
V
Nos actions
Don d’organes
Donner un rein
de son vivant,
c’est possible !
L
e développe-
ment de l’activité
de greffe de rein à
partir de donneurs
vivants est une priori-
té de santé publique.
La loi de bioéthique
2011 a élargi le cercle des donneurs vivants
potentiels et introduit la notion de don croisé*.
Au CHRU, c’est le service des prélèvements mul-
ti-organes, coordonné par le Dr Laurent Muller,
qui a la responsabilité des greffons. Chaque an-
née, environ 60 prélèvements sont effectués sur
une quinzaine de patients décédés. Mais qu’en
est-il des donneurs vivants ? Le recours à ces der-
niers permet aujourd’hui de faire face à une cer-
taine pénurie d’organes. 8 % des greffes rénales
s’appuient sur des donneurs vivants.
Les patients et leur entourage peuvent légitime-
ment se poser la question de l’éventualité d’une
greffe à partir de donneurs vivants et s’informer
sur le sujet auprès du personnel médical. Méde-
cins, personnel soignant et familles peuvent aussi
recueillir de nombreuses informations sur ce
type de greffe via l’Agence de la biomédecine.
« Donner un rein n’est pas un geste anodin. Si le
patient en attente de greffe fait l’objet d’un suivi
médical strict, le donneur vivant est lui aussi suivi
par l’équipe médicale. Une fois la décision prise
et la faisabilité de l’intervention confirmée, une
procédure garantit un accompagnement médi-
cal et juridique du donneur vivant », explique-t-on
à l’Agence de la biomédecine. La procédure dure,
en moyenne, huit à dix mois entre la première
rencontre avec l’équipe médicale et la greffe.
Plus d’informations sur l’activité de greffe rénale à
partir de donneurs vivants sur le site :
www.agencebiomedecine.fr
*Lorsque le don n’est pas possible au sein d’un
binôme familial A (ex : le père à son fils) en rai-
son d’une incompatibilité sanguine ou immuno-
logique, le donneur A donne son rein au receveur
d’un binôme B dans la même situation d’incom-
patibilité intra familiale mais compatible avec le
donneur A ; de même le donneur du binôme B
donne son rein au receveur A, à condition, éga-
lement, de compatibilité. Il s’agit donc d’un don
à partir d’un donneur vivant à quelqu’un de non
apparenté.
Mi-mai, la nouvelle faisait le tour du monde.
L’actrice américaine Angelina Jolie subis-
sait une double mastectomie (ablation des deux
seins) afin de prévenir un risque avéré de cancer
du sein. Cette prise de position, loin d’être anodine, a
replacé le sujet du cancer du sein à la « une » des médias
internationaux mais a surtout ouvert le débat sur cette
intervention chirurgicale radicale. Si la démarche de l’ac-
trice permet de sensibiliser les femmes
à la mastectomie, elle est également
motivée par le fait qu’une reconstruc-
tion des seins après une intervention
prophylactique, et donc sans traite-
ment complémentaire de chimiothéra-
pie et radiothérapie, est réalisée avec
des techniques plus simples, moins
agressives et plus esthétiques à long terme. Au CHRU,
ce type d’intervention (double mastectomie) est assez
rare. En moyenne, trois opérations de ce genre sont réa-
lisées chaque année.
Selon les médias, le risque pour Angelina Jolie de
contracter un cancer du sein serait passé de 87 % à
5 % suite à cette intervention. Qu’en est-il exactement ?
« Le risque zéro n’existe pas. Certes, l’intervention réduit
fortement les risques de cancer mais
cette opération est très lourde phy-
siquement, si bien que beaucoup
de femmes y sont opposées. Une
ablation des seins porte atteinte
à la féminité. Parallèlement aux
conséquences physiques, il y a un
aspect psychologique qu’il ne faut
surtout pas occulter. C’est pourquoi,
au CHRU toute une équipe pluridis-
ciplinaire (gynécologue chirurgien
cancérologue, chirurgien plasticien,
généticien, psychologue, etc.) assure
la prise en charge des patientes
appelées à subir ce type d’interven-
tion. Bien entendu, en amont, l’équipe médicale évalue
la pertinence de l’opération en concertation avec la
patiente et ses proches », explique le Dr Catherine Mar-
sollier-Ferrer, chirurgien gynécologue et cancérologue.
Une sensibilisation à renforcer
Dans la population générale, 10 % des femmes sont
susceptibles de développer un jour un cancer du sein
après 50 ans, beaucoup moins un cancer de l’ovaire
(4430 nouveaux cas/an). L’immense majorité des ces
cancers sont de nature « sporadique » mais 3 à 5 % des
ces cancers surviennent dans un contexte génétique de
prédisposition héréditaire aux cancers : qui sont, sur le
plan médical, ces femmes « menacées » ? « La plupart
de ces personnes sont porteuses d’une mutation des
gènes BRCA1 ou BRCA2 ; gènes de prédisposition au
cancer du sein et de l'ovaire » précise le Dr Chiesa, onco-
généticien. 12 000 femmes en France sont concernées.
Lorsque ces mutations génétiques sont présentes, une
tendance accrue à développer des cancers du sein ou
des ovaires, dans une moindre mesure du pancréas ou
de la peau est observée. Chez ces femmes porteuses
de mutations de ces gènes, le risque de développer un
cancer du sein avant l'âge de 70 ans est de 65 à 85 %.
Pour les femmes ayant déjà déve-
loppé un cancer du sein, le risque
de déclarer un cancer dans l'autre
sein est augmenté de 50 % par rap-
port aux femmes non porteuses de
mutations.
Quant au cancer des ovaires, le
risque est de 25 à 40 % pour les
femmes avec des mutations dans le gène BRCA1 et de
15 à 25 % pour les femmes avec des mutations dans
le gène BRCA2. Le seul moyen de réduire de manière
drastique ce risque est la mastectomie et l’annexecto-
mie (ablation chirurgicale des trompes de Fallope et
des ovaires).
Ces interventions sont plus communément envisagées
pour les femmes âgées de plus de 50 ans. Pourtant ce
sont les jeunes patientes porteuses de ces gènes qui
peuvent tirer le plus grand bénéfice de cette chirurgie
prophylactique, mais à quel prix ! L’objectif pour l’équipe
médicale est alors de repousser au maximum toute
intervention chirurgicale tout en préservant l’état de
santé de la patiente par une surveillance rapprochée
(mammographie, échographie et IRM chaque année à
partir de 30 ans) car chacune sait combien l’ablation du
sein est une épreuve difficile.
Une chose est sûre : une meilleure prise en charge
du cancer du sein passe par un renforcement de
la sensibilisation du grand public au dépistage (ex :
une mammographie prise en charge par la sécurité so-
ciale tous les deux ans pour les femmes de plus de 50
ans). Aujourd’hui, seules 35 % des femmes réalisent
cette mammographie
Génétique / Chirurgie
z L'équipe pluridisciplinaire composée de Lydie Bernhard,
des Docteurs Jean Chiesa, Catherine Marsollier-Ferrer,
Dominique Saunière, Dina Lucelly Diaz Huertas et de Yuliya Petrov.
Cancer du sein : la
double mastectomie en questions
Au CHRU, ce type
d'intervention est assez
rare. En moyenne,
trois opérations
de ce genre sont
réalisées chaque année.