e r r e u g La causes histoire e d i o r f conséquences Leslie Illingworth / Solo Syndication, London. Supplied by Llyfrgell Genedlaethol Cymru / National Library of Wales Une exposition du Berliner Kolleg Kalter Krieg et de la Bundesstiftung zur Aufarbeitung der SED-Diktatur. Présentée en langue française par DVV International. BERLINER KOLLEG KALTER KRIEG BERLIN CENTER FOR COLD WAR STUDIES La e r r e u g e d i o r f II Le 9 mars 2015 une brigade motorisée de la 3e division d’infanterie américaine débarque à Riga. Elle participe à la manœuvre Atlantic Resolve, visant à montrer aux Pays baltes la solidarité de l’OTAN pendant la crise ukrainienne. Photo : picture alliance / dpa / Valda Kalnina Une nouvelle guerre froide ? Depuis quelques années, on parle beaucoup d’une nou­ velle guerre froide. Qu’il s’agisse de l’entrée des Russes en Géorgie ou des bruits de bottes de la Corée du Nord pour les questions atomiques, du programme d’arme­ ment nucléaire de l’Iran ou des méthodes de Poutine en Crimée, sans même parler de la guerre larvée en Ukraine – de nombreux commentateurs estiment que nous sommes retombés dans les tourments de la période 1945–1991. Politiques et militaires contribuent à ali­ menter ces craintes. Ainsi le président polonais Andrzej Duda a-t-il demandé, en août 2015, que davantage de troupes de l’OTAN que prévu stationnent désormais en Le 16 avril 2014, à Slaviansk, dans l’Est de l’Ukraine, des milices prorusses présentent des véhicules blindés capturés aux troupes gouvernementales. Photo : picture alliance / Anadolu Agency Europe de l’Est. Dans les États baltes aussi la peur d’une menace russe s’accroît. Le Kremlin nourrit ces craintes par des vols militaires d’exercice à la limite immédiate de l’espace aérien de l’Europe de l’Ouest et par l’augmenta­ tion de ses dépenses d’armement. Aux États-Unis (USA) on discute en ce moment du droit d’une « frappe préven­ tive » dans le cadre d’une « cyberguerre ». Et, surtout, plane le spectre d’une Chine surarmée, visant à l’expan­ sion politique. Ces évolutions actuelles nous invitent à jeter un regard rétrospectif sur les débuts et le déroule­ ment de la guerre froide et à réinterroger les raisons de sa fin inattendue. Sur fond de conflit en Ukraine, l’OTAN, en 2014, suspend sa coopération militaire et c­ ivile avec la Russie. Sur le site web du Conseil Russie- OTAN fondé en 2002, l’Alliance militaire insiste cependant sur sa disposition à poursuivre le dialogue. Capture d’écran du 26 juillet 2015 En 2014, l’aviation russe provoque 400 interventions de la défense antiaérienne de l’OTAN. La photo montre un chasseur de l’OTAN escortant un des quatre avions de combats russes, qui s’étaient approchés de l’espace aérien balte. VIDÉO Cold war games: Russia, NATO practice for combat (2015), 2:06 min. Source: CNN / www.youtube.com En 2010, la caricature de l’artiste allemand Scharwel fait écho au programme d’armement nucléaire et aux bruits de bottes en Corée du Nord. Caricature : picture alliance / dieKLEINERT.de / Scharwel Photo : picture alliance / dpa Six États font valoir des prétentions sur les îles Spratleys, importantes d’un point de vue stratégique, situées au sud de la Mer de Chine. Ils y entretiennent des garnisons militaires sur une centaine de récifs, atolls et îlots. Photographie aérienne d’une base militaire chinoise. Photo : picture alliance / dpa La photo montre les restes de l’avion de ligne malaisien assurant le vol MH17, abattu le 17 juillet 2014 vraisemblablement par des séparatistes prorusses au dessus de l’Ukraine. Photo : picture alliance / dpa / ITAR-TASS Des élèves officiers américains sont formés à la défense contre les cyberattaques à l’académie militaire de West Point, N. Y. Photo du 9 avril 2015 : picture alliance / AP Photo / Mel Evans La e r r e u g e d i o r f III Le Premier ministre britannique Winston Churchill, le président américain Harry Truman et le chef de l’État soviétique et du Parti Joseph Staline (de gauche à droite) le 25 juillet 1945 à Potsdam. L’alliance de guerre des partenaires dissemblables ne devait pas durer longtemps après la victoire sur l’Allemagne et le Japon. Photo : picture alliance / Everett Collection Les débuts Avec la victoire sur l’Allemagne nazie et la capitulation du Japon, l’Alliance entre la Grande-Bretagne, les ÉtatsUnis d’Amérique et l’Union soviétique a atteint son but en 1945. La dispute sur le nouvel ordre allemand et est-européen se transforme rapidement en un conflit indépassable. Socialisme d’État et dictature du parti à l’Est, économie libre de marché et démocratie représentative à l’Ouest s’avèrent aussi incompatibles que les intérêts économiques et politico-sécuritaires de chacun. L’Est comme l’Ouest ne voient leur avenir assuré à long terme que par la diffusion mondiale de leur propre système de société. C’est pourquoi la guerre froide est un conflit global, qui s’étend sur tous les continents et recoure à la mobilisation des ressources économiques, scientifiques, culturelles et militaires. La partition idéologique du monde suit la division politique et militaire – effective avec la fondation de l’OTAN en 1949 et du Pacte de Varsovie en 1955. Alors qu’on en reste dans l’hémisphère nord à une « non-paix » armée, le Tiers Monde devient pendant quatre décennies le théâtre de « guerres chaudes ». VIDÉO Berlin christmas 6 months into ­blockade (1948). 4:40 min. Source: British Pathé / www.youtube.com Le parti communiste, par un coup d’État, s’empare du pouvoir en Tchécoslovaquie en février 1948. Le 25 février 1948, une milice ouvrière passe sur le Pont Charles à Prague. Un avion ravitailleur (appelé « Rosinenbomber »*) en approche à l’aéroport de Tempelhof. Le blocus de Berlin-Ouest par les Soviétiques, de juin 1948 à mai 1949 et le point aérien mis en place par les Occidentaux symbolisent la rupture entre les anciens alliés en Europe. * littéralement « bombardier de raisons secs » Photo : picture alliance / akg images Photo, sans date : picture-alliance / dpa En Italie et en France, les partis communistes et socialistes ainsi que les syndicats de gauche jouent un rôle important depuis la Seconde Guerre mondiale. Manifestation de communistes italiens le 10 septembre 1949 à Florence. Photo : picture-alliance / United Archiv « Aide Marshall » peut-on lire en suédois sur une carte postale de 1948. Le motif a été créé lors d’un concours d’affiches pour soutenir le « plan Marshall » – un programme américain pour ­redynamiser l’économie ouest-européenne. Dans l’espace sous domination soviétique, le plan Marshall est critiqué en tant qu’instrument de « l’impérialisme américain » et indirectement en tant qu’instrument de guerre. Policières est-allemandes pendant la foire d’automne de Leipzig. Carte postale : picture alliance / Mary Evans Library / Gösta Åberg Photo : picture alliance / Zentralbild Après l’entrée de l’armée de libération populaire communiste à Pékin le 5 février 1949, les partisans de Mao fêtent leur triomphe. Le 1er octobre Mao proclame la République populaire de Chine. L’Asie devient bientôt, elle aussi, le théâtre de la guerre froide. Photo : picture alliance / ap photo Après la signature des accords de Paris le 23 octobre 1954, la République fédérale d’Allemagne devient membre de l’OTAN le 5 mai de l’année suivante. Photo : NATO Photos La e r r e u g e d i o r f IV Le 6 août 1945, la bombe atomique a­­méricaine anéantit la ville japonaise d’Hiroshima. Les aiguilles de ce qui reste d’une montre retrouvée dans les ruines marquent l’heure de l’explosion à 8h 15 heure locale. Photo : UN Photo / 84772 Le carburant de la guerre froide Les 6 et 9 août 1945, Hiroshima et Nagasaki sont dé­ truites par une arme d’une puissance de destruction inouïe – la bombe atomique. D’un point de vue militaire, ces attaques sont sans raison. Le Japon est déjà au bord de la capitulation. Pour les USA, il s’agit surtout de la dé­ monstration de leur supériorité technologique et de leur détermination à en faire usage. C’est avant tout les di­ rigeants soviétiques qu’il s’agit d’impressionner. Aussi, nombre de contemporains considèrent l’utilisation de la bombe atomique non pas comme le dernier acte de la Seconde Guerre mondiale, mais comme le prélude de la guerre froide. Alors que Moscou reproche aux USA de se comporter en maître-chanteur et de vouloir dominer le monde, Staline développe à marche forcée son propre programme nucléaire militaire. C’est aussi la raison de l’échec des tentatives de contrôle des combustibles nu­ cléaires dans le cadre de l’ONU. Bien au contraire une idée terrible s’impose : les armes nucléaires sont des armes politiques ; la crédibilité d’une grande puissance interdit d’y renoncer. Quand l’URSS réussit pour la pre­ mière fois un essai atomique en août 1949, l’essence de la guerre froide se fait jour : le conflit entre les deux vi­ sions incompatibles du monde est désormais mené par la menace de destruction de part et d’autre : c’est une première historique à l’échelle du monde. VIDÉO Inside the Enola Gay (1945), 2:52 min. Source: The National Archives (USA), 434.593 Une photo du 9 août 1945 montre les contours d’un être humain et d’une échelle, que le flash de ­l’explosion atomique à ­Hiroshima a gravé sur un mur. Photo : SZ Photo/Süddeutsche Zeitung Photo Hiroshima après la bombe atomique, le 6 août 1945. Un graphique publié le 9 août 1945 par l’armée américaine indique le rayon des destructions, causées par la première bombe atomique. Photo : picture alliance / Photoshot Photo : picture allliance / AP Photo Séance de la commission de l’énergie atomique des ­Nations-Unies. La proposition des USA d’interdire à l’avenir la fabrication d’armes nucléaires et de faire contrôler par l’ONU l’usage pacifique de l’énergie atomique à l’échelle universelle et de manière illimitée échoue notamment en raison de la méfiance des ­Soviétiques. Photo : UN Photo / 291849 Des mineurs de la « Wismut », dans la ville saxonne de Johanngeorgen­ stadt, prospectent le sous-­ sol dans le cadre de Uran, le programme de bombe atomique soviétique. Photo, 1946 : picture alliance / dpa-Zentralbild / Gerhard Behr Le journal Berliner Zeitung, paraissant sous contrôle de l’autorité soviétique d’occupation, rend compte de manière détaillée, le 8 août 1945, du largage de la bombe atomique. Il insiste en particulier sur le potentiel de la fission nucléaire pour l’usage civile – ce qui était alors un rêve mondialement partagé. Faksimile : M. DuMont Schauberg / Berliner Zeitung « Fin du monopole américain sur la bombe atomique » titre triomphalement en une le Berliner Zeitung – journal paraissant dans la partie est de Berlin – le 24 septembre 1949, après que les essais réussis de la bombe atomique soviétique ont été rendus publics. Facsimilé : M. DuMont Schauburg / Berliner Zeitung La e r r e u g e d i o r f V Le 1er novembre 1952, les États-Unis testent la première bombe à hydrogène (« Ivy Mike ») sur l’atoll Eniwetok dans les mers du sud. Photo : National Nuclear Security Administration / Nevada Site Office Les outils de l’apocalypse La nouvelle de la bombe atomique soviétique accélère la construction par les États-Unis d’une super-arme ther­ monucléaire, qui ne tire pas son énergie de la fission, mais de la fusion nucléaire. Une bombe à hydrogène, tes­ tée au printemps 1954, de 15 mégatonnes, dépasse 750 fois la puissance de la bombe nucléaire précédente lâchée à Hiroshima. Sept ans plus tard, avec la « Tsar Bomba », testée par l’URSS, on atteint 50 mégatonnes et un champi­ gnon atomique d’une hauteur de 64 kilomètres. Une seule de ces armes peut dévaster jusqu’à 1000 km2. Jusqu’au mi­ lieu des années 1980, les arsenaux des deux superpuis­ sances ont été portés à plus de 60 000 ogives explosives, de quoi détruire plusieurs fois toute la planète et l’huma­ nité avec elle. Mais les politiques n’en deviennent pas plus raisonnables. Bien au contraire. Un nombre toujours croissant d’États se lancent dans la course aux armes nucléaires. La Grande-­ Bretagne, la France, la République populaire de Chine et ­Israël deviennent à leur tour des puissances nucléaires avant la fin des années 1960. Suivent plus tard l’Inde, le Pakistan et la Corée du Nord. De toutes parts, on manque de don­ nées budgétaires fiables. Apparemment, pendant la guerre froide, les États-Unis ont dépensé à eux seuls cinq billions de dollars pour les armes de destructions massives. VIDÉO Vidéo: Sahara – France now atom power (1960), 0:48 min. D’avril à octobre 1957, 30 armes nucléaires sont testées dans l’État fédéral du Nevada, pour analyser en particulier leur impact sur des cibles militaires et civiles. La photo montre des observateurs de l’OTAN lors d’un essai le 28 mai 1957. Photo : National Nuclear Security ­Administration / Nevada Site Office Caricature du journal populaire à grand tirage, le Daily Mirror au sujet des tests de la bombe à hydrogène américaine dans le Pacifique. Elle dénonce la disposition d’esprit de l’humanité face à ces expérimentations qui menacent son existence. Facsimilé : SZ Photo / UPI « Même après un tel nuage, le soleil ». Cette annonce publicitaire de 1954 ­paraphrase un dicton américain et illustre le malaise qui entoure la question de l’atome dans les années 1950. Photo : picture alliance / the Advertising Archives La France procède en 1972 à un grand nombre d’essais ­atomiques dans le Pacifique. Caricature : Peter Leger (dessinateur), Haus der Geschichte, Bonn La mention « ne s’en servir en aucun cas – l’ennemi pourrait exercer des représailles » est écrites sur les missiles nucléaires. « Retour en arrière », tel est la légende de la caricature parue le 24 août 1953 dans le Daily Express. Au début des années 1950, un jeu de construction « laboratoire d’énergie nucléaire » est commercialisé aux États-Unis. Il contient du matériel faiblement radioactif. Photo non datée : picture alliance / akg-images Caricature : Michael Cummings / Express Newspapers / N&S Le développement des arsenaux nucléaires depuis 1945. Graphique : picture alliance / dpa-Grafik Source: British Pathé / www.youtube.com La e r r e u g e d i o r f VI Coréens du Sud fuyant la zone des combats pendant que des soldats américains montent au front en renfort. Scènes de la guerre de Corée, août 1950. Photo : picture-alliance / akg-images Bras de fer en Corée La Corée est divisée depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Afin d’arracher la réunification, le 25 juin 1950, les troupes communistes du nord attaquent et prennent d’assaut la partie sud du pays. Les raisons pour lesquelles l’URSS et la Chine reviennent sur leurs ré­ serves initiales et donnent leur feu vert à l’offensive dès le printemps reste un point contesté. Vraisemblablement, Staline cherche une occasion de montrer aux USA – protecteurs de la Corée du Sud – les limites de leur pou­ voir. Le monde doit voir que les armes nucléaires sont inefficaces, parce qu’elles ne compensent ni les avan­ tages géographiques ni les troupes en nombre supérieur. Evolution du tracé de la ligne de front dans la guerre de Corée, de septembre à novembre 1950. Carte : picture alliance / dpa Infografik Un jeu risqué. Munis d’un mandat de l’ONU, les ÉtatsUnis attaquent, repoussent les envahisseurs de la partie Sud et remontent jusqu’à la frontière chinoise – pour la première fois, la possibilité semble offerte à Washington de libérer un pays du communisme. Quand 200 000 sol­ dats chinois passent à la contre-offensive et repoussent les Américains vers le sud, des militaires américains de haut rang demandent l’usage de l’arme atomique. Le pré­ sident Truman refuse et décide de poursuivre la guerre de position. A l’été 1953, les combats sont suspendus et la Corée, totalement dévastée, reste divisée. Troupes turques en route vers la Corée. Plus de 5000 ­soldats turcs combattent au sein des troupes internationales de l’ONU, et sous haut-commandement américain, les envahisseurs venus de Corée du Nord. Un exemple d’humanité dans une guerre conduite avec brutalité de part et d’autre : un GI américain prodigue les premiers soins à un soldat chinois blessé. Photo non datée : picture alliance / Yonhap News Agency Photo, septembre 1950 : UN Photo / 187822 VIDÉO First films from the Korean War (1950), 3:03 min. Source: British Pathé / www.youtube.com Le maréchal nord-coréen Kim Il Sung (à gauche) signe le 27 juillet 1953 à Panmunjeom l’accord d’armistice. Depuis lors, la Corée est divisée le long de la ligne du 38e parallèle. Photo : picture alliance / dpa Plus de quatre millions de morts et plus de 4,5 millions de réfugiés : tel est le bilan de la guerre de Corée. La photo montre des civils partant se mettre à l’abri des combats en janvier 1951. Photo : UN Photo / 88448 Bombardiers américains B-29 en janvier 1951 attaquant des posi­ tions chinoises en Corée. Après d’intenses bombardements sur des cibles civiles et militaires, l’armée de l’air américaine, fin 1950, avait annoncé qu’elle manquait de nouvelles cibles. En octobre 1950, dans une base du Pacifique, le président ­américain Truman salue Douglas MacArthur (à gauche) haut-commandant des troupes de l’ONU en Corée. Six mois plus tard Truman congédie le général pour avoir ignoré des directives de manière répétée et avoir incité à étendre la guerre à la Chine. Photo : picture alliance / UPI Photo : picture alliance / akg-images La e r r e u g e d i o r f VII L’Union soviétique exige l’obéissance absolue dans sa sphère d’influence. Lorsque la Yougoslavie communiste en 1948, sous Tito, refuse de suivre, ­Moscou se lance dans une très longue campagne de dénigrement. Illustration : Neues Deutschland des 8. 7. 1949, 24. 8. 1949, 6. 10. 1949, 1. 12. 1949 L’ « ennemi de l’intérieur » En novembre 1952, l’ancien secrétaire général du par­ ti communiste tchécoslovaque, Rudolf Slánský, est condamné à mort pour avoir été, soi disant, à la tête d’une conspiration. C’est l’acmé d’une parodie de procès et de vagues de persécutions dans le bloc Est, qui n’épargnent personne, pas même les communistes. L’« épuration » permanente de la société et dans ses propres rangs est l’expression d’une paranoïa politique. Elle est en même temps l’instrument de la mise au pas de l’ensemble de la vie politique. Quand Slánský est exécuté, en décembre, les opposants au communisme dans le bloc Est sont de­ puis longtemps réduits au silence, ont émigré, ont été Cliché du camp de travail soviétique de Vorkouta, à 120 kilomètres au nord du cercle polaire. Vorkouta devient le synonyme d’un système de camps et de prisons, le Goulag, que l’Union soviétique a aussi élargi à l’Europe centre-orientale après 1945. Photo, années 1930 / 1940 : picture alliance / RIA Nowosti a­ rrêtés ou assassinés. Certes, à l’Ouest les partis com­ munistes ont une existence légale. En France et en Italie, ils recueillent régulièrement plus de 20 % des voix aux élections. Mais, depuis la fin des années 1940, la peur du « noyautage » se répand. Aux USA, on en vient à une vraie chasse aux sorcières parmi les enseignants, les ac­ teurs et les journalistes, qui sont diffamés comme com­ pagnons de route du communisme international. Le par­ ti communiste américain ne joue déjà plus aucun rôle dans la vie publique à cette époque. En Allemagne fédé­ rale, le parti communiste (KPD) végétait déjà, quand il est interdit en 1956. L’ancien secrétaire général du parti communiste tchéco­ slovaque, Rudolf Slánský, devant le sénat du tribunal d’État à Prague, le 1er novembre 1952. Peu après, avec dix autres accusés, il est inculpé pour haute trahison et exécuté. En 1953, des manifestants, devant la Maison blanche à ­Washington, demandent la grâce de Ethel et Julius Rosenberg. Le couple est accusé d’espionnage, en matière d’atome, pour le compte de l’URSS, et est exécuté le 19 juin 1953. Photo : picture alliance / dpa / CTK Photo Photo : picture-alliance / akg-images VIDÉO Show Trial against Milada ­Horáková, Prague 1950, 5:36 min. Source: www.youtube.com Aux États-Unis, Joseph McCarthy attise la peur de l’« infiltration communiste » et parle d’un noyautage au plus haut niveau de l’État et du gouvernement. La photo montre le sénateur américain lors d’une audition en 1954. Photo : picture alliance / Everett Collection Après presque cinq ans d’enquête, la Cour constitutionnelle de RFA interdit le parti communiste allemand (KPD) le 17 août 1956. Le cliché montre le siège du parti à Düsseldorf après l’annonce du verdict. Photo : picture-alliance / dpa / Bernhard Frye Une affiche de RDA de 1951 s’insurge contre l’OTAN et l’ancrage à l’Ouest de la République fédérale d’Allemagne. Elle montre le président américain Truman à bord d’un cuirassé, tenant un gouvernail en forme de croix gammée avec en son centre la tête du chancelier ouest-allemand Adenauer. Affiche : BArch., Plak 100-054-009 / N. N. / Sachsenverlag Dresden En 1947, une bande dessinée de la Catechetical Guild Educational Society met en garde contre le danger imminent de la prise de pouvoir par les communistes aux USA. Facsimilé : archive.org / ­public domain La e r r e u g e d i o r f VIII Le 17 avril 1955, le président indo­ nésien Soekarno ouvre la conférence de ­Bandung, qui devient le point de départ du mouvement des États non alignés. Photo : picture alliance / United Archives A la recherche d’une « troisième voie » La domination des deux blocs ennemis fait l’objet de cri­ tiques dès les débuts de la guerre froide. En avril 1955 les « non alignés » – comme les appellent les contempo­ rains, se réunissent en Indonésie, à Bandung, pour leur première conférence. Les délégués de 23 pays asiatiques et de six pays africains se considèrent comme les repré­ sentants du « Tiers Monde » – ces pays qui, depuis 1945, secouent le joug de la domination coloniale et trouvent une attention insoupçonnée dans le monde bipolaire. Ce sont en particulier les porte-parole que sont l’Inde, l’Égypte et la Yougoslavie qui défendent un rôle auto­ nome entre l’Est et l’Ouest. Mais, dans la pratique, bien des pays « non alignés » restent très en deçà de leurs propres revendications – respect des droits de l’homme et non immixtion dans les affaires des autres. Ils cèdent souvent aux avances des grandes puissances, acceptent très largement les aides militaires et jouent Moscou et Washington l’une contre l’autre. C’est aussi le temps des guerres entre non alignés – entre l’Inde et le Pakistan, la Somalie et l’Éthiopie ou l’Ouganda et la Tanzanie. Les égoïsmes nationaux et les prétentions à devenir de grandes puissances empêchent les « non alignés » de devenir les représentants d’une « troisième voie ». Les trois grands du mouvement des non alignés le 20 juillet 1956 sur l’île de Brioni, en Yougoslavie: (de gauche à droite) le président égyptien Gamal Abdel Nasser, le chef du parti et de l’État yougoslave Josip Broz Tito et le Premier ministre indien Jawaharlal Nehru. Après la nationalisation du canal de Suez, le président Nasser est acclamé au Caire le 28 juillet 1956. Une intervention des troupes britanniques, françaises et israéliennes, fin octobre, prend fin rapidement, sur pression des États-Unis et de l’Union soviétique. Photo : picture alliance / United Archives Photo : picture alliance / AP Images VIDÉO President Sukarno Opening Speech at the Bandung Con­ference, 1955, Indonesia, 2:22 min. Source: Timescape Indonesia / www.youtube.com Les colonies en 1945, après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Carte : picture alliance / dpa-Infografik En marge d’une conférence de l’ONU à New York, en 1960, le chef du parti et de l’État soviétique Khrouchtchev cherche à se gagner les faveurs des présidents Gamal Abdel Nasser et Josip Broz Tito. Ce dernier, dix ans plus tôt, avait été traité de fasciste par l’Union soviétique. Photo : picture alliance / AP Photo / Anthony Camerano En 1959 se produit au Tibet une insurrection contre la Chine, qui occupe le pays depuis 1950. Après sa répression et la fuite du Dalaï-Lama en Inde, un interprète annonce au début avril 1959 à Lhassa la décision de Pékin de mettre en place un nouveau gouvernement. Photo : picture alliance / dpa Le 30 septembre 1960, un jour avant la proclamation de l’indépendance de la colonie britannique du Nigeria, des scouts nigérians se tiennent devant le monument de l’indépendance déjà érigé dans la capitale Lagos. Photo : picture alliance / dpa Le 28 octobre 1971, le président Richard Nixon accueille le chef de parti et de l’État yougoslave Tito devant la Maison blanche à Washington. Photo : White House Photo Office / Robert L. Knudsen La e r r e u g e d i o r f IX La Leipziger Straße à Berlin-Est. Une révolte populaire, née d’un mouvement de protestation sociale est réprimée par les chars soviétiques le 17 juin 1953 en RDA. Photo : picture alliance / akg-images Endiguer, libérer, isoler De 1953 à 1956 des rebellions contre le pouvoir commu­ niste se produisent en Europe centre-orientale. Les mou­ vements de protestations sociales débouchent presque toujours sur l’exigence de démocratie et d’autodétermi­ nation. Quand les autorités locales n’arrivent pas à maî­ triser la situation, les chars soviétiques interviennent : en 1953 en RDA et en 1956 en Hongrie. Dans ce dernier pays, le nouveau gouvernement demande l’aide de l’Occi­ dent. L’Ouest, qui en en avait toujours appelé à repousser le communisme (stratégie du « Roll Back »), considère que le risque atomique est trop élevé. A partir de là, on ne parle plus en Europe que « d’endiguement » de la puis­ sance soviétique. Derrière le « rideau de fer », l’Union s­ oviétique a les mains libres. Seule Berlin-Ouest constitue une exception. Après l’échec des tentatives de Moscou de refouler les puissances occidentales, cette moitié de ville est emmurée en août 1961. Berlin-Ouest est séparée de la RDA, ce qui met un terme à l’émigration massive des EstAllemands. En raison d’un conflit sur le droit d’accès des Alliés à Berlin-Est, on en vient à un bras de fer militaire en octobre 1961 : Deux jours durant, au « Checkpoint Charlie », des chars soviétiques et américains pointent des armées chargées en direction l’un de l’autre jusqu’à ce que John F. Kennedy et Nikita Khrouchtchev fassent bais­ ser la pression. Après ces événements, les frontières de la guerre froide sont fixées – pour un temps. Appel au don, non daté, de la radio américaine Radio Free Europe, émettant dans le bloc Est. Elle s’est donné pour mission de combattre le communisme. Facsimilé : picture alliance / the Advertising Archives VIDÉO Hungarian Tragedy (1956), 3:29 min. Source: British Pathé / www.youtube.com 29 octobre 1956, convoi d’aide humanitaire de la Croix rouge, parti de Bonn pour la Hongrie. Contrairement à ce que la propagande occidentale avait suggéré, il n’a jamais été sérieusement question, à aucun moment, de refouler militairement le communisme en Europe centre-orientale. Photo : picture alliance / AP Photo En novembre 1956, les chars soviétiques répriment dans le sang la révolte populaire hongroise contre la domination étrangère de Moscou. Des radios amateurs en appellent vainement à l’Ouest, Radio Free Europe ayant auparavant promis l’aide de l’Occident. Nikita Khrouchtchev et Walter Ulbricht veulent ­empêcher les départs massifs de RDA. C’est ainsi que le caricaturiste Peter Leger interprète l’ulti­ matum soviétique sur Berlin de 1958. Photo non datée de Budapest : picture alliance / akg-images Caricature : Peter Leger (dessinateur), Haus der Geschichte, Bonn Les puissances occidentales considèrent la construction du Mur comme une décision souveraine de l’Union soviétique. C’est seulement quand la question de leur accès à Berlin-Est est remis en cause qu’on en vient, fin octobre 1961, à l’épreuve de force entre les superpuissances au Checkpoint Charlie. Photo : picture alliance / dpa Un dur affrontement lors du sommet entre le président américain John F. Kennedy (à droite) et le chef de l’Etat et du parti Nikita Khrouchtchev (à gauche) le 3 juin 1961 à Vienne. Les deux parties s’accusent de préparer la guerre et Kennedy ­pronostique un « hiver froid ». Une photo, prise à l’automne 1961, montre comment le régime communiste est-allemand (régime du SED, le parti socialiste unifié) consolide l’herméticité du Mur avec Berlin-Ouest, dont la construction a commencé le 13 août 1961. Photo : picture alliance / Votava Intern Pressebildagentur Photo : BArch, B 145 Bild-P061246 / N. N. La e r r e u g e d i o r f X Le 1er novembre 1961, l’initiative « ­Women Strike for Peace » rassemble environ 50 000 femmes et mères dans les rues de 60 villes américaines. Comme ici à New York devant la commission ­américaine à l’énergie atomique, elles manifestent contre les essais atomiques à l’Est et à l’Ouest. Photo : picture alliance / AP Photo Protestation et Résistance Dans les années 1950 apparaissent partout dans le monde des mouvements de résistance à la politique de confron­ tation des blocs et de leur course à l’armement nucléaire. Des scientifiques et des intellectuels de renom comme Bertrand Russell et Albert Einstein en appellent à pros­ crire les armes nucléaires. En RFA, le mouvement contre l’armement nucléaire « Kampf dem Atomtod » contribue à empêcher l’armement militaire de l’armée fédérale, la Bundeswehr. Aux États-Unis et en Grande-Bretagne, des dizaines de milliers de personnes exigent la fin des essais atomiques, qu’ils rendent responsables d’une détériora­ tion extrême de l’environnement en raison de produits de Le 9 juillet 1955, lors d’une conférence de presse à Londres, Bertrand Russell présente un manifeste signé par des scientifiques de renom – notamment par Albert Einstein. Ce manifeste, qui trouve un écho considérable, exige le désarmement nucléaire de toutes les puissances. Photo : picture alliance / UPI fission radioactifs – à juste titre comme le démontre la pré­ sence de Strontium 90 dans le lait maternel. Dans un cercle très fermé, un scientifique soviétique, Andreï Sakharov, émet pour la première fois de très graves réserves quant à la poursuite de la politique menée jusqu’alors. Après de longues négociations, les USA, l’Union soviétique et la Grande-Bretagne parviennent à un « accord limité sur l’ar­ rêt des essais atomiques » en octobre 1963 et renoncent alors aux essais atmosphériques, spatiaux et sous-marins. Étant donné que les expérimentations souterraines restent autorisées, la course à l’armement se poursuit. Aussi, les opposants continuent leurs actions. Le Bulletin of the Atomic Scientists paraît depuis 1945, avec, en couverture, une horloge affichant symboliquement le compte à rebours avant la guerre atomique. Elle entend signifier à l’opinion publique le risque présent d’une guerre atomique. Le mouvement « Kampf dem Atomtod » (combat contre la mort par l’atome) et un groupe d’objecteurs de conscience manifestent le 27 septembre 1958 à Francfort/Main contre l’armement nucléaire de l’armée ouest-allemande, la Bundeswehr. Photo : picture alliance / dpa / Richard Koll VIDÉO Pact banning ­nuclear tests in the atmosphere, in s­­pace, and underwater is signed in Moscow, Russia (1963), 1:33 min. Source: British Pathé / www.youtube.com Les physiciens atomistes Igor Kourtchatov (à droite) et Andreï Sakharov (à gauche) en août 1958 à Moscou. En 1961, lors d’une rencontre avec Khrouchtchev, Sakharov, futur dissident, se prononce contre l’essai prévu d’une bombe à hydrogène de 100 mégatonnes. Finalement, sa charge explosive est réduite de moitié. Photo :Archive Sakharov (Moscou) / Dmitry Pereverzev Facsimilé : Bulletin of the Atomic Scientists Des mères britanniques se rassemblent le 5 novembre 1961 devant l’ambassade soviétique à Londres pour protester contre l’explosion de la « Tsar Bomba » le 30 octobre, la bombe à ­hydrogène la plus puissante (50 mégatonnes) jamais testée. Le 7 octobre 1963, à la Maison blanche à Washington, le président des États-Unis Kennedy signe le traité d’interdiction partielle des essais nucléaires. Graphique indiquant le nombre des essais atomiques entre 1945 et 2013. Photo : picture alliance / dpa Photo : The John F. Kennedy Presidential Library and Museum, Boston / Robert L. Knudsen Graphique : statista.com / SIPRI La e r r e u g e d i o r f XI Cette photographie aérienne fait partie des documents qui ont servi à informer le président américain Kennedy, le 16 octobre 1962, du stationnement de missiles nucléaires soviétiques à Cuba. Photo : John F. Kennedy Presidential Library and Museum, Boston Au seuil de la guerre atomique La confrontation la plus dangereuse de la guerre froide se produit du 14 au 28 octobre 1962. Les États-Unis dé­ couvrent à Cuba les rampes de lancement de 36 missiles de moyenne portée. Moscou entend ainsi prouver ses ambitions de puissance mondiale et indiquer aux USA les limites de leur puissance. A Washington, on ne parle pas de menace d’une nouvelle sorte. Et les missiles ne changent rien à la supériorité militaire américaine. Mais le stationnement de ces missiles à la porte de l’Amérique est politiquement inacceptable. Le président John F. Kennedy décrète un blocus maritime, place les forces aé­ riennes stratégiques en état d’alerte maximale et consti­ tue en Floride une force d’attaque de 120 000 hommes. Les incidents qui ont lieu derrière le dos des principaux protagonistes sont plus dangereux encore : des croiseurs américains pourchassent des sous-marins de la flotte rouge, des officiers soviétiques ouvrent le feu sur un avion de reconnaissance au dessus de Cuba, des avions de chasse américains pénètrent dans l’espace aérien so­ viétique. Quand Fidel Castro demande de tirer en pre­ mier des missiles nucléaires contre les États-Unis, Nikita Khrouchtchev tire le signal d’alarme. Avec le retrait des missiles, la crise est réglée, mais la guerre froide s’ag­ grave : pour faire jeu égal avec les États-Unis, le Kremlin ordonne l’augmentation massive de toutes les catégories d’armements. VIDÉO Cuban ­Missile Crisis (1962), 2:39 min. Source: British Pathé / www.youtube.com Des soldats cubains fêtent leur victoire contre le débarquement d’exilés cubains, initié et organisé par la CIA. Il a commencé à la mi-avril 1961 dans la baie des Cochons et a fini en désastre quelques jours plus tard. Photo : picture alliance / AP Photo / Miguel Vinas Depuis septembre 1962, les services secrets américains observent les déplacements suspects de navires dans les Caraïbes, ainsi que du cargo « Poltava » qui transporte de l’armement soviétique vers Cuba. Le chef d’État Fidel Castro, le ministre de l’Industrie Ernesto « Che » Guevara et leur hôte soviétique, le vice-président du Conseil des Commissaires du peuple Anastase Mikoyan à la Havane le 4 février 1960 (Cuba). Photo : picture alliance / dpa Photo : John F. Kennedy Presidential Library and Museum, Boston Le 25 octobre 1962, l’ambassadeur américain Adlai E. Stevenson présente devant le Conseil de sécurité des Nations-Unies à New York les preuves photographiques du stationnement de missiles soviétiques à moyenne portée à Cuba. Le 22 octobre 1962, le président des États-Unis Kennedy décrète l’embargo contre Cuba. Aussi, des destroyers américains poursuivent des sous-marins soviétiques devant Cuba et en contraignent certains à faire surface. Des hélicoptères de la marine américaine accompagnent les opérations. Photo : UN Photo / 77286 Photo non datée : picture alliance / akg-images Suite à la crise de Cuba, un téléscripteur de production soviétique est installé en août 1963 au Pentagone pour une communication directe avec Moscou. Photo : picture alliance / dpa / Sachs-Schulmann Le 28 octobre 1962, Moscou s’engage à retirer les missiles et les États-Unis disent publiquement qu’ils renoncent à un débarquement à Cuba. Lors de négociations secrètes, Kennedy envisage le démantèlement de missiles américains en Turquie. Photo non datée d’un missile américain Jupiter en Turquie : Still Pictures Division, National ­Archives / Philip Nash, Pennsylvania State University La e r r e u g e d i o r f XII En mars 1965, des hélicoptères américains ouvrent le feu pour protéger l’avancée de soldats du Vietnam du Sud. Depuis février 1965, les États-Unis envoient toujours plus de troupes au sol au Vietnam. Photo : picture alliance / AP Photo / Horst Faas Le traumatisme du Vietnam Depuis le début des années 1960, l’Est et l’Ouest se livrent à leur lutte d’influence et de prédominance dans les pays du Tiers Monde essentiellement. A la différence d’une Europe politiquement figée, ils peuvent y gagner de nou­ veaux alliés et y exploiter des ressources. Le Vietnam mé­ rite un intérêt particulier. Tout d’abord Washington n’ac­ corde guère d’importance au fait que la France, après une terrible défaite en 1954, quitte le pays. Les troupes américaines – en 1968, ce sont 550 000 hommes – en­ semble avec leurs alliés du Vietnam du Sud mènent la plus longue guerre chaude de la guerre froide, contre la gué­ rilla et des troupes régulières nord-vietnamiennes, massi­ Des troupes du Vietnam du Nord sur la « piste Hô Chi Minh », un réseau de routes et sentiers de plusieurs centaines de kilomètres, utilisé depuis les années 1950 pour le transport de troupe et de ­matériel du nord vers le sud du Vietnam. Photo non datée : picture alliance / dpa vement soutenues par l’URSS et la République populaire de Chine. Il tombe plus de bombes sur le Vietnam que sur tous les théâtres réunis de la Seconde Guerre mondiale ; deux millions de Vietnamiens, vraisemblablement, ont été tués – le coût le plus élevé en vies humaines avec la Corée. Même l’élargissement des combats au Laos et au Cambodge ne peut empêcher l’échec des Américains. En 1975, le Vietnam est réuni sous domination communiste. La guerre divise l’Amérique et provoque des contro­ verses acharnées, jusqu’à aujourd’hui. Les États-Unis, par­ tout dans le monde, perdent en prestige et en influence, en particulier dans les rangs des jeunes générations. Le 16 mars 1968, des soldats américains assassinent plus de 500 civils dans le village sud-vietnamien de Mỹ Lai. La photo montre un GI de la « Task Force Barker » en train d’incendier le village. VIDÉO Vietnam protests in London (1968), 1:44 min. Source: War Archives / British Pathé / www.youtube.com Le 8 juin 1972, des enfants, paniqués, fuient leur village après une attaque au napalm. Le cliché pour lequel le photographe sud-vietnamien Nick Út, de l’Associated Press (AP), obtient le prix Pulitzer, intensifie la controverse sur la guerre du Vietnam dans le monde entier. Lors d’une manifestation devant le Lincoln-­ Memorial à Washington DC, le 21 octobre 1967, des centaines de milliers de manifestants exigent le retrait des États-Unis du Vietnam. Photo : picture alliance / AP Photo / Nick Út Photo : picture alliance / dpa Les 28 et 29 avril 1975, l’armée américaine évacue quelque 1300 Américains et 5500 Sud-Vietnamiens de Saigon. C’est la plus grosse opération héli­ portée de tous les temps. Le 1er mai, Saigon est occupée, sans combat, par le Vietcong et les troupes nord-vietnamiennes. C’est la fin de la guerre du Vietnam. Photo : Peers Inquiry – Open Inventory / ­ Ronald L. Haeberle, National Archives, ­College Park Photo : picture alliance / dpa L’écrivain allemand Peter Weiss parle le 17 février 1968 à Berlin-Ouest lors du « Vietnam-Kongress » de l’Union socialiste allemande des étudiants (Sozialistischer Deutscher Studentenbund – SDS). 5 000 participants sont venus de 14 pays. Photo : BStA / Klaus Mehner La chute de Saigon et l’unification du Vietnam du sud avec la partie nord, communiste constituent un désastre pour la politique étrangère des ÉtatsUnis. « On ne peut plus compter sur l’Amérique ? » se demande en mai 1975 le magazine d’information Le Spiegel. Facsimilé : Der Spiegel 19 / 1975 La e r r e u g e d i o r f XIII Au début des années 1970, la guerre du Vietnam atteint aussi le Laos et le Cambodge. En 1975, le Cambodge tombe aux mains des Khmers rouges, soutenus par le Vietnam du nord. Peu avant la chute de la capitale, Phnom Penh, le gouvernement envoie aussi au front des enfants soldats. Photo : BStA / Harald Schmitt Le Tiers Monde comme champ de bataille Dans le Tiers Monde, après 1945, environ 22 millions de personnes ont été tuées au cours des quelque 150 guerres. Ce bilan n’est pas seulement le résultat de la rivalité entre les superpuissances Les causes en ont été les conflits de pouvoir régionaux, les guerres civiles et les luttes tribales ou encore les luttes de libération contre la domination coloniale. Mais l’Est comme l’Ouest, dans la plupart des cas, prennent parti, politiquement, et soutiennent leurs protégés tant financièrement que par la livraison d’armes, envoient des conseillers militaires, des mercenaires et parfois même leurs propres troupes. Comme chacun des deux blocs veut prendre pied dans le Tiers Monde, politi­ quement, économiquement et militairement, les conflits En 1967, la province nigériane du Biafra, riche en pétrole, proclame son indépendance. Il s’ensuit une guerre civile, alimentée en armes par la Grande-Bretagne, les États-Unis d’Amérique et l’URSS principalement. Deux millions de personnes meurent de faim au Biafra jusqu’à la fin de la guerre. locaux s’intensifient et sont prolongés artificiellement. L’engagement des superpuissances ouvre souvent aux lo­ caux des marges de manœuvre insoupçonnées. Seule la menace de changer de camp suffit à maintenir chacune des puissances protectrices dans le coup et fait ainsi mon­ ter le prix de la guerre. Les traces des guerres chaudes dans la guerre froide vont rester visibles pendant un temps incalculable : contami­ nation de l’environnement et dégradation du patrimoine (Vietnam), dissémination de mines terrestres à grande échelle (Angola), pertes humaines (Cambodge, Nica­ ragua, Salvador, Guatemala) et radicalisation politique (Afghanistan). Effets tardifs d’un agent défoliant, connu sous le nom d’agent Orange, utilisé par les États-Unis pendant la guerre du Vietnam. ­Aujourd’hui encore, un million de Vietnamiens environ sont con­ cernés par les effets de l’herbicide contenant de la dioxine. Photo : BStA / Harald Schmitt Photo non datée : picture alliance / dpa Jusqu’à aujourd’hui, il n’est quasiment pas de guerre dans le Tiers monde où l’on ne fasse massivement usage de mines antipersonnel. Elles font surtout des victimes civiles Carte : picture alliance / dpa-Infografik VIDÉO The dark shadow of Agent Orange / Retro Report / The New York Times, 10:20 min. Source: The New York Times / www.youtube.com En 1977, l’Ethiopie et la Somalie entrent en guerre pour la région d’Ogaden. La Somalie rompt avec son ancien protecteur, l’Union Soviétique, et reçoit des armes des États-Unis et de la Chine. En 1978, l’Ethiopie, soutenue par Moscou, gagne la guerre. La photo non datée montre des soldats somaliens. Photo : picture alliance / dpa En avril 1982, un jeune Iranien pose avec sa mitrailleuse devant des prisonniers de guerre irakiens. De 1980 à 1988, l’Iran et l’Irak se livre une guerre sanglante, alimentée par les exportations d’armes de l’Est et de l’Ouest. De 1980 à 2000, le Pérou est secoué par une guerre civile. La photo, prise le 11 septembre 1986, montre les corps de 18 paysans, assassinés par le mouvement maoïste clandestin du « Sentier lumineux ». Un soldat angolais se tient debout, avec une Kalachnikov, devant des missiles soviétiques sol-air à Cuito Cuanavale. Dans les années 1980, trois quarts des importations d’armes étaient le fait des pays du Tiers Monde, ce qui leur coûtait 35 milliards de dollars par an. Photo : picture alliance / dpa Photo : picture alliance / dpa Photo, Février 1988 : picture alliance / dpa / AFP La e r r e u g e d i o r f XIV La légende de cette photo parue le 12 mars 1969 à Moscou porte la mention suivante : « garde-frontières soviétiques (en manteaux clairs) aux prises avec des provocateurs et des intrus de la Chine communiste […] à la frontière ­extrême-orientale entre l’Union Soviétique et la Chine ». Photo : picture alliance / dpa / UPI Pékin versus Moscou Des combats entre troupes chinoises et soviétiques sur les bords de l’Oussouri, rivière frontalière des deux pays, font plusieurs morts au début de mars 1969. C’est le point culminant d’un conflit qui remonte aux années 1950. Il s’agit essentiellement d’une confrontation de nature idéologique. De Cuba à l’Albanie, les deux parties luttent avec acharnement pour se gagner des alliés et des zones d’influence. Quand la Chine entreprend la fabrica­ tion d’armes nucléaires et réaffirme la thèse de la guerre inévitable contre « l’impérialisme occidental », Moscou retire ses coopérants et ses conseillers militaires. Il en ré­ sulte une guerre de propagande truffée d’insultes person­ En octobre 1959, à l’occasion du 10e anniversaire de la République populaire de Chine, Nikita Khrouchtchev se rend en visite à Pékin. A cette époque, les relations entre les deux États communistes sont déjà délicates. Photo : picture alliance / Russian pictures nelles grossières. En 1966, les partis communistes des deux pays rompent leurs relations ; les « gardes rouges » assiègent l’ambassade soviétique à Pékin. Après les in­ cidents de l’Oussouri, les observateurs internationaux pronostiquent une prochaine guerre entre les rivaux. A Moscou, on évoque effectivement une attaque préven­ tive contre des installations nucléaires chinoises. Pékin s’efforce alors de se rapprocher des États-Unis. Avec suc­ cès, car Washington entend bien renforcer ses positions face à l’URSS en jouant la « carte chinoise ». La période glaciaire sino-soviétique ne se termine qu’à la fin des an­ nées 1980. Des dizaines de milliers d’hommes défilent dans Pékin après l’annonce d’un essai atomique réussi le 28 octobre 1966. Photo : picture alliance / dpa VIDÉO Sino Soviet Split, 7:59 min. Source: International School History / www.youtube.com « Guerre entre la Russie et la Chine ? » s’interroge le magazine d’information le Spiegel en page titre. La Chine et la doctrine de Mao trouvent aussi des partisans à l’Ouest, au sein des Nouvelles Gauches. La photo montre des « maoïstes » de Berlin-Ouest, manifestant contre la guerre du Vietnam en 1968. Facsimilé : Der Spiegel 6 / 1970 Photo : Peter Probst / Süddeutsche Zeitung Photo Le traité de paix et d’amitié, signé par la Chine et le Japon en 1978, affaiblit la position de l’Union soviétique en Asie de l’Est. Dans le numéro 45 / 1978, le ­Spiegel titre : « Le péril jaune. Moscou se sent ­encerclé ». Le conflit sino-soviétique conduit à un rapprochement entre la Chine et les États-Unis. En février 1972, Richard Nixon est le premier président américain à se rendre en visite à Pékin. La photo montre Nixon à la Grande Muraille de Chine. Le chef du parti et de l’État soviétique Michael Gorbatchev (à gauche) avec le ­Premier ministre chinois Deng Xiaoping (au milieu) le 16 mai 1989 à Pékin. C’est la première fois que Moscou se rend en visite d’État en Chine depuis 30 ans. Photo : picture alliance / dpa Photo : picture alliance / dpa / AFP La e r r e u g e d i o r f XV La photographie, primée par ­World Press en 1973, montre le président chilien Salvator Allende, devant le siège du gouvernement le 11 septembre 1973, le jour du putsch militaire. Photo : picture alliance / UPI New York Times La conduite de guerres larvées La conduite de guerres larvées joue un rôle considérable dans la guerre froide. On entend par là la déstabilisation des zones d’influence de la partie adversaire et la protec­ tion de sa propre sphère d’influence contre les « infil­ trations », par des moyens économiques et l’usage des services secrets, par des campagnes idéologiques et le re­ cours à des mercenaires. Mais ni l’Est ni l’Ouest ne veulent donner l’impression de tirer les fils. L’Afrique est avec l’Amérique centrale et l’Amérique latine le théâtre prin­ cipal de ces opérations. Au Guatemala, en 1954, la CIA permet un putsch militaire contre le gouvernement de Jacobo Arbenz ; au Chili le président socialiste Salvador Allende est tué en 1973 lors d’un coup d’État perpétré avec le soutien des États-Unis ; à Cuba, Washington veut imposer un changement de régime. Depuis les années 1970, l’URSS et ses alliés intensifient les opérations oc­ cultes en Angola, en Guinée-Bissau et au Mozambique : la formation des militaires, de la police et de la guérilla, l’aide en armement et les complots et assassinats sont là aussi les instruments choisis. Cuba s’y emploie tout par­ ticulièrement, souvent sans concertation avec Moscou. Pour faire cesser les agissements de La Havane, les ÉtatsUnis, dans la phase finale de la guerre froide, ouvrent un front secret au Nicaragua et au Salvador. De 1974 à 1991, l’Éthiopie est dominée par une dicta­ ture militaire socialiste alimentée par l’URSS. La photo montre la place de la Révolution dans la capitale Addis-Abeba, le 24 juin 1977, à la veille d’une grande manifestation. Photo : picture alliance / AP Images / Richard Tompkins VIDÉO Captured cuban POW near Harar during the Somalia-­ Ethiopia War 1977, 1:38 min. Source: Mohammed Ibrahim Shire / Jaallesiyaad.com / www.youtube.com Une caricature du dessinateur est-allemand Louis Rauwolf dénonce, en 1978, les procédés des services secrets américains – la CIA – en Amérique du sud. Facsimilé : Louis Rauwolf (dessinateur), Zeitgeschichtliches Forum, Leipzig, Haus der Geschichte, Bonn Soldats cubains en Angola, 1976. De 1961 à 2002, ce pays de l’Afrique du sud-ouest est secoué par une guerre civile, qui, dans les années 1970 et 1980, devient une guerre par procuration entre l’Est et l’Ouest. Photo : picture alliance / AP Images Le 3 novembre 1980, le quotidien taz – die Tages­ zeitung publie l’appel aux dons « des armes pour le Salvador ». Jusqu’en 1992, 4,7 millions de DM sont dépensés pour la lutte de l’opposition contre la junte militaire qui dirige brutalement ce pays d’Amérique centrale. Facsimilé : taz, die Tageszeitung Le 7 mars 1986, devant les caméras, Ronald Reagan arbore un T-shirt portant l’inscription « Arrêtons le communisme en Amérique centrale ». A l’automne de la même année, il est rendu public que la CIA finance les Contras anticommunistes au Nicaragua par des ventes d’armes à l’Iran. Photo : picture alliance / DON RYPKA Conseillers militaires soviétiques en Angola, 1983. Photo : wikipedia / defenseimagery / VIRIN: DN-SN-83-07157 En octobre 1986, des militaires nicaraguayens abattent un avion cargo. Le pilote, Eugene Hasenfus, réussit à s’éjecter et à ouvrir son parachute. Il est arrêté. Dans les décombres de l’avion, devant lequel le citoyen des États-Unis est photographié, se trouvent des armes et des dossiers de la CIA. Photo : picture alliance / AP Photo / Chris Vail La e r r e u g e d i o r f XVI Point culminant de la politique de détente : la conférence sur la CSCE à Helsinki. La photo du 30 juillet 1975 montre (de gauche à droite) le chancelier de la République fédérale d’Allemagne Helmut Schmidt, le chef du parti et de l’État est-allemand Erich Honecker, le président américain Gerald Ford et le chancelier fédéral autrichien Bruno Kreisky. Photo : picture alliance / akg-images La politique de détente Sous le coup de la construction du Mur de Berlin, de la crise de Cuba et de la guerre au Vietnam, on recherche toujours davantage des moyens de sortir de la confron­ tation des blocs. En République fédérale d’Allemagne, le gouvernement de Willy Brandt, de 1969 à 1973, impose un changement de cap. Sa ligne directrice : « le chan­ gement par le rapprochement ». Par les « traités avec l’Est » (Ostverträge), signés avec l’URSS, la Pologne, la Tchécoslovaquie et la RDA, toutes les parties s’engagent à renoncer mutuellement à des prétentions territoriales et à l’usage de la force ainsi qu’à rendre le « rideau de fer » plus poreux par le biais de traités de commerce, par des assouplissements concernant les autorisations de sor­ Avec la construction du Mur, en 1961, la RDA devient la prison de sa propre population. La nouvelle Ostpolitik de Bonn veut améliorer les conditions de vie des Allemands de l’Est et rendre le Mur plus poreux. La photo montre la frontière interallemande près de Duderstadt, non loin de Göttingen, en 1972. Photo : BStA / Klaus Mehner ties du territoire et les droits de visite. En même temps, les États-Unis et l’URSS parviennent à un accord pour freiner leur course à l’armement. Des limites supérieures sont fixées pour les missiles intercontinentaux et les sys­ tèmes antimissiles. Et les relations entre Washington et Pékin s’améliorent notablement après la première vi­ site en Chine d’un président américain en 1972. « La Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe » (CSCE) rassemble en 1975 les avancées des années pré­ cédentes et rajoute à l’agenda le respect des droits de l’Homme. Enfin, les participants à la CSCE s’entendent pour poursuivre le dialogue entre les blocs afin de se pré­ munir contre de futures crises. Willy Brandt s’agenouille devant le mémorial à l’insurrection du ghetto de Varsovie, le 7 décembre 1970. Ce geste d’humilité du chancelier fédéral ouest-allemand marque le renouveau des relations germano-polonaises. Photo : picture alliance / AP Photo Le caricaturiste Peter Leger souligne, par son dessin de 1975, que l’acte final de la conférence d’Helsinki se résume à des déclarations d’intention et que le danger d’une guerre atomique demeure bien réel. VIDÉO Der Kniefall von Warschau, 1970, 3:20 min. Quelle: Gedächtnis der Nation / www.youtube.com Le 7 mai 1972, quelque 20 000 personnes manifestent à Bonn à l’appel de la Fédération des Expulsés (Bund der Vertriebenen – BDV) ; ils dénoncent les traités avec l’Est et l’engagement des signataires à ne pas élever de prétentions territoriales à l’encontre l’un de l’autre. Photo : picture alliance / dpa / Peter Popp Le 2 mai 1974, des représentations permanentes de la RDA et de la RFA s’ouvrent à Bonn et Berlin-Est respectivement. La photo montre la représentation de la République fédérale dans la Hannoverschen Straße dans l’arrondissement « Mitte » (Centre) de Berlin-Est. Photo du 24 juin 1974 : picture alliance / dpa / Günter Bratke Caricature : Peter Leger (dessinateur), Haus der Geschichte, Bonn Le président américain Jimmy Carter (à gauche) et le président du parti et de l’État soviétique Leonid Brejnev après la signature de l’accord SALT II à Vienne le 18 juin 1979, limitant le nombre de missiles balistiques stratégiques à l’Est et à l’Ouest. Photo : picture alliance / dpa Des officiers de l’armée ouest-allemande, la Bundeswehr, participent en avril 1987, en tant qu’observateurs, à une manœuvre des forces armées est-allemandes. L’observation réciproque des manœuvres est inscrite dans les accords de la CSCE et vise à l’établissement de la confiance. Photo : BStA / Klaus Mehner La e r r e u g e d i o r f XVII Le 10 août 1980, des ouvriers portent sur leurs épaules le leader de la grève, Lech Wałęsa, jusqu’au chantier naval ­« ­Lénine » à Gdansk. Photo : BStA / Harald Schmitt La relance du droit à l’autodétermination La politique de détente crée dans le bloc Est un nou­ vel espace à l’opposition politique – en dépit d’une sur­ veillance serrée et de mesures d’intimidation par la po­ lice et les services secrets. En se référant à l’acte final de la conférence d’Helsinki des centaines d’opposants, en Tchécoslovaquie, signent la « Charte 77 ». C’est la nais­ sance du mouvement citoyen éponyme, ouvert à tous et qui cherche l’échange avec des organisations non gou­ vernementales à l’Ouest. En RDA également naissent des groupes d’opposition, qui, eux aussi, soutiennent la cause du désarment, de la protection de l’environne­ ment, du Tiers Monde, de la liberté d’expression et des droits démocratiques. En Pologne, le syndicat indépen­ dant « Solidarność » est issu d’une grève, et, en un an, il compte neuf millions de membres et arrache même son autorisation officielle. Pendant ce temps, un nouveau type de militants poli­ tiques entre en scène aux États-Unis : les experts du dé­ sarmement et des droits de l’homme. En marge de la vie politique établie, ils travaillent en comités de citoyens ou conseillent des initiatives de paix transnationales menées par des médecins et des scientifiques. Ainsi, depuis les années 1970, la politique étrangère et militaire est tou­ jours davantage une affaire sociétale. VIDÉO Kampf um Pressefreiheit in der DDR, 1988, 10:08 min. Quelle: Peter Wensierski / www.youtube.com Une rencontre secrète entre les représentants de l’opposition polonaise et tchécoslovaque a lieu à l’été 1978 aux Monts des Géants. De gauche à droite : Marta Kubišová, Václav Havel, Adam Michnik, Jacek Kuroń. Elena Bonner, l’épouse du dissident soviétique Andrei Sakharov, au nom de son mari – qui n’a pas reçu ­d’autorisation de sortie de territoire - reçoit le prix ­Nobel de la paix le 10 décembre 1975 à Oslo. Le dissident est-allemand Rudolf Bahro, en marge d’une conférence de presse à Bonn, après son départ pour la République fédérale d’Allemagne en octobre 1979. L’ancien membre du parti communiste (SED) avait été interné en RDA pendant plus de deux ans après la publication de son ouvrage L’Alternative. Photo : picture alliance / CTK Photo : picture alliance / dpa Photo : picture alliance / dpa Des opposants au régime de Berlin-Est se rencontrent le 27 juin 1981 pour une lecture dans le jardin de Gerd Poppe à Woltersdorf, près de Berlin-Est. Le célèbre chimiste et dissident communiste Robert Havemann est présent (4e à partir de la gauche). Photo : Robert Havemann Gesellschaft / Gerd Poppe Le 31 octobre 1983, Erich Honecker reçoit une délégation du parti ouest-allemand « Les Verts », qui lui remet une photo de la sculpture « De l’épée à la charrue », symbole du mouvement pacifiste indépendant de la RDA. Petra Kelly, Gert Bastian, Antje Vollmer et Otto Schily, entre autres, font partie de la délégation. Photo : BStA / Klaus Mehner Au début des années 1980, à Bonn, plusieurs milliers de médecins répondent à l’appel à manifester, lancé par l’Association des médecins internationaux pour la prévention contre la guerre atomique (IPPNW). Photo non datée : picture alliance / Klaus Rose Le 27 octobre 1981, le chancelier fédéral Helmut Schmidt (à gauche) reçoit à la chancellerie le physicien atomiste Carl Friedrich von Weizsäcker, après que ce dernier a vivement critiqué la décision de réarmer de l’OTAN. Photo : BArch, B 145 Bild-00123791 / Engelbert Reineke La e r r e u g e d i o r f XVIII Des moudjahidines afghans se mettent en scène sur l’épave d’un hélicoptère militaire soviétique. Photo, non datée (1980/81?) : picture alliance / AP Photo Une nouvelle période glaciaire Au début des années 1980, les tensions entre les blocs s’aggravent à nouveau. Sous prétexte de « pacifier » sa zone d’influence en Asie centrale, l’URSS occupe l’Afghanistan. En Pologne, Solidarnosc est interdit et la loi martiale proclamée. Comme Moscou ne renonce pas à la modernisation des missiles à moyenne portée, les Américains stationnent des « Pershing II » et des mis­ siles de croisière en Europe de l’Ouest. Des millions de personnes protestent contre cette nouvelle course aux armements. Les débats menés aux États-Unis sur la « guerre atomique gagnable », les « frappes de décapi­ tation » contre les dirigeants soviétiques et l’arsenalisa­ tion de l’espace suscitent de l’indignation. Au Kremlin, les mesures d’intimidation américaines sont prises pour argent comptant. Les fausses nouvelles concernant des attaques de missiles sur l’URSS, répandues par des moyens informatiques ainsi que la simulation d’ordre d’engagement des armes atomiques lors de l’exercice de l’OTAN « Able Archer » accroissent la nervosité. Au cours de cette manœuvre, les troupes en Europe orien­ tale et les missiles soviétiques intercontinentaux ont été placées en état d’alerte maximale ; et en RDA des bom­ bardiers atomiques attendent moteurs en marche l’ordre d’engagement – ce qui a l’air d’une répétition des pages sombres des débuts de la guerre froide se déroule en no­ vembre 1983. VIDÉO Impressions from Afghanistan after the soviet invasion 1979, 4:55 min. Source: AP Archive / www.youtube.com En avril 1980, la société pour les droits de l’Homme discute à Francfort/Main du boycott des jeux olympiques de Moscou. Celui-ci avait été exigé par les Américains après l’entrée des troupes soviétiques en Afghanistan. Seuls quelques pays d’Europe de l’Ouest suivent l’appel au boycott : parmi eux la RFA. Affiche : BArch, Plak 006-026-060 / N. N. / Blümlein, Frankfurt/M. La police polonaise utilise des gaz lacrymogènes le 31 août 1982 lors d’une manifestation à Varsovie en faveur du syndicat interdit Solidarność. Le 13 décembre 1981, Erich Honecker prend congé d’Helmut Schmidt à la gare de Güstrow en lui offrant un bonbon. Malgré l’Afghanistan et la loi martiale en Pologne, le chancelier de la République fédérale d’Allemagne s’était rendu en RDA. Bonn et Berlin-Est entendent contrer les tensions EstOuest. Photo : picture alliance / Lehtikuva / Jorma Puusa Photo : BStA / Harald Schmitt Vision d’avenir selon le programme IDS (Initiative de Défense stratégique – connu sous le nom de « guerre des étoiles »), établi à la demande du président américain Reagan et prévoyant le déploiement dans l’espace d’un bouclier anti-missile. Ce projet attise à Moscou la crainte d’une infériorité nucléaire et celle d’une attaque préventive américaine. Dessin, 1984 : picture alliance / Everett Collection Cliché sans date d’un Pershing II. Par le stationne­ment de ces missiles et de missiles de croisières, l’OTAN répond à la modernisation des missiles soviétiques de moyenne portée de type SS-20. Photo : picture alliance / dpa / UPI Le 22 octobre 1983, le mouvement ouest-allemand pour la paix proteste contre la décision de l’OTAN de réarmer. Une chaîne humaine d’une centaine de kilomètres relie Stuttgart et Neu-Ulm. Photo : picture alliance / dpa / Karin Hill Le 26 septembre 1983, un système de surveillance électronique soviétique signale le lancement à intervalles rapprochés de missiles intercontinentaux américains. L’officier Stanislav Petrov considère qu’il s’agit d’une fausse alerte résultant d’un problème technique et évite sans doute ainsi une guerre atomique. Photo, 2013 : picture alliance / dpa-Zentralbild / Oliver Killig La e r r e u g e d i o r f XIX Ronald Reagan et Michael Gorbatchev en Islande, à Reykjavik, le 11 octobre 1986. La rencontre au sommet échoue en dépit d’ambitieuses propositions soviétiques de désarmement, parce que le président américain s’en tient à son programme de « guerre des étoiles ». Photo : picture alliance / Martin Athenstädt Sortir du cercle vicieux Au début des années 1980, l’Union soviétique est au bord de l’effondrement économique. S’y ajoute l’asthé­ nie de la classe politique dirigeante. Avec l’élection de Michael Gorbatchev comme secrétaire général du PCUS en mars 1985 une dynamique inattendue advient dans la politique soviétique. Gorbatchev exige la « restructura­ tion » (Perestroïka) et la « transparence » (Glasnost) et veut que les « pays frères » s’engagent dans leur propre voie vers le socialisme. De surcroît, Gorbatchev annonce un prochain retrait d’Afghanistan. Avec ses proposi­ tions d’un vaste désarmement et sa disposition à l’entre­ prendre unilatéralement, il surprend l’Occident. Le pré­ sident américain Ronald Reagan, qui, en 1984 encore, avait qualifié l’URSS « d’Empire du mal », se montre prêt à la négociation, notamment parce que les oppo­ sants à la course aux armements trouvent toujours plus d’écho jusque dans le camp conservateur. Fin 1987, les États-Unis et l’URSS conviennent, dans le « traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire » (traité INF) de détruire tout leur arsenal de missiles à courte et moyenne portée et s’engagent à ne plus produire ce type d’armes. C’est la première fois depuis 1945 qu’on pro­ cède à une réduction d’armement en matière nucléaire. Les vieilles images de l’ennemi s’estompent et, après des années de dure confrontation, une confiance inconnue jusque là gagne du terrain dans les relations Est-Ouest. VIDÉO President Reagan: Signing of the INF Treaty with Premier Gorbachev, December 8, 1987, 4:15 min. Source: MCamericanpresident / www.youtube.com Tous les soirs, une partie importante de la population de RDA voyage à l’Ouest par le biais de la télévision. Là où l’on ne peut capter les deux chaînes publiques ouest-allemandes ARD et ZDF, les riverains installent des antennes sophistiquées, tolérées par le SED, comme ici dans la commune de C ­ horen, dans le canton de Döbeln. Photo, 1985 : BStA / Harald Schmitt En juin 1983, à Katowice, le pape Jean-Paul II est salué par une foule innombrable. C’est la deuxième de trois visites en République populaire de Pologne, visant à y encourager l’opposition et à mettre en lumière le soutien du peuple à l’Église. Dans les années 1980, pour démontrer l’étroitesse de ses liens avec les jeunes, l’organisation étatique de la jeunesse de RDA – la FDJ – engage des stars internationales chèrement payées en devises étrangères. Le 19 juillet 1988, des dizaines de milliers de personnes chantent à pleine gorge « Born in the USA » lors du concert de Bruce Springsteen. Photo : picture alliance / dpa Photo : BStA / Klaus Mehner En mai 1988, un convoi de chars soviétiques se retire d’Afghanistan. Toutes les troupes soviétiques quittent le pays jusqu’en février 1989. Photo : picture alliance / dpa / AFP Le physicien atomiste et dissident Andreï Sakharov parle le 28 mai 1989 devant le 1er Congrès des députés du peuple de l’Union soviétique, mis en place en 1988 seulement et devenu dès lors l’organe législateur suprême de l’Union soviétique. En arrière-plan Michael Gorbatchev. Photo : picture-alliance / RIA Nowosti / Sergey Subbotin En marge d’une visite d’État en RFA, Michael Gorbatchev est accueilli avec enthousiasme par des ouvriers sidérurgistes à Dortmund le 15 juin 1989. La confiante croissante, à l’Ouest, dans la politique de ce chef d’État facilite le dépassement du conflit EstOuest. Le 1er septembre 1988, les premiers Per­shing II sont retirés à Heilbronn (Bade-Wurtemberg). En décembre 1987, les grandes puissances s’étaient entendues, par le traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (INF), sur le démantèlement complet des missiles de moyenne portée. Photo : BArch, B 145 Bild-00056587 / Arne Schambeck Photo : picture alliance / dpa La e r r e u g e d i o r f XX Le 27 juin 1989, les ministres des ­Affaires étrangères d’Autriche et de Hongrie, Alois Mock et Gyula Horn, franchissent symboliquement le rideau de fer entre leurs deux États. Photo : picture alliance / AP Photo La fin de l’Histoire ? Le 2 août 1989 la Hongrie démonte des installations de protection de sa frontière occidentale – un geste symbo­ lique et le point de départ d’une évolution dont l’inten­ sité et la vitesse surprennent tous les parties en présence. Le plus étonnant est que ce bouleversement se produit de manière pacifique dans la plupart des cas. Cela vaut tant pour la Pologne et la Hongrie, où, depuis 1988, le zèle réformateur de Gorbatchev a été encore dépassé, que pour la RDA. Certes, les dirigeants est-allemands n’excluent pas une « solution à la chinoise » – la répres­ sion par la force de la contestation, comme sur la place Tian’anmen à Pékin début juin 1989. Mais ils reculent en Photo de la manifestation de masse sur la place Tian’anmen à Pékin, réprimée violemment les 3 et 4 juin 1989. Photo non datée : BStA / Harald Schmitt raison du manque de soutien de Moscou et de la protesta­ tion de masse qui enfle de jour en jour. En Roumanie, au contraire, l’armée tire sur les manifestants, faisant de très nombreux morts, avant que ne tombe le régime en place. Même Michael Gorbatchev, face à la désintégration de l’URSS en 1990, fait appel à l’armée en Azerbaïdjan, en Lituanie et en Lettonie. En vain. Le 31 décembre 1991, l’Union soviétique cesse d’exister, dix mois après la dis­ solution du pacte de Varsovie. Nombreux sont ceux à es­ pérer le triomphe définitif de la paix et du libéralisme – une erreur, comme le montre la multitude de conflits et de guerres depuis 1991. Arrivée de Michael Gorbatchev à Berlin-Est le 6 octobre 1989. Le chef du parti et de l’État soviétique, venu en RDA à l’occasion du 40e anniversaire de la RDA, est souvent cité pour ses mots prononcés lors de ces journées : « La vie punit celui qui arrive trop tard ». VIDÉO Baltic states, wake up, 1989, 3:06 min. Source: Seltsimeheke / etv / www.youtube.com Foule lors de la manifestation du lundi sur la place Karl Marx à Leipzig, 16 octobre 1989. Photo : picture alliance / dpa-Zentralbild Photo : BArch, Bild 183-1989-1006-410 / adn-Zentralbild / Karl-Heinz Schindler Le 27 mars 1990, des parachutistes soviétiques atterrissent à l’aéroport de Vilnius. Le 11 mars 1990, la Lituanie a été la première des Républiques de l’Union soviétique à déclarer son indépendance. Celle-ci n’a ­cependant pas été reconnue par Moscou. Le 23 août 1991, le chef de l’État et du parti Michael Gorbatchev est défait au parlement russe devant les caméras. Le nouvel homme fort s’appelle Boris Eltsine (à droite), président de la République de Russie depuis juin, qui œuvre avec succès à la dissolution de l’Union soviétique. L’effondrement de l’Union soviétique en 1991. Photo : picture alliance / dpa / AFP Photo : BStA / Harald Schmitt Carte : picture alliance / dpa-Infografik Dès l’été 1989, le politologue américain Francis Fukuyama prophétise le triomphe mondial et définitif du libéralisme, de la démocratie et de l’économie de marché. En 1992 paraît son livre très débattu : La fin de l’histoire. Couverture : Kindler Verlag / Graupner + Partner, München La e r r e u g e d i o r f XXI Le 29 juin 1990, la CSCE adopte le « document de clôture sur la dimension humaine » – une date clé pour ancrer les droits de l’Homme en Europe dans le droit international. Photo : OSCE / Curtis Budden L’héritage de la guerre froide Depuis 1991, des conflits jadis profondément gelés se ra­ vivent, comme en Yougoslavie et sur le territoire de l’exURSS. Au même moment se déclarent d’autres foyers d’incendie – surtout au Proche et au Moyen-Orient ain­ si qu’en Afrique. La fixation sur les anciennes sphères de pouvoir et d’influence empêche une solution coopéra­ tive des conflits du côté des grandes puissances et barre le chemin vers une nouvelle architecture de sécurité. De surcroît, toutes les puissances atomiques investissent des milliards dans la modernisation de leur arsenal nucléaire et manquent ainsi l’occasion d’aller vers un monde débar­ rassé des armes atomiques. Ce que la guerre froide a laissé de positif, ce sont les ins­ truments de résolution politique des conflits – comme par exemple la « Conférence sur la sécurité et la coopé­ ration en Europe », créée en 1971 pendant la détente, et son héritière actuelle, « l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe » (OSCE). L’OSCE ne veut pas seulement régler les crises, mais aider à la mise en place d’institutions démocratiques et soutenir les droits de l’homme. En Asie aussi, ce cadre de coopération multila­ térale est vu désormais comme un modèle. C’est là qu’est la chance d’en finir avec l’héritage de la guerre froide – mais sans garantie. VIDÉO Behind OSCE /ODIHR ­Election Observation ­Missions, 4:09 min. Source: OSCE / www.youtube.com Clichés d’un mémorial à Nyamata, qui rappelle le génocide au Rwanda en 1994. Des membres de la majorité Hutu ont alors ­assassiné environ un ­million de Tutsi. Photo : wikipedia / Inisheer / CC BY-SA 2.5 Sarajevo le 18 décembre 1994. Des habitants fuient les ­snippers. Après la chute de la Yougoslavie s’ensuit toute une ­série de guerres et guerres civiles entre 1991 et 1999, faisant plus d’une centaine de milliers de morts Photo : picture alliance / dpa En juillet 2005, 610 victimes du massacre de Srebrenica sont enterrées après avoir été exhumées et identifiées. En 1995, des Serbes de Bosnie avaient massacré sur place plus de 8000 Musulmans – presque exclusivement des hommes, jeunes et adultes – et les avaient jetés dans d’anonymes fosses communes. Photo : picture alliance / Vacca / Emblema Carte des 57 pays membres de l’OSCE et des onze États partenaires. Illustration : wikipedia / Sven / CC BY 4.0, Bearb. Atelier313 Convoi armé de l’orga­ nisation terroriste État Islamique (IS) en Irak. Le respect des droits de l’homme compte parmi les tâches centrales de l’OSCE. En octobre 2011, Colleen Rohan, avocate au tribunal international pour l’ex Yougoslavie, présente un ­manuel pour la formation permanente des avocats pénalistes. Photo : OSCE / Driton Paqarada Un graffiti sur le mur d’une maison, à Moscou, représente un missile intercontinental russe, de type Topol-M, avec un drapeau russe et le slogan « Souveraineté ». Photo du 10 avril 2015 : picture alliance / dpa Photo publiée en janvier 2014 : picture alliance / AP Photo La e r r e u g e d i o r f XXII Le nombre de visiteurs de l’exposition en plein air et de la Black Box à l’ancien Checkpoint Charlie à Berlin reflète le grand intérêt pour l’histoire de la guerre froide. Photo : picture alliance / dpa Lieux de mémoire Aujourd’hui reste la mémoire de la guerre froide – traitée muséalement sur les lieux mêmes où elle s’est déroulée, dans des musées et des expositions. Les interprétations en sont aussi diverses que ceux qui y ont naguère participés. Elles reflètent des perspectives nationales ou des points de vue politique. Au Vietnam, les crimes de guerre com­ mis par les troupes américaines sont placés au centre. En Corée du Sud, on continue de broder le récit de l’inno­ cente victime et de la défense héroïque, un narratif qui a cours depuis les années 1950 – pendant qu’en Europe centre-orientale la période de l’après 1945 est vue avant tout comme l’ère de l’ingérence soviétique. Aux ÉtatsUnis et en Grande-Bretagne, la guerre froide est repré­ sentée d’abord comme une compétition pour les meil­ leurs avions, chars et navires, et en partie aussi comme un jeu de sensation autour d’installations de lancement de missiles bonnes à mettre au rancart. En Russie, la mé­ moire est conservée par des musées des forces armées et par des sites virtuels sur internet. En Allemagne, on peut visiter des abris antiatomiques, ce qui reste, à la frontière germano-allemande, de tunnels construits pour fuir l’Est et surtout des vestiges des systèmes de surveillance et d’internement étatique en RDA. Dans l’ensemble, on est frappé par une lacune : nulle part, jusqu’à présent, la guerre froide n’est racontée comme une histoire globale. Ancienne tour d’observation des forces armées américaines à la frontière ­interallemande, aujourd’hui le Musée Point Alpha. Touristes à « Trinity », là où eut lieu le premier essai atomique, le 16 juillet 1945, sur le site de White Sands Missile Range au Nouveau Mexique, USA. En février 2007 le musée de la Royal Air Force à Cosford, dans le Shropshire (GB) ouvre son exposition permanente : « National Cold War Exhibition ». Photo : wikipedia / Wost 01 / CC BY-SA 3.0 Photo : picture alliance / dpa / EPA Photo : Royal Air Force Museum Cosford Mentions légales Dr. Thomas Klemm, né en 1975, historien et diplômé de pédagogie de l’art, a conçu l’exposition. Il travaille à Leipzig comme graphiste indépendant et conçoit et coordonne des expositions. www.thomasklemm.com La traduction de l’exposition a été assurée par Prof. Dr. Corine Defrance. Deutschland (D), OSZE / OSCE, Robert-Havemann-Gesellschaft (D), Royal Air Force Museum Cosford (GB), Solo Syndication (GB), Der Spiegel (D), statista. com (D), Stiftung Haus der Geschichte der Bundesrepublik Deutschland (D), Süddeutsche Zeitung Photo (D), die tageszeitung(D), UN Photo, US Army (USA), White House Photo Office (USA) et Wikipedia. Codes QR Les utilisateurs de smartphones trouveront dans l’exposition des liens par YouTube vers 20 documents audio-visuels contemporains, produits pour la plupart par le Britannique Pathé. Les archives cinématographiques de GrandeBretagne proposent l’accès numérisé à 3500 heures de matériel audiovisuel et 12 millions de clichés photographiques pour la période 1896–1976. La plupart de ces productions sont en langue anglaise originale sans sous-titre sont accessibles par www.youtube.com/britishpathe. Les commissaires prient les visiteurs, non familiers de la langue anglaise, de les en excuser. VEUILLEZ NOTER SVP Toutes les photos, les documents audio et les textes comme la conception de l’exposition sont protégés par copyright et ne peuvent être reproduits, modifiés ou diffusés ailleurs sans l’autorisation des détenteurs des droits. Ces derniers sont systématiquement indiqués dans les légendes des photos. Des questions ou des critiques à propos de l’exposition ? Si, en dépit de nos recherches minutieuses, le copyright ou le droit d’exploitation ne sont pas convenablement indiqués, merci de vous adresser au Dr. Ulrich Mählert via [email protected] Organisation Le Berliner Kolleg Kalter Krieg, fondé en 2015, est un lieu international d’échanges scientifiques et de recherche sur la guerre froide, qui a marqué le monde entier durant la Seconde moitié du 20e siècle et dont les conséquences perdurent encore aujourd’hui. www.berlinerkolleg.com La Bundesstiftung zur Aufarbeitung der SED-Diktatur contribue, par le soutien de projets et par ses propres offres très diversifiées, au traitement approfondi des causes, du déroulement et des conséquences des dictatures communistes en Allemagne et en Europe. www.bundesstiftung-aufarbeitung.de La version française de l’exposition a été rendue possible par DVV International, l’Institut de coopération internationale de la fédération des universités populaires allemandes (Deutscher Volkshochschul-Verbandes e.V.). Il coopère avec plus de 200 partenaires représentants de la société civile, des États et du monde de la science dans une bonne trentaine de pays d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine et d’Europe. www.dvv-international.de Les responsables Prof. Dr. Bernd Greiner, né en 1952, historien, politiste et américaniste, est rédacteur et commissaire de l’exposition. Il enseigne à l’Université de Hambourg. En poste au Hamburger Institut für Sozialforschung depuis 1989, l’historien dirige aussi le Berlin Kolleg Kalter Krieg récemment fondé. Dr. Ulrich Mählert, né en 1968, est le curateur de l’exposition. Il dirige le département Science et Coopération internationale de la Bundesstiftung zur Aufarbeitung der SED-Diktatur. Remerciements es commissaires remercient les archives, les musées et les medias, leurs collaborateurs et tous ceux qui ont soutenu le projet, mettant à disposition, photos, caricatures et facsimilés. En premier lieu citons l’agence de photos dpa (D), le Bundesarchiv (D) comme la Bundesbildstelle im Presse- und Informationsamt der Bundesregierung (D), des fonds desquels viennent l’essentiel des documents iconographiques présentés dans l’exposition. Nous remercions encore archive.org (USA), Archive Sakharov (Ru), Bulletin of the Atomic Scientists (USA), Archiv der Bundesstiftung zur Aufarbeitung der SED-Diktatur, en abrégé BStA (D), Express Newspapers (GB), The John F. Kennedy Presidential Library and Museum (USA), M. DuMont Schauberg / Berliner Zeitung (D), Philip Nash, Pennsylvania State University (USA), National Archives (USA), The National Library of Wales (GB), National Nuclear Security Administration (USA), Neues Vous trouverez des informations complémentaires sur l’exposition et le travail de la Bundesstiftung Aufarbeitung sur www.bundesstiftung-aufarbeitung.de Suivez la Bundesstiftung zur Aufarbeitung der SED-Diktatur sur Facebook www.facebook.com /BundesstiftungAufarbeitung