Du théâtre élisabéthain au drame romantique :
Théâtre élisabéthain (fin XVI°-début XVII°)
Les représentations se déroulent souvent à ciel ouvert (lieux
aménagés dans des cours intérieures d’auberges ou au
milieu de maisons). Pas réellement de décors mais les aires
de jeu à plusieurs niveaux permettent des changements de
lieu faciles. Le jeu s’appuie sur quelques accessoires
réalistes.
Les spectateurs sont debout ou assis sur des bancs soutenus
par des gradins. Par opposition à la scène frontale à
l’italienne qui domine le théâtre classique, l’acteur se
trouve au milieu du public populaire, également installé sur
les côtés.
Ce théâtre est souvent violent, irrespectueux et impudique.
Il transpose sur la scène de sanglants récits historiques,
dans une esthétique très libre, souvent qualifiée de baroque
(grand contraste avec le théâtre classique). Ses thèmes de
prédilection sont les intrigues (complots), les crimes et les
tortures, la folie. Il repose sur un imaginaire sanglant et sur
un net goût pour la cruauté. Théâtre, en refus des idéologies
religieuses et des conventions esthétiques, qui évoque les
conflits de la société contemporaine, même s’il s’inspire
beaucoup de l’Antiquité romaine (théâtre de Sénèque). Il
reflète l’instabilité profonde de la société anglaise, les luttes
et les intrigues pour le pouvoir, les régicides et les rivalités.
Il comporte souvent une dimension héroïque et sublime.
Les acteurs font preuve d’un grand engagement physique :
la gestuelle est très importante, les déplacements sont
souvent chorégraphiés. Les rôles féminins sont tenus par
des hommes.
Ce théâtre porte des traces de l’influences des MASQUES :
pièces qui comportaient des ballets et des déguisements.
W. Shakespeare : recourt souvent au théâtre dans le théâtre,
à la double intrigue (mise en parallèle des destins des
personnages) pour amplifier l’intensité dramatique. Il aime
peindre les passions, dans toute leur violence. Part de
méditation philosophique. Auteur très prisé par les
Romantiques.
2nde moitié du XVII° = une période de forte codification
du théâtre. Le classicisme cherche à rompre avec les
excès du baroque. Outre le théâtre de rue ou de foire,
les pièces sont représentées dans des théâtres à
l’italienne (bâtiments couverts). Les spectateurs,
répartis sur plusieurs niveaux (balcons) sont assis face à
la scène qui est surélevée par rapport à la salle. Dans
certains théâtres il existe encore un espace où les
spectateurs les moins fortunés sont debout (le parterre).
Théâtre s’inspirant directement de l’Antiquité gréco-
latine et s’appuyant sur La Poétique d’Aristote,
l’ouvrage de référence des théoriciens.
Les tragédies puisent leurs sujets dans l’histoire et la
mythologie antiques.
Le classicisme distingue nettement la tragédie de la
comédie. Tragédie= représentation d’une action noble.
Les personnages sont de haute naissance. Le héros
tragique présente de nobles qualité (générosité,
grandeur d’âme, courage). Il est soumis à des forces qui
le dépassent, si bien qu’il ne peut pas échapper à son
destin. La tragédie doit susciter la terreur et la pitié pour
parvenir à un effet de catharsis chez le spectateur
(purgation des passions). Son intrigue repose sur un
renversement du bonheur vers le malheur. La comédie
représente une action basse, avec des personnages bas
(bourgeois, paysans). L’intrigue peut donc être
contemporaine. Elle met en scène un renversement du
malheur vers le bonheur. Condamnée par l’église, elle
cherche notamment avec Molière et son « Castigat
ridendo mores » à se donner une fonction moralisatrice.
Règle de bienséance : concerne ce qu’il est permis de
montrer sans choquer (pas de violence, de contact
physique ou de mort violente). Règle de
vraisemblance : on ne montre que ce qui semble
crédible, possible pour le spectateur. Règle des 3
unités : un seul lieu, une seule grande action, une
intrigue qui se déroule entre le lever et le coucher du
soleil.
Le théâtre romantique se conçoit contre le théâtre classique
et ses règles. Il revendique le principe de la liberté créatrice.
Il remet au goût du jour la sensibilité contre la raison.
Il réfute la règle des 3 unités, jugée parfaitement artificielle.
La règle de bienséance est également occultée : le théâtre
doit pouvoir représenter tout ce appartient à la vie réelle, y
compris la violence.
Oubliant l’Antiquité, il puise ses sujets dans une histoire
européenne plus proche. C’est un théâtre historique qui se
donne pour mission de représenter le passé pour permettre au
public de mieux comprendre le présent (analyse de la
décadence politique, soutien à l’opposition démocratique).
Vocation politique du théâtre. Théâtre qui reste marqué par
le mythe napoléonien de l’homme providentiel (comme
Lorenzaccio). Le héros est souvent au autodidacte qui tire sa
valeur, non de sa naissance, mais de ses actes et de ses
convictions. Le drame met en relief le combat de ce héros
généralement exclu et révolté. Pour mener à bien ce combat,
le héros se voit souvent contraint d’adopter un masque, ce
qui n’est pas sans provoquer chez lui des problèmes
d’identité. Le héros romantique est ainsi souvent un être
double, tiraillé, aspirant à se retrouver.
Ce théâtre subit l’influence du mélodrame, genre
moralisateur reposant sur le canevas suivant : un traitre
constitue une menace pour une jeune fille vertueuse. Il
malmène également le père de cette dernière ? Survient alors
le héros, incarne les forces du bien, qui vole au secours de la
famille. Le bien l’emporte donc sur le mal (traitre puni).
La scénographie a fait des progrès : décors architecturaux,
nombreuses didascalies renseignant sur les décors et les
costumes, présence d’objets symboliques et signifiants sur
scène. Effets spectaculaires.
Les romantiques prônent aussi le mélange des genres
(comique et tragique) ce qui explique l’emploi du terme
drame. A cela s’ajoute le mélange du grotesque et du
sublime. Les dramaturges visent aussi à libérer la langue :
théâtre souvent en prose aussi, intégrant des tournures
familières. Vers disloqué.