E AU PO SIT IFS SU RF AC ES S DI AIR GUIDE PRATIQUE SUR LE CONTRÔLE DES INFECTIONS ENVIRONNEMENTALES DANS LES HÔPITAUX Le contenu de ce livret a été rédigé avec l’aimable collaboration et l’expertise technique du : Professeur GL French, MD, FRCPath, DipHIC Consultant honoraire en microbiologie, ’’Guy’s & St Thomas’s Hospital Professeur émérite de microbiologie, ’King’s College, Londres, Royaume-Uni 3 AIRBORNE TRANSMISSION PRÉFACE ll est reconnu, depuis plus d’un siècle, que les patients sont exposés à un risque d’infection dans les hôpitaux et les établissements de soins de santé. En 1860 déjà, Florence Nightingale écrivait que « la majeure partie des soins infirmiers consistait à préserver la propreté ». Bien que le respect rigoureux des pratiques d’hygiène et de propreté de l’environnement soit toujours strictement appliqué en chirurgie, les règles en matière d’hygiène générale à l’hôpital ont perdu en rigueur avec l’avènement des antibiotiques et suite à la perception erronée selon laquelle les infections ne représenteraient plus une menace aussi importante. Pourtant, les infections constituent un risque croissant pour la sécurité des patients en raison d’une médecine moderne toujours plus complexe, d’une vulnérabilité plus grande chez les patients affaiblis par leur âge (sujets très jeunes et très âgés), immunodéprimés, ayant subi une importante intervention chirurgicale et en soins intensifs, et de l’émergence d’agents pathogènes multi-résistants (MDR). La propagation de gènes de résistance entre bactéries et l’émergence, à l’échelle mondiale, d’agents pathogènes ultra-multi-résistants sont désormais reconnues comme étant une urgence de santé publique d’envergure mondiale qui menace notre capacité à traiter les infections contractées en milieu hospitalier et à dispenser des soins de santé sûrs et efficaces (Boucher et al, 2009; European Commission, 2011; World Economic Forum report, 2014). Le contrôle de l’infection croisée est important non seulement pour réduire l’infection du patient, mais aussi pour réduire la propagation des agents pathogènes multi-résistants et de leurs gènes de résistance. En milieu hospitalier, l’air, l’eau, les dispositifs médicaux et les surfaces sèches constituent autant de sources potentielles de contamination et de propagation d’infections. Ce guide pratique a pour objectif de donner une vue d’ensemble des différents types de transmissions d’origine environnementale des infections hospitalières et de leur contrôle. Il analyse également les pratiques recommandées pour optimiser les prélèvements d’échantillons bactériologiques. Professeur GL French, MD, FRCPath, DipHIC 1 2 AIRBORNE TRANSMISSION TABLE DES MATIÈRES INTRODUCTION..............................................................................................................................................4 TRANSMISSION PAR L’AIR..........................................................................................6 TRANSMISSION PAR L’EAU ................................................................................. 14 TRANSMISSION PAR LES DISPOSITIFS...................................17 MÉDICAUX TRANSMISSION À PARTIR D’UNE...................................................... 20 SURFACE SÈCHE GESTION ET ORGANISATION ....................................................................... 30 ÉCHANTILLONNAGE BACTÉRIOLOGIQUE.................... 32 DE L’ENVIRONNEMENT RÉFÉRENCES ..................................................................................................................................................... 38 3 INTRODUCTION Le milieu hospitalier peut être contaminé par divers agents pathogènes environnementaux et par des germes plus virulents transmis par le personnel ou les patients colonisés ou infectés. L’infection peut se produire par inoculation directe dans les plaies ou autres sites. Il est possible également que la peau et les muqueuses des patients se trouvent colonisées par une infection invasive ultérieure lorsque les défenses de ces patients sont amoindries. Le contrôle de l’infection passe donc par la prévention de la contamination et de la colonisation ainsi que de l’infection directe. Les voies de transmission sont complexes et impliquent souvent l’environnement, que ce soit directement ou indirectement. Les voies et sources environnementales sont notamment : L’air L’eau L’équipement et les dispositifs médicaux Les surfaces environnementales La nourriture et la boisson 4 AIRBORNE TRANSMISSION Figure 1. Voies potentielles de transmission des infections nosocomiales liées à l’environnement [Adapted from Otter et al, 2011] Surfaces ou équipement contaminés Patients infectés ou colonisés Mains contaminées du personnel soignant Patients vulnérables Air contaminé Contact direct entre patients 5 TRANSMISSION PAR L’AIR Les germes aéroportés peuvent être inhalés, pénétrer directement une plaie ou un instrument ou survivre sur des surfaces avant d’être transmis indirectement aux patients. Certains agents pathogènes risquent en particulier de se répandre via des patients ou des porteurs, de résister à la dessiccation, de survivre dans la poussière ou les gouttelettes, puis d’être diffusés via l’air. Les principaux germes aéroportés sont les suivants : • Staphylococcus aureus • Staphylocoques à coagulase négative (CoNS) • Streptococcus pyogenes • Acinetobacter spp • Mycobacterium tuberculosis (TB) • Norovirus • Virus influenza • Coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS-CoV) • Spores de Clostridium • Legionella spp. • Aspergillus spp. Staphylococcus aureus Les souches de Staphylococcus aureus sensible à la méticilline (SASM) ou résistant à la méticilline (SARM) sont les principaux agents pathogènes des plaies chirurgicales ainsi que des infections de la peau et des tissus mous. SASM est un commensal du nez, du périnée et d’autres sites cutanés chez environ 30 % des sujets normaux, et se répand sur les squames cutanés qui flottent dans l’air avant de se déposer et de survivre dans la poussière. Les courants d’air remettent la poussière en suspension, ce qui peut ensuite entraîner la transmission de S. aureus aux plaies et aux instruments. SARM est moins fréquent, mais diffuse largement parmi les patients hospitalisés. Il se transmet principalement par des patients colonisés et infectés via les mains du personnel de santé, mais une contamination de l’environnement et une propagation aéroportée ne sont pas à exclure. 6 AIRBORNE TRANSMISSION Staphylocoques à coagulase négative (CoNS) Ce sont des organismes à faible virulence qui colonisent la peau des sujets normaux. Ils sont également répandus dans l’air et peuvent se déposer sur les plaies et les instruments chirurgicaux, entraînant des infections sur les prothèses, notamment en chirurgie orthopédique et cardiaque. Streptococcus pyogenes Ce germe est porté dans la gorge chez environ 5 % des sujets bien sains. Il provoque des infections des plaies, de la peau et des tissus mous avec une épidémiologie similaire à S. aureus. MESURES DE PRÉVENTION ET DE CONTRÔLE Ces mesures se traduisent par la mise en œuvre systématique de précautions standards en matière d’hygiène et de nettoyage (CDC, 2003; WHO, 2008) par la prévention et le contrôle de la contamination des surfaces. Le contrôle de la contamination de l’air dans les zones à haut risque comme les salles d’opération implique un nettoyage rigoureux de l’environnement, de fréquents renouvellements d’air et une filtration de l’air (voir encadré ci-dessous). En chirurgie implantaire, des hottes à flux laminaires unidirectionnels délivrent un air ultrapropre, offrant ainsi une protection supplémentaire des plaies et des instruments chirurgicaux contre le CoNS. CONTRÔLE DE LA TRANSMISSION AÉROPORTÉE EN SALLE D’OPÉRATION ET DANS LES AUTRES ENVIRONNEMENTS À HAUT RISQUE (Dharan & Pittet, 2002; Hoffman et al, 2002; CDC 2003) Les moyens permettant de prévenir les infections transmises par l’air sont les suivants : • Renouvellement d’air fréquent, filtration de l’air et réduction des turbulences d’air. • Réduction au minimum du personnel tout au long d’une opération. • Maintien de flux d’air à partir des zones propres, comme les salles d’opération, les unités de soins intensifs et les salles de soins (pression positive), vers des zones avec un niveau de propreté moins élevé (pression négative). • Application de mesures plus strictes pour les environnements à très haut risque. Par exemple, il est recommandé de renouveler l’air six fois par heure pour les services généraux, 10 fois par heure pour les zones critiques, 15 fois par heure en chirurgie ambulatoire et 25 fois par heure pour les salles d’opération de chirurgie générale. • Utilisation d’un air filtré par flux laminaire (ventilation ultra-propre) en chirurgie implantaire et prothétique. 7 Bien qu’il n’existe pas de norme reconnue en matière de prélèvements d’échantillons d’air pour le dosage des bactéries ou en matière de fréquence de ces prélèvements, de nombreuses autorités conviennent de mesures de surveillance dans les situations suivantes : • mise en service d’une salle d’opération ; • après des travaux de construction ou de rénovation (Hoffman et al, 2002); QUALITÉ DE L’AIR DANS UNE SALLE D’OPÉRATION • Salle d’opération au repos : < 35 unités formant colonie (ufc)/m3, avec < 1 colonie de Clostridium perfringens ou S. aureus par m3 • Salle d’opération en activité : la concentration totale d’air est de < 180 ufc/m3 en moyenne sur 5 minutes. (Consensus from Dharan & Pittet, 2002; Hoffman et al, 2002; CDC, 2003) Acinetobacter (Peleg et al, 2008; Tacconelli et al, 2014) Les bactéries à Gram négatif sont moins résistantes à la dessiccation que les bactéries à Gram positif et elles ne sont généralement pas transmises par l’air, à l’exception de Acinetobacter spp. Ces coccobacilles à Gram négatif non fermentants sont largement distribués sur le plan environnemental dans les sols et l’eau. Ils colonisent également la peau et les muqueuses chez environ 25 % des sujets normaux. Acinetobacter baumannii est l’espèce Acinetobacter la plus souvent isolée et celle qui risque le plus d’acquérir une résistance à de multiples antibiotiques. Elle est la cause la plus fréquente d’épidémies à Acinetobacter en milieu hospitalier. Ce germe peut être hautement multirésistant. Récemment, des souches ont été responsables d’importantes épidémies et de graves infections difficiles à traiter chez les patients immunodéprimés, en particulier dans les unités de soins intensifs. Les Acinetobacter sont capables de survivre pendant des semaines ou des mois sur des surfaces sèches et peuvent être transmis par la poussière, un équipement contaminé et des aérosols contaminés provenant de systèmes de climatisation. Les épidémies hospitalières proviennent de sources environnementales contaminées ou sont la conséquence d’une transmission par les mains de germes présents sur la peau de patients colonisés. Les épidémies peuvent être liées à des souches épidémiques uniques, généralement à partir d’une source environnementale, ou à partir de plusieurs isolats distincts associés à une épidémiologie complexe à la fois épidémique et endémique. A. baumannii est présent dans presque 50 % des cultures respiratoires de l’ensemble des patients positifs et les isolats sont de plus en plus résistants aux carbapénèmes. (Munoz-Price et al, 2013). 8 TRANSMISSION PAR L’AIR MESURES DE PREVENTION ET DE CONTROLE Le contrôle de l’environnement met l’accent sur les points suivants : • application rigoureuse des mesures de lavage et de désinfection des mains, • nettoyage efficace de l’environnement, • isolement des patients colonisés et infectés. Les Acinetobacters multirésistants peuvent être responsables d’infections plus difficiles, voire impossibles à traiter. Ces agents pathogènes multirésistants exigent un renforcement des procédures de contrôle afin d’éviter leur diffusion dans les unités à haut risque. Cela doit se traduire par l’application très stricte des procédures standards, l’amélioration du nettoyage de l’environnement, l’identification de porteurs asymptomatiques grâce au dépistage des patients et l’isolement des patients colonisés et infectés dans des chambres maintenues en pression négative, avec un air filtré, le cas échéant. Les infections endémiques sont particulièrement difficiles à contrôler et sont souvent liées à une contamination étendue de l’environnement. Il peut être nécessaire de procéder au typage des isolats provenant du patient et de l’environnement pour identifier et éliminer les sources et les voies de transmission. Un nettoyage régulier de l’environnement est recommandé afin de prévenir les épidémies, mais la fermeture temporaire des unités en cause en vue de leur nettoyage peut être nécessaire pour contrôler l’infection endémique (Tacconelli et al, 2014). Tuberculose La forme de tuberculose (TB) la plus répandue est la tuberculose pulmonaire ou respiratoire. « La tuberculose active » est une forme transmissible qui est portée par des patients infectés, chez lesquels M. tuberculosis se retrouve dans les crachats et expectorations. Les patients atteints d’une tuberculose pulmonaire sont généralement soignés dans les hôpitaux, où ils présentent un risque de transmission, par voie aérienne ou par inhalation, à l’égard des autres patients, du personnel et des visiteurs. Les personnes immunodéprimées, notamment celles qui sont infectées par le VIH/SIDA, sont particulièrement vulnérables aux infections. De nombreuses épidémies de tuberculose dans les hôpitaux ont été rapportées dans la littérature et avec l’émergence de la tuberculose multirésistante (TB-MR), il est particulièrement important de contrôler cette maladie dans les établissements de santé. MESURES DE PRÉVENTION ET DE CONTRÔLE (Hannan et al, 2000; CDC, 2005; NICE, 2011) • Identifier les patients infectés : il s’agit là d’une mesure fondamentale, sachant que les patients non diagnostiqués et atteints de tuberculose active peuvent diffuser largement la maladie au sein des établissements de santé. • Isoler les patients infectés jusqu’à ce que le risque infectieux soit écarté, et renforcer les précautions en matière d’isolement de l’air (masque spécifique). • Évaluer le risque de résistance aux médicaments et de VIH pour tous les patients atteints de tuberculose. Si la TB-MR est connue ou suspectée, des précautions particulières doivent être mises en œuvre (voir page 10). 9 • Isoler les patients suspectés de tuberculose respiratoire active, en particulier des patients immunodéprimés. Ils doivent être soignés dans des chambres individuelles, maintenues en pression négative ou ventilées vers l’extérieur du bâtiment. Il convient de mettre en œuvre des procédures produisant des aérosols comme une bronchoscopie, l’induction des expectorations ou l’administration d’un traitement par nébulisation dans une zone convenablement ventilée. • L’utilisation de masques (respirateurs à particules), de blouses et de procédures adaptées de protection est recommandée pour le personnel de santé qui s’occupe de patients atteints ou suspects de tuberculose infectieuse, ou lors des procédures produisant des aérosols lorsqu’elles sont associées à un risque élevé de transmission de la tuberculose. • Les patients hospitalisés atteints de tuberculose respiratoire ouverte sont tenus de porter un masque chirurgical chaque fois qu’ils quittent leur chambre et ce, jusqu’à deux semaines après le début de leur traitement. TUBERCULOSE MULTIRÉSISTANTE La tuberculose multirésistante (TB-MR) est une infection grave et potentiellement impossible à traiter. C’est la raison pour laquelle des précautions particulières doivent être mises en œuvre pour empêcher sa diffusion. • Chambres maintenues en pression négative avec une surveillance continue des flux d’air pour les patients atteints ou suspectés de TB-MR, jusqu’à ce que le risque infectieux soit écarté. • Port d’un masque de type FFP3 par le personnel et les visiteurs tant que le risque infectieux existe chez le patient. Les masques doivent être conformes aux normes résumées par les directives de la HSE (Health and Safety Executive) (2013). Le personnel pouvant être amené à soigner des patients infectés doit être formé à l’utilisation des masques de type FFP3 et un test d’ajustement de leur masque doit avoir été effectué. Syndrome respiratoire du MoyenOrient (MERS) et autres infections respiratoires virales virulentes Depuis avril 2012, des cas d’infections aiguës graves et souvent mortelles des voies respiratoires dues à un nouveau coronavirus (Co-V), ont été rapportés du Moyen-Orient. Les chauves-souris pourraient être le réservoir, mais il semble que les dromadaires soient le principal vecteur de diffusion à l’espèce humaine. Cependant, l’état des connaissances de l’épidémiologie de MERS est encore limité. Ce virus est semblable au coronavirus responsable de l’épidémie de SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) qui s’est propagée dans le monde en 2002-2003. De nombreuses leçons tirées de l’épidémie de SRAS peuvent s’appliquer à la nouvelle épidémie de MERS. En particulier, bien que la protection contre l’inhalation ait été importante, la transmission a probablement été en grande partie due à la propagation de gouttelettes par les mains et la contamination de l’environnement. Les épidémies ont souvent été jugulées grâce à l’application stricte de procédures standard 10 TRANSMISSION PAR L’AIR en matière de contrôle et de prévention des infections (IPC, infection prevention and control), notamment le lavage des mains (Shaw, 2006). MERS semble être moins transmissible que le SRAS mais il présente un taux de létalité plus élevé (entre 40 et 50 %). Sa transmission se fait par gouttelettes respiratoires. Même si MERS peut être à l’origine d’une transmission interhumaine limitée par contact étroit (au sein des familles et parmi le personnel de santé qui s’occupe des cas de MERS), il n’a pas été, jusqu’à présent, responsable de grandes épidémies communautaires. MERS constitue actuellement une menace ; cependant, à différents moments, d’autres infections respiratoires virales virulentes apparaissent comme des pandémies potentielles, notamment le SRAS ainsi que les grippes aviaires et porcines. La prévention de la transmission de ces infections par l’air et par d’autres composantes environnementales, de même que des infections graves causées par des souches courantes de la grippe, suit les mêmes principes que ceux mentionnés ici pour MERS. MESURES DE PRÉVENTION ET DE CONTRÔLE Comme il n’existe aucun antiviral efficace contre MERS, la principale protection réside dans la mise en œuvre de pratiques standard strictes de prévention des infections à tout moment. Des indications détaillées et des conseils à jour sur l’évolution de l’épidémiologie, le diagnostic et la gestion de MERS sont publiés sur les sites Web de l’OMS (Organisation mondiale de la santé), des CDC (Centers for Disease Prevention and Control, Centres pour le contrôle et la prévention des maladies aux États-Unis) et de la PHE (Public Health England, Agence de santé publique britannique). Les principes de contrôle sont les suivants : • Le personnel doit être éduqué et informé du risque potentiel d’admission d’un patient atteint de MERS, en particulier si ce dernier est en provenance du Moyen-Orient. • L’ensemble du personnel doit, à tout moment, respecter les pratiques standard strictes (indépendamment de la présence ou non de patients potentiellement atteints de MERS), y compris le personnel non clinique comme le personnel de nettoyage et les brancardiers. • Les cas possibles doivent être identifiés et rapidement signalés aux autorités de santé publique locales, puis gérés conformément aux directives locales. Des prélèvements à visée diagnostique doivent être effectués et traités conformément aux indications des autorités de santé publique locales et des laboratoires. • Des mesures de protection renforcée (isolement en pression négative et utilisation d’un équipement de protection individuelle [EPI, en l’occurrence des masques FFP3 appropriés]) doivent être mises en œuvre lors de la prise en charge des cas suspects et confirmés (une formation préalable adéquate est requise). • Le scénario le plus probable est qu’un cas non suspect soit admis dans une unité de soins intensifs (USI) avec une insuffisance respiratoire attribuée à d’autres causes. Le personnel des USI doit être informé de la présence de ce type de cas, être éduqué aux risques et aux actions de prévention adéquates, et avoir été formé à l’utilisation des masques, lesquels auront fait l’objet d’un test d’ajustement. 11 Aspergillus Les spores du champignon Aspergillus spp. sont répandues dans l’environnement et peuvent être rejetées dans l’air à des concentrations élevées lors de travaux de démolition et de construction. Ces spores ne présentent généralement pas de danger pour les personnes en bonne santé, mais elles peuvent provoquer des maladies disséminées et mortelles chez les patients immunodéprimés, en particulier les patients neutropéniques. Les travaux de construction en milieu hospitalier représentent par conséquent un risque pour les patients, en particulier pour ceux qui se trouvent en oncologie/hématologie et en unités de soins intensifs. Aucune relation cohérente n’a pu être établie entre le dénombrement de spores d’Aspergillus aéroportées et une infection invasive, même chez les patients neutropéniques. Plusieurs épidémies hospitalières ont été associées à des travaux de construction à proximité. Il convient donc de veiller à réduire l’exposition à la poussière durant les travaux en mettant en place des mesures de confinement, en passant l’aspirateur et en procédant à des opérations d’humidification. MESURES DE PRÉVENTION ET DE CONTRÔLE AU COURS DES TRAVAUX DE CONSTRUCTION • Les patients subissant une greffe de moelle osseuse sont normalement protégés contre les infections aéroportées, y compris contre celles dues à Aspergillus, dans la mesure où ils sont placés dans des chambres individuelles scellées et maintenues en pression positive, équipées d’un système de traitement d’air avec filtre HEPA (High Efficiency Particulate Air). • D’autres types de patients immunodéprimés sont normalement soignés dans des environnements moins protégés. Si la contamination par des spores s’avère difficile à contenir, les patients vulnérables doivent être transférés vers des zones sûres pendant la durée des travaux de construction. • Les recommandations générales en matière de réduction du risque d’exposition à Aspergillus au cours de travaux de construction sur site sont notamment les suivantes (CDC, 2003; UK Department of Health Estates and Facilities, 2013): - impliquer dès le début l’équipe IPC dans le processus de planification ; - mettre en œuvre un programme de contrôle des contaminations planifié lorsque des travaux de construction sont prévus ; - sceller les fenêtres dans les zones accueillant des patients vulnérables ; - ériger des barrières du sol au plafond afin de sectoriser la zone des travaux ; - mettre en œuvre des procédures d’humidification pour réduire la génération de poussière. - utiliser des aspirateurs équipés de filtres HEPA pour l’air évacué. Norovirus Le norovirus est responsable de diarrhées et de vomissements, il est généralement contracté en milieu communautaire. Dans les hôpitaux, la 12 TRANSMISSION PAR L’AIR transmission rapide peut provoquer d’importantes épidémies impliquant à la fois les patients et le personnel, et peut conduire à la fermeture de pavillons. La principale voie de transmission est la diffusion de personne à personne par les selles et les vomissures via les mains. Les vomissements peuvent cependant apparaître soudainement et en jets, conduisant parfois à une contamination généralisée de l’environnement. Le virus est capable de survivre dans l’environnement pendant plusieurs semaines et la contamination de l’environnement peut jouer un rôle dans la transmission indirecte. Il est prouvé que le virus peut être transmis dans l’air au cours de vomissements et qu’il peut infecter d’autres personnes situées à proximité immédiate par voie aérienne (Marks, 2000, 2003). Néanmoins, l’air étant une voie de transmission mineure, aucun contrôle de l’air n’est recommandé (Harris, 2013). MESURES DE PRÉVENTION ET DE CONTRÔLE La prévention et le contrôle de l’infection à norovirus dans les hôpitaux dépendent largement des quatre actions clés suivantes (CDC Guidelines, 2011) : • tenir éloignés de l’hôpital les patients et le personnel symptomatiques, dans la mesure du possible ; • renforcer l’isolement de contact strict des patients jusqu’à 48 heures après la disparition des symptômes ; • limiter les déplacements de patients ; • renforcer la décontamination des mains et le nettoyage de l’environnement. Spores de Clostridium Les spores de Clostridium sont excrétées dans les selles et sont capables de survivre dans l’environnement pendant des mois, voire des années. La transmission des spores de Clostridium difficile, responsable de diarrhées et parfois de colites pseudo-membraneuses, s’effectue essentiellement de personne à personne par voie oro-fécale. Les spores de Clostridium perfringens provenant d’un patient opéré infecté peuvent, en théorie, se transmettre dans l’air des salles d’opération à des plaies chirurgicales ouvertes et provoquer une gangrène gazeuse chez un patient suivant ; cela demeure toutefois rare en chirurgie moderne. Les cas de gangrène gazeuse doivent manifestement figurer en dernière position sur la liste des patients en chirurgie et un nettoyage approprié de l’environnement doit être effectué. MESURES DE PRÉVENTION ET DE CONTRÔLE Les principales mesures de contrôle des spores de Clostridium résident dans l’isolement de contact ainsi que dans le renforcement de l’hygiène des mains et du nettoyage de l’environnement. Les mesures de contrôle standard en matière de filtration de l’air, de renouvellement d’air fréquent et de nettoyage de l’environnement qui sont en vigueur dans les salles d’opération sont généralement suffisantes pour prévenir l’infection à C. perfringens exogène. 13 TRANSMISSION PAR L’EAU Dans les hôpitaux, la contamination des eaux environnementales a conduit à de nombreuses épidémies hospitalières, notamment : • des épidémies de Legionella dues à des réseaux d’alimentation en eau contaminés et à la climatisation ; • des épidémies de Pseudomonas associées aux dispositifs médicaux (voir page 17), en particulier des endoscopes à fibre optique (défaut de désinfection) ou des bassins d’hydrothérapie ; • des épidémies dues à des germes opportunistes à Gram négatif dans des unités de soins pour malades hautement dépendants en raison d’une contamination de l’eau du robinet et des humidificateurs. Legionella La maladie des légionnaires est une pneumopathie potentiellement mortelle causée par la bactérie Legionella. Il s’agit de la forme la plus connue et la plus grave d’un groupe de maladies connu sous le nom de légionellose. Tout le monde peut être exposé à l’infection mais le risque est plus élevé chez les personnes de plus de 45 ans, les fumeurs, les personnes consommant beaucoup d’alcool, les personnes souffrant d’infections respiratoires ou rénales chroniques, de diabète, de maladies pulmonaires et cardiaques, et celles dont le système immunitaire est affaibli. Les légionelles contaminent généralement les réseaux d’alimentation en eau des hôpitaux, y compris les tours aéroréfrigérantes, les condenseurs évaporatifs, les systèmes de distribution d’eau chaude et froide, en particulier là où l’eau est stockée ou recyclée et là où les concentrations de tartre, de boues et de biofilms sont élevées. Les légionelles survivent à des températures basses, se multiplient à des températures comprises entre 20 et 45 °C et sont détruites à des températures plus élevées. À des températures optimales, elles se multiplient en grand nombre dans les réseaux d’alimentation en eau et les personnes sont infectées en inhalant des aérosols hautement contaminés. Les pommeaux de douche ou les robinets qui n’ont pas été utilisés depuis un moment – (ce qui permet aux germes de se multiplier dans l’eau stagnante) – sont une source fréquente de contamination. L’infection apparaît généralement sous forme d’épidémies dans les bâtiments climatisés et, dans les hôpitaux, chez les patients particulièrement vulnérables en raison de leur état pathologique sous-jacent. 14 AIRBORNE TRANSMISSION MESURES DE PRÉVENTION ET DE CONTRÔLE (WHO, 2007) Le risque d’épidémies de Legionella peut être limité par l’installation de réseaux et d’équipement d’alimentation en eau sûrs et par la mise en œuvre de programmes de maintenance préventive. Les dispositions réglementaires en matière de contrôle de Legionella sont nombreuses et les hôpitaux doivent se conformer aux directives locales/nationales. Les principes de prévention et de contrôle sont les suivants : • Les hôpitaux doivent définir une politique en matière de Legionella (impliquant le personnel médical, le personnel infirmier, les professionnels des laboratoires ) afin d’évaluer le risque de contamination, de mettre en œuvre des programmes de réduction des risques appropriés, de surveiller les taux de contamination, d’identifier rapidement les cas et, en présence d’épidémies, d’en étudier les causes et de les juguler. • Une personne désignée doit être responsable d’un point de vue managérial des systèmes et des mesures de contrôle adoptées et doit reporter aux autorités adéquates. • L’installation de réseaux d’alimentation en eau et le programme de maintenance préventive doivent permettre : - d’éviter toute stagnation de l’eau ; - de stocker et de distribuer l’eau froide à une température inférieure à 25 °C et à 20 °C idéalement ; - de maintenir la température de l’eau chaude à un niveau suffisamment élevé pour détruire Legionella tout en évitant que l’eau soit brûlante. Une température supérieure à 50-60 °C est généralement recommandée. - de mettre en œuvre un programme de détartrage et de traitement biocide ; - de faire circuler régulièrement l’eau dans les robinets et les douches et ce, quelle que soit leur utilisation habituelle ; - de surveiller les concentrations de Legionella et de mettre en place des cycles de traitement supplémentaires pour maintenir les niveaux de sécurité dans le cas où les concentrations augmentent. Bactéries à Gram négatif multirésistantes (CDC, 2003; Tacconelli et al, 2014) De nombreux agents pathogènes opportunistes à Gram négatif sont capables de survivre et de proliférer dans des environnements humides comme les réseaux d’alimentation en eau et les robinets, les machines produisant de la glace à usage alimentaire, les bains-marie, les siphons d’évier ou encore les bassins d’hydrothérapie dans les hôpitaux. Ils peuvent parfois se disséminer à partir de ces réservoirs et provoquer des infections chez les patients. Ces micro-organismes aquatiques comprennent les espèces de bactéries non fermentantes des genres Pseudomonas, Serratia, Acinetobacter et Flavobacterium qui sont intrinsèquement résistantes aux antibiotiques et ont la capacité d’acquérir plusieurs facteurs de résistance. 15 TRANSMISSION PAR L’EAU Les bactéries à Gram négatif multirésistantes peuvent contaminer des solutions théoriquement stériles ou des réservoirs d’eau potable associés aux équipements hospitaliers, et survivre dans ces milieux. Des épidémies d’infections à bactéries résistantes aux antibiotiques peuvent donc survenir lorsqu’il y a des erreurs dans la stérilisation de solutions injectables ou des défaillances dans la maintenance, la décontamination et la désinfection des équipements hospitaliers (systèmes de surveillance de la pression artérielle, endoscopes, appareils d’aspiration, humidificateurs, nébuliseurs, ventilateurs et tire-lait, par exemple). De la même façon, les espèces Klebsiella, Serratia et Enterobacter sont capables de contaminer les aliments froids de l’hôpital ou l’alimentation parentérale donnée aux patients immunodéprimés, et d’y survivre. Les germes à Gram négatif multirésistants ont tendance à être relativement résistants aux désinfectants et aux agents bactériostatiques. La contamination des désinfectants et des médicaments à usage multiple peut entraîner des épidémies d’infections à bactéries résistantes aux antibiotiques, comme l’endophtalmie post-opératoire due à Pseudomonas aeruginosa et Burkholderia cepacia en association avec des gouttes pour les yeux contaminées (CDC, 1996; Lalitha et al, 2014). MESURES DE PRÉVENTION ET DE CONTRÔLE La prévention et le contrôle de l’infection à bactérie à Gram négatif multirésistante dans des sources environnementales humides dépendent de mesures préventives standard : • Les désinfectants doivent être préparés extemporanément dans des flacons fraîchement stérilisés et servir idéalement à un seul patient. • Les sources d’eau stagnante (machines produisant de la glace à usage alimentaire, bains-marie, eau des humidificateurs) doivent être remplacées régulièrement et les conteneurs doivent être nettoyés. Il est possible, le cas échéant, d’ajouter un désinfectant afin d’inhiber le développement bactérien. • Il existe des directives spécifiques relatives au contrôle de la contamination d’éléments et d’installations spécifiques tels que : - les bassins d’hydrothérapie (voir page 34); - le lait maternel (NICE 2010); - l’eau de dialyse rénale (voir page 35); - les endoscopes à fibre optique (voir page 17). • Dans d’autres cas, un nettoyage et une désinfection appropriés entre chaque patient s’avèrent efficaces. • La désinfection des gros équipements comme les ventilateurs et les incubateurs à l’aide de peroxyde d’hydrogène constitue un contrôle supplémentaire utile. 16 AIRBORNE TRANSMISSION TRANSMISSION PAR LES DISPOSITIFS MÉDICAUX Dans le milieu hospitalier, les dispositifs médicaux peuvent souvent être à l’origine d’épidémies infectieuses, en particulier les endoscopes à fibre optique. Dans la mesure du possible, les dispositifs médicaux doivent être jetables et à usage unique. Sinon, des protocoles de décontamination appropriés doivent être instaurés concernant tous les articles réutilisables. L’ensemble du matériel médical doit être décontaminé par un personnel qualifié spécialisé, dans le cadre de services certifiés et audités par des organismes tiers. Endoscopes à fibre optique Les endoscopes à fibre optique sont des exemples de dispositifs médicaux susceptibles de provoquer une infection s’ils sont contaminés, lors de l’utilisation sur les patients, introduits à la fois dans des sites stériles et non stériles de l’organisme. Parce qu’ils sont sensibles à la chaleur, les endoscopes à fibres optiques doivent être désinfectés chimiquement. Moins fiable que l’autoclavage, cette méthode a connu des échecs qui ont conduit à des infections résultant d’une endoscopie, généralement dues à des bactéries multi-résistantes à Gram négatif d’origine hydrique, notamment à Pseudomonas spp. Certaines infections sont dues à une mycobactérie environnementale (Mycobacteria spp.) capable de contaminer l’alimentation en eau et relativement résistante aux désinfectants. Des procédures rigoureuses doivent donc être mis en place pour assurer une décontamination sûre de ces endoscopes. MESURES DE PRÉVENTION ET DE CONTRÔLE (Department of Health, England, 2013; BSG Report, 2014; ASG & SHEA 2011) La décontamination des endoscopes à fibre optique est une procédure spécifique qui doit être effectuée uniquement par du personnel qualifié au sein d’unités accréditées. Suite à leur nettoyage, les endoscopes flexibles peuvent être désinfectés au moyen de solutions chimiques spéciales dans des laveurs-désinfecteurs, puis ils subissent un cycle de rinçage et de séchage. Un traitement enzymatique est aussi couramment utilisé pour éliminer les biofilms. 17 Une désinfection réussie dépend de plusieurs critères : • Utilisation correcte du laveur-désinfecteur. • Utilisation d’un désinfectant approprié à la concentration correcte et pendant la bonne durée d’exposition. • Utilisation d’une eau propre pour le dernier rinçage. Ci-après un résumé des mesures de contrôle usuelles Les politiques locales doivent être consultées pour plus d’informations. • Des systèmes de contrôle doivent être mis en place pour assurer un nettoyage, un traitement et un suivi efficaces. • En cas de défaillances ou de survenue d’une d’épidémie due aux instruments/dispositifs, les articles potentiellement contaminés doivent faire l’objet d’un rappel, les germes responsables des épidémies doivent être typés, les sources et les voies de transmission de l’infection doivent être étudiés et les défaillances du système doivent être corrigées. • La méthode de stérilisation la plus efficace réside dans les autoclaves à haute température/haute pression (pour les articles résistant à la chaleur tels que les instruments chirurgicaux métalliques et les endoscopes rigides). • Les endoscopes flexibles à fibre optique sont thermolabiles et ne peuvent pas être stérilisés à l’autoclave. Ils subissent habituellement un processus de désinfection chimique de haut niveau plutôt qu’une stérilisation. Ce processus de désinfection chimique au moyen d’acide peracétique est désormais effectué dans des laveurs-désinfecteurs, qui contrôlent le processus de désinfection et procèdent à un rinçage finale de l’endoscope. • De l’eau de qualité potable doit être utilisée pour le rinçage des endoscopes gastro-intestinaux (qui sont en contact avec les muqueuses, les sécrétions et excrétions, mais ne pénètrent pas habituellement les régions stériles de l’organisme). • De l’eau de qualité supérieure doit être utilisée pour le rinçage des endoscopes qui entrent dans les cavités stériles du corps (par exemple, les arthroscopes). • L’eau utilisée pour le rinçage final dans les laveurs-désinfecteurs doit afficher une faible numération microbienne. L’utilisation d’un endoscope ne doit pas représenter un danger pour le patient, ni sous la forme d’une infection, ni par un diagnostic erroné provoqué par la contamination des échantillons aspirés en vue de leur mise en culture. 18 TRANSMISSION PAR LES DISPOSITIFS MÉDICAUX • On considère généralement un résultat de numération du taux de germes viables (TVC) comme étant sans danger lorsqu’il est <10 ufc par 100 mL. • On considère généralement un résultat de numération mycobactérien comme étant sans danger lorsqu’il n’existe aucune mycobactérie par 200 mL. Si des TVC plus élevés sont détectés (jusqu’à 100 ufc par 100 mL), le laveur-désinfecteur doit passer par un cycle d’auto-désinfection. Si les TVC restent élevés, ou si le compte de l’échantillon initial est > 100 ufc par 100 mL, la machine doit être mise hors service jusqu’à ce que des mesures correctives permettent de restaurer le TVC à la normale. Les résultats microbiologiques doivent être surveillés de façon séquentielle pour identifier des écarts normaux et agir rapidement en cas de tendances anormales. Pour connaître les mesures de désinfection, voir page 27. 19 TRANSMISSION À PARTIR D’UNE SURFACE SÈCHE Jusqu’à récemment, le contrôle des infections avait encore tendance à considérer la flore endogène des patients comme la principale source d’infections associées aux soins, les mains du personnel étant quant à elles considérées comme la principale voie de transmission par les patients infectés et les patients colonisés. L’équipement hospitalier contaminé, les médicaments et les sources d’approvisionnement en eau sont également reconnus comme d’autres sources communes d’épidémies en milieu hospitalier. En revanche, cela fait peu de temps que les surfaces hospitalières sèches sont considérées comme des sources potentielles d’infections associées aux soins et que leur rôle dans la transmission des germes multi-résistants a été défini (Boyce, 2007; Otter et al, 2011, 2013. Weber et al, 2010, 2013; Gebel et al, 2013; Tacconelli et al, 2014). L’IMPORTANCE DU RÔLE JOUÉ PAR L’ENVIRONNEMENT DANS LES INFECTIONS HOSPITALIÈRES SE DESSINE DE PLUS EN PLUS CLAIREMENT : (Carling et al, 2013) Certains agents pathogènes hospitaliers importants peuvent survivre sur des surfaces sèches pendant de longues périodes Les principaux agents pathogènes hospitaliers, le Staphylococcus aureus résistant à la méticilline et sensible à la méticilline (SARM, SASM), l’Enterococcus spp. résistant à la vancomycine et sensible à la vancomycine (ERV, ESV), Clostridium difficile, Acinetobacter spp. et le norovirus peuvent survivre plusieurs mois sur des surfaces sèches (Tableau 1). Les germes à Gram négatif autres qu’Acinetobacter ont tendance à être moins résistants mais Pseudomonas aeruginosa et Klebsiella spp. peuvent également survivre pendant de longues périodes, ce qui est susceptible d’entraîner une infection croisée. 20 AIRBORNE TRANSMISSION Tableau 1. Survie des pathogènes hospitaliers sur les surfaces sèches des établissements de soins. [Adapted from Otter et al, 2013] Germe Temps de survie Clostridium difficile (spores) > 5 mois Acinetobacter spp 3 jours à 11 mois Enterococcus spp dont ERV 5 jours à > 46 mois Pseudomonas aeruginosa 6 heures à 16 mois Klebsiella spp 2 heures à > 30 mois Staphylococcus aureus, dont SARM 7 jours à > 12 mois Norovirus (et calicivirus félin) 8 heures à > 2 semaines La surface qui entoure les patients colonisés ou infectés est fréquemment et souvent largement contaminée par les agents pathogènes hospitaliers. (Weber et al, 2013) La proportion de prélèvements de surface effectués dans des chambres occupées par des patients infectés ou colonisés contaminés par l’agent pathogène infectieux a été estimée entre 1 et 64 % pour le SARM, 7 et 70 % pour l’ERV, 3 et 74 % pour C. difficile et 3 et 50 % pour Acinetobacter spp. Certaines études ont permis d’isoler plusieurs souches de certains agents pathogènes (par ex. : SARM) dans l’environnement de la chambre qui étaient diffèrents du germe affectant le dernier occupant, ce qui laisse penser que les agents pathogènes issus des patients précédents sont à même de survivre dans les chambres pendant une période prolongée. Le contact entre les membres du personnel et les surfaces de la pièce ou l’équipement médical provoque régulièrement une contamination des mains et/ou des gants Le tableau 2 présente les résultats d’études menées sur le taux de contamination par contact direct avec le patient ou contact via l’environnement. 21 Tableau 2. Transfert d’agents pathogènes entre les surfaces et les mains du personnel soignant. [Adapted from Otter et al, 2013] Contact direct avec le patient Contact avec l’environnement 52 % des 44 membres du personnel soignant ont hérité d’ERV sur leurs mains ou leurs gants 45 % des 50 membres du personnel soignant sont porteurs de SARM sur leurs gants 45 % des 50 membres du personnel soignant sont porteurs de SARM sur leurs gants 50 % des 30 membres du personnel soignant sont porteurs de Clostridium difficile sur leurs gants 50 % des 30 membres du personnel soignant sont porteurs de C. difficile sur leurs gants Conformité avec l’hygiène des mains : 80% Conformité avec l’hygiène des mains : 50% HCP: Personnel soignant Figure 2. Présentation des voies de transmission les plus communes des agents pathogènes liés aux soins et potentielles stratégies de désinfection environnementale. [Adapted from Donskey, 2013] Infection ou colonisation connue Exposition Surfaces des chambres d’isolement Équipement portable 4 Porteur non identifié Peau, literie et vêtements Les patients colonisés ou infectés par des agents pathogènes associés aux soins voient des germes se répandre sur leur peau, leurs vêtements et les surfaces environnementales à proximité. Les patients vulnérables peuvent être contaminés par des agents pathogènes via un contact direct avec les surfaces, l’équipement ou les mains du personnel soignant. Voici quatre sources de transmission et quatre stratégies potentielles de désinfection environnementale destinées à interrompre la transmission : 1 contamination des surfaces après nettoyage des chambres d’isolement, entraînant un risque de contamination des patients admis par la suite dans la même chambre (intervention : améliorer le nettoyage et la désinfection des chambres) ; 22 TRANSMISSION À PARTIR D’UNE SURFACE SÈCHE Le risque de contamination des mains du personnel semble dépendre du niveau de contamination environnementale. « Les surfaces à contact fréquent » correspondent aux surfaces touchées le plus fréquemment et par conséquent le plus fortement contaminées. La même observation a été faite par Morgan et al. (Crit Care Med, 2012): MDR A. baumannii a été transmis dans un cas sur trois d’interactions entre le personnel et les patients colonisés. La contamination environnementale par une bactérie multi-résistante a été le premier facteur prédictif de contamination chez les professionnels de santé. Une forte corrélation a également été identifiée entre la contamination environnementale par A.baumannii des chambres des patients et les patients positifs (Munoz-Price et al., 2013). Par conséquent, bien que le transfert d’agents pathogènes entre les patients intervienne généralement par l’intermédiaire des mains du personnel, les milieux hospitaliers contaminés peuvent être directement ou indirectement impliqués dans les voies de transmission. (Figure 2). 1 2 Mains du personnel soignant Patient vulnérable 3 contamination des surfaces dans les chambres d’isolement, entraînant un risque de contamination des mains du personnel soignant (intervention : désinfection quotidienne des surfaces à contact fréquent) ; 3 contamination de l’équipement portable (intervention : désinfection de l’équipement portable entre les patients ou utilisation d’un équipement jetable dans les chambres d’isolement) ; 4 contamination des surfaces dans les chambres de porteurs non identifiés d’agents pathogènes associés aux soins (intervention : améliorer le nettoyage et la désinfection de toutes les chambres à haut risque ou dans l’ensemble d’un établissement). 2 23 Un patient admis dans une chambre occupée précédemment par un patient colonisé ou infecté par un agent pathogène nosocomial a de plus grands risques d’être colonisé ou infecté par cet agent pathogène Cela a été déjà été constaté chez les SARM, les ERV, C. difficile, P. aeruginosa et Acinetobacter (Figure 3). De plus, il a été clairement établi que les surfaces environnementales contaminées sont à l’origine d’infections croisées. Figure 3. Graphique présentant l’augmentation des risques associés à l’occupant précédent de la chambre. [Adapted from Otter et al, 2013] SARM ERV P. aeruginosa ERV (2 semaines)* ERV** C. difficile A. baumannii 0 1 2 3 4 Différence de risque * N’importe quel patient infecté ou colonisé par les ERV au cours des deux semaines précédant l’admission. ** Il a été déterminé que l’occupant précédent de la chambre était infecté ou colonisé par les ERV. 24 TRANSMISSION À PARTIR D’UNE SURFACE SÈCHE L’amélioration du nettoyage environnemental des salles et du nettoyage des chambres d’isolement entraîne une diminution des taux d’infections Plusieurs études ont démontré que le nettoyage des salles environnementales à l’aide d’hypochlorite était associé à une réduction des infections par C. difficile, tandis que d’autres études ont prouvé que la fréquence ou la qualité du nettoyage environnemental était associé à une réduction des taux d’infections par les SARM et les ERV. (Donskey et al., 2013). De la même façon, il a été prouvé que l’amélioration du nettoyage des chambres d’isolement entre le départ d’un patient colonisé et l’admission du patient suivant (non colonisé) permet de réduire les taux d’infections. Passaretti et al. a utilisé de la vapeur de peroxyde d’hydrogène (VPH) pour la désinfection des chambres d’isolement occupées précédemment par des patients infectés ou colonisés par des bactéries multi-résistantes (BMR) : • La décontamination VPH a permis de réduire la proportion de chambres contaminées par les BMR de 35 %. • Les patients admis dans des chambres décontaminées par VPH sont largement moins susceptibles d’être contaminés par des BMR (réduction de 64 %) que les patients admis dans des chambres désinfectées à l’aide de méthodes standards. • Le risque d’être contaminé par l’ERV de l’occupant précédent a significativement diminué de 80 %. Le risque d’être contaminé par le SARM, C. difficile et les bacilles à Gram négatif multi-résistants a également diminué de manière non significative. STRATÉGIES DE RÉDUCTION ET DE CONTRÔLE DE LA CONTAMINATION DES SURFACES ENVIRONNEMENTALES Améliorations apportées à la qualité du nettoyage De nombreuses études ont montré que le nettoyage environnemental dans les hôpitaux se situe en deçà des seuils de qualité acceptables et que les processus de nettoyage conventionnels permettent uniquement de réduire de moitié le taux de contamination des surfaces (Otter et al, 2011; Weber et al, 2013). Cependant, le fait d’améliorer le nettoyage permet de réduire le taux d’infection, comme indiqué ci-dessous : • Réduction de 66 % de l’acquisition des ERV suite à une augmentation de 75 % de la minutie du nettoyage environnemental (Hayden et al, 1996). • Réduction de 50 % et de 28 %, respectivement, de l’acquisition des SARM et des ERV suite à une amélioration de 80 % des pratiques de nettoyage (Datta et al, 2011). 25 Les programmes d’enseignement et de formations accompagnés d’un retour sur l’efficacité du nettoyage permettent d’améliorer la qualité du nettoyage, ce qui entraîne une réduction de la contamination et, dans certains cas, une réduction des taux d’infection (Donskey, 2013). Signe de l’importance du rôle de la contamination environnementale dans les infections nosocomiales, les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) ont mis au point une trousse à outils afin de permettre aux hôpitaux d’appliquer leurs consignes 2004 et d’améliorer le nettoyage environnemental (voir ci-dessous). TROUSSE À OUTILS PRATIQUE ÉLABORÉE PAR LE CDC Une trousse à outils a été développée par les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) (Guh & Carling, 2010) pour aider les hôpitaux à appliquer les consignes 2003 du CDC afin de « mettre en œuvre des procédures permettant d’assurer la désinfection des surfaces à proximité du patient et susceptibles d’être touchées par le patient et les professionnels de santé ». (Sehulster et al, 2004). Cette trousse à outils présente deux niveaux de décontamination terminale d’une chambre individuelle : • Niveau I - inclut les interventions de base destinées à optimiser les pratiques, les procédures, ainsi que la formation et l’entraînement du personnel en matière de nettoyage et de désinfection. • Niveau 2 - ensemble des éléments de Niveau l, accompagnés d’une évaluation objective de la pratique, obtenue en mesurant la « propreté » (mesure de la biocontamination de la surface) ou du « nettoyage » (mesure de l’efficacité du nettoyage): - La biocontamination peut être mesurée à l’aide d’un écouvillon (ou d’autres cultures) et par ATPmétrie. Cependant, aucun standard universel de nettoyage et de propreté n’a encore été défini (Carling, 2013). - Le nettoyage peut être évalué à travers une observation directe de la pratique et par l’utilisation de marqueurs fluorescents. Test de la contamination environnementale Échantillonnage bactériologique Il n’est pas indiqué de procéder régulièrement à un échantillonnage bactériologique de routine des surfaces environnementales. Cependant, l’échantillonnage peut s’avérer nécessaire pour : • identifier une source d’épidémie environnementale ; • confirmer l’efficacité des procédures de désinfection ou de nettoyage ; • surveiller l’application des pratiques de nettoyage. 26 TRANSMISSION À PARTIR D’UNE SURFACE SÈCHE • Les cultures sur écouvillon permettent d’identifier les agents pathogènes et de proposer une mesure quantitative des agents pathogènes contaminants. Il est plus rapide d’utiliser des boîtes contact en milieu gélosé prêtes à l’emploi plutôt que de prélever des écouvillons, puis de les ensemencer (voir ci-dessous). Par conséquent, cette technique est principalement utilisée dans le cadre d’études de recherches sur l’efficacité du nettoyage ou pour identifier des agents pathogènes spécifiques et permettre de clarifier l’épidémiologie lors des épidémies. • Les cultures de contact en milieu gélosé prêtes à l’emploi utilisent des lamelles recouvertes de gélose ou des boîtes contact afin d’échantillonner directement les surfaces environnementales. Le nombre de colonies qui se développent à la surface de la gélose peut être utilisé afin de quantifier la charge bactérienne. Autres méthodes d’évaluation de la contamination environnementale et de l’efficacité du nettoyage • Un gel fluorescent peut être utilisé pour évaluer la minutie des pratiques de nettoyage. Le gel est appliqué afin de marquer les zones de la surface à nettoyer, mais théoriquement, il ne peut pas être vu par les membres chargés du nettoyage. Après le nettoyage, une lumière ultraviolette permet d’indiquer la quantité de gel qui a été enlevée, et par conséquent la minutie apportée au nettoyage. Cette méthode a été utilisée avec succès dans le cadre de programmes éducatifs destinés à améliorer les pratiques en matière de nettoyage. • La technologie d’ATPmétrie permet de détecter la présence de débris organiques, parmi lesquels les bactéries viables et non viables, sur les surfaces. Les systèmes ATP semi-automatisés ont été largement utilisés pour surveiller la contamination des surfaces dans le secteur alimentaire et ont été dernièrement appliqués en milieu hospitalier. Cependant, en raison du faible niveau de contamination général des surfaces en milieu hospitalier et de la détection de matériau non viable par l’ATP, la sensibilité et la spécificité de ces systèmes s’élève seulement à environ 57 %. Par conséquent, l’utilisation de cette méthode est limitée dans le cadre de la surveillance critique de l’environnement hospitalier (Mulvet et al, 2011). En revanche, elle peut jouer un rôle dans la surveillance de l’efficacité des pratiques de nettoyage. Utilisation de désinfectants de surface Dans le cadre de la désinfection et de la stérilisation, les dispositifs et l’équipement médical peuvent être divisés en trois catégories en fonction du degré de risque d’infection : critique, semi-critique et non critique (CDC, Rutala & Weber, 2008). 27 Les dispositifs critiques entrent en contact avec les tissus stériles et incluent les instruments chirurgicaux ainsi que les cathéters et les implants vasculaires et urinaires. Les dispositifs critiques entraînent un risque d’infection élevé en cas de contamination. Ces dispositifs doivent être des équipements stériles à usage unique ou des équipements multi-usage stérilisés à l’autoclave entre chaque utilisation. Les éléments sensibles à la chaleur, comme les endoscopes à fibre optique, doivent être désinfectés par l’intermédiaire d’une désinfection chimique de haut niveau ; en raison des risques potentiels associés à cette méthode, le traitement doit être réglementé et surveillé avec précaution (voir pages 17-18). Les dispositifs semi-critiques entrent en contact avec les membranes muqueuses ou la peau non intacte, et incluent l’équipement d’anesthésie ainsi que les dispositifs utilisés dans le cadre des traitements respiratoires, certains endoscopes, les lames de laryngoscope et les cystoscopes. Ces dispositifs peuvent subir une désinfection chimique de haut niveau (suppression des bactéries et des virus mais pas des spores) après le nettoyage. Les dispositifs non critiques entrent en contact avec la peau intacte, mais pas avec les membranes muqueuses. Ils incluent les bassins hygiéniques, les brassards de pression artérielle, les stéthoscopes, les béquilles et les ordinateurs. Ils peuvent être nettoyés à l’aide de produits de nettoyage standards ou de lingettes désinfectantes. Le potentiel des agents pathogènes hospitaliers multi-résistants en matière de transmission entre les patients a entraîné une augmentation de l’utilisation des brassards de pression artérielle et des garrots jetables. Les surfaces hospitalières comme les sols ou les tables de chevet sont considérées comme des éléments non-critiques. Par conséquent, de nombreuses personnes estiment qu’il est suffisant de nettoyer à l’aide d’un détergent (Ruden & Daschner, 2002), tandis que d’autres utilisent régulièrement un désinfectant (Rutala & Weber, 2002, 2008). Le potentiel de transmission des agents pathogènes multi-résistants a entraîné la mise en œuvre de procédures de désinfection spéciales pour les lits après utilisation par un patient colonisé ou infecté, incluant notamment un nettoyage vapeur ou une décontamination au peroxyde d’hydrogène. Les désinfections des chambres occupées précédemment par des patients colonisés par un agent pathogène multi-résistant ou le nettoyage d’une salle ou de la zone du lit pendant ou après une épidémie de C. difficile ou de norovirus se font de plus en plus fréquentes. De plus, au vu de l’importance que revêt désormais la contamination environnementale, la désinfection routinière des sols et des autres surfaces est de plus en plus largement pratiquée, bien qu’il ne soit pas encore prouvé à 100 % que cela réduise les taux d’infection. 28 TRANSMISSION À PARTIR D’UNE SURFACE SÈCHE Les désinfectants de surface les plus communs sont les phénols et les composés d’ammonium quaternaires, mais ils n’agissent pas sur les agents pathogènes sporulés, comme C. difficile, ou les virus, comme le norovirus. Ils sont parfois remplacés par des hypochlorites, efficaces contre les virus mais avec une activité variable sur les spores. De nouveaux composés sporicides sont actuellement en cours de développement. La désinfection doit être intégrée dans la prévention et le contrôle des infections grâce à la mise en place de normes et de contrôles appropriés (Gebel et al, 2013). Il est nécessaire de : • définir des principes standard de nettoyage et de désinfection. • s’assurer de rester conforme à ces principes à l’aide de mesures telles que des procédures de fonctionnement standards, une formation adéquate et des systèmes d’audit adaptés. • développer des procédures de test afin d’évaluer l’efficacité des désinfectants de surface dans différentes situations. Améliorations apportées aux matériaux et à la conception des surfaces Il est possible d’améliorer l’efficacité du nettoyage de la surface en concevant des surfaces hospitalières, des meubles, des accessoires et un équipement susceptibles de résister à la contamination et faciles à nettoyer. De nombreux matériaux de surface incluent désormais des antibactériens afin de réduire la contamination de la surface, mais leur impact sur les taux d’infections n’a pas encore été clairement établi. Cependant, une étude a récemment démontré que l’utilisation de surfaces recouvertes de cuivre dans les chambres d’hôpital permet de réduire le taux d’infections associées aux soins de plus de 50 % (Salgado et al, 2013). Utilisation de nouvelles technologies dans le cadre de la décontamination des surfaces En raison des problèmes associés au nettoyage conventionnel et à la désinfection terminale, plusieurs nouvelles méthodes de décontamination ont été introduites. Ces dernières incluent des systèmes automatisés utilisant une lumière ultraviolette ou de la vapeur de peroxyde d’hydrogène (H2O2) (Otter et al, 2013). L’automatisation permet d’éliminer certaines défaillances parfois constatées avec les méthodes de nettoyage manuelles. Les systèmes ont reçu l’appellation « Désinfection sans contact ». Il a été prouvé que les systèmes H2O2 permettent de réduire efficacement le risque d’acquisition d’agents pathogènes multi-résistants par le patient, de même que les risques de contamination environnementale (Passaretti et al, 2013; Mitchell et al, 2014). En revanche, ces systèmes H2O2 nécessitent d’évacuer et de sceller les chambres avant la désinfection, et ils demeurent très onéreux. 29 GESTION ET ORGANISATION Les établissements de soins sont tenus responsables en cas de contamination potentielle par des agents pathogènes, lesquels incluent un nombre croissant de bactéries multi-résistantes. Cette situation doit être gérée par le Comité de contrôle des infections (CCI) qui signale directement le problème à la direction de l’hôpital, ou par l’intermédiaire du Comité de Gestion des risques ou de Gouvernance clinique. Le CCI doit bénéficier d’une représentation pluridisciplinaire (microbiologie, soins infirmiers, médecine, chirurgie, service d’entretien, infrastructures/équipements, endoscopie et approvisionnement en articles stériles) (Figure 4). Dans les plus grands hôpitaux, il faut envisager de disposer d’un sous-comité de décontamination séparé du CCI. Des programmes éducatifs et des programmes de formation doivent être mis en place afin de s’assurer que le personnel est informé et bénéficie d’une bonne compréhension des problèmes associés aux infections hospitalières, ainsi que de l’importance de l’hygiène environnementale dans le cadre de sa prévention et de son contrôle. Des audits doivent être menés afin de s’assurer de l’efficacité de la formation. Des systèmes de surveillance doivent être mis en place afin d’assurer une détection rapide des infections associées aux soins et de la possible déclaration d’épidémies. En cas de suspicion de transmission ou d’épidémie, les sources et les voies de transmission doivent faire l’objet d’une étude, avec identification et saisie de l’organisme dès que c’est nécessaire. Une intervention de groupe peut être requise pour étudier une éventuelle épidémie et mettre en œuvre des interventions adaptées afin de la mettre sous contrôle. Les études initiales peuvent indiquer les sources environnementales. Le cas échéant, des études appropriées, parmi lesquelles un échantillonnage environnemental, doivent être mises en œuvre. Une fois qu’un incident environnemental a été identifié et placé sous contrôle, il faut apporter les changements nécessaires aux politiques et aux pratiques afin d’éviter qu’il ne se reproduise. 30 AIRBORNE TRANSMISSION Figure 4. Exemple de méthode de contrôle environnemental et d’organisation en milieu hospitalier Direction de l’hôpital Comité de Gestion des risques Comité de Gouvernance clinique Comité de contrôle des infections Médecins Services environnementaux Service d’entretien Locaux / Équipements Approvisionnement en articles stériles Services représentés Soins infirmiers Microbiologie Chirurgie Pharmacie Endoscopie 31 ÉCHANTILLONNAGE BACTÉRIOLOGIQUE DE L’ENVIRONNEMENT Lors d’un échantillonnage en milieu hospitalier, vous devez porter attention à la nature et à l’objectif de l’échantillonnage et déterminer si les résultats revêtent davantage un aspect quantitatif ou qualitatif. Avant l’échantillonnage, il convient de déterminer les mesures qui doivent être prises en fonction des résultats. Cela s’avère souvent difficile en raison de l’absence de norme définie en matière de contamination microbienne. Échantillonnage de l’air L’échantillonnage de l’air est généralement mis en œuvre pour évaluer la qualité de l’air dans des zones comme les salles d’opération, les chambres individuelles à pression positive, les unités stériles des pharmacies et les unités d’approvisionnement en équipement stérile. Avant l’échantillonnage, vous devez déterminer : • les organismes qui doivent être ciblés ; • les milieux de culture à utiliser ; • le volume d’air devant être échantillonné ou la durée d’échantillonnage ; • si les résultats requis sont quantitatifs ou qualitatifs ; • les mesures devant être prises en fonction des différents résultats. L’échantillonnage de l’air peut être passif ou actif : • Pour l’échantillonnage passif, plusieurs boîtes de gélose sont simplement exposées dans la zone pour une période de temps définie (généralement entre 30 minutes et quatre heures). Après l’exposition, les boîtes doivent être stockées entre 1 et 8 C et traitées le même jour ou au moins dans les 24 heures suivant leur collecte. La culture doit être maintenue à 30 °C +/- 1 °C pendant 3 jours pour les bactéries et à 22,5 °C +/- 2,5 °C pendant 5 jours pour les levures et les moisissures. Les résultats sont calculés sous la forme du nombre de colonies qui apparaissent sur une période de temps donnée. Les résultats peuvent être affectés par les mouvements et l’activité de l’air, qui doivent être contrôlés. • L’échantillonnage actif utilise des collecteurs d’air, qui aspirent des volumes d’air connus sur les milieux de culture ou les filtres. Le nombre de microbes présents par volume d’air peut ensuite être calculé avec précision. L’utilisation de collecteurs d’air permet d’assurer la normalisation de la mesure et la traçabilité des résultats. 32 AIRBORNE TRANSMISSION Il est possible d’évaluer la numération microbienne totale et/ou de dénombrer séparément les levures et les moisissures à l’aide des milieux glucosés sélectifs adaptés. ’Bio-collecteur d’air microbien (SAMPL’AIR™) Résultats de l’objectif de test de l’échantillon d’air Il n’existe aucun standard accepté en matière d’échantillonnage actif de l’air. Le CDC recommande de tester les moisissures uniquement dans le cadre du contrôle de l’aspergillose. Il recommande également de procéder au décompte des particules afin d’évaluer l’efficacité de la filtration de l’air. Les figures ci-dessous ont fait l’objet d’un consensus. Les objectifs sont uniquement indiqués en cas de résultats non satisfaisants nécessitant une action immédiate. QUALITÉ DE L’AIR D’UNE SALLE D’OPÉRATION (ÉCHANTILLONNAGE ACTIF DE L’AIR) Testée lors de sa mise en service ou suite à des travaux de rénovation • Nombre de colonies aérobies < 10 ufc par m3 Testée dans des salles vides • Nombre de colonies aérobies < 35 ufc par m3 Testée lors d’une opération chirurgicale • Nombre de colonies aérobies < 180 ufc par m3 Échantillonnage de l’eau Dans la plupart des pays, les seules exigences réglementaires relatives au test de la qualité de l’eau concernent l’eau potable. Cependant, des directives relatives au test de l’eau sont fournies dans divers documents associés aux meilleures pratiques : • Directives générales (CDC, 2003; Tacconelli et al, 2014); • Contrôle des bactéries de type Legionella (UK Health and Safety Executive, 2000; World Health Organization, 2007); • Eau de rinçage des endoscopes (Department of Health, England, 2013; BSG Report, 2014; ASG & SHEA 2011); • Piscines et bassins d’hydrothérapie (WHO, 2006; HPE, 2008; Pool Water Treatment Advisory Group, 2009); • Eau de dialyse rénale (UK Renal Association, 2009). Celles-ci ont été récapitulées par Public Health England (PHE, 2013). 33 Les échantillons doivent être collectés aseptiquement dans des flacons stériles. En règle générale, des agents neutralisants sont ajoutés lors du test de l’eau afin de neutraliser l’effet des désinfectants (y compris le chlore) susceptibles d’être présents dans l’échantillon et peuvent prévenir la croissance de n’importe quel organisme contaminant. Vous devez sélectionner un neutralisant approprié pour chaque spécimen. Vous pouvez obtenir des recommandations détaillées dans les documents de directives. Collecte des échantillons d’eau (consulter les directives ci-dessus) Eau du robinet • Qualité de l’eau du robinet : le robinet ne doit pas être assaini et l’échantillon doit être prélevé dès l’ouverture du robinet. • Qualité de l’eau avant qu’elle n’atteigne le robinet : Nettoyez et désinfectez le robinet à l’aide d’une solution d’hypochlorite de sodium (1 % de chlore actif), puis ouvrez le robinet 2 à 3 minutes avant l’échantillonnage. Prélevez l’échantillon aseptiquement dans un flacon stérile d’un litre ou de 500 ml contenant du neutralisant (20 mg/L de thiosulfate de sodium). Eau de bassin d’hydrothérapie En règle générale, un échantillon unique de l’eau du bassin (ou plusieurs échantillons s’il s’agit d’un plus grand bassin) est prélevé à partir d’une zone dans laquelle la vélocité de l’eau est la plus faible et située à l’écart des entrées ou des sorties d’eau froide. Les échantillons doivent être prélevés à partir du réservoir d’équilibre et des écumeurs, tandis que les écouvillons doivent être prélevés à l’intérieur/derrière les jets et sur le couvercle ou la bâche recouvrant le bassin, le cas échéant. • Essuyez l’extérieur d’un flacon de 500 mL contenant du neutralisant (120 mg/L de thiosulfate de sodium) avec un chiffon imbibé d’alcool. • Ouvrez le flacon aseptiquement, puis immergez-le dans le bassin et remplissez-le d’eau. • Rebouchez et agitez afin de répartir l’agent neutralisant. Si vous souhaitez procéder à un test de détection de Legionella, prélevez un échantillon d’un litre en procédant de la même manière. Échantillonnage de l’eau dans le cadre d’un test de détection de Legionella REMARQUE : lorsque vous cherchez à détecter la présence de Legionella dans l’eau, il est essentiel d’évaluer les risques encourus et la protection requise avant le prélèvement des échantillons. L’échantillonnage doit être effectué dans le cadre de l’évaluation des risques et de l’examen de l’ensemble du système hydraulique. L’eau doit être prélevée à partir des zones dans lesquelles les bactéries de type Legionella sont susceptibles de se multiplier, comme les parties les plus chaudes d’un système froid, les parties les plus froides d’un système chaud ou les zones qui ne sont pas beaucoup utilisées / les zones de stagnation. 34 ÉCHANTILLONNAGE BACTÉRIOLOGIQUE DE L’ENVIRONNEMENT Pour les bassins et les robinets (échantillons prélevés dès l’ouverture du robinet), voir ci-dessus. Pour les douches, prélevez un échantillon d’un 1 litre en procédant comme suit : • Avant d’ouvrir le robinet, réglez la température sur la position médiane pour les robinets non thermostatiques et à température normale (35 °C à 43 °C) pour les robinets thermostatiques. • Détachez la pomme de douche et remplissez délicatement un flacon d’échantillon stérile contenant du neutralisant. • Rebouchez et agitez afin de répartir l’agent neutralisant. Pour les tests de routine des réseaux d’eau destinés à assurer l’efficacité continue des programmes de maintenance préventive, vous pouvez utiliser les milieux de culture spécifiques pour la détection des Legionella. Eau et fluides de dialyse rénale Les échantillons doivent être prélevés à partir des points qui sont supposés contenir la charge bactérienne la plus élevée, telle que l’extrémité de la boucle de distribution ou la dernière machine d’un système frontal. Si l’échantillon est prélevé à partir d’un robinet utilisé exclusivement à des fins d’échantillonnage, désinfectez la sortie comme indiqué ci-dessus. Les échantillons doivent être prélevés aseptiquement dans des flacons stériles sans pyrogène. Eau de rinçage des laveurs-désinfecteurs automatiques (LD) Dans le cadre des tests bactériens et mycobactériens, 100 mL d’eau de rinçage sont prélevés aseptiquement en double à partir du port approprié lors du cycle final. Traitement des échantillons d’eau Les échantillons d’eau (à l’exception des échantillons prélevés dans le cadre du test Legionella) doivent être stockés entre 1 et 8 °C et envoyés au laboratoire afin d’être testés, de préférence le jour-même et au plus tard dans les 24 heures suivant le prélèvement. Les échantillons d’eau prélevés dans le cadre du test Legionella doivent être stockés à température ambiante (environ 20 °C), dans le noir, et renvoyés au laboratoire pour être traités dès que possible, de préférence le jour-même et au plus tard dans les 24 heures. L’analyse quantitative des spécimens aquatiques s’effectue généralement en filtrant les échantillons à travers des membranes stériles dont la taille de pore est < 0,45 µm. Ils sont ensuite cultivés sur une boîte de gélose sélective ou non sélective appropriée entre 28 et 32 °C. Le comptage des colonies est effectué après 48 heures et 5 jours. Le test doit être effectué en double. Pour le test mycobactérien trimestriel de l’eau de rinçage du LD, la méthode de filtration reste la même mais vous devez utiliser un milieu pour mycobactéries pour la culture et prolonger l’incubation de 28 jours. 35 Résultats de l’objectif de test de l’échantillon d’eau Les objectifs sont uniquement indiqués en cas de résultats satisfaisants qui ne requièrent aucune action immédiate. Échantillons d’eau d’hydrothérapie Testé sur une base hebdomadaire • Escherichia coli • Tous les coliformes à 37°C • Pseudomonas aeruginosa • Nombre de colonies aérobies 0 ufc / 100 mL 0 ufc / 100 mL 0 ufc / 100 mL 0 à 10 ufc / mL Systèmes aquatiques généraux pour le test de Legionella Testé conformément à un programme de maintenance préventive et en cas de suspicion d’épidémie • Legionella spp. 0 à 100 ufc par L Eau du robinet dans les unités en charge de patients compromis Testé conformément à un programme de maintenance préventive et en cas de suspicion d’épidémie • Pseudomonas aeruginosa et autres Pseudomonas 0 ufc par 100 mL Fluide de dialyse rénale et eau utilisée dans le cadre de la préparation du fluide de dialyse Testé sur une base mensuelle • Nombre de colonies aérobies • Endotoxines /mL 0 à 50 / mL < 0,125 UE / mL Fluide ultra-pur de dialyse rénale et eau utilisée dans le cadre de la préparation du fluide ultra-pur Testé sur une base mensuelle • Nombre de colonies aérobies • Endotoxines /mL < 10 par 100 mL < 0.03 IU per mL Eau de rinçage finale des laveurs-désinfecteurs d’endoscope Testé sur une base mensuelle • Nombre de colonies aérobies < 1 / 100 mL Testé sur une base trimestrielle • Mycobactéries environnementales 0 / 200 mL ufc = unité formant colonie UE = unité d’endotoxines [Pour en savoir plus sur les niveaux d’alertes et les niveaux d’action, consultez PHE 2013] 36 ÉCHANTILLONNAGE BACTÉRIOLOGIQUE DE L’ENVIRONNEMENT Échantillonnage de la surface L’échantillonnage de la surface nécessite l’utilisation d’un diluant stérile comme l’eau peptonée saline ou tamponnée. Vous devez utiliser des neutralisants appropriés dans le cas où des résidus du désinfectant apparaissent sur la surface devant subir le prélèvement. • L’échantillonnage quantitatif implique le prélèvement d’une zone connue (à l’aide d’un modèle stérile) de façon standardisée afin de comparer les résultats obtenus à partir de différents sites, ou sur le même site à différents moments ou à l’aide d’une boîte contact en milieu gélosé. • L’échantillonnage qualitatif doit être utilisé lorsque vous recherchez la source d’une épidémie. Dans ce cas, plus la zone échantillonnée est grande, plus vous avez de chances de détecter l’agent pathogène qui vous intéresse. • Le prélèvement peut être effectué à l’aide de cotons-tiges, mais les lingettes ou les éponges stériles conviennent davantage aux larges zones et facilitent généralement la récupération de micro-organismes. • Les germes sont extraits à partir du coton-tige, de la lingette ou de l’éponge dans un fluide salin ou un autre fluide adapté, puis transférés vers une boîte en milieu gélosé appropriée (par ex. : gélose Trypcase Soja et gélose Sabouraud Chloramphenicol). • Après incubation (généralement à 30 °C +/- 1 °C pendant 3 jours pour les bactéries et 22,5 °C +/- 2,5 °C pendant 5 jours pour les levures et les moisissures), les colonies sont comptabilisées et la biocontamination de la surface est calculée à l’aide du nombre de colonies formant des unités par unité de surface. Les colonies situées sur les boîtes contact ou les lames sont comptabilisées directement, puis le même calcul est effectué, en fonction de la surface de la lame. • Il n’existe aucune valeur cible standard relative à la contamination de la surface dans les établissements de soins. La bactériologie qualitative intervient généralement en cas de suspicion d’épidémie, dans l’optique d’évaluer l’efficacité du nettoyage ou à des fins de recherche. • En cas d’épidémie, il peut s’avérer utile de détecter des micro-organismes spécifiques sur les surfaces en utilisant des milieux chromogéniques : organismes multirésistants (SARM, ERV, BLSE, carbapénémases), P. aeruginosa ou C. difficile. Applicateur et boîtes contact pour échantillonnage de surface standardisée (Count-Tact®) 37 RÉFÉRENCES Références générales Boucher HW, Talbot GH, Bradley JS et al. Bad Bugs, No Drugs: No ESKAPE! An Update from the Infectious Diseases Society of America. Clinical Infectious Diseases 2009; 48:1–12. 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Geneva 2007. 41 Avril 2016 / 9310070/010/FR/A / BIOMERIEUX, le logo bleu, COUNT-TACT et SAMPL’AIR sont des marques utilisées, déposées et/ou enregistrées appartenant à bioMérieux S.A. ou à l’une de ses filiales, ou à l’une de ses sociétés / Tout autre nom ou marque est la propriété de son propriétaire respectif / bioMérieux S.A. 673 620 399 RCS Lyon / Photos: N. Bouchut - Fotolia - Gettyimages / imprimé en France / théra • RCS Lyon B 398 160 242. D’autres livrets pédagogiques sont disponibles. Contactez votre représentant bioMérieux local Pour plus d’informations sur les protocoles de contrôle de l’environnement, visitez notre site www.biomerieux-culturemedia.com Lire attentivement les instructions figurant sur l’étiquetage et /ou la notice d’utilisation des produits. ™ bioMérieux S.A. 69280 Marcy l’Etoile France Tél. : 33 (0)4 78 87 20 00 Fax : 33 (0)4 78 87 20 90 www.biomerieux.fr