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– la langue est en perpétuelle évolution et il est évident qu’il faut mesurer tout ce qu’il
y a d’artificiel à vouloir définir de manière totalement homogène un corpus qui couvre
une telle période ;
– à partir du Nouvel Empire, on observe la coexistence en Égypte de deux états de
langue : le néo-égyptien, langue de la pratique, représente l’évolution progressive du
moyen égyptien (en œuvre dès le début de la Deuxième Période Intermédiaire), et
l’égyptien de tradition (pour reprendre l’appellation désormais canonique proposée par
P. Vernus
), une langue figée et mimétique de l’égyptien classique dont les emplois ne
sont pas sans rappeler ceux du latin à la Renaissance et aux Temps Modernes. Cela a
pour conséquence l’émergence d’un état de diglossie chez les locuteurs les plus
cultivés avec une répercussion directe sur les textes produits : en fonction du registre
d’expression, on rencontre l’un ou l’autre état de langue, alternant éventuellement à
l’intérieur d’un même texte.
Selon moi, tout corpus peut se définir comme un ensemble de textes s’inscrivant dans
différents genres dans lesquels s’actualisent différents registres d’expression. Dès lors, la
définition du corpus néo-égyptien passe nécessairement par la définition des genres et des
registres d’expression employés au sein de ce corpus. Si l’on s’accorde souvent sur le genre
d’un texte, les critères qui président à sa catégorisation sont rarement objectivés. Pourquoi tel
document appartient-il au genre épistolaire ? Sur base de quels critères ? La question est
pourtant cruciale
. En objectivant les critères de définition du genre épistolaire, par exemple,
on voit rapidement apparaître des distinctions importantes avec le P. Anastasi 1, et donc la
nécessité de distinguer ce document du genre des lettres. Toute production écrite est
naturellement tributaire du genre, structure conventionnelle par laquelle un texte est
construit
. Ainsi, chaque texte est soumis aux règles/normes codifiant son genre ; un genre
particulier va imposer la présence/absence de formules phraséologiques, de constructions
spécifiques, d’une structure formelle propre, d’un lexique approprié, etc. De même, la
variabilité est un phénomène propre à toute langue
. Une même situation discursive peut
varier selon divers facteurs ; on peut dire la même chose de différentes façons. Ces variations
peuvent se manifester à différents niveaux, les causes sont variées ; la première est la plus
évidente, elle est directement liée au locuteur. Chacun exprimera différemment un énoncé ;
cela dépend des caractéristiques sociales d’une personne (sexe, éducation, âge, fonction,…).
De même, le but poursuivi par le locuteur peut aussi entraîner des variations. La nature de
l’allocutaire peut également jouer un rôle important ; ainsi, une lettre rédigée à un condisciple
ou une lettre rédigée à un supérieur présentera des dissimilitudes. De même, le genre, par la
normativité qu’il impose, est susceptible de créer des variables. Genre is viewed as a social
process in which participants within a culture use language in predictable sequential
structures to fulfill certain communicative purposes
. Ce sont ces normes, ces règles qu’il
s’agira de mettre en avant ici. La première partie de ce travail sera donc consacrée à la
définition des genres, elle s’attachera à mettre en évidence les critères qui les définissent, à
spécifier les fonctionnements propres aux différents genres afin d’établir leur « carte
P. Vernus (1982).
Fr. Rastier (2004) : Pour parvenir à des traitements automatiques spécifiques et efficaces de corpus et adapter
les stratégies applicatives, il convient de spécifier les fonctionnements propres aux différents discours, champs
génériques et genres textuels. Dans un corpus homogène, connaître les régularités structurelles du genre peut
permettre de simplifier les traitements ; par exemple, certaines parties des textes peuvent parfois être
systématiquement éliminées, au profit des sous-corpus pertinents pour une tâche donnée.
D. Biber, S. Conrad (2009 : 2).
Ibid., p. 4.
Ibid., p. 22.