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COTE D’IVOIRE ÉCONOMIE - N°1 - MARS 2010 5
Laser COTE D’IVOIRE ÉCONOMIE - N°1 - MARS 2010
Chronique du monde qui vient
Ces « cyber-escrocs »
qui discréditent
la Côte d’Ivoire
C’est un concept qui a le vent en poupe
dans les univers professionnels relevant de
la communication, des relations publiques
et du Web : la « e-réputation ». Selon un
blog spécialisé (« www.e-reputation.org »),
il s’agit de « l’image que les internautes
se font d’une marque ou d’une personne.
Cette notoriété numérique façonne l’iden-
tité d’une marque, la différenciant de
ses concurrentes ». La e-réputation peut
aussi valoir pour un individu ou un pays…
comme la Côte d’Ivoire.
Et il est évident que sur le Web, la Côte
d’Ivoire n’a pas une image enviable. Bien
entendu, lorsqu’on « googlise » ce pays,
il est inévitable qu’on tombe sur de nom-
breuses pages évoquant la longue crise mi-
litaro-politique qu’il vit. C’est inévitable.
Ce qui est plus préoccupant, c’est que
lorsqu’on fait des recherches en ligne
sur de nombreuses banques du pays, on
tombe sur des sites comme « escrocs.net »,
« hoaxbuster.com » ou « arnaques.com »…
qui recensent les tentatives d’escroquerie
et les mauvais coups que les personnes
trop crédules peuvent prendre en ligne.
Ces banques ont-elles des pratiques
illégales en ligne ? Pas du tout. Mais le
gros bataillon des cyber-escrocs, dont
le travail est d’inonder le monde entier
de courriers électroniques empoisonnés,
utilise souvent le nom de ces institutions,
brouillant leur image et, par la même
occasion, celle du pays tout entier.
Une imagination débordante
Les formes d’arnaques sont diverses, et ont
été répertoriées par le site de l’ambassade
de France en Côte d’Ivoire (« http://bit.
ly/9MGou4 ») : il y a des « arnaques à
l’héritage » où votre correspondant se
fait passer pour le ls d’un milliardaire
qui vous rémunèrera si vous lui permettez
d’utiliser votre compte en banque pour
faire sortir de prétendues grosses sommes
d’argent du pays ; des « arnaques à la
loterie » où l’on vous fait croire que vous
avez gagné un gros lot et qu’il vous faut
payer des frais de traitement de dossier
ou de transport pour pouvoir bénécier de
ce lot ; des arnaques à la commande de
matériel et promesse de paiement soit par
des cartes de crédit volées ou fausses, soit
par des ordres de virement contrefaits ;
des détournements de courrier bancaire ou
des « arnaques à la voiture d’occasion »
où un prétendu acheteur promet de payer
dès réception du bien ou demande les
coordonnées bancaires de sa victime pour
un virement qui n’arrivera jamais. Il y a
aussi des « arnaques à la romance » où
des jeunes garçons utilisent des photos de
jeunes lles pour appâter pour dépouiller
des Occidentaux esseulés trouvés sur les
sites de rencontres.
La réponse des pouvoirs publics, notam-
ment de la police, n’est pas assez forte face
à cette forme de criminalité qui jette le
discrédit sur les opérateurs économiques
honnêtes qui n’arrivent plus à commander
en ligne, ou qui voient leurs comptes en
ligne bloqués dès la moindre fausse ma-
nipulation parce que le pays où ils vivent
est « blacklisté ». La Côte d’Ivoire s’est
engagée dans un projet d’ampleur, le
Village ivoirien des technologies de
l’information et des biotechnologies
(Vitib), et veut attirer sur son sol les grands
groupes et les start-up du monde entier.
Comment le ferait-elle, même après la
crise, si elle continue de passer pour le
pays des arnaques en tous genres ? Il faut
faire la guerre aux cyber-escrocs vivant en
Côte d’Ivoire, notamment en obligeant les
cybercafés à passer par un logiciel unique
et sécurisé d’où l’on pourrait repérer
plus aisément des activités illégales,
les bloquer et poursuivre leurs auteurs en
justice. théophile Kouamouo
Les escroqueries qui abondent sur le Net desservent
le développement de l’économie ivoirienne. Et la bataille
pour endiguer le phénomène n’est pas gagnée…
Mise en place d’un comité d’experts
Selon Honorat Kouassi, directeur de
l’agence Pohorow, « le désordre dans
l’afchage est principalement dû aux
régies non agréées ». Il dénonce par
ailleurs le jeu trouble de certaines régies
qui possèdent des agences conseil en
communication, alors que cela est interdit
par la loi. Situation préjudiciable pour
le secteur que décrient les responsables
légalistes, à l’instar d’Esmel Meliane,
directrice de la régie Meli’s Com. « Le
client paie moins cher parce que l’offre
est trop grande », se plaint-elle. Sans
oublier, toujours selon Mme Esmel,
la fâcheuse tendance des mairies à attri-
buer des espaces publicitaires alors que
cela ne relève pas de leurs prérogatives.
Dans ce contexte, le ministère de la Com-
munication a procédé au réaménagement
du CSP en lui donnant plus de moyens
de coercition. Le CSP, à son tour, a mené
les actions d’éclat que saluent l’ensemble
des acteurs du domaine, notamment le
recensement des structures légales de pu-
blicité, puis la destruction des panneaux
illégaux conformément au décret n°2007-
676 du 28 décembre 2007. Un décret
qui, en lui-même, contiendrait trop de
dispositions contraignantes pour les
professionnels de la publicité, à en croire
Mme Méliance Esmel. Un comité de onze
experts a été mis en place par le ministre
an de faire des propositions pour une
restructuration plus efcace.
stéphane Bahi
Monétique : ruée sur
les cartes prépayées
Ces cartes de paiement ne sont pas liées
à un compte bancaire, elles peuvent être
utilisées pour retirer de l’argent dans les
distributeurs automatiques de banque et
pour régler des achats à toute heure dans
les commerces dotés d’un terminal de paie-
ment électronique, mais aussi sur Internet.
Leur engouement est certain, même si elles
font parfois l’objet d’un « blacklisting »
sur certains sites internationaux qui blo-
quent systématiquement les transactions
venues de la Côte d’Ivoire, considérée
comme une terre d’élection des « cyber-
escrocs ». Leur principe est simple : vous
approvisionnez votre carte prépayée
en fonction de vos besoins, à des
coûts abordables. Diverses offres sont
actuellement disponibles, partageant le
même schéma d’implémentation : un
régisseur de système (« switch ») connecte
une banque avec un réseau de banque
régionale ou une plate-forme internationale
de paiement (Visa, Mastercard…). Une
carte de paiement prépayée, fruit de
cette collaboration, est ensuite émise
et distribuée par la banque pour une
utilisation sur le réseau de la plate-forme.
Voici quelques modèles présents sur le
marché ivoirien.
Africards
C’est l’une des premières cartes interna-
tionales de paiement qui s’est implantée
sur le marché ivoirien. La carte Visa
prépayée Africards est émise par la
Banque internationale du Burkina (BIB,
rachetée par United Bank of Nigeria).
Elle est pilotée par l’entreprise Global
Technology Partner (GTP), basée à Houston
aux Etats-Unis, et utilisable en principe
partout où les cartes Visa traditionnelles
sont acceptées. Elle offre la possibilité de
faire des retraits sur les guichets automa-
tiques des banques afliées à Visa. Deux
modèles, Or et Argent, permettent de faire
des achats et des paris sur Internet et dans
les commerces, mais aussi d’effectuer des
transferts d’argent de carte à carte.
Cashxpress
Cette carte est émise par la banque
Ecobank et s’utilise de la même manière
que Africards sur le réseau international
Visa. Elle est également pilotée par la
plate-forme GTP. Comme Africards, c’est
une carte Visa classique qui fait ofce de
carte de débit et de crédit, supporte l’envoi
ou la réception des transferts rapides
d’argent de carte à carte, et permet
d’accéder à son compte carte via Internet.
Elle est rechargeable en ligne, à volonté.
Rubis
Grâce à sa collaboration avec un switch
marocain, la BIAO émet cette carte
prépayée sur le territoire ivoirien. Elle a
pour particularité d’être la moins chère du
marché (les frais de retrait dans les guichets
automatiques sont très faibles, et inexistants
quand il s’agit de guichets BIAO). Elle
dispose cependant de fonctionnalités plus
réduites que Africards, selon un certain
nombre d’utilisateurs.
Cefacarte
Elle est émise par la Versus Bank et
déployée par le switch Etranzact. C’est une
offre purement locale qui permet de régler
des achats dans le réseau Etranzact, c’est-
à-dire chez des commerçants équipés de ce
type de terminal. Elle supporte le transfert
de carte à carte et la consultation du solde
sur Internet. Toutefois, les retraits d’argent
ne sont possibles que dans les agences de
la Versus Bank.
Atlantique Traveler
Considérée comme la plus chère du
marché, c’est pour l’instant la seule carte
prépayée utilisable (retrait/paiement)
sur le réseau international Mastercard.
Dans sa conception, elle est prévue
pour les commerçants qui se déplacent
à l’étranger pour leurs affaires, pour les
touristes ou encore les pèlerins. C’est
un pur produit de la Banque Atlantique,
directement connectée à Mastercard sans
passer par un switch.
manassé dehe
Plusieurs banques se partagent le marché
des cartes prépayées sur le sol ivoirien.
Elles séduisent de plus en plus de consommateurs en Côte d’Ivoire.
Leurs avantages ? Elles offrent une sécurité aux titulaires d’un compte
bancaire qui craignent une intrusion dans leurs données personnelles
et permettent l’accès aux terminaux de paiement électronique pour ceux
qui n’en possèdent pas. Passage en revue des offres existantes.
La fécondité de ce secteur d’activité pourrait
s’expliquer par la diversication et la profession-
nalisation des acteurs. Cependant, la vigoureuse
opération de démantèlement de 4 227 panneaux
publicitaires dits « vracs » à Abidjan en septembre
2008 a permis de comprendre que cette apparente
embellie cachait bien de soucis pour l’organisme
étatique en charge du secteur, le Conseil supérieur
de la publicité (CSP). « Les vracs » sont des
panneaux frauduleux auxquels s’était attaquée
l’autorité de régulation en vue d’assainir le milieu.
Cette opération n’a pas manqué de susciter
bien d’interrogations. Créé par le décret n°79-419
du 23 mai 1979, le CSP contrôle et régule la publi-
cité en Côte d’Ivoire. Il s’appuie essentiellement
sur le code de la publicité, ou code de déontologie
de la publicité, en vigueur depuis 1988. En dépit
de ces instruments de réglementation, l’organisme
a sombré dans une léthargie qui a favorisé un
désordre dans le milieu.
Affichage publicitaire,
la difficile régulation
La carte salaire,
outil pratique pour
les entreprises
Il s’agit d’une carte de paiement
et de retrait que les entreprises
octroient à leurs employés pour
payer leurs salaires. Toute en-
treprise cliente de la banque
émettrice peut demander, dans
le cadre d’une convention, des
cartes salaires pour ses em-
ployés non bancarisés. Dans
la pratique, les salariés dispo-
sent d’un sous-compte au nom
de l’entreprise et, en libellé
complémentaire, à leur nom.
À chaque sous-compte est atta-
chée une carte de retrait. Celle-
ci mentionne le nom de l’entre-
prise et celui du salarié porteur.
Sur ordre de l’employeur, la
banque se charge alors de cré-
diter le montant souhaité sur la
carte salaire de l’employé, à la
date convenue.
Celle de Bicici (la carte salaire
Sécuris) est personnalisée et
s’utilise à l’aide d’un code confi-
dentiel. Avec cette carte, le salarié
peut retirer tout ou partie du salaire
versé, à tout moment, sur l’en-
semble du réseau de la banque
(31 distributeurs automatiques
et terminaux de paiement élec-
troniques). Bien entendu, l’argent
peut également être conservé
sur la carte salaire, donnant ainsi
au salarié la possibilité de gérer
son budget en toute sécurité.
Il l’utilisera au fur et à mesure
de ses besoins, avec la pos-
sibilité de consulter son solde.
Son coût – 10 000 FCFA/an –
est supporté par les entreprises
qui la mettent à disposition de
leurs employés.
Abidjan, forêt dense de l’affichage ? On n’en voudrait pas à celui
qui le penserait tant les panneaux publicitaires poussent, tels des
champignons. Partout, aux principaux carrefours et même dans les
endroits les plus insoupçonnés, ils font désormais office de décor.