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leur salut, qui manquent de confiance dans la miséricorde divine ; ceux qui ne
s’appuient que sur les richesses, la santé et les forces du corps. On peut voir,
pour plus de détails, les Auteurs qui ont écrit sur les vices et les vertus.
§ IV. — DU CULTE ET DE L’INVOCATION DES ANGES ET DES
SAINTS.
En expliquant ce Commandement, le Pasteur fera soigneusement remarquer aux
Fidèles que le culte et l’invocation des Saints, des Anges et des Ames
bienheureuses qui jouissent de la Gloire du ciel, comme aussi le respect pour les
corps mêmes et les reliques des Saints, tel que l’Eglise l’a toujours pratiqué, ne
sont nullement contraires à l’esprit de ce premier Commandement. Est-il un
homme assez insensé pour s’imaginer qu’un souverain qui interdirait à ses sujets
de prendre la qualité de roi, et d’exiger les hommages et les honneurs qui ne sont
dus qu’à cette dignité suprême, défendrait par là -même d’honorer les
magistrats ? Quoiqu’il soit dit que les Chrétiens, à l’exemple des Saints de
l’Ancien testament, adorent les Anges, cependant ce culte qu’ils leur rendent
diffère essentiellement de celui qu’ils offrent à Dieu. Et si quelquefois nous
voyons les Anges refuser les honneurs qui leur étaient rendus par des hommes,
cela signifie simplement qu’ils ne voulaient point prendre pour eux la gloire qui
n’est due qu’à Dieu. Car le même esprit-Saint qui a dit 15: « A Dieu seul honneur
et gloire », nous ordonne néanmoins d’honorer nos parents et les vieillards. Les
Saints n’adoraient que Dieu seul, et cependant comme le remarque l’Ecriture, ils
avaient pour les rois une espèce d’adoration, en ce sens qu’ils les honoraient
assez pour se prosterner devant eux. Or si les rois par qui Dieu gouverne le
monde ont droit à de tels honneurs, les esprits angéliques que Dieu a faits ses
ministres, qu’Il emploie non seulement dans le gouvernement de son Eglise,
mais encore dans celui de l’univers entier, et dont la protection nous délivre tous
les jours des plus grands dangers et de l’âme et du corps, ces esprits bienheureux
ne recevront-ils pas de nous, bien qu’ils ne se montrent point visiblement à nos
yeux, des honneurs d’autant plus grands qu’eux-mêmes l’emportent en dignité
sur tous les rois de la terre ?
Ajoutez à cela la Charité qu’ils ont pour nous. C’est cette Charité qui les fait
prier, comme nous le voyons dans la sainte Ecriture, pour les provinces dont ils
sont les protecteurs. Et il n’est pas permis de douter qu’ils n’agissent de même
envers ceux dont ils sont les Gardiens, puisqu’ils présentent à Dieu nos prières et
nos larmes. Voilà pourquoi le Seigneur nous enseigne dans l’Evangile 16: « Qu’il
ne faut point scandaliser même les plus petits enfants, parce que leurs Anges qui
sont dans le ciel voient sans cesse la face du Père qui est dans le ciel. »
Il faut donc invoquer les Anges, et parce qu’ils voient Dieu continuellement, et
parce qu’ils se chargent avec joie du soin qui leur est confié de veiller à notre
15 1 Tim., 1, 17. ---- Exod., 22, 12. ------ Levit., 19, 32.
16 Matth., 18, 10.