LES DYNAMIQUES DES ESPACES PRODUCTIFS DANS LA MONDIALISATION
Introduction
La localisation des activités économiques sur le territoire français n’est pas figée. Au XIXe
siècle, les régions industrielles principales se développèrent près des gisements de matières
premières et énergétiques (Lorraine, Nord, St-Etienne…) et des grandes villes offrant un bassin
de main d’œuvre et de consommation suffisants. Ainsi, au milieu du XXe siècle, l’agglomération
parisienne était de loin la première région industrielle et, plus largement, les régions à l’est
d’une ligne Le Havre/Marseille était plus industrialisées que les régions situées à l’Ouest. La
politique d’aménagement du territoire tenta alors de corriger ce déséquilibre en incitant la
construction des usines plutôt en province qu’à Paris (déconcentration). Mais ce sont surtout les
logiques liées à la mondialisation qui entraînent une recomposition de l’espace productif
français au cours des dernières décennies.
Quelles sont les nouvelles logiques de localisation des activités dans un contexte
d’ouverture sur l’Europe et le monde ? Quels sont les espaces qui tirent le meilleur parti de
ce nouveau contexte et ceux qui en souffrent le plus ?
ACTIVITÉ!:
Identifiez les acteurs qui interviennent dans les dynamiques des espaces productifs, et
relevez les facteurs importants pour la localisation des activités.
Texte 1. La multinationale américaine Dole s'installe à
Châteaurenard.
Le leader mondial des fruits frais Dole, spécialiste des
fruits exotiques et des fruits de contre-saison présent
dans 90 pays, s'est installé à Châteaurenard. (...) Un
entrepôt de mûrissement de bananes de 3000 m² a été
implanté sur une parcelle de 11000m², avec un projet
d'extension supplémentaire déjà annoncé.
Dole, qui compte une dizaine de sites en France et 200
collaborateurs pour la distribution et le mûrissage des
fruits, a quitté le MIN d'Avignon pour Châteaurenard,
afin d'y construire un bâtiment d'une durée de vie de 20
à 25 ans. L'entreprise internationale a visiblement ciblé
les atouts châteaurenardais : une position
géostratégique idéale, à proximité des grandes
infrastructures de transport et de communication, une
culture agroalimentaire historique, qui a permis à la cité
maraîchère de regrouper au fil des années les grands
acteurs de la filière et surtout, une politique incitative
favorable aux entreprises, avec une baisse de la taxe
professionnelle et la création de zones d'activités
diversifiées qui ne suffisent plus à pondre aux
demandes d'implantation.
Cette arrivée a généré la création d'une vingtaine
d'emplois pour les Châteaurenardais ainsi que de
nombreuses collaborations avec les professionnels locaux
: transporteurs, fournisseurs de palettes et d'autres
contenants, grossistes, etc. En outre, la société a
l'intention d'exporter des pommes de Châteaurenard vers
l'Europe entière «"alors que nous envisageons aussi
d'exporter des poires et des salades de la 4ème gamme
essentiellement vers la Suède"», a révélé le président de
Dole France.
Écho des Tours, magazine d'information de la commune
de Châteaurenard, janvier-février 2006
Texte 2. L'implantation de la micro-électronique en
Provence.
En 1979, Eurotechnique est le premier fabricant de
semi-conducteurs à s'implanter à Rousset-sur-Arc, une
commune rurale non loin du bassin minier de Gardanne.
Vingt ans plus tard, le département des Bouches-du-
Rhône compte 7000 emplois dans la filière. Le
développement de ce nouveau secteur s'est déroulé en
trois temps : dans la phase fondatrice (1979-1987),
l'impulsion majeure a été donnée par la politique
industrielle de l'État. (...) Au cours de la phase
d'élargissement (1987-1997), le rôle de l'État semble
s'affaiblir par rapport à la montée en puissance de l'UE
et des acteurs locaux. Le choix de la localisation
appartient à l'industriel. Cette nouvelle géographie
industrielle de la France - qualifiée de «"France inverse"»
- représentée notamment par les villes de Nice,
Montpellier, Toulouse, Nantes, Rennes définit un arc sud
et ouest, presque parfaitement symétrique de l'arc
nord-est de la première industrialisation. Elle ne relève
pas seulement d'atouts climatiques. Le nouveau système
productif peut s'y organiser plus librement que dans les
vieilles régions de tradition ouvrières et s'appuyer sur
des métropoles régionales en pleine croissance.
Sylvie Daviet, La politique d'aménagement du territoire.
Racine, logiques, résultats, Presses Universitaires de
Rennes, 2002
1
Les acteurs :
Un acteur majeur : l'entreprise, à qui revient toujours le choix final du site de l'implantation (doc
2). Ici, une entreprise française symbolique des «"industries de pointe"» (doc 2) et une
multinationale étrangère (américaine) de distribution de produits agricoles. L'installation de cette
dernière illustre donc la mondialisation des économies, et les IDE dont bénéficie la France.
Autres acteurs importants, les acteurs institutionnels. Ici, l'État, mais aussi l'UE et les
collectivités territoriales; si le rôle du premier semble s'effacer un peu devant le poids accru des
deux autres, notamment dans le cadre de la décentralisation depuis les années 1980, ce n'est pas
le cas dans les années 60-70. Par des politiques d'aménagement du territoire incitatives (par
exemple sur le plan fiscal), ces acteurs jouent sur le choix des entreprises... Il peut d'ailleurs
parfois y avoir divergence d'intérêt entre l'entreprise et l'État-aménageur...
Les facteurs :
Plusieurs facteurs sont évoqués par les textes :
a) L'accessibilité est essentielle. Donc rôle des réseaux de transports matériels (routes,
autoroutes, voies ferrées et aéroports sont prépondérants ; moins pour canaux) ou immatériels
(communications). Importance des connexions internationales, et donc des interfaces (Ex : xemple
Rouen-Le Havre-Marseille).
b) Autre point important : une main d'œuvre qualifiée pour le secteur concerné, avec une sorte
de «"culture professionnelle"» garante de savoir-faire. Mais certaines activités se satisfont
également de l'absence de cette culture et y trouvent même avantage...
c) Un tissu d'entreprises avec lesquelles on peut travailler en synergie.
d) La proximité de métropoles ; les entreprises peuvent alors bénéficier de leurs services de
haut niveau (recherche, formation, communication, publicité, ingénierie...).
e) les aménités du lieu. On recherche aujourd'hui des lieux de vie agréables (on a parfois parlé
des «"4 S"» = «"sea, sun, sand, ski"»... ou d'effet «"sun belt"», ou d’héliotropisme).
COMPLÉMENT DE LACTIVITÉ
Préciser simplement le concept de mondialisation en interrogeant les espaces et les territoires.
- ce processus met en relation des espaces/territoires par des flux variés et forts, à toutes
les échelles (locale, régionale, nationale, continentale, planétaire)
- l'importance de ces flux contribue à hiérarchiser les territoires : ceux qui sont au cœur du
processus (qui reçoivent/émettent beaucoup de flux) ou ceux qui sont marginalisés...
-les acteurs principaux du processus, les entreprises (mais il y en a d'autres...), vont «"utiliser"»
de manière différentielle, en fonction de leurs «"avantages comparatifs"», les espaces/
territoires. Il y a donc une forme de mise en concurrence des territoires à toutes les
échelles...
Montrer que la mondialisation fait donc changer d'échelle l'économie française :
- la France s'inscrit dans l'économie mondialisée ; par exemple par ses entreprises
transnationales qui s'installent dans d'autres pays, émettant ainsi des IDE. Mais la France
accueille également des FTN étrangères, donc des IDE (en 2009, 48 milliards d'euros et un peu
plus de 30000 emplois créés !).
- l'économie française est d'abord tournée vers l'Europe, essentiellement dans le cadre de
l'Union Européenne (les principaux partenaires économiques sont les voisins européens, dont
l'Allemagne vient au premier rang). Les régions frontalières prennent dans ce cadre une grande
importance… (Voir cours sur la France dans la mondialisation)
2
Montrer que la France dispose d'atouts, mais aussi de «"handicaps"».
- sa situation géographique. Elle est au cœur d'un important marché (l'UE).
- son réseau de transport (routier, ferroviaire, aérien ; communication également) est performant,
assure des flux réguliers et relie les espaces productifs au cœur européen (région rhénane).
- sa main d'œuvre est bien formée (notamment pour les emplois du tertiaire supérieur) et
productive.
- enfin, elle offre souvent un cadre de vie agréable (les aménités), notamment dans les midis.
Mais elle souffre également de handicaps ; par exemple, un coût de la main d'œuvre (et
donc un coût de production) élevé, peu concurrentiel en général face à celui des pays
émergents du Sud ou PED. D'où les orientations choisies par les principaux «"aménageurs du
territoire"» (l'État, mais aussi l'UE et les collectivités territoriales) :
- de privilégier, depuis les années 2000, le développement de «!l'économie de la
connaissance!», plutôt que les activités de productions «"traditionnelles"».
- d'aménager le territoire en fonction des nouvelles logiques de localisation des entreprises ; par
exemple, développer et améliorer le réseau de transport...
3
I- DYNAMIQUES DE LOCALISATION DES ACTIVITÉS EN FRANCE ET MONDIALISATION
A. MONDIALISATION ET LOCALISATION DES ACTIVITES :
Quelles sont les logiques actuelles d'implantation des activités dans une économie
mondialisée?
1- Le rôle déterminant de l’accessibilité!: la proximité des infrastructures de
transport ouvrant sur l'Europe
La possibilité de se déplacer rapidement pour les affaires ou de transporter des
marchandises à l’échelle nationale, européenne ou mondiale est une condition indispensable pour
les entreprises. Aujourd'hui, tout point du territoire français est facilement accessible par la route,
mais les régions situées près des grands axes sont avantagées.
Rappel : L’artère principale est l’axe Paris-Lyon-Marseille desservie par autoroute et TGV. Non
seulement il relie ces trois métropoles mais constitue aussi un axe européen entre l’Espagne ou l’Italie et
les Pays-Bas-Belgique, Luxembourg ou le Royaume-Uni. Les autres axes majeurs rayonnent autour de
Paris (vers Le Havre, les villes de l’Ouest, de l’Est comme Strasbourg et vers l’Allemagne) ou relient le
couloir rhodanien aux pays voisins. (cf cours sur « mobilités réseaux et flux »
La proximité de grands ports équipés de terminaux spécialisés attire également des
activités liées à l’exportation ou à la transformation de produits importés. Depuis la
construction des ZIP (zones industrialo-portuaires) dans les années 1960, la sidérurgie et la
pétrochimie françaises se sont localisées principalement à Dunkerque, Fos-sur-Mer et le Havre.
Cependant, ces ports furent d’abord équipés de terminaux pétroliers, gaziers et minéraliers, tandis
que l’équipement en terminaux de conteneurs a pris du retard.
La présence d’un grand aéroport est enfin un élément décisif dans le contexte de la
mondialisation. (Cf. les effets économiques de Roissy : concentration des zones d’activités sur le pourtour de
l’aéroport) Les aéroports parisiens sont de loin les plus importants, mais les grands aéroports de
province (Nice, Marseille, Lyon, Toulouse) se développent en diversifiant leur offre (nouvelles
destinations, aérogare low cost).
Les infrastructures de transport servent aussi de support à la politique touristique. En effet,
l’amélioration des voies de communication, a été un préalable indispensable à la mise en valeur
des côtes languedociennes et de la haute montagne alpine.
ACTIVITÉ
Manuel doc 2 p.183 : «!La stratégie Europe 2020!: parier sur l’économie de la
connaissance!»
La stratégie Europe 2020 reprend et amplifie la stratégie de Lisbonne élaborée en
2000 : les états membres s’engagent à promouvoir une économie de la connaissance
(recherche, innovation, formation) pour renforcer la compétitivité de l’économie
européenne.
2- Le dynamisme des espaces productifs repose sur la capacité à innover
Les actions menées par les différents acteurs spatiaux pour conserver ou accroitre
l’attractivité du territoire visent à assurer la promotion de l’économie de la connaissance":
En raison de coûts de production relativement élevés, la compétitivité internationale de
l’économie française repose davantage aujourd’hui sur des tâches de conception, d’organisation
de la production et de valorisation de nouveaux produits plutôt que sur la fabrication de biens
manufacturés de consommation courante. C’est pourquoi l’accent est porté sur les territoires de
l’innovation, c’est-à-dire des territoires d’étendue variable (du quartier à plusieurs
départements), créés par les acteurs spatiaux (Etat, collectivités territoriales, institutions de
4
recherche et entreprises) dans le but de former des espaces productifs tournés vers
l’innovation.
C’est le cas notamment des technopôles, parcs regroupant et cherchant à créer une
synergie entre des entreprises de haute technologie, des pôles de recherche publics et des
établissements d’enseignement supérieur (technopôles principaux : ceux de Paris, Lyon,
Grenoble, Nice, Aix-Marseille, Montpellier, Toulouse, Bordeaux, Nantes, Rennes, Lille, Nancy-
Metz, Strasbourg).
Schéma d’un pôle de compétitivité
L’Etat encourage depuis 2004 la naissance de nouveaux
territoires de l’innovation : les pôles de
compétitivité. (cf. EDC : Minalogic). Ces politiques s’appuient
sur des logiques de cluster"et sur des acteurs publics, surtout
l’Etat, mais aussi les collectivités locales, accompagnent des
acteurs privés dans la création de réseaux d’entreprises.
Carte «!Les pôles de compétitivité en 2010!
Il existe 71 pôles de compétitivité en France, répartis
en grands domaines d’activités, ils sont très variés!:
- L’aéronautique, l’aérospatiale!: Aérospace Valley!:
Toulouse, Bordeaux ;
- Biotechnologies!: Lyon bio-pôle.
- L’agronomie!: Végépolys à Angers.
- Les sciences et techniques de la mer (1er centre
européen)!: Brest-Iroise (pôle mer-Bretagne).
1. Où se situent les pôles de compétitivité en
France"? Les pôles de compétitivité se situent
dans les métropoles les activités
technopolitaines bien établies. Parmi les 71 pôles
de compétitivité sept ont été labellisés «!pôles
mondiaux!»!: 3 en IDF (Médicen, Systematic et
Finance innovation) 1 à Lyon, 1 à Grenoble
(Minalogic), 1 à Toulouse (Aerospace valley) et un
à Sophia-Antipolis (Nice).
Les territoires d’innovation font partie des choix politiques et des aménagements
permettant la modernisation et l’intégration de l’industrie française dans la compétition
résultant de la mondialisation.
3- Autre facteur : L’attractivité est attestée par l’ampleur des IDE.
La France fait partie des pays de l’UE les plus attractifs pour les IDE, c’est-à-dire les
investissements directs à l’étranger effectués par des entreprises en vue d’augmenter leurs
capacités de production par l’achat d’autres entreprises ou par la création de filiales. En effet, la
France dispose de nombreux atouts : position de carrefour en Europe de l’Ouest, elle est très bien
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