INTENTIONS DE MISE EN SCENE
Dans la solitude des champs de coton est une pièce sur la mécanique du désir, sur
l’impossibilité de le nommer précisément. Deux hommes, le Dealer et le Client se
font face, à une heure obscure, dans un lieu indé ni. C’est un combat âpre et pourtant
drôle, teinté de la mauvaise foi de ce que l’on suppose à l’Autre. On assiste
au dialogue de deux solitudes qui se trouvent enfermées par la question latente
dans toute relation humaine : « Que me veux-tu ? ». Et d’obliger l’autre, par tous les
moyens du discours, à se dévoiler, à répondre au manque fondamental, à accoucher
de sa vérité. Mais aucun ne veut lâcher, aucun ne veut admettre sa demande.
De là l’idée d’un ring, d’un dispositif quadrifrontal où le public participe de cette
maïeutique. L’adresse est directe. Spectateurs, ne sommes-nous pas tous des
clients ? Que venons-nous chercher en nous enfermant dans une salle face à des
acteurs et un texte ? A quel désir ces acteurs doivent-ils répondre ?
Pour que ce processus ait lieu, il nous faut rester entièrement poreux, vivants, dans
un dialogue fragile et réactif. Les trajectoires, les regards, les appuis, ce que le
corps révèle et contredit de la parole seront autant de moyens d’y parvenir.
Il n’est pas question de personnages mais de fonctions, qui n’existent que dans le
rapport à l’Autre, en miroir.
La musique est nécessaire à la mise en abyme de cet échec de la rencontre.
Comme dans certains arts martiaux, les musiciens assistent, accentuent, provoquent la
parole, aident les acteurs à se mouvoir, les malmènent et les accompagnent « au sens
strict du terme »
Marine Mane
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