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Dr. Michael Baumann, GERMANWATCH
Introduction
C’est sous la timide expression «other interested parties» que la société civile/ les ONG appa-
raissent dans les Principes directeurs révisés en tant qu’acteurs, aux côtés des gouvernements
et des partenaires sociaux.
Les ONG manifestent depuis longtemps, sur certains points, leur scepticisme vis-à-vis des
multinationales, même si l’intérêt public d’aujourd’hui tend plus à se diriger vers
l’architecture financière internationale, l’OMC et Rio+10 en 2002 à Johannesburg, que vers
chaque acteur de cette arène.
L’image des grandes entreprises internationales - on parle d’environ 30 000 dans le monde
entier (ce chiffre correspond aussi au nombre d’ONG dont l’action est internationale ; plus de
1000 d’entre elles sont accréditées par les NU) - a énormément changé durant les dernières
décennies. Ceci n’est pas seulement le résultat d’un bon travail de relations publiques ; pour
de nombreuses entreprises, le «corporate citizenship» fait aujourd’hui partie des valeurs des
actionnaires. Des bénéfices supérieurs à la moyenne, un transfert de technologies et des points
de vue prenant en compte l’environnement, sont maintenant souvent apportés à leur crédit,
également dans le Sud. Les Principes directeurs font aussi référence à ce thème.
Depuis des années, nous avons, chez GERMANWATCH, de bonnes expériences avec des
interlocuteurs des entreprises, par exemple lors des conférences internationales sur le climat
impliquant les entreprises, qui défendent une position favorable au protocole de Kyoto et qui
se sont regroupées en Europe au sein du e5 (European Business Council for a Sustainable
Energy Future). Grâce à un travail de relations publiques ciblé, nous avons réussi à convain-
cre des entreprises comme Daimler-Chrystler de quitter la coalition anti-climat «Global Cli-
mate Coalition», initiée par les entreprises énergétiques nord-américaines.
Un autre exemple positif de notre action est actuellement le soutien par le Parlement allemand
de notre proposition d’un devoir d’information de la part des entreprises, offrant des fonds de
pension, sur le caractère éthique, social et écologique de leur politique de placement.
D’un autre côté, lorsqu’on observe les multinationales, on voit également ressortir
l’indiscutable pouvoir de quelques entreprises, provenant simplement de leur grandeur – par-
mi les 100 plus grandes entités économiques dans le monde, on compte 51 entreprises et seu-
lement 49 Etats.
Alors que l’Etat perd de son pouvoir, un des défis fondamentaux qui se pose aux ONG du
Nord et du Sud ainsi qu’à beaucoup de leurs confrères, est l’égalité, voire la supériorité, des
entreprises sur les Etats.
Dans beaucoup de domaines réglementés auparavant par les Etats, existent aujourd’hui des
formes de remplacement, privées, appelées «soft law», à l’origine desquelles se trouve ce
transfert de pouvoir. C’est surtout le cas dans d’autres domaines de l’architecture financière
internationale. Le Dr. Geiger nous a informé ce matin au Parlement allemand sur la manière
utilisée par l’OCDE pour modifier le comportement –nuisible au système des impôts - que des
«centres offshore», par une pression légère en faveur du maintien des échelles, adoptent dans
des pays de l’OCDE comme le Luxembourg, la Suisse ou des îles britanniques de la Manche
Un autre exemple consiste en des formes diverses de codes de conduite non dotées de système
de sanctions, qu’ils soient recommandés par l’Etat, réalisés par les corps de métier ou encore
dirigés vers lune entreprises