Naturel, par contraste, serait la vie utile où l'on est soi-même ; vie remplie
de tâches familiales, professionnelles par lesquelles l'homme se ferait être ce qu'il
est lui-même, à savoir, l'homme authentique. Pour sortir du néant et pour
demeurer un homme authenthique, il suffit que l'homme rentre en lui-même pour
connaître sa nature, son devoir et ses fins. En raison de ces définitions, comment
pourrait-on alors expliciter ce que Rousseau entend par "l'état de nature" ?
II - L'AGE D'OR : L'ETAT DE NATURE
Tous les théoriciens du contrat social se sont interrogés sur l'origine de la
société civile. Locke, Hobbes, Rousseau ont été obligés de définir l'état originaire,
état hypothétique dont on ne pourra jamais démontrer la certitude de fait."Les
philosophes qui ont examiné les fondements de la société civile ont tous senti la
nécessité de remonter à l'état de nature " 2.
2.1 - Description de l'état de nature
C'est un état d'indépendance : "l'homme vivait bon, libre, heureux
mais il ne le savait pas" 3. C'est l'âge d'or idyllique ; jouissant d'une liberté
naturelle les hommes ne se rencontraient jamais, allaient où cela leur chantait,
n'avaient aucun problème de subsistance trouvant dans la luxuriante nature tout ce
qu'il leur fallait pour subvenir à leurs besoins. Seule une convention mutuelle due
à un consentement réciproque à entrer dans la communauté et à former le corps
social pourrait mettre fin à l'état de nature. Or, comme ils sont isolés et heureux,
on est loin de la possibilité d'un tel pacte...
Rousseau critique fondamentalement Hobbes : "homo homini
lupus" 4. En effet, Hobbes prétend que l'homme est naturellement intrépide et ne
cherche qu'à attaquer et à combattre tandis qu'au contraire Pufendorff pense que
rien n'est si timide que l'homme à l'état de nature "toujours tremblant et prêt à fuir
au moindre bruit" 5. Lorsque Rousseau parle d'égalité naturelle il entend que nul
et "L'homme du monde est tout entier dans son masque, il y est toujours étranger et
mal à son aise quand il est forcé d'y rentrer. Ce qu'il est n'est rien, ce qu'il paraît
est tout pour lui", Emile 1762, Chronique Garnier, p. 271.
2 Derathé-J.-J. Rousseau et la Science Politique de son temps, 1970, Vrin, p. 27.
3 Cf. Rousseau, Second Discours, Ière Partie, 1754.
4 Cf. Hobbes, Leviathan, 1651, trad. française F. Tricaud, Sirey, 1971.
5 Cf. Pufendorf, "Du droit de la nature et des gens ", I-1706, Amsterdam.
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