La guerre froide - Bundesstiftung zur Aufarbeitung der SED

La guerre
froide
causes
histoire
conséquences
Une exposition du Berliner Kolleg Kalter Krieg
et de la Bundesstiftung zur Aufarbeitung der SED-Diktatur.
Présentée en langue française par DVV International.
Leslie Illingworth / Solo Syndication, London. Supplied by Llyfrgell Genedlaethol Cymru / National Library of Wales
BERLINER KOLLEG
KALTER KRIEG
BERLIN CENTER
FOR COLD WAR STUDIE
S
La
guerre
froide
II
Depuis quelques années, on parle beaucoup d’une nou-
velle guerre froide. Qu’il s’agisse de l’entrée des Russes
en Géorgie ou des bruits de bottes de la Corée du Nord
pour les questions atomiques, du programme darme-
ment nucléaire de lIran ou des méthodes de Poutine
en Crimée, sans même parler de la guerre lare en
Ukraine de nombreux commentateurs estiment que
nous sommes retombés dans les tourments de la période
1945–1991. Politiques et militaires contribuent à ali-
menter ces craintes. Ainsi le président polonais Andrzej
Duda a-t-il demandé, en août 2015, que davantage de
troupes de l’OTAN que prévu stationnent désormais en
Europe de lEst. Dans les États baltes aussi la peur d’une
menace russe s’accroît. Le Kremlin nourrit ces craintes
par des vols militaires d’exercice à la limite immédiate de
l’espace aérien de l’Europe de l’Ouest et par l’augmenta-
tion de ses dépenses darmement. Aux États-Unis (USA)
on discute en ce moment du droit d’une « frappe préven-
tive » dans le cadre d’une « cyberguerre ». Et, surtout,
plane le spectre d’une Chine surarmée, visant à lexpan-
sion politique. Ces évolutions actuelles nous invitent à
jeter un regard rétrospectif sur les débuts et le déroule-
ment de la guerre froide et à réinterroger les raisons de
sa fin inattendue.
Le 9 mars 2015 une brigade motorisée
de la 3e division dinfanterie améri-
caine débarque à Riga. Elle participe à
la manœuvre Atlantic Resolve, visant à
montrer aux Pays baltes la solidarité de
lOTAN pendant la crise ukrainienne.
Photo : picture alliance / dpa / Valda Kalnina
Le 16 avril 2014, à Slaviansk, dans lEst de lUkraine, des
milices prorusses présentent des véhicules blindés capturés
aux troupes gouvernementales.
Photo : picture alliance / Anadolu Agency
Sur fond de conflit en Ukraine, lOTAN,
en 2014, suspend sa coopération militaire
et civile avec la Russie. Sur le site web du
Conseil Russie- OTAN fondé en 2002,
lAlliance militaire insiste cependant sur
sa disposition à poursuivre le dialogue.
Capture d’écran du 26 juillet 2015
En 2014, laviation russe provoque 400 interventions de la dé-
fense antiaérienne de lOTAN. La photo montre un chasseur de
lOTAN escortant un des quatre avions de combats russes, qui
sétaient approchés de lespace aérien balte.
Photo : picture alliance / dpa
Six États font valoir des prétentions sur les îles Spratleys, importantes dun
point de vue stratégique, situées au sud de la Mer de Chine. Ils y entretiennent
des garnisons militaires sur une centaine de récifs, atolls et îlots. Photographie
aérienne dune base militaire chinoise.
Photo : picture alliance / dpa
La photo montre les restes de lavion de ligne malaisien assurant le vol MH17,
abattu le 17 juillet 2014 vraisemblablement par des séparatistes prorusses au
dessus de lUkraine.
Photo : picture alliance / dpa / ITAR-TASS
Des élèves officiers américains sont formés à la défense contre les cyberattaques
à lacadémie militaire de West Point, N. Y.
Photo du 9 avril 2015 : picture alliance / AP Photo / Mel Evans
En 2010, la caricature de lartiste allemand Scharwel fait
écho au programme darmement nucléaire et aux bruits de
bottes en Corée du Nord.
Caricature : picture alliance / dieKLEINERT.de / Scharwel
VIDÉO
Cold war games:
Russia, NATO
practice for combat
(2015), 2:06 min.
Source: CNN /
www.youtube.com
Une nouvelle guerre froide ?
La
guerre
froide
III
Avec la victoire sur lAllemagne nazie et la capitulation
du Japon, l’Alliance entre la Grande-Bretagne, les États-
Unis dAmérique et l’Union soviétique a atteint son
but en 1945. La dispute sur le nouvel ordre allemand et
est-euroen se transforme rapidement en un conflit in-
dépassable. Socialisme dÉtat et dictature du parti à l’Est,
économie libre de marché et démocratie représentative à
l’Ouest savèrent aussi incompatibles que les intérêts éco-
nomiques et politico-curitaires de chacun. LEst comme
l’Ouest ne voient leur avenir assuré à long terme que par
la diffusion mondiale de leur propre sysme de socié-
té. Cest pourquoi la guerre froide est un conflit global,
qui s’étend sur tous les continents et recoure à la mobi-
lisation des ressources économiques, scientifiques, cultu-
relles et militaires. La partition idéologique du monde
suit la division politique et militaire effective avec la
fondation de l’OTAN en 1949 et du Pacte de Varsovie
en 1955. Alors quon en reste dans l’hémisphère nord à
une « non-paix » armée, le Tiers Monde devient pen-
dant quatre décennies le théâtre de « guerres chaudes ».
Le Premier ministre britannique
Winston Churchill, le président
américain Harry Truman et le chef
de lÉtat soviétique et du Parti Joseph
Staline (de gauche à droite) le 25 juillet
1945 à Potsdam. Lalliance de guerre
des partenaires dissemblables ne
devait pas durer longtemps après la
victoire sur lAllemagne et le Japon.
Photo : picture alliance / Everett Collection
Un avion ravitailleur (appelé « Rosinenbomber »*)
en approche à laéroport de Tempelhof. Le blocus
de Berlin-Ouest par les Soviétiques, de juin 1948 à
mai 1949 et le point aérien mis en place par les Oc-
cidentaux symbolisent la rupture entre les anciens
alliés en Europe. * littéralement « bombardier de raisons secs »
Photo, sans date : picture-alliance / dpa
« Aide Marshall » peut-on lire en suédois sur
une carte postale de 1948. Le motif a été créé lors
dun concours daffiches pour soutenir le « plan
Marshall » – un programme américain pour
redynamiser léconomie ouest-européenne.
Carte postale : picture alliance / Mary Evans Library / Gösta Åberg
Dans lespace sous domination soviétique, le plan
Marshall est critiqué en tant quinstrument de
« limpérialisme américain » et indirectement en
tant quinstrument de guerre. Policières est-alle-
mandes pendant la foire dautomne de Leipzig.
Photo : picture alliance / Zentralbild
Le parti communiste, par un
coup dÉtat, sempare du pou-
voir en Tchécoslovaquie en fé-
vrier 1948. Le 25 février 1948,
une milice ouvrière passe sur
le Pont Charles à Prague.
Photo : picture alliance / akg images
En Italie et en France, les partis communistes et socialistes ainsi que les syndicats
de gauche jouent un rôle important depuis la Seconde Guerre mondiale. Mani-
festation de communistes italiens le 10 septembre 1949 à Florence.
Photo : picture-alliance / United Archiv
Après lentrée de larmée de libération populaire commu-
niste à Pékin le 5 février 1949, les partisans de Mao fêtent leur
triomphe. Le 1er octobre Mao proclame la République popu-
laire de Chine. LAsie devient bientôt, elle aussi, le théâtre de la
guerre froide.
Photo : picture alliance / ap photo Après la signature des accords de Paris le 23 octobre 1954, la
République fédérale dAllemagne devient membre de lOTAN
le 5 mai de lannée suivante.
Photo : NATO Photos
VIDÉO
Berlin christmas
6 months into
blockade (1948).
4:40 min.
Source:
British Pathé /
www.youtube.com
Les débuts
La
guerre
froide
IV
Les 6 et 9 août 1945, Hiroshima et Nagasaki sont dé-
truites par une arme d’une puissance de destruction
inouïe – la bombe atomique. D’un point de vue militaire,
ces attaques sont sans raison. Le Japon est déjà au bord
de la capitulation. Pour les USA, il s’agit surtout de la dé-
monstration de leur supériorité technologique et de leur
détermination à en faire usage. C’est avant tout les di-
rigeants soviétiques qu’il s’agit d’impressionner. Aussi,
nombre de contemporains considèrent l’utilisation de la
bombe atomique non pas comme le dernier acte de la
Seconde Guerre mondiale, mais comme le prélude de la
guerre froide. Alors que Moscou reproche aux USA de
se comporter en maître-chanteur et de vouloir dominer
le monde, Staline développe à marche forcée son propre
programme nucléaire militaire. C’est aussi la raison de
l’échec des tentatives de contrôle des combustibles nu-
cléaires dans le cadre de l’ONU. Bien au contraire une
idée terrible s’impose : les armes nucléaires sont des
armes politiques ; la crédibilité d’une grande puissance
interdit dy renoncer. Quand l’URSS réussit pour la pre-
mière fois un essai atomique en août 1949, l’essence de
la guerre froide se fait jour : le conflit entre les deux vi-
sions incompatibles du monde est désormais mené par
la menace de destruction de part et dautre : cest une
première historique à l’échelle du monde.
Le 6 août 1945, la bombe atomique
a méricaine anéantit la ville japonaise
dHiroshima. Les aiguilles de ce qui
reste dune montre retrouvée dans les
ruines marquent lheure de lexplosion
à 8h 15 heure locale.
Photo : UN Photo / 84772
Hiroshima après la bombe atomique, le 6 août 1945.
Photo : picture alliance / Photoshot
Le journal Berliner Zeitung, paraissant sous contrôle de lautorité sovié-
tique doccupation, rend compte de manière détaillée, le 8 août 1945,
du largage de la bombe atomique. Il insiste en particulier sur le poten-
tiel de la fission nucléaire pour lusage civile – ce qui était alors un rêve
mondialement partagé.
Faksimile : M. DuMont Schauberg / Berliner Zeitung
« Fin du monopole américain sur la bombe atomique » titre triompha-
lement en une le Berliner Zeitung – journal paraissant dans la partie
est de Berlin – le 24 septembre 1949, après que les essais réussis de la
bombe atomique soviétique ont été rendus publics.
Facsimilé : M. DuMont Schauburg / Berliner Zeitung
Un graphique publié le 9 août
1945 par larmée américaine in-
dique le rayon des destructions,
causées par la première bombe
atomique.
Photo : picture allliance / AP Photo
Une photo du 9 août 1945
montre les contours dun être
humain et dune échelle, que le
flash de lexplosion atomique à
Hiroshima a gravé sur un mur.
Photo : SZ Photo/Süddeutsche Zeitung Photo
VIDÉO
Inside the
Enola Gay (1945),
2:52 min.
Source: The National Archives
(USA), 434.593
Séance de la commission
de lénergie atomique des
Nations-Unies. La propo-
sition des USA dinterdire
à lavenir la fabrication
darmes nucléaires et de
faire contrôler par lONU
lusage pacifique de léner-
gie atomique à léchelle
universelle et de manière
illimitée échoue notamment
en raison de la méfiance des
Soviétiques.
Photo : UN Photo / 291849
Des mineurs de la
« Wismut », dans la ville
saxonne de Johanngeorgen-
stadt, prospectent le sous-
sol dans le cadre de Uran,
le programme de bombe
atomique soviétique.
Photo, 1946 : picture alliance / dpa-Zentral-
bild / Gerhard Behr
Le carburant de la guerre froide
La
guerre
froide
V
La nouvelle de la bombe atomique soviétique accélère la
construction par les États-Unis d’une super-arme ther-
monucléaire, qui ne tire pas son énergie de la fission,
mais de la fusion nucléaire. Une bombe à hydrogène, tes-
tée au printemps 1954, de 15 mégatonnes, dépasse 750
fois la puissance de la bombe nucléaire précédente lâchée
à Hiroshima. Sept ans plus tard, avec la « Tsar Bomba »,
testée par l’URSS, on atteint 50 mégatonnes et un champi-
gnon atomique d’une hauteur de 64 kilomètres. Une seule
de ces armes peut dévaster jusquà 1000 km2. Jusquau mi-
lieu des années 1980, les arsenaux des deux superpuis-
sances ont été portés à plus de 60 000 ogives explosives,
de quoi détruire plusieurs fois toute la planète et lhuma-
nité avec elle.
Mais les politiques nen deviennent pas plus raisonnables.
Bien au contraire. Un nombre toujours croissant d’États se
lancent dans la course aux armes nucléaires. La Grande-
Bretagne, la France, la République populaire de Chine et
Isrl deviennent à leur tour des puissances nucléaires avant
la fin des années 1960. Suivent plus tard lInde, le Pakistan
et la Corée du Nord. De toutes parts, on manque de don-
nées budgétaires fiables. Apparemment, pendant la guerre
froide, les États-Unis ont dépensé à eux seuls cinq billions
de dollars pour les armes de destructions massives.
Le 1er novembre 1952, les États-Unis
testent la première bombe à hydrogène
Ivy Mike ») sur latoll Eniwetok
dans les mers du sud.
Photo : National Nuclear Security Administration /
Nevada Site Oce
Caricature du journal populaire à grand tirage, le Daily Mirror au
sujet des tests de la bombe à hydrogène américaine dans le Paci-
fique. Elle dénonce la disposition desprit de lhumanité face à ces
expérimentations qui menacent son existence.
Facsimilé : SZ Photo / UPI
La France procède
en 1972 à un grand
nombre dessais
atomiques dans le
Pacifique.
Caricature : Peter Leger (dessina-
teur), Haus der Geschichte, Bonn
La mention « ne
sen servir en aucun
cas – lennemi pour-
rait exercer des repré-
sailles » est écrites sur
les missiles nucléaires.
« Retour en arrière »,
tel est la légende de
la caricature parue le
24 août 1953 dans le
Daily Express.
Caricature : Michael Cummings /
Express Newspapers / N&S
Au début des années 1950, un jeu de construction « laboratoire
dénergie nucléaire » est commercialisé aux États-Unis. Il contient
du mariel faiblement radioactif.
Photo non datée : picture alliance / akg-images
Davril à octobre 1957,
30 armes nucléaires sont
testées dans lÉtat fédéral
du Nevada, pour analyser
en particulier leur impact
sur des cibles militaires et
civiles. La photo montre
des observateurs de
lOTAN lors dun essai
le 28 mai 1957.
Photo : National Nuclear Security
Administration / Nevada Site Oce
« me après un tel nuage, le soleil ».
Cette annonce publicitaire de 1954
paraphrase un dicton américain et illustre
le malaise qui entoure la question de
latome dans les années 1950.
Photo : picture alliance / the Advertising Archives
Le développement des arsenaux nucléaires depuis 1945.
Graphique : picture alliance / dpa-Grafik
VIDÉO
Vidéo: Sahara –
France now atom
power (1960),
0:48 min.
Source:
British Pathé /
www.youtube.com
Les outils de l’apocalypse
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