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A PROPOS
HEIDI BROUZENG - direction artistique
« Que veut la femme ? » demandait Freud et il répondait : « avoir un pénis ». Non pas « avoir quoi que ce soit »
lui rétorque Virginia Woolf à la même époque mais Être.
A travers la mise en jeu de figures à la fois mythiques et contemporaines du corps féminin, (la maman et la
putain), entre le mythe grec de Pandore (la première femme) et la « King Kong théorie » de Virginie Despentes,
il s’agit d’interroger la place (réelle et fantasmée) que tient (ou ne tient toujours pas) le corps féminin dans notre
société et par là tenter de définir ce que c’est que d’être du coté du « Sexe Faible ».
L’ambition serait de faire exploser les corsets afin de rendre à l’humain (à l’humanité ?) ses femmes, leur
existence intègre, leurs identités multiples et enfin, penser la reconnaissance de ces identités non pas comme un
fondement de luttes, mais au contraire comme un préalable nécessaire à une entente (à un amour) possible
entre les êtres.
Décider qu’il n’y aura pas de récit, pas de logique, ni de happy end, ni peut-être de end tout court. On a oublié
comment ça a commencé et on ne sait pas où ça va s’arrêter.
Décider et oser que la musique racontera au moins autant que le verbe et cela même si l’on ne sait pas tous en
faire. Avec la musique les hurlements portent plus loin sous les peaux. Avec Michaux et le Rock affirmer que ce
que peut exprimer de primordial la musique, c’est « l’élan ». Et j’y ajoute l’émotion.
Décider que cela sera rarement sentimental, pas forcément festif, ni certainement convivial.
Au contraire, suprême indélicatesse, choisir le bancal. L’humanité poil à gratter, trébuchante et bancale.
Décider et oser la salubre colère, décider le tragique. Pas le dépressif ni le pathologique : le tragique. Et sa
révolte, et son ébriété, et sa folie, comme aveux d’une profonde envie de vivre.
Elles vont parler de chez les Virginie
Despentes, c’est à dire de chez « les
moches, pour les moches, les vieilles, les
camionneuses, les frigides, les mal
baisées, les imbaisables, les hystériques,
les tarées… pour toutes les exclues du
grand marché de la bonne meuf.»
Pour vous réjouir Messieurs Dames !
… Ici elles seront donc 6. 6 dont quelques hommes, à questionner bruyamment « la maman et la putain » : deux
de ces impossibles éternels féminins, tant aimés, tant haïs. Entre les deux surgit une autre figure qui pourrait
aisément tout articuler : PANDORA, la 1ère femme, mais aussi la femme vue comme un pur mannequin,
magnifique et pervers, créé de toutes pièces pour séduire et martyriser l’homme. Pour dénoncer cet héritage
d’une symbolique qui, aujourd’hui encore, agit sur le corps des femmes et leur place dans la société, les 6
personnages inventent un genre de cabaret, avec courage, vigueur et drôlerie. Un cabaret sans numéro
particulier, mais qui, comme un miroir à facette agite différents points de vue, dont les plus troublés, les plus
dérisoires, les plus violents, les plus grotesques… La musique, issue de courants rock et post rock
contestataires, exprime les élans de libération, cette façon qu’ont aussi les femmes de se dégager des
oppressions qui les brutalisent et les empêchent de vivre (que l’on pense à Patti Smith, Lydia Lunch ou.. les
Pussy Riots).
Et c’est finalement peut-être en observant cette perpétuelle quête identitaire des femmes, que l’on pourrait
trouver la meilleure approche de ce que c’est qu’être du coté du « sexe faible ».