DALLA NORA Margot Promotion 2013

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DALLA NORA Margot
Promotion 2013-2014
Master I EPSED
UE Ethnobotanique et Interactions Bioculturelles
Plante domestiquée : Capsicum spp
Introduction
Le piment est une plante largement cultivée dans la plupart du monde et très présente dans
la culture de certains pays notamment dans les pays tropicaux
L’origine de cette plante est toujours un sujet où plusieurs hypothèses se rencontrent, et sa
domestication reste incertaine notamment sur le nombre fois où elle a eu lieu.
Nous aborderons donc dans une première partie l’histoire des piments, avec leur origine et
leur domestication, puis les caractéristiques agronomiques et écologiques, ses utilisations
ainsi que les enjeux pouvant s’y rattacher.
I.
Histoire
1. Origine et domestication
Kalloo (1989) de même que De Witt & Bosland (1993) rapportent
que les premières variétés de Capsicum, genre créé par Valerius
Cordus en 1506 (Chaux & Foury, 1994), seraient originaires d'une
zone localisée entre les montagnes sud brésiliennes à l'est, la Bolivie
à l'ouest, le Paraguay et le nord Argentine au sud. Ils qualifient cette
zone comme `'aire centrale'' où auraient été représentées toutes
les principales espèces domestiquées du genre. Harlan (1987) pour
sa part, précise deux zones d'origine ; le centre mésoaméricain
pour C. annuum et le centre d'Amérique du sud pour les autres
espèces.
Les Capsicum se seraient alors répandus à travers les Amériques
grâce à l’action des oiseaux (qui ne ressentent pas la sensation
irritante ni piquante, au contrario des mammifères) avant d'être
domestiqués indépendamment dans la zone du Mexique (C.
annuum), en Amazonie (C. chinense) et dans les régions méridionales d'Amérique centrale (C.
frutescens). Les deux autres espèces (C. baccatum et C. pubescens) sont restées
principalement confinées en Amérique du sud (De Witt & Bosland, 1993).
C’est à partir du piment Piquin, piment qui serait l’ancêtre sauvage de la plupart des espèces,
que les Aztèques, après un long travail de culture, auraient réussi à obtenir une multitude
d’espèces de piments de différentes tailles, couleurs, formes, intensités et saveurs.
Des traces de domestication ont été retrouvées dans des grottes de Tehuacan au
Mexique qui datent de 7000 ans. Les piments étaient consommés à l’état sauvage
bien avant cette date, et le sont toujours pour les populations indiennes,
notamment au Mexique.
2. Espèces domestiquées et espèces sauvages
On retrouve 25 espèces sauvages et 5 espèces domestiquées.
Tout d’abord, Capsicum annuum, qui est la plus cultivée dans le monde et on peut
recenser dans cette espèce les poivrons mais aussi les piments dits forts.
Pour Capsicum baccatum, c’est une espèce qui se distingue par sa corolle blanche
marquée de chevrons jaunes et ses étamines libres. Elle est surtout utilisée comme
condiment. Elle est caractéristique des Andes, zone dans laquelle on rencontre également sa
forme sauvage (Pickersgill, 1971 citée par Chaine-Dogimont, 1993). Son cycle est d'environ
120 jours et les plants de C. baccatum ont du fait de leur persistance, une tendance arbustive.
De Witt & Bosland (1993) ont défini dans ce groupe deux formes sauvages
(baccatum etmicrocarpum) ainsi qu'une forme domestiquée (pendulum)
Pour le Capsicum chinense, a un feuillage plus large et plus gaufré que C. frutescens,
mais pousse lui, plus lentement que C. annuum. Il est plus vivace que C. frutescens et peut
donner au bout de 3 ou 4 ans des arbustes de 1,5 m de haut avec des troncs de 2 ou 3 cm de
diamètre. Ses fruits (2 à 6 par noeud) sont de forme variée, en lanterne, ou très plats côtelés,
très piquants (jusqu'à 250 000 sur l'échelle de Scoville) à doux (Grubben & El Tahir, 2004) et
très parfumés. L'espèce est, de plus réputée pour sa longue période de récolte, ses besoins
presque nuls en pesticides et son coût de production très appréciable. Son cycle varie entre
80 et 120 jours en moyenne. Les semences sont lentes à germer. Grubben & El Tahir (2004)
ajoutent que l'espèce est très appréciée en saison des pluies pour sa vigueur et sa grande
résistance à l'anthracnose et aux viroses.
En ce qui concerne Capsicum frutescens, espèce vivace dont la hauteur des plants
dépend du climat, à feuillage fin, à fleurs souvent en bouquets (Williams et al, 1991) insérées
par paires. Les feuilles sont parfois ovoïdes (De Witt & Bosland, 1993). Le pédoncule floral est
droit à la floraison et les fruits sont allongés coniques (parfois ronds), très piquants mais peu
parfumés. Ils sont faciles à sécher.
Pour ce qui est de Capsicum pubescens, il se caractérise par ses feuilles ovoïdes très
poilues (d'où d'ailleurs son nom) et ses fleurs bleues, ses graines noires et irrégulières.
L'espèce est caractéristique des zones élevées (Chaine-Dogimont, 1993). C'est un grand
buisson pérenne qui peut s'élever jusqu'à 3 m de haut. Son cycle de croissance est d'au moins
120 jours. Ses fruits se déshydratent et ne se conservent pas bien. (Eshbaugh, 1977 cité par
Chaine-Dogimont, 1993). C’est également la seule espèce sans forme sauvage.
3. Découverte et répartition
L'histoire nous enseigne que Christophe Colomb rapporta du piment en Europe au retour de
son premier voyage à la conquête d'une nouvelle route des épices en 1493.
Ce fut l’espèce Capsicum Annuum qui fut implantée en Europe, tandis que les espèces du
Brésil furent plutôt diffusées par les Portugais en Afrique et en Asie. (Deux solanacées rouges
de l’Amérique à l’Europe : piment et tomate de Esther Katz).
Elles furent ensuite rapidement cultivées dans le monde entier, et particulièrement dans les
zones tropicales.
II.
Caractéristiques écologiques et agronomiques
Les Capsicum sont des plantes de la famille des Solanacées tout comme la tomate, la
pomme de terre ainsi que le tabac par exemple.
C’est une plante herbacée érigée ou sous-arbrisseau, jusqu’à 2.5 mètres de haut,
fortement ramifié qui peut être cultivée comme plante annuelle mais quelque fois comme
plante vivace à vie courte.
Elle possède une racine pivotante forte, et des racines latérales nombreuses. Sa tige est
irrégulièrement anguleuse à subcylindrique, jusqu’à 1cm de diamètre, de
couleur vert à brun vert, souvent munie de poils mous et de taches violacées
près des nœuds.
Son fruit est une baie, de taille, de forme, de couleur et de saveur très
variables, habituellement plus ou moins conique, jusqu’à 30 cm de long,
contenant de nombreuses graines.
On retrouve dans le piment un alcaloïde, la capsaicine. C’est un irritant de l’épithélium des
cellules des mammifères ; il produit une sensation de brûlure dans la bouche, ce qui peut être
considéré comme un élément gustatif intéressant. Du point de vue biologique, ce composé
permet à la plante qui le produit d'être moins exposée à la prédation. La molécule est classée
parmi les métabolites secondaires.
On retrouve également différentes vitamines comme la vitamine C ou E.
Pour ce qui est des exigences écologiques, le piment, étant une plante tropicale, a
besoin d’un climat chaud, même si l’espèce Capsicum Annuum peut s’adapter à des conditions
climatiques tempérées l’été. En effet, les températures optimales de croissance et de
production se situent entre 18°C et 30°C. Les graines germent le mieux entre 25 et 30°C. La
floraison, et elle retardée lorsque les températures diurnes tombent en dessous de 25°C. Ils
préfèrent des sols fertile et riche en humus, avec un pH légèrement acide compris entre 6 et
6.5. C’est une plante qui nécessite environ 1000 mm de pluies ou une irrigation lorsqu’elle est
cultivée.
Ils supportent également des altitudes jusqu’à 2000 mètres en région chaude, surtout pour
l’espèce Capsicum pubescens.
Des rotations avec des graminées sont également très utiles afin de ne pas propager les
maladies ainsi que les ravageurs, à d’autres plantes de la famille des Solanacées.
III.
Diverses utilisations
On retrouve différentes utilisations des piments dans le monde.
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Tout d’abord au niveau de la gastronomie. En effet, le piment est l’épice la plus
consommée au monde et il est présent dans la culture de différents pays notamment
dans les pays subtropicaux. Il remplace ou complète le poivre, épice qui fut très
onéreuse dans le XVème siècle.
Une autre utilisation possible est au niveau de la protection phytosanitaire. En effet,
le piment moulu ajouté à de l’eau est un puissant insecticide qui permet une
élimination des parasites dans un court délai.
Le piment possède également des vertus médicinales. Tout d’abord, grâce à la
capsaïcine, il est excellent pour soigner la grippe, les rhumes et aide à prévenir les
maladies cardiovasculaires. Il est également antibactérien, antiseptique, diurétique et
digestif.
Il est également utilisé simplement comme plante décorative ou comme ornement
avec des piments secs attachés les uns aux autres.
C’est donc pour toutes ces utilisations que la production mondiale de piments est de 10
millions de tonnes avec 1 million d’hectares et qui rapportent 7.5 million de dollars
(www.chilepepperinstitute.org/Statistics.htm). Le premier producteur est la Chine avec 8
millions de tonnes en 2001, suivie par le Mexique avec 1.9 millions de tonnes et la Turquie
avec 1.4 millions de tonnes.
IV.
Enjeux et conclusion
Les piments ont une grande valeur nutritionnelle et économique, mais le rendement
moyen en Afrique est encore bas. Avec des cultivars améliorés, particulièrement des hybrides,
une plus grande utilisation d’intrants et une intensification des pratiques culturales, le niveau
de rendement peut être considérablement augmenté. La culture du poivron doit être
développée pour approvisionner les marchés urbains et dans certains pays pour l’export. En
Afrique de l’Ouest, les variétés douces du piment antillais (piment Habanero) méritent
l’attention. Il existe un besoin pour des cultivars de poivrons tolérants à la chaleur et adaptés
à la culture dans les basses terres. La sélection du piment et la production de semences de
cultivars locaux, en mettant l’accent sur la résistance aux ravageurs et aux maladies, mérite
une grande priorité. La connaissance pratique en matière de lutte raisonnée dans les régions
tropicales est déficiente et exige de gros efforts de recherche et de formation des agriculteurs.
Bibliographie
Site internet
www.chilepepperinstitute.org/Statistics.htm [page consultée le 1er février 2014]
Thèse Université de la Réunion Taxonomie et diagnostic des espèces de Xanthomonas
associées à la gale bactérienne de la tomate et des Capsicum spp. : situation dans les îles du
Sud Ouest de l'Océan Indien,
http://hal.archivesouvertes.fr/docs/00/81/98/14/PDF/2010Lare0022_Hamza.pdf [page
consultée le 30 janvier 2014]
http://www.memoireonline.com/10/10/4002/m_Contribution--la-strategie-de-selection-degenotypes-de-piments-capsicum-annuuml-adaptes-au12.html [page consultée le 28 janvier
2014]
Ouvrages
Andrews J (1995). The domesticated Capsicums, new edn. University of Texas Press, Austin,
TX
CHAINE-DOGIMONT C., 1993. Etude génétique de trois systèmes de résistance par
hypersensibilité ou séquestration aux trois virus principaux infectant le piment (Capsicum
annuum L.). Thèse de docteur, INA-PG. Paris, 194 p
CHAUX C. & FOURY C., 1994. Productions Légumières. Tome 3 : Légumineuses potagères Légumes fruits. Coll. « AGRICULTURE D'AUJOURD'HUI : Sciences, Techniques,
Applications ».Tec & Doc. Lavoisier, Paris, France. 563 p
DE WITT D., BOSLAND P. W., 1993.The pepper garden. Ten Speed Press. Berkeley, California,
USA. 240 p
GRUBEN G. J. H & EL TAHIR I. M., 2004. Capsicum annuum L. In: GRUBEN G. J. H & DENTON
O. A. (Editors). Plant Resources Of Tropical Africa 2. Vegetables. PROTA Foundation,
Wageningen, Netherlands / Backhuys Publishers, Leiden, Netherlands / CTA, Wageningen,
Netherlands. Pp 154 - 163.
HARLAN J.R., 1987. Les plantes cultivées et l'homme. ACCT/ CILF, collection « Techniques
Vivantes ». Presses Universitaires de France, 414 p
KALLOO, 1988. Vegetable breeding, Vol. I. CRC Press, Inc. Boca Raton / Florida, USA, 239 p
KATZ Esther. Deux solanacées rouges de l’Amérique à l’Europe : piment et tomate
WILLIAMS C.N., UZO J.O., PEREGRINE W.T.H., 1991. Vegetable Production in the Tropics.
«Intermediate Tropical Agriculture series». Ed. Longman Scientifical & Technical. Malaysia,
179 p
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