisation de la fiscalité intérieure. Les principes de base de la surveillance multilatérale des politiques macroéconomiques sont le droit 39 de regard et la responsabilité partagée. Sur cette base, des règles ont été édictées, concernant par exemple le taux d’inflation qui ne doit pas excéder 3%, l’interdiction absolue d’utiliser plus de 40% des recettes fiscales pour payer les salaires des fonctionnaires, etc. Ces performances sont sous-tendues par une panoplie d’instruments, à l’image du Prélèvement communautaire de solidarité (1% des taxes douanières), du Fonds d’aide à l’intégration régionale, du Fonds régional de développement agricole, et du Programme économique régional dont 70% des financements sont consacrés aux infrastructures (routes, chemins de fer, énergie). Renforcer la compétitivité du tissu industriel En 2007, l’Union a lancé le Programme régional de mise à niveau de l’industrie (PRMN), avec pour ambition de s’inscrire dans une dynamique de restructuration et de mise à niveau des entreprises de l’Uemoa. L’objectif principal du PRMN est de renforcer la compétitivité du tissu industriel en vue de le rendre apte à évoluer dans un environnement international de concurrence accrue. Il vise la relance de la production industrielle, la promotion de l’investissement, de l’emploi, et l’amélioration de la compétitivité économique au double plan régional et international. Le programme est articulé autour de deux phases : - une phase pilote de formation et de renforcement des capacités des acteurs 40 Afrique cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010 concernés, de mise en place d’un cadre institutionnel et réglementaire adaptés à la restructuration et à la mise à niveau de l’industrie, et une expérimentation des outils techniques et financiers en faveur d’un échantillon de 120 entreprises du secteur agro-industriel de l’Uemoa. - Une phase de déploiement au niveau des pays membres, avec l’objectif de couvrir 880 entreprises du tissu industriel de l’Union, de manière à atteindre ainsi 1 000 unités industrielles de l’espace communautaire. A terme, l’impact attendu du PRMN est, entre autres, l’augmentation de 10% par an de la production industrielle et du chiffre d’affaires des entreprises bénéficiaires ; l’amélioration de la qualité ; l’accroissement de la valeur ajoutée industrielle de 12% à 15% par an ; et surtout, la création de 6 000 à 8 000 emplois par an. Une réelle libre circulation des biens et personnes Une clause importante de l’Union stipule, en son article 92, que les ressortissants d’un Etat membre bénéficient du droit d’établissement dans l’ensemble du territoire de l’Union. La libre circulation effective des biens, conformément au schéma de libéralisation des échanges intracommunautaires, mais également celle des hommes, leur droit de s’établir dans n’importe quel pays de l’Union et d’y exercer leur profession sans aucune entrave liée à leur nationalité d’origine constitue un défi permanent à relever. Ainsi, les modalités de jouissance sur l’ensemble du territoire de l’Union pour les professions libérales – déjà définies pour les médecins, les architectes, les comptables et experts-comptables et les avocats – ont été élargies aux chirurgiensdentistes et aux pharmaciens. Depuis janvier 2008, les étudiants ressortissants de l’Union peuvent s’inscrire dans toutes les universités publiques de tout pays de l’Union dans les mêmes conditions que les nationaux. Des perspectives encourageantes pour la prochaine décennie Dans le cadre de cette vision : « Ancrer l’Uemoa dans le quotidien des populations », la Commission va poursuivre les projets en cours tels que le Programme régional de réformes des marchés publics, le projet de rénovation de l’Indice harmonisé des prix à la consommation (IHPC), le projet régional d’appui à la microfinance, la réhabilitation de douze projets routiers communautaires, l’interconnexion des réseaux téléphoniques en fibres optiques, le programme d’hydraulique villageoise avec la signature des conventions pour la réalisation de 3 000 forages, l’amélioration des transports aériens, l’interconnexion des réseaux électriques et l’amélioration des moyens d’approvisionnement en produits pétroliers. Le coût de l’énergie reste en effet un sérieux handicap à l’industrialisation. C’est une question vitale au sein de l’Union. Avec l’Initiative régionale pour l’énergie durable (Ired), l’approvisionnement en énergie devient un chantier La Banque régionale de solidarité La holding du groupe de la Banque régionale de solidarité (BRS), surnommée « la banque des pauvres » des Etats membres de l’Union, a vu le jour en 2004 à Niamey, son siège social. Elle a pour objet de promouvoir l’emploi indépendant en faveur des populations traditionnellement exclues du système bancaire. Il s’agit de contribuer, dans le cadre de la lutte contre la pauvreté, au financement d’investissements ainsi qu’à la création et au développement d’activités génératrices de revenus. La BRS dispose d’un réseau de filiales ayant le statut de banque pour accorder des financements à court, moyen et long terme, notamment aux artisans, jeunes diplômés de l’enseignement supérieur ou d’une école professionnelle, chômeurs ayant une prioritaire. L’Uemoa a défini des objectifs stratégiques afin qu’en 2030 la zone puisse offrir un accès universel à l’électricité, à 30 FCFA le kWh. L’Uemoa compte notamment sur le nucléaire nigérien. Aussi a-t-elle initié un projet de centrale nucléaire de 1 000 mégawatts au Niger compte tenu du fait que ce pays est le seul de l’Union riche en uranium. Un panel de haut niveau pour la vision 2010-2020 En 2010, la Commission envisage de se doter d’un plan stratégique centré sur des actions et orientations à long terme. A cet qualification professionnelle, travaillant ou souhaitant travailler dans l’agriculture, la pêche, l’élevage, la petite industrie et les prestations de service. La holding participe notamment au financement de microprojets d’investissement qui relèveront exclusivement du secteur de la production et, par extension, à la commercialisation résultant de l’activité de production financée. En outre, la BSR contribue à l’accroissement de la « bancarisation » des populations des pays de l’Uemoa, ainsi qu’aux efforts de diversification des économies de ces populations en favorisant le développement de tous les métiers porteurs de croissance économique et participera au processus d’intégration économique régionale. La BRS, qui est dotée d’un capital de 24 milliards de FCFA, est une société anonyme avec conseil d’administration faisant appel public à l’épargne. T.T. effet, un comité interne de stratégie et un panel de haut niveau vont élaborer la vision et les orientations stratégiques de la Commission à l’horizon 2020. Onze personnalités pétries d’expériences diverses vont concocter les fondamentaux de l’Uemoa pour la prochaine décennie : Younoussi Touré, Mohamed Lamine Loum, Charles Konan Banny, Ousmane Ouédraogo, Aicha Lala Ben Barka, JeanLouis Sarbib, Paulo Gomes, Normand Lauzon, Jean-Michel Debrat, Jean Kacou Diagou et Pierre Claver Damiba. Tiego Tiemtoré Afrique cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010 Un Programme économique régional pour un nouvel élan Adopté en 2004, le Programme économique régional (PER) de l’Union annonce un nouveau départ pour cette zone de huit pays. Un montant d’environ 2 900 milliards de FCFA est nécessaire pour la période 2006-2010. Le PER est un ambitieux programme de développement sous-régional adopté en 2004 qui, s’il atteint ses objectifs, devrait aider les huit pays de l’Uemoa à porter leur taux de croissance à plus de 7%, représentant le double de ce qu’il est actuellement. L’élaboration du Programme Economique Régional vise à donner une impulsion nouvelle aux actions de l’Union par la réalisation de projets intégrateurs qui permettent d’améliorer la visibilité et l’utilité de l’intégration régionale. A ce titre, les projets retenus sont ceux favorisant l’intégration. Le programme fonde sa stratégie sur le principe selon lequel l’accélération de l’intégration procurera des résultats économiques supérieurs à ceux qui seraient obtenus par la simple addition des performances individuelles des pays. Il se veut un complément aux efforts d’investissements des pays par la conjugaison des actions de développement de type intégrateur. Le choix des projets est décidé au niveau régional sur la base du principe de subsidiarité, tout en mettant l’accent sur les contraintes cruciales à résoudre en priorité afin que l’intégration soit une réalité dans l’espace Uemoa. A terme, cet ambitieux programme devrait permettre de renforcer de la compétitivité des économies de l’Union, l’intensification des échanges intra-communautaires, la réhabilitation et la modernisation des infrastructures de base de l’Union, la promotion du développement humain et la participation à l’atteinte des objectifs internationaux de développement durable à l’horizon 2015. L’exécution du PER a nécessité la réalisation de trente projets intégrateurs et portera sur trois axes d’interventions prioritaires qui sont les infrastructures économiques (69,1%), les ressources naturelles (15,6%) et le développement humain (11,2%). Le réseau routier, une grande préoccupation « La route du développement passe par le développement de la route », avait-on coutume de répéter à l’Uemoa depuis 1994. La Commission de l’Uemoa, qui est consciente du « retard de l’Union dans le domaine des infrastructures (transports terrestre, ferroviaire et aérien, énergie et télécommunication) par rapport à la plupart des autres régions du monde en termes de quantité, qualité, coût et égalité d’accès des populations », fonde beaucoup d’espoir en ce programme pour booster son dispositif de transport. Le PER a prévu l’aménagement et l’en- 41 tretien du système routier, qui devraient absorber 480 milliards de FCFA, la construction de onze postes de contrôle juxtaposés aux frontières (22,7 milliards), l’interconnexion des chemins de fer du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire et du Togo en passant par le Niger, ainsi que la construction de nouvelles voies pour relier les chemins de fer Bamako-Dakar et Abidjan-Ouagadougou, la création d’une compagnie aérienne sous-régionale (dont le coût avoisine 30 milliards de FCFA), ainsi que la construction du port de Sao Vicente, en Guinée-Bissau. Depuis 2002, l’Uemoa s’est engagée avec la BOAD à réhabiliter et à réaliser un réseau routier long de 13 300 kilomètres. La zone dispose seulement de deux axes routiers : le trans-côtier et le trans-sahélien. L’axe trans-côtier va de Nouakchott (Mauritanie) à Lagos (Nigeria) en passant par Banjul (Gambie), Bissau (GuinéeBissau), Conakry (Guinée), Abidjan (Côte d’Ivoire), Lomé (Togo) et Cotonou (Bénin). Il est long de 4 560 km, dont 3 800 km sont bitumés et 760 km qui ne le sont pas encore. L’axe trans-sahélien va de Dakar (Sénégal) à Ndjaména (Tchad) en passant par Bamako (Mali), Ouagadougou (Burkina Faso) et Niamey (Niger). Cet axe routier fait 4 460 km, dont 3 900 km sont bitumés et 560 km non encore bitumés. T.T. 42 Afrique cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010 Soumaila Cissé, un pragmatique à la tête de l’Uemoa Après avoir suivi une formation universitaire en France et acquis une solide expérience de terrain, celui qui dirige l’Uemoa a su démontrer qu’il avait plus d’une corde à son arc. Portrait d’un homme ambitieux. Depuis 2004, le Malien est le troisième président de l’Uemoa, après les Sénégalais Ousmane Seck et Moussa Touré. Il est né le 20 décembre 1949 à Tombouctou. Après son bac, il part poursuivre ses études à l’université de Dakar d’où il sort, en 1972, avec le Diplôme universitaire d’études scientifiques. Puis, parcours obligé pour tout étudiant africain dans les années 70, c’est le départ pour la France. A Grenoble d’abord où il obtient en 1974 une licence de Mathématiques appliquées. Puis en 1976, à Montpellier cette fois, où il décroche une maîtrise des méthodes informatiques appliquées à la gestion (Miage) et sort major de sa promotion. En 1977, c’est toujours à Montpellier qu’il obtient le Diplôme d’ingénieur en informatique et en gestion, mais cette fois à l’Institut des sciences de l’informatique. En 1981, il rejoint l’Institut d’administration des entreprises à Paris, une des plus solides et réputées écoles de formation en management de France, où il décroche le Certificat d’aptitude d’administration des entreprises de Paris. La tête est bien pleine. L’homme peut partir sur le terrain. De 1975 à 1977, il enchaîne des stages chez des poids lourds du monde de l’entreprise : Electricité de France (EDF) et IBM. Puis il démarre sa vie professionnelle, toujours en France : de 1978 à 1980, il est d’abord analyste-programmeur chez Cebal, une filiale du groupe Pechiney. Puis de 1980 à 1982, il est analyste chez Answar, une filiale du groupe Thomson. Enfin, de 1982 à 1984, il occupe les fonctions d’analyste et de chef de projet au sein de la compagnie aérienne Air-Inter. Quand il rentre au pays en 1984, son point de chute est la Compagnie malienne pour le développement du textile (CMDT), le mastodonte du secteur cotonnier. Il y restera jusqu’en 1991 avant d’aller occuper Une tête bien pleine et des ambitions non rassasiées. la direction de l’Agence de cessions immobilières (ACI), une société anonyme d’économie mixte crée par l’Etat malien pour faciliter l’accès à l’habitat. Des convictions politiques Militant dès sa création à l’Adema/PASJ, il devient, après l’élection d’Alpha Oumar Konaré en 1992, secrétaire général de la présidence de la République. En 1993, il est nommé ministre des Finances, puis en 2000 ministre de l’Equipement, de l’Aménagement du territoire, de l’Environnement et de l’Urbanisme. En janvier 2002, il démissionne du gouvernement pour se consacrer à la préparation de l’élection présidentielle pour laquelle il est investi par son parti. Il arrive en deuxième position au premier tour avec 21,32 % des suffrages contre 28,71 % pour Amadou Toumani Touré, qui sera finalement élu au second tour. Mais la présidentielle de 2002 lui aura permis de poser des jalons pour le futur. Il quittera l’Adema/PASJ avec une partie des militants pour fonder l’Union pour la république et la démocratie (URD) en juin 2003. Toutefois, Soumaïla Cissé n’est pas président de l’URD en raison de son statut de fonctionnaire international à l’Uemoa, où il occupe à l’époque le poste de Commissaire du Mali. Dans l’ombre, il fourbit ses armes et sait que son heure peut venir en 2012, quand l’actuel président ATT ne pourra plus être candidat à sa succession en raison de la Constitution malienne qui interdit plus de deux mandats consécutifs au président de la République. Pour beaucoup d’observateurs, il fera sûrement encore parler de lui dans son pays natal lorsqu’il aura quitté ses responsabilités internationales qui le mobilisent à Ouagadougou. T.T. Uemoa-Africable : un partenariat pour l’intégration A l’occasion du cinquantenaire des indépendances africaines, Africable, la chaîne panafricaine basée au Mali, a décidé de lancer la « Caravane de l’intégration » qui consistera en un tour de l’Afrique de l’Ouest en 90 jours. Le projet Africable (d’un budget prévisionnel de plus d’un milliard de FCFA) va mobiliser une caravane de 120 personnes à bord d’une vingtaine de véhicules. Ce projet inédit, qui a comme générique « 50 ans d’indépendance, 50 ans d’intégration et 50 ans de développement » est parrainé par l’Uemoa, partenaire privilégié de cette initiative. Selon le PDG d’Africable, Ismaël Sidibé, « c’est un projet qui mûrit depuis deux ans afin de marquer la commémoration du cinquantenaire de l’indépendance. Idée qui est d’ailleurs tout à fait dans l’esprit d’Africable qui se veut un vecteur d’intégration africaine ». En 90 jours, les caravaniers, composés d’équipes de journalistes, de techniciens, de leaders d’opinion et autres personnels d’appui vont sillonner 12 pays, découvrir 12 capitales, rallier 92 villes et installer 77 bivouacs. Le coup d’envoi sera donné à Dakar (Sénégal) le 1er mai 2010, avec comme itinéraire la Mauritanie, la Gambie, la Guinée-Bissau, la Guinée, le Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Bénin, le Togo, le Ghana, pour atteindre Abidjan le 31 juillet 2010. Dans le contenu de cette caravane, on retiendra des plateaux de télévision qui serviront de support à une émission quotidienne de vingt-six minutes, relayée par satellite tous les soirs à 21 heures, une série « 24 heures à... » consacrée aux capitales politiques et économiques, ainsi que des activités d’animation, de distractions culturelles et sportives, sans oublier une opportune offre de communication aux gouvernements et institutions ouest-africains et aux multinationales et entreprises privées opérant dans les pays visités. Durant les 24 heures, un grand focus est réalisé sur la ville ciblée avec des reportages, des interviews, des plateaux de débats consacrés aux domaines économique, socioculturel, environnemental et politique. L’évènement a des objectifs précis. Il s’agit entre autres de la promotion de l’intégration africaine, la couverture du déficit de connaissance de l’Afrique par les Africains eux-mêmes, et la vulgarisation des politiques et stratégies mises en œuvre par les gouvernements africains dans les nombreux domaines de développement socioéconomique comme les télécommunications, l’éducation, la santé, l’environnement, l’agriculture, l’élevage, la pêche, les industries de transformation des produits locaux. T.T. 44 Immobilier cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010 Calculez la valeur de vos biens immobiliers Difficile d’évaluer objectivement la valeur d’un terrain ou d’un immeuble à vendre, à acheter ou faisant partie d’un patrimoine. Pourtant, des méthodes rationnelles existent pour cela. Profession, expert immobilier A combien devez-vous vendre – ou louer – l’appartement qui vous a été légué par vos grands-parents ? Le terrain que l’on vous propose à l’achat est-il une bonne affaire ? Votre agence immobilière vous dit-elle la vérité sur la valeur de votre villa ? Nombreux sont ceux qui se posent ces questions sans trouver de réponse. Il est pourtant possible d’objectiver la valeur de ce type de biens. C’est en effet une des spécialités de la profession d’expert immobilier, qui existe et est soumise à réglementation en Côte d’Ivoire. On parle de valeur vénale (à la vente), de valeur locative, de valeur de reconstitution à neuf, etc. La valeur d’un bien immobilier se calcule en fonction d’un certain nombre de facteurs déterminants qui se subdivisent en deux groupes : les facteurs intrinsèques et les facteurs externes. Les facteurs intrinsèques Ils sont liés au bâtiment en lui-même, à ses qualités propres, qui sont liées au mode de construction et à son état au moment où on l’évalue. La toiture est-elle en béton, recouverte de tuiles ou de tôle ? Le sol est-il marbré, carrelé ou crépi ? Quelle est l’épaisseur des murs, la hauteur des plafonds ? Pour un bâtiment d’un certain âge, d’autres questions se posent. La tuyauterie est-elle vétuste ? Le système électrique demeure-t-il fonctionnel ? Plus les réfections sont nombreuses, plus le bien immobilier expertisé est décoté. Acheter à l’impulsion, au coup de cœur, sans avoir une idée claire du coût des réhabilitations, A titre d’exemple Quartier Plateau Marcory, zone 4 Cococy centre 7e tranche Cocody Valeur approximative du m2 (terrain nu) De 150 000 FCFA à 300 000 FCFA De 50 000 FCFA à 200 000 FCFA De 50 000 FCFA à 100 000 FCFA De 20 000 FCFA à 50 000 FCFA De nombreux éléments sont à prendre en compte dans l’évaluation de vos biens immobiliers. peut en effet vous conduire à réaliser une mauvaise affaire. Les facteurs externes Ce sont les éléments liés à l’environnement du bien immobilier et qui interviennent dans la fixation de sa valeur. Le quartier a son importance. Ainsi, un terrain à vocation commerciale à Treichville, lieu d’échanges par excellence, n’aura pas la même valeur qu’un autre du même type qui se trouve à la Riviera Palmeraie. Une villa à Cocody Ambassades est, bien entendu, mieux valorisée qu’une autre du même type à Yopougon Kouté. Un immeuble nu situé au Plateau, quartier administratif et des affaires où les surfaces inoccupées sont très rares, n’est pas un terrain nu à Gonzagueville. Car la desserte de l’agglomération où se trouve votre bien, en service de voirie et réseaux tels que le téléphone, l’électricité, un système d’égouts modernes, peut lui faire gagner ou perdre de la valeur. Quand la route par laquelle on accède à votre immeuble ou votre terrain est bitumée, il Mal connue, la profession des experts immobiliers est pourtant bien organisée en Côte d’Ivoire. Agréés auprès des tribunaux, notamment après une enquête de moralité, ils sont des spécialistes du droit de l’immobilier, des techniciens supérieurs ou des ingénieurs spécialisés dans le bâtiment. Avant de devenir experts à part entière, ils doivent bénéficier d’une formation pratique en cabinet. « L’expert immobilier doit être capable d’intervenir sur toutes les problématiques relatives aux biens immobiliers. Il peut diagnostiquer un mal dont souffre un bâtiment ou un terrain, proposer des solutions pour le remettre en état. Il peut aussi, bien entendu, donner une valeur au bien immobilier. Il peut offrir ses services aux particuliers, au juge lors des contentieux, aux entreprises qui veulent évaluer leurs actifs et même à l’Etat qui, en Côte d’Ivoire, perd beaucoup d’argent en raison de la mauvaise appréciation de la valeur de son patrimoine, notamment lors de transactions de cession », explique Zadi Koré, patron de Geza Expertises et président de la Fédération des experts immobiliers de l’Uemoa, organisation dont l’objectif est notamment de mettre en place une charte de l’expertise immobilière et d’harmoniser les méthodes d’évaluation dans la zone. « Notre contexte est spécifique. Dans nos villes, il y a une hétérogénéité incroyable dans les constructions. On trouve des baraques à côté des triplex. Plus qu’ailleurs, l’expert doit tout examiner au cas par cas », révèle Zadi Koré. prend de la valeur par rapport à l’époque où il ne s’agissait encore que d’une piste latéritique. L’installation de commerces bruyants proches de chez vous, une augmentation de la criminalité ou de la délinquance, une dégradation du milieu de vie, notamment dans les immeubles à usage collectif, sont de véritables dangers pour la valeur « objective » de votre bien. Stéphane Bahi Immobilier cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010 LOCATIONS – ACHATS – VENTES SYNDICS - TOUTES TRANSACTIONS IMMOBILIERES [email protected] 11 BP 449 ABIDJAN 11 TÉL. : 21.26.36.58 – 21.26.62.46 FAX : 21.26.68.44 Rue de la paix - À côté de la boa Marcory Résidentiel LOCATIONS VENTES Marcory Résidentiel : Riviera Palmeraie : Rue de la paix appartement meublé 2 ch sdb séjour terrasse climatisé TV surpresseur possibilité courts séjours villa duplex sur 650 m2 belles finitions habitable de suite Prix : nous consulter 600.000 frs TTC Cocody deux plateaux : Résidence Les Cascades appts 2 chambres - climatisé 500.000 frs TTC Zone 4 c boulevard vge : Résidence Hyjazi appts 2 chambres - balcon 250.000 Frs + charges Cocody deux plateaux : vers école Les Dauphins villa tranquille - 6 chambres bureau – double salle à manger garage 2 voitures beau jardin possibilite piscine 1.200.000 Frs TTC SIEGIM-CI (Société Internationale pour l’Expertise et la Gestion Immobilière)votre partenaire en immobilier depuis 1998 se tient à votre disposition pour tous vos besoins de gérance, d’expertise, de location, de vente de syndic et la promotion immobilière. 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Quant aux CD-Rom, qui contiennent l’intégralité des cours, ils sont systématiquement remis à l’étudiant lors de l’inscription, dans une trousse pédagogique qui comporte également d’autres supports et accessoires nécessaires à la formation. Par ce procédé, l’étudiant devient autonome et a donc seulement besoin que d’un ordinateur doté d’une connexion Internet. La formation présentielle, elle, consiste en un encadrement classique selon un programme bien défini sous la direction d’un formateur. L’UVCI prépare à des diplômes canadiens, français et ivoiriens. Ce sont entre autres le Diplôme d’expertise comptable (DEC), la Capacité en gestion des entreprises (CGE), la Licence d’économie et de gestion (LEG), le DESS (Diplôme d’études supérieures et spécialisées) Réseaux informatiques et multimédia. Les évaluations obéissent également à la double approche : présentielle et Internet. Grèves à répétition, manque d’infrastructures, années académiques marathon ou en dents de scie, années blanches, consommées ou invalidées... la liste n’est pas exhaustive. Ainsi se définit le quotidien des élèves et étudiants ivoiriens. Les moins courageux abandonnent les études tandis que les plus téméraires parviennent à obtenir au moins un diplôme universitaire, quitte à espérer une bourse qui leur garantirait des études à l’étranger sans difficultés. Mais là encore, la réalité du terrain fait déchanter. Les cadres et employés déjà sur le marché de l’emploi et qui voudraient renforcer leur formation à travers une formule flexible peuvent, eux aussi, s’interroger sur la solution qui leur convient… sans trouver de réponse. Une lueur d’espoir dans la grisaille tout de même. Avec l’avènement des technologies de l’information et de la communication, les plus prestigieuses universités et écoles occidentales se déplacent vers les étudiants, mais aussi des cadres désireux de se perfectionner en ajoutant d’autres cordes à leur arc. Désormais, plus besoin de visa, le voyage se fait en un clic. Une solution palliative appelée cours par correspondance, formation à distance ou « e-learning », pour utiliser le vocable anglais à la mode. Le principe est généralement le même pour toutes les structures engagées dans ce mode de formation. A quelques exceptions près. Il s’agit essentiellement d’enseignements supérieurs ou professionnels dispensés via la Toile et sanctionnés par des diplômes reconnus à travers le monde. En Côte d’Ivoire, la formation à distance commence à faire son chemin avec des représentations d’universités et écoles de formation à Abidjan, la capitale économique. Chacune avec sa spécificité. Educatel Codifor Filiale de Educatel France, Educatel Codifor est spécialisée dans la formation professionnelle. Plus d’une centaine de métiers sont proposés. Les inscriptions sont possibles à toute période de l’année. Le choix est donc laissé à l’apprenant de commencer quand il le souhaite, en établissant luimême son rythme de travail. Les cours sont dispensés par des enseignants soumis au contrôle du ministère français de l’Education nationale. Les supports de cours sont essentiellement envoyés via la poste aux étudiants. Les échanges entre enseignants et étudiants se font par courriers, mails, appels téléphoniques. Ces derniers ont ainsi la possibilité de revenir sur certains points de cours qu’ils n’ont pas assimilés. Educatel se veut pointilleux sur la qualité des cours dispensés, avec des corrections détaillées des devoirs. Il suffit aujourd’hui de quelques clics pour avoir accès aux programmes d’enseignement les plus diversifiés. L’Université virtuelle de Côte d’Ivoire (UVCI) Installée sur les bords de la lagune Ebrié, l’Université virtuelle de Côte d’Ivoire (UVCI) fait de la formation supérieure via « l’utilisation optimale des technologies de l’information et de la communication ». Pour ce faire, elle mise sur des partenariats avec des universités et centres français et canadiens. En l’occurrence l’Université et l’Institut d’administration des entreprises (IAE) de Caen Basse-Normandie, en France, mais aussi le Centre international d’études supérieures appliquées (Ciesa) d’Edmundston, dans la province du Nouveau-Brunswick, au Canada. La méthode pédagogique de l’UVCI combine la formation à distance et la formation « présentielle », ou formation classique. En alternance ou simultanément, elle allie Internet et l’usage de CD-Rom. Avec Internet, les étudiants ont accès aux contenus de cours et autres informations disponibles sur le campus numérique des universités partenaires. Cette méthode a le mérite de permettre aux apprenants d’approfondir leur connaissance des cours par un système de « chat » et de tutorat avec les étudiants L’Agence universitaire de la francophonie (AUF) La communauté des étudiants francophones bénéficie de faveurs de l’Agence universitaire de la francophonie (AUF) à travers les filières de formations diplômantes (licences et masters). L’AUF s’appuie sur son réseau francophone en proposant, après négociations avec des universités européennes et africaines, des formations à distance. Un catalogue riche et varié contenant plus d’une cinquantaine de formations qui sont annuellement proposées aux apprenants africains de l’espace francophone. Les Campus numériques francophones (CNF), représentations locales de l’AUF, servent d’interface en offrant des subventions pour supporter le coût de la formation, mais aussi la logistique (ordinateurs et Internet haut débit) et des banques de données dans ses campus. Les inscriptions se font après étude de dossiers consécutifs aux appels d’offres, connus sous l’appellation FOAD (Formations ouvertes à distance). Comme les autres formations à distance, elles offrent une certaine autonomie aux étudiants sous la supervision virtuelle et physique de formateurs. Sauf que l’autonomie est relative. Stéphane Bahi Quelques liens utiles : - www.uvci.ci - www.foad.refer.org - www.cursus.edu Emploi cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010 47 Entretien avec Reine Dagbo : « Une forte dose de motivation est nécessaire pour poursuivre et achever son cursus » Reine Dagbo a bénéficié d’une bourse de la Francophonie pour se former à distance avec des universités européennes. Elle nous raconte son expérience. Côte d’Ivoire Economie : Pourquoi vous êtes-vous orientée vers la formation à distance ? Reine Dagbo : Ce type de formation offrait l’avantage d’obtenir un diplôme d’une université européenne (donc reconnu à l’international) sans les contraintes et les désagréments liés à la vie loin de chez soi : tracasseries pour l’obtention de visa, coût du voyage, frais de séjour, dépaysement, etc. De plus, elle m’offrait la possibilité d’exercer une activité professionnelle tout en poursuivant mon cursus universitaire. CIE : L’adaptation à cette nouvelle manière d’apprendre n’a-t-elle pas été difficile ? R.D. : Il est vrai que le passage à la formation à distance n’est pas du tout évident pour qui n’a aucune notion des TIC. Ce type d’apprentissage repose essentiellement sur les technologies de la communication, dont Internet, et une bonne maîtrise de certains logiciels se révèle indispensable (traitement de texte, tableur, logiciels de communication instantanée...). Par ailleurs, l’autoformation est une autre réalité que l’on rencontre dans ce type d’enseignements dans la mesure où très peu de cours sont assurés en synchrone ; il n’y a pas la contrainte de la présence et les cours sont disponibles tout au long de la formation sur la plateforme. Une forte dose de motivation est donc nécessaire pour poursuivre et achever son cursus. Avec une activité professionnelle en parallèle, il devient rapidement très difficile de gérer efficacement son temps entre ses différentes responsabilités académiques, professionnelles et familiales. Le taux d’abandon dans le système de la formation à distance est très important. CIE : Les formations offertes étaient-elles adaptées à vos acquis ? R.D. : Oui, la plupart convenaient à qui dispose d’un bagage littéraire, et de plus en plus de formations couvrent les domaines scientifiques. Il existe aujourd’hui des formations en médecine, en mathématique, en informatique, et même des licences en Génie civil et Construction. Cependant l’accès à ces formations est généralement réservé à des titulaires de bac +3. CIE : Votre diplôme a t-il contribué à votre embauche ? R.D. : Oui, le diplôme que j’ai décroché grâce à la formation à distance m’a permis de décrocher le poste que j’occupe aujourd’hui et je ne regrette pas tous les sacrifices qu’il a fallu faire pour l’obtenir. Et je compte bien capitaliser mes compétences en suivant encore une autre formation. Stéphane Bahi 48 cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010 Emploi OFFRES D’EMPLOI 50 Conso cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010 Le « circuit » propice Malgré la crise socioéconomique en Côte d’Ivoire, les ventes de véhicules neufs et d’occasion ne décélèrent pas. Selon les spécialistes, on prévoit même une forte progression dans ce secteur aux enjeux financiers énormes. Les candidats à l’achat d’une voiture ont le choix. Ils peuvent se fournir auprès des importateurs de voitures d’occasion qui évoluent dans l’univers de l’informel, des indépendants qui livrent des voitures neuves sans être liés à des constructeurs, mais aussi des concessionnaires officiels représentant les plus grandes marques. Chacun de ces « circuits » a ses avantages et ses inconvénients. cile à supporter. Selon la loi, pour importer un véhicule d’occasion il faut qu’il ait au plus sept ans de vie. Mais dans les faits, on retrouve un nombre significatif de véhicules âgés de dix ans au moins sur le marché informel… Ces indépendants qui fournissent des véhicules neufs Ce segment de marché est occupé par des agents qui ne traitent pas directement avec les constructeurs mais qui s’approvisionnent toutefois auprès de concessionnaires à l’étranger. L’avantage d’acheter auprès de ces indépendants se trouve incontestablement dans le prix de revient des voitures qui peuvent être neuves, contrairement à celles proposées par le secteur informel. Mais le service après-vente offert par ces magasins est quasi inexistant et les pièces remplacées ne sont pas toujours d’origine. Concessionnaires : prix élevés, garantie d’une voiture de qualité Les vendeurs officiellement mandatés par les constructeurs sont les concessionnaires auto et les filiales des constructeurs américains, européens et asiatiques. Disposant de contrats de concession (licences), ces gros distributeurs achètent les véhicules et les revendent au client final. Ils représentent le plus important réseau de distribution des constructeurs puisqu’en moyenne, la moitié des ventes d’un groupe automobile s’effectue grâce au réseau de concessionnaires. En gros, ce sont donc des véhicules à durée de vie élevée. Grâce à la garantie Le secteur informel : prix bas, risques élevés L’informel, qui a pris son essor à la faveur de la libéralisation de l’importation de véhicules en 1996, apparaît comme le principal « diffuseur » des voitures d’occasion. Il est contrôlé par des importateurs et des revendeurs travaillant à leur propre compte. Les importateurs font régulièrement la route entre Abidjan et les principales places marchandes européennes ou parviennent à établir un partenariat durable avec des garagistes en Europe, assurant ainsi leur approvisionnement en véhicules sans avoir à faire le trajet. Les revendeurs, quant à eux, sont contraints d’acheter aux importateurs des véhicules lorsque ceuxci sont arrivés pour tenter de les revendre ensuite avec une marge bénéficiaire. La force de l’informel ? Les bas prix, dans un contexte où le prix de revient est le critère principal qui détermine la décision d’achat. « Il y a beaucoup de “tripatouillages” dans le secteur, il faut se méfier et ne pas acheter forcément les véhicules les moins chers, qui risquent de vous créer des pannes en pleine circulation », souligne un professionnel. En effet un véhicule d’occasion nécessite constamment des réparations dont le coût peut devenir diffi- Sortir à Abidjan • Le Bar blanc (bd du 7-Décembre,Zone 4) : un restaurant snack-bar ouvert tous les jours à partir de 18h. L’ambiance est plutôt R’n’B. Il jouxte une boîte de nuit, le Pinky Nights où l’on peut finir la nuit après avoir dîné sur le pouce. qu’ils offrent, ils sont suivis pendant trois ans par des spécialistes travaillant pour les concessionnaires. Néanmoins, ces vendeurs formels proposent des voitures dont le prix peut être considéré comme élevé, donc réservé à une certaine élite – entreprises et cadres supérieurs. Les concessionnaires, contrairement à l’opinion, ne vendent pas seulement des véhicules neufs. « A côté des 6 000 véhicules neufs vendus, nous vendons 15 000 à 25 000 véhicules d’occasion pour les budgets plus modestes, avec toutefois les mêmes prestations de services », indique un commercial qui travaille pour l’un des concessionnaires ayant pignon sur rue à Abidjan. Bon à savoir, les voitures d’occasion vendues par les concessionnaires sont « retapées ». Très souvent, une pièce usagée a été remplacée par une neuve provenant de l’usine du constructeur. Manassé Dehe Le budget de l’acquéreur va aussi déterminer le choix de son circuit d’achat. les dimanches. Cadre accueillant avec sa déco « American graffiti ». • Le Parker Place (rue Paul-Langevin Zone 4) : pour les amoureux de reggae. Dispose d’une salle de concert où les meilleurs musiciens de reggae d’Abidjan viennent se produire. • Le Scotch (rue Paul-Langevin, Zone 4) : snack-bar, billard, piscine. Ouvert tous les jours à partir de 17h. Idéal pour un apéro à la sortie du boulot. • Le Bidule Bar (angle du bd du 7-Décembre et rue PaulLangevin prolongée, Zone 4) : on y déguste des assiettes de charcuterie ou de fromage, des salades de lentilles, des croque-monsieur ou des raviolis. • Le Che Café (bd du 7 décembre, Zone 4) : bar-pub, soirées à thèmes. Ouvert tous les jours à partir de 17h30 sauf • Espace Kajazoma (rue Marconi prolongée, Zone 4) : à la fois restaurant et galerie d’art. Jeanine Zogo, la patronne, y cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010 publi-reportage pour acheter sa voiture Secteur informel, vendeurs indépendants, concessionnaires agréés : pour se procurer un véhicule, les consommateurs ivoiriens ont le choix. Conso expose ses créations de meubles et de lampes très design ainsi qu’une large gamme d’objets d’art qui vont des tabourets Ashanti aux masques et statues du Congo ou du Mali. • L’Aboussouan (boulevard VGE à Treichville) : l’un des meilleurs restaurants d’Abidjan. Le patron, Adou Sapim, y possède une cave de plus de 4 000 bouteilles des meilleurs vins de France. • Le village Ki-Yi M’bock (Riviera II,à l’angle de la rue Attoban) : dîners spectacles pour 15 000 FCFA par personne. Fondé par l’artiste multidimensionnelle Were Were Liking, c’est le lieu de formation des artistes de toute la sous-région. La « Premium Voyageur », nouvelle cabine sur Air France Air France innove ! A compter du 26 mars 2010, la compagnie aérienne propose une nouvelle cabine long-courrier au départ d’Abidjan à bord de son Boeing 777 : la PREMIUM VOYAGEUR. La PREMIUM VOYAGEUR allie confort et tarifs attractifs en offrant aux passagers un service de qualité et des attentions particulières : • Au sol : comptoir d’enregistrement prioritaire, franchise bagage identique à celle de la classe AFFAIRES (2* 32kg en soute), embarquement à convenance et livraison prioritaire des bagages. • En vol : siège à coque fixe offrant 40% d’espace supplémentaire comparativement à la cabine VOYAGEUR, écran et liseuse individuels, trousse de confort, tablette à cocktail, casque audio réducteur de bruit et magazines internationaux. Air France a permis à certains passagers de découvrir du 22 janvier au 10 mars, en avant-première, cette cabine, leur donnant ainsi un aperçu de cette nouvelle expérience du voyage. 51 Conso cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010 Le casse-tête du cadeau d’anniversaire Qui n’a pas été pris au dépourvu au moment de faire l’achat censé rendre heureux celui ou celle qu’il aime ? Quelques témoignages… qui peuvent vous inspirer. Il n’y a que quelques semaines que Fabrice Gbéli a reçu un cadeau de la part de sa bien-aimée Déborah Blesson. C’était à l’occasion de la fête des amoureux : la Saint-Valentin. Le 14 février dernier, à la sortie de son sommeil, l’ingénieur géologue de 27 ans a découvert un polo rouge empaqueté, accompagné d’une rose de la même couleur. « C’était si romantique ! », confie le jeune homme qui vit avec sa compagne depuis un an et demi. En ce vendredi soir, le couple vient faire ses emplettes dans le supermarché de leur quartier. Fabrice ne le sait pas mais Déborah est partagée entre angoisse et réflexion. La belle étudiante en droit se demande si elle pourra de nouveau sortir le grand jeu. La raison ? Son amoureux soufflera sa 28e bougie le 2 mars. Que lui offrir ? Elle ne trouve pas. La jeune femme n’est pas la seule dans cet état. Ses inquiétudes, elle les partage avec toutes les personnes désireuses d’offrir un cadeau d’anniversaire à leur partenaire ou à leurs enfants. Le choix de l’alternance Pour Chantal Kouassi, 38 ans, cadre de banque sans enfants, qui vit maritalement avec son fiancé depuis huit ans, faire le meilleur choix pour le cadeau d’anniversaire de son concubin reste un véritable casse-tête. « Pas facile ! Mon chéri est né un 26 décembre. A l’approche des fêtes, je dois me tourner et retourner les méninges pour lui faire plaisir en lui offrant un cadeau d’anniversaire au lendemain de la Noël. C’est toujours le même train-train. J’offre toujours un vêtement ou un parfum car je sais qu’il en a forcément besoin. Et si j’ai choisi un vêtement, la fois suivante, j’opte pour un parfum, j’alterne ainsi. Mais j’avoue que je ne lui ai rien proposé en décembre dernier parce qu’il avait commis une grave bêtise », lance-t-elle en riant. « En fait, on a toujours du mal à choisir un cadeau parce qu’on ne veut pas offrir la même chose. On est toujours à la recherche d’une idée originale », explique Mme Nobout, une assistante de direction de 41 ans, mère de trois enfants. C’est dans ce souci d’originalité que Jonas E., militaire, la trentaine révolue, a offert de la lingerie à son épouse à l’occasion de son récent anniversaire : « Elle a aimé ! », commente-t-il. Pas évident non plus d’offrir un cadeau d’anniversaire à ses enfants. A tel point que nombreux sont les parents qui préfèrent s’y soustraire. « J’ai trois enfants : Chris-Emmanuel a 6 ans, Régina 4 ans, et Epiphanie 3 ans. Je ne leur offre pas de cadeaux pour leur anniversaire. C’est trop compliqué, ils sont trois ! Chacun en a reçu un à Noël. Si je dois encore leur en donner, c’est trop compliqué ! Je fais cependant l’effort de leur organiser une fête avec un gâteau à l’appui. Je pense qu’ils en sont très contents », raconte cette mère qui semble avoir résolu le problème. Mme Mollet, administratrice et mère de deux enfants, essaie pour sa part de satisfaire les siens en… s’inspirant de leur dernier cadeau de Noël. « Je rachète les mêmes cadeaux. Lors des fêtes de fin d’année, mon fils Yvan, 4 ans, a reçu une voiture. A son anniversaire en avril, il aura la même chose. Parce que d’ici à cette date, la voiture qu’il a reçue pendant la Noël sera complètement décomposée. Pareil pour sa petite sœur Eva-Samuelle, 3 ans. A son anniversaire, elle aura la même poupée que celle qu’elle a reçue fin décembre », confesse-t-elle. Les conseils des professionnels Jean-Paul Yao, médecin, plus de 40 ans, a sa stratégie bien à lui. « J’ai deux filles. L’aînée, Xeles, aura 15 ans le 29 mars et la cadette, Grâce Mienssa Keren, 2 ans le 14 août. A la première, je donne toujours ce qu’elle désire. Bien sûr, dans la mesure de mon possible. Ça veut dire que quand financièrement je ne vais pas bien, je ne fais de cadeau à personne. En général, elle demande des vêtements. Je sors avec elle et elle choisit ce qu’elle veut. Simplement ! Quant à sa petite sœur, elle a reçu un piano. Je trouvais qu’elle chantait souvent, alors j’ai voulu lui offrir un cadeau qui pourrait stimuler son inspiration. Et on m’a conseillé le piano dans un magasin spécialisé dans la vente d’articles pour enfants », révèle le docteur. Pour effectuer des choix judicieux, certains parents choisissent en effet de faire Dubaï, nouveau pôle d’attraction Commerce, conférences, mélange de tourisme et de shopping… Dubaï est une destination de plus en plus prisée par les Ivoiriens. Guide pratique pour ceux qui seraient tentés par une incursion vers ce symbole d’une forme de modernité arabo-musulmane. Ville cosmopolite, Dubaï est aussi l’un des sept émirats qui constituent les Émirats arabes unis. La citéEtat n’a pas misé uniquement sur la manne pétrolière pour bâtir sa prospérité. La présence de communautés commerçantes, un port naturel sûr et accessible et une politique pragmatique de libre-échange lui ont permis de devenir un centre d’échanges privilégié entre l’Europe, l’Afrique et l’Asie. Pourquoi aller à Dubaï Dubaï s’est doté d’une zone franche, fondée en 1996, qui se présente comme l’élément essentiel du plan stratégique du gouvernement pour conduire l’investissement économique du pays. Cette zone est stratégisuite p. 54 Le rendez-vous annuel de l’imagination, pour prouver son affection… confiance aux responsables des magasins spécialisés. « Nombreux sont ceux qui viennent se confier à nous », témoigne Rolande M., gérante d’un magasin à Treichville. Et à en croire les professionnels de l’emballage, le choix des cadeaux est assez diversifié. Toutefois, selon eux, les vêtements enlèvent la palme. « Dans la majeure partie des cas, que ce soit les hommes ou les femmes, ils achètent des habits. Les hommes donnent souvent des pagnes aux femmes quand celles-ci font parvenir des chemises aux hommes. En ce qui concerne les adolescents, les fillettes ont souvent des vêtements comme cadeaux, et les petits garçons des chaussures et des ballons. Pour les plus petits, les legos et les ordinateurs ludo-éducatifs sont les plus prisés », révèle Ismaël Ganemtouret, qui tient son affaire à Adjamé, la commune qui abrite le plus grand marché de la capitale économique, sinon de la Côte d’Ivoire. Tiéné Bilé, un autre «emballeur» situé en plein centre du quartier administratif d’Abidjan, Plateau, confirme ces propos. « La plupart du temps, les femmes reçoivent des pagnes, des sacs à main et des bijoux, et les hommes de plus en plus des chemises et des cravates qui enrichissent leur garde-robe. Avant, ils recevaient plus de sous-vêtements débardeurs. » Michelle Topé Gigantisme touristique Au-delà de son image de centre commercial géant, Dubaï veut attirer les touristes, notamment à travers ses réalisations architecturales hors du commun. C’est le cas de la tour Burj Dubaï, la plus haute du monde, inaugurée en janvier dernier dans la tourmente de la crise financière. Elle s’élève à 818 mètres, possède 162 étages, 517 240 mètres carrés exploitables. Elle peut contenir 35 000 personnes à la fois et a nécessité cinq longues années de construction. La tour Burj Dubaï vient en écho à « The World »... Un projet fou qui repose sur la création de 300 îles artificielles imitant la carte de la Terre. Le résultat (provisoire) ? Un beau planisphère au cœur du golfe Persique, pas très loin d’autres îles artificielles représentant des palmiers. La crise financière et sans doute quelques contraintes environnementales ont provoqué la suspension de la construction de « The World ». Pour l’instant. Conso shopping 52 cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010 pour elle 53 pour lui Bracelet et bague Charming Tears Élégance raffinée pour cet ensemble bracelet et bague « Charming Tears » en or jaune serti de diamants blancs et de saphirs roses. Atout charme : la clef assortie au bracelet peut être ornée au choix d’une initiale ou d’un cœur. Zoughaib Abidjan Centre Polygone (Orca Déco), 3e étage. Tél. : 21 75 88 30. Fax: 21 75 88 31. Volkswagen Scirocco : un coupé de caractère La nouvelle Scirocco allie puissance et esthétique. Dotée de moteurs performants, elle est aussi riche en équipements de sécurité : correcteur électronique de trajectoire, assistance au freinage d’urgence, assistance au contre-braquage, airbags rideaux et latéraux. Europ’Auto - Boulevard VGE. Tél. : 21 28 50 60. - Fax : 21 28 50 64. www.atc-comafrique.com Casio Edifice Gold Label, édition limitée Cette montre élégante et sportive indique la date et dispose d’un chronographe. Etanche à 100 mètres, son bracelet est en acier inoxydable. Une montre d’exception aux lignes dynamiques, qui n’en est pas moins distinguée. Casio Galerie Prima Center. Tél. : 21 25 93 93. Casio 2 Plateaux. Rue des Jardins. Tél. : 22 41 56 56. Casio Zone 4C. Rue Thomas-Edison. Tél. : 21 35 39 39. 54 Conso cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010 quement située à proximité de l’aéroport international de Dubaï, le plus fréquenté et le plus moderne du MoyenOrient. Elle permet également aux sociétés d’apprécier une évolution dynamique de leurs affaires et de bénéficier d’une fiscalité très avantageuse. Soucieux de son ouverture sur le monde, Dubaï abrite de plus en plus de conférences internationales. Son goût du gigantisme architectural séduit en outre un nombre croissant de touristes fascinés par la démesure de certains de ses édifices. Ce qui attire aujourd’hui le plus les Ivoiriens à Dubaï, c’est bel et bien le commerce. Si dans les années antérieures les consommateurs ivoiriens étaient focalisés sur les articles venus d’Europe ou des Etats-Unis… aujourd’hui, c’est vers les produits de cet émirat qu’ils se tournent. Quant aux commerçants, ils reviennent de Dubaï avec des articles divers et bon marché : électroménager, écrans de télévision, téléphones mobiles, équipements informatiques, maroquinerie… Comment s’y rendre Obtenir un visa pour Dubaï est chose aisée dès lors que le candidat au voyage présente un certain nombre de garanties financières ou professionnelles. En une semaine, Dubaï Fiche signalétique Intitulé officiel du pays : Emirat de Dubaï. Zones de rattachement : Emirats arabes unis. Statut administratif : un des sept émirats qui constituent les Émirats arabes Unis (EAU). Capitale : Dubaï. Nom local : Dubbayy. Superficie : 3 885 km2. Climat : subtropical et aride. Les pluies sont rares et irrégulières. Les températures varient de 10 à 48 ºC. La meilleure période s’étend d’octobre à mai. votre agence de voyages peut s’occuper de vos formalités administratives. La seule ligne directe Abidjan-Dubaï-Abidjan est proposée par Emirates. Le billet aller-retour revient à 675 200 FCFA (prix indicatif début mars 2010). Avec Ethiopian Airlines, on peut se rendre à Dubai avec une escale à Addis-Abeba. Le billet aller-retour coûte 475 900 FCFA (prix indicatif début mars 2010). La compagnie libyenne Afriqiyah rallie également la ville-Etat après un passage par Tripoli. Le prix du voyage aller-retour ? 453 600 FCFA (prix indicatif début mars 2010). Où se loger Malgré la débauche de luxe qui caractérise la ville, l’avantage est que l’on y trouve des hôtels de bonne qualité à tous les prix. La nuitée va d’environ 25 000 FCFA à plusieurs millions de FCFA. Ce qui n’empêche pas certains commerçants ivoiriens de choisir des options encore plus économiques. « Certains s’installent carrément à l’aéroport pour effectuer tous leurs achats », raconte ainsi l’un d’entre eux. L’aéroport de Dubaï, l’un des plus grands de la planète regorge de salons douillets pouvant même se transformer en couchette, le cas échéant. Population : 1,5 million d’habitants. Peuples et ethnies : 25% de natifs des Émirats, 75% d’expatriés dont 60% d’Indiens, de Pakistanais et de Philippins. Langues : arabe, anglais, ourdou, hindi, malayalam et farsi. Religions : islam (majorité sunnite). Institutions politiques : dynastie royale des Al-Maktoum. Émir : Cheikh Mohammad Ben Rached Al-Maktoum. Monnaie : dirham des Emirats arabes unis (AED). 1 dirham = 131 francs FCFA. Formalités : passeport valide trois mois après la date d’entrée. Visa obligatoire facilement obtenu auprès d’un sponsor local (hôtel, réceptif...). Fuseau horaire : GMT + 4. Quelques hôtels en revue * A 26 000 FCFA Gulf Pearl Hôtel est un 2 étoiles de luxe récemment ouvert. Il est situé au cœur de la cité d’Al Baraha. On peut s’y rendre à pied dans tous les centres commerciaux. L’hôtel donne sur la corniche. De 42 000 FCFA à 95 000 FCFA Le luxueux hôtel résidentiel Al Bustan Centre & Residence (4 étoiles) est également un complexe commercial et de divertissement avec une les plus grandes salles de jeux des Emirats arabes unis. Environ 26 000 FCFA Le Panorama Bur Dubai (2 étoiles) est situé à seulement huit kilomètres de l’aéroport international de Dubaï. Le centre commercial de la ville est à cinq minutes de marche de cet hôtel. Entre 50 000 FCFA et 75 000 FCFA Byblos Hôtel (4 étoiles) est un hôtel moderne qui rappelle l’art de vivre et l’hospitalité libanaise. Son architecture phénicienne, avec des peintures murales, des mosaïques, du marbre et des boiseries, confère beaucoup de charme à cet hôtel qui a ouvert le 15 juin 2009. Entre 250 000 FCFA et 900 000 FCFA Atlantis The Palm Dubaï est un 5 étoiles au cœur de Palm Jumeirah, une île artificielle qui continue de fasciner le monde par son originalité, le plaisir et le luxe qui en dégagent. Parc d’eau vivifiante, plages immaculées de blanc, cuisine de classe mondiale, spa, et boutiques… l’hôtel offre une vue spectaculaire sur le golfe Arabique. * Les prix sont indiqués pour une nuitée.