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L’ESTIME DE SOI, UN MOTEUR
1.1 Une définition originelle de l’estime de soi.
Le concept de l’estime de soi fut décrit et analysé par James dés 1890, pour lui le « self-estim »
(estime de soi) est au cœur de la personne : c’est le rapport entre réussites/aspirations ainsi que les
résultats/ et les échecs. Il définit l’estime de soi comme « la conscience de la valeur du moi » qui
s’explique entre un autre rapport : le soi réel et le soi idéal, plus le rapport est harmonieux, plus
l’individu tend vers une estime de soi favorable. Donc l’estime de soi pourrait dépendre de plusieurs
paramètres : en obtenant des succès, en limitant les prétentions ou en équilibrant conscience ment le
rapport entre les deux.
En 1902, Charles H Colley la définit comme une construction sociale, l’estime de soi est déterminée
socialement. L’estime comme construction sociale serait façonnée par l’ensemble des interactions
(les opinions, le jugement, les actions etc.) de l’individu et cela des la naissance. Pour lui c’est le
regard des autres qui pourra donner à la personne une compréhension de ce que les autres pensent
de lui, ce «miroir» est partie intégrante à la perception de soi.
Ces conceptions de l’estime de soi, font déjà ressortir deux éléments inhérents à l’estime de soi : un
processus interne au sujet et un processus externe à celui-ci, les interactions sociales. Toutefois il
semblerait visiblement que les deux processus sont dans un état d’intrication. D’autres théoriciens
apportent de nouveaux éléments.
2.1-1 L’estime de soi une définition changeante.
En 1943, Maslwom considère de sa pyramide éponyme l’estime de soi comme un besoin
fondamentaux. Je vais d’écrire rapidement la hiérarchisation des différents besoins:
- les besoins physiologiques tels que manger et boire..
- le besoin de sécurité, le cadre et l’autorité qui rassurent et fournissent les repères indispensables.
- les besoins sociaux, l’appartenance sociale, contraire à l’isolement.
- le besoin d’estime des autres, la considération et la reconnaissance des autres individus.
- le besoin d’estime de soi en lien avec la propre valorisation, conscience de soi, le rapport que nous
avons avec nous même.
- le besoin d’accomplissement de nous même, pouvoir élaborer son projet de vie.
Même si cette pyramide de Maslwom peut être affinée de nos jours il en ressort un élément
essentiel en lien avec ma question : En quoi le travail de l’estime de soi peut-il aider le jeune à
s’inscrire et se construire dans un projet dont il serait l’acteur? En sachant qu’on ne peut prétendre
satisfaire un besoin supérieur si l’on n’a pas déjà satisfait le besoin qui lui est inférieur.
En d’autres termes on ne peut se projeter dans un projet de vie sans avoir répondu au besoin
d’estime de soi.
En 1995, Martinot avance la définition suivante de l’estime de soi comme : « l’ensemble des
éléments qui nous définissent composé des attitudes, des croyances et des sentiments que les
individus ont d’eux mêmes » Cette définition centre davantage sur le sujet, tout en faisant référence
à l’aspect sociétale qui se dégage des attitudes.
Dans le livre «l’estime de soi, un bien essentiel » les auteurs dégagent de l’estime de soi en lien
avec les travaux de Martinot, «le jugement que nous portons sur nos capacités à faire face à la vie ».
L’Ecuyer, définit quant à lui le soi comme «l’ensemble des caractéristiques ou traits personnels que
la personne s’attribue» cette précision nous renvoie sur les travaux de Kaufman dans son livre
«L’invention de soi, une théorie de l’identité».
En résumé l’estime de soi est un concept riche et difficile à définir, cependant on peut dire
aujourd’hui que l’estime de soi résulte d’une construction psychique ainsi que d’une activité
cognitive et sociale. Cette construction s’exerce tout au long de la vie du sujet.
2.2 Les assises de l’estime de soi.
Christophe André et François Lelord3 proposent trois assisses assurant l’estime de soi.
- L’amour de soi: et très important dans l’estime de soi puisque c’est lui qui nous permet de passer
au-dessus de nos défaut, accepter nos échecs et erreurs. Les psychologues Christophe André et
François Lelord, décrivent l’amour de soi comme « le socle de l’estime de soi» car malgré toutes les
choses négatives pouvant arriver à la personne, elle sait intérieurement qu’elle est «digne d’amour
et de respect».
Cette attribution d’une valeur personnelle dénote une dimension affective de l’estime de soi
«s’aimer pour s’estimer». Virginia Satir thérapeute familiale, parle de la prise de conscience
personnelle de la «valeur inaliénable de la personne dés sa naissance». L’amour que se porte chaque
personne pour elle même, est un processus cognitif : dépendant directement du vécu, des
expériences de l’enfance, et de l’affection, de l’amour, de l’intérêt qu’on lui a donné des ses
premiers années.
- La vision de soi : est propre à la personne, c’est le fait de se reconnaître des qualités et attributs
avec ou sans l’approbation des autres. Se regard sur soi même est important dans le sens ou s’il se
révèle positif, il permettra aux sujet de réaliser ses désirs. Dans le cas inverse, le sujet hésitera,
n’osera pas réaliser ses projets, préférant adopter un statut de suiveur, par peur de l’échec.
Cette assisses se rapproche de l’affirmation de soi décrite par R.Alberti et M.Emmons. Ces deux
psychologues la définissent comme «un comportement qui permet à une personne d’agir au mieux
de son intérêt, de défendre son point de vue […], d’exprimer avec sincérité et aisance ses sentiments
et d’exercer ses droits… ».
L’affirmation de soi, ou la vision de soi sont le prolongement de l’estime de soi, le manque
d’affirmation se marque par l’incapacité de trouver sa place parmi les autres, des attitudes passives
ainsi que l’inhibition (l’absence de réactions) face aux situations quotidienne (subir/acter).
L’affirmation est la concrétisation de l’estime de soi sans une bonne estime de soi, il ne sera pas
possible de s’affirmer dans la vie quotidienne et sociale.
- La confiance en soi : avoir confiance en soi permet d’agir, de passer à l’acte, dans des situations
prévues ou imprévues. Encore une fois sans amour de soi, et d’une bonne vision de soi (affirmation
de soi), la confiance en soi ne sera pas possible et par conséquent l’estime de soi. La confiance en
soi se nourrit d’actes, de réussite, de choix positif et de démarches diverses pour pouvoir se
développer. Toutefois ses actes ne sont pas les seuls éléments moteurs suscitant la croissance et le
développement de l’estime de soi, le mode d’éducation (récompense, encouragement), la famille et
l’école.
En prenant en compte les assisses de l’estime de soi, on comprend que l’équilibre entre elle assure
une personnalité harmonieuse. Permettant de s’aimer, de se concevoir justement et donc de
s’engager durablement dans des projets sans avoir peur de l’échec ou du regard des autres.
L’estime de soi est donc une évaluation de soi-même, se basant sur une connaissance (conscience)
de sa valeur (regroupant ses capacités, ses attributs, ses compétences) et sur la certitude réaliste de
posséder les aptitudes nécessaires pour répondre aux évènements, aux situations qu’ils soient positif
ou négatif de la vie.Les expériences rencontrées dans la vie des personnes rehaussent ou déclinent
leur «estime de soi», même si la nature de celle-ci «influence l’interprétation que le sujet donne aux
situations qu’il rencontre» et donc change et ‘‘détermine’’ ses réponses.
Après ses apports théoriques nous comprenons pourquoi le travail de l’estime de soi peut aider le
jeune à s’inscrire et se construire dans un projet où il en serait l’acteur. Il me semble nécessaire pour
répondre de manière éducative au renforcement de l’estime de soi de ces jeunes, de s’intéresser au
préalable aux facteurs pouvant la dégrader et l’affecter.
2.3 Les freins à l’estime de soi.
Avant tout il me paraît judicieux de faire un bref rappel sur le développement normal de
l’adolescent, afin de faire un lien le public de l’I.M.E puis dans un second temps approfondir sur
certains facteurs pouvant être une cause au manque d‘estime de soi..
2.3-1 Le développement normale de l’adolescent.
Dans son livre «Psychopathologie de l’adolescent», Henri chabrol montre que l’adolescence est
intimement liée à l’estime de soi. C’est une période de changements difficiles et audacieux,
nécessitant une solide estime de soi qui elle même sera fortement mise à l’épreuve.
Une caractéristique de l’adolescence est la construction identitaire, au travers de la crise pubertaire
modifiant la physiologie et le schéma corporel. Ces modifications génèrent des inquiétudes. Cellesci renforcement eux même par la perte de l’image maternelle et du travail de séparations des valeurs
et idéaux parentaux. En s’opposant il se construit, tout en le perturbant.
L’adolescence peut constituer une période de crises identitaire et conflictuelle remaniant l’estime de
soi violemment tout en restant « nécessaire ». Selon Fize, sociologue, la crise de l’adolescence est
une manifestation des oppositions familiales, ayant pour but l’émergence de nouvelles identités.
Le développement de l’estime de soi durant ce stade, dépend essentiellement du cadre de vie de
l’adolescent. Un milieu insatisfaisant n’apportera pas la satisfaction des besoins fondamentaux
comme l’affection, la considération, la sécurité et l’estime entre autres.
Les séquelles et blessures de l’enfance se ravivent à l’adolescence nous allons voir quelques une
pouvant contrarier un développement normal de l’estime de soi : les failles narcissiques, et
l’intolérance à la frustration
- Les failles narcissiques : ses failles impliques la difficulté d’être dans l’acte et par extension : une
faible estime de soi. Elles entraînent un sentiment de doute, de peur de l’échec, et une auto
représentation de soi qui n’est pas tolérable. Ce sentiment dépressif se caractérise par la
prédominance des émotions négatives, l’atonie, l’affaissement de l’aptitude à penser, un soutenir un
effort de concentration et également la dévalorisation de soi. On peut penser à la « circularité
causale » de Declerck puisque les failles narcissiques nourrissent la perte de l’estime de soi et vis
versa.
- la frustration : est définie comme « un instinct contrarié ou un besoin non satisfait »1. La
frustration provoque une réaction agressive, elle peut être dirigé vers les autres, ou contre soi même.
Il existe alors des conflits internes entre les interdits intériorisés et les pulsions (surmoi et ça
freudien). Ces conflits liés à la frustration déclenchent l’incapacité pour la personne à supporter des
obstacles posés, au non satisfactions de ses désirs. La frustration peut être un frein à l’estime de soi,
puisqu’elle plonge l’individu dans ce que nous avons vu plus en le soi idéal et non le soi réel. Elle
sape la conscience de soi, et tronque l’affirmation de soi
2.3-2 Le milieu Familial.
La famille joue un rôle considérable dans l’image et l’estime de soi de l’enfant et cela dès le plus
jeune age. Les interactions mère-enfant sont déterminantes selon des auteurs comme Spitz, Bolwby,
Winnicott. Après la symbiose constante la fusion entre la mère et son enfant, phase de «
séparation/individuation » est prépondérante dans la construction de sa personnalité. Une rupture
trop précoce aura des répercussions sur l’enfant qui ne pourra jamais exercer un travail de deuil, et
par conséquent aura toujours l’impression d’un manque, de carences affectives, d'assises
narcissiques instables perturbant sa propre estime.
La qualité de la relation avec la mère favorisera la confiance en soi, la communication avec celle-ci
dans un premier temps, puis avec son entourage déterminera son organisation narcissique. Comme
nous l’avons vue dans la confiance en soi, une mère qui ne protège pas son enfant de l’échec à bon
escient, qui ne le valorise pas, qui ne le gratifie pas, et ne prête pas attention à ses réussites, l’en
prive en quelques sortes, et provoque des troubles de son image narcissiques.
Dans le cas ou la phase de « séparation et individuation » s’opère plus tardivement, l’enfant ne peut
développer les prémices identitaires de façon convenable. La surprotection de l’enfant par les
parents, ne lui laisse pas la possibilité de se construire une confiance en lui équilibrée. L’enfant
étant enfermé dans une dépendance parentale (voir maternelle), son inscription dans le processus
identitaire se voit retardé par le manque d’autonomie.
Comme le disait Winnicott, une mère doit être une mauvaise et une bonne mère à la fois : « elle doit
être suffisamment bonne », pour assurer à son enfant sa présence en équilibrant la gratification et la
frustration. De part ce fait, l’enfant pourra se construire une confiance en lui suffisamment
équilibrée.
2.3-3 L’école et la construction du sujet.
Pour Villars, la réussite scolaire passe par trois conditions pour que la construction de l’enfant ne le
préoccupe pas au point de ne pouvoir se libérer et prêter attention aux apprentissages :
- se séparer suffisamment de l’univers familial, pour vouloir rechercher des outils de compréhension
ailleurs.
- pouvoir utiliser le registre de l’imaginaire et du symbolique.
- savoir qui il est dans ses identités (sexuée, sociale, son histoire).
Ce dernier point, reste fort intéressant en ce qui concerne l’estime de soi et les apprentissages
scolaires. Je parlerais d’image renvoyée par la société, en faisant référence à Goffman, que la
personne s’approprie comme image d’elle même. L’école en tant qu’agent de socialisation, attribut
des rôles, des statuts et par extension des images.
L’enfant considéré comme mauvais élève, s’approprie cette image, et s’y construit une identité, de
l’estime de soi, il passe à une mésestime déterminée par les échecs scolaires. Le jugement et
l’opinion d’autrui, qu’il soit ou non, bien interprété par l’enfant, le renvoient à un miroir de sa
propre valeur. L’image renvoyé par l’adulte, maître, professeur, éducateur, affecte la nature du
processus d’identification, en effet le fait d’être considéré comme mauvais, insuffisant en raison de
ses échecs successifs peut devenir : une image pathogène pour l’estime de soi de l’enfant.
L’élève en échecs scolaire se trouve dans une situation de « non-amour », le retrait de l’amour de
son maître, de ses parents, déclenche des blessures narcissiques, l’échec de l’identification porte
atteinte à l’image du Moi (Idéal du Moi, comme projection idéal de l’enfant sur le modèle).
La compensation fantasmatique (ou la négation par le fantasme3) peut devenir alors une réponse
aux échecs successifs :
N’ayant pas d'assises narcissiques solides, le jeune ne peut «s’aimer et s’apprécier» comme tel, il
tombe alors dans l’idéal du moi inatteignable et compense celui-ci par un avenir fantasmatique.
L’usage excessif de ce mécanisme, est une source importante de résignation à l’échec et donc
l’enfoncement dans celui-ci, ce qui constitue une chaîne sans fin qui cause une mésestime
importante de l’enfant.
2.3-4 La stigmatisation
Les représentations sociales supposent l’attribution de statuts et de rôle, les personnes règlent leur
conduites en selon les positions sociales respectives à chacun. Pour Erving Goffman la
stigmatisation est « la situation de l’individu que quelque chose disqualifie et empêche d’être
pleinement accepté par la société ».
Il définit les rôles selon trois dimensions :
- le versant normatif (toutes les règles de conduites que l’individu doit respecter, utilisé pour réaliser
les fonctions qu’il doit assurer),
- le versant typique les attributs et qualités de la personne qui rempli se rôle
- l’interaction qui serait en quelque sorte un équilibre entre le versant normatif et typique.
Goffman fait une distinction entre l’identité sociale réelle (basée sur des éléments véridiques :
qualités attributs) et l’identité sociales virtuelles (basée sur des préjugés). Les rôles sociaux peuvent
devenir un stigmate s’ils sont en décalage entre l’identité réelle et virtuelle. Pour lui les individus
savent inconsciemment définir l’identité des autres et par ce fait les catégorisent, cependant il
arrivent que certaines personnes sortent de la catégorie qu’on leur a attribué, ce qui constitue un
stigmate (pas normal). Le stigmate prend donc ici une dimension relationnelle et sociale se basant
sur nos interaction avec les individus. C’est à partir de l’image de l’autre (« en miroir ») que nous
construisons des attentes normatives. L’individu stigmatisé ne répond pas à ces attentes normatives.
Les stigmates sont de trois natures :
- les anomalies et monstruosités du corps
- les tares du caractère : l’homosexualité, le chômeur, le suicidaire, l’ancien prisonnier ou interné…
- les stigmates tribaux : nationalité, religion couleur de peau…
Les personnes stigmatisées peuvent être considéré comme des « déviant normal », Ces individus
sont considérés comme stigmatisé car ils sont obligés d’adapter leurs comportements aux attentes
des autres. Goffman les différencie comme suit :
- le déviant intégré, inclus dans le groupe
- le déviant sociaux ou marginaux, il refuse sa place, mais reste intégré si sa révolte n’est pas trop
grande.
- les minoritaires et les sous prolétaire (ethnie/race).
En conclusion on peut dire que les personnes déficientes intellectuelles, sont également
stigmatisées, puisqu’on leur attribue des caractéristiques qui sont associées culturellement à la
déficience. Les jeunes d’I.M.E ne sont plus forcement considérés comme des adolescents mais
comme des déficients. Comme nous l’avons vue dans la classification de Wood le handicap provient
d’un déficit selon le regard de l’environnement, la norme. Cette image négative renvoyée par la
société est assimilé et intégrée par ces jeunes. La stigmatisation est donc un frein à l’estime de soi,
sa prise en compte du rapport que le jeune a avec lui même est donc importante.
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