Côte d`Ivoire

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Mars 2010
Mensuel
Côte d’Ivoire
economie
Jérémie N’Gouan : le goût
des autres
Rencontre avec le directeur de Pigier Côte d’Ivoire, un dirigeant qui a érigé
l’action collective en véritable culture managériale.
Lire p. 18
Uemoa
Seize ans après la création de l’Union économique et monétaire
ouest-africaine, Côte d’Ivoire Economie dresse un bilan
des actions initiées et fait le point sur les perspectives définies
par l’institution aux huit Etats membres.
Lire p. 38
le périodique des dirigeants et leaders d’opinion - le périodique des dirigeants et leaders d’opinion - le périodique des dirigeants et leaders d’op
L ’ e s s e n t i e l
SE CT E U R
Téléphonie mobile
Guérilla marketing
tous azimuts ! En
Côte d’Ivoire, la
téléphonie mobile
est sans conteste
l’un des secteurs où
la concurrence s’exprime de la manière la
plus vive. Aujourd’hui, cinq opérateurs se
disputent âprement un marché de 12 millions
d’abonnements.
Comment trouver
des financements
en Côte d’Ivoire pour créer ou développer son entreprise
Lire p. 12
RÉ G ION
San Pedro
Depuis la naissance du projet d’Autorité pour
l’aménagement de la région du Sud-Ouest
(Arso), la capitale du Bas-Sassandra donne
le pouls de l’activité économique régionale,
grâce notamment à son port autonome.
Lire p. 24
PAY S
Le Burkina Faso
Un vent nouveau
souffle sur l’économie du Burkina
Faso. Agriculture,
agroaliment aire,
infrastructures de transports : passage en
revue des nombreux chantiers en cours
qui sont autant d’opportunités en termes
d’investissement.
Lire p. 30
E M P LOI
Formation à distance
Avec l’avènement
des technologies de
l’information et de la
communication, les
plus prestigieuses
universités et écoles
occidentales se déplacent aujourd’hui vers
les étudiants.
Lire p. 46
CON S OM M AT ION
Automobile :
Le « circuit » propice pour acheter sa voiture
Lire p. 50
EXEMPLAIRE GRATUIT
En dépit des préjugés, les institutions
dont le rôle est de participer au
financement des entreprises privées en
Afrique de l’Ouest, donc en Côte d’Ivoire,
sont nombreuses.
« Les banques africaines sont frileuses
lorsqu’il s’agit de financer la création
d’entreprises de petite taille ou l’expansion de leurs activités. » Telle est la
réponse souvent entendue lorsqu’on interroge les entrepreneurs en herbe ou les
patrons de PME chevronnés. On constate
en effet, ici et là, la réticence des banques
à financer ceux qui veulent créer leur
propre entreprise ou le secteur des PME.
Or, ce sont ces petites et moyennes entreprises qui peuvent tirer la croissance
économique et participer efficacement
au long processus de développement.
La Côte d’Ivoire, comme d’autres pays
d’Afrique subsaharienne, a besoin d’un
tissu économique pérenne et dynamique.
Le maillon faible est souvent le secteur
des PME. La recherche de financements
relève d’un parcours du combattant. Il
ne faut cependant pas se décourager,
même lorsque les portes des banques
restent hermétiquement fermées. Car ce
n’est pas la fin du monde, loin s’en faut.
D’autres solutions de rechange existent.
Il faut toutefois bien s’informer sur les
financements alternatifs et savoir à quelle
Suite p. 20
Management
Comment réussir
un brainstorming
Vive la réunion des matières
grises ! Les séances de brainstorming sont des rencontres
« remue-méninges » qui permettent de mettre en commun
la diversité des richesses
humaines que l’on retrouve dans
les entreprises. Face aux défis
de la compétitivité auxquelles
ces dernières sont soumises, le
brainstorming peut se révéler un
outil précieux. Mais le cadre de
ces réunions, leur organisation,
leur mise en œuvre sont des éléments à ne pas négliger. Et pour
qu’elles soient efficaces, reste à
respecter quelques règles d’or.
Suivez le guide.
Lire p. 9
cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010
edito
Sommaire
Chère lectrice, cher lecteur,
C’est avec enthousiasme que nous vous présentons ce premier numéro
de Côte d’Ivoire Economie.
Actualités économiques, secteurs d’avenir, opportunités d’affaires,
tendances actuelles à découvrir à travers des articles courts pour s’informer
efficacement, et des dossiers plus étoffés pour une lecture en profondeur.
Car avec vous, nous partageons la conviction qu’une information
économique fiable et innovante peut susciter l’envie d’entreprendre,
d’investir, et par conséquent de générer de nouveaux emplois.
La Côte d’Ivoire est la locomotive et le leader de l’Uemoa et mérite
un vecteur d’informations économiques de premier plan. Nous avons fait
le pari de la proximité. Pour cette raison, les informations locales occuperont
une place privilégiée dans notre publication car c’est l’actualité économique
ivoirienne qui intéresse en priorité nos lecteurs. L’activité économique locale
foisonne de potentialités, notre démarche consiste à en révéler les richesses.
Pour autant, l’économie a un caractère global et l’ouverture au monde
ne sera pas négligée puisqu’une bonne part du contenu éditorial sera
dédiée à l’actualité économique internationale, et notamment africaine.
Enfin, les contenus priment sur tout. Ce qui suppose une rédaction étoffée
et respectueuse de la déontologie journalistique. Ainsi, le choix de ce format
nous permet de valoriser les compétences de rédacteurs indépendants
et proches du terrain plutôt que de mettre en avant une vitrine en « papier
glacé ». Côte d’Ivoire Economie est d’ailleurs amené à se développer grâce
au recrutement de journalistes locaux qui rejoindront notre équipe.
Nous attendons avec impatience votre courrier pour mieux connaître
vos attentes et partager avec vous cette aventure.
Bonne lecture.
3
Marion Ezzedine
et Jean-Pierre Pont
Laser
Monétique : ruée sur les cartes prépayées
Affichage publicitaire, la difficile régulation
Ces « cyber-escrocs » qui discréditent la Côte d’Ivoire
Bourse : du nouveau à la BRVM
Droit : quelle structure juridique pour votre entreprise ?
Huile de palme raffinée : la bombe sénégalaise désamorcée
Coaching : réussir un brainstorming
Investir dans la filière avicole, une bonne idée ?
Indiscrétions
Secteur : téléphonie
Six opérateurs à la loupe
Paiement mobile : la nouvelle frontière
Forte croissance, faible incidence sur l’emploi formel
Une manne pour le secteur de la publicité
Le défi de la connectivité
High-tech : quel téléphone mobile, pour quels usages ?
p. 4
p. 4
p. 5
p. 6
p. 6
p. 8
p. 9
p. 10
p. 10
p. 12
p. 13
p. 14
p. 14
p. 15
p. 16
Rencontre
Jérémie N’Gouan
p. 18
Dossier : financements
Trouver des financements en Côte d’Ivoire
p. 20
Région
San Pedro : le second souffle de la Côte d’Ivoire
Le PASP, tourné vers l’avenir
Le tourisme : un vaste potentiel non exploité
p. 24
p. 26
p. 28
Pays
Burkina Faso : le temps du renouveau
B.F : Des secteurs qui ont le vent en poupe
B.F : Le port sec de Bobo-Dioulasso
B.F. : Têtes d’affiche
B.F : Forum Afric-Allia
p. 30
p. 32
p. 34
p. 36
p. 37
Afrique
Uemoa, bilan et perspectives
Programme économique régional
Soumaila Cissé, président pragmatique
Partenariat Uemoa-Africable
p. 38
p. 41
p. 42
p. 42
Immobilier
Calculez la valeur de vos biens immobiliers
p. 44
Emploi
Côte d’Ivoire : la formation à distance
Entretien avec Reine Dagbo
p. 46
p. 47
Conso
Le « circuit » propice pour acheter sa voiture
Sortir à Abidjan
Le casse-tête du cadeau d’anniversaire
Dubaï, nouveau pôle d’attraction
Shopping p. 50
p. 50
p. 52
p. 52
p. 53
Rédaction
Gestion et administration
Directeur de la rédaction : Jean-Pierre Pont
Secrétaire général de la rédaction : Didier Bras
Rédacteur en chef : Théophile Kouamouo
Directeur artistique : Jean-Noël Dubois
Maquettistes : Aurélia Landeau et Nathalie
Pointlane
Ont participé à ce numéro : Lasme Adou,
Stéphane Bahi, Edwin Cheick, Manassé Dehe,
Franck Foko, Théophile Kouamouo,
Euclide Okolou, Simon Silue, Danièle Tagro,
Tiego Tiemtore, Michelle Tope.
Directrice générale et de la publication :
Marion Ezzedine
([email protected])
Chef de la publicité : Anne-Sophie Bouleau
([email protected])
Informations légales
Côte d’Ivoire Economie, S.A. au capital de 60 000 000
FCFA. Siège social : 28 BP 1473 Abidjan 28 - Cocody
II Plateaux, rue K24. Site Internet : www.cotedivoireeconomie.com – RCCM n° CI-ABJ-2010-B-1358 du 25
février 2010 – Récépissé du Procureur de la République
et dépôt légal en cours. Impression : Groupe Riccobono,
115, chemin des Valettes, 83490 Le Muy (France).
Tirage: 10 000 exemplaires.
4
Laser
cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010
Monétique : ruée sur
les cartes prépayées
Elles séduisent de plus en plus de consommateurs en Côte d’Ivoire.
Leurs avantages ? Elles offrent une sécurité aux titulaires d’un compte
bancaire qui craignent une intrusion dans leurs données personnelles
et permettent l’accès aux terminaux de paiement électronique pour ceux
qui n’en possèdent pas. Passage en revue des offres existantes.
approvisionnez votre carte prépayée
en fonction de vos besoins, à des
coûts abordables. Diverses offres sont
actuellement disponibles, partageant le
même schéma d’implémentation : un
régisseur de système (« switch ») connecte
une banque avec un réseau de banque
régionale ou une plate-forme internationale
de paiement (Visa, Mastercard…). Une
carte de paiement prépayée, fruit de
cette collaboration, est ensuite émise
et distribuée par la banque pour une
utilisation sur le réseau de la plate-forme.
Voici quelques modèles présents sur le
marché ivoirien.
Ces cartes de paiement ne sont pas liées
à un compte bancaire, elles peuvent être
utilisées pour retirer de l’argent dans les
distributeurs automatiques de banque et
pour régler des achats à toute heure dans
les commerces dotés d’un terminal de paiement électronique, mais aussi sur Internet.
Leur engouement est certain, même si elles
font parfois l’objet d’un « blacklisting »
La carte salaire,
outil pratique pour
les entreprises
Il s’agit d’une carte de paiement
et de retrait que les entreprises
octroient à leurs employés pour
payer leurs salaires. Toute entreprise cliente de la banque
émettrice peut demander, dans
le cadre d’une convention, des
cartes salaires pour ses employés non bancarisés. Dans
la pratique, les salariés disposent d’un sous-compte au nom
de l’entreprise et, en libellé
complémentaire, à leur nom.
À chaque sous-compte est attachée une carte de retrait. Celleci mentionne le nom de l’entreprise et celui du salarié porteur.
Sur ordre de l’employeur, la
banque se charge alors de cré-
Plusieurs banques se partagent le marché
des cartes prépayées sur le sol ivoirien.
sur certains sites internationaux qui bloquent systématiquement les transactions
venues de la Côte d’Ivoire, considérée
comme une terre d’élection des « cyberescrocs ». Leur principe est simple : vous
diter le montant souhaité sur la
carte salaire de l’employé, à la
date convenue.
Celle de Bicici (la carte salaire
Sécuris) est personnalisée et
s’utilise à l’aide d’un code confidentiel. Avec cette carte, le salarié
peut retirer tout ou partie du salaire
versé, à tout moment, sur l’ensemble du réseau de la banque
(31 distributeurs automatiques
et terminaux de paiement électroniques). Bien entendu, l’argent
peut également être conservé
sur la carte salaire, donnant ainsi
au salarié la possibilité de gérer
son budget en toute sécurité.
Il l’utilisera au fur et à mesure
de ses besoins, avec la possibilité de consulter son solde.
Son coût – 10 000 FCFA/an –
est supporté par les entreprises
qui la mettent à disposition de
leurs employés.
Africards
C’est l’une des premières cartes internationales de paiement qui s’est implantée
sur le marché ivoirien. La carte Visa
prépayée Africards est émise par la
Banque internationale du Burkina (BIB,
rachetée par United Bank of Nigeria).
Elle est pilotée par l’entreprise Global
Technology Partner (GTP), basée à Houston
aux Etats-Unis, et utilisable en principe
partout où les cartes Visa traditionnelles
sont acceptées. Elle offre la possibilité de
faire des retraits sur les guichets automatiques des banques affiliées à Visa. Deux
modèles, Or et Argent, permettent de faire
des achats et des paris sur Internet et dans
les commerces, mais aussi d’effectuer des
transferts d’argent de carte à carte.
Cashxpress
Cette carte est émise par la banque
Ecobank et s’utilise de la même manière
que Africards sur le réseau international
Visa. Elle est également pilotée par la
plate-forme GTP. Comme Africards, c’est
une carte Visa classique qui fait office de
carte de débit et de crédit, supporte l’envoi
ou la réception des transferts rapides
d’argent de carte à carte, et permet
d’accéder à son compte carte via Internet.
Elle est rechargeable en ligne, à volonté.
Rubis
Grâce à sa collaboration avec un switch
marocain, la BIAO émet cette carte
prépayée sur le territoire ivoirien. Elle a
pour particularité d’être la moins chère du
marché (les frais de retrait dans les guichets
automatiques sont très faibles, et inexistants
quand il s’agit de guichets BIAO). Elle
dispose cependant de fonctionnalités plus
réduites que Africards, selon un certain
nombre d’utilisateurs.
Cefacarte
Elle est émise par la Versus Bank et
déployée par le switch Etranzact. C’est une
offre purement locale qui permet de régler
des achats dans le réseau Etranzact, c’està-dire chez des commerçants équipés de ce
type de terminal. Elle supporte le transfert
de carte à carte et la consultation du solde
sur Internet. Toutefois, les retraits d’argent
ne sont possibles que dans les agences de
la Versus Bank.
Atlantique Traveler
Considérée comme la plus chère du
marché, c’est pour l’instant la seule carte
prépayée utilisable (retrait/paiement)
sur le réseau international Mastercard.
Dans sa conception, elle est prévue
pour les commerçants qui se déplacent
à l’étranger pour leurs affaires, pour les
touristes ou encore les pèlerins. C’est
un pur produit de la Banque Atlantique,
directement connectée à Mastercard sans
passer par un switch.
Manassé Dehe
Affichage publicitaire,
la difficile régulation
Abidjan, forêt dense de l’affichage ? On n’en voudrait pas à celui
qui le penserait tant les panneaux publicitaires poussent, tels des
champignons. Partout, aux principaux carrefours et même dans les
endroits les plus insoupçonnés, ils font désormais office de décor.
La fécondité de ce secteur d’activité pourrait
s’expliquer par la diversification et la professionnalisation des acteurs. Cependant, la vigoureuse
opération de démantèlement de 4 227 panneaux
publicitaires dits « vracs » à Abidjan en septembre
2008 a permis de comprendre que cette apparente
embellie cachait bien de soucis pour l’organisme
étatique en charge du secteur, le Conseil supérieur
de la publicité (CSP). « Les vracs » sont des
panneaux frauduleux auxquels s’était attaquée
l’autorité de régulation en vue d’assainir le milieu.
Cette opération n’a pas manqué de susciter
bien d’interrogations. Créé par le décret n°79-419
du 23 mai 1979, le CSP contrôle et régule la publicité en Côte d’Ivoire. Il s’appuie essentiellement
sur le code de la publicité, ou code de déontologie
de la publicité, en vigueur depuis 1988. En dépit
de ces instruments de réglementation, l’organisme
a sombré dans une léthargie qui a favorisé un
désordre dans le milieu.
Laser
Mise en place d’un comité d’experts
Selon Honorat Kouassi, directeur de
l’agence Pohorow, « le désordre dans
l’affichage est principalement dû aux
régies non agréées ». Il dénonce par
ailleurs le jeu trouble de certaines régies
qui possèdent des agences conseil en
communication, alors que cela est interdit
par la loi. Situation préjudiciable pour
le secteur que décrient les responsables
légalistes, à l’instar d’Esmel Meliane,
directrice de la régie Meli’s Com. « Le
client paie moins cher parce que l’offre
est trop grande », se plaint-elle. Sans
oublier, toujours selon Mme Esmel,
la fâcheuse tendance des mairies à attribuer des espaces publicitaires alors que
cela ne relève pas de leurs prérogatives.
cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010
Dans ce contexte, le ministère de la Communication a procédé au réaménagement
du CSP en lui donnant plus de moyens
de coercition. Le CSP, à son tour, a mené
les actions d’éclat que saluent l’ensemble
des acteurs du domaine, notamment le
recensement des structures légales de publicité, puis la destruction des panneaux
illégaux conformément au décret n°2007676 du 28 décembre 2007. Un décret
qui, en lui-même, contiendrait trop de
dispositions contraignantes pour les
professionnels de la publicité, à en croire
Mme Méliance Esmel. Un comité de onze
experts a été mis en place par le ministre
afin de faire des propositions pour une
restructuration plus efficace.
Stéphane Bahi
Chronique du monde qui vient
Ces « cyber-escrocs »
qui discréditent
la Côte d’Ivoire
Les escroqueries qui abondent sur le Net desservent
le développement de l’économie ivoirienne. Et la bataille
pour endiguer le phénomène n’est pas gagnée…
C’est un concept qui a le vent en poupe
dans les univers professionnels relevant de
la communication, des relations publiques
et du Web : la « e-réputation ». Selon un
blog spécialisé (« www.e-reputation.org »),
il s’agit de « l’image que les internautes
se font d’une marque ou d’une personne.
Cette notoriété numérique façonne l’identité d’une marque, la différenciant de
ses concurrentes ». La e-réputation peut
aussi valoir pour un individu ou un pays…
comme la Côte d’Ivoire.
Et il est évident que sur le Web, la Côte
d’Ivoire n’a pas une image enviable. Bien
entendu, lorsqu’on « googlise » ce pays,
il est inévitable qu’on tombe sur de nombreuses pages évoquant la longue crise militaro-politique qu’il vit. C’est inévitable.
Ce qui est plus préoccupant, c’est que
lorsqu’on fait des recherches en ligne
sur de nombreuses banques du pays, on
tombe sur des sites comme « escrocs.net »,
« hoaxbuster.com » ou « arnaques.com »…
qui recensent les tentatives d’escroquerie
et les mauvais coups que les personnes
trop crédules peuvent prendre en ligne.
Ces banques ont-elles des pratiques
illégales en ligne ? Pas du tout. Mais le
gros bataillon des cyber-escrocs, dont
le travail est d’inonder le monde entier
de courriers électroniques empoisonnés,
utilise souvent le nom de ces institutions,
brouillant leur image et, par la même
occasion, celle du pays tout entier.
Une imagination débordante
Les formes d’arnaques sont diverses, et ont
été répertoriées par le site de l’ambassade
de France en Côte d’Ivoire (« http://bit.
ly/9MGou4 ») : il y a des « arnaques à
l’héritage » où votre correspondant se
fait passer pour le fils d’un milliardaire
qui vous rémunèrera si vous lui permettez
d’utiliser votre compte en banque pour
faire sortir de prétendues grosses sommes
d’argent du pays ; des « arnaques à la
loterie » où l’on vous fait croire que vous
avez gagné un gros lot et qu’il vous faut
payer des frais de traitement de dossier
ou de transport pour pouvoir bénéficier de
ce lot ; des arnaques à la commande de
matériel et promesse de paiement soit par
des cartes de crédit volées ou fausses, soit
par des ordres de virement contrefaits ;
des détournements de courrier bancaire ou
des « arnaques à la voiture d’occasion »
où un prétendu acheteur promet de payer
dès réception du bien ou demande les
coordonnées bancaires de sa victime pour
un virement qui n’arrivera jamais. Il y a
aussi des « arnaques à la romance » où
des jeunes garçons utilisent des photos de
jeunes filles pour appâter pour dépouiller
des Occidentaux esseulés trouvés sur les
sites de rencontres.
La réponse des pouvoirs publics, notamment de la police, n’est pas assez forte face
à cette forme de criminalité qui jette le
discrédit sur les opérateurs économiques
honnêtes qui n’arrivent plus à commander
en ligne, ou qui voient leurs comptes en
ligne bloqués dès la moindre fausse manipulation parce que le pays où ils vivent
est « blacklisté ». La Côte d’Ivoire s’est
engagée dans un projet d’ampleur, le
Village ivoirien des technologies de
l’information et des biotechnologies
(Vitib), et veut attirer sur son sol les grands
groupes et les start-up du monde entier.
Comment le ferait-elle, même après la
crise, si elle continue de passer pour le
pays des arnaques en tous genres ? Il faut
faire la guerre aux cyber-escrocs vivant en
Côte d’Ivoire, notamment en obligeant les
cybercafés à passer par un logiciel unique
et sécurisé d’où l’on pourrait repérer
plus aisément des activités illégales,
les bloquer et poursuivre leurs auteurs en
justice.
Théophile Kouamouo
5
6
Laser
cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010
Bourse : du nouveau
à la BRVM
En novembre 2009, le Conseil régional de l’épargne publique et
des marchés financiers (CREPMF) a permis l’introduction et l’exercice
de la notation financière sur le marché financier sous-régional.
A la suite de cette décision, beaucoup
s’attendent à ce que ces mesures secouent le
marché de l’emprunt à la Bourse régionale
des valeurs mobilières (BRVM). En effet,
la notation financière fait une évaluation
de la qualité de crédit de l’entreprise ou
de la collectivité locale à la recherche de
capitaux et du risque lié à un titre émis.
L’agence de notation, après une analyse
des paramètres qualitatifs et quantitatifs de
l’entreprise et de son environnement, lui
attribue une note alphabétique allant de D –
la plus mauvaise note traduisant un défaut
de paiement avéré – à triple A (AAA),
qui indique une sécurité maximale. Les
différents crans de cette échelle de note
sont classés en deux catégories : les « notes
d’investissement » lorsque le risque est
faible ou modéré, et les « notes spéculatives » lorsque le risque est plus élevé.
Par le passé, tout emprunt obligataire à
la BRVM devait être garanti à 100 % par
l’émetteur ou un garant à qui il reversait
une commission considérable. Désormais,
tous les émetteurs qui recevront une note facilement les exigences visant à favoriser
de la catégorie « note d’investissement » la transparence et éviter les conflits
de la part d’une agence de notation agréée, d’intérêt dans l’exécution des activités
n’auront plus de garantie à
des agences de notation. Ces
constituer et seront amenés
dernières, en effet, sont rémunéUne note qui rées par les émetteurs qu’elles
à proposer des taux d’intérêt
plus faibles, vu la confiance
va du défaut notent. Ce qui constitue une
qu’ils inspirent aux investisporte ouverte à des dérives dont
de paiement la seule barrière est le respect
seurs. Jusque-là, la fixation
du taux d’intérêt dans les
avéré jusqu’à scrupuleux de leur propre
levées de fonds était faite
code de bonne conduite. Leurs
la sécurité
sur des bases que certains
évaluations seront, dans tous
maximale.
considèrent trop théoriques.
les cas, mises à l’épreuve par
La notation financière va
le marché qui finit toujours par
donc conduire à une réducindiquer son propre jugement.
tion considérable du coût
A terme, le fonctionnement de
du crédit pour les entreprises qui viendront la notation financière sur notre marché
lever les fonds à la BRVM.
financier devrait aider le CREPMF à
réaliser d’autres projets, comme la mise
A l’épreuve du marché
en place de la titrisation et des produits
L’autorité de régulation, le CREPMF, a dérivés.
certainement tenu compte des enseignements de la crise financière en rédigeant
Euclide Okolou
ses textes réglementaires. On remarque
(www.okibourse.com)
Droit : quelle structure
juridique pour votre
entreprise ?
Le choix de la structure
juridique est une décision
qui s’impose à tout entrepreneur, principalement
lors de la création de son
entreprise. Mais la question peut aussi se poser
en cours de vie sociale,
en fonction des développements qu’elle a connus.
Le choix fondamental réside entre l’exercice
de l’activité sous la forme d’une entreprise
individuelle ou d’une société. Ce choix
implique des conséquences sur le plan fis-
cal et social ainsi qu’en matière de responsabilités. Ce choix peut en outre engager la
vie de l’entreprise.
L’entreprise individuelle
L’entreprise individuelle désigne une activité exploitée par une personne physique
seule, c’est-à-dire sans associé. Cette personne, appelée « commerçant », exerce son
activité en son nom personnel ou en son
nom propre.
Juridiquement, une telle entreprise ne se
distingue pas de la personne physique qui
l’exploite. En vertu du principe de l’unité
du patrimoine, l’entreprise individuelle et
l’entrepreneur disposent d’un seul et même
patrimoine.
Les avantages d’une telle structure pour
l’exercice d’une activité commerciale peuvent être définis ainsi :
- la simplicité des formalités de création :
il n’y a pas de statuts à rédiger. Il suffit
d’une immatriculation au registre de commerce et du crédit immobilier, ainsi qu’un
numéro de compte contribuable pour commencer à exercer ;
- l’inexistence d’un capital minimum de
démarrage ;
- la simplicité du fonctionnement et de la
gestion (la prise de décision rapide et l’absence de compte à rendre devant une assemblée générale).
En un mot, vous êtes le seul maître à bord !
Il s’agit d’une structure idéale pour les personnes indépendantes.
Cependant, les inconvénients que présente cette structure ne sont pas à négliger :
- l’unité du patrimoine : les créanciers de
l’entreprise peuvent poursuivre le recouvrement de leurs créances sur le patrimoine
personnel de l’entrepreneur ;
- l’absence de capital susceptible d’être ou-
Laser
vert à des partenaires financiers : l’entreprise individuelle ne permet pas l’accueil
d’apporteurs de fonds propres dont elle
pourrait avoir besoin pour son développement ;
- l’application du régime des incompatibilités à la personne de l’entrepreneur : la
loi interdit l’exercice d’une activité commerciale à titre individuel à certaines professions. Par exemple, les fonctionnaires
et les auxiliaires de justice ne peuvent pas
monter une entreprise individuelle.
La société
A la différence de l’entreprise individuelle, la société est une personne morale
distincte des personnes qui l’ont créée.
A ce titre, la société dispose de droits, de
devoirs et d’un patrimoine propre.
Il existe différentes formes de sociétés.
Les plus courantes sont la société à responsabilité limitée (SARL) et la société
anonyme (SA).
Les avantages de la constitution d’une
société pour exercer une activité commerciale :
- l’inapplication dans les SARL et les SA
du régime des incompatibilités, dans la
mesure où les associés n’ont pas la qualité de commerçant ;
- la possibilité de constituer la SARL ou
la SA avec un seul associé ou un seul
actionnaire ;
- la possibilité de prendre des associés
pour profiter des capitaux qu’ils sont en
mesure d’apporter ;
- une plus grande capacité à lever des
fonds auprès des établissements de crédit ;
cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010
- la limitation de la responsabilité personnelle au seul montant de l’apport : dans
la mesure où la société a une personnalité et un patrimoine distincts de ceux du
chef d’entreprise et de ses associés, les
biens personnels de ces derniers sont à
l’abri des poursuites des créanciers de la
société.
Mais l’exercice du commerce en société
présente aussi des inconvénients :
- des formalités de créations assez longues et onéreuses ;
- la nécessité de rédiger des statuts ;
- les formalités d’enregistrements des
statuts et de publicité ;
- la production d’un capital social minimum d’un million de FCFA pour les
SARL et de dix millions pour les SA ;
- les frais de constitution ;
- un fonctionnement et une gestion qui
peuvent se révéler complexes et contraignants ;
- la tenue d’une comptabilité stricte ;
- la nécessité de prendre les décisions en
collectivité (les assemblées générales).
Quelques précisions sont à souligner :
La désignation d’un commissaire aux
comptes est obligatoire pour les SA et
facultative pour les SARL, sauf pour les
cas suivants :
- capital supérieur à 10 000 000 FCFA ;
- emplois permanents supérieurs à cinquante ;
- chiffre d’affaires annuel supérieur à
250 000 000 FCFA.
Simon Silué, avocat
(http://simonsilue.ivoire-blog.com)
7
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Laser
cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010
la bombe sénégalaise désamorcée
un brainstorming
Après avoir décidé de fermer leur marché à l’huile de palme ivoirienne
sous prétexte qu’elle serait dangereuse pour la santé, les autorités
sénégalaises ont choisi de faire machine arrière.
en provenance de Côte d’Ivoire ont été
stoppées. Mais pour la plupart des acteurs,
il s’agissait d’une mesure de restriction
commerciale non tarifaire que l’Etat sénégalais a prise pour favoriser un opérateur
économique, en l’occurrence la Sunéor
(première société sénégalaise agroalimentaire qui commercialise de l’huile d’arachide), au détriment de bien d’autres.
Face à ce qu’il a qualifié « d’entrave à la
libre circulation des produits de la zone
de libre-échange qu’est l’Uemoa », le
Groupement ivoirien des transformateurs
de l’huile de palme (GITHP) a saisi les
autorités ivoiriennes ainsi que la commission de l’Uemoa. « C’est bel et bien un
barrage qui a été placé contre les importations d’huile de palme puisqu’elles sont
naturellement composées de plus 30 %
d’acides saturés. Toutes les huiles végétales ont leurs caractéristiques. Celles-ci
donnent à l’huile de palme sa résistance à
la chaleur, ce qui en fait la meilleure pour
les fritures et autres usages à chaud »,
a expliqué Yves Lambelin, le directeur
général de Sifca (principal producteur de
cette huile).
Une violation des lois communautaires
Le 6 octobre 2009 dernier, lors de la
réunion du Comité technique agroalimentaire sénégalais, Malang Seydi, le
directeur de l’Association sénégalaise de
normalisation (ASN), chargée d’établir
les normes du pays, a clairement indiqué
que la Sunéor avait demandé la révision
des normes sénégalaises, pour faire « face
à l’importation massive d’huile d’origine
différente, mais principalement de l’huile
de palme de la Côte d’Ivoire ». M. Seydi,
considérant que cette demande de révision
de normes était un cas de figure unique
dans l’histoire de son institution, a souhaité
qu’elle se base sur un argumentaire scientifique affirmé et irréfutable. Ces réserves
n’ont pas empêché le Comité technique
cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010
Coaching : réussir
Huile de palme raffinée :
Le marché sous-régional de l’huile de
palme retrouve sa sérénité après quelques
mois d’incertitude. En effet, les autorités
sénégalaises avaient interdit, par décret,
toute importation d’huile de palme
ivoirienne en invoquant des arguments
sanitaires. Depuis, elles ont décidé de
revoir leur position et ont suspendu leur
décision de fermer le marché sénégalais à
l’huile de table raffinée fabriquée en Côte
d’Ivoire, en attendant que la commission
compétente tranche.
Mais comment en est-on arrivé à cette
situation de tension ? L’étincelle est partie
du décret n° 2009-872 du 10/09/2009 pris
par le président Abdoulaye Wade, qui
impose désormais des normes strictes pour
l’importation d’huile de palme raffinée.
Le texte, qui invoque des motifs de santé
publique, fixe un taux d’acides gras saturés
de 30 %. Les stocks des importateurs ont
aussitôt fait l’objet de blocages dans le
port de Dakar et toutes les importations
Laser
Cette volonté de boycott relevait-elle du
protectionnisme ou de la santé publique ?
agroalimentaire, ainsi que l’ASN, de
recommander l’adoption de mesures
de restriction de l’importation des huiles
de palme raffinées en provenance de Côte
d’Ivoire.
En révisant leur position, les autorités
sénégalaises viennent d’éviter une grave
crise à la filière. Une décision qui risquait
aussi de remettre en cause les règles communautaires qui régissent l’Uemoa et
la Cedeao. Une bombe désamorcée
de justesse puisque selon le ministre
Amadou Koné, « le groupe Sifca est prêt
à travailler avec l’entreprise sénégalaise
qui produit l’huile d’arachide ».
Cheick Edwin
N’est-on pas plus
intelligent à plusieurs
que seul ? C’est le
principe qui soutient
l’utilité des sessions
de brainstorming, un
outil incontournable
pour les entreprises
exerçant dans un
marché compétitif.
Une séance de brainstorming est une
rencontre « remue-méninges ». Si vous
avez besoin d’innovation pour vos
services, produits, processus ou technologies, il est vivement conseillé d’en
organiser une ou plusieurs. Pour que
votre brainstorming soit efficace et que
vous en sortiez avec des idées de nature
à gonfler votre chiffre d’affaires, voici
quelques règles d’or très importantes :
Le cadre
Sortez du cadre habituel : cela implique
d’organiser la séance en dehors de vos
locaux et, de surcroît, de se rendre dans
un endroit qui sort du « déjà-vu ». De
plus, le brainstorming doit se dérouler à
l’abri des regards, du bruit et surtout de
tout flux de personne. Plus vous serez
dépaysés, mieux les méninges en seront
excitées et prêtes à produire des idées.
Les participants
Le chiffre idéal se situe entre cinq et
quinze personnes. Choisissez les par-
ticipants qui vous semblent capables
d’apporter quelque chose. Ne vous limitez seulement pas aux seuls départements
concernés. Si vous avez détecté des
traces de créativité chez un salarié d’un
autre département, pourquoi ne pas
l’inviter ? Les participants doivent être
issus d’horizons tout à fait divers.
Le facilitateur
Vous devez avoir un excellent facilitateur. Son rôle consiste à animer la séance
en distribuant le tour de parole. Mais un
excellent facilitateur possède au demeurant l’art de savoir poser les questions et
rebondir sur certaines réponses afin de
stimuler la participation et la créativité.
En général, vous le remarquerez par son
talent en communication orale introspective (animation et échange dynamique),
mais surtout par sa perspicacité et son
jugement correct des situations.
L’atmosphère
Vous devez bien préciser à tous les par-
9
ticipants qu’on ne censure aucune idée
ou suggestion et que la situation ne se
prête pas à la compétition ou à la rivalité. Pas de commentaires désobligeants
ou critiques. Toute idée est acceptée et
notée afin de ne pas inhiber le processus.
Encouragez les idées exagérées et hors
normes, privilégiez la quantité, vous
ferez le tri sur la qualité plus tard. La clé,
c’est la liberté absolue d’imagination ;
laissez les gens dire tout ce qui leur passe
par la tête.
L’exploration ou la discussion
Toutes les idées émises sont inscrites
sur un tableau visible par chaque participant. Après la phase de production des
suggestions, le facilitateur doit procéder
à leur exploitation. Il les regroupe et
les hiérarchise. Ensuite, il devra relier les
idées, reformuler celles qui sont confuses
ou éliminer les propositions hors sujet,
et regrouper les idées similaires. Des
précisions peuvent être demandées, il est
alors possible de discuter et de critiquer.
La clôture
Plusieurs méthodes peuvent permettre
de sélectionner les meilleures idées.
Les trois méthodes les plus productives consistent à donner un score ou un
pourcentage aux idées et à les classer,
à recourir au vote, ou à procéder par
processus d’élimination jusqu’à retenir
les meilleures d’entre elles.
Dr Lasme Adou
(www.improov.com)
10
Laser
cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010
Investir dans la filière avicole,
une bonne idée ?
Après avoir connu un seuil d’alerte au début des
années 2000, le secteur avicole ivoirien a su infléchir
la tendance, et les objectifs de production sont
toujours à la hausse.
Indiscrétions
Groupes électrogènes
et plaques solaires
Le délestage électrique que subit la Côte
d’Ivoire, pour aussi déstabilisant qu’il
soit, représente des opportunités économiques indéniables. Notamment pou les
entreprises qui fournissent des groupes
électrogènes comme Bernabé, Edimed,
Tractafric… Bernabé s’est même trouvé
en rupture de stock pendant plusieurs
semaines suite à la ruée des consommateurs, particuliers et entreprises.
Les entreprises qui fournissent et installent des plaques solaires, à l’image de
Solci Energy et Stelci, sont également
sollicitées. Et attendent, bien entendu, de
savoir si l’Etat va suivre les propositions
du Bureau national d’études techniques
de développement (BNETD), qui prône la
défiscalisation des installations et du combustible dans le cas des entreprises qui
ont acquis des groupes électrogènes.
Un nouveau
concessionnaire
en Côte d’Ivoire
Depuis octobre dernier, Setaci, qui
appartient au groupe familial Dagher,
professionnel de la distribution automobile
en Afrique depuis plus de trente ans, a
rajouté une corde à son arc. Acteur majeur
de la distribution de pièces détachées en
Côte d’Ivoire, Setaci étend son activité
à la représentation exclusive de Kia, une
marque automobile en plein développement. Celle-ci vient d’annoncer une
progression de ses ventes dans le monde
de plus de 60% par rapport à l’année
dernière.
De la CCI à la CCIF
Jean Louis Giacometti, conseiller technique du président de la Chambre de
commerce et d’industrie de Côte d’Ivoire,
Jean Louis Billon, a rejoint la Chambre de
commerce et d’industrie française en Côte
d’ivoire, au poste de directeur général.
En Côte d’Ivoire, la filière poulet se voit
pousser des ailes. Les chiffres officiels
témoignent d’une « résurrection » qui
paraissait inimaginable il y a quatre
ans. En effet, le secteur avicole a été
violemment secoué par la dérégulation
progressive des importations extraafricaines. La production nationale est
ainsi passée de 12 387 tonnes en 1997 à
7 538 tonnes en 2004. Une dégringolade
qui mettait en danger un ensemble de
structures de production et de commercialisation qui pèse près de 40 milliards
de chiffre d’affaires et qui génère 15 000
emplois directs.
La situation a commencé à s’améliorer
avec une prise de conscience nationale.
Le gouvernement ivoirien a pris la décision de protéger ses aviculteurs à travers une mesure fiscale dès 2005. La
taxe sur le poulet importé, appelée prélèvement compensatoire, passe de 300 à
1 000 FCFA par kilogramme, ce qui
enlève un peu de souffle à la volaille
venue d’ailleurs, qui bénéficie souvent
de subventions considérables – notamment les subventions européennes
dans le cadre de la Politique agricole
commune (PAC). Cette forme de protectionnisme à l’ivoirienne donne
des résultats. De 8 306 tonnes en
2006, la production nationale de volaille passe à 11 672 tonnes en 2007
à 17 866 tonnes en 2008, et à environ
20 000 tonnes en 2009. Mieux, ces mesures sont prolongées le 31 décembre
par Alphonse Douati, ministre de la
Production animale et des Ressources
halieutiques… jusqu’en 2020 !
Des investissements prévus
L’objectif ? Faire passer la production à
30 000 tonnes d’ici 2019 et améliorer la
compétitivité du secteur. Les investissements prévus, à hauteur de 150 milliards
de FCFA, seront mobilisés uniquement
par le secteur privé. Dans cet environnement favorable, des vocations se
signalent au sein de la classe moyenne.
« C’est vrai que le ticket d’entrée est
désormais plus élevé. Avant, on pouvait
commencer un élevage moderne avec
100 à 200 poulets. Aujourd’hui, il faut
se lancer avec 1 000 à 2 000 poulets au
moins. A Abidjan, l’investissement de
départ minimum est d’environ 5 millions
Des objectifs de production à la
hausse et une forte volonté
d’améliorer la compétitivité du secteur.
de FCFA. A l’intérieur du pays, avec
un million, ça peut aller », explique
Jean-Marie Ackah, patron de la Société
ivoirienne de production animale
(Sipra), leader du secteur, qui vend du
matériel nécessaire à l’installation des
nouveaux éleveurs.
En Côte d’Ivoire, les professionnels de
la volaille sont organisés autour d’un
certain nombre d’associations. L’Union
des aviculteurs de Côte d’Ivoire
(UACI) et l’Association nationale des
aviculteurs de Côte d’Ivoire (Anavici)
regroupent des exploitants individuels
spécialisés dans la volaille de chair et les
œufs de consommation. L’Association
des industriels de la filière avicole
ivoirienne (Interavi) regroupe des entreprises «structurantes» pour le secteur,
qui font de l’accouvage, de la fabrication
d’aliments de volaille, de l’abattage
ou du conditionnement des œufs de
consommation.
Théophile Kouamouo
Du changement à la SIB
Il faut remarquer que la Société ivoirienne
de banque (SIB) vient d’être reprise par
Attijariwafa Bank, une banque marocaine
qui propose déjà au Maroc des produits
de finance islamique. Même si Attijariwafa
n’a pas indiqué de changement au niveau
du mode de fonctionnement de la SIB, il
n’est pas exclu qu’à terme, elle puisse
évoluer vers la finance islamique, si elle
veut maintenir une logique de groupe.
Le forfait « pushmail »
de Moov
A l’occasion d’une campagne d’affichage
massive, l’opérateur de téléphonie mobile
Moov a présenté au grand public un de
ses nouveaux produits : le forfait « pushmail ». En échange d’un abonnement de
10 000 FCFA par mois, tous les abonnés de
l’opérateur dont le téléphone le permet
pourront consulter leurs mails en « push »,
comme ils consultent leurs SMS, et
y répondre aussitôt. Quel que soit leur
terminal.
12
Secteur
cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010
Téléphonie mobile :
six opérateurs à la loupe
Le marché de la téléphonie mobile connaît une croissance
sans précédent en Côte d’Ivoire. Décryptage des forces
en présence, dans un marché aux enjeux considérables.
Guérilla marketing tous azimuts ! En Côte
d’Ivoire, la téléphonie mobile est sans
conteste l’un des secteurs où la concurrence s’exprime de la manière la plus vive.
Aujourd’hui, cinq opérateurs se disputent
âprement un marché de 12 millions d’abonnements – et non de 12 millions d’individus,
dans un contexte où les individus ayant de
nombreuses « puces » sont légion. En douze
années, la progression est extraordinaire. De
36 027 cartes SIM en activité en 1997, on
est passé à 11 904 418 unités au troisième
trimestre 2009, selon l’Agence des télécommunications de Côte d’Ivoire (ATCI, organe
de régulation). Le marché est-il extensible à
l’infini ? En 2009, effet conjugué de l’entrée
en scène d’un nouvel opérateur (GreenN) et
arrivée de combinés ultra-low cost vendus
dans le cadre de lancements ou de promotions, le chiffre d’affaires global du secteur
de la téléphonie – réalisé à plus de 80% par
le mobile – a progressé de 18%, passant de
682 milliards de FCFA à 850 milliards de
FCFA. Une croissance tout de même en retrait par rapport à celle enregistrée en 2008 :
25% par rapport à l’année précédente.
Effet de la concurrence, les prix à la minute ne cessent de baisser, de 500 FCFA
en moyenne en 1997 à 90 FCFA en 2009.
Les diverses opérations de promotion
mises en place pour gagner de nouveaux
clients ont également fait baisser le sacrosaint ARPU (Revenu moyen par utilisateur), donc les marges bénéficiaires. Les
cinq opérateurs – qui pourraient bientôt être six –, en sont persuadés : tout le
monde ne peut survivre à long terme sur
un marché de plus en plus étroit.
Orange-MTN : la lutte acharnée pour
le leadership
Le groupe français Orange (France Télécom), présent sur le marché ivoirien du
mobile depuis 1996, et la multinationale
sud-africaine, qui a racheté la filiale ivoirienne de Telecel/Loteny Telecom en 2006,
se livrent une guerre féroce qui transparaît
aisément à travers leur communication institutionnelle, y compris sur les panneaux
d’affichage urbains. Les deux se proclament notamment leaders en nombre de
clients. Selon les chiffres du régulateur, ils
étaient au coude-à-coude fin 2009 : Orange
avec 4 201 932 abonnés (soit 36% du
marché), MTN avec 4 136 525 abonnés
(soit 35% du marché). En termes d’ARPU,
Orange (5 300 FCFA par mois) était également, fin 2009, légèrement au-dessus de
MTN (4 800 FCFA par mois).
Les deux compagnies, qui règnent solidement sur le secteur, nourrissent toutes
les deux la même ambition : être des opérateurs « globaux », offrant à la voix des
services relevant du fixe, du mobile et de
l’Internet. Elles en ont les moyens. Quand
la fusion Orange/Côte d’Ivoire Télécom,
en cours, sera achevée, l’enseigne française pourra faire des offres complètes, prenant en compte toute la problématique des
communications électroniques. Le groupe
MTN, de son côté, a investi, en 2008, entre
60 milliards et 80 milliards de FCFA pour
acquérir Afnet, fournisseur d’accès Internet (FAI) et Arobase Télécom, exploitant
de fibre optique qui s’était lancé dans la
téléphonie fixe et s’était également posé en
FAI avant d’être financièrement essoufflé.
Le groupe sud-africain a tenu à « éloigner
» Gervais Amani Assié, fondateur de Arobase Télécom, et Mohamed Khattoun, ancien patron d’Afnet, après les avoir gardés
plusieurs mois dans son staff. Pour autant,
aucune grande offre globale n’a encore été
présentée au public. Le rebranding d’Afnet
prend du temps, et la marque Arobase Télécom a disparu. Des observateurs évoquent
la nécessité d’achever de gros investissements, notamment dans la mise en place
d’un réseau de fibre optique « particulièrement performant ». Le prêt de 76,1 milliards de FCFA accordé à l’entreprise par un
consortium de neuf banques en mars 2009
lui a sans doute permis de mettre en œuvre
un certain nombre de grands chantiers. En
attendant d’être prêts pour la future étape
de leur affrontement, les deux plus grands
opérateurs de téléphonie mobile s’affrontent
dans les services « additifs », notamment les
offres de paiement mobile, qu’ils ont été les
premières à implémenter sur le marché ivoirien (lire article ci-contre).
Moov/Comium : des challengers
inégaux
Le groupe émirati Etisalat a progressivement renforcé ses positions dans Atlantique Télécom, entreprise qui détient toutes
les opérations Moov en Afrique, avant de
la racheter totalement, en acquérant les
18% qui restaient à son partenaire ivoirien,
le groupe Banque Atlantique. Cette prise
de contrôle intégrale se traduira-t-elle en
investissements supplémentaires au sein
de la filiale ivoirienne ?
Dans un contexte de forts investissements
(ils ont dépassé la barre symbolique de
100 milliards de FCFA par an en 2006), où
l’ATCI se prépare à mettre en vente des licences pour l’exploitation de la norme 3G,
du cash flow ne serait pas de trop pour un
opérateur qui a réussi à se poser en « challenger numéro un ». Avec 16% du marché,
ÉVOLUTION DU NOMBRE D’ABONNÉS AU RÉSEAU
MOBILE DE 1997 À OCTOBRE 2009
il pèse bien plus que la filiale ivoirienne du
groupe Comium (8%), qui se trouve dans
le même segment.
Premier avantage de Moov, son antériorité.
L’opérateur est apparu sur le marché en
juillet 2006, et a vite imposé l’image d’un
opérateur glamour cassant les prix pratiqués
par le « duopole » Orange/MTN. Comium
a débarqué un an plus tard, en juillet 2007,
sous le nom commercial Koz. Un peu trop
tard sans doute. Lancée dans la guerre des
prix, la marque est vite apparue comme low
cost, sans forcément fidéliser à long terme
un public prompt à consommer. Sans doute
est-ce pour cela que l’entreprise a mis au
monde une nouvelle marque, Comium, se
positionnant comme plus corporate. Cela
suffira-t-il à séduire un marché des entreprises et des associations que Moov a réussi
à pénétrer notamment à travers les « flottes »
(dont le principe est repris aujourd’hui par
tous les opérateurs) permettant de communiquer gratuitement en « interne » ?
GreenN, révélateur de la saturation ?
Contrôlé par le groupe Libyan Arab Portfolio (LAP), l’opérateur GreenN est arrivé
sur le marché ivoirien en décembre 2008.
S’il détient 6% du marché en termes de
cartes SIM en circulation (un peu plus de
700 000 abonnés), ses difficultés de lancement sont le témoignage, selon certains
acteurs du secteur, d’un début de saturation
du secteur. GreenN a choisi, pour s’imposer, de distribuer des combinés low cost à
2 500 FCFA, créant un effet de ruée qui
n’a pas forcément eu des résultats à long
terme, dans la mesure où la stratégie n’a
pas toujours entraîné des phénomènes de
fidélisation. « Les consommateurs ont des
attitudes très opportunistes. Ils multiplient
les cartes SIM pour bénéficier des promotions sans pour autant renoncer à leur
principal numéro de téléphone, sur lequel
leurs contacts les appellent généralement
», explique un professionnel du secteur.
Les coûts élevés de l’interconnexion constituent également un vrai handicap pour des
nouveaux arrivants comme GreenN. En
2009, il était de 45 FCFA, une somme tout
de même élevée qui limite les possibilités
de baisse des prix lorsqu’elles concernant
des appels sortants vers d’autres compagnies. Ce qui constitue forcément une prime
aux opérateurs historiques qui ont, de plus,
une « ristourne » conséquente – souvent
équivalente à certains de leurs prix promotionnels – lorsque leurs abonnés sont appelés par ceux des concurrents.
Face à une telle règle d’airain, GreenN –
comme Koz – en est réduit à casser les
prix des appels internes à son réseau, ce
qui restreint drastiquement son ARPU et
suscite des réserves sur la pérennité de son
modèle économique.
Théophile Kouamouo
PART DE MARCHÉ PAR OPÉRATEUR
À LA FIN DU 3éme TRIMESTRE 2009
Source : la lettre de l’ATCI.
Secteur
cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010
Paiement
mobile :
la nouvelle
frontière
Parmi les nombreuses fonctionnalités offertes
par la téléphonie mobile, il est maintenant
possible de régler ses dépenses grâce
à ce nouveau « porte-monnaie numérique ».
Depuis quelques mois, les deux premières
compagnies de téléphonie mobile en
Côte d’Ivoire communiquent abondamment sur leurs produits de paiement
mobile : Orange Money (Orange) et Mobile
Money (MTN). Ils reviennent à utiliser
son téléphone mobile comme terminal
de transactions financières. Le principe
est simple : comme il transfère du crédit
téléphonique à ses proches, l’usager peut
transférer de l’argent,
voire payer ses factures sans se déplacer,
grâce à une application installée sur son
terminal téléphonique.
Le paiement mobile
peut-il être une source
de revenus conséquente pour les opérateurs ? Dans son
rapport 2009, l’opérateur kenyan Safaricom, pionnier en
la matière, annonçait
que plus de six millions d’usagers avaient
utilisé ce service,
distribué par 9 000
agents, et porté par
60 « facturiers ».
Sans pour autant révéler la marge réalisée avec ce produit spécifique. En janvier
2010, Orange Côte d’Ivoire parlait de
150 000 utilisateurs, au-delà des 80 000
visés après une année d’exercice, et des
transactions globales s’élevant à 1,6 milliard de FCFA, avec un montant moyen
d’environ 21 000 FCFA.
Rentable sur le long terme ? En tout cas,
chaque opérateur entre sur le marché avec
sa plate-forme propre, et la stratégie qui va
avec.
Orange a adapté le logiciel servant à
gérer le système des e-recharges, édité
par une société de services internationale
appelée Comviva, pour développer la
plateforme d’Orange Money. Une adaptation qui a été le fruit d’une collaboration
entre des équipes basées en Côte d’Ivoire,
en France et en Inde. Le protocole utilisé
pour mettre en relation les différentes
parties à la transaction est appelé USSD,
et il est déjà utilisé dans le cadre des
e-recharges. Orange travaille de manière
exclusive avec un partenaire bancaire : la
Banque internationale pour le commerce
et l’industrie en Côte d’Ivoire (BICICI,
filiale de BNP Paribas).
MTN s’appuie, de son côté, sur une solution fournie par la société sud-africaine
Fundamo, qui s’interface facilement avec
les autres plateformes techniques utilisées
par l’entreprise. La
technologie retenue
s’appelle Sim Tool
Kit (STK). Malgré
une interface intuitive
qui ne le laisse pas
deviner, elle est basée
sur l’outil SMS. Dans
sa conception, « Mobile Money » n’a pas
vocation à être lié à un
seul partenaire stratégique dans le secteur
bancaire. La SGBCI
est aujourd’hui le
partenaire le plus
en vue mais MTN travaille également avec
Ecobank et le vaste
réseau de la Poste de
Côte d’Ivoire. Objectif ? Un maillage de plus en plus dense.
Depuis plus d’un an, Comium annonce le
lancement de sa propre offre de paiement
mobile, sans qu’on sache réellement si
elle se fondera sur la solution développée
par la société de services Etranzact, dont
le modèle s’appuie sur la complémentarité
avec un certain nombre de banques, et
qui est disponible depuis plusieurs mois
pour les abonnés de Koz. La solution
Etranzact passe par une application Java,
un langage « riche » qui n’est pas « lisible »
par de nombreux téléphones aux propriétés
« basiques ».
Moov Côte d’Ivoire a également dans ses
tiroirs un projet de « paiement mobile »,
dont le lancement serait imminent.
L’opérateur s’appuiera sur un partenariat
à la fois technique et financier avec son
partenaire historique, le groupe Banque
atlantique.
T.K.
13
14
Secteur
cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010
Forte croissance,
faible incidence
sur l’emploi formel
L’essor du marché
de la téléphonie n’a
pas impacté celui de
l’emploi local. Seuls
les emplois indirects
bénéficient de cette
embellie.
Constat surprenant. La courbe des emplois
créés dans le secteur de la téléphonie
en Côte d’Ivoire n’épouse pas du tout
celle de la croissance économique de ce
secteur (329%). Entre 1997 et 2008, il y a
eu, aussi curieux que cela puisse paraître,
destruction d’emplois : on est passé de
3 342 à 3 306 salariés.
Dans le secteur de la téléphonie fixe, la
privatisation de Côte d’Ivoire Télécom
et la rationalisation de la politique de
ressources humaines ont entraîné une
baisse sévère des effectifs. On est passé de
3 035 à 1 199 emplois. Dans le secteur de
la téléphonie mobile, la période allant de
1998 à 2002 a été féconde en création
d’emplois. Par la suite, on a assisté à une
stagnation. Les choses n’ont bougé
qu’après 2006, avec l’ouverture franche
du marché et la fin du duopole OrangeMTN. Une chose est sûre : le secteur de
la téléphonie mobile est une vraie opportunité en termes d’emplois indirects.
Dans le secteur informel, grossistes et
détaillants de recharges, vendeurs et
réparateurs de téléphones… constituent
une « armée » de plusieurs dizaines
de milliers de personnes qui, pour beaucoup, sont des jeunes diplômés à la
recherche d’un emploi « classique ».
Dans le secteur formel, de nombreuses
sociétés de services (notamment dans
l’installation et l’entretien des réseaux)
et des entreprises d’intérim sous-traitent
un certain nombre de tâches-clés. Cela
dit, certaines de ces compagnies sont
situées à l’extérieur des frontières ivoiriennes, à l’image d’un certain nombre
de centres d’appel qui sont localisés au
Sénégal et ne créent donc pas d’emploi
au point de vue national.
T. K.
Une manne pour
le secteur
de la publicité
Médias, agences de conseil en
communication, régies d’affichage sont
les premiers à se féliciter de l’essor
du marché des télécommunications.
La forte croissance des télécommunications en Côte d’Ivoire est une vraie
aubaine pour tout le monde de la com-
munication. Les budgets des différents
opérateurs ont en effet de quoi donner
le tournis au regard de ce que les entreprises affectaient au poste de dépense
« publicité » il y a dix ans. Côte d’Ivoire
Télécom, malgré son quasi-monopole
dans le secteur de la téléphonie fixe, a
dépensé en 2009 environ 3 milliards de
FCFA. Quand les opérations ivoiriennes
d’Orange et de MTN auront sans doute
mis en jeu chacun autour de 10 milliards
de FCFA en cette année hautement footballistique (Coupe d’Afrique des nations
et Coupe du monde). Les analystes du
secteur estiment les budgets de Comium
et de Moov à environ 5 milliards de FCFA
par an, et continuent d’observer la stratégie et les moyens déployés par GreenN.
Les agences de conseil en communication, les régies d’affichage et les médias
sont les premiers à profiter de ce petit
trésor. Côte d’Ivoire Télécom s’est
récemment offert les services de l’agence
Acajou. Orange, de son côté, travaille
principalement avec Voodoo pour la
création et Mc Cann Erickson pour le mediaplanning, et fait travailler des agences
de plus petite taille sur un certain nombre
de produits spécifiques. MTN s’offre les
services de l’agence MW et prend en
charge en interne un certain nombre de
tâches. Après avoir communiqué de ma-
nière très glamour avec Mc Cann France,
Moov a désormais internalisé un certain
nombre de travaux. Quant au groupe
Comium, il recourt aux services de Océan
Ogilvy pour sa marque Koz, et de Intuition Draft FCB pour sa marque éponyme.
En attendant la libéralisation, la Radio
télévision ivoirienne (RTI) est le média
qui bénéficie le plus, et de loin, de la
manne publicitaire déversée par le secteur
des télécoms. La Fédération ivoirienne de
football (FIF), quant à elle, « monétise »
bien l’appétence d’Orange (sponsor des
Eléphants) et de MTN (sponsor du championnat national) pour le ballon rond.
T.K.
Secteur
15
cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010
Le défi de la connectivité
Comme il est loin le temps où le téléphone était dédié
aux seules conversations téléphoniques. Ce sont
les connexions Internet qui constituent aujourd’hui
son axe majeur de développement.
De nombreux analystes du marché des
télécoms l’affirment. Après la voix, ce
sont les données, donc l’Internet, qui
vont porter la croissance du secteur dans
les prochaines années. Déjà en Côte
d’Ivoire, une certaine diversité dans les
offres commence à apparaître (filaires et
non filaires). Elle ira en s’accentuant.
L’ADSL, voie d’accès historique
Brassée sur une ligne téléphonique,
l’ADSL donne la possibilité d’être
connecté à partir d’un lieu d’accès fixe
comme le bureau, la maison, l’école, la
bibliothèque, le cybercafé. La technologie, totalement contrôlée par Côte d’Ivoire
Télécom (Aviso), est à ce jour la voie d’accès
privilégiée. Les offres d’Aviso sont diverses.
Elles s’adressent à la fois aux particuliers (avec une offre d’entrée de gamme à
8 000 FCFA par mois pour dix heures de
connexion) et aux entreprises qui peuvent
jouir d’offres allant jusqu’à 8 Mb/seconde.
D’une certaine manière, le portefeuille
clients d’Aviso s’est agrandi avec l’arrivée
des fournisseurs d’accès Internet revendeurs d’ADSL comme Afnet (rachetée
par MTN) et Vipnet (filiale d’Afrique
Technologies, historiquement intégrateur
de solutions), les plus actifs. Sans oublier
Izinet, mort-né, et Africaonline qui,
contrairement à ce qu’on pense de manière
générale, a conservé sa clientèle et fournit
toujours l’ADSL. L’arrivée de deux nouveaux câbles sous-marins de fibre optique
en 2010, et d’un autre en 2011, donnent à
espérer en l’avenir de la qualité de l’ADSL :
un Internet plus rapide, plus stable et surtout moins cher. En attendant, les solutions
alternatives et adaptées à une population
mobile qui ne bénéficie pas toujours d’une
ligne téléphonique.
La ruée sur le Wimax
L’Internet non filaire est une bouffée
d’oxygène pour de nombreux fournisseurs d’accès qui peuvent développer une
technologie moins dépendante du groupe
Côte d’Ivoire Télécom.
Ainsi, Vipnet travaille sur une connexion
Internet Wifi urbaine : un Hot Spot Wifi
d’une portée de 500 mètres est déjà installé à la Riviera III. « La connexion de
512 kb/s n’y coûtera que 15 000 FCFA
et, s’il y a un nombre suffisant d’abonnés,
le prix pourrait chuter à 10 000 FCFA »,
explique Abdoul Salami, directeur général de la Société. Vipnet compte couvrir
à moyen terme toute la ville d’Abidjan
avec des antennes Wimax (World Interoperability for Microwave Access), dont la
portée s’étend de 20 à 50 kilomètres.
En quelques années, Afnet Internet Services a fait du Wimax sa niche de marché
à travers sa solution Dreamnet. Après la
phase de test réussie au Gabon, le groupe
Bolloré, détenteur d’une vingtaine de
licences Wimax en Europe, étendra très
bientôt la technologie en Côte d’Ivoire
où sa demande de licence est actuellement en attente. L’opérateur intégré
MTN a également décroché des licences
dans six pays, dont la Côte d’Ivoire.
Comium annonce le lancement de son
réseau WIMAX en 2010. A maturité, le
Wimax pourrait se révéler très approprié
pour les localités non desservies par la
ligne téléphonique.
La partition des opérateurs
de téléphonie mobile
En s’appuyant sur leur couverture totale
du pays, les opérateurs de téléphonie
mobile proposent pour la connexion
à Internet des modems quadribande
GPRS/EDGE sous forme de clés USB
facilement utilisables sur un PC ou un
Mac. Pour l’instant, seuls Moov, Mtn
et Orange proposent ce service.
MTN Internet Mobile donne le choix
entre deux modems USB avec cartes
Sim embarquées, et permet de bénéficier
de la connexion illimitée à 10 000 FCFA/
mois. Moov fournit le même service à
15 000 FCFA.
Une autre solution consiste à se servir du
téléphone mobile comme d’un modem.
Au moyen d’un câble USB ou d’une
connexion Bluetooth, l’ordinateur prend
le contrôle du téléphone qui agit comme
un modem. Avec la configuration idéale,
les cartes SIM des cinq opérateurs GSM
en Côte d’Ivoire permettent d’accéder
plus facilement à Internet et aux contenus
WAP, et le paiement est fonction de la
consommation du client. Sous le même
format, le WAP et le GPRS sont alternativement proposés par les cinq opérateurs
GSM, pour une navigation sur écran de
téléphone ou de smartphone.
Prochaine étape ? Le pays se prépare à découvrir la norme 3G. L’Agence des télécommunications de Côte d’Ivoire (ATCI)
a annoncé qu’elle se prépare à attribuer
des licences 3G. La mise à jour imminente
des réseaux ivoiriens devrait apporter l’infrastructure nécessaire pour améliorer les
performances de l’Internet mobile.
T. K.
16
cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010
Secteur
High-tech : quel téléphone
mobile, pour quels usages ?
Difficile de s’y retrouver dans les nombreux
appareils qui inondent le marché de la
téléphonie mobile. Passage en revue des
produits les plus adaptés à vos besoins…
C’est l’appareil essentiel dont « l’homme
moderne » ne peut plus se séparer pour communiquer, qu’il s’agisse d’un cadre personnel
ou professionnel. Aujourd’hui, le téléphone
mobile est une sorte de « couteau suisse »
qui dispose de nombreuses fonctionnalités.
Toutefois, au milieu de cette insaisissable
marée d’usages soutenue par des innovations
technologiques toujours plus surprenantes,
il faut retenir qu’à chaque utilisateur correspond un type particulier de téléphone mobile.
Emettre et recevoir des appels
L’usage « voix » est le plus répandu sur la
scène ivoirienne. S’il s’agit d’appeler et de
recevoir des appels, nul besoin d’un téléphone sophistiqué. Des combinés comme le
Motorola C113, les Nokia 1 200 et 1 600,
les ZTE, souvent bradés, font l’objet de promotions régulières. Citons aussi l’Alcatel
OT-E207 ou le Sagem MY225X.
Les personnes qui pratiquent des activités
intenses au cours de la journée, se déplaçant
d’un « wôrô-wôrô » ou d’un « gbaka » à
l’autre, et qui communiquent beaucoup,
seront plus à l’aise avec des portables de
ce type. Les utilisateurs concernés, parmi
lesquelles on peut citer les commerçants,
les ouvriers, les entrepreneurs, les élèves
– qui disposent en général de très peu de
temps pour recharger la batterie de leur
portable – bénéficient, grâce à ces modèles,
d’appareils qui offrent une bonne autonomie d’énergie et qui ont l’avantage de se
De plus en plus sophistiqués,
les mobiles sont devenus
de vrais outils multimédia.
Secteur
recharger très vite, voire de rester allumés
plusieurs jours. Des consommateurs aux
revenus plus confortables peuvent aussi
trouver leur compte avec ces téléphones
qui font partie des moins chers du marché,
mais qui n’en sont pas moins solides.
Capturer des photos
Pour ceux qui aiment immortaliser les
moments spéciaux de leur vie, les téléphones avec appareil photo de haute
résolution sont une vraie solution. En
effet, le « photophone », comme il est
encore appelé, constitue la meilleure alternative à l’appareil photo numérique. Pour
capturer, mais aussi pour partager des
photos (par MMS, Internet, Bluetooth)
tout en gardant ses appels téléphoniques à
portée de main, au sens propre du terme.
De trois mégapixels, ils sont passés à cinq
puis à huit mégapixels, assurant une bonne
restitution et une meilleure présentation sur
un écran d’ordinateur. Munis d’un capteur
Carl Zeiss, comme les caméras HDV de
studio de production audiovisuelle, et
d’une mise au point rapide, les N95 8go
et N 82 de Nokia, les Cybershots K850
et K850I de Sony Ericsson, le Samsung
G800 sont les meilleurs du marché.
D’autres téléphones moins coûteux font
aussi des photos mais privilégient uniquement la résolution, alors que le capteur, la
sensibilité ou la fidélité des couleurs ne
présentent pas les mêmes performances.
Ecouter de la musique, regarder
des vidéos
L’utilisation du téléphone portable pour
cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010
l’écoute de la musique ou la vision des
vidéos l’a définitivement installé au rang
d’appareil multimédia. D’où le grand
engouement suscité du côté des plus jeunes,
mais également des utilisateurs plus âgés et
mélomanes. Le téléphone mobile se mue
alors en lecteur MP3 avec lequel ils peuvent se balader, sans pour autant perdre des
appels. Pour ce type d’usages, les Nokia
N81 et N95 8Go sont indiqués. Leur
qualité audio, rendue via les haut-parleurs
ou les écouteurs, est très convaincante. Les
Sony Ericsson, forts de leur expérience de
pionniers, sont aussi de très bons baladeurs
audio : en particulier le W890I ou le futur
W980. D’autres modèles moins onéreux
que ces mobiles MP3 font également
radio FM. Idéal pour la promenade ! Ils
sont généralement plus simples à utiliser
et permettent de recevoir en modulation
de fréquence les radios de proximité, les
chaînes nationales et les programmes internationaux. Les journalistes, quant à eux,
trouveront davantage leur bonheur avec
des mobiles équipés d’un enregistreur
vocal qui leur permettra de réaliser des
interviews ou d’enregistrer instantanément
des communications téléphoniques.
Mobile et Internet
Grâce aux technologies telles que le
GPRS, le Edge, le Wifi ou le Bluetooth, il
existe une catégorie de mobiles capables
d’offrir une expérience Web inégalée. Des
navigateurs Internet spécifiques (Safari,
Opera, Windows Mobile, Symbian)
procurent à ces téléphones portables une
intuitivité et une interface tactile très fluide
17
Quel téléphone pour travailler
plus efficacement ?
Le téléphone portable apporte une aide
qui pourra bientôt se substituer à un véritable
secrétariat. Des modèles hybrides équipés
de systèmes d’exploitation
(Windows Mobile 5.0,
Symbian et Palm OS) sont
de plus en plus prisés par
les cadres et dirigeants en
Côte d’Ivoire. Mais d’une
façon plus générale, le
téléphone PDA répond
aux besoins des usagers
qui prennent le temps de
planifier leurs activités, dans
le souci d’une plus grande
efficacité. Ces téléphones
à larges écrans nécessitent
parfois une longue période
d’adaptation pour une utilisation optimale,
mais dès que l’habitude vient, ils permettent
notamment de se débarrasser des innom-
qui les destinent à tous les utilisateurs,
technophiles ou pas. Il s’agit du iPhone,
du Blackberry, des Nseries de Nokia,
du Samsung Omnio, des Sony Ericsson.
Grâce au Bluetooth, il est possible de
se servir d’un téléphone mobile comme
modem GPRS sans fil pour se connecter
à Internet ou bien lancer une impression.
On peut également se connecter à une
brables notes sur papier qui encombrent
les poches ou les portefeuilles. Le Blackberry Bold, le Nokia, le HTC TyTN, le HP
hw6915 sont de véritables
agendas numériques intégrant le mode « push mail »,
la synchronisation et le
classement des contacts,
des notes, des rendez-vous
ou des tâches à effectuer.
Le détenteur d’un tel mobile
est assuré de retrouver ses
données, qu’elles aient été
saisies sur l’organisateur
électronique lui-même ou
sur son ordinateur. La
possibilité de programmer
l’heure précise à laquelle
l’utilisateur décide d’être alerté à propos
d’une tâche représente un autre attrait de
ce type d’appareil.
borne publique (hotspot) ou à un réseau
Wifi domestique et accéder à Internet
haut débit où que l’on soit (Web, mails ou
téléphonie sur IP). Les mordus des réseaux
sociaux et les geeks mordus d’informatique peuvent facilement mettre à jour leurs
statuts, suivre l’actualité et faire de la veille.
Manassé Dehe
18
Rencontre
cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010
Jérémie N’Gouan,
de l’industrie à la formation
Ancien directeur général adjoint de
la Sodesucre, le directeur général de Pigier
Côte d’Ivoire a érigé le jeu collectif en culture
managériale. Et profondément transformé,
en dix ans, l’établissement d’enseignement
supérieur – plus de 2 000 étudiants –
dont il est aujourd’hui l’actionnaire
majoritaire.
Un patron qui ne joue pas au patron :
c’est l’impression que donne Jérémie
N’Gouan, directeur général de Pigier
Côte d’Ivoire, au visiteur qui entre pour la
première fois dans son bureau. Le décor
est tout sauf écrasant : nul luxe tapageur,
pas de signes extérieurs d’aisance. L’hôte,
simplement vêtu d’une chemise africaine
brodée, détend l’atmosphère en ironisant
sur son embonpoint : « Ne prenez pas de
Les six propositions
de J. N’Gouan
pour réformer
l’enseignement
supérieur
L’instauration de la culture de la transparence. Les étudiants orientés de l’Etat
doivent pouvoir choisir leur établissement.
Les examens et concours doivent être assainis. Une haute autorité indépendante
de régulation de l’enseignement doit
contrôler le respect par les écoles privées
des concessions de service public.
La déclaration de l’éducation comme
grande cause nationale, que tous les partis
l’excluent du champ de leur compétition.
Une vraie place pour les enseignants,
avec un statut revalorisé. Des salaires
libres et une mobilité encouragée.
Le placement des technologies de
l’information au centre des initiatives en
matière d’éducation. Elles peuvent permettre d’atteindre l’objectif « Education
pour tous en 2015 ».
Une correction rapide des retards
pris dans la mise en place du système
LMD (licence, master, doctorat).
Un ministère de l’Education qui devienne un ministère de l’Enseignement.
Les premiers responsables de l’éducation des enfants sont les parents. Ils
doivent assumer leurs responsabilités.
sucre pour votre café, mais un édulcorant,
sinon vous serez comme moi quand vous
aurez mon âge ! »
Il est donc aisé d’inviter ce dirigeant au
parcours atypique – qui a atterri dans
l’univers de la formation après avoir été
cadre de très haut niveau dans l’industrie (Sodesucre puis groupe Sifca) – à un
voyage vers le passé. Né quelques années
avant les indépendances à Daloa, orphelin
de père à dix ans, Jérémie N’Gouan se
présente volontiers comme le pur produit
d’un idéal républicain à l’ivoirienne qui
semble se perdre. « Quand j’ai eu le bac,
j’ai été convoqué chez le ministre en personne (il s’agissait d’Ange Barry Battesti,
actuel président du conseil d’administration du Port autonome d’Abidjan, ndlr).
Il m’a annoncé que j’avais eu une bonne
moyenne à l’examen et que j’avais une
bourse pour aller à l’université de ParisDauphine. »
Le destin du jeune homme, qui s’est ouvert
au monde en faisant le rat de bibliothèque
au Centre culturel français d’Abidjan, se
dessine désormais. Ses études terminées,
Jérémie retourne dans son pays en 1977.
Sa décision, il la prend alors qu’il se
trouve en mission à Abidjan dans le cadre
d’une mission pour un cabinet français
d’expertise-comptable. Il entend dans
des couloirs des propos condescendants
sur les projets sucriers du président Félix
Houphouët-Boigny, qui allaient forcément
causer de grands gaspillages. Le jeune
diplômé, qui croit en la pertinence de ces
initiatives, se sent interpellé. De retour
en France, il démissionne et entre à la
Sodesucre comme on entre en religion.
« A cette époque, on avait surtout des
diplômés en droit et en économie, mais
les profils comme le mien étaient rares »,
explique Jérémie N’Gouan aujourd’hui.
L’expérience Sodesucre dure vingt ans.
Un saut dans le vide juste après le
coup d’Etat de 1999
Aujourd’hui, avec le recul, il ne renie
pas, loin de là, les vertus d’un capitalisme d’Etat souvent tancé. « Au-delà de
la culture du politique qui existait dans
les “Sode”, elles ont été de vrais outils
Rencontre
cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010
chemin parcouru en dix ans, dans un
contexte où la crise sociopolitique dans
laquelle patauge la Côte d’Ivoire a souvent
relégué les questions d’éducation au second
plan, est impressionnant. L’école, dont le
label est français, s’est ancrée dans l’écosystème africain de la formation. Cela
est passé par un rebranding en bonne et
due forme : le Cours Pigier est désormais
« Pigier Côte d’Ivoire » et sa signature –
« l’Université des métiers » – indique clairement ses ambitions. Une bonne partie
des formations maison a été agréée par le
Conseil africain et malgache de l’enseignant
supérieur (Cames), ce qui leur donne une
pleine validité universitaire dans tous les
Etats membres. « Nous avons travaillé
comme des fous. C’était une expérience
extraordinaire. On restait jusqu’à trois
heures du matin au bureau pour constituer
nos dossiers. Il s’agissait d’effectuer une
remise à plat totale de nos programmes »,
raconte-t-il, tout aussi enthousiaste que ses
collaborateurs qui l’entourent et se glissent
au passage quelques anecdotes.
Les TIC, la voie d’avenir
Bientôt sexagénaire, Jérémie N’Gouan
surprend par sa maîtrise des enjeux des
technologies de l’information et de la
communication. Les investissements
réalisés par Pigier Côte d’Ivoire (centre
agréé pour les certifications Microsoft)
dans les équipements informatiques sont
considérables – plusieurs centaines d’ordinateurs fonctionnels. L’école a lancé
un centre de documentation numérique
qui permet aux étudiants d’accéder à des
Jérémie N’Gouan en huit
17 juin 1952
Naissance à Daloa
Juin 1977
DEA de Finance et
fiscalité internationale
à l’université de ParisDauphine.
de développement. J’ai moi-même participé à la construction de ponts, d’écoles
et de marchés dans le nord du pays, dans
le cadre du programme sucrier. De plus,
aujourd’hui, de beaux fleurons de l’agroindustrie ivoirienne sont des entreprises
privées issues des Sode », juge-t-il.
Le diplômé de Paris-Dauphine, dont le
dernier poste à la Sodesucre était directeur général adjoint chargé de négocier la
privatisation, ne fait pas de vieux os au
sein du groupe Sifca, qui a hérité d’une
partie de l’entreprise d’Etat. En janvier
2000, au cœur des incertitudes liées au
coup d’Etat de décembre 1999, alors qu’il
a toujours mis au second plan ses activités
parallèles d’enseignant dans les grandes
écoles, il rejoint à plein-temps le Cours
Pigier, un établissement d’enseignement
supérieur dont il a acquis près de 10 % du
capital en 1990 – et dont il est actionnaire
majoritaire aujourd’hui. Il en devient le
directeur général. « Aujourd’hui, je peux
dire que cette décision a été la meilleure
de ma vie au point de vue professionnel.
Je suis entré dans un monde tout à fait
nouveau qui, je pense, apporte beaucoup
Un homme au parcours atypique, pur produit
d’un idéal républicain « à l’ivoirienne ».
plus à mon pays que celui où j’étais. Et
c’est important pour moi, qui ai tant
reçu de la Côte d’Ivoire », explique avec
passion cet homme dont l’école forme
cette année plus de deux mille étudiants.
Une équipe « du tonnerre »
Jérémie N’Gouan ne rate pas une occasion de mettre en avant les qualités de
l’équipe qu’il trouve en débarquant au
Cours Pigier. Elle est « du tonnerre »,
affirme-t-il, « et c’est rare en Afrique, un
tel esprit collectif. Mes collaborateurs ont
mis trois ou quatre ans à me former, moi qui
était totalement étranger à cet univers ».
On devine aussi qu’il a su apporter à cet
établissement – aujourd’hui premier en
termes de résultats aux BTS dans le pays,
et classé deuxième par le ministère de
l’Enseignement supérieur – la culture du
résultat propre au monde de l’industrie.
« Ce qui me frappe dans cette école,
c’est qu’elle est gérée comme une entreprise à part entière », s’extasie un
jeune cadre commercial d’Abidjan. Le
3 octobre 1977
Débuts à la Sodesucre
comme contrôleur de
gestion.
Juin 1979
Directeur financier à
la Sodesucre.
centaines de livres numériques, mais aussi aux épreuves soumises aux différents
examens depuis une douzaine d’années
et aux cours résumés des enseignants. Le
centre est destiné à monter en puissance.
Une deuxième salle, bien plus vaste que la
première, sera bientôt mise à disposition
des étudiants et, peut-être, d’un certain
nombre de personnes extérieures. Normal
: le regard de Jérémie N’Gouan est d’ores
et déjà tourné vers l’avenir. Il sait que la
démocratisation du transport des données
numériques bouleversera non seulement
l’enseignement, mais également toute
l’économie des pays africains. « Nous
avons dans les cartons des projets au plan
pédagogique qui vont surprendre beaucoup de monde », lance-t-il. Sous son regard énigmatique perce l’impatience de
voir ces projets devenir réalité.
Théophile Kouamouo
repères
1992
DGA, en charge de
la privatisation.
Janvier 2000
Directeur des Cours
Pigier.
1997
Privatisation, entrée dans le
groupe Sifca.
2005
Rebranding. Premiers
agréments Cames.
19
20
Dossier
cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010
Comment trouver des financements
La BOAD, soutien des PME-PMI
Sur le plan régional, la Banque ouestafricaine de développement (BOAD),
dont le siège se trouve à Lomé, est l’une
de ces portes auxquelles les entrepreneurs
peuvent frapper. Elle a adapté sa stratégie en faveur du secteur privé au regard
de l’orientation des économies des Etats
membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). « Dans
cette zone, le secteur privé est perçu
comme un vecteur moderne de création de
richesses au bénéfice des populations »,
confie son président, Abdoulaye Bio
Tchané. « Ainsi la BOAD se positionnet-elle comme un partenaire privilégié
des entreprises, leader des financements
innovants que sont notamment les partenariats publics privés, le conseil financier,
etc. », poursuit-il. La nouvelle stratégie
de la banque a notamment pour objectif
de favoriser ou de renforcer les véhicules
spécifiques de financement des PMEPMI et de rendre plus compétitives les
conditions de financement de l’institution
financière.
En 2009, la BOAD a décaissé quelque
85 milliards de francs CFA en faveur du
secteur privé, ce qui représentait 36,6 % de
ses engagements de l’année. Il est prévu
en 2010 une enveloppe de 105 milliards
FCFA pour le financement du secteur
privé de la zone Uemoa, ce qui devrait
absorber 38 % du total des engagements
de l’année. S’agissant de l’information
d’éventuels bénéficiaires, son président se
veut également rassurant : « Les produits
offerts sont bien connus des opérateurs
économiques, le niveau des concours
concernant le secteur privé en est une
preuve. Dans le cadre de la stratégie
commerciale et marketing de la banque
Des financements
locaux pour des
entreprises
de petite taille
Si les formules de financement des « grosses » PME
sont nombreuses, force est de
constater que pour les structures de taille plus modeste,
les institutions de financement
sont plus prudentes. « C’est
un fait que financer les toutes
petites entreprises est très risqué, notamment en raison de
l’environnement juridique »,
reconnaît Thierry Gnassounou,
de Cauris Management.
Cela dit, des alternatives existent en Côte d’Ivoire. Success
Finance, spécialisée notamment dans la mise en place de
fonds d’investissement collectifs, l’ingénierie financière et la
– en cours d’élaboration –, nombre
d’outils de vulgarisation de nos produits
et services seront mis en place, avec pour
vocation d’être diffusés au plus grand
nombre. Nos missions résidentes et la
direction des entreprises et du secteur
financier, déjà actives dans les démarches
prospectives et de suivi personnalisé des
clients, vont être soutenues par un dispositif commercial orienté vers une prise
en charge plus accrue de nos clients. »
La BOAD dispose en Côte d’Ivoire d’une
mission résidente où les patrons de PME
peuvent obtenir de plus amples renseignements sur les interventions de l’institution
communautaire. D’autant que la direction
insiste sur l’ouverture, depuis le mois de
juillet dernier, d’un centre d’informations
dédié au secteur privé dans lequel sont
accueillis les opérateurs privés désirant
être accompagnés par la banque. Les
chefs d’entreprise peuvent donc y trouver
nombre d’informations sur les produits,
les services et les modalités d’intervention qu’elle propose.
La BOAD a récemment pris une fraction
du capital de la nouvelle compagnie
aérienne privée Asky, qui est déjà opérationnelle. « Notre décision de la soutenir
tient à plusieurs éléments. Aujourd’hui,
ce n’est un secret pour personne que les
liaisons aériennes intra-africaines d’une
part, et entre l’Afrique et le reste du monde
d’autre part, sont de plus en plus difficiles, notamment depuis la disparition de
l’ex-Air Afrique entraînant – même avec
le concours de la multitude de compagnies
qui opèrent actuellement – un enclavement du continent africain en général
et de la zone Uemoa en particulier »,
explique Abdoulaye Bio Tchané. D’après
lui, la création de Asky répond à la nécessité de fluidifier la mobilité humaine, de
dynamiser et de renforcer les échanges
économiques à l’intérieur de la région
structuration de financement,
a été créée par Félix Bikpo,
banquier expérimenté, pour
permettre aux PME/PMI d’avoir
accès aux financements longs.
Alios Finance propose des
formules afin de permettre
l’acquisition du matériel de production pour les entreprises
de toutes tailles qui disposent
d’un capital de départ insuffisant pour couvrir le fonds de
roulement et les acquisitions.
Matériel roulant, ordinateurs,
machines industrielles, grues,
voire groupes électrogènes,
tout y passe. « Nous ne faisons
pas de distinction quant à la
taille des entreprises. Cela dit,
la souplesse que nous offrons
par rapport aux banques fait
que beaucoup de PME/PMI
nous sollicitent », explique
Koné Hamadou, directeur commercial du Pôle Entreprises.
Les entreprises en création
peuvent solliciter Alios Finance
à condition que le porteur
cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010
prendre des participations dans des entreprises, des banques, des institutions de
microfinance et dans des fonds d’investissement déployant leur activité en Afrique
subsaharienne. D’après le directeur général délégué de l’AFD, Michel Jacquier, qui
préside aussi le Fonds d’investissement
et de soutien aux entreprises en Afrique
(Fisea), cet instrument est consacré à des
opérations plus risquées que celles que
les investisseurs acceptent spontanément
de financer. « En effet, ajoute-t-il, il visera
des régions plus instables ou en sortie de
crise, des investissements de plus petite
taille et des secteurs traditionnellement
délaissés comme l’agriculture, la microfinance, les énergies nouvelles, mais aussi
la santé et l’éducation. » La Côte d’Ivoire
répond parfaitement aux critères d’éligibilité au Fisea, mais encore faut-il que
les projets financés soient financièrement
rentables.
(suite de la p.1)
porte il convient de frapper pour avoir
quelque chance de réussite.
Dossier
La SFI, une piste à ne pas négliger
Autre guichet : celui de la Banque africaine de développement (BAD). A travers
sa direction du secteur privé, cette institution financière aide les entreprises à se
développer et à diversifier leurs activités.
La Banque mondiale n’est pas en reste.
La Société financière internationale (SFI),
sa branche orientée exclusivement vers le
secteur privé, est son bras séculier. Son
vice-président Afrique, basé à Johannesburg, n’est autre que l’Ivoirien Thierry
Tanoh, ce qui ne gâche rien. La SFI est
connue pour son rôle dans l’amélioration
ouest-africaine, et entre le continent africain et le reste du monde. Et d’ajouter que
l’envol d’Asky permettra d’accompagner
les relations économiques et commerciales entre les États de la région et leurs
nouveaux partenaires d’affaires dans le
Moyen-Orient et contribuera au développement du tourisme intra-africain et
du projet jouisse d’une réelle
crédibilité dans son domaine
professionnel et présente un
« business plan » rassurant. La
branche « particuliers » d’Alios
Finance octroie également,
dans le cadre des crédits à la
consommation destinés aux salariés du public et du privé, des
prêts pour « projets personnels »,
qui peuvent servir à mettre en
place une activité de petite
taille. Un employé peut avoir, en
48 heures, au plus l’équivalent
de dix mois de salaire, et doit
rembourser en trente-six mois.
Un autre établissement financier, Crédit Solidaire, propose
des prêts à des particuliers et à
des PME. Ils doivent constituer
une épargne préalable pendant
six mois. Le montant du crédit
octroyé ne peut pas dépasser
quatre fois celui de l’épargne
et le bénéficiaire doit bénéficier d’une garantie solidaire,
qu’elle provienne d’un individu
« solvable » ou d’un groupement.
Le principe du « cautionnement
solidaire » est également expérimenté par la BIAO qui a signé
un accord dans ce sens avec
le Mouvement des petites et
moyennes entreprises (MPME)
en janvier 2008. Les institutions de microfinance proposent également des produits de
crédit à leurs sociétaires.
La Société générale de
banques de Côte d’Ivoire
(SGBCI) a, quant à elle, mis
en place pour ses clients un
produit : le « plan épargne
investissement », qui obéit peu
ou prou au même modèle que
le « plan épargne logement ».
Au point de vue institutionnel,
le Fonds national de solidarité pour l’emploi jeunes, qui
dépend du ministère de l’Economie et des Finances, et
qui en fin 2008, avait financé
73 projets d’une valeur de
1 300 000 000 FCFA.
T.K.
Diverses institutions bancaires proposent
des solutions de financement, adaptées
notamment aux besoins des PME.
international en direction de l’Afrique.
D’où le soutien qui lui est apporté.
La BIDC, bras financier
de la Cedeao
Egalement basée à Lomé, la Banque
d’investissement et de développement de
la Cedeao (BIDC) fournit, de son côté,
un financement aux entreprises privées
de la zone. Ses domaines d’intervention
couvrent presque tous les secteurs économiques des pays membres de la Communauté économique et de développement
des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao).
Cette autre institution financière communautaire accorde des prêts à court, moyen
et long terme. A en croire la direction, la
durée des prêts consentis est fonction de
la nature des projets et de leur rentabilité.
Toute demande de prêt doit être adressée au président de la BIDC, Christian
Adovelande.
AFD, un fonds pour des régions
instables
D’autres acteurs internationaux prennent
eux aussi des participations dans le capital des sociétés créées en Côte d’Ivoire.
Il s’agit notamment de l’Agence française
de développement (AFD) et sa filiale
Proparco, dont la mission principale est
de financer le secteur privé dans les pays
du Sud. Depuis avril 2009, Proparco s’est
dotée d’un fonds d’investissement pour
du climat des affaires et le financement
de grands projets. Mais ce que beaucoup
ignorent, c’est que cette branche de la
Banque mondiale apporte également un
soutien massif aux PME. « C’est le plus
gros secteur générateur de croissance et
d’emploi en Afrique subsaharienne (...),
estime Thierry Tanoh. Les entrepreneurs
disent toujours qu’ils ne peuvent pas
s’adresser à la SFI car leurs projets sont
trop petits. » Le vice-président se veut
rassurant tout en tordant le coup aux idées
Comme d’autres pays d’Afrique
sub-saharienne, la Côte d’Ivoire a besoin
d’un tissu économique pérenne.
reçues, précisant que toute PME dotée
d’un dirigeant ayant la tête sur les épaules
et qui a une structure saine avec un
bilan équilibré peut s’adresser à l’antenne
locale de la SFI. Un de ses représentants
est notamment présent dans les locaux
abidjanais de la Banque mondiale, à
Cocody. Thierry Tanoh explicite ensuite
les critères d’éligibilité au soutien de la
21
SFI : « Dans un premier temps, il faut
avoir quelqu’un qui connaisse son métier,
son marché. Il est difficile de financer une
entité qui rentre dans un secteur pour la
première fois. Il faudrait que l’entrepreneur ait de préférence un passé dans son
secteur d’activité. Ensuite, nous essayons
de travailler avec des gens qui ont une
surface financière stable pour pouvoir
passer à l’étape supérieure : une phase
de croissance locale ou régionale. »
Au Mali, le groupe hôtelier Azalaï a bénéficié des concours de la SFI, notamment
pour son extension et son implantation
au Burkina voisin. Contrairement à Proparco, la branche de la Banque mondiale
n’est donc pas la voie indiquée pour les
créateurs d’entreprises, mais plutôt pour
les patrons qui veulent développer leurs
activités, se diversifier ou restructurer
leurs sociétés. Elle est une piste à ne pas
négliger.
« La SFI ne prête pas 25 % du coût d’un
projet ou 50 % d’une expansion, rappelle le vice-président Afrique. Si je prête
50 000 dollars, cela veut dire que le coût
total du projet concerné atteint 250 000
dollars lorsqu’il s’agit d’une expansion.
Beaucoup de projets de cette taille équivalent à des PME en Afrique francophone,
plus précisément dans les pays de la zone
franc. Quand il s’agit d’intervention
directe de la SFI, l’investissement minimum peut descendre jusqu’à 100 000
dollars, comme cela a été le cas (en
2007) à Madagascar. Ceci pour dire que
nous sommes à même de descendre à un
22
Dossier
cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010
niveau raisonnable. »
« Nos interventions en faveur des PME
portent sur les financements mais aussi
sur l’assistance technique. Financer ces
sociétés n’est pas une fin en soi. Il ne
suffit pas de financer les entrepreneurs,
encore faut-il leur donner une assistance
technique de manière à ce qu’ils puissent
améliorer la gestion de leur entreprise »,
poursuit ce fils de la Côte d’Ivoire, formé
également en France et aux Etats-Unis.
Pour lui, une telle assistance technique
peut se faire par le biais d’un soutien
à l’équipe managériale. La SFI travaille
en effet avec Amsco, une institution
qui fournit des managers aux PME.
« L’assistance technique de la SFI permet
aussi d’aider une entreprise à préparer
un plan de financement ou un projet
d’expansion, ce qui peut ensuite lui
permettre par exemple d’accéder aux
banques locales. Nous avons créé dans
ce sens des petites structures à Madagascar, au Mozambique et au Kenya. Il s’agit
des fonds à capital-risque pour les PME.
Le prêt minimum atteint 50 000 dollars.
Mais le maximum ne va jamais au-delà
de 750 000 dollars. »
le cas de Tuninvest qui a lancé le fonds
Afric Invest II. Basé à Washington, le
fonds américain Emerging Capital Partners (ECP) s’est spécialisé, lui aussi,
sur le continent africain. Depuis Tunis
où se trouvent ses bureaux, le directeur
Afrique d’ECP, Vincent Le Guennou, est
à l’affût des opportunités d’affaires sur le
plan local. ECP est par exemple devenu
en 2009 l’actionnaire majoritaire de Finagestion, la société holding qui détient la
gestion des activités de l’eau au Sénégal
et en Côte d’Ivoire (Sodeci) et celles de
production et de distribution d’électricité
en Côte d’Ivoire (CIE). Autre société de
gestion des fonds : Afig, créée et dirigée
banques aux entreprises. En effet, beaucoup de sociétés en gestation n’ont pas
la possibilité de présenter les garanties
exigées par les établissements de crédit
avant de leur octroyer un financement.
Pour prendre en charge un tel risque,
plusieurs organismes ont mis sur pied
un fonds de garantie pour accompagner
les banques dans leur activité d’octroi
de prêts. De leur côté, d’autres institutions financières mettent une ligne
de crédit à la disposition de certaines
banques pour qu’elles puissent faire
des prêts aux entreprises, y compris
à celles de petite taille. La Banque
européenne d’investissement (BEI)
- BOAD
Site Web : http://www.boad.org
Bureau de représentation à Abidjan :
S/C BCEAO.
Tél. : +225 20 21 80 80.
Chef de mission : Congo Alhousseni.
- BIDC
Site Web : http://www.bidc-ebid.org
Tél. : +228 221 68 64.
- SFI
Site Web : http://www.ifc.org
Bureau de représentation à Abidjan :
Imm. CCIA, 17e étage.
Tél. : +225 20 21 96 97.
- Proparco (AFD)
Site Web : http://www.proparco.fr
Tél. : +331 53 44 31 08.
- Cauris Management
Site Web :
http://www.caurismanagement.org
Directeur associé à Abidjan :
[email protected]
Le Centre des entreprises (CDE)
et son antenne à Dakar
D’autres institutions apportent également
une assistance technique. Le Centre des
entreprises (CDE), basé à Bruxelles, est
l’une d’elles. Dirigé aujourd’hui par
Mabousso Thiam, il fournit, au cas par
cas, une assistance flexible aux entreprises individuelles et aux prestataires
de service du secteur privé dans les pays
dits ACP (Afrique, Caraïbes et Pacifique).
Le bureau régional dont dépendent les
entreprises ivoiriennes se trouve à Dakar.
Le CDE aide notamment les industries à
améliorer la compétitivité de leur production. Les industriels africains bénéficient
également des conseils avisés des experts
de l’Organisation des nations unies pour
le développement industriel (Onudi), dont
le siège est localisé à Vienne, en Autriche.
Rien ne coûte aux créateurs d’entreprises
ou aux industriels en quête d’informations de faire un tour dans les locaux de
l’Onudi à Abidjan, où l’Italien Alessandro
Parlatore, le représentant-résident, se fera
un plaisir, avec son accent inimitable, de
les renseigner.
Les fonds de capital-risque
et de capital-investissement
Depuis plusieurs années, les entreprises
en création ou en expansion peuvent
trouver aussi à se financer auprès des fonds
de capital-risque, et surtout des fonds
de capital-investissement. Beaucoup de
patrons ont déjà entendu parler du fonds
Cauris mis en place par la BOAD. Certains d’entre eux ont pu développer leurs
affaires grâce à Cauris Management, qui
a pris des participations dans leur capital,
leur fournissant ainsi les fonds propres
qui font cruellement défaut dans les
entreprises de petite taille en Afrique.
Au Bénin par exemple, l’homme d’affaires multicarte Olofindji Babatunde a pu
développer ses activités grâce notamment
à un appui de Cauris. Il est aujourd’hui
à la tête d’un groupe qui s’étend de l’imprimerie à l’agriculture, en passant par la
distribution automobile.
Ces dernières années, plusieurs fonds ont
vu le jour en Afrique. C’est notamment
Pour aller plus loin :
- Fonds Gari
Site Web :
http://www.fondsgari.org
Tél. : +228 22 10 605/22 14 244.
- ECP – Afrique de l’Ouest
Immeuble N’Zarama - 3e étage B
Boulevard Lagunaire - Plateau
16 BP 1450 Abidjan 16
Côte d’Ivoire
Tel: +225-20-31-07-31
Fax: +225-20-33-86-51
- Success Finance
Site Web : www.succesfinanceci.com
Rue Jesse-Owens (A48)
Immeuble Les Tropiques,
Aile D, 3e étage Abidjan Côte d’Ivoire
Tel : 20 25 78 50
- Alios Finance
Site Web :
http://www.alios-finance.com
1, rue des Carrossiers Zone 3 04
BP 27 Abidjan 04 - Côte d’Ivoire
Tél. (225) 21 21 07 07
par Papa Madiaw Ndiaye. Les différents
fonds lancés par ce Sénégalais s’intéressent notamment aux sociétés à forte
capacité de croissance. De son côté, Félix
Bikpo, ancien directeur général de la
Banque Atlantique, joue également
sa partition. Après avoir contribué à
l’implantation d’Access Bank hors du
Nigeria, cet Ivoirien dont les bureaux se
trouvent à deux pas de l’hôtel Tiama est
également sur le point de lancer Success,
un fonds à hauteur de 45 millions d’euros
qui projette d’investir en fonds propres et
en quasi-fonds propres dans les PME et
PMI à fort potentiel de croissance et de
rentabilité installées dans la zone Uemoa.
Il existe enfin d’autres fonds dont le but
est de garantir les prêts accordés par les
Se renseigner, pour être sûr de frapper à la
bonne porte (voir encadré ci-contre).
utilise par exemple sa facilité d’investissement pour appuyer le secteur
privé à travers des fonds.
La BOAD dispose, pour sa part, du fonds
Gari (Garanties des investissements
privés en Afrique de l’Ouest). C’est en
partie grâce à celui-ci que Sifca a pu
racheter à la fin des années 1990 la
Société des huileries de Bohicon (SHB),
au Bénin. De son côté, l’AFD a créé et
mobilisé le fonds de garantie Ariz (Assurance pour le risque de financement
de l’investissement privé en zone
d’intervention AFD) pour faciliter
l’accès des PME africaines au cré-
dit bancaire et au capital. « À cette
occasion, l’agence met en œuvre un
système de garantie qui couvre automatiquement tous les prêts bancaires
aux PME répondant à des critères
prédéfinis », explique-t-on au siège de
l’AFD à Paris. De leur côté, la BAD
et la SFI envisagent de lancer avec la
coopération danoise le Fonds africain
de garantie (FAG), destiné à développer le secteur des PME sur le continent.
Beaucoup d’acteurs ont compris que les
petites et moyennes entreprises sont le
fer de lance des économies africaines.
« Quand les PME vont, tout va !»,
pourra-t-on dire un jour sur le continent africain.
Franck Foko
Dossier
cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010
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Région
cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010
San Pedro : le second souffle
de la Côte d’Ivoire
Le Bas-Sassandra et sa capitale San Pedro
représentent, à n’en point douter, le second pôle
économique de la Côte d’Ivoire.
Après l’avènement de la crise en 2002 qui
a fait de Bouaké – seconde ville du pays
– l’épicentre de la rébellion, la région est
devenue la principale contributrice aux
recettes de l’Etat ivoirien. San Pedro et
son port, ainsi que les cultures d’exportation qui y sont produites – café, cacao, hévéa et palmier à huile – lui ont permis de
jouer ce rôle prépondérant. En revanche,
ses potentialités touristiques exceptionnelles sont toujours aux oubliettes.
« San Pedro, c’est pour nous l’espoir,
en donnant vie à une région, de fournir des emplois nouveaux en nombre
considérable et aussi des terres à tous
ceux qui auront le souci de les mettre
en valeur ; de créer en définitive un
pôle de développement qui contribuera
à l’équilibre de notre économie. C’est
également un pari raisonnable, celui
de l’enthousiasme, de la foi en l’avenir, de notre volonté de doter notre pays
d’une infrastructure à la mesure de nos
besoins. » En prononçant ces mots le
6 août 1969 à Man, Félix Houphouët
Boigny, alors président en exercice
de la République de Côte d’Ivoire, jetait alors les bases de la décentralisation (administrative et économique),
conscient du fait qu’Abidjan, en dépit
de son leadership, connaîtrait à l’avenir un état de saturation. Quarante ans
après, les faits donnent entièrement
raison au bâtisseur de la Côte d’Ivoire
moderne. La capitale de la région des
Lagunes ne répond plus aux attentes
des populations ivoiriennes. Et depuis,
la décentralisation administrative est
devenue une réalité. Aujourd’hui, parlant de San Pedro, on souligne qu’elle
est la capitale du Bas-Sassandra, région
de la Côte d’Ivoire dont l’essor est né,
comme mentionné plus haut, d’une volonté politique des dirigeants ivoiriens
d’antan.
Tout a commencé avec l’ARSO
en 1969
L’histoire de San Pedro moderne démarre
véritablement avec le projet de l’Autorité pour l’aménagement de la région du
Sud-Ouest (ARSO) initié par le président
Le Port autonome rythme l’activité d’une
région qui est devenue la principale
contributrice aux recette de l’Etat ivoirien.
Houphouët Boigny en 1969 et également
appelé « Opération San Pedro ». Ce vaste
programme s’est articulé essentiellement
sur le projet de construction du Port autonome de San Pedro. En plein miracle économique, l’Etat ivoirien décidé de se doter d’un port en eau profonde à caractère
sous-régional pour seconder le Port autonome d’Abidjan. Cette vision a engendré la naissance d’un nouveau pôle économique aux atouts naturels favorables
à l’agriculture dans toute la région, à un
moment où le succès de la Côte d’Ivoire
reposait sur l’agriculture. Notamment, sur
le binôme café/cacao ainsi que sur le bois,
le palmier à huile…
Située sur le littoral ouest de la Côte
d’Ivoire, la région du Bas-Sassandra
compte cinq départements. En l’occurrence, San Pedro, Sassandra, Soubré, Tabou et Guéyo. Dans cette zone
aux pluviométries importantes et aux
sols arables, les cultures d’exportation
sont depuis toujours l’activité principale de la majeure partie des populations. Aujourd’hui, la boucle du cacao
qui, depuis très longtemps, a quitté la
région du « V » baoulé, s’est installée
dans celle du Bas-Sassandra. Avec en
pôle d’attraction des localités telles que
Méagui et Soubré dans le peloton de
tête. Le binôme café/cacao fait vivre le
Bas-Sassandra et a entraîné une vague
d’immigrants dans ladite région. Une
forte colonie burkinabée participe entièrement à l’animation quotidienne de
cette partie du territoire ivoirien. Avec
à son actif des grandes étendues de cacaoyers et de caféiers.
Dans ce contexte, les populations autochtones et allogènes flirtent avec les conflits
fonciers qui virent parfois au règlement
de compte. Au sang. On se souvient du
passage du maire de Ouagadougou, Simon Compaoré, en 2008, dans le département de Soubré. Le premier magistrat de
la capitale du Burkina Faso avait séjourné
dans la région pour échanger avec les
populations. Certes, dans le cadre des futures échéances électorales de 2011 – une
loi a été récemment votée par le Parlement burkinabé et dorénavant les Burkinabés de l’étranger prennent part au vote
–, mais également pour leur demander de
faire preuve de sympathie et de bon voisinage dans leurs relations quotidiennes
avec ceux qui les ont accueillis et qui ont
bien voulu leur accorder l’hospitalité.
Toutefois, l’ouverture de la dernière
campagne de café/cacao a été marquée
par la discrétion sur le terrain des entreprises d’une certaine taille. Une situation qui, logiquement, ne devrait pas se
faire ressentir sur l’achat des produits
Région
bord champ, donc sur les producteurs
qui, pour cette campagne, ont monnayé
leurs récoltes au taux de 1 000 FCFA/
kg. De quoi donner le sourire à des milliers de familles qui pourront ainsi recueillir les fruits de leur travail. « 1000
FCFA/kg, c’est quelque chose de bien
pour nous autres qui n’avons que la
culture du cacao comme activité. A ce
prix, nous aurons un peu plus de revenus que l’année précédente, où le kilogramme de cacao s’est vendu à moins
de 400 FCFA. Nous pourrons agrandir
nos plantations et nous acquitter de la
scolarité de nos enfants sans souci »,
nous confie ainsi Alain S, un jeune
Ivoirien qui est producteur de cacao
dans la région de Soubré.
cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010
Une région au rythme du café/cacao
Dans la ville de San Pedro, des bruits de
création d’autres usines de transformation
courent de plus en plus. Une nouvelle unité devrait voir le jour dans les prochaines
années. Un projet sur lequel les concep-
Une activité intense sur le
Port autonome de San Pedro.
teurs restent, pour l’heure, peu prolixes.
Car, soutiennent-ils avec ferveur, « l’argent n’aime pas le bruit ». L’heure est
donc au silence et à la prière pour accompagner à bon port les 573 424 tonnes de
café/cacao (fèves et masse de cacao, chocolat, tourteaux de cacao et café) exportés
par le Port autonome de San Pedro.
Outre le binôme café/cacao, d’autres
cultures d’exportation telles que l’hévéa
et le palmier à huile sont présentes dans
la région du Bas-Sassandra. Si la vulgarisation de l’hévéa remonte au début
des années 90, le palmier à huile reste
une culture connue et pratiquée depuis
belle lurette par les populations dans les
régions forestières du pays. En termes
d’hévéaculture, Soubré se taille la part
du lion dans la région du Bas-Sassandra.
Surtout avec les initiatives du GIE Ouyiné et son président Marcel Zadi Kessy
qui, depuis quelque temps, sensibilise
le milieu rural à la culture de l’hévéa
pour une autonomie financière réelle.
Pour cette année, les cours de l’hévéa,
en dents de scie sur le marché mondial
ont engendré quelques grincements de
dents chez les producteurs. Mais la tendance à la hausse n’est plus très loin de
leur redonner le sourire, contrairement à
la situation qui prévalait quelques mois
auparavant. « De 180 FCFA/kg, on est
passé à 240 pour tendre vers les 300
FCFA aujourd’hui. Mais cette évolution
nous laisse perplexe dans la mesure où
nous ignorons totalement de quoi demain sera fait », laisse entendre Emile
K, producteur de caoutchouc naturel
dans le Bas-Sassandra. Sur toute l’année
2009, le Port autonome de San Pedro a
exporté 110 194 tonnes de caoutchouc et
58 814 tonnes de palme et dérivés, dont
quasiment les trois quarts sont produits
dans la seule région du Bas-Sassandra.
RMK Yobouet
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Région
cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010
Région
cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010
Le port de San Pedro,
Soit une hausse de 7,43%.
Plusieurs lignes régulières fréquentent le
PASP. Parmi elles, on peut citer Safmarine,
CMA CGM, Maersk Lines, Grimaldi
Lines, Delmas… et bien entendu la ligne
maritime du suisse MSC, ouverte depuis
la signature de la convention de cession du
terminal à conteneurs du PASP en 2008.
tourné vers l’avenir
Le Port
autonome
de San Pedro
constitue une
infrastructure
économique
de choix pour
l’ensemble de
la Côte d’Ivoire.
Deuxième port du pays et premier en eau
profonde, le PASP se présente comme une
infrastructure de taille, un outil de développement important pour l’ensemble
de la région, et même pour toute la Côte
d’Ivoire. Les propos tenus le 4 septembre
2002 par le président Laurent Gbagbo
vont dans ce sens : « Je ne souhaite pas
que le port de San Pedro soit un demiport ; je veux qu’il soit un port à part
entière. Je suis disposé à tout mettre en
œuvre pour qu’il en soit ainsi. » Malheureusement, quinze jours plus tard, la Côte
d’Ivoire connaîtra le début des pages les
plus tristes de sa jeune histoire. Le 19
septembre 2002, une tentative de coup
d’Etat contre le régime Gbagbo se mue
en insurrection armée. Le pays est divisé
en deux parties. Plus de la moitié nord est
propriété de la rébellion qui, bien plus
tard, va se muer en une formation politique
dénommée les Forces nouvelles et dirigée
par l’actuel Premier ministre, Guillaume
Soro. Les pertes pour le gouvernement
ivoirien sont énormes. Elles s’évaluent à
des centaines de milliards de FCFA. De
nombreuses entreprises ferment. Le chômage est exponentiel. La transhumance
vers le sud est effroyable. Le pays flirte
avec le chaos.
Loin de déstabiliser le PASP, la crise va
lui donner plus de responsabilités dans
l’économie ivoirienne. Dorénavant, il
devient un élément qualitatif et affectif
pour le pays. Une poule aux œufs d’or qui,
tout au long de cette période trouble, va
jouer sa partition dans son rôle de pourvoyeur de fonds, même si cette crise a
quelque peu réduit le volume de son trafic.
C’est en 2008, soit six ans après le début
des événements, que le PASP s’est doté
des moyens idoines pour inscrire son nom
dans la cour des grands. Le 18 septembre
de ladite année, à Genève, le contrat de
concession du premier terminal à conteneurs du port de San Pedro fut signé
entre Désiré Dallo, directeur général du
PASP et Nicolas Houard, PDG du groupe
suisse Mediterranean Shipping Company
(MSC). De quoi faire dire à son DG, dans
le rapport annuel 2008 du PASP, que « le
Port autonome de San Pedro, malgré la
crise économique et financière mondiale,
a consolidé en 2008 ses bases financières,
professionnalisé son fonctionnement et
restructuré sa gestion ».
A l’instar de son « grand frère », le Port
autonome d’Abidjan, qui s’est attaché
les services de Bolloré pour le terminal
à conteneurs de Vridi, le PASP a confié
la gestion du sien à des professionnels.
Notamment le second opérateur maritime mondial, le Suisse MSC. Objectif
essentiel de cet acte en vigueur depuis
le 1er janvier 2009 : développer le trafic
de conteneurs afin de transformer le port
de San Pedro en un port d’éclatement
de classe mondiale. Pour une durée de
quinze ans. Dans cette vision, l’aménagement, l’équipement et l’exploitation dudit
terminal sont l’affaire de MSC. Et la première grue mobile de l’histoire du PASP,
livrée en décembre 2008, y sera entièrement consacrée. Tout comme la seconde
grue mobile, à venir, et les cinq portiques
de type RTG annoncés par le nouveau
partenaire. Tout un arsenal dont « la mise en
œuvre permettra d’améliorer les cadences
de manutention, augmenter considérablement la fréquentation des navires, tripler
le trafic de conteneurs, élargir les possibilités de desserte et d’approvisionnement
et de créer des centaines d’emplois directs
et indirects dans la région ».
2008 : l’année du tournant décisif
L’ambition de « faire du Port de San Pedro
un port moderne, outil de développement
de la Côte d’Ivoire et moteur de l’intégration sous-régionale », est en marche.
La matérialisation de cette option s’est
affichée de plus en plus avec l’obtention
en 2008 d’un don du Fond de préparation
des projets d’infrastructure du Nepad géré
par la Banque africaine de développement (BAD). Il s’agit pour le PASP, via
ce fonds, de financer des études de faisabilité de son projet régional d’extension
et d’améliorer ses liaisons terrestres avec
les pays limitrophes. A savoir le Liberia,
la Guinée et le Mali. Ce projet, selon
M. Dallo, consiste en la construction d’un
terminal à conteneurs ayant un linéaire de
quai de près de 1 000 mètres et trente hectares de terre-pleins, la viabilisation et le
remblaiement de 150 hectares du domaine
portuaire de San Pedro et le bitumage des
voies de communication terrestres avec
le Liberia, la Guinée et le Mali. La réalisation de ce projet audacieux et onéreux
vise à décupler les capacités du PASP et
à étendre sa zone d’influence aux pays
voisins. Et donc de faire de lui un port à
vocation sous-régionale.
Durant l’année 2008, le PASP a enregistré un chiffre de 1 017 878 tonnes au titre
de trafic global annuel de marchandises
contre 947 499 tonnes lors de l’année
précédente, soit une croissance de 7,43%.
Cette augmentation du volume du trafic
de marchandises est le fruit du tandem
import-export avec des taux de majoration respectifs de 6,81% et 7,53%. En
effet, le PASP a réalisé en 2008 un chiffre
de 190 780 tonnes à l’import contre 178 612
tonnes en 2007. L’export s’est pour sa part
chiffré à 827 098 tonnes en 2008 contre
768 887 un an auparavant. Le cacao représente à lui seul 49% du trafic à l’export, à
côté du bois et dérivés (22%) et du caoutchouc naturel (12%). De façon générale,
le trafic de bois et dérivés est resté statique
– 184 585 tonnes en 2008 contre 183 187
en 2007 – à cause de la crise de l’immobilier qui a secoué les Etats-Unis dans le
dernier trimestre de l’année 2008. A noter
toutefois que le trafic des grumes a connu
une hausse de 22% par rapport à 2007.
Une croissance à mettre essentiellement à
l’actif du teck à destination de l’Inde.
Le caoutchouc naturel a atteint le chiffre
de 96 760 tonnes en 2008, soit une
hausse d’environ 11% par rapport au
trafic de l’année précédente, fort de 87 541
tonnes. Depuis 2002, son trafic connaît
une croissance moyenne annuelle de 7%.
Cela s’explique par la forte propagation
de cette culture dans la région depuis le
début des années 90. Pour l’huile de
palme et ses dérivés, on a noté une reprise
progressive avec 26 699 tonnes, contre
une exportation de 10 945 tonnes en 2007.
Soit plus du double du volume de trafic de
l’année précédente.
A l’import, ce sont les produits cimentiers
qui font la loi avec 128 550 tonnes. Soit une
croissance de 19,45 % par rapport à l’année
2007, représentant 67% du trafic import
total. Les produits alimentaires ont chuté à
56 201 tonnes, soit une baisse de 19,71%
comparativement aux 70 001 tonnes de
l’année 2007. Et un taux de 30% par rapport
au volume import total de l’année 2008.
Le PASP est fréquenté par les navires
de tous genres. Conventionnels, porteconteneurs, rouliers RO-RO, minéraliers,
navires de pêche et autres. En 2008, les
porte-conteneurs ont occupé la tête du
trafic avec un volume de 314 312 tonnes.
Juste devant les rouliers RO-RO et leurs
266 969 tonnes, quand les conventionnels
bouclaient le trio de tête grâce aux 233 614
La grue mobile du port autonome de
San Pedro en pleine action. Le temps est
un facteur clef pour les armateurs et la ville
veut répondre à l’attente de tous.
tonnes enregistrées sur toute l’année. Si
les porte-conteneurs et les rouliers RO-RO
ont connu respectivement des croissances
de 18,16 et 6,34%, les conventionnels ont
affiché une chute d’un taux de - 4,47%.
A noter également le bond fulgurant des
huiliers, de l’ordre de 156,90%, avec un
volume de 20 305 tonnes au titre de cette
année 2008 contre 7 904 tonnes en 2007.
Au total, le PASP aura été visité par 319
navires en 2008 pour un volume total de
1 017 878 tonnes, contre 325 navires en
2007, pour un chiffre de 947 499 tonnes.
2009 : le PASP mérite son surnom
de « port cacao »
De janvier à décembre, le PASP a enregistré un volume de trafic total d’une valeur de
1 057 563 tonnes, contre 1 017 878 tonnes
en 2007. Soit une croissance de 3,89%.
Croissance certes, mais régression en
termes de taux de croissance au titre de la
variation relative 2008/2007, de l’ordre de
7,43%. Le PASP a donc affiché une légère
hausse si l’on compare les variations
relatives de 2009/2008 et 2008/2007.
Les exportations ont planché à hauteur
de 879 827 tonnes contre 827 098 tonnes
en 2008, soit une hausse de 6,37% par
rapport à l’année précédente. La palme
revient toujours au binôme café/cacao
avec 573 424 tonnes contre 500 109
tonnes en 2008, soit un taux de 14,66%.
Une fois de plus, le PASP démontre clairement qu’il est bel et bien « le port cacao »
connu du monde entier.
Pour sa part, le trafic de bois a encore
chuté en 2009. La crise toujours pas
jugulée, le bois et ses dérivés ont affiché
123 664 tonnes au terme de l’année 2009
contre 184 585 tonnes l’année précédente,
ce qui représente une baisse 33,01%. Une
27
véritable chute libre, tandis que le trafic
d’huile de palme continue sur sa courbe
évolutive avec un total de 58 814 tonnes
contre 26 699 tonnes en 2008, toujours
plus du double du volume réalisé l’année
précédente. En affichant 110 194 tonnes au
titre de l’année 2009 contre 96 760 tonnes
en 2008, le caoutchouc une fois de plus
confirme son bon état de santé. Avec un
taux de 13,88%, qui devrait faire monter
un peu plus le taux de croissance moyenne
de cette culture de rente.
A l’importation, les statistiques affichent
177 736 tonnes en 2009 contre 190 780
tonnes en 2008, soit une baisse de 6,83%.
La chute des produits cimentiers en est la
cause. En présentant un chiffre de 97 150
tonnes en 2009 contre 128 550 tonnes
en 2008, ils ont décliné de 24,42%. En
revanche, les produits alimentaires ont
grimpé jusqu’à 72 836 tonnes, soit un
taux de 29,59%, représentant 40,97 % du
volume total du trafic à l’import, contre
30% en 2008.
En termes de type de navires, les porteconteneurs ont été les plus présents au
PASP (145). Suivent les rouliers RO-RO
(88) et les conventionnels (66). Au total,
le port de San Pedro aura été visité par 355
navires de tous genres.
L’Europe est la destination de choix du
port de PASP. Au titre de l’année 2009,
467 282 tonnes ont pris le chemin du Vieux
Continent depuis San Pedro. L’Amérique
pointe en seconde position avec un chiffre
de 150 145 tonnes, devant l’Afrique pour
un volume de 50 819 tonnes.
28
Région
cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010
Le tourisme : un vaste
potentiel non exploité
Malgré ses nombreux atouts, la région du
Bas-Sassandra ne tire malheureusement guère
profit de la manne touristique.
« Notre foi ressemble à de la folie.
Eu égard aux énormes potentialités
touristiques de la région inexploitées à
cause du manque de moyens, mais surtout
à cause du manque de volonté politique.
Et pourtant, le tourisme peut très bien
servir d’alternative à l’économie de toute
la région du Bas-Sassandra. » Ces propos
désabusés sont de Jean Philippe Niango,
directeur départemental du tourisme dans
le Bas-Sassandra.
Pour M. Niango, le tourisme est laissé pour
compte par tous. A commencer par les élus
locaux qui ne manifestent aucun intérêt
pour cette activité. « Comment pouvez-vous
imaginer que des collectivités locales du
Bas-Sassandra ne prennent pas en compte
le tourisme dans leurs politiques de
développement ? », s’interroge-t-il au vu de
la richesse de la région en atouts de valeur,
susceptibles de faire de la Côte d’Ivoire
une destination très prisée. Le Parc national
de Taï, classé au Patrimoine mondial et
dernier vestige forestier de l’Afrique de
l’Ouest, la baie des sirènes, Monogaga,
l’ïle de Gaoulou, les cascades de Nawa,
la baie de Taki sont quelques sites déjà
identifiés dans la région et qui, à eux
seuls, devraient faire du Bas-Sassandra, le
premier pôle touristique du pays, voire de
la sous-région. Hélas ! Au-delà du manque
de volonté politique, la situation sociopolitique n’est pas favorable à la destination
Côte d’Ivoire au plan international. Reste
à jouer alors la carte du tourisme interne.
Une idée émise bien auparavant par un
ancien ministre de tutelle, Marcel AmonTanoh. Au plus fort de la crise, en 2003, ce
dernier a organisé un voyage des ambassadeurs accrédités en Côte d’Ivoire dans la
région du Bas-Sassandra. Il était question
pour le gouvernement ivoirien d’antan de
montrer à la communauté internationale
que la Côte d’Ivoire restait une destination
bel et bien fréquentable. Et ce en dépit du
fait que cette destination était déconseillée
par la quasi-totalité des sites officiels
des pays occidentaux. Dès lors, Marcel
Amon-Tanoh avait incité au tourisme
interne pour maintenir la flamme du
tourisme en Côte d’Ivoire. Histoire de ne
pas précipiter la fermeture des réceptifs
hôteliers, restaurants et autres maquis.
Puisque, comme le soutient M. Niango,
« le tourisme international ne sera qu’une
vue de l’esprit, une véritable illusion, tant
que les élections ne sont pas effectives ».
Malgré toutes ces difficultés, la direction
régionale du tourisme dans le BasSassandra se bat comme elle peut. Du 28 au
31 mai 2009, elle a organisé « Langoustar
2009 » ou la fête de la langouste. Un site Internet (« www.bassasandra.net ») a été créé
en collaboration avec l’Association internationale pour le développement durable.
Aujourd’hui, les potentialités touristiques
de la région sont consultables sur la Toile.
Mais il faut bien compter avec un autre
handicap : la route en état de dégradation
avancée. La région est certes aussi desservie
par la ligne aérienne de Sophia Airlines.
Le prix peut sembler élevé (150 000 FCFA
pour un voyage aller-retour via Sophia
Airlines et 100 000 FCFA un aller
simple). Mais pour qui en a les moyens, la
destination vaut bien un gros effort.
30
Pays
cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010
Burkina Faso :
le temps du renouveau
Dans la presque totalité des secteurs économiques, le pays fourmille de
nombreux chantiers et fait les yeux doux aux investisseurs. De l’agroalimentaire
à l’agriculture en passant par les infrastructures de transport et le climat des
affaires, tout bouge au Pays des hommes intègres.
En poste depuis juin 2007, le Premier
ministre Tertius Zongo a fixé deux objectifs
prioritaires : atteindre une croissance de
plus de 6% et réduire le taux de pauvreté
à 35% en 2015. La création de l’Agence
nationale de la promotion des investissements (ANPI) et d’un Conseil présidentiel
des investissements ; la révision de l’impôt
sur le revenu des entreprises et du secteur
informel ; la poursuite des efforts pour
réduire les délais et les coûts relatifs à la
création d’entreprise ; le renforcement de
la lutte contre la fraude et la corruption
sont, pour bon nombre d’observateurs,
autant d’indices qui témoignent de la
volonté du Burkina de progresser dans
cette voie. Avec la fin de l’accord triennal
auprès du FMI (2007-2010) et la réforme
fiscale en cours, l’année 2010 est incontestablement celle des grands défis pour
l’économie burkinabé.
Seront concernés les tronçons Yamoussoukro/Bouaké en Côte d’Ivoire, et BoboDioulassso/Ouagadougou.
Sur les possibilités de financement en ce
qui concerne l’étude de faisabilité du projet,
les deux pays sont convenus de soumettre
les requêtes de financement au Fonds
Koweïtien de développement économique
arabe (FKDEA), à la BID, à la BAD, à la
BOAD et à l’Uemoa. Une fois réalisé, ce
tronçon autoroutier permettra d’endiguer le
désenclavement des pays de l’interland et
desservira quelques villes phares des
échanges commerciaux régionaux.
Des projets qui tendent à valoriser les opportunités d’investissement.
Priorité aux investissements
Pour atteindre les objectifs fixés, les autorités locales s’attachent à promouvoir un
ensemble de programmes économiques
qui tendent vers un même but : valoriser
les opportunités d’investissement. C’est le
cas notamment du vaste projet d’aménagement de la Zone d’activités commerciales
et administratives (ZACA) de Ouagadougou, sur une superficie de 46 hectares et
pour un coût de 32,7 milliards FCFA.
En outre, il est prévu un prolongement
de la Zone d’activités diverses (ZAD), à
Ouagadougou comme à Bobo-Dioulasso,
avec l’aménagement de 200 parcelles
viabilisées pour y implanter des PME/PMI
intéressées, notamment dans le domaine de
la transformation. Sans oublier les grands
projets d’interconnexion ferroviaire
Kaya-Tambao et Ouagadougou-Kumassi
(Ghana), les programmes d’électrification de zones rurales pour près de 26,2
milliards FCFA, la construction du nouvel
aéroport international de Ouagadougou
pour 114 milliards FCFA.
mais une bonne partie est vendue sur pied
à l’étranger, ce qui entraîne d’énormes
pertes pour les éleveurs ». C’est donc
pour faire face à ce problème que le
gouvernement a décidé de donner un
coup d’accélérateur à ce secteur, via la
modernisation de cet abattoir. A terme,
l’ambition des autorités est de « faire du
pays un grand exportateur de viande dans
la région ouest-africaine », a souligné
Sékou Bâ, le ministre de tutelle. Selon lui,
cette ambition se fonde sur l’existence
d’une demande régionale solvable en
viande, estimée à plus de 60 000 tonnes
d’après les dernières études.
Le secteur de l’élevage est un des moteurs
de la croissance économique du Burkina
Faso, avec une contribution à la formation
du produit intérieur brut (PIB) de 12%.
En 2004, l’abattoir frigorifique de Ouagadougou avait connu une première
réhabilitation à plus de 2,7 milliards de
FCFA grâce au financement taiwanais.
Selon les estimations, avec un cycle de
travail de huit heures par jour, cet abattoir pourrait enregistrer une capacité de
20 000 tonnes de viande par an.
Vers une modernisation de l’abattoir
de Ouagadougou
Dans le but de donner un nouvel élan à
la filière bétail/viande, le gouvernement
burkinabé est à la recherche d’un partenaire
de référence pour l’abattoir frigorifique de
Ouagadougou. Malgré un fort potentiel
en ce qui concerne le bétail, le secteur
rencontre d’énormes difficultés pour sortir
de l’ornière. Selon le diagnostic effectué
par le ministère des Ressources animales,
« le pays élève beaucoup d’animaux,
Le barrage de Samandéni
va booster l’Ouest
Situé à 40 km à l’ouest de Bobo Dioulasso, le barrage de Samandéni est appelé à
devenir le troisième plus grand barrage du
Burkina après ceux de la Kompienga et
de Bagré. Il alimentera une centrale d’une
capacité de 16 gigawatt-heure (GWH)
et servira à l’irrigation pour la culture
de contre-saison, sur une superficie de
21 000 hectares. Avec 1,5 milliard de mètres
cube, des périmètres irrigués, la production
énergétique et industrielle, le recalibrage
du Mouhoun, l’élevage, la pêche, la
pisciculture, les pistes d’accès et la gestion
de la biodiversité comme composantes,
le programme contribuera à terme, selon
ses initiateurs, à 2% au PIB et à 3% à la
production nationale de céréales.
Les infrastructures annexes permettront
une disponibilité annuelle de plus de
300 000 tonnes de produits agricoles et
1 000 tonnes de produits de pêche. Après
la mise en eau du barrage, l’écosystème
environnant sera favorable à l’élevage,
dont le bénéfice chiffré s’élève à 2 000
tonnes de viande et 2 millions de litres de
lait. De surcroît, le programme générera
une valeur ajoutée de 10 milliards FCFA
par an, permettra de créer 96 000 emplois
agricoles et d’installer 24 000 familles en
paysannat.
Parmi les bailleurs de fonds, figurent
actuellement la Banque ouest-africaine
de développement (BOAD), la Banque
d’investissement de la Cedeao (BIDC), la
Banque arabe pour le développement économique en Afrique (Badea), la Banque
islamique de développement (BID), le
Fonds Abu Dhabi pour le développement, le Fonds de l’Organisation des pays
exportateurs de pétrole (OPEP), le Fonds
koweitien et le Fonds saoudien pour le
développement.
L’autoroute YamoussoukroOuagadougou
Le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire
envisagent de rechercher ensemble un
financement pour la réalisation de l’autoroute Yamoussoukro-Ouagadougou, qui
doit s’étendre sur 1 000 kilomètres.
Une usine de transformation
des fruits et légumes
Grâce à un financement de 7,3 milliards
de FCFA émanant de la BIDC, la Société
de transformation des fruits et légumes
(STFL) de Ouagadougou démarrera ses
activités courant 2010. D’une capacité de
250 tonnes/jour, l’usine, qui sera installée
à Loumbila, à 20 km de la capitale, pourra
broyer environ 50 000 tonnes de tomates
par an. Le Burkina Faso produit également environ 200 000 tonnes de mangues
chaque année. Toutefois, la consommation
nationale des produits frais correspond à
environ la moitié de la production locale,
soit 100 000 tonnes par an, entraînant ainsi
d’importantes pertes pour les producteurs.
Le projet ZACA, nouveau visage
de la capitale
Lancé en 2000, le projet d’aménagement
de la Zone d’activité commerciale et
administrative (ZACA) est un programme
d’urbanisation de la ville de Ouagadougou, étalé sur la décennie 2004-2014, qui
doit apporter une nouvelle physionomie à
la capitale. La ZACA – soit une superficie commercialisable de 360 000 m2 – a
pour mission d’améliorer le cadre urbain
pour les activités et les habitants. Il organise et réglemente les différentes actions afin de les rendre plus cohérentes,
et surtout fonctionnelles au regard de
l’envergure des aménagements et des
équipements à réaliser.
Au coût de 100 000 FCFA le mètre carré,
c’est un montant total de 36 milliards
FCFA qu’engrangera le projet à l’issue
de la vente des terrains. Dans cet espace
ZACA, en plus des bâtiments administratifs (siège de sociétés, banques, hôtels)
et commerciaux, bon nombre d’infrastructures socioculturelles et sportives
seront également érigées.
Tiego Tiemtoré
32
Pays
cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010
Des secteurs qui
ont le vent en poupe
L’exploitation des richesses du sous-sol local, le boom des
télécoms ou l’embellie du secteur bancaire sont autant de réelles
opportunités de croissance pour l’économie du Burkina.
Plusieurs programmes immobiliers visent à encourager la diaspora à soutenir le développement économique du pays.
Avec un climat politique relativement
apaisé et une réelle tendance à l’accélération de la croissance, le pays surfe sur
une vague d’optimisme, même si la forte
demande sociale semble ramener à la dure
réalité un pays aux maigres ressources.
Mais pourtant, de véritables lueurs d’espoir sont perceptibles. Passage en revue de
quelques secteurs qui ont le vent en poupe.
Les belles promesses du sous-sol
Avec un potentiel minier riche et varié en
minéraux précieux et de base (or, zinc,
plomb, manganèse, cuivre), le Burkina
Faso a l’ambition de jouer désormais dans
la cour dans grands et de devenir un « pays
minier ». De 2006 à 2009, le dynamisme
du secteur s’est traduit par le lancement de
travaux de construction de huit mines. Au
total, c’est un investissement d’environ 70
milliards de FCFA qui a été réalisé sur l’ensemble de ces sites. Afin de donner corps
à cette ambition, le Burkina Faso a entrepris de courtiser les investisseurs à travers
l’adoption d’un nouveau Code minier en
2003 et l’organisation régulière des « Journées de promotion minière ».
Fin 2009, le nombre de titres miniers et
autorisations valides s’élevait à 371, dont
252 permis de recherche; 3 permis d’exploitation industrielle; 1 permis d’exploitation artisanale semi-mécanisée ;
88 autorisations d’exploitation artisanale
traditionnelle et 27 autorisations d’exploi-
tation de carrières. Selon le ministre en
charge du secteur, Kader Cissé, « les revenus fiscaux annuels dégagés de l’exploitation industrielle de l’or devraient atteindre
26 millions d’euros à partir de 2010, où
l’Etat prévoit l’extraction de 10 tonnes
d’or par an ».
D’ici 2011, le gouvernement burkinabé
a décidé de créer un Institut supérieur de
formation dans les métiers des mines, avec
comme objectif de « répondre aux différents besoins de qualification des sociétés
minières, au regard de l’essor que
connaît l’activité
minière ».
Ce sont surtout
les
perspectives
qu’offre le secteur
qui ravivent de
gros espoirs chez
les Burkinabés. En
effet, après l’entrée
en phase d’exploitation de quatre
mines d’or : Taparko, Youga, Mana et Kalsaka ; d’autres
comme Inata, Essakane, Guiro et Perkoa
sont en construction. Les mines d’or d’Inata et d’Essakane entreront en production
courant 2010.
Vers une refonte du Code minier
C’est aussi pour accompagner ce regain
de vitalité et attirer davantage les investisseurs que le Gouvernement s’apprête à
engager une relecture du Code minier, de
concert avec les sociétés impliquées dans
l’activité. Et dans le souci de réorganiser
et de restructurer le secteur minier, le Gouvernement a également entrepris d’adhérer
au programme sur les industries extractives (ITIE) de la Banque mondiale. Cette
démarche va lui permettre de maîtriser et
de contrôler le recouvrement des recettes
minières grâce à une meilleure fiscalité,
d’assurer un suivi
rigoureux de la gestion de l’environnement, mais aussi
de former, spécialiser et renforcer les
capacités des ressources humaines.
Du mouvement
dans le secteur
bancaire
Le système bancaire du Burkina
Faso est composé de 11 banques et 5 établissements financiers. En 2009, le secteur
comptabilisait environ 505 000 comptes,
pour un bilan total estimé à 758,09 milliards de FCFA, et fonctionnait grâce au
travail de 2 148 agents. Parmi les banques
présentes sur le marché, la Banque internationale du Burkina (BIB), la plus ancienne
du pays, occupe la tête en termes de résultats, suivie de la Bicia-B. Les banques ont
développé plusieurs produits en partenariat
avec le secteur des assurances et de l’immobilier. La presque totalité d’entre elles
se sont appropriées les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) dans le souci d’innover,
notamment sur le plan des prestations offertes. Ainsi, un serveur vocal permet aux
clients d’effectuer des opérations sur leurs
comptes ou d’obtenir des informations par
téléphone. Le « SMS-banking », quant à
lui, permet d’obtenir des informations et
d’effectuer toutes les opérations à partir
d’un poste Internet, ou encore de consulter
son compte par SMS.
A travers un pool local, les banques contribuent également au secteur cotonnier,
principal pourvoyeur de devises du pays.
En lançant un emprunt obligataire de 2
milliards de FCFA en novembre 2006, la
Bank of Africa-Burkina Faso est devenue la première banque burkinabé à être
cotée à la Bourse régionale des valeurs
mobilières de l’Uemoa. A noter aussi,
l’existence d’une Banque de l’habitat du
Burkina Faso (BHBF), née en 2006 et qui
a pour objet principal le financement et la
promotion de l’habitat.
En décidant de céder aux Nigérians
d’United Bank of Africa (UBA) quelque
38% de ses parts dans la Banque internationale du Burkina (BIB), première
banque du pays, l’État a provoqué une
révolution dans le secteur. Au début du
mois d’août 2008, le groupe Ecobank
avait de son côté racheté la Banque agricole et commerciale du Burkina (BACB)
à hauteur de 90% du capital, soit 8,55
milliards de FCFA. Cette opération de
rachat a permis à Ecobank-Burkina de
s’installer au premier rang des banques
au Burkina alors qu’elle n’occupait auparavant que la quatrième place. Après
avoir acquis l’ensemble des filiales africaines de Crédit Agricole France (Côte
d’Ivoire, Sénégal, Gabon, Cameroun
et Congo), Attijariwafa Bank a pour sa
part décidé d’ouvrir une représentation
au Burkina Faso au cours du premier semestre de 2010.
L’essor des télécoms
Le secteur a enregistré un coup d’accélérateur depuis ces trois dernières années,
contrecoup de l’arrivée du mobile en 2000.
Le nombre d’abonnés aux réseaux de téléphonie mobile a connu une croissance de
82,7%, passant de 1 016 605 en 2006 à 1
858 039 en 2007, puis à 2 700 0000 en
2009.
La forte concurrence entre les trois opérateurs qui occupent le marché – Telmob,
Pays
Celtel-Zain et Telecelfaso – a fait chuter
le prix moyen de communication de 240
FCFA/min à 140 FCFA/min fin 2009 et
entraîné la mise sur le marché de produits
innovants. Au début de l’année 2010, on
dénombrait plus de 3 millions d’abonnés au
mobile. Avec ce nombre, la téléphonie mobile couvre 248 localités contre 308 pour le
téléphone fixe.
Après son entrée le 30 avril 2009, avec
12 000 titres vendus, à la Bourse régionale
des valeurs mobilières (BRVM) de l’Uemoa, l’Office national des télécommunications du Burkina (Onatel SA) a intégré l’indice BRVM 10 regroupant les dix sociétés
les plus actives du marché boursier régional dans le dernier semestre 2009. Grâce
à un emprunt obligataire d’un montant de
16 milliards de FCFA, l’Office disposera
supplémentairement, d’ici 2011, de 125
728 lignes fixes et de 550 937 lignes pour
le mobile. A l’évidence, cette performance
vient confirmer son embellie de l’exercice
2009, avec une croissance des revenus
consolidés de + 5,5% et une progression
généralisée du parc du groupe.
Avec plus de 990 000 clients, le parc actif
du mobile a enregistré une hausse de 73%
par rapport à l’année dernière. Quant à Zain
Burkina Faso, il couvre actuellement une
centaine de localités et domine le marché
du mobile. Déjà, 80% des villes exigées
par le Gouvernement dans le cahier des
charges ont accès au réseau, selon les autorités burkinabés. Depuis son implantation,
Zain Burkina Faso a investi environ 31 milliards de FCFA et créé près de 200 emplois
directs et 3 500 indirects.
cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010
Telecelfaso reprend de son côté du poil de
la bête après ses déboires dus à la mésentente entre ses actionnaires. Désormais, la
société dirigée par Moussa Sanfo, ancien
patron de l’Onatel, est sur une pente ascendante et vient de lancer en février 2010
son produit mobile, Navitel, après Zain
Mobile et Mobilis de Telmob-Onatel. La
filiale du groupe Planor, qui compte plus
de 700 000 abonnés et qui couvre déjà
plus de 70% du pays, s’attend naturellement à un flux de nouveaux clients et
entend rester l’opérateur qui propose la
meilleure offre qualité/prix.
quisition de licences d’établissement et
d’exploitation des réseaux de téléphonie
fixe, mobile et d’Internet au Burkina proposent des licences globales donnant la possibilité de fournir les services de téléphonie
fixe, mobile et de l’Internet, couvrant une
période de dix ans.
Le Gouvernement a également autorisé
un appel à candidature pour la délivrance
d’une quatrième licence qui verra l’arrivée
d’un autre opérateur qui devra être « un
vrai professionnel du métier des télécommunications avec une expérience indiscutable dans le domaine ».
Bientôt un quatrième opérateur
Le Gouvernement a décidé, en février dernier, de procéder au renouvellement des
licences des opérateurs de télécommunication mobile. A partir de mai 2010, les trois
opérateurs devront débourser 26 milliards
Des produits immobiliers spéciaux
pour séduire la diaspora
Dans le souci d’encourager la population émigrée à soutenir le développement économique du pays à travers un
investissement immobilier, le Centre de
gestion des cités (Cegeci) s’est engagé à
mettre à la disposition des compatriotes
vivant à l’étranger un cadre d’investissement à travers son Projet diaspora investir au pays (PDIP). Celui-ci offre aux
Burkinabés de l’étranger des possibilités
d’achat de villas déjà construites par la
Cegeci, la construction d’une maison
dans son village et la mise en location. Le
projet à séduit plusieurs Burkinabés de
l’extérieur qui ont pu acquérir des villas
et des parcelles. Mais la demande étant
plus forte que l’offre, la Cegeci n’arrive
pas à satisfaire toutes les demandes, car
à l’exception de certaines zones exclusivement réservées au projet PDIP, les
demandes de la diaspora sont traitées de
FCFA pour avoir une licence au Burkina.
Les précédentes licences, délivrées en mai
2000, arrivent en effet à expiration le 30
mai 2010. Ces nouvelles modalités d’ac-
33
la même manière que celles des locaux.
Quant à la Société nationale d’aménagement des terrains urbains ( Sonatur),
elle favorise également l’acquisition et
l’aménagement de terrains urbains ainsi
que la commercialisation de parcelles
viabilisées. Pour soutenir une telle politique, d’autres initiatives sont en cours
: le prolongement de la Zone d’activités
diverses (ZAD) avec l’aménagement de
200 parcelles viabilisées, le programme
Migration pour le développement en
Afrique (MIDA), le projet ZACA, ainsi
que le projet Dakolé qui concerne l’aménagement d’un périmètre irrigué dans le
Sud-Ouest pour y installer des ouvriers
agricoles qualifiés de la diaspora.
Tiego Tiemtoré
34
Pays
cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010
Le port sec de
Le port et ses
caractéristiques
Bobo-Dioulasso
La plate-forme multimodale, destinée au
traitement du fret
national et international, est implantée sur un terrain
d’environ 19 hectares entièrement
clôturé, extensible
à 40 hectares. Il
comprend :
Inauguré le 22 janvier 2010 dernier en présence du président
Blaise Compaoré, le port sec de Bobo-Dioulasso, capitale
économique du pays, va permettre d’impulser une dynamique
nouvelle aux échanges régionaux.
Ce projet, vieux de plus de vingt ans
et initié par la Chambre de commerce,
vise à l’amélioration du fret et la
promotion des exportations à partir de
la ville de la deuxième ville du pays.
La réalisation du port sec, dont les
travaux de construction ont débuté en
décembre 2006, est une des composantes du programme de réhabilitation
de la région de Bobo-Dioulasso souhaité par le gouvernement burkinabé
qui le considère comme prioritaire et
susceptible d’impulser une dynamique
nouvelle à l’économie de cette partie
du territoire national.
Faire de Bobo-Dioulasso,
un carrefour d’échanges
régionaux
La ville de Bobo-Dioulasso, de par
sa localisation géographique, est un
carrefour d’échanges régionaux qui
concernent plus particulièrement
l’ensemble du Burkina, mais aussi le
Mali, le Niger, la Côte d’Ivoire et le
Ghana. Le traitement actuel du fret
généré par ces échanges commerciaux
souffre de nombreuses insuffisances
en termes d’organisation et d’infrastructures, et en raison de contraintes
liées à la localisation de la gare
routière actuelle au centre de la ville.
C’est pour combler ces insuffisances
qu’un projet de gare routière moderne
à Bobo- Dioulasso a été envisagé
depuis plus de vingt ans. C’est une
préoccupation dont l’unanimité autour
du partage entre l’Etat et le secteur
privé s’est traduite par l’attribution
par l’Etat à la Chambre de Commerce
en novembre 1983 d’un terrain de 120
hectares.
Le port sec est situé dans la zone
industrielle de Bobo-Dioulasso. Il est
desservi par les voies terrestres et
ferroviaires en provenance de la Côte
d’Ivoire, du Mali et du Ghana. Il est
situé à trois kilomètres de l’aéroport
de Bobo-Dioulasso.
Sa réalisation comprend deux composantes : une plate-forme multimodale pour le traitement du fret national
et international et un port franc. La
première composante qui permettra
le démarrage des activités se compose
essentiellement de six volets et est réalisée sur financement d’un consortium
de banques burkinabés constitué de la
BICIA-B, la BCB, la BIB, la BACB,
la SGBB et la Chambre de commerce
et d’industrie du Burkina Faso.
Sans nul doute, l’entrée en service
du port sec réunira les infrastructures
d’accueil des PME exportatrices et
les services d’accompagnement, et va
offrir une plate-forme moderne et
adéquate de fret en vue de réunir les
formalités douanières pour l’importation et l’exportation des marchandises
en un seul lieu.
Partenaire de premier plan du Burkina
Faso dans les échanges économiques,
le Port autonome d’Abidjan était
parmi les invités de marque, avec sa
délégation conduite par le directeur
général, Marcel Gossio.
Le coût total de réalisation du port sec de BoboDioulasso est évalué à 16,5 milliards FCFA, dont
6,5 milliards FCFA pour la plate-forme multimodale, et 10 milliards FCFA pour le port franc.
Le projet de plate-forme multimodale est financé
selon le schéma approuvé par le Conseil national
de la dette publique :
- BOAD : 2,5 milliards FCFA.
- Consortium de banques burkinabés (comprenant
la Bicia-B, la BCB, la BIB, la SGBB et la BACB) :
2,95 milliards FCFA.
- Chambre de commerce et d’industrie : 1,05 milliard FCFA.
Tiego Tiemtoré
Burkina Faso
Fiche signalétique
Statut : République.
Superficie : 274 000 km2.
Population : 15,2 millions d’habitants
(pop. urbaine : 18,4% ; rurale : 81,6%).
Densité : 46,1 hab./km2.
Espérance de vie : 46 ans.
Taux brut de scolarisation : 72%.
Religions : animistes, musulmans, chrétiens.
Capitale : Ouagadougou.
Villes principales : Bobo-Dioulasso, Ouahigouya,
Koudougou, Banfora, Fada, Tenkodogo, Kaya.
Pays limitrophes : Bénin, Côte d’Ivoire, Ghana,
Mali, Niger, Togo.
Climat : une saison sèche de novembre en mai
et une saison pluvieuse de juin en octobre.
Mars et avril sont les mois les plus chauds,
décembre et janvier les plus frais.
Langues : la langue officielle est le français.
- Un magasin sous
douane d’environ
2 275 m2 et un terre-plein sous douane de
36 500 m2 pouvant accueillir 268 camions.
- Un magasin d’exportation d’environ 600 m2.
- Un terminal à conteneurs extensible d’environ
18 500 m2 et un atelier de maintenance.
- Un espace pour camions de marchandises
diverses : un terre-plein de 16 000 m2 pour le
trafic en transit d’une capacité de 102 camions et
un magasin sous-douane.
- Un espace pour camions citernes.
- Un magasin hors douane d’environ 2 457 m2 et
un terre-plein hors douane de 8 000 m2 pouvant
accueillir 48 camions.
Une soixantaine de langues parlées, les plus
courantes sont le mooré, le dioula et le foulfouldé
(ou peulh), le bissa et le gulmancéma.
Presse : L’Observateur, Sidwaya, Le Pays
(quotidiens) ; San Finna, Bendré (hebdomadaires) ;
Le Faso.net, Burkina Online, Fasozine.com (Web).
Monnaie : franc CFA.
Budget 2010 : 887 milliards FCFA.
Répartition du PIB : secteur primaire (31 %),
secondaire (18,9 %) et tertiaire (50,1 %).
Importations : 557,4 milliards FCFA.
Exportations : environ 275,4 milliards FCFA.
Investissements directs étrangers : 600 millions
de dollars.
Production agricole : 530 000 t de coton,
210 000 t de riz, 43 943 t de fruits et légumes,
36 800 t de sucre.
Eau : 61% de taux d’accès. 40 000 puits et
forages et 1 500 barrages et retenues d’eau
disponibles. Réserves en eau souterraine évaluées
à 113,5 milliards m3, mais seulement 9,5 milliards
m3 exploitables.
Elevage : cheptel estimé à 27 millions de têtes et
32 millions de volailles en 2005. Le pays importe
chaque année plus de 12 milliards FCFA de
produits laitiers.
Réserves minières : manganèse de Tambao
(réserves estimées à 19 millions de tonnes) ;
potentiel de 370 000 tonnes de sables silicieux
dans la région de Bobo-Dioulasso ; gisement de
phosphates à l’est ; réserves de 46 tonnes d’or
à Essakane et Wona-Fobiri ; indices de cuivre
(100 000 tonnes) au sud-ouest et de bauxite
à l’ouest.
Taux d’électrification : 23%. Prévision pour
2015 : 60%. Future interconnexion avec le Ghana
d’ici 2015.
Tourisme : 20 milliards FCFA de recettes et
290 000 touristes en moyenne annuelle. Environ
300 hôtels sur l’ensemble du pays. Cinquième
place des destinations en Afrique de l’Ouest.
Transport aérien : le Burkina Faso est desservie
par une dizaine de compagnies aériennes, dont
Air France, Afriquiya, Royal Air Maroc, Ethiopian
airlines…
36
Pays
cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010
Têtes d’affiche
Ils contribuent au rayonnement de l’économie burkinabé,
sur le plan local comme à l’international. Portraits de ces
hommes et femmes qui font le Burkina de demain.
Henriette Kaboré
PDG de BTM
Les femmes ne
se bousculent pas
dans le secteur
des bâtiments et
travaux publics.
Henriette
Kaboré, directrice
générale de Bâtiments-Travaux
publics-Maintenance (BTM), est
l’une des rares femmes au sommet dans
ce secteur de la construction au Burkina
Les Burkinabés
de Côte d’Ivoire :
un cas à part
Présent aux quatre coins et jusque
dans les hameaux les plus reculés, les
Burkinabés de Côte d’Ivoire constituent
un cas exceptionnel d’immigration en
Afrique noire. Depuis le début du XXe
siècle, des milliers de migrants sont venus en grand nombre pour travailler sur
les plantations de Côte d’Ivoire. Même
après la fin du travail forcé en 1946, ce
mouvement migratoire s’est poursuivi
jusqu’à l’indépendance et après, sous
l’impulsion des planteurs locaux qui
avaient besoin de main-d’œuvre. Les
impératifs de l’explication coloniale ont
fait que les limites de la colonie de la
Côte d’Ivoire ont changé fréquemment.
Elles n’ont été fixées avec celles de la
Haute-Volta (Burkina Faso), du Mali (ancien Soudan français) et du Niger qu’en
1947. Houphouët-Boigny a été élu, en
1945, député au parlement français au
titre d’un territoire de la Côte d’Ivoire et
le Burkina Faso d’aujourd’hui.
Plusieurs groupes ethniques communs
entre la Côte d’Ivoire et le Burkina se
retrouvent dans plusieurs régions. A
titre d’exemple, dans la région Lobi :
Bouna, Doropo, Tenin. Dans la région
Birifor : Bouna. Dans la région Dioula :
Bassawa, Satama, Kong, Bondoukou.
Dans la région Gbin : Odienné, Tengrela. Dans la région Gouin : Ferkéssédougou. Dans la région Senoufo : Boundiali,
Dabakala, Ferkéssédougou, Katiola, Korhogo, Ouangolodougou, Tafiré, Tortiya.
Aussi, l’histoire du peuplement des
zones frontalières épouse les soubresauts de l’histoire politique des deux
pays. Plusieurs villages ivoiriens, peuplés de Burkinabés seront dénommés
selon les régions d’origine des immigrés. Ainsi on aura Koupela, Mossikro,
Koudougou, Garango, en plein territoire
ivoirien !
Faso. Elle a décidé de s’y frayer un chemin. Pour connaître au bout du compte
une reconnaissance méritée, même au-delà
de ses frontières. A Genève, en 2005, le
Conseil de la Fondation pour l’excellence
dans la pratique des affaires lui a décerné
une médaille d’or pour le dynamisme de
son entreprise.
Henriette Kaboré a fait ses débuts dans le
monde de l’entreprenariat en Côte d’Ivoire,
avant de retourner au bercail en 1995. En
l’espace d’une décennie de présence sur
ses terres, elle s’est imposée dans le monde
des entrepreneurs en faisant de sa société
une référence. Elle présente à son actif de
grandes réalisations dont les imposants
sièges de l’Office national de l’eau et de
l’assainissement (Onea), la Banque commerciale du Burkina, deux amphithéâtres
à l’université de Ouagadougou, plusieurs
voies routières, des villas présidentielles à
Ouaga 2000.
Son challenge actuel est de réaliser une
cité composée de milliers de logements à
Balkuy, à la périphérie de la capitale. Henriette Kaboré est aussi consul honoraire
de la Corée du Sud au Burkina, membre
consulaire de la Chambre de commerce et
d’industrie du Burkina, et membre du Club
des hommes d’affaires franco-burkinabé.
Idrissa Nassa
PDG de Coris Bank International
La CBI est née
à la suite de la
transformation de
l’établissement financier, la Financière du Burkina
(FIB-SA), en une
banque classique
qui mettra l’accent sur l’accompagnement
des
activités économiques des PME-PMI et
des particuliers. Créée en 1986 avec pour
vocation essentielle de faire du crédit à
la consommation, la FIB a connu une recapitalisation et une réorganisation en
2001 avec sa reprise par Idrissa Nassa.
La banque est présente dans l’immobilier,
l’informatique, le commerce général, l’imprimerie, l’hôtellerie…
Idrissa Nassa a placé la barre haute pour
ce challenge : « Coris bank international
ambitionne de devenir, dans un proche
avenir, la banque la plus performante et
la plus accessible de la place au Burkina
», avait- t-il expliqué lors du lancement
de celle-ci. En partenariat avec la Banque
pour le financement de l’agriculture (BFA)
de Côte d’Ivoire, Coris Bank International
du Burkina a décidé, fin 2009, d’ouvrir des
guichets en Côte d’Ivoire. Objectif : aller à
la conquête de l’importante diaspora burkinabé. Pour l’instant, trois guichets ont
été ouverts à Abidjan et Méagui en attendant d’autres dans les prochaines années,
si l’engouement est manifeste. La CBI est
actuellement la banque burkinabé qui a le
vent en poupe avec l’ouverture d’une dizaine d’agences.
Alphonse Kadjo
Un Ivoirien à la tête de la BIB
C’est un Ivoirien
qui dirige depuis
2009, la première
banque
burkinabé, la Banque
Internationale du
Burkina (BIB).
Né il y a quarantesix ans à Abidjan
d’un père Agni de
Mafféré (Aboisso) et d’une mère Baoulé d’Essekro (Dimbokro), celui-ci a débuté sa carrière dans le
groupe Citibank et prendra officiellement
les rênes de la BIB début 2009.
Diplômé de l’Ecole supérieure de commerce d’Abidjan et du Brighton Business
School en Angleterre, Alphonse Kadjo totalise vingt ans d’expérience bancaire. Il a
passé la majeure partie de sa carrière à la
Citybank où il a terminé à Abidjan comme
vice-président en charge de cinq pays
(Cameroun, Côte d’Ivoire, Gabon, RDC,
Sénégal). Il a ensuite rejoint en 2008, le
siège d’UBA à Lagos, d’où il sera détaché
au Burkina pour diriger la BIB qui est la
plus grosse filiale de UBA hors du Nigeria.
La BIB a été reprise officiellement en novembre 2008 par le groupe nigérian United
Bank for Africa (UBA). Selon cette nouvelle configuration, 37,84% du capital appartient à UBA qui devient le partenaire de
réfrence ; 28% pour le privé national ; 24%
pour la Cofiba, une entité regroupant des
investisseurs africains ; et 10% pour l’Etat
burkinabé.
Créée en 1974, la BIB, qui était la troisième banque du Burkina, est aujourd’hui
la première en termes de finances (309
millions de dollars), de taille (21 agences
ouvertes sur l’ensemble du territoire) et
d’innovations parmi les grandes banques
du pays. Aujourd’hui, avec son nouveau
patron, la BIB a pour ambition d’être la
première institution financière du Pays des
hommes intègres.
Le groupe UBA ambitionne d’apporter à la
BIB un paquet d’innovations en doublant
le nombre d’agences et de GAB (respectivement au nombre de 20 et de 32) d’ici
à 2011, d’introduire les TPE, d’être leader
au niveau des cartes magnétiques et de la
monétique.
Malgré la crise que traverse la filière cotonnière du pays (60% des recettes d’exportation et 30% du PIB) la BIB restera
le chef de file du pool bancaire national.
Le capital, qui est passé à 12 milliards de
FCFA, devrait être porté à 25 milliards de
FCFA d’ici peu, selon ses responsables.
Alizéta Ouédraogo
La reine des peaux et cuirs
Belle-mère de la
famille présidentielle (sa fille Salah est l’épouse
de François Compaoré, frère cadet
du chef de l’Etat),
vice-présidente
de la Chambre de
commerce, elle
est une des plus
grosses fortunes du Burkina. Du secteur
des peaux et cuirs où elle règne en reine,
elle s’est orientée en plus vers l’immobilier et le BTP.
Alizeta Ouédraogo dirige la plus grande
entreprise de traitement des peaux et de
transformation du cuir de l’Afrique de
l’Ouest, qui alimente par tonnages entiers
les chausseurs et les meilleurs couturiers
d’Europe.
Son groupe est considéré aujourd’hui
comme « l’une des plus importantes entreprises de tannerie en Afrique de l’ouest »,
selon la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina.
Née à Ouahigouya, à 185 km de Ouagadougou, cette quinquagénaire grandit dans
un milieu de commerçant. En 1986, elle
crée les Etablissements Ouédraogo Alizéta, spécialisés dans le travail des peaux et
cuirs. Dans le cadre du programme de privatisation, Alizéta Ouédraogo rachète en
1991 la Société burkinabé de manufacture
et de cuirs (SBMC) et la société burkinabé
des cuirs et peaux (SBCP). Les activités
de son groupe la conduisent en Asie, en
Europe et en Amérique à la conquête des
marchés. Les cuirs et peaux représentent
4,9% du volume des produits burkinabés
exportés, selon le ministère du Commerce.
Ses activités philanthropiques ne sont pas
des moindres. Fin 1997, elle décide de se
lancer dans l’immobilier en créant la première grande agence immobilière privée
du pays, Azimmo, avant de racheter en
décembre 2001, la Société de construction
et de gestion immobilière du Burkina (Socogib). Avec la création, courant 2009, de
l’entreprise Sacbat, elle affirme sa volonté
de jouer dans la cour des grands dans le
secteur du BTP.
Oumarou Kanazoé
Le milliardaire au cœur d’or
Tout le monde au
Burkina Faso a
entendu parler de
ce
milliardaire
atypique.
Cet
homme milliardaire, un fils du
terroir toujours en
grand boubou, est
actif depuis pratiquement un demisiècle. A 81 ans, Oumarou Kanazoé est le
plus grand entrepreneur du Burkina et l’un
des plus riches. Parti de rien, sans grande
instruction scolaire, son amour pour le travail, son patriotisme et sa générosité lui ont
valu une reconnaissance transnationale.
L’entreprise Oumarou Kanazoé (OK), qui
fait la fierté du pays, s’est taillée une réputation dans la réalisation des routes, de
Pays
La diaspora
burkinabé
dans le monde
Les Burkinabés à l’extérieur sont estimés
entre 12 à 13 millions de personnes. Avec
près de 3,5 millions de sujets, la Côte
d’Ivoire vient en tête, suivie du Ghana, de
l’Arabie saoudite et du Soudan. D’autres
pays de l’Afrique tels que le Niger, le Mali,
le Gabon et le Togo accueillent d’importantes colonies de Burkinabés. Du côté
de l’Europe, La colonie burkinabé d’Italie
est estimée à plus de 8 000 âmes, ce qui
fait d’elle la plus forte diaspora burkinabé
vivant hors d’Afrique. Suivent la France,
l’Italie, l’Espagne et l’Allemagne. Le pays
compte 28 ambassades, 5 consulats généraux, 70 consulats honoraires.
ponts et chaussées, de bâtiments, de barrages, d’aménagements hydro-agricoles,
au point de devenir le plus important empire économique du Burkina Faso.
L’entreprise OK, c’est d’abord et avant
tout le flair d’un homme : El Hadj Oumarou Kanazoé.
Fils unique de sa mère, Kanazoé, qui naquît le 31 décembre 1927, est originaire de
Yako à 100 km de Ouagadougou, en direction du nord. Après ses années d’école coranique, il se lance dans le commerce. La
vente des cotonnades au Mali et au Ghana
constitue son premier créneau.
Il réalise des économies qui lui permettront, en 1950, d’ouvrir une boutique et un
restaurant à Yako. Ses affaires prospèrent
et, en 1955, il achète un premier camion
pour transporter diverses marchandises.
Ainsi prend-il pied dans le transport. Au
début des années 70, on le retrouve dans
divers secteurs : construction, commerce
général, gros œuvre, etc. L’idée lui vient
en 1973 de porter sur les fonds baptismaux
l’entreprise Oumarou Kanazoé.
Son premier contrat est la réalisation d’un
tronçon de route de 50 kilomètres. L’année
suivante, il passe une commande de plus
de cent camions. Kanazoé devient incontournable dans le secteur stratégique du
bâtiment et des travaux publics. L’entreprise s’orientera alors vers le bâtiment et
cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010
Estimation des Burkinabés
à l’étranger par principaux pays
Côte d’Ivoire : 3,5 millions
Ghana : 3 millions
Arabie saoudite : 1,5 million
1,2 million
Soudan : Mali : 1 million
Bénin : 500 000
Togo : 500 000
Sénégal : 400 000
Niger : 350 000
Italie : 30 000
12 000
Gabon : Etats-Unis : 6 000
France : 4 500
Guinée Equatoriale : 4 000
750
Belgique :
Allemagne : 700
les travaux publics : routes, barrages, aménagement hydro-agricole. Elle compte plus
de 400 véhicules et engins pour les travaux
publics, 10 scrapers (dont l’unité revient à
plus de 200 millions FCFA), 4 carrières et
un hélicoptère qui assure les déplacements
entre les chantiers.
Ses enfants travaillent tous dans l’entreprise. Le premier, Mady, la cinquantaine,
assume la tâche de directeur général, aidé
par Yacouba, le second. C’est lui qui aura
la lourde tâche de continuer l’œuvre de
son père. On évalue à une vingtaine de
milliards de FCFA l’argent injecté chaque
année par Oumarou Kanazoe dans le tissu
économique burkinabé.
L’entreprise Oumarou Kanazoe est un
véritable empire et son boss un véritable
leader. Grâce à son entregent, l’entreprise
est rapidement devenue l’un des fleurons
de l’économie nationale et l’entrepreneur
l’un des hommes les plus riches du pays.
S’il a abandonné le secteur du transport
et du commerce général, son activité se
concentre désormais sur le bâtiment et les
travaux publics dont il rafle la quasi-totalité des appels d’offres. Pour les techniciens du ministère des Infrastructures, OK
a contribué fortement a tiré vers le haut un
secteur qui stagnait avant les années 2000.
Avec une croissance de plus de 7,5% par an
depuis 2001, le secteur du BTP est en plein
Le Forum
Afric-Allia
Destiné aux entreprises du monde entier en recherche
d’échanges internationaux, l’objectif visé par cette manifestation commerciale est de développer des opportunités
d’affaires dans l’espace l’Union économique et monétaire
ouest-africain (Uemoa) et au Burkina Faso par l’accès à de
nouveaux marchés internationaux, des investissements et
des partenariats économiques, financiers et commerciaux.
Depuis 2004, la Chambre de commerce et d’industrie du
Burkina Faso (CCI-BF) participe aux différentes éditions
de ce forum inspiré de l’expérience de Futurallia, créé
par le département de la Vienne, en France, et rassemblant des chefs d’entreprise du monde entier durant 48
heures autour d’un concept : « business to business ». Le
forum est organisé sous la forme de rendez-vous en faceà-face de trente minutes. Les participants peuvent choisir jusqu’à douze entreprises qu’ils souhaitent rencontrer
essor au Burkina Faso. Cette croissance
est tirée par la hausse de l’investissement
immobilier et par la relance des infrastructures, financée en partie par les bailleurs
de fonds internationaux. Les grands projets de travaux publics concernent principalement les infrastructures routières qui
sont nécessaires pour désenclaver le pays
et contribuer à son développement économique. Les projets concernent également
la construction et la réhabilitation de barrages et le renforcement des infrastructures
d’approvisionnement en eau.
Depuis mai 2006, le groupe Kanazoé est
aussi devenu le distributeur des marques
Ford et GWM, à travers la création d’Africa Motors Burkina que dirige le cadet des
Kanazoé, Djibril. En moins de deux ans
d’existence, Africa Motors Burkina s’est
imposé comme un sérieux concurrent dans
ce domaine qui était la chasse gardée des
multinationales.
Des marchés dans les pays voisins
Les activités de cette entreprise ne se situent pas seulement au Burkina Faso mais
également dans la plupart des pays voisins
et s’étendent dans toute la sous-région
ouest-africaine. Toutefois, la société doit
faire face à une compétition nationale et
internationale de plus en plus forte. Elle
intervient au Burkina Faso mais aussi dans
les pays voisins. Selon sa direction, l’entreprise OK est intervenue au Niger, au
Bénin, au Mali. Elle ambitionne désormais
de décrocher des contrats Côte d’Ivoire, au
Togo, et dans le reste de la sous-région...
Depuis 1995, El Hadj Oumarou Kanazoé assure la présidence de la Chambre
de commerce, de l’industrie et de l’artisanat du Burkina Faso. A la tête de la
Chambre de commerce, EI Hadj Kanazoé
n’avait pas eu besoin d’être candidat à sa
propre succession pour se voir reconduit
pour un mandat de cinq ans. Ce plébiscite par le monde des affaires, qui n’est
du reste pas une surprise dans le landerneau économique du pays, constitue un
véritable baromètre de son action à la tête
de l’institution et de sa popularité. Malgré
ses succès, il n’a pas oublié son origine
modeste et son éducation morale. Les populations découvrent au jour le jour son
extrême générosité. Il offre des vivres
aux régions connaissant un déficit céréa-
37
lier, il construit bénévolement des écoles,
sans oublier les nombreuses mosquées.
Chaque vendredi, ses deux résidences (au
centre commercial et à Pissy) sont prises
d’assaut par les nécessiteux. Un regard,
un geste et voici la main qui ressort avec
des liasses de billets. Plusieurs familles et
structures ne vivent que grâce à ses dons.
Il ne lésine jamais à aider son prochain.
Ce sens de l’altruisme est chez lui comme
une fixation, au sens psychanalytique du
terme. « L’homme ne vaut que par ses
rapports avec les autres. L’argent doit aider les nécessiteux. Si je suis riche, c’est
grâce à Dieu. Je répands le bonheur autour de moi pour le remercier. » Kanazoé
est voué à la cause de l’Islam et à ce titre,
il est également président de la Fédération
des associations islamiques du Burkina
Faso. Son vœu : « Avoir longue vie et la
bénédiction de Dieu pour pouvoir réaliser le maximum de choses au profit des
êtres humains. »
Tiego Tiemtoré
Le droit de vote
pour les Burkinabés
de l’extérieur
Le Conseil supérieur des Burkinabés
de l’étranger (CSBE) est une structure émanant du ministère des Affaires
étrangères. Il a été crée en 1994 pour
remplacer la Direction des Burkinabés
de l’étranger d’alors. Le rôle des délégués du CSBE est de faire rayonner
l’image du Burkina-Faso à travers le
monde, d’aider les Burkinabés à s’insérer harmonieusement dans leur pays
d’accueil et se réinsérer au Faso. Depuis mai 2009, les Burkinabés de l’extérieur ont obtenu le droit de vote suite
à la relecture du Code électoral par
l’Assemblée nationale. Pour beaucoup
d’observateurs, cette décision est une
avancée démocratique et une injustice
réparée. Mais sa mise en œuvre va
exiger beaucoup de sacrifice et de volonté politique car théoriquement, tous
les ressortissants burkinabés résidant à
l’extérieur doivent être recensés et enrôlés pour les prochaines élections.
Tiégo Tiemtoré
Le Forum régional de développement des entreprises
Afric-Allia se tiendra les 20 et 21 mai 2010 à Ouagadougou.
Au total, 300 chefs d’entreprises venus d’Europe, d’Asie,
d’Amérique, et de l’espace Uemoa sont attendus
à ce grand rendez-vous d’affaires.
en deux jours. En marge des rendez-vous d’affaires, des
conférences thématiques, des déjeuners d’affaires et des
soirées sont organisés. Il s’agit d’une occasion unique
d’échanger avec des entrepreneurs étrangers souhaitant
développer des projets ou ayant déjà des activités sur le
territoire africain et ailleurs dans le monde. Les principaux secteurs d’activités concernés par ce forum sont les
énergies renouvelables, les technologies de l’information
et de la communication, l’agroalimentaire, l’industrie textile, la distribution, l’artisanat, le tourisme, l’environnement, les activités médicales et pharmaceutiques.
Une organisation tournante
Ce forum est aussi l’occasion de faire de cette rencontre
de chefs d’entreprises un événement économique en écho
aux cinquante ans d’indépendance du Burkina Faso, qui
seront célébrés en décembre 2010 à Bobo-Dioulasso. A
cette occasion, la CCI-BF mettra sur les fonds baptismaux une association qui prendra le relais de l’organisation de ce type de forum dans les pays membres de l’Uemoa de façon tournante. A la tête du comité de pilotage
d’Africallia, se trouve Gaspard Ouédraogo, ex-président
directeur général de la Banque internationale du Burkina,
également président du conseil d’administration de la Société d’intermédiation financière (SBIF) du Burkina et de
la Société ouest-africaine de gestion d’actifs (Soaga), basée au Bénin. Selon lui, « le but du forum est de permettre
à l’investisseur étranger de rencontrer en un seul lieu, les
chefs d’entreprise des huit pays de l’Uemoa ».
Tiégo Tiemtoré
38
Afrique
cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010
Uemoa : seize ans après,
quel bilan ?
Depuis sa création en 1994, où en est l’Union dans ses
grands chantiers : intégration sous-régionale, lutte contre
la pauvreté, développement des échanges, harmonie
des politiques budgétaires et fiscales, convergences des
politiques communes, libre circulation des personnes
et des biens ? Bilan et perspectives.
L’Uemoa regroupe huit Etats membres
de l’Afrique de l’Ouest ayant en partage
l’usage du franc CFA : le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la GuinéeBissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le
Togo. Il a été créé par un traité signé le
10 janvier 1994 à Dakar, au Sénégal,
qui est entré en vigueur le 1er août de la
même année.
Sa zone d’influence est un territoire d’une
superficie de 3 509 600 km2 qui compte
80,3 millions d’habitants, soit 30% de
la population de l’Afrique de l’Ouest.
L’Uemoa est cité en référence comme la
structure intégrationniste qui fonctionne
le mieux sur le continent africain.
Les chiffres présentent un taux de croissance des échanges communautaires de
15,5%, un taux de croissance de l’Union
de 3% en 2009, un volume de plus de 700
milliards de FCFA mobilisés et injectés
dans l’économie régionale à la fin 2009
dans le cadre du programme d’apurement
des arriérés de paiements intérieurs des
Etats.
Le budget de l’Union pour l’exercice
2010, équilibré en recettes et dépenses,
s’élève à plus de 155 milliards de FCFA,
financés à hauteur de 62% par les ressources propres et 38 % avec les appuis
L’Uemoa dispose d’une zone d’influence
sur un territoire qui regroupe
80,3 millions d’habitants.
des partenaires au développement. Une
inflation prévue à 1,3% et une dette
publique qui représente environ 40% du
PIB de la zone. En 2010, l’environnement
économique international laisse présager
de meilleures perspectives, selon les spécialistes. Le taux de croissance envisagé
dans l’Union s’élèverait 4% en comptant
sur un redressement de l’activité économique dans tous les États.
Des acquis importants dans
les politiques sectorielles
Comme son nom l’indique, l’Uemoa
a choisi comme forme d’intégration
l’union économique, qui crée un espace
économique régional vraiment unifié, où
non seulement les biens mais aussi les
personnes et le capital peuvent circuler
librement. Elle requiert à ce titre l’harmonisation de nombreuses réglementations
et une coopération dans le domaine de la
politique macroéconomique.
L’intégration se réalise principalement à
travers quatre chantiers : la coordination
des politiques macroéconomiques nationales, la mise en place d’un marché com-
mun (union douanière où prévalent la libre
circulation des personnes des services,
des capitaux et le droit d’établissement),
l’harmonisation et l’assainissement des
réglementations économiques, la mise en
œuvre des politiques sectorielles.
Les instances de l’Uemoa ont su réaliser
des progrès fort encourageants. Seize ans
après sa création, l’Union a su concrétiser l’adoption des politiques communes
en matière agricole, industrielle, minière,
énergétique et environnementale ainsi
que la mise en œuvre de programmes
relatifs aux transports terrestres, aériens
et maritimes, à la promotion de la femme
et aux réformes de l’enseignement supérieur, contribuant à la réalisation de ses
objectifs. Des politiques et programmes
communautaires ont été nommément
appliqués pour mettre en œuvre le Programme économique régional (PER).
Ainsi, au chapitre de l’harmonisation et
de l’assainissement des réglementations
économiques – notamment le programme
d’harmonisation des fiscalités directes
intérieures –, de nombreux acquis sont
à relever dont l’instauration et l’harmonisation de la taxe sur la valeur ajoutée
(TVA). Outre les réformes relatives à la
rationalisation de la fiscalité par la généralisation de la TVA dans les différents
pays membres, deux projets de directives
ont été élaborés et mis en application
depuis 2001. Il s’agit du projet de directive
relative à la taxation des produits pétroliers
au sein de l’Uemoa et de celui portant
régime harmonisé de l’acompte sur impôts assis sur les bénéfices. Concernant
l’harmonisation fiscale, un programme
d’harmonisation des fiscalités indirectes a
été adopté et concerne la TVA, la fiscalité
sur les produits pétroliers, etc.
L’impact de l’union douanière
L’union douanière, effective depuis
janvier 2000, a marqué un progrès
important dans la relance de l’économie des Etats à travers le développement des échanges intracommunautaires par « l’effet conjugué d’un
désarmement tarifaire interne et du
blocage de tout réarmement de la
fiscalité de porte ». Outre les produits
Vers un pôle industriel
sous-régional de
transformation du coton
Face aux difficultés de la filière, les espoirs reposent sur les investisseurs
pour transformer sur place le coton, de
manière à favoriser l’émergence d’une
véritable industrie textile sous-régionale. L’Union s’était fixée pour objectif
de transformer 25% de son coton d’ici
l’an 2010 et avait établi dans ce sens un
agenda pour la compétitivité de la filière
coton/textile.
L’ambition de créer de la valeur ajoutée
locale à la fibre de coton de l’espace
communautaire est toujours de mise et
constitue une démarche naturelle comparativement aux grandes zones productrices de coton à travers le monde.
C’est dans ce cadre que la Commission
de l’Uemoa a encadré les quatre pays
co-auteurs de l’Initiative sectorielle en faveur du coton auprès de la BAD pour la
détermination d’un programme multinational d’amélioration de la compétitivité
de la filière coton/textile. Ce partenariat a
heureusement abouti à la signature d’un
accord de financement de l’ordre de 27
milliards de FCFA destiné à soutenir l’accès aux intrants, à la plus grande productivité de coton-graine, à la réalisation de
pistes rurales, à la formation de jeunes
et de femmes évoluant dans le secteur
artisanal.
Au Burkina Faso tout comme au Mali, le
défi de la transformation locale du coton
continue d’alimenter les débats. Ces
deux pays, premiers producteurs africains de l’or blanc, transforment moins
de 3% de leur production. De 41 unités industrielles textiles dans les pays
de l’Union en 1980, seule la moitié est
encore aujourd’hui en activité, avec des
fortunes diverses, et doit faire face à l’invasion des produits asiatiques.
Les professionnels des industries cotonnières et textiles des pays membres de
l’Union déplorent le faible taux de transformation locale de la production cotonnière dans la zone : « De nos jours, les
industries locales n’arrivent pas à transformer plus de 5% du million de tonnes
de coton fibre produit annuellement,
alors que la demande est très forte. »
Aujourd’hui, les statistiques de l’Union
estiment à plus de 1 067 millions d’euros le marché textile de l’Union. L’étude
d’identification et de promotion d’unités
industrielles régionales dans la filière
coton de l’Uemoa, menée en 2004 sur
financement de la BOAD et réalisée par
le Centre de développement des entreprises de Bruxelles (CDE), indique que
25% de la production de coton, qui représente 5% à 10% du PIB des pays
cotonniers de l’Uemoa, pourrait être
transformée d’ici à 2010, entraînant la
création de 50 000 emplois.
T.T.
Afrique
du cru et de l’artisanat traditionnel, qui
circulent en toute franchise des droits et
taxes, « plus d’un millier de produits
agréés, fabriqués par environ 400 entreprises des pays membres, circulent sur
le territoire de la communauté sous le
régime de la taxe préférentielle communautaire (TPC) avec une réduction de 5% », indique le rapport de
la Commission des politiques commerciales et douanières. La mise
en place du Tarif extérieur commun
(TEC) matérialise le départ de la politique
extérieure commune. Le TEC constitue,
avec la TPC, une des composantes essentielles de l’union douanière. Entré en
vigueur depuis le 1er janvier 2000, le
TEC est la somme de trois droits permanents : le droit de douane, la redevance statistique au taux unique de 1%
sans exonération, le prélèvement communautaire de solidarité, également au
taux unique de 1%. « Il poursuit trois
objectifs principaux, à savoir la volonté d’ouverture de l’espace Uemoa vers
l’extérieur, la protection de la production communautaire, la lutte contre le
détournement de trafic », précisent les
experts de l’institution.
Une nouvelle impulsion pour
les échanges régionaux
La mise en application du TEC avait surtout pour objectif de créer une sorte de
« frontière commune » et de supprimer
les distorsions de taxation et de concurrence entre les Etats membres de l’Union.
Combinée au TEC, la libéralisation des
cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010
échanges intracommunautaires (suppression des droits de douane sur les produits
originaires de l’Union) a permis de faire
passer en dix ans la
part du commerce
intra-régional de 8%
à 15% des échanges
globaux. Ce dynamisme des échanges
régionaux,
certes
relatif mais réel, est
confirmé par le système de compensations financières qui
a été sa principale
mesure d’accompagnement. En effet,
l’Union a payé aux
Etats
membres,
entre 1998 et 2008,
un montant total de
191,5 milliards de
FCFA au titre des
moins-values de recettes douanières.
Au
niveau
des
finances publiques, les Etats fournissent
des efforts remarquables pour améliorer le
recouvrement des recettes. Dans pratiquement tous les pays, on constate un renforcement des performances des régies financières. Les recettes budgétaires de l’Union
ont progressé pour se situer à 19% du PIB
en moyenne. Cette évolution favorable de
la capacité financière des Etats a contribué
particulièrement au renforcement des
dépenses d’investissement en rapport avec
la mise en œuvre des stratégies de réduc-
tion de la pauvreté. Dans le cadre des politiques sectorielles communes, tant au
niveau du programme énergétique communautaire, de la
politique industrielle commune,
de la politique
agricole de l’Union
que de la politique
communautaire
d’amélioration de
l’environnement,
diverses études
ont été menées et,
dans l’ensemble,
ces différents projets avancent. Au
plan institutionnel,
l’Uemoa s’est dotée de plusieurs
instances dont la
Cour de justice,
principal organe
de contrôle juridictionnel, installé
en 1995. On peut
également citer la Commission, organe
exécutif, le Comité interparlementaire,
embryon du futur Parlement de l’Union,
ou encore la Cour des comptes et la
Chambre consulaire, toutes fonctionnelles
depuis 1998.
La surveillance multilatérale des politiques macroéconomiques a porté sur le
marché commun et l’harmonisation de la
fiscalité intérieure. Les principes de base
de la surveillance multilatérale des politiques macroéconomiques sont le droit
39
de regard et la responsabilité partagée.
Sur cette base, des règles ont été édictées,
concernant par exemple le taux d’inflation
qui ne doit pas excéder 3%, l’interdiction
absolue d’utiliser plus de 40% des recettes
fiscales pour payer les salaires des fonctionnaires, etc.
Ces performances sont sous-tendues par
une panoplie d’instruments, à l’image du
Prélèvement communautaire de solidarité (1% des taxes douanières), du Fonds
d’aide à l’intégration régionale, du Fonds
régional de développement agricole, et
du Programme économique régional dont
70% des financements sont consacrés aux
infrastructures (routes, chemins de fer,
énergie).
Renforcer la compétitivité
du tissu industriel
En 2007, l’Union a lancé le Programme
régional de mise à niveau de l’industrie
(PRMN), avec pour ambition de s’inscrire
dans une dynamique de restructuration
et de mise à niveau des entreprises de
l’Uemoa. L’objectif principal du PRMN
est de renforcer la compétitivité du tissu
industriel en vue de le rendre apte à évoluer dans un environnement international
de concurrence accrue. Il vise la relance de
la production industrielle, la promotion de
l’investissement, de l’emploi, et l’amélioration de la compétitivité économique au
double plan régional et international.
Le programme est articulé autour de deux
phases :
- une phase pilote de formation et de
renforcement des capacités des acteurs
40
Afrique
cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010
concernés, de mise en place d’un cadre
institutionnel et réglementaire adaptés
à la restructuration et à la mise à niveau
de l’industrie, et une expérimentation des
outils techniques et financiers en faveur
d’un échantillon de 120 entreprises du
secteur agro-industriel de l’Uemoa.
- Une phase de déploiement au niveau
des pays membres, avec l’objectif de
couvrir 880 entreprises du tissu industriel
de l’Union, de manière à atteindre ainsi
1 000 unités industrielles de l’espace
communautaire.
A terme, l’impact attendu du PRMN est,
entre autres, l’augmentation de 10% par
an de la production industrielle et du
chiffre d’affaires des entreprises bénéficiaires ; l’amélioration de la qualité ; l’accroissement de la valeur ajoutée industrielle de 12% à 15% par an ; et surtout, la
création de 6 000 à 8 000 emplois par an.
Une réelle libre circulation
des biens et personnes
Une clause importante de l’Union
stipule, en son article 92, que les ressortissants d’un Etat membre bénéficient du
droit d’établissement dans l’ensemble
du territoire de l’Union. La libre circulation effective des biens, conformément
au schéma de libéralisation des échanges
intracommunautaires, mais également
celle des hommes, leur droit de s’établir
dans n’importe quel pays de l’Union et
d’y exercer leur profession sans aucune
entrave liée à leur nationalité d’origine
constitue un défi permanent à relever.
Ainsi, les modalités de jouissance sur
l’ensemble du territoire de l’Union pour
les professions libérales – déjà définies
pour les médecins, les architectes, les
comptables et experts-comptables et les
avocats – ont été élargies aux chirurgiensdentistes et aux pharmaciens. Depuis
janvier 2008, les étudiants ressortissants
de l’Union peuvent s’inscrire dans toutes
les universités publiques de tout pays de
l’Union dans les mêmes conditions que
les nationaux.
Des perspectives encourageantes
pour la prochaine décennie
Dans le cadre de cette vision : « Ancrer l’Uemoa dans le quotidien
des populations », la Commission
va poursuivre les projets en cours
tels que le Programme régional
de réformes des marchés publics,
le projet de rénovation de l’Indice harmonisé des prix à la consommation
(IHPC), le projet régional d’appui à
la microfinance, la réhabilitation de
douze projets routiers communautaires, l’interconnexion des réseaux
téléphoniques en fibres optiques,
le programme d’hydraulique villageoise avec la signature des conventions pour la réalisation de 3 000
forages, l’amélioration des transports
aériens, l’interconnexion des réseaux
électriques et l’amélioration des moyens
d’approvisionnement en produits pétroliers. Le coût de l’énergie reste en effet
un sérieux handicap à l’industrialisation. C’est une question vitale au sein
de l’Union. Avec l’Initiative régionale
pour l’énergie durable (Ired), l’approvisionnement en énergie devient un chantier
La Banque régionale
de solidarité
La holding du groupe de la Banque régionale de solidarité (BRS), surnommée « la
banque des pauvres » des Etats membres
de l’Union, a vu le jour en 2004 à Niamey,
son siège social. Elle a pour objet de promouvoir l’emploi indépendant en faveur
des populations traditionnellement exclues
du système bancaire. Il s’agit de contribuer,
dans le cadre de la lutte contre la pauvreté, au financement d’investissements
ainsi qu’à la création et au développement
d’activités génératrices de revenus. La
BRS dispose d’un réseau de filiales ayant
le statut de banque pour accorder des
financements à court, moyen et long terme,
notamment aux artisans, jeunes diplômés
de l’enseignement supérieur ou d’une
école professionnelle, chômeurs ayant une
prioritaire. L’Uemoa a défini des objectifs
stratégiques afin qu’en 2030 la zone puisse
offrir un accès universel à l’électricité,
à 30 FCFA le kWh. L’Uemoa compte
notamment sur le nucléaire nigérien.
Aussi a-t-elle initié un projet de centrale
nucléaire de 1 000 mégawatts au Niger
compte tenu du fait que ce pays est le seul
de l’Union riche en uranium.
Un panel de haut niveau pour
la vision 2010-2020
En 2010, la Commission envisage de se
doter d’un plan stratégique centré sur des
actions et orientations à long terme. A cet
qualification professionnelle, travaillant ou
souhaitant travailler dans l’agriculture, la
pêche, l’élevage, la petite industrie et les
prestations de service.
La holding participe notamment au financement de microprojets d’investissement qui
relèveront exclusivement du secteur de la
production et, par extension, à la commercialisation résultant de l’activité de production
financée. En outre, la BSR contribue à
l’accroissement de la « bancarisation » des
populations des pays de l’Uemoa, ainsi
qu’aux efforts de diversification des économies de ces populations en favorisant le
développement de tous les métiers porteurs
de croissance économique et participera
au processus d’intégration économique
régionale. La BRS, qui est dotée d’un capital de 24 milliards de FCFA, est une société
anonyme avec conseil d’administration
faisant appel public à l’épargne.
T.T.
effet, un comité interne de stratégie et
un panel de haut niveau vont élaborer la
vision et les orientations stratégiques de
la Commission à l’horizon 2020. Onze
personnalités pétries d’expériences diverses vont concocter les fondamentaux
de l’Uemoa pour la prochaine décennie :
Younoussi Touré, Mohamed Lamine
Loum, Charles Konan Banny, Ousmane
Ouédraogo, Aicha Lala Ben Barka, JeanLouis Sarbib, Paulo Gomes, Normand
Lauzon, Jean-Michel Debrat, Jean Kacou Diagou et Pierre Claver Damiba.
Tiego Tiemtoré
Afrique
cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010
Un Programme
économique régional
pour un nouvel élan
Adopté en 2004, le Programme économique
régional (PER) de l’Union annonce un nouveau
départ pour cette zone de huit pays. Un montant
d’environ 2 900 milliards de FCFA est nécessaire
pour la période 2006-2010.
Le PER est un ambitieux programme de
développement sous-régional adopté en
2004 qui, s’il atteint ses objectifs, devrait
aider les huit pays de l’Uemoa à porter
leur taux de croissance à plus de 7%,
représentant le double de ce qu’il est actuellement. L’élaboration du Programme
Economique Régional vise à donner
une impulsion nouvelle aux actions de
l’Union par la réalisation de projets
intégrateurs qui permettent d’améliorer
la visibilité et l’utilité de l’intégration
régionale. A ce titre, les projets retenus
sont ceux favorisant l’intégration.
Le programme fonde sa stratégie sur
le principe selon lequel l’accélération
de l’intégration procurera des résultats
économiques supérieurs à ceux qui
seraient obtenus par la simple addition
des performances individuelles des pays.
Il se veut un complément aux efforts
d’investissements des pays par la conjugaison des actions de développement de
type intégrateur. Le choix des projets est
décidé au niveau régional sur la base du
principe de subsidiarité, tout en mettant
l’accent sur les contraintes cruciales à
résoudre en priorité afin que l’intégration
soit une réalité dans l’espace Uemoa.
A terme, cet ambitieux programme devrait
permettre de renforcer de la compétitivité
des économies de l’Union, l’intensification
des échanges intra-communautaires, la
réhabilitation et la modernisation des
infrastructures de base de l’Union, la
promotion du développement humain et
la participation à l’atteinte des objectifs
internationaux de développement durable
à l’horizon 2015. L’exécution du PER a
nécessité la réalisation de trente projets
intégrateurs et portera sur trois axes
d’interventions prioritaires qui sont les
infrastructures économiques (69,1%),
les ressources naturelles (15,6%) et le
développement humain (11,2%).
Le réseau routier, une grande
préoccupation
« La route du développement passe par
le développement de la route », avait-on
coutume de répéter à l’Uemoa depuis
1994. La Commission de l’Uemoa, qui est
consciente du « retard de l’Union dans le
domaine des infrastructures (transports
terrestre, ferroviaire et aérien, énergie
et télécommunication) par rapport à la
plupart des autres régions du monde
en termes de quantité, qualité, coût et
égalité d’accès des populations », fonde
beaucoup d’espoir en ce programme pour
booster son dispositif de transport.
Le PER a prévu l’aménagement et l’en-
41
tretien du système routier, qui devraient
absorber 480 milliards de FCFA, la
construction de onze postes de contrôle
juxtaposés aux frontières (22,7 milliards), l’interconnexion des chemins de
fer du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte
d’Ivoire et du Togo en passant par le Niger,
ainsi que la construction de nouvelles
voies pour relier les chemins de fer
Bamako-Dakar et Abidjan-Ouagadougou,
la création d’une compagnie aérienne
sous-régionale (dont le coût avoisine
30 milliards de FCFA), ainsi que la
construction du port de Sao Vicente, en
Guinée-Bissau.
Depuis 2002, l’Uemoa s’est engagée avec
la BOAD à réhabiliter et à réaliser un
réseau routier long de 13 300 kilomètres.
La zone dispose seulement de deux axes
routiers : le trans-côtier et le trans-sahélien.
L’axe trans-côtier va de Nouakchott
(Mauritanie) à Lagos (Nigeria) en passant
par Banjul (Gambie), Bissau (GuinéeBissau), Conakry (Guinée), Abidjan
(Côte d’Ivoire), Lomé (Togo) et Cotonou
(Bénin). Il est long de 4 560 km, dont
3 800 km sont bitumés et 760 km qui ne
le sont pas encore. L’axe trans-sahélien va
de Dakar (Sénégal) à Ndjaména (Tchad)
en passant par Bamako (Mali), Ouagadougou (Burkina Faso) et Niamey
(Niger). Cet axe routier fait 4 460 km,
dont 3 900 km sont bitumés et 560 km
non encore bitumés.
T.T.
42
Afrique
cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010
Soumaila Cissé,
un pragmatique à
la tête de l’Uemoa
Après avoir suivi une formation universitaire en France
et acquis une solide expérience de terrain, celui qui dirige
l’Uemoa a su démontrer qu’il avait plus d’une corde à son
arc. Portrait d’un homme ambitieux.
Depuis 2004, le Malien est le troisième
président de l’Uemoa, après les Sénégalais
Ousmane Seck et Moussa Touré. Il est né
le 20 décembre 1949 à Tombouctou. Après
son bac, il part poursuivre ses études à
l’université de Dakar d’où il sort, en 1972,
avec le Diplôme universitaire d’études
scientifiques. Puis, parcours obligé pour
tout étudiant africain dans les années 70,
c’est le départ pour la France. A Grenoble
d’abord où il obtient en 1974 une licence
de Mathématiques appliquées. Puis en
1976, à Montpellier cette fois, où il
décroche une maîtrise des méthodes
informatiques appliquées à la gestion
(Miage) et sort major de sa promotion.
En 1977, c’est toujours à Montpellier
qu’il obtient le Diplôme d’ingénieur en
informatique et en gestion, mais cette fois
à l’Institut des sciences de l’informatique.
En 1981, il rejoint l’Institut d’administration des entreprises à Paris, une des plus
solides et réputées écoles de formation en
management de France, où il décroche le
Certificat d’aptitude d’administration des
entreprises de Paris.
La tête est bien pleine. L’homme peut partir
sur le terrain. De 1975 à 1977, il enchaîne
des stages chez des poids lourds du monde
de l’entreprise : Electricité de France (EDF)
et IBM. Puis il démarre sa vie professionnelle, toujours en France : de 1978 à 1980,
il est d’abord analyste-programmeur chez
Cebal, une filiale du groupe Pechiney.
Puis de 1980 à 1982, il est analyste chez
Answar, une filiale du groupe Thomson.
Enfin, de 1982 à 1984, il occupe les fonctions d’analyste et de chef de projet au sein
de la compagnie aérienne Air-Inter.
Quand il rentre au pays en 1984, son point
de chute est la Compagnie malienne pour
le développement du textile (CMDT),
le mastodonte du secteur cotonnier. Il y
restera jusqu’en 1991 avant d’aller occuper
Une tête bien pleine et des ambitions
non rassasiées.
la direction de l’Agence de cessions
immobilières (ACI), une société anonyme
d’économie mixte crée par l’Etat malien
pour faciliter l’accès à l’habitat.
Des convictions politiques
Militant dès sa création à l’Adema/PASJ,
il devient, après l’élection d’Alpha Oumar
Konaré en 1992, secrétaire général de la
présidence de la République. En 1993,
il est nommé ministre des Finances, puis
en 2000 ministre de l’Equipement, de
l’Aménagement du territoire, de l’Environnement et de l’Urbanisme.
En janvier 2002, il démissionne du
gouvernement pour se consacrer à la
préparation de l’élection présidentielle
pour laquelle il est investi par son parti.
Il arrive en deuxième position au premier
tour avec 21,32 % des suffrages contre
28,71 % pour Amadou Toumani Touré,
qui sera finalement élu au second tour.
Mais la présidentielle de 2002 lui aura
permis de poser des jalons pour le futur.
Il quittera l’Adema/PASJ avec une partie
des militants pour fonder l’Union pour la
république et la démocratie (URD) en juin
2003. Toutefois, Soumaïla Cissé n’est pas
président de l’URD en raison de son statut
de fonctionnaire international à l’Uemoa,
où il occupe à l’époque le poste de Commissaire du Mali. Dans l’ombre, il fourbit
ses armes et sait que son heure peut venir
en 2012, quand l’actuel président ATT ne
pourra plus être candidat à sa succession
en raison de la Constitution malienne
qui interdit plus de deux mandats consécutifs au président de la République. Pour
beaucoup d’observateurs, il fera sûrement
encore parler de lui dans son pays natal
lorsqu’il aura quitté ses responsabilités
internationales qui le mobilisent à Ouagadougou.
T.T.
Uemoa-Africable :
un partenariat pour l’intégration
A l’occasion du cinquantenaire
des indépendances
africaines, Africable,
la chaîne panafricaine
basée au Mali, a décidé
de lancer la « Caravane de
l’intégration » qui consistera
en un tour de l’Afrique
de l’Ouest en 90 jours.
Le projet Africable (d’un budget prévisionnel de plus
d’un milliard de FCFA) va mobiliser une caravane de
120 personnes à bord d’une vingtaine de véhicules. Ce
projet inédit, qui a comme générique « 50 ans d’indépendance, 50 ans d’intégration et 50 ans de développement » est parrainé par l’Uemoa, partenaire privilégié
de cette initiative.
Selon le PDG d’Africable, Ismaël Sidibé, « c’est un
projet qui mûrit depuis deux ans afin de marquer la
commémoration du cinquantenaire de l’indépendance.
Idée qui est d’ailleurs tout à fait dans l’esprit d’Africable
qui se veut un vecteur d’intégration africaine ».
En 90 jours, les caravaniers, composés d’équipes de
journalistes, de techniciens, de leaders d’opinion et
autres personnels d’appui vont sillonner 12 pays, découvrir 12 capitales, rallier 92 villes et installer 77
bivouacs. Le coup d’envoi sera donné à Dakar (Sénégal) le 1er mai 2010, avec comme itinéraire la Mauritanie, la Gambie, la Guinée-Bissau, la Guinée, le
Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Bénin, le Togo, le
Ghana, pour atteindre Abidjan le 31 juillet 2010. Dans
le contenu de cette caravane, on retiendra des plateaux
de télévision qui serviront de support à une émission
quotidienne de vingt-six minutes, relayée par satellite
tous les soirs à 21 heures, une série « 24 heures à... »
consacrée aux capitales politiques et économiques, ainsi
que des activités d’animation, de distractions culturelles
et sportives, sans oublier une opportune offre de communication aux gouvernements et institutions ouest-africains et aux multinationales et entreprises privées opérant
dans les pays visités. Durant les 24 heures, un grand focus
est réalisé sur la ville ciblée avec des reportages, des interviews, des plateaux de débats consacrés aux domaines
économique, socioculturel, environnemental et politique.
L’évènement a des objectifs précis. Il s’agit entre autres
de la promotion de l’intégration africaine, la couverture
du déficit de connaissance de l’Afrique par les Africains
eux-mêmes, et la vulgarisation des politiques et stratégies
mises en œuvre par les gouvernements africains dans
les nombreux domaines de développement socioéconomique comme les télécommunications, l’éducation, la
santé, l’environnement, l’agriculture, l’élevage, la pêche,
les industries de transformation des produits locaux.
T.T.
44
Immobilier
cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010
Calculez la valeur de
vos biens immobiliers
Difficile d’évaluer objectivement la valeur d’un terrain ou d’un
immeuble à vendre, à acheter ou faisant partie d’un patrimoine.
Pourtant, des méthodes rationnelles existent pour cela.
Profession,
expert immobilier
A combien devez-vous vendre – ou louer
– l’appartement qui vous a été légué par
vos grands-parents ? Le terrain que l’on
vous propose à l’achat est-il une bonne
affaire ? Votre agence immobilière vous
dit-elle la vérité sur la valeur de votre
villa ? Nombreux sont ceux qui se posent
ces questions sans trouver de réponse. Il
est pourtant possible d’objectiver la valeur de ce type de biens. C’est en effet une
des spécialités de la profession d’expert
immobilier, qui existe et est soumise à
réglementation en Côte d’Ivoire. On parle
de valeur vénale (à la vente), de valeur
locative, de valeur de reconstitution à
neuf, etc. La valeur d’un bien immobilier
se calcule en fonction d’un certain
nombre de facteurs déterminants qui se
subdivisent en deux groupes : les facteurs
intrinsèques et les facteurs externes.
Les facteurs intrinsèques
Ils sont liés au bâtiment en lui-même, à
ses qualités propres, qui sont liées au
mode de construction et à son état au
moment où on l’évalue. La toiture est-elle
en béton, recouverte de tuiles ou de tôle ?
Le sol est-il marbré, carrelé ou crépi ?
Quelle est l’épaisseur des murs, la hauteur
des plafonds ?
Pour un bâtiment d’un certain âge,
d’autres questions se posent. La tuyauterie
est-elle vétuste ? Le système électrique
demeure-t-il fonctionnel ? Plus les réfections sont nombreuses, plus le bien
immobilier expertisé est décoté. Acheter à
l’impulsion, au coup de cœur, sans avoir
une idée claire du coût des réhabilitations,
A titre d’exemple
Quartier
Plateau
Marcory, zone 4
Cococy centre
7e tranche Cocody
Valeur approximative du m2 (terrain nu)
De 150 000 FCFA à 300 000 FCFA
De 50 000 FCFA à 200 000 FCFA
De 50 000 FCFA à 100 000 FCFA
De 20 000 FCFA à 50 000 FCFA
De nombreux éléments sont à
prendre en compte dans l’évaluation
de vos biens immobiliers.
peut en effet vous conduire à réaliser une
mauvaise affaire.
Les facteurs externes
Ce sont les éléments liés à l’environnement
du bien immobilier et qui interviennent
dans la fixation de sa valeur. Le quartier a son importance. Ainsi, un terrain à
vocation commerciale à Treichville, lieu
d’échanges par excellence, n’aura pas la
même valeur qu’un autre du même type
qui se trouve à la Riviera Palmeraie. Une
villa à Cocody Ambassades est, bien
entendu, mieux valorisée qu’une autre
du même type à Yopougon Kouté. Un
immeuble nu situé au Plateau, quartier administratif et des affaires où les surfaces
inoccupées sont très rares, n’est pas un
terrain nu à Gonzagueville.
Car la desserte de l’agglomération où se
trouve votre bien, en service de voirie et
réseaux tels que le téléphone, l’électricité,
un système d’égouts modernes, peut lui
faire gagner ou perdre de la valeur. Quand
la route par laquelle on accède à votre
immeuble ou votre terrain est bitumée, il
Mal connue, la profession des experts
immobiliers est pourtant bien organisée en Côte d’Ivoire. Agréés auprès
des tribunaux, notamment après une
enquête de moralité, ils sont des
spécialistes du droit de l’immobilier,
des techniciens supérieurs ou des
ingénieurs spécialisés dans le bâtiment. Avant de devenir experts à part
entière, ils doivent bénéficier d’une
formation pratique en cabinet. « L’expert immobilier doit être capable
d’intervenir sur toutes les problématiques relatives aux biens immobiliers.
Il peut diagnostiquer un mal dont
souffre un bâtiment ou un terrain,
proposer des solutions pour le
remettre en état. Il peut aussi, bien
entendu, donner une valeur au bien
immobilier. Il peut offrir ses services aux particuliers, au juge lors
des contentieux, aux entreprises qui
veulent évaluer leurs actifs et même
à l’Etat qui, en Côte d’Ivoire, perd
beaucoup d’argent en raison de la
mauvaise appréciation de la valeur
de son patrimoine, notamment lors
de transactions de cession », explique
Zadi Koré, patron de Geza Expertises
et président de la Fédération des experts immobiliers de l’Uemoa, organisation dont l’objectif est notamment
de mettre en place une charte de
l’expertise immobilière et d’harmoniser les méthodes d’évaluation dans la
zone. « Notre contexte est spécifique.
Dans nos villes, il y a une hétérogénéité incroyable dans les constructions. On trouve des baraques à côté
des triplex. Plus qu’ailleurs, l’expert
doit tout examiner au cas par cas »,
révèle Zadi Koré.
prend de la valeur par rapport à l’époque
où il ne s’agissait encore que d’une piste
latéritique.
L’installation de commerces bruyants
proches de chez vous, une augmentation
de la criminalité ou de la délinquance, une
dégradation du milieu de vie, notamment
dans les immeubles à usage collectif,
sont de véritables dangers pour la valeur
« objective » de votre bien.
Stéphane Bahi
Immobilier
cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010
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45
46
Emploi
cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010
Côte d’Ivoire : la formation
à distance fait son chemin
Les technologies de l’information et de la communication (TIC)
représentent aujourd’hui une alternative pour les étudiants
ou les salariés qui souhaitent se former en dehors des voies
d’apprentissage classiques.
et les enseignants des universités concernées. Quant aux CD-Rom, qui contiennent
l’intégralité des cours, ils sont systématiquement remis à l’étudiant lors de
l’inscription, dans une trousse pédagogique
qui comporte également d’autres supports
et accessoires nécessaires à la formation.
Par ce procédé, l’étudiant devient autonome et a donc seulement besoin que d’un
ordinateur doté d’une connexion Internet.
La formation présentielle, elle, consiste
en un encadrement classique selon un
programme bien défini sous la direction
d’un formateur. L’UVCI prépare à des
diplômes canadiens, français et ivoiriens.
Ce sont entre autres le Diplôme d’expertise
comptable (DEC), la Capacité en gestion
des entreprises (CGE), la Licence d’économie
et de gestion (LEG), le DESS (Diplôme
d’études supérieures et spécialisées)
Réseaux informatiques et multimédia.
Les évaluations obéissent également à la
double approche : présentielle et Internet.
Grèves à répétition, manque d’infrastructures,
années académiques marathon ou en dents
de scie, années blanches, consommées ou
invalidées... la liste n’est pas exhaustive.
Ainsi se définit le quotidien des élèves et
étudiants ivoiriens. Les moins courageux
abandonnent les études tandis que les plus
téméraires parviennent à obtenir au moins
un diplôme universitaire, quitte à espérer
une bourse qui leur garantirait des études à
l’étranger sans difficultés. Mais là encore,
la réalité du terrain fait déchanter. Les
cadres et employés déjà sur le marché de
l’emploi et qui voudraient renforcer leur
formation à travers une formule flexible
peuvent, eux aussi, s’interroger sur la
solution qui leur convient… sans trouver
de réponse.
Une lueur d’espoir dans la grisaille tout de
même. Avec l’avènement des technologies
de l’information et de la communication,
les plus prestigieuses universités et écoles
occidentales se déplacent vers les étudiants,
mais aussi des cadres désireux de se
perfectionner en ajoutant d’autres cordes à
leur arc. Désormais, plus besoin de visa, le
voyage se fait en un clic. Une solution palliative appelée cours par correspondance,
formation à distance ou « e-learning »,
pour utiliser le vocable anglais à la mode.
Le principe est généralement le même pour
toutes les structures engagées dans ce mode
de formation. A quelques exceptions près.
Il s’agit essentiellement d’enseignements
supérieurs ou professionnels dispensés via
la Toile et sanctionnés par des diplômes
reconnus à travers le monde. En Côte
d’Ivoire, la formation à distance commence
à faire son chemin avec des représentations
d’universités et écoles de formation à Abidjan,
la capitale économique. Chacune avec sa
spécificité.
Educatel Codifor
Filiale de Educatel France, Educatel Codifor
est spécialisée dans la formation professionnelle. Plus d’une centaine de métiers sont
proposés. Les inscriptions sont possibles
à toute période de l’année. Le choix est
donc laissé à l’apprenant de commencer
quand il le souhaite, en établissant luimême son rythme de travail. Les cours sont
dispensés par des enseignants soumis au
contrôle du ministère français de l’Education nationale. Les supports de cours sont
essentiellement envoyés via la poste aux
étudiants. Les échanges entre enseignants
et étudiants se font par courriers, mails,
appels téléphoniques. Ces derniers ont
ainsi la possibilité de revenir sur certains
points de cours qu’ils n’ont pas assimilés.
Educatel se veut pointilleux sur la qualité
des cours dispensés, avec des corrections
détaillées des devoirs.
Il suffit aujourd’hui de quelques clics
pour avoir accès aux programmes
d’enseignement les plus diversifiés.
L’Université virtuelle
de Côte d’Ivoire (UVCI)
Installée sur les bords de la lagune Ebrié,
l’Université virtuelle de Côte d’Ivoire
(UVCI) fait de la formation supérieure via
« l’utilisation optimale des technologies de
l’information et de la communication ».
Pour ce faire, elle mise sur des partenariats
avec des universités et centres français et
canadiens. En l’occurrence l’Université et
l’Institut d’administration des entreprises
(IAE) de Caen Basse-Normandie, en
France, mais aussi le Centre international
d’études supérieures appliquées (Ciesa)
d’Edmundston, dans la province du
Nouveau-Brunswick, au Canada. La
méthode pédagogique de l’UVCI combine
la formation à distance et la formation
« présentielle », ou formation classique.
En alternance ou simultanément, elle allie
Internet et l’usage de CD-Rom. Avec
Internet, les étudiants ont accès aux contenus
de cours et autres informations disponibles
sur le campus numérique des universités
partenaires. Cette méthode a le mérite de
permettre aux apprenants d’approfondir
leur connaissance des cours par un système
de « chat » et de tutorat avec les étudiants
L’Agence universitaire de la
francophonie (AUF)
La communauté des étudiants francophones bénéficie de faveurs de l’Agence
universitaire de la francophonie (AUF)
à travers les filières de formations diplômantes (licences et masters). L’AUF
s’appuie sur son réseau francophone en
proposant, après négociations avec des
universités européennes et africaines, des
formations à distance. Un catalogue riche
et varié contenant plus d’une cinquantaine de formations qui sont annuellement
proposées aux apprenants africains de
l’espace francophone. Les Campus numériques francophones (CNF), représentations
locales de l’AUF, servent d’interface en
offrant des subventions pour supporter
le coût de la formation, mais aussi la
logistique (ordinateurs et Internet haut
débit) et des banques de données dans
ses campus. Les inscriptions se font après
étude de dossiers consécutifs aux appels
d’offres, connus sous l’appellation FOAD
(Formations ouvertes à distance). Comme
les autres formations à distance, elles
offrent une certaine autonomie aux
étudiants sous la supervision virtuelle
et physique de formateurs. Sauf que
l’autonomie est relative.
Stéphane Bahi
Quelques liens utiles :
- www.uvci.ci
- www.foad.refer.org
- www.cursus.edu
Emploi
cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010
47
Entretien avec Reine Dagbo :
« Une forte dose de motivation
est nécessaire pour poursuivre et
achever son cursus »
Reine Dagbo a bénéficié
d’une bourse de
la Francophonie pour
se former à distance
avec des universités
européennes. Elle nous
raconte son expérience.
Côte d’Ivoire Economie : Pourquoi vous êtes-vous
orientée vers la formation à distance ?
Reine Dagbo : Ce type de formation offrait l’avantage
d’obtenir un diplôme d’une université européenne (donc
reconnu à l’international) sans les contraintes et les désagréments liés à la vie loin de chez soi : tracasseries
pour l’obtention de visa, coût du voyage, frais de séjour,
dépaysement, etc. De plus, elle m’offrait la possibilité
d’exercer une activité professionnelle tout en poursuivant
mon cursus universitaire.
CIE : L’adaptation à cette nouvelle manière
d’apprendre n’a-t-elle pas été difficile ?
R.D. : Il est vrai que le passage à la formation à distance
n’est pas du tout évident pour qui n’a aucune notion des
TIC. Ce type d’apprentissage repose essentiellement sur
les technologies de la communication, dont Internet, et une
bonne maîtrise de certains logiciels se révèle indispensable
(traitement de texte, tableur, logiciels de communication
instantanée...). Par ailleurs, l’autoformation est une autre
réalité que l’on rencontre dans ce type d’enseignements
dans la mesure où très peu de cours sont assurés en
synchrone ; il n’y a pas la contrainte de la présence et les cours
sont disponibles tout au long de la formation sur la plateforme. Une forte dose de motivation est donc nécessaire
pour poursuivre et achever son cursus. Avec une activité
professionnelle en parallèle, il devient rapidement très
difficile de gérer efficacement son temps entre ses
différentes responsabilités académiques, professionnelles
et familiales. Le taux d’abandon dans le système de la
formation à distance est très important.
CIE : Les formations offertes étaient-elles adaptées à
vos acquis ?
R.D. : Oui, la plupart convenaient à qui dispose d’un
bagage littéraire, et de plus en plus de formations couvrent
les domaines scientifiques. Il existe aujourd’hui des
formations en médecine, en mathématique, en informatique,
et même des licences en Génie civil et Construction.
Cependant l’accès à ces formations est généralement
réservé à des titulaires de bac +3.
CIE : Votre diplôme a t-il contribué à votre embauche ?
R.D. : Oui, le diplôme que j’ai décroché grâce à la
formation à distance m’a permis de décrocher le poste
que j’occupe aujourd’hui et je ne regrette pas tous les
sacrifices qu’il a fallu faire pour l’obtenir. Et je compte
bien capitaliser mes compétences en suivant encore une
autre formation.
Stéphane Bahi
48
cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010
Emploi
OFFRES D’EMPLOI
50
Conso
cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010
Le « circuit » propice
Malgré la crise socioéconomique en Côte
d’Ivoire, les ventes de véhicules neufs et
d’occasion ne décélèrent pas. Selon les
spécialistes, on prévoit même une forte
progression dans ce secteur aux enjeux
financiers énormes. Les candidats à l’achat
d’une voiture ont le choix. Ils peuvent
se fournir auprès des importateurs de
voitures d’occasion qui évoluent dans l’univers de l’informel, des indépendants qui
livrent des voitures neuves sans être liés à
des constructeurs, mais aussi des concessionnaires officiels représentant les plus
grandes marques. Chacun de ces « circuits »
a ses avantages et ses inconvénients.
cile à supporter. Selon la loi, pour importer un véhicule d’occasion il faut qu’il ait
au plus sept ans de vie. Mais dans les faits,
on retrouve un nombre significatif de
véhicules âgés de dix ans au moins sur le
marché informel…
Ces indépendants qui fournissent
des véhicules neufs
Ce segment de marché est occupé par des
agents qui ne traitent pas directement avec
les constructeurs mais qui s’approvisionnent toutefois auprès de concessionnaires à
l’étranger. L’avantage d’acheter auprès de
ces indépendants se trouve incontestablement dans le prix de revient des voitures
qui peuvent être neuves, contrairement à
celles proposées par le secteur informel.
Mais le service après-vente offert par ces
magasins est quasi inexistant et les pièces
remplacées ne sont pas toujours d’origine.
Concessionnaires : prix élevés,
garantie d’une voiture de qualité
Les vendeurs officiellement mandatés par
les constructeurs sont les concessionnaires
auto et les filiales des constructeurs américains, européens et asiatiques. Disposant
de contrats de concession (licences), ces
gros distributeurs achètent les véhicules et
les revendent au client final. Ils représentent le plus important réseau de distribution
des constructeurs puisqu’en moyenne, la
moitié des ventes d’un groupe automobile
s’effectue grâce au réseau de concessionnaires. En gros, ce sont donc des véhicules
à durée de vie élevée. Grâce à la garantie
Le secteur informel : prix bas,
risques élevés
L’informel, qui a pris son essor à la faveur
de la libéralisation de l’importation de
véhicules en 1996, apparaît comme le principal « diffuseur » des voitures d’occasion.
Il est contrôlé par des importateurs et
des revendeurs travaillant à leur propre
compte. Les importateurs font régulièrement la route entre Abidjan et les principales places marchandes européennes ou
parviennent à établir un partenariat durable
avec des garagistes en Europe, assurant
ainsi leur approvisionnement en véhicules
sans avoir à faire le trajet. Les revendeurs,
quant à eux, sont contraints d’acheter aux
importateurs des véhicules lorsque ceuxci sont arrivés pour tenter de les revendre
ensuite avec une marge bénéficiaire.
La force de l’informel ? Les bas prix,
dans un contexte où le prix de revient est
le critère principal qui détermine la décision d’achat. « Il y a beaucoup de “tripatouillages” dans le secteur, il faut se méfier
et ne pas acheter forcément les véhicules
les moins chers, qui risquent de vous créer
des pannes en pleine circulation », souligne un professionnel. En effet un véhicule
d’occasion nécessite constamment des
réparations dont le coût peut devenir diffi-
Sortir à Abidjan
• Le Bar blanc (bd du 7-Décembre,Zone 4) : un restaurant
snack-bar ouvert tous les jours à partir de 18h. L’ambiance
est plutôt R’n’B. Il jouxte une boîte de nuit, le Pinky Nights où
l’on peut finir la nuit après avoir dîné sur le pouce.
qu’ils offrent, ils sont suivis pendant trois
ans par des spécialistes travaillant pour les
concessionnaires.
Néanmoins, ces vendeurs formels proposent des voitures dont le prix peut être
considéré comme élevé, donc réservé à
une certaine élite – entreprises et cadres
supérieurs. Les concessionnaires, contrairement à l’opinion, ne vendent pas seulement des véhicules neufs. « A côté des
6 000 véhicules neufs vendus, nous vendons
15 000 à 25 000 véhicules d’occasion pour
les budgets plus modestes, avec toutefois
les mêmes prestations de services »,
indique un commercial qui travaille pour
l’un des concessionnaires ayant pignon sur
rue à Abidjan. Bon à savoir, les voitures
d’occasion vendues par les concessionnaires sont « retapées ». Très souvent, une
pièce usagée a été remplacée par une neuve
provenant de l’usine du constructeur.
Manassé Dehe
Le budget de l’acquéreur va aussi
déterminer le choix de son circuit d’achat.
les dimanches. Cadre accueillant avec sa déco « American
graffiti ».
• Le Parker Place (rue Paul-Langevin Zone 4) : pour les
amoureux de reggae. Dispose d’une salle de concert où les
meilleurs musiciens de reggae d’Abidjan viennent se produire.
• Le Scotch (rue Paul-Langevin, Zone 4) : snack-bar, billard,
piscine. Ouvert tous les jours à partir de 17h. Idéal pour un
apéro à la sortie du boulot.
• Le Bidule Bar (angle du bd du 7-Décembre et rue PaulLangevin prolongée, Zone 4) : on y déguste des assiettes
de charcuterie ou de fromage, des salades de lentilles, des
croque-monsieur ou des raviolis.
• Le Che Café (bd du 7 décembre, Zone 4) : bar-pub, soirées à thèmes. Ouvert tous les jours à partir de 17h30 sauf
• Espace Kajazoma (rue Marconi prolongée, Zone 4) : à la
fois restaurant et galerie d’art. Jeanine Zogo, la patronne, y
cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010
publi-reportage
pour acheter sa voiture
Secteur informel, vendeurs indépendants,
concessionnaires agréés :
pour se procurer un véhicule, les
consommateurs ivoiriens ont le choix.
Conso
expose ses créations de meubles et de lampes très design
ainsi qu’une large gamme d’objets d’art qui vont des tabourets Ashanti aux masques et statues du Congo ou du Mali.
• L’Aboussouan (boulevard VGE à Treichville) : l’un des
meilleurs restaurants d’Abidjan. Le patron, Adou Sapim, y
possède une cave de plus de 4 000 bouteilles des meilleurs
vins de France.
• Le village Ki-Yi M’bock (Riviera II,à l’angle de la rue Attoban) : dîners spectacles pour 15 000 FCFA par personne.
Fondé par l’artiste multidimensionnelle Were Were Liking,
c’est le lieu de formation des artistes de toute la sous-région.
La « Premium Voyageur »,
nouvelle cabine sur Air France
Air France innove ! A compter du 26 mars 2010,
la compagnie aérienne propose une nouvelle cabine long-courrier
au départ d’Abidjan à bord de son Boeing 777 :
la PREMIUM VOYAGEUR.
La PREMIUM VOYAGEUR allie
confort et tarifs attractifs en offrant aux
passagers un service de qualité et des
attentions particulières :
• Au sol : comptoir d’enregistrement
prioritaire, franchise bagage identique
à celle de la classe AFFAIRES (2* 32kg
en soute), embarquement à convenance
et livraison prioritaire des bagages.
• En vol : siège à coque fixe offrant 40%
d’espace supplémentaire comparativement à la cabine VOYAGEUR,
écran et liseuse individuels, trousse
de confort, tablette à cocktail, casque
audio réducteur de bruit et magazines
internationaux.
Air France a permis à certains passagers de découvrir du 22 janvier au 10
mars, en avant-première, cette cabine,
leur donnant ainsi un aperçu de cette
nouvelle expérience du voyage.
51
Conso
cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010
Le casse-tête du cadeau
d’anniversaire
Qui n’a pas été pris au dépourvu au moment de faire
l’achat censé rendre heureux celui ou celle qu’il aime ?
Quelques témoignages… qui peuvent vous inspirer.
Il n’y a que quelques semaines que
Fabrice Gbéli a reçu un cadeau de la part
de sa bien-aimée Déborah Blesson. C’était
à l’occasion de la fête des amoureux : la
Saint-Valentin. Le 14 février dernier, à la
sortie de son sommeil, l’ingénieur géologue de 27 ans a découvert un polo rouge
empaqueté, accompagné d’une rose de la
même couleur. « C’était si romantique ! »,
confie le jeune homme qui vit avec sa compagne depuis un an et demi. En ce vendredi
soir, le couple vient faire ses emplettes
dans le supermarché de leur quartier.
Fabrice ne le sait pas mais Déborah est
partagée entre angoisse et réflexion. La
belle étudiante en droit se demande si elle
pourra de nouveau sortir le grand jeu. La
raison ? Son amoureux soufflera sa 28e
bougie le 2 mars. Que lui offrir ? Elle ne
trouve pas. La jeune femme n’est pas la
seule dans cet état. Ses inquiétudes, elle
les partage avec toutes les personnes désireuses d’offrir un cadeau d’anniversaire à
leur partenaire ou à leurs enfants.
Le choix de l’alternance
Pour Chantal Kouassi, 38 ans, cadre de
banque sans enfants, qui vit maritalement
avec son fiancé depuis huit ans, faire le
meilleur choix pour le cadeau d’anniversaire de son concubin reste un véritable
casse-tête. « Pas facile ! Mon chéri est né
un 26 décembre. A l’approche des fêtes, je
dois me tourner et retourner les méninges
pour lui faire plaisir en lui offrant un
cadeau d’anniversaire au lendemain de la
Noël. C’est toujours le même train-train.
J’offre toujours un vêtement ou un parfum
car je sais qu’il en a forcément besoin. Et
si j’ai choisi un vêtement, la fois suivante,
j’opte pour un parfum, j’alterne ainsi.
Mais j’avoue que je ne lui ai rien proposé en décembre dernier parce qu’il avait
commis une grave bêtise », lance-t-elle
en riant. « En fait, on a toujours du mal
à choisir un cadeau parce qu’on ne veut
pas offrir la même chose. On est toujours
à la recherche d’une idée originale »,
explique Mme Nobout, une assistante de
direction de 41 ans, mère de trois enfants.
C’est dans ce souci d’originalité que Jonas
E., militaire, la trentaine révolue, a offert
de la lingerie à son épouse à l’occasion de
son récent anniversaire : « Elle a aimé ! »,
commente-t-il.
Pas évident non plus d’offrir un cadeau
d’anniversaire à ses enfants. A tel point
que nombreux sont les parents qui préfèrent s’y soustraire. « J’ai trois enfants :
Chris-Emmanuel a 6 ans, Régina 4 ans,
et Epiphanie 3 ans. Je ne leur offre pas
de cadeaux pour leur anniversaire. C’est
trop compliqué, ils sont trois ! Chacun en
a reçu un à Noël. Si je dois encore leur en
donner, c’est trop compliqué ! Je fais cependant l’effort de leur organiser une fête
avec un gâteau à l’appui. Je pense qu’ils
en sont très contents », raconte cette mère
qui semble avoir résolu le problème.
Mme Mollet, administratrice et mère
de deux enfants, essaie pour sa part de
satisfaire les siens en… s’inspirant de
leur dernier cadeau de Noël. « Je rachète
les mêmes cadeaux. Lors des fêtes de fin
d’année, mon fils Yvan, 4 ans, a reçu une
voiture. A son anniversaire en avril, il
aura la même chose. Parce que d’ici à
cette date, la voiture qu’il a reçue pendant
la Noël sera complètement décomposée.
Pareil pour sa petite sœur Eva-Samuelle,
3 ans. A son anniversaire, elle aura la
même poupée que celle qu’elle a reçue fin
décembre », confesse-t-elle.
Les conseils des professionnels
Jean-Paul Yao, médecin, plus de 40 ans,
a sa stratégie bien à lui. « J’ai deux filles.
L’aînée, Xeles, aura 15 ans le 29 mars et
la cadette, Grâce Mienssa Keren, 2 ans le
14 août. A la première, je donne toujours
ce qu’elle désire. Bien sûr, dans la mesure
de mon possible. Ça veut dire que quand
financièrement je ne vais pas bien, je ne
fais de cadeau à personne. En général,
elle demande des vêtements. Je sors avec
elle et elle choisit ce qu’elle veut. Simplement ! Quant à sa petite sœur, elle a reçu
un piano. Je trouvais qu’elle chantait souvent, alors j’ai voulu lui offrir un cadeau
qui pourrait stimuler son inspiration. Et on
m’a conseillé le piano dans un magasin
spécialisé dans la vente d’articles pour
enfants », révèle le docteur.
Pour effectuer des choix judicieux, certains parents choisissent en effet de faire
Dubaï, nouveau pôle
d’attraction
Commerce, conférences, mélange
de tourisme et de shopping…
Dubaï est une destination de plus
en plus prisée par les Ivoiriens.
Guide pratique pour ceux qui
seraient tentés par une incursion
vers ce symbole d’une forme de
modernité arabo-musulmane.
Ville cosmopolite, Dubaï est aussi l’un des sept émirats qui constituent les Émirats arabes unis. La citéEtat n’a pas misé uniquement sur la manne pétrolière
pour bâtir sa prospérité. La présence de communautés
commerçantes, un port naturel sûr et accessible et une
politique pragmatique de libre-échange lui ont permis
de devenir un centre d’échanges privilégié entre
l’Europe, l’Afrique et l’Asie.
Pourquoi aller à Dubaï
Dubaï s’est doté d’une zone franche, fondée en 1996,
qui se présente comme l’élément essentiel du plan
stratégique du gouvernement pour conduire l’investissement économique du pays. Cette zone est stratégisuite p. 54
Le rendez-vous annuel de l’imagination,
pour prouver son affection…
confiance aux responsables des magasins
spécialisés. « Nombreux sont ceux qui
viennent se confier à nous », témoigne
Rolande M., gérante d’un magasin à
Treichville. Et à en croire les professionnels de l’emballage, le choix des cadeaux
est assez diversifié. Toutefois, selon eux,
les vêtements enlèvent la palme. « Dans
la majeure partie des cas, que ce soit les
hommes ou les femmes, ils achètent des
habits. Les hommes donnent souvent des
pagnes aux femmes quand celles-ci font
parvenir des chemises aux hommes. En ce
qui concerne les adolescents, les fillettes
ont souvent des vêtements comme cadeaux,
et les petits garçons des chaussures et des
ballons. Pour les plus petits, les legos et
les ordinateurs ludo-éducatifs sont les
plus prisés », révèle Ismaël Ganemtouret,
qui tient son affaire à Adjamé, la commune qui abrite le plus grand marché de
la capitale économique, sinon de la Côte
d’Ivoire. Tiéné Bilé, un autre «emballeur»
situé en plein centre du quartier administratif d’Abidjan, Plateau, confirme ces
propos. « La plupart du temps, les femmes
reçoivent des pagnes, des sacs à main et
des bijoux, et les hommes de plus en plus
des chemises et des cravates qui enrichissent leur garde-robe. Avant, ils recevaient
plus de sous-vêtements débardeurs. »
Michelle Topé
Gigantisme
touristique
Au-delà de son image de centre commercial géant,
Dubaï veut attirer les touristes, notamment à travers
ses réalisations architecturales hors du commun.
C’est le cas de la tour Burj Dubaï, la plus haute
du monde, inaugurée en janvier dernier dans la
tourmente de la crise financière. Elle s’élève à 818
mètres, possède 162 étages, 517 240 mètres
carrés exploitables. Elle peut contenir 35 000
personnes à la fois et a nécessité cinq longues
années de construction.
La tour Burj Dubaï vient en écho à « The World »...
Un projet fou qui repose sur la création de 300 îles
artificielles imitant la carte de la Terre. Le résultat
(provisoire) ? Un beau planisphère au cœur du
golfe Persique, pas très loin d’autres îles artificielles
représentant des palmiers. La crise financière et
sans doute quelques contraintes environnementales
ont provoqué la suspension de la construction de
« The World ». Pour l’instant.
Conso
shopping
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cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010
pour elle
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pour lui
Bracelet et bague Charming Tears
Élégance raffinée pour cet ensemble bracelet et bague
« Charming Tears » en or jaune serti de diamants blancs et
de saphirs roses. Atout charme : la clef assortie au bracelet
peut être ornée au choix d’une initiale ou d’un cœur.
Zoughaib Abidjan
Centre Polygone (Orca Déco), 3e étage.
Tél. : 21 75 88 30.
Fax: 21 75 88 31.
Volkswagen Scirocco : un coupé de caractère
La nouvelle Scirocco allie puissance et esthétique. Dotée de moteurs
performants, elle est aussi riche en équipements de sécurité : correcteur électronique de trajectoire, assistance au freinage d’urgence,
assistance au contre-braquage, airbags rideaux et latéraux.
Europ’Auto - Boulevard VGE. Tél. : 21 28 50 60. - Fax : 21 28 50 64.
www.atc-comafrique.com
Casio Edifice
Gold Label,
édition limitée
Cette montre élégante
et sportive indique la date et
dispose d’un chronographe.
Etanche à 100 mètres, son bracelet
est en acier inoxydable. Une montre
d’exception aux lignes dynamiques,
qui n’en est pas moins distinguée.
Casio Galerie Prima Center.
Tél. : 21 25 93 93.
Casio 2 Plateaux.
Rue des Jardins.
Tél. : 22 41 56 56.
Casio Zone 4C.
Rue Thomas-Edison.
Tél. : 21 35 39 39.
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Conso
cote d’ivoire Économie - N°1 - mars 2010
quement située à proximité de l’aéroport international de
Dubaï, le plus fréquenté et le plus moderne du MoyenOrient. Elle permet également aux sociétés d’apprécier
une évolution dynamique de leurs affaires et de bénéficier
d’une fiscalité très avantageuse.
Soucieux de son ouverture sur le monde, Dubaï abrite
de plus en plus de conférences internationales. Son goût
du gigantisme architectural séduit en outre un nombre
croissant de touristes fascinés par la démesure de certains
de ses édifices.
Ce qui attire aujourd’hui le plus les Ivoiriens à Dubaï, c’est
bel et bien le commerce. Si dans les années antérieures
les consommateurs ivoiriens étaient focalisés sur les articles venus d’Europe ou des Etats-Unis… aujourd’hui,
c’est vers les produits de cet émirat qu’ils se tournent.
Quant aux commerçants, ils reviennent de Dubaï avec des
articles divers et bon marché : électroménager, écrans
de télévision, téléphones mobiles, équipements informatiques, maroquinerie…
Comment s’y rendre
Obtenir un visa pour Dubaï est chose aisée dès lors que
le candidat au voyage présente un certain nombre de
garanties financières ou professionnelles. En une semaine,
Dubaï
Fiche signalétique
Intitulé officiel du pays : Emirat de Dubaï.
Zones de rattachement : Emirats arabes unis.
Statut administratif : un des sept émirats qui constituent
les Émirats arabes Unis (EAU).
Capitale : Dubaï.
Nom local : Dubbayy.
Superficie : 3 885 km2.
Climat : subtropical et aride. Les pluies sont rares et
irrégulières. Les températures varient de 10 à 48 ºC.
La meilleure période s’étend d’octobre à mai.
votre agence de voyages peut s’occuper de vos formalités
administratives.
La seule ligne directe Abidjan-Dubaï-Abidjan est proposée par Emirates. Le billet aller-retour revient à 675 200
FCFA (prix indicatif début mars 2010).
Avec Ethiopian Airlines, on peut se rendre à Dubai avec
une escale à Addis-Abeba. Le billet aller-retour coûte
475 900 FCFA (prix indicatif début mars 2010).
La compagnie libyenne Afriqiyah rallie également la
ville-Etat après un passage par Tripoli. Le prix du voyage
aller-retour ? 453 600 FCFA (prix indicatif début mars
2010).
Où se loger
Malgré la débauche de luxe qui caractérise la ville, l’avantage est que l’on y trouve des hôtels de bonne qualité
à tous les prix. La nuitée va d’environ 25 000 FCFA à
plusieurs millions de FCFA. Ce qui n’empêche pas certains
commerçants ivoiriens de choisir des options encore plus
économiques. « Certains s’installent carrément à l’aéroport pour effectuer tous leurs achats », raconte ainsi l’un
d’entre eux. L’aéroport de Dubaï, l’un des plus grands
de la planète regorge de salons douillets pouvant même
se transformer en couchette, le cas échéant.
Population : 1,5 million d’habitants.
Peuples et ethnies : 25% de natifs des Émirats, 75% d’expatriés dont 60% d’Indiens, de Pakistanais et de Philippins.
Langues : arabe, anglais, ourdou, hindi, malayalam et farsi.
Religions : islam (majorité sunnite).
Institutions politiques : dynastie royale des Al-Maktoum.
Émir : Cheikh Mohammad Ben Rached Al-Maktoum.
Monnaie : dirham des Emirats arabes unis (AED).
1 dirham = 131 francs FCFA.
Formalités : passeport valide trois mois après la date
d’entrée. Visa obligatoire facilement obtenu auprès d’un
sponsor local (hôtel, réceptif...).
Fuseau horaire : GMT + 4.
Quelques hôtels
en revue *
A 26 000 FCFA
Gulf Pearl Hôtel est un 2 étoiles de luxe récemment
ouvert. Il est situé au cœur de la cité d’Al Baraha.
On peut s’y rendre à pied dans tous les centres commerciaux. L’hôtel donne sur la corniche.
De 42 000 FCFA à 95 000 FCFA
Le luxueux hôtel résidentiel Al Bustan Centre &
Residence (4 étoiles) est également un complexe
commercial et de divertissement avec une les plus
grandes salles de jeux des Emirats arabes unis.
Environ 26 000 FCFA
Le Panorama Bur Dubai (2 étoiles) est situé à seulement huit kilomètres de l’aéroport international de
Dubaï. Le centre commercial de la ville est à cinq
minutes de marche de cet hôtel.
Entre 50 000 FCFA et 75 000 FCFA
Byblos Hôtel (4 étoiles) est un hôtel moderne qui
rappelle l’art de vivre et l’hospitalité libanaise. Son
architecture phénicienne, avec des peintures murales, des mosaïques, du marbre et des boiseries,
confère beaucoup de charme à cet hôtel qui a ouvert
le 15 juin 2009.
Entre 250 000 FCFA et 900 000 FCFA
Atlantis The Palm Dubaï est un 5 étoiles au cœur
de Palm Jumeirah, une île artificielle qui continue de
fasciner le monde par son originalité, le plaisir et le
luxe qui en dégagent. Parc d’eau vivifiante, plages
immaculées de blanc, cuisine de classe mondiale,
spa, et boutiques… l’hôtel offre une vue spectaculaire sur le golfe Arabique.
* Les prix sont indiqués pour une nuitée.
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